MEDIATHEQUE MICHEL-NICOLAS



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Transcription:

MEDIATHEQUE MICHEL-NICOLAS Deuxième Sélection Septembre 2009

PREMIERS ROMANS 2009 2 livraison, septembre R MOR L'héritier des pagans / Anne-Laure Morata.- Paris : Ed. du Masque, 2009.- 285 p. ; 18 x 11 cm.- (Labyrinthes ; 179). A l automne 1629, l orage et la tempête se déchaînent sur les côtes bretonnes du pays Léon. Le drame est inévitable et un splendide trois-mâts vient s abîmer sur les rochers où l attendent les pagans, ces pilleurs de navires tant redoutés des marins. Les détrousseurs ont tôt fait d emporter leur butin laissant derrière eux un témoin d à peine trois ans, recueilli par la femme de l un d entre eux. Elevé en petit paysan breton le jeune Gilles Le Bars se retrouve à la fête du village avec Gaël, son ami de toujours. Les jeunes gens finissent la nuit, ivres au bord du lavoir. Au réveil, Gilles est couvert de sang et, à son côté, gît le corps sans vie de Gaël. Accusé du meurtre, trahi par les siens et jeté dans une geôle, il sera miraculeusement sauvé du bagne. Il cherchera à comprendre qui et surtout pourquoi on lui a fait porter ce crime mais surtout pourquoi sa mère l a abandonné lors du procès. Après bien des péripéties, il arrive à Paris pour découvrir le secret de ses origines. En pleine Fronde, alors que le pays est dans la tourmente, il va tenter de retrouver, à défaut de sa fortune, au moins son identité. L auteure : Depuis toujours l écriture accompagne au quotidien Anne- Laure Morata, jeune conseillère en ressources humaines de la région parisienne. Férue d histoire et de littérature, elle nous livre aujourd hui un premier livre dans la veine des grands romans d aventure et de suspense, et un regard historique original sur la période de la Fronde. La critique : Une intrigue qui tient en haleine, des personnages attachants, une belle écriture: une réussite de la première à la dernière ligne. (La Liseuse) Anne-Laure Morata Il est assez rare de voir du roman d aventures, et plus généralement de la littérature dite «de genre» proposée dans une sélection de premiers romans. Il parait que ça ne fait pas très sérieux! Encore moins quand on sait qu Anne-Laure Morata est l'une des gagnantes d'un petit concours de province ayant pour thème les romans historiques. Cette passionnée d'histoire, au terme de trois mois de fructueuses recherches, poussée par son inspiration et son envie d'écrire, et largement soutenue par sa famille, a fini par nous pondre une petite merveille, aussi érudite que respectueuse des meilleurs codes du roman d aventures. Ne boudons donc pas notre plaisir

R BOI L'imposteur / François Marchand: le Cherche Midi, 2009 Un imposteur total court-circuite avec maestria la haute administration française Lorsque le nouveau directeur des relations professionnelles au sein du ministère du Travail, Charles Legrandin, prend ses fonctions en janvier 2001, nul ne soupçonne une quelconque imposture. La carrière de Legrandin a été effectuée à l étranger ; personne ne le connaît au ministère et il aurait même disparu définitivement du bottin administratif si son assassinat quelques jours plus tôt par sa femme n avait eu un témoin : le narrateur qui, un peu forcé au début, puis se prenant au jeu, usurpe froidement la fonction. Le nouveau Legrandin se révèle bien vite performant : prenant conscience de l incroyable absurdité de la vie bureaucratique, il conçoit l idée d installer un vaste système de corruption au profit d un certain nombre d officines patronales. Maître du code du travail, des procédures entre salariés et employeurs, il devient, via son compte bancaire, le passage obligé de toutes les fraudes de la vie économique. Car le narrateur devra, malgré son caractère pacifique, se défendre contre des intrusions non désirées sur sa véritable