Groupe d'experts et auteurs

Documents pareils
Vaccinations. Actualités et perspectives

Audition publique sur la vaccination. Levée de l obligation vaccinale? Suivi de la synthèse et des recommandations de la Commission d Audition

MASTER (LMD) PARCOURS MICROORGANISMES, HÔTES, ENVIRONNEMENTS (MHE)

UNIVERSITE MONTPELLIER I UFR de PHARMACIE

Physiopathologie : de la Molécule à l'homme

ANNEXE A L ARRETE DSP N 2014/004

La biologie médicale en France : présent et avenir. Académie Nationale de Pharmacie Mercredi 4 Février 2015

Université Saint-Joseph

Fondation PremUp. Mieux naître pour mieux vivre

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

Master Développement et Immunologie

Les sciences de l Homme et de la santé

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

Définition de l Infectiologie

Soutien pour la formation à la recherche translationnelle en cancérologie

Master 2. Mention : «Ecosciences, Microbiologie» Domaine : Sciences Technologies Santé Responsable : F. Menu

MISSION PARTENARIALE IMMUNOLOGIE - VACCINATION & INFECTIOLOGIE A l occasion de BIOPHARM AMERICA 2015 BOSTON, ETATS-UNIS 14 au 18 septembre 2015

Présentation des intervenants et modérateurs

Démarrage du prélèvement d organes et de Tissus sur donneurs décédés au Maroc

OFFRE DE FORMATION SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES PHARMACIE 2015/2016

Croissance et vieillissement cellulaires Docteur COSSON Pierre Nb réponses = 81 sur 87. Résultats des questions prédéfinies

sa Faculté de Médecine : site pilote pour l organisation des épreuves classantes nationales sur tablettes tactiles,

Les OGM. 5 décembre Nicole Mounier

Thérapies ciblées en Onco-Hématologie

DECLARATION PUBLIQUE D'INTERETS (DPI)

Rapport d évaluation du master

Le Data WareHouse à l INAMI Exploitation des données

Programme DPC des infirmiers

DOSSIER DE CANDIDATURE SCIENCES TECHNOLOGIES SANTÉ Master 2 ème année Mention Biologie, Santé

- 2 - faire industriel dans la mise au point des produits biologiques. L Institut Roche de Recherche et Médecine Translationnelle (IRRMT, basé à

L UFR des sciences pharmaceutiques

CRITERES DE REMPLACEMENT

CONGRÈS. Vendredi 10 Décembre 2010 de 7h30 à 18h30

Lettre d'information semestrielle N 2

Le Centre Léon Bérard Equité, globalité, qualité, innovation. Juin 2011

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

DE LA FORMATION CONTINUE À L OFFICINE

Journée mondiale du sommeil 2012 Rhône-Alpes

MASTER (LMD) MANAGEMENT DE PROJET ET INNOVATION EN BIOTECHNOLOGIE

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

MASTER 2 SCIENCES DU MEDICAMENT

Jour 1 : Les concepts Les forces du système de santé québécois Comparaisons internationales. 22 octobre Pause réseautage et visite des exposants

Un métier en évolution pour répondre aux nouvelles. Face à ces évolutions, un nouveau métier

Notre métier : Vous accompagner dans votre Projet

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Organisation du suivi dans le cadre d un réseau

MASTER (LMD) INGENIERIE DE LA SANTE

APRES UN BAC STL ENVIRONNEMENT. Amandine, ingénieure d étude en environnement

QUELLES SONT LES OPTIONS DU TRAITEMENT DE LA LMC?

