Ébullition nucléée lors d un transitoire de température

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Ébullition nucléée lors d un transitoire de température Valentin Scheiff 1,2, Nicolas Baudin 1,2, Pierre Ruyer 1, Julien Sebilleau 2, Catherine Colin 2 1 Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), PSN-RES, SEMIA, LIMAR, 13115 St Paul-Lez-Durance, Cadarache, France. 2 Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse (IMFT), Université de Toulouse, CNRS-INPT-UPS, 2 Allée du Pr. Camille Soula, 31400 Toulouse, France Résumé - Dans le but de mieux comprendre et caractériser l ébullition transitoire, un dispositif expérimental a été conçu et réalisé à l IMFT. Cette étude expérimentale sur les transferts de chaleur se fonde sur le chauffage transitoire d un réfrigérant dans un canal de section semi annulaire dont la partie intérieure, composée d une feuille de métal (clinquant), est chauffée par effet Joule. La thermographie infra-rouge est utilisée afin de mesurer la température directement à l arrière du clinquant. Une caméra rapide est aussi placée pour visualiser les régimes d ébullition. Un bilan thermique permet ensuite de calculer le flux de chaleur transmis au fluide et d obtenir des courbes d ébullition. Ces expériences sont réalisées à puissance imposée et lorsque celle-ci est trop importante, l augmentation de la température de paroi n est pas contrôlée. Dans le but d étudier plus en détails ce régime, un contrôle en température est ajouté à l expérience à l aide d un P.I.D (Proportionnel, Intégrateur, Dérivateur). Les résultats obtenus en ébullition nucléée sont ensuite comparés aux corrélations de la littérature en régime stationnaire. Nomenclature q R T C p t T h e flux de chaleur, W.m 2 résistance, Ω température, K capacité calorifique massique, J.kg 1.K 1 temps, s température, K coefficient d échange thermique, W.m 2.K 1 épaisseur, m Symboles grecs α diffusivité thermique, m 2 /s ρ masse volumique, kg.m 3 λ conductivité thermique, W.m 1.K 1 ν viscosité cinématique, m 2.s 1 L lg chaleur latente de vaporisation, J.kg 1 Indices et exposants w, l, g, dif f paroi, liquide, vapeur, diffusion 1. Introduction L accident d insertion de réactivité (RIA) est un scénario hypothétique pris en compte dans les études de sûreté des réacteurs nucléaires. Il peut survenir lors d une défaillance d un mécanisme de contrôle dans le réacteur d une centrale nucléaire. Cet accident a pour conséquence d induire un pic de puissance très bref mais qui suffit à augmenter la température du combustible très fortement, ce qui peut entraîner la création d un film de vapeur isolant la gaine. Le risque d endommagement de la gaine du crayon dépend alors de sa température. Constatant le très faible nombre de résultats disponibles pour des situations de chauffage transitoire rapide représentatives du RIA, l IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) a entrepris un programme de recherche dans le but d améliorer les connaissances et de réduire les incertitudes des modèles dans ces conditions. Une expérience modèle a alors été construite à l IMFT.

Les résultats apportés dans le cadre de la thèse de Visentini [1] ont permis d étudier ce transfert thermique en l absence d écoulement, pour différents régimes d ébullition et à puissance imposée. Une deuxième thèse de Baudin [2], a conduit à des résultats toujours à puissance imposée mais avec un écoulement. Le fait d imposer un signal de puissance ne permet pas d étudier toutes les phases de l ébullition transitoire. Notamment, si la température de paroi augmente trop, on dépasse un flux critique : un film de vapeur se forme et isole la paroi, ce qui a pour effet d augmenter fortement la température sans aucun contrôle du phénomène. Il est nécessaire d étudier plus en détail cette partie et d arriver à contrôler l évolution de la température lors de cette phase pour modéliser l ébullition en film transitoire. 2. Études précédentes 2.1. Essais simulant l accident en réacteur Deux programmes d essais principaux ont été menés pour étudier les transferts thermiques entre gaine et eau lors de l ébullition transitoire. Le programme d essai réalisé au sein du réacteur NSRR (Nuclear Safety Research Reactor) et le programme expérimental PATRI- CIA ont notamment permis d étudier l évolution de température de la gaine d un crayon de combustible soumis à un pulse de puissance (10 000 K/s pendant 5ms), sous différentes conditions thermohydraulique. Quelques essais ont permis d apporter des visualisations sur la structure et la formation de film de vapeur à la paroi. Une courbe d ébullition est obtenue lors de ces tests permettant de montrer que les flux mis en jeux sont de 5 à 10 fois plus élevés qu en régime stationnaire (Bessiron [3]). Mais du fait des imprécisions de mesures et du manque de compréhension dans ce domaine, d autres études sur l ébullition transitoire plus académiques restent nécessaire pour interpréter ces essais de manière moins empirique qu actuellement. 2.2. Études expérimentales sur l ébullition transitoire Auracher et Marquardt [4] ont réalisé des études expérimentales sur l ébullition en conditions stationnaire et transitoire à température contrôlée, sans écoulement sur un petit élément chauffant. Les expériences menées se font pour des montées en température lentes allant de 2K.s 1 à 50K.s 1. Les mesures débutent lorsque les sites de nucléation sont déjà activés ( T sat 15K) pour éviter les perturbations dues au déclenchement de l ébullition. Les résultats expérimentaux démontrent que lorsqu on augmente le taux de chauffe, le flux critique augmente. Sakurai et coll. [5] ont étudié les mécanismes de transition vers l ébullition en film pour des liquides sous refroidis et sous pression en régime stationnaire et transitoire. Ils obtiennent des rampes de température rapides qui peuvent atteindre 10 4 K.s 1 en chauffant un fil par effet Joule. Ils proposent une analyse des différents mécanismes lors de la transition vers l ébullition en film en fonction du taux de chauffe. Le temps caractéristique de la cinétique de chauffe est proposé comme paramètre principal de la phénoménologie de l ébullition transitoire. Plus récemment, Su et coll. [6] ont étudié expérimentalement les mécanismes de transfert de chaleur lors d une montée en puissance de type exponentielle, q 0 e t/τ, comme Sakurai et coll. [5] avec une période τ qui varie de 5ms à 100ms. Les essais disponibles concernent l ébullition en vase sous-refroidie (0K, 25K et 75K). Leurs résultats montrent que lors de la phase monophasique le flux de chaleur, au moment du début de l ébullition (ONB), augmente