identité. Quant à celle du vrai Legrandin, et à ses activités réelles avant sa mort prématurée, elle ressurgira pour plonger notre escroc, dont la seule vocation est de fumer des cigares sans être dérangé, dans la confusion. L auteur : François Marchand a passé une quinzaine d années au sein du ministère du Travail, ce qui lui a permis d observer de très près le non-fonctionnement de l État.. Il vit à Paris. La critique :" Dans la lignée du Couperet, de Donald Westlake, et du Petit Boulot, de Iain Levinson, le livre est une version française de ces romans américains irrévérencieux qui décrassent les consensus et osent prôner l'amoralité... puisque notre monde est amoral. Satire aussi drôle que méchante du (non-)fonctionnement de l'etat, de ses hauts fonctionnaires repus, L'Imposteur ne raconte finalement que le déraillement inéluctable de notre société. ( ) ce livre a deux atouts forts : la passion de la stratégie, qu'il manie en littérature tel un démiurge, et l'immersion dans la fonction publique, qu'il dissèque avec un cynisme réjouissant. (Télérama) Commentaires de l auteur : «Le droit du travail a connu depuis une dizaine d années une dévastation sans précédent dans ce pays. Je décris quelques-unes de ces dévastations 35 heures, marchandisage, portage salarial, licenciement de salariés protégés, externalisation et suppression du salariat grâce à des systèmes bidons de franchise ou de gérance mandat, détachement transnational frauduleux de travailleurs, mais il y a bien pire que cela. Comme je voulais faire un roman, et en aucun cas un pamphlet, je n ai pas dressé un panorama exhaustif de la situation et ai surtout ajouté l idée de la corruption. Dans la réalité, la haute administration en question avalise les dévastations par inertie ou pour des renvois d ascenseur, des stratégies de carrière. Dans le secret des bureaux. Sans apparemment qu il y ait des valises de billets. Mais je précise que mon livre ne fait pas de leçon de morale ; il a surtout pour but de faire rire de l absurdité de la vie.»(bibliosurf.com/interview-de-francois-marchand)»une dénonciation assez forte et noire de l'absurdité des rouages bureaucratiques et de ses dérives. Si l'humour noir de l'auteur fait merveille dans ce premier roman hilarant, il ne faut le lire qu au deuxième degré, sinon gare aux grincements de dents.une occasion en tous cas de relire Westlake, (Le Couperet, tourné par Costa-Gavras en 2005) disponible à la Médiathèque. Et dans un autre genre le célèbre essai «Bonjour paresse» de Corinne Maier.

R JOU Kart / Frédéric Junqua.- Paris : Léo Scheer, 2009.- 124 p. ; 21 x 14 cm.- (Laureli). Dans le métro parisien, un jeune homme assiste à la mort d une jeune femme, poussée sur les rails. Accusé d être l auteur du crime, il va subir pendant plusieurs jours tortures, emprisonnement et violences de toutes sortes avant d être conditionné à la barbarie et envoyé aux confins de la ville pour chasser les animaux : «Les animaux sont des êtres humains qui se privent de langage et retournent à un état premier imaginaire, plus encore, littéraire, car les règles qu ils s imposent proviennent de textes ou de films, tous du siècle précédent.». Efficace dans la traque, le jeune homme grimpe les échelons, entraînant avec lui Kart, un être faible et transparent. Jusqu au moment où il s enfuit, disparaît et ré-apprend l humanité, jusqu à risquer sa vie pour témoigner son amour à Kart, condamné à mort. La critique : «Kart fait partie de ces œuvres à part, dérangeantes et incroyablement puissantes. Un voyage étourdissant et sensoriel dans l expérience d un homme qui, loin de chercher à fuir sa terrible réalité, est résolu à s y engager le plus possible. De l absurde à la violence, Kart est un voyage cauchemardesque, purement émotionnel, débordant de vie» (Fluctuat.net) «Kart apparaît comme