Contribution du Syndicat national des pharmaciens praticiens hospitaliers (SNPHPU)

LES ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL Prise en charge & Prévention

Diagnostic des Hépatites virales B et C. P. Trimoulet Laboratoire de Virologie, CHU de Bordeaux

Handisup / Janvier 2014 : Extrait de la liste des profils de jeunes diplômés en situation de handicap en recherche d'expériences professionnelles

DOSSIER DE PRÉSENTATION

Rotary International. District 1720 DOSSIER DE PRÉSENTATION

Vers la naissance de bureaux de patients en France Le projet de Pôle Universitaire Patient Partenaire (PU2P)

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

La surveillance biologique des salariés Surveiller pour prévenir

Réseau National de Laboratoires * * * * * * * * * *

ÉDITORIAL E-LETTER N 7 / JUIN 2005

DIPLOME DE CHIRURGIE ORALE

PART TIME STRATÉGIE ET MANAGEMENT MASTÈRE SPÉCIALISÉ DES INDUSTRIES DE SANTÉ MANAGEMENT EDUCATION

Pôles de Compétitivité : installation du groupe des personnalités qualifiées

Actualités sur le Virus de l'hépatite C

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

Communiqué de presse. Créée il y a 25 ans, l Association Charles Nicolle devient «Fondation reconnue d utilité publique»

Ingénieur R&D en bio-informatique

ENSEIGNEMENTS - JOURNEES COLLOQUES D.U et D.I.U

Présentation Générale

Tableau: Offres de formations professionnelles et doctorales de l'uac

Rapport de l AERES sur la structure fédérative : sous tutelle des établissements et organismes : «Du malade à la molécule» Université Aix Marseille 2

Secteur Protégé d Hématologie

FORMATION PROFESSIONNELLE DE SOPHROLOGIE DOSSIER D INSCRIPTION. Académie de Sophrologie de Bourgogne Franche-Comté - Ecole de Sophrologie de Dijon

Université de Haute Alsace. Domaine. Sciences Humaines et Sociales. MASTER Mention Éducation, Formation, Communication UHA, ULP, Nancy 2

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

L accès au suivi et au traitement pour les personnes atteintes de l hépatite C au Québec 1

INAUGURATION LABORATOIRE DE THERAPIE CELLULAIRE 16 FEVRIER 2012 DOSSIER DE PRESSE

University of AbouBakr Belkaid Tlemcen Program Title Type Level Program Web site Perturbations moyennisations et application aux biomathématiques

Faculté des Sciences d ORSAY

Hépatite C une maladie silencieuse..

Unité d onco-hématologie pédiatrique. Procédure de recueil de consentements du donneur. Codification du document : PO Rédacteur : Dr V Gandemer

Thierry DELZESCAUX. «biopicsel» group, URA CNRS-CEA 2210 Service MIRCen, I²BM, CEA Fontenay-aux-Roses, France.

Modules optionnels. Passer à l acte en implantologie

ENSEIGNEMENTS ET SÉMINAIRES

PROFIL DE POSTE PRATICIEN ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Mise à disposition du rapport financier annuel 2014 Point sur l activité du 1 er trimestre 2015

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL, Vu l ordonnance n du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;

Programme international de formation

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

Surveillance épidémiologique en Lorraine

MAB Solut. vos projets. MABLife Génopole Campus 1 5 rue Henri Desbruères Evry Cedex. intervient à chaque étape de

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

Aurélie GUYOUX. Directrice scientifique Scientific Business Manager

Les Parcours Scientifiques et les Ecoles Doctorales

Présentation du MASTER EN SCIENCES DE LA SANTE PUBLIQUE

Transcription:

