DOMINIQUE BAGOUET SO SCHNELL / JOURS ÉTRANGES BALLET DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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Transcription:

OPERA DE LILLE SAISON 07 / 08 DOMINIQUE BAGOUET SO SCHNELL / JOURS ÉTRANGES BALLET DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE 18, 19, 20 DÉC 07 / 20H PROGRAMME

So Schnell - Photo : GTG/Ariane Arlotti

3 SO SCHNELL / JOURS ÉTRANGES DOMINIQUE BAGOUET SO SCHNELL Chorégraphie Dominique Bagouet Responsable artistique Olivia Grandville Assistants Sylvie Giron et Jean-Charles Di Zazzo Scénographie Christine Le Moigne Costumes Dominique Fabrègue Lumières Manuel Bernard Musique Jean-Sébastien Bach Compositeur électro-acoustique Laurent Gachet Entracte JOURS ÉTRANGES Chorégraphie Dominique Bagouet Responsable artistique Olivia Grandville Assistants Sylvie Giron et Jean-Charles Di Zazzo Lumières Serge Dées Musique The Doors extraits de Strange Days Durée : 1h30 mn Ballet du Grand Théâtre de Genève Directeur général Jean-Marie Blanchard Directeur du Ballet Philippe Cohen Partenaire du Ballet du Grand Théâtre UBS Avec l accord des Carnets Bagouet Une rencontre publique avec Philippe Cohen, Directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève, animée par Sarah Nouveau, historienne de la danse, se tiendra à l issue du spectacle le 18 décembre. Une exposition présentant des pièces d archives sur So Schnell de Dominique Bagouet est accessible gratuitement les soirs de spectacle (dans les petits salons situés de chaque côté de l escalier d honneur entre le hall et le parterre).

4 DISTRIBUTION LE 18 DÉCEMBRE > So Schnell Hélène Bourbeillon, Yukari Kami, Luciana Reolon, Cécile Robin Prévallée, Madeline Wong, Yanni Yin Luc Benard, Loris Bonani, Giuseppe Bucci, Harris Gkekas, André Hamelin, Bruno Roy > Jours étranges Alma Munteanu, Cécile Robin-Prévallée, Violaine Roth Grant Aris, Luc Benard, Harris Gkekas LE 19 DÉCEMBRE > So Schnell Fernanda Barbosa, Yukari Kami, Cécile Robin Prévallée, Violaine Roth, Madeline Wong, Yanni Yin Luc Benard, Gregory Batardon, Loris Bonani, Harris Gkekas, André Hamelin, Bruno Roy > Jours étranges Hélène Bourbeillon, Yukari Kami, Luciana Reolon Grant Aris, Giuseppe Bucci, Manuel Vignoulle LE 20 DÉCEMBRE > So Schnell Hélène Bourbeillon, Yukari Kami, Luciana Reolon, Cécile Robin Prévallée, Madeline Wong, Yanni Yin Luc Benard, Loris Bonani, Giuseppe Bucci, Harris Gkekas, André Hamelin, Bruno Roy > Jours étranges Alma Munteanu, Cécile Robin-Prévallée, Violaine Roth Grant Aris, Luc Benard, Harris Gkekas Ballet du Grand Théâtre de Genève Directeur général Jean-Marie Blanchard Directeur du Ballet Philippe Cohen Partenaire du Ballet du Grand Théâtre UBS Adjoint du Directeur du ballet, régie de scène Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Emilie Comte Maîtres de ballet Susanna Campo, Jean-François Kessler Pianiste Serafima Demianova Directeur technique Philippe Duvauchelle Régisseur lumières Alexandre Bryand Son Jean-Marc Pinget / Charles Mugel Habilleuse Julie Delieutraz Machiniste Yves Fröhle

