Reportage photographique de Alexandra BELLAMY pour la Cimade - Ile-de-France. Avril /Juillet 2015 1 Photo 01 - Céline, bénévole à la Cimade depuis 16 ans, tente d aider Dhiakaby. La carte de séjour de ce jeune homme est périmée. C est le premier jour de mon reportage à la permanence Un soleil d été traverse la pièce en projetant sur ce bureau des ombres menaçantes.
2 Photo 02 Marie-Ange, bénévole à la Cimade depuis 2007, se souvient que ce monsieur, en situation régulière accompagnait, sa vieille cousine comorienne. Cette femme de 80 ans se prénommait Princesse. Etant hébergée chez sa nièce et n ayant aucunes ressources propres, chaque année, seul un titre de séjour lui était accordé, la laissant dans une certaine précarité puisque cette carte n est pas automatiquement renouvelée.
Photo 03 Mohamed est Nigérian et ne parlait que l anglais en arrivant. Ce jeune homme était menacé dans son pays d origine d où sa venue en France. Champion de Taekwondo et gagnant de beaucoup de matchs au Niger, il poursuit ses entraînements lors de son arrivée en France. Céline essaye alors d obtenir une carte «compétence et talent» de 3 ans (carte qui n existe plus sous la même forme depuis mars 2016) mais la Préfecture n a pas tenu compte de son mérite. Ils ont finalement fait la demande d une carte de séjour «vie privée - familiale» qu il a obtenue grâce à sa femme française. Ni lui ni elle ne souhaitaient se marier «pour les papiers» mais ils ont dû s y résoudre 3
Photo 04 - Avant de commencer un dossier, il faut réunir des preuves de présence en France depuis plusieurs années. Marie-Ange explique à ce monsieur qu il lui manque trop d éléments pour que son dossier ait une chance d aboutir. 4
Photo 05 - Clémence offre son aide à la permanence tous les mardis. En dernière année de Sciences Po, elle est stagiaire. Les permanences prennent régulièrement, des jeunes en stage. Par exemple, la clinique du droit s est rapprochée de la Cimade pour permettre à ses étudiants de se confronter à des cas concrets sur le terrain relatifs aux des situations d étrangers. 5
Photo 06 - Mohamed a été régularisé il y a quelques années grâce au soutien de la Cimade et c est son oncle qu il est venu accompagner aujourd hui, avec l espoir que grâce aux bénévoles de la Cimade, il pourra trouver une solution. En fonction des gouvernements qui se succèdent, les lois sont modifiées. Sous Chirac et Sarkosy, des changements sont intervenus 8 fois. 6
Photo 07 Precious a 8 ans, ses parents sont philippins et ne parlent pas un mot de français. La loi permet aux enfants d être scolarisés même si leurs parents sont en situation irrégulière. Aujourd hui, c est elle qui traduira ce que Céline explique à ses parents pour les aider à constituer un dossier. 7
Photo 08 Les classeurs renferment les dossiers suivis par les bénévoles ainsi que les fiches établies et archivées lorsqu elles datent de 4 ou 5 ans. Les situations humaines sont toujours très complexes et les histoires de vie rentrent très difficilement dans ces cadres si étroits que proposent les lois. 8
Photo 09 Dans la salle d attente, chaque personne qui arrive s inscrit afin d organiser un ordre de passage. Ces listes servent aussi à établir des statistiques sur le nombre de personnes reçues. Ce nombre figure dans le rapport d activité annuelle de la Cimade pour chaque département. 9
Photo 10 - Fanta vit en France depuis 8 ans. Jusqu en 2008, elle avait 7 enfants. 6 d entre eux, sont décédés Depuis 2008, il ne lui reste que sa fille venue en France à l âge de 18 ans; Etant en situation régulière, elle héberge sa mère. Fanta n a aucune ressources, elle est commerçante à la sauvette et n a donc aucun document officiel. Sa situation n est toujours pas régularisée ; elle a 67 ans 10
11 Photo 11 L attente peut être longue certains jours : plusieurs heures. Je suis frappée de leur patience. Ils s isolent, semblent rentrer en eux-mêmes. Il est rare de les entendre communiquer entre eux. Marie-Jo, une bénévole chrétienne, parle de la souffrance de leur être profond. «Ils se perdent» dit-elle. Comment à force de se cacher, à force de ne pas être vus, à cause de cette illégalité forcée, leur identité ne serait-elle pas meurtrie?
12 Photo 12 Dedans-dehors pour attendre. Le balcon donne sur une cour avec des arbres.
13 Photo 13 Sabine, bénévole, traverse la salle d attente pour aller chercher la personne suivante. Entre deux entretiens, elle répond à des questions
14 Photo 14 Salle d attente : Céline regarde la liste de passage sous des regards attentifs.
Photo 15 - Precious a 8 ans, ces parents sont Philippins et ils ne parlent pas un mot de français. Elle dessine tout en écoutant Céline qui lui explique comment ses parents doivent procéder pour se constituer un dossier. Elle les exhorte à prendre des cours de français. 15
16 Photo 16 La carte est importante pour les situer. «L Afrique est au centre» me dira Céline. Cette femme me demande de ne pas la photographier
17 Photo 17 Cette petite fille a déjà appris qu il valait mieux ne pas être trop visible. Souvent, les bénévoles sont obligés pour les protéger de recommander aux personnes en situation irrégulière de ne pas aller là où il y a trop de monde, d éviter les gares ou même de ne pas traverser en dehors des passages piétons (considéré comme une infraction).
18 Photo 18 Marie-Ange se souvient qu il s agit sans doute d une OQTF «Obligation de quitter le territoire». Parfois, ils ont vaguement déchiffré mot à mot ces courriers administratifs, parfois ils ne parlent pas la langue. Ils viennent à la permanence pour comprendre l objet de ces lettres. Les Algériens expriment plus clairement le message que contient l acronyme «OQTF» en annonçant : J ai eu la «quitte»!
Photo 19 Petite fille à l extérieur de la Permanence avec son père. 19
20 Photo 20 Je ne sais rien de ce couple que je trouve magnifique et qui attend si patiemment son tour.
21 Photo 21 - Un mur les sépare. Jean, un bénévole, s occupe d un migrant pendant que de l autre côté de la paroi, c est l attente souvent anxieuse d avoir des renseignements.
22 Photo 22 - Jamais sans mon fils? Rentrée dans ce deuxième bureau où les bénévoles reçoivent les migrants, je me demande qui est le petit garçon de ce portrait tatoué sur le dos de cette femme. Je crois me rappeler lui avoir posé la question. Il s agit de son fils resté au pays? Ou bien est-ce une histoire que j ai imaginé? Sabine est en train de consulter le mémento avec les adresses des autres permanences (cette femme relevait peut-être de l asile politique). Plus tard, en regardant la photographie, Sabine m écrira que le tatouage est comme un bijou dans son dos
Photo 23 - Marie-Ange montre les circulaires qui permettent d apprécier les différentes solutions possibles pour régulariser une personne sans papiers. Ici, elle renseigne cette jeune femme afin qu elle prenne connaissance des droits auxquels un conjoint marié à une Française ou avec une étrangère en situation régulière peut accéder. 23