un roman violent et sombre, marqué très fortement par une écriture très particulière, qui pourra gêner certains lecteurs. Ce travers est regrettable, d autant plus qu il ressort de Kart des images fortes et poignantes sur l horreur qui peut être instituée par ces régimes. Notamment sa découverte d enfants aux yeux percés utilisés comme appât pour l attirer et le mettre à la merci d une milice à sa recherche. D autant plus que même si le thème du régime dictatorial n a rien d original, Frédéric Junqua parvient à ne pas tomber dans une pâle copie d un 1984 moderne» (Léa, sur Discordance) «L originalité du livre tient aussi dans l'atmosphère que fait naître l'auteur. Dans les cités crépusculaires de ces dictatures techno, la musique, la drogue, le sexe composent un paysage trash, où les actes les plus cruels deviennent le pain quotidien des bourreaux et des victimes... C'est aussi une fiction traversée d'images fulgurantes, de scènes cruelles, avec, au sein des forêts ou au bord de l'océan, de clairières ou de plages apaisées. L'intensité de la narration reste cependant proche du maximum tout au long de ces pages inspirées, où coule un «sang métal» qui situe assez bien l'esthétique de Frédéric Junqua. Un pari audacieux, tenu, et servi par une écriture virtuose, qui fait de ce premier roman, qui demande beaucoup à son lecteur, un des plus aboutis de cette rentrée.» (Alain Nicolas, L Humanité) Extrait : Je participe à ma première chasse alors que je ne suis encore qu une fraîche recrue. Je porte les insignes du rang le plus infime de la hiérarchie, un uniforme bien coupé, ne me rappelle pas les circonstances de mon embrigadement, ressens un confort moral précis. À vingt-deux ans, je suis aisément le plus âgé de ma troupe et l on m y considère soit comme un attardé soit comme un modèle.

Un message assez clair pour ce court roman d atmosphère courageux et puissant : Dans une société post apocalyptique, comment un homme transformé en machine à tuer se ré-humanise. Toutefois, âmes sensibles s'abstenir. Images fortes et descriptions sans concessions. Et il faudra faire un effort pour accepter le style de l auteur. Un roman qui a été retenu pour le prochain Prix Wepler. R DAN La tangente / Amina Danton.- Paris : Gallimard, 2009.- 189 p. ; 21 x 14 cm.- (Blanche). La narratrice, née dans les années 1970, a passé son enfance auprès d'une mère envahissante et négative. A l'adolescence, l'univers mental de la jeune fille sage se dérègle. Elle devient obèse, se réfugie dans la lecture, engage une correspondance avec un écrivain qu'elle finit par rencontrer, Pierre R. L'écrivain ne perçoit pas l'être humain caché sous l'épaisseur de la graisse. La critique : «La narratrice est jeune et cultivée. Fascinée par un texte, La vie rêvée, elle écrit à son auteur Pierre R. Ils se rencontrent et là si elle l'a séduit par des mots, elle le repousse par son corps obèse. Sa vie bascule vers un objectif, se rendre fascinante, comme Nadja l'héroïne d'andré Breton et pour cela s'invente un personnage Genica. Genica, la séductrice devenue mince, belle attire les hommes que la narratrice accueille dans son lit mais continue d'avoir un seul but capter le regard de l'écrivain sans qui elle n'existe pas. Elle a eu un parcours chaotique, douloureux : «la vie est une tartine de merde». Attirée par l'image, la narratrice rentre à l'idhec, filme une histoire de personnages agissant comme des ombres dans la ville ou le désert sans reconnaissance humaine. Rassurez-vous cette histoire racontée avec humour, une distance qui rend le lecteur complice de ses aventures est délicieusement ironique. Un premier roman très inspiré de Nadja ou d'héroïnes de Duras. (Dominique Paschal) «Le livre que l'on aura pas fini de relire car tellement riche en réflexions sur l'importance des apparences (souvent trompeuses), la poursuite de nos rêves et la fragilité des sentiments humains.