5 Question de style(s) Un style suppose une forme reconnaissable, donc imitable. Le style se définit-il par la manière, la forme, l interprète, l ornement? Engagé depuis deux ans dans une dynamique de création, le Ballet du Grand Théâtre de Genève se veut aussi porteur d une réflexion sur le répertoire contemporain et les problématiques de sa transmission. En permettant aux danseurs de Genève d interpréter deux pièces emblématiques de Dominique Bagouet, Jours étranges et So Schnell, c est l occasion de porter un regard sur deux œuvres que tout semble séparer au niveau du style mais qui portent en elles le sens brillant de la composition et l inventivité du vocabulaire de Bagouet. C est aussi pour les interprètes l occasion de savoir dépasser l apparence achevée de ces deux pièces pour redonner vie au mouvement intérieur qui les a suscitées et faire partager la transgression par laquelle le chorégraphe rompt l équilibre des conventions pour dire quelque chose qui n est que de lui. Plus de quinze ans après leur création, le Ballet du Grand Théâtre de Genève a décidé d inscrire à son répertoire Jours étranges et So Schnell non pas pour s identifier au chorégraphe mais pour habiter ses œuvres de l intérieur sans peur de les déformer, et assumer pleinement une subjectivité sans concession. Philippe Cohen, Directeur du Ballet Mai 2005

6 Dominique Bagouet Né le 9 juillet 1951 à Angoulême, Dominique Bagouet reçoit à Cannes une formation classique dans l école de Rosella Hightower, avant d obtenir ses premiers engagements au Ballet du Grand Théâtre de Genève dirigé par Alfonso Cata. Il passe une audition chez Félix Blaska, puis va chez Maurice Béjart à Bruxelles. En quête de nouveauté, il participe à l'atelier que Carolyn Carlson ouvre à l'opéra de Paris, fait partie de Chandra, groupe autonome d'anciens de Mudra. Dès 1974, il reçoit l enseignement intensif de Carolyn Carlson, de Peter Goss et part aux Etats-Unis. Dans la foulée, il choisit de travailler avec Jennifer Muller et Lar Lubovitch. A New York, il prend les cours de danse classique de Maggie Black. Il rentre en France en 1976, travaille sa première chorégraphie dans l optique du concours de Bagnolet : c est Chansons de nuit qui obtient le premier prix. André-Philippe Hersin, alors programmateur de la danse au Festival d Avignon, l invite et c est la création de Endenich. Il fonde sa compagnie, crée Ribatz, Ribatz! puis Snark. Il est Lauréat de la Fondation de la vocation en 1977. Suite pour violes (1977) met en place une danse très soucieuse de structure, avant sa première longue pièce, Voyage organisé (en octobre à Créteil). Les pièces s enchaînent rapidement entre 1978 et 1979 : passages pour la compagnie des Ballets de Lorraine à Nancy, Tartines à La Rochelle, Sur des herbes lointaines, conférence avec les danseurs de la compagnie, puis Les gens de..., Danses blanches et Sous la blafarde. En 1980, il est invité à créer le Centre Chorégraphique Régional de Montpellier. Après Une danse blanche avec Eliane, Grand corridor pose discrètement les bases de «l écriture bagouetienne». En 1981, il part à Paris créer Les Voyageurs pour le Groupe de Recherches Chorégraphiques de l Opéra de Paris. Il prend la direction artistique du premier Festival International Montpellier Danse, y présente la pièce la plus longue qu il ait jamais écrite, Toboggan. Dans cette voie, il crée Insaisies (1982). En février 1983, il crée F. et Stein, en Avignon. Il découvre la vidéo en compagnie du réalisateur lyonnais Charles Picq, avec lequel il va réaliser Tant mieux, tant mieux!. Pour une Valse des fleurs (1983), il compose, dans les jardins du Champ de Mars une fantaisie pour crinolines fluorescentes. Lesquelles réapparaissent quelques mois plus tard dans Grande maison. En 1984, la compagnie Bagouet devient Centre Chorégraphique National. Déserts d amour est créé au Théâtre Grammont, lors du Festival International Montpellier Danse. Déserts d amour marque ce moment où Dominique Bagouet abandonne une certaine imagerie et aborde la danse comme un art exclusif d écriture, une rigueur mathématique s autorisant un certain lyrisme. Assisté d Alain Neddam, il signe sa première mise en scène théâtrale, Mes amis (1985) d Emmanuel Bove, au TNP de Villeurbanne. Après Fêtes champêtres, Suite d un goût étranger, Divertissement 138 et Le crawl de Lucien, il crée pour le Ballet de l Opéra de Paris Fantasia semplice c est la première fois qu un jeune chorégraphe de la nouvelle génération a les honneurs de l Opéra. Assaï (1986) est présenté à l Opéra de Lyon dans le cadre de la deuxième Biennale Internationale de la Danse, tandis que la création musicale de Pascal Dusapin est interprétée par les soixante et un musiciens de l Orchestre

