1 1) Informations. Il est raconté qu'après la mort de son divin Fils, Marie aimait avec Saint- Jean, à repasser par toutes les stations de la Voie douloureuse. C'est donc une idée très pieuse et une pratique très louable de se joindre à Marie pour l'accompagner sur le chemin de la Croix. Cet exercice déjà si sanctifiant selon sa forme ordinaire, ne peut-être qu'encore plus fécond en grâces lorsqu'il est fait, comme proposé ici, avec la divine Mère du Crucifié. 2) Indulgences. (1888) La plus précieuse des indulgences du Chemin de la Croix est celle qui est attachée à chacune des quatorze stations : en sorte qu'on peut gagner, au moyen d'un seul chemin de la Croix, 14 indulgences plénières applicables aux âmes du purgatoire. De plus, ces indulgences ne sont pas soumises aux conditions ordinaires de la confession et de la communion. Deux méthodes sont proposées.
2 Jésus est condamné à mort Pilate après avoir proclamé cinq fois l'innocence de Notre Seigneur, le livre aux juifs pour être crucifié. Mère des Douleurs, mes péchés, plus que Pilate, ont condamné votre divin Fils à la mort. Je dois un jour la subir ; que ce soit en esprit d'expiation, et que, soutenu par vous, je m'y prépare en suivant toute ma vie Jésus crucifié.
3 Jésus est chargé de sa Croix En chargeant la Croix sur ses épaules, Jésus-Christ pensait à moi et offrait à Dieu pour mon salut les souffrances et la mort qu'il allait endurer. Sainte Mère de Douleurs, obtenez-moi, par les mérites des douleurs de votre divin Fils, d'endurer avec patience et résignation les épreuves de la vie, et surtout les souffrances de mes derniers moments.
4 Jésus tombe sous la Croix pour la première fois Dans cette première chute, les bourreaux ajoutent leurs injures et leurs coups aux tortures de la flagellation et du couronnement d'épines. Pieuse Mère des Douleurs, si le poids de mes fautes fait succomber mon Sauveur, comment pourrai-je les porter? Obtenez-moi d'en être délivré, en faisant de dignes fruits de pénitence.
5 Jésus rencontre sa Très Sainte Mère La compassion mutuelle de Jésus et de Marie redouble leur douleur. Tendre Mère, si je suis votre enfant, accordez-moi, autant que le permet ma faiblesse, de prendre part à vos Douleurs et à celle de votre Fils béni.
6 Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa Croix Dans la crainte de voir Notre Seigneur mourir en chemin, et non par compassion, on contraint Simon le Cyrénéen à porter la Croix du Sauveur. Avec quel bonheur, ô tendre Mère, vous vous fussiez chargée de ce précieux fardeau! Obtenez-moi la grâce d'accepter dans le même esprit toutes les croix de la vie.
7 Sainte Véronique essuie la face de Jésus Sainte Véronique, voyant la Face adorable de Jésus couverte de sueur et sang, veut l'essuyer avec un linge : le Sauveur y imprime ses traits divins. Ô Mère de ses Douleurs! C'est à votre école que sainte Véronique a puisé ce courage et cette compassion. Daignez me former comme elle, et m'apprendre à compatir avec générosité aux souffrances du divin Maître.
8 Jésus tombe pour la deuxième fois Cette deuxième chute renouvelle toutes les douleurs du divin Sauveur. Loin d'y compatir, les bourreaux redoublent leurs mauvais traitements. Mes fautes réitérées, ô Marie Immaculée, accablent votre divin Fils. Quand serai-je enfin touché de sa douleur, et ne pécherai-je plus? Je veux du moins employer fidèlement les moyens qui me sont conseillés pour me préserver du péché.
9 Jésus console les femmes de Jérusalem Voyant Jésus si cruellement traité, de pieuses femmes pleurent de compassion. Il leur dit : ne pleurez pas moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants. Mère de Douleurs! Ne permettez pas que ma compassion soit stérile, mais qu'elle me porte à faire tous mes efforts pour combattre le péché en moi et en ceux qui me sont confiés.
10 Jésus tombe pour la troisième fois Épuisé, Jésus tombe une troisième fois. Sainte Mère du Sauveur, les mérites de votre Divin Fils sont inépuisables. Ne permettez jamais que mes innombrables péchés me fassent tomber dans le désespoir ni le découragement, mais que, sans cesse aidé par vous, je me relève avec courage.
11 Jésus est dépouillé de ses vêtements Les bourreaux arrachent à Jésus ses vêtements, que le sang a collé sur sa chair déchirée, et ravivent toutes ses douleurs. Sainte Mère de Douleurs, leur cruauté a brisé votre cœur. Combien de fois ne l'ai-je pas aussi torturé par mes attaches dangereuses et coupables! J y renonce pour toujours.