( ) Certes, pour l'héroïne commence le combat contre elle, elle se crée un personnage de Génica, femme fatale, idéale, belle pour retrouver Pierre R. Mais ne va-t-elle au devant d'autres déceptions? Ce livre pose des questions essentielles de notre société obnubilée par les apparences, la fausseté des relations humaines. Les combats, les remises en cause de nos existences... Cioran avait raison de citer dans son fabuleux livre "de l'inconvénient d'être né " Certains ont des malheurs. D'autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à plaindre?.» ( Le Paperblog) Extraits : Au premier regard qu'il pose sur elle, elle sait. Elle sait qu'il ne s'attendait pas à se retrouver face à un gros bébé joufflu. Et quand il lui dit au revoir sur le boulevard Montparnasse, elle jure de ne plus jamais revivre cet abandon, cette solitude où il la laisse. Oui, elle se jure, en le regardant disparaître, de devenir belle. C'est ainsi que naît Génica.'( )

"Le rêve qui avait pris ma vie était toute ma vie. Sans Génica, sans Pierre R au firmament de mes jours, elle aurait été soudain fauchée par l'absurdité. L'absurdité était pour moi une chose très réelle, très menaçante, qui pouvait tomber du ciel comme de la grêle et bousiller les récoltes. Mais si je ne savais pas me mettre nue, Génica n'existerait pas totalement, elle ne pouvait pas convaincre l'écrivain. En m'abritant derrière elle, je creusais ma tombe. Mais je voulais qu'elle existe. Je n'allais tout de même pas redevenir une grosse fille abandonnée sur son trottoir. J'étais devant Serve pour me muscler, pour avoir la force de revenir un jour dans la vie de Pïerre R. Un premier roman psychologique, non autobiographique, qui décline d une façon originale, plus émouvante que révoltée, le thème, devenu assez classique de «la grosse». Se transformer en prédatrice dans le seul but de revivre une passion ancienne et déçue Un roman au style assez sophistiqué qui nous dépeint la vie d une femme qui peine à s'incarner. Lire aussi «Mais tu t es vue, Lulu» de Françoise Fraioli (premier roman 2005) R ICA Les lits en diagonale / Anne Icart.- Paris : R. Laffont, 2009.- Pour son premier roman Anne Icart nous parle du héros de son enfance : son frère Philippe. Comme toutes les petites filles, elle vouait une admiration sans borne pour ce grand frère de cinq ans son aîné, mais à 7 ans, Anne comprend que son frère est différent des autres, qu'il ne sera jamais normal et qu'elle devra toujours le protéger. Dans Les lits en diagonale, récit autobiographique, Anne Icart parle donc des liens qui unissent les frères et sœurs quand l'un des deux est handicapé mental : l'admiration, l'envie de protéger, la honte, le rejet, la jalousie mais aussi l'incapacité d'admettre que l'on fera mieux que ce frère qui ne deviendra jamais vraiment adulte. Ce récit, Anne l'adresse à son frère et toute la narration s'effectue donc à la deuxième personne La critique : Il a cinq ans de plus qu elle, ils dorment dans la même chambre, leurs lits en diagonale, et il est son grand frère adoré, son héros. Anne a à peine sept ans» l âge de raison» quand sa mère lui dit que Philippe est malade, et qu il ne guérira pas. Elle ne comprend pas tout, elle est trop petite, mais elle reçoit l essentiel, de plein fouet : elle comprend qu il faudra toujours veiller sur lui. Ne jamais le laisser seul. L aimer plus fort que les autres. De ce jour, elle va grandir le cœur accroché à son frère,» son héros aux ailes brisées «, handicapé mental à cause d une césarienne faite trop tard lors de sa naissance. Comme des instantanés ultrasensibles de leurs vies, les souvenirs affluent, mêlant passé et présent, parfois cruels et douloureux, le plus souvent tendres et joyeux, voire cocasses. Et avec eux des sentiments extrêmement forts, le désir sauvage de protéger, la honte, le remords, la rage impuissante, la culpabilité, la peur, la difficulté à construire sa vie à soi, à aimer d autres hommes mais surtout l amour, cet amour plus fort que les autres.». Portée par une écriture lumineuse, l émotion vous prend dès les premières pages et vous mène d une traite jusqu à la dernière ligne de ce récit aussi fort que bref : c est rare (Editeur)