7 Philharmonique de Montpellier. Le Saut de l ange (1987) qu il conçoit avec Christian Boltanski pour l ouverture du septième Festival International Montpellier Danse, a peut-être véritablement amorcé les pratiques de collaboration artistique en France. Il est nommé Chevalier des Arts et des Lettres en 1988. En 1989, suit Meublé sommairement. Il reçoit le Grand Prix National de la Danse en 1989. En 1990, Courts et moyens métrages, est présenté à l occasion des dix ans d implantation de la compagnie à Montpellier et de la dixième édition du Festival International Montpellier Danse, avant Jours étranges (juillet 1990). En décembre, So schnell est créé à l occasion de l inauguration, pour la danse, du nouvel Opéra Berlioz au Corum à Montpellier. Necesito, pièce pour Grenade est créé dans les jardins de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon pour le Festival d Avignon 1991. Le 9 décembre 1992, Dominique Bagouet disparaît. D après une notice de Laurent Barré

8 So Schnell (version 1992) Lorsque m a été confiée la mission d inaugurer pour la danse le plateau du nouvel Opéra Berlioz à Montpellier, j ai pensé à une chorégraphie d abord inspirée par ce nouvel espace, vaste et encore «innocent», moins intimiste que nos territoires habituels. Il m a suggéré une écriture large et plus offensive pour une équipe importante de danseurs. Ainsi j ai enfin osé m attaquer à cette Cantate BWV 26 de Jean-Sébastien Bach enregistrée dans une version chère à mon cœur depuis longtemps et que je réservais à ce type d occasion presque festive. Toujours guidé par le charme de ce grand tissu d espace, porteur de lignes, de points et de contrepoints, j ai voulu insérer entre chaque mouvement de la partition classique des jeux sonores provenant de machines industrielles de bonneterie. Laurent Gachet a capté, mixé et arrangé ces rythmes et ces sons directement liés à mon enfance puisque mes grand-père, père et frère ont tour à tour dirigé une petite entreprise textile accolée à la maison familiale. Partant de ces sons en deux dimensions, j ai préparé des pages de trames précises de construction chorégraphique, au service d un vocabulaire sans scrupules d esthétisme mais soucieux d énergie et d exploration souvent individuelle pour les interprètes. D autre part, j ai demandé à Christine Le Moigne pour le décor et à Dominique Fabrègue pour les costumes de travailler à partir du mouvement de peinture «pop art» en particulier des recherches de Roy Lichtenstein en insistant sur les idées de trames, de couleurs radicales et d un certain humour. Depuis, les données ont changé. Après avoir créé une autre pièce avec moi ( Necesito), une partie de la compagnie s est lancée dans un travail avec Trisha Brown, de nouveaux visages sont arrivés qui sont autant d influences nouvelles et la scénographie de la pièce a évolué, s est ouverte, se prêtant mieux ainsi à la perspective des tournées. Une autre version est donc née qui bénéficie d un regard nouveau posé sur la précédente. La construction générale de la pièce a peu changé mais ce territoire maintenant connu semble m autoriser plus d audaces en liaison avec les qualités personnelles de chaque interprète, le rééquilibrage des rôles permettant une motivation et une connivence plus grande entre les partenaires. J ai ajouté sous la forme d un prologue, un duo féminin dansé dans le silence dont l intensité d interprétation se devrait de ressembler au calme avant l orage. Orage comme rage qui d abord éclate aux sons de métiers à tricoter mécaniques et finit par s exprimer aussi avec cette cantate si dynamique, si dansante qui dit l insouciance, tout en assenant son chant moraliste et censeur. C est un peu comme si ces textes religieux pleins de fatalisme puritain me servaient de réactifs. Dans cette version de So Schnell j ai sans doute insisté plus encore sur l expression d une énergie contraire à tout prix, qui s opposerait au temps, ferait vibrer les sens, dirait la joie presque subversive de danser sans donner prise le moins du monde au fatal. Pour renforcer cette idée de jeu, d énergie têtue, j ai pour la première