Groupe d'experts et auteurs Pr Pierre BEGUE, chef du service pédiatrique, Hôpital Trousseau, AP HP, Paris Pr Pierre BERTHELOT, chef du service d hépatologie, Centre d'investigation Clinique 93-03, Hôpital Necker, AP HP, Paris Pr Christian BRECHOT, service d'hépatologie, directeur de l'unité INSERM 370, Hôpital Necker, AP HP, Paris, président du groupe Dr Pierre COURSAGET, virologie, CJF INSERM 93-09, Faculté de Pharmacie Philippe Maupas, Tours Dr Jean-Claude DESENCLOS, épidémiologie, Réseau National de Santé Publique, unité des maladies infectieuses, Saint-Maurice Pr Alain-Marc GOUDEAU, chef du département de microbiologie médicale et moléculaire, URA CNRS 1334, CHU Bretonneau, Tours Dr Jean-Louis LANOÉ, économie de la santé, INSERM U 357, Hôpital Bicêtre, AP-HP, Le Kremlin-Bicêtre Dr Bernard LAROUZE, épidémiologie, INSERM U 13, Hôpital Bichat, AP HP, Paris Dr Pierre MEULIEN, directeur Recherche et Développement, Pasteur-Mérieux Sérums et Vaccins, Marcy-l'Etoile Pr Christian TREPO, chef du service d'hépato-gastroentérologie, directeur de l'unité INSERM 271, Lyon Ont été auditionnés Dr Francis ANDRE, vice président et directeur médical senior, Smith Kline Beecham Pharmaceuticals, Rixensart, Belgique Dr Jean DUBUISSON, oncologie moléculaire, URA 1160 CNRS, Institut Pasteur, Lille Pr Louis EECKOUDT, économie, Faculté Universitaire Catholique de Mons, Belgique Dr Florence FUCHS, Agence du Médicament, expert (sérums et vaccins) à la Commission Européenne de la Pharmacopée. Chrystelle GASTALDI, économie de la santé, INSERM U 357, Hôpital Bicêtre, AP HP, Le Kremlin-Bicêtre Dr Geneviève INCHAUSPE, biologie moléculaire, INSERM U 271, Hôpital de l'hôtel-dieu, Lyon Dr Marie Louise MICHELS biotechnologie des vaccins, INSERM U 163, Institut Pasteur, Paris

Coordination scientifique et éditoriale Jeanne ETIEMBLE, directeur du centre d'expertise Collective «AVIE», INSERM SC14 Françoise AUDIBERT, chargé d'expertise, INSERM SC14 Emmanuelle CHOLLET, attaché scientifique, INSERM SC14 Assistance bibliographique Nicole PINHAS, responsable du service de documentation de l'inserm, département de l'information et de la communication Philippe GUILLIAUMET, directeur du SC2 de l'inserm

PREFACE Les hépatites virales constituent un problème de santé publique très important. En effet, les hépatites B et C peuvent devenir chroniques, engendrer une cirrhose et un cancer du foie. Quand on évoque les recherches effectuées en France sur les hépatites virales, on pense immédiatement au travail de Philippe Maupas qui fut le premier à mettre au point un vaccin contre l'hépatite B. Ce vaccin très efficace a constitué la base de la conception du vaccin recombinant développé ultérieurement. Le clonage du génome du virus de l'hépatite B réalisé en 1978 a permis de déterminer la séquence du génome viral et d'en déduire l'organisation génétique du virus, donnée essentielle pour entreprendre toute recherche, qu'elle soit fondamentale ou appliquée. La relation entre l'infection par le virus de l'hépatite B et le développement du cancer du foie est claire. Aussi, les chercheurs ont-ils tenté d'expliquer au niveau moléculaire le rôle du virus. Dans le modèle animal, constitué par la marmotte, le rôle du virus est parfaitement compris. Chez l'homme, il n'est pas expliqué et est en cours d'étude. Le vaccin recombinant disponible auprès du public depuis 1989 est la plus belle application concrète des travaux de recherche fondamentale, menés en particulier dans notre unité. Ce vaccin a obtenu un très grand succès: dix sept millions de Français se sont fait vacciner. On devrait, dans les années à venir, observer une diminution des complications liées au portage chronique. Les recherches se poursuivent en France sur le virus de l'hépatite B et, plus récemment, des recherches ont été entreprises sur le virus C dans plusieurs laboratoires. Ceci place notre pays parmi les nations les plus impliquées dans les recherches sur les hépatites virales. Professeur Pierre Tiollais Membre de l'académie des Sciences et de l'académie Nationale de Médecine Professeur à l'université Paris VII et à l'institut Pasteur Directeur de l'unité de Recombinaison et Expression Génétique, INSERM U 163, Institut Pasteur