12 Jésus est attaché à la Croix Jésus s'étend sur la Croix et abandonne ses pieds et ses mains aux bourreaux pour qu'ils les y clouent. Son cœur offre à son Père pour mon salut ce cruel supplice. Marie, Mère de Douleurs, que votre affliction fut grande alors, et comme les coups retentissaient douloureusement dans votre cœur! Le mien restera-t-il toujours sourd et insensible? Et ne sera-t-il pas enfin touché de l'amour que Jésus lui témoigne?
13 Jésus meurt en croix Après trois longues heures d'agonie, pendant lesquels il a été abreuvé d'outrages, Jésus expire. Son Amour est satisfait, il nous a tout donner. Ô Marie, c'est à cette heure que vous êtes devenue ma Mère, Mère des Douleurs! Mère mille fois bénie et aimée! Je vous donne mon cœur, ma vie toute entière. Que je sois à Jésus par vous.
14 Jésus est descendu de la croix et remis dans les bras de sa Mère Joseph et Nicodème descendent de la Croix le corps adorable de Jésus et le remettent pieusement entre les bras de sa sainte Mère. Ô Mère de Douleurs! Quelle furent alors vos sentiments? Qui comprendra l'amertume qui remplit votre cœur? Elle est immense comme la mer!
15 Jésus est mis dans le sépulcre Marie, aidée des pieux disciples et des saintes femmes, embaume le corps de Jésus et le dépose dans le sépulcre. Précieux sépulcre, tu renfermes mon trésor! Vous ne pouviez vous en séparer, ô bonne Mère! Ce fut une grande et vive douleur quand il vous fallut le quitter! Quelle fut grande la dévotion que vous inspirâtes aux saintes femmes, vos pieuses disciples, pour ce lieu béni qui renfermait la rançon du monde!
On termine en récitant cinq Pater, Ave et Gloria patri, en l honneur de la Passion. 16 Considérations de Mgr de Langalerie Première station Jésus est condamné à mort L'épouse de Pilate lui avait fait dire de ne pas se compromette avec Jésus-Christ, qu'elle avait beaucoup souffert à cause de lui. La sainte Vierge peut bien dire aussi : «j'ai beaucoup souffert!». C'était en souvenir de ses Douleurs qu'une parole de miséricorde tombait de la bouche d'une femme. Ô Marie, le juge fut prévaricateur, parce qu'il était faible, ambitieux, courtisan. Ô ma Mère, priez pour que jamais je ne faiblisse lorsqu'il faudra soutenir les droits de l'innocent, de l'opprimé. Priez surtout pour que je défende, autant qu'il sera en moi, les droits sacrés de Jésus et de sa véritable Église.
17 Deuxième station Jésus est chargé de sa croix La croix de bois, cette terrible croix, vous l'auriez maudite, ô Marie, si elle n'avait été l'instrument de notre salut et le moyen de la Rédemption! Que je sache me prêter à ce moyen de salut par l'union de mes sacrifices à ceux de Jésus-Christ ; c'est la seule voie qui conduit au ciel! Troisième station Jésus tombe pour la première fois Quel coup pour votre cœur, ô ma Mère! Que je voudrais vous épargner la vue de cette douloureuse chute! Et ce sont mes péchés qui l ont causée. Le péché est une chute, une chute de la terre et contre terre :... La perte du ciel pour de la boue, pour le plaisir d'un moment.
18 Quatrième station Jésus rencontre sa Sainte Mère C'est dans l'état où la chute précédente à mis le Sauveur que vous le rencontrez, couvert de poussière, de sang, de sueur, le corps brisé par sa chute, le cœur torturé par les blasphèmes vomis contre lui, et qui retombent sur Dieu Luimême. Avec vous, je regarde mon Sauveur ; avec vous, je compatis à ses cruelles souffrances ; avec vous, je me résignerais, en toute douloureuse occasion, à la volonté de Dieu. Cinquième station Simon aide Jésus à porter sa croix Que ne pouvez-vous être, Marie, Siméon le Cyrénéen ; vous aideriez, vous feriez ce que vous pourriez du moins. Mais moi, je puis toujours souffrir avec Jésus et pour Jésus : Dieu ménage le fardeau et le proportionne à mes forces ; il m'aide par sa grâce ; Jésus-Christ m'aide toujours. En mille et mille occasions où j'ai ressenti votre appui, où me semblait apparaître la main de Jésus et la main de Marie.