9 fois puisé dans mon répertoire dont certaines danses ainsi revisitées et citées, deviennent des sortes de rengaines, de chansons. Ce sont elles qui portent ce sentiment de fausse insouciance derrière lequel se cache la peur, la danse devenant alors une fuite rapide So Schnell, si vite qui ne veut pas finir. Elle finira bien sûr, mais qu avant cela au moins l espace soit envahi de forces qui laissent quelques traces. C est de cela que parle aussi le décor : une trame précise, un dessin aux contours nets comme pour défier une mémoire fragile par la force du trait. Dominique Bagouet, août 1992

Jours étranges - Photo : GTG/Ariane Arlotti

11 Jours étranges En 1967, Maria, une jeune américaine, élève comme moi au Centre International de Danse de Rosella Hightower, ramenait dans ses bagages de vacances familiales le tout nouveau et deuxième album d un groupe alors presque inconnu en France, The Doors. Je me souviens de ces soirées à tendance «beatnik» bercées par la voix chaude de Jim Morrison, le climat de ces «strange days» correspondait parfaitement au désarroi de notre adolescence qui cherchait alors, dans ce qui est devenu une sorte de mythologie, ses propres valeurs et vivait aussi d'obscurs désirs mal définis de révolte contre les normes et les codes établis. En réécoutant ce disque il y a quelques mois, je me suis senti prêt à affronter cette page de mon passé ; peut-être parce qu elle est devenue déjà un peu floue et qu ainsi cette musique, pour laquelle finalement je n ai que peu d opinions sinon qu affectivement elle me bouleverse à chaque fois, me permet de renouer avec un état qui n est pas si éloigné de celui d aujourd hui où la remise en question, la quête d aventures, se heurtent encore à de nouvelles conventions, des systèmes qui redeviennent pesants et qu il semble urgent de secouer. Alors avec cette pièce, disons qu on essaie donc de commencer à «secouer». Dominique Bagouet, programme de la Compagnie Bagouet, juillet 1990