Avant Propos Les hépatites virales regroupent des infections aux manifestations cliniques très différentes suivant le virus en cause. Depuis l'identification il y a un peu plus de 30 ans du premier virus hépatotrope, le virus B. cinq autres virus - A, C, D, E et G - ont été caractérisés et la liste pourrait s'allonger. Bien que, dans une majorité de cas, la primo infection passe inaperçue, elle peut donner lieu à une hépatite aiguë, parfois même fulminante, et nécessiter une transplanta lion hépatique. L'évolution vers la chronicité de l'infection par les virus B et C, pouvant conduire au développement d'un carcinome hépatocellulaire, constitue un problème de santé publique majeur, d'autant que les traitements actuellement disponibles sont d'une efficacité limitée. La prévention vaccinale, arme idéale pour lutter contre les maladies infectieuses, ne concerne aujourd'hui que les hépatites A et B. La Mutuelle Générale de l Education Nationale (MGEN) a souhaité que l'inserm réalise une expertise collective sur le thème des hépatites virales pour l'aider à mieux définir la politique de prise en charge thérapeutique et vaccinale de ses adhérents. Dans le cadre de son secteur «Soins coûteux», la MGEN est amenée à recevoir de ses adhérents des demandes de remboursement pour des traitements nouveaux ou insuffisamment remboursés par l'assurance Maladie. Ces dossiers constituent un observatoire privilégié des besoins et des attentes de la population mutualiste. De plus, le traitement quotidien de l'ensemble des prestations de la mutuelle fournit une certaine idée des tendances en matière d'ogre et de demande de soins. Dans tous ces domaines, les praticiens conseils attachés à la MGEN apportent des éléments d'aide à la décision très pertinents. Cependant, dans un certain nombre de cas, la MGEN a recours à une expertise collective, auprès de l'inserm, par exemple, pour recueillir l'avis du collège scientifique, c'est-à-dire de l'ensemble des compétences pluridisciplinaires, à un moment donné sur un sujet donné. L'origine de la demande d'expertise concernant les hépatites virales s'entend dans le cadre plus général d'une réflexion sur les vaccinations, en particulier celles pour lesquelles le reste à la charge des mutualistes est le plus important. Au-delà de l'intérêt évident de ces expertises pour la collectivité en général, les informations et recommandations qui sont apportées à la MGEN permettent d'améliorer ses services en matière d'information, de communication, de prévention et de nouvelles prestations, le cas échéant. Aussi, pour répondre aux interrogations de la MGEN, I'INSERM a réuni un groupe d'experts composé de médecins et chercheurs, virologues, hépatologues, pédiatres, épidémiologistes, économistes de la santé et spécialistes des vaccins. 1

Le groupe a appuyé sa réflexion sur l'analyse de la littérature mondiale disponible sur le sujet (environ 1 000 articles), à partir de la grille de questions suivantes: Quelle est l'ampleur épidémiologique du problème des hépatites virales A, B. C et autres? Quelle est leur gravité? Comment mieux cerner les populations à risque? Quelles sont les possibilités thérapeutiques? Comment optimiser les armes vaccinales disponibles? Quelles perspectives pour un vaccin contre l'hépatite C? Quels moyens de prévention faut-il promouvoir? Au cours de cinq séances de travail organisées entre les mois de mars et novembre 96, les experts ont présenté, selon leur champ de compétence, l'analyse critique et la synthèse des travaux publiés sur l'épidémiologie, le dépistage et le diagnostic, le traitement et la prévention des hépatites virales en France. Cet ouvrage rend compte de l'ensemble des travaux des experts dans les parties «Analyse» et «Synthèse». Le groupe met en évidence l'importance de ces hépatites en Santé Publique, les difficultés de leur prévention et le coût de leur prise en charge. Il constate la nécessité d'intégrer l'analyse de facteurs psycho-sociologiques pour expliquer les réticences vis-à-vis de la vaccination contre le virus de l'hépatite B et souligne l'intérêt de la mise en place d'une «vaccino-vigilance». La recherche d'un vaccin contre le virus de l'hépatite C conserve toute son importance, d'autant que la connaissance des modes de transmission de ce virus demeure imparfaite. Enfin, des projets de recherches clinique, épidémiologique et fondamentale sont à développer pour toutes les hépatites. 2