19 Sixième station Véronique essuie la Face de Notre Seigneur Vierge sainte, que vous fûtes touchée, consolée de ce que fit Véronique. Voilà bien ce qu'il faut pour consoler et toucher davantage votre cœur maternel : faire quelque chose pour Jésus- Christ, à l'intention de ses souffrances, un sacrifice, un acte de courage... Oui, je veux faire ainsi à l'exemple de Véronique. Septième station Jésus tombe pour la deuxième fois Peut-être n'avez-vous pas vu, ma Mère, ce qui vient de se passer ; mais vous avez entendu le bruit d'un corps qui tombe : c'est la Croix, d'une part, qui échappa de la main fatiguée du Sauveur ; c'est le corps qui s'est affaissé sur luimême. Et rien ne corrigera les hommes, et ils tomberont toujours. Ils le feraient plus souvent encore, plus lourdement, plus tristement, si la chute du Sauveur ne leur dû ménager des grâces de persévérance. Et cette pensée vous aide à supporter vos Douleurs. Qu'elle m'aide moi-même à me soutenir, à persévérer. Que les chutes de Jésus soient ma sauvegarde et mon appui.
20 Huitième station Jésus console les femmes de Jérusalem Vous étiez ma Mère avec ces femmes de Jérusalem ; vous pleuriez avec elles, et vos pleurs augmentaient les leurs. Vous avait entendu la parole du Sauveur, et vous auriez pu vous proposer aussi pour exemple : «voilà, dans mon Fils, ce que Dieu exige de sacrifice pour le péché! Voilà, en moi, ce qu'il exige de sacrifice comme témoignage d'amour!» Là sont les vraies consolations de la souffrance, et pour les pécheurs, et pour les justes. Neuvième station Jésus tombe pour la troisième fois Troisième chute! Peut-être ce nombre était-il mystérieux, et chaque chute se reportait-elle, comme hommage et expiation du péché, aux trois Personnes divines. Ô Marie, vous qui êtes dans des termes si étroits avec ces adorables Personnes, qui voulez si ardemment leur gloire et la réparation qui leur est due pour tant d'outrages, aidez-moi à entrer dans les mêmes sentiments que Vous.
21 Dixième station Jésus est dépouillé de ses vêtements Ô Mère! On lui enlève tout, jusqu à ce vêtement que vos mains avaient fait. Il n'emportera rien de vous, comme souvenir, sur ce bois! Mais ce corps virginal, n'est-il pas formé du plus pur de votre sang? Je vénère comme œuvre du Saint Esprit, instrument de salut, modèle de modestie, et donnant, dans l'eucharistie surtout, les moyens de rendre votre chair semblable à la sienne, par la retenue, le respect de toutes les saintes lois de la pudeur et de la mortification chrétienne. Onzième station Jésus est cloué sur la Croix Et pourtant il faut que la victime soit attachée, clouée! C'est le grand modèle et le grand remède. La Croix, la souffrance, le sacrifice! Il faut souffrir toute la vie. «Par le Christ et avec le Christ, je suis attaché à la Croix» dit saint Paul. On peut dire aussi, n'est-il pas vrai, ô Marie, ma Mère : «Par la Croix et avec la Croix, je demeure étroitement uni à Jésus!»
22 Deuxième station Jésus meurt en croix Comment penser à autre chose, étant avec vous, ma Mère! Qu à ces paroles que vous adressa le Sauveur, et dont j'étais l'objet en même temps que saint Jean! Elles vous déchirèrent l'âme, mais elles vous donnaient pour nous ce cœur si tendrement maternel que rien n'étonne, que rien ne décourage. Treizième station Le corps de Jésus est livré à sa Sainte Mère Vous vous souvenez, Marie! De vos douleurs poignantes à cette station, lorsque vous aviez votre fils mort sur vos genoux. Vous ne l'avez plus maintenant : prenez-moi à sa place ; réchauffez mon pauvre cœur par vos maternels témoignages d'affectation ; pleurez sur moi comme vous avez pleuré sur Jésus ; vos larmes me rendront meilleur. Peut-être ne suis-je plus votre fils par la grâce et l'innocence si je ne le suis encore par mon affection. Vous m'obtiendrez cette grâce du retour à Dieu, qui me rendra tous mes droits d'enfant de Dieu et d'enfant de Marie!
23 Quatorzième station Le corps de Jésus est mis dans le tombeau Les sacrifices sont les parfums qui conservent, préservent de la corruption, donnent les plus douces odeurs de vertu. Unissons nos sacrifices à ceux de Marie, à ceux de Jésus, qui est «la pierre, le rocher», suivant le langage de saint Paul. Nous attendrons en paix la Résurrection glorieuse. Amen.