12 Dominique Bagouet vu par... Philippe Cohen Directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève J ai connu Dominique Bagouet très tôt car nous étions dans la même école de danse, celle de Rosella Hightower à Cannes. Mais la première fois que j ai assisté à l un de ses spectacles, c était en 1977, à Aix-en- Provence. Il s agissait d un programme mixte appelé Dérives et composé de pièces joyeuses, assez ludiques, qui «bougeaient» beaucoup. J ai immédiatement été séduit par cette légèreté très dansée et par une gestuelle incroyablement originale et animée, quelque chose que je n avais encore jamais vu jusque-là. Dès ce jour, j ai eu envie de travailler avec Dominique, mais j étais alors danseur soliste à l Opéra de Nancy. Le hasard a voulu qu il soit invité à Nancy la saison suivante, pour une création. J ai donc travaillé sous sa direction et il m a proposé d intégrer la compagnie qu il avait fondée en 1976. A Nancy, j avais une situation confortable, un salaire régulier. Entrer dans la compagnie de Dominique m obligeait à devenir intermittent, à sortir du confort, mais j ai fait le pas sans hésiter et je ne l ai jamais regretté. J y ai dansé de 1978 à 1982. Ces années ont complètement transformé mon approche de la danse, ma vision du danseur, ma conception de l interprétation. C était une remise à plat totale. Je peux même dire que Dominique m a donné le goût de la danse par la relation très riche qu il nouait avec ses interprètes. Il venait du milieu classique, donc il concevait la compagnie comme un lieu où les danseurs travaillent du matin au soir : classe le matin, répétitions l après-midi. Les danseurs de sa compagnie venaient presque tous de l école de Rosella Hightower où l on nous avait déjà responsabilisés : libre à toi de suivre la classe ou pas, c est toi qui en paie les conséquences. Or Dominique a gardé cela à l esprit, non pas dans le sens de la formation, mais dans celui de l interprétation : nous étions suivis, accompagnés, mais tout de même autonomes, c est-à-dire que chaque membre de la compagnie était aussi une force de proposition pendant les répétitions. Puis, lors des spectacles, nous gardions une grande marge de manœuvre. Au fil du temps, il nous faisait en effet improviser de plus en plus, mais ces improvisations étaient toujours très dirigées : au bout du compte, nous finissions par faire ce qu il voulait. Après mon départ, il est repassé par une période très écrite : il arrivait avec des feuilles qui étaient de véritables partitions, puis, sur la fin, il est revenu à une certaine improvisation - processus passionnant, car on y apprend beaucoup sur soi-même. Lorsque l on examine son parcours, on s aperçoit que son style chorégraphique a évolué vers une épure. Je ne dirais pas «une abstraction», car la danse de Dominique est toujours restée très charnelle. Mais son mouvement est devenu pur dans le sens où sa danse n avait plus rien à prouver, elle exprimait son essentiel à lui : elle finissait par être dansée «l air de rien». Son écriture, il l a peaufinée, il l a rendue plus fine, plus subtile, parfois plus «sale». La danse de Dominique est extrêmement dessinée et ciselée. Elle a évolué jusqu à n avoir plus besoin de prouver sa place, à retrouver une forme de naturel par excès de travail, de contrôle et de maîtrise. Quant à sa personnalité, Dominique était un être très agréable, à la fois profond et léger. Il ne se prenait pas au sérieux, ce qui faisait du bien dans le milieu de la danse contemporaine de l époque. Brillant et cultivé, il

13 était aussi capable d être frivole, voire grivois. Par ailleurs il n était pas adepte des pièces autobiographiques. S il a créé Assaï quand il a appris sa séropositivité, il fallait connaître cette dernière pour y saisir les quelques allusions qu il faisait en filigranes. Et ses dernières pièces n ont aucun rapport avec sa maladie : on a parfois voulu voir une prémonition dans le titre de So Schnell («si vite»), mais il ne s agissait pas de sa dernière pièce, il en avait réalisé une première version qu il a reprise peu avant de mourir, puis elle a continué sa carrière après sa disparition, presque comme une pièce posthume. So Schnell n a aucun rapport avec la maladie. C est un aboutissement de tout ce que j aimais chez Dominique : on y retrouve sa «dentelle» chorégraphique très écrite, mais aussi son côté léger et ludique, une certaine désinvolture, un vrai détachement, une formidable liberté de parole. C était aussi un retour à ses sources musicales, car il a toujours adoré Bach dont la musique était mal vue, à l époque, dans la danse contemporaine. Quant à Jours étranges, cette pièce présente l autre côté de Dominique, c est un objet «trash» et étrange, par lequel il cassait son image de petit garçon bien élevé, poli, englué dans sa bonne réputation de bourgeoisie angoumoise. L association de ces deux chorégraphies me semble idéale car elle donne à voir les deux aspects les plus essentiels de Dominique Bagouet.