Extrait : Je me tiens debout à côté de Maman, mais je suis trop petite, je ne vois pas l'évier. Je ne vois que la fenêtre au-dessus, et le ciel et le profil de maman. Et le monticule de mousse. Elle me parle. Comme à une grande, c'est ce qu'elle dit. J'ai l'âge de raison maintenant. Elle dit aussi que tu n'es pas comme les autres enfants, que tu es malade et que tu as besoin qu'on s'occupe davantage de toi. Moi, je crois que tu as un rhume, comme moi parfois, et qu'on va faire venir le docteur Viterbo, et qu'il va te guérir. Il me guérit bien, même si je ne veux pas enlever ma culotte quand il veut m'ausculter. Ça le fait beaucoup rire. Donc ce n'est pas grave. Un court roman psychologique, bourré de souvenirs, de cartes postales, de souvenirs de vacances, mais avec aussi des moments de forte émotion. On aime ou pas. Ce qui est certain, c est que le roman, que l on sait être autobiographique, recèle une véritable sincérité et ne tombe pas dans le pathos larmoyant. L auteure ne cherche pas à racoler le lecteur en le faisant s apitoyer sur son sort. R LEG La peine du menuisier / Marie Le Gall.- Paris : Phébus, 2009, 280 p. Marie, née dans le Finistère des années 1950, vit entourée de son père, ouvrier à l'arsenal de Brest, muré dans le silence, sa mère Louise et sa grand-mère Mélie, figées dans un deuil éternel, et sa sœur aînée, Jeanne, simple d'esprit et sujette à des accès de rage. Elle se construit au milieu des non-dits et tente de percer le mystère qui entoure son ascendance. Un Premier roman qui décrypte l'échec d'une relation père-fille. La critique : La narratrice est née sur le tard dans une famille où elle n était pas la bienvenue. Nous sommes en Bretagne dans les années 50. Entourée d une sœur souffrant d un handicap mental, d une mère triste et d un père peu causant (surtout avec elle), son enfance est d une monotonie à mourir. La seule personne un peu gaie qu elle côtoie est sa grand-mère Mélie. Pour s occuper, Marie s évade par les livres, regarde inlassablement une photo accrochée au mur : celle d un jeune enfant, le frère de sa mère, mort alors qu il était enfant. La mort l obsède, notamment celle des enfants. Ce livre relate les souvenirs d enfance de la narratrice, mais il serait bien réducteur de limiter ce livre à un recueil de souvenirs car c est bien plus que cela. Marie relate avec pudeur et douleur la longue enquête familiale qui l a conduite à la découverte des lourds secrets du «Menuisier» (elle ne le nomme qu ainsi). Cette quête fut difficile mais elle était vitale.. Il lui fallait connaître l'histoire de sa famille. ( )Les regrets, exprimés ou sous-entendus, rendent le récit profondément émouvant. Marie s en veut de n'avoir rien tenté pour aller vers son père, refusant même de répondre aux tentatives de rapprochement qu il manifestait vers la fin de sa vie. Il n a peut-être pas su qu elle l aimait, ça la rend inconsolable. C est une lecture prenante et très éprouvante. L écriture est d une grande finesse, les mots d une justesse incroyable. C est un très beau livre dans lequel bon nombre d entre nous se retrouveront. (Sylire) Au total, au-delà de la description d un destin individuel, et de l impossibilité d une rencontre, c est un ouvrage que l on pourrait aussi décrire comme un roman sur les silences, les secrets de famille...mais aussi sur une époque, et sur la Bretagne, extrêmement présente, notamment dans le choix des mots.