So Schnell - Photo : GTG/Ariane Arlotti

15 Repères biographiques Ballet du Grand Théâtre de Genève Directeur général Jean-Marie Blanchard Directeur du Ballet Philippe Cohen Partenaire du Ballet du Grand Théâtre UBS Au début du XXe siècle, les plus grandes troupes de ballet sont invitées sur la scène du théâtre de Neuve, notamment Isadora Duncan ou Nijinski avec les Ballets russes. Ce n'est qu'à sa réouverture, en 1962, que le Grand Théâtre se dote de sa propre compagnie de ballet. Sa direction a été confiée successivement à Janine Charrat, Serge Golovine, Patricia Neary, Peter van Dyck, Oscar Araiz, Gradimir Pankov, François Passard et Giorgio Mancini. Dès sa naissance, cette compagnie s'est employée à explorer la pluralité stylistique de la danse au XXe siècle, ce qui l'a amenée à travailler avec des artistes réputés comme George Balanchine (qui en fut conseiller artistique de 1970 à 1978), Mikhaïl Baryshnikov, Rudolf Noureïev, Jiri Kylian, Ohad Naharin, William Forsythe ou Lucinda Childs. Aujourd'hui dirigé par Philippe Cohen, le Ballet du Grand Théâtre comprend 22 danseurs de diverses nationalités. De formation classique, ils sont tous capables d'interpréter des chorégraphies néo-classiques et contemporaines. Chaque saison, ils proposent généralement deux nouvelles créations, des reprises de pièces de leur répertoire, des tournées, des animations scolaires et des ateliers chorégraphiques. Philippe Cohen Directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève Né en 1953 au Maroc, il entre au Centre de Danse International de Rosella Hightower en 1971 dont il suit l enseignement jusqu en 1974. La politique d ouverture de cette école lui donne la possibilité de travailler avec des personnalités aussi diverses qu Anton Dolin, Nora Kiss, Tatiana Grantzeva, Igor Youskevitch, Sonia Arova, John Gilpin... Il rejoint le Ballet de Nancy dirigé par Gigi Caciuleanu et participe à toutes les créations de la compagnie dont celle de Dominique Bagouet. Cette rencontre est déterminante et Philippe Cohen suit le chorégraphe dans son aventure artistique en 1978. Jusqu en 1982, il accompagne Bagouet en tant qu interprète, professeur et assistant notamment pour la création Les voyageurs à l Opéra de Paris. En parallèle au travail de la compagnie il explore différentes techniques de danse contemporaine dont celle de Peter Goss, Susan Buirge et Alwin Nikolais. Boursier du Ministère de la Culture, il part aux Etats-unis pour suivre l enseignement de Merce Cunningham et à la «School of American Ballet». En 1983 Rosella Hightower fait appel à lui pour être maître de ballet au Jeune Ballet de France. Outre les classes quotidiennes, il a en charge le suivi du grand répertoire classique, La Sylphide, Napoli, la Belle au Bois Dormant, Giselle, des chorégraphies de Maurice Béjart, John Neumeier, Serge Lifar ou George Balanchine, mais aussi les différentes créations commandées par le JBF à des chorégraphes contemporains tels que Carolyn Carlson, Daniel Larrieu, Claude Brumachon, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Larrio Ekson, Régine Chopinot, Philippe Decouflé De 1988 à 1990, il est coordinateur des études au Centre National de Danse

16 Repères biographiques Contemporaine à Angers où il travaille avec Michèle Anne de Mey, Hervé Robbe, Wim Vandekeybus et Trisha Brown. Philippe Cohen est nommé Directeur des études chorégraphiques au Conservatoire national Supérieur de Musique et de danse de Lyon en 1990, poste qu il occupera jusqu en 2003. Il développe une politique d échanges internationaux qui le conduira au Vietnam, Cambodge, Chine, Corée du Sud, Thaïlande, Biélorussie, Allemagne, Angleterre, Georgie et Canada. Depuis 2003 il est directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève. Philippe Cohen a été distingué par le Ministère de la Culture français qui lui décerne la médaille d Officier des Arts et Lettres. Le gouvernement vietnamien l a décoré pour service rendu au développement de la culture vietnamienne.

So Schnell - Photo : GTG/Gregory Batardon

DANSE A L OPÉRA DE LILLE, PROCHAINES CRÉATIONS MON AMOUR / CHRISTIAN RIZZO, chorégraphe en résidence à l Opéra de Lille 28, 29 FEVRIER, 1ER MARS 08 Christian Rizzo définit sa nouvelle création comme une sorte de ballet mécanique pour objets autonomes. Réunissant sept danseur s, en tenues mi-sportswear, mi-victoriennes, trois musiciens, un chanteur et sept sphères téléguidées par les danseurs, cette création sera présentée pour la première fois à l Opéra de Lille, où l artiste est en résidence depuis le début de la saison. Tarifs : 5 à 21 EAU / CAROLYN CARLSON 2, 3, 4, 5 AVRIL 08 Musique Joby Talbot / Centre Chorégraphique National de Roubaix / orchestre national de lille jean-claude casadesus / région nord-pas de calais Sur une musique originale du jeune compositeur anglais Joby T albot, la nouvelle création de Carolyn Carlson réunit 12 danseurs et 50 musiciens de l Orchestre national de Lille. Tarifs : 5 à 31 ZEITUNG / ANNE TERESA DE KEERSMAEKER & ROSAS 5, 6, 7 JUIN 08 On ne présente plus Anne Teresa De Keersmaeker. Son parcours est exemplaire et son œuvre, prolifique, d une rare intensité. Ren dez-vous incontournable des saisons de l Opéra de Lille, Anne Teresa De Keersmaeker y présente sa nouvelle création, sur des musiques d e Bach et de Webern notamment, exécutées en live au piano par son complice Alain Franco. Tarifs : 5 à 21 RÉSERVATIONS www.opera-lille.fr ou 0820 48 9000

LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS L Opéra de Lille est subventionné par : LA VILLE DE LILLE LILLE MÉTROPOLE COMMUNAUTE URBAINE LE CONSEIL RÉGIONAL NORD-PAS DE CALAIS LE MINISTÈRE DE LA CULTURE (DRAC Nord-Pas de Calais). Inscrit dans la durée, leur engagement permet à l Opéra de Lille d assurer l ensemble de son fonctionnement et la réalisation de ses projets artistiques. LES ARTISTES EN RESIDENCE A L OPÉRA DE LILLE LE CONCERT D ASTRÉE Direction Emmanuelle Haïm L ENSEMBLE ICTUS LE CHŒUR DE L OPÉRA DE LILLE Direction Yves Parmentier CHRISTIAN RIZZO chorégraphe / ASSOCIATION FRAGILE L OPÉRA DE LILLE ET LES ENTREPRISES L Opéra de Lille propose aux entreprises d associer leur image à celle d un opéra moderne, ouvert sur sa région et sur l international, en soutenant un projet artistique innovant. Les partenaires bénéficient ainsi d un cadre exceptionnel et d un accès privilégié aux spectacles de la saison, et permettent l ouverture de l Opéra à de nouveaux publics. (plus d informations sur www.opera-lille.fr dans la rubrique «Partenaires») Mécènes et Parrains d un événement : CIC BANQUE BSD-CIN CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS Parrains d un événement : CALYON CRÉDIT DU NORD LE PRINTEMPS LILLE RABOT DUTILLEUL SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Partenaires Associés CAPGEMINI CRÉDIT DU NORD CICOBAIL - Groupe Caisse d'epargne CRÉDIT MUTUEL NORD EUROPE DALKIA NORD DELOITTE FRANCE TELECOM ICADE IMPRIMERIE HPC2 KPMG MEERT PRICEWATERHOUSECOOPERS RAMERY SOCIÉTÉ DES EAUX DU NORD TRANSPOLE Autre partenaire Le Consulat du Japon de Lille

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