quand la période diminue. Le début d un important taux de vide n apparait que lorsqu un nombre suffisant de cavités sont activées, ce qui requiert une surchauffe intense et un flux de chaleur important par rapport à l ONB. Enfin la transition vers l ébullition nucléée développée dépend de la période de la montée en puissance et du sous refroidissement. 3. Dispositif expérimental 3.1. L expérience La section d essai consiste en une section semi annulaire constituée de 2 parties : - La partie intérieure est un demi-cylindre constituée d une feuille de métal appelée clinquant, de 50 µm d épaisseur e w, de diamètre 8.4mm et de longueur 200 mm. - La partie extérieure est composée d un demi-cylindre de verre de rayon 34 mm. (figure 1) Figure 1 : Section d essai et placement des caméras par rapport à la section d essai. Dans l espace semi annulaire entre ces deux cylindres s écoule un réfrigérant HFE7000. Du fait des propriétés thermodynamiques de ce fluide (table 1), notamment de sa faible valeur de température de saturation T sat = 34 o C à pression atmosphérique et une chaleur latente de vaporisation dix fois plus faible que celle de l eau, les phénomènes apparaissant dans un RIA sont reproduit en ayant recours à des puissances réduites (de l ordre du kw). Le clinquant est un acier inoxydable AISI304 de masse volumique 7930 kg.m 3, de capacité calorifique 500 J.kg 1.K 1. Avec une haute résistivité de 72.10 6 Ωm, cela permet un chauffage efficace par effet Joule. Une alimentation SORENSEN SGA fournit la puissance électrique jusqu à 10kW (0-40V / 0-250A). Grâce à la faible épaisseur du clinquant, les gradients thermiques à travers l épaisseur sont négligeables. En effet, pour les cas où le coefficient d échange thermique côté fluide est le plus

fort, h=20000w/m 2 /K, avec λ = 16,3 W.m 1 K 1 pour l acier, le nombre de Biot Bi=h.e w /λ=0,06 est très inférieur à 1. La température peut donc être considérée comme homogène dans toute l épaisseur de la feuille de métal. Le temps de diffusion dans la paroi est aussi très faible. La diffusion thermique α dans la paroi d épaisseur e w étant de 4,11.10 6 m 2.s 1, un temps caractéristique de diffusion est calculé : t diff = (e w) 2 α = 6, 10 4 s (1) Ce temps est de 0,6ms, alors que les temps de chauffe les plus rapides sont de l ordre de 10ms : il n y a donc pas de décalage temporel entre l évolution de température mesurée et celle côté fluide qui nous intéresse pour l analyse des transferts thermiques paroi-fluide. Deux caméras sont utilisées. Une caméra infra rouge CEDIP JADE III MWIR avec une résolution de 240 pixels x 320 pixels qui est sensible dans la gamme de longueur d onde 3,5-5,1µm (infrarouge moyen). Elle permet de mesurer le rayonnement du clinquant et donc la température de paroi, à une fréquence d acquisition maximale de 350 im/s. Elle est positionnée derrière le clinquant qui a donc un coté à l air libre. Une caméra rapide PHOTRON RS3000 est placée à 90 o pour visualiser les bulles ou les films de vapeur sur la feuille de métal lors de la chauffe (figure 1). Elles ne viennent pas perturber les expériences, ce sont donc des méthodes non intrusives de mesure de température et de visualisations. A l aide de ce dispositif, le flux de chaleur q est déduit à partir d un bilan d énergie en prenant en compte le flux volumique q gen = UI V (W.m 3 ) fourni par effet Joule avec U la tension aux bornes du système, I l intensité fournie et V le volume du clinquant et la variation de température T w dans le clinquant : q = q gen e w ρ w C pw (T w ) dt w(t) e w. (2) dt La section d essai est placée dans une boucle fluide permettant d imposer un écoulement dont le débit et le sous-refroidissement sont contrôlés. 3.2. Premiers résultats La figure 2 montre un essai type obtenu lorsque la puissance est imposée. (Baudin [2]). Figure 2 : Essai type à puissance imposée. La courbe avec des pointillés en forme de créneau représente la puissance imposée en fonction du temps. La courbe en trait plein correspond à l évolution de la température au cours du

temps. On observe une succession de différents régimes de transfert de chaleur. La transition entre ces régimes correspond à une rupture de pente dans l évolution de la température. Chaque transition est illustrée par un trait rouge vertical sur la figure 2, et chaque régime est identifié par un numéro. Lorsque la puissance est déclenchée, le transfert de chaleur gouvernant la première phase d augmentation de température est un régime convectif (régime 1). S ensuit l étape 2 avec le début de l ébullition (ONB), le changement de pente signifie que l ébullition évacue mieux l énergie. Pour l étape 3, il y a une rupture de pente importante, la température augmente très rapidement : le flux critique est dépassé et un film de vapeur se forme à la paroi. Le phénomène n est plus contrôlé et on observe un film de vapeur instable. L étape 4 est la continuité de l étape 3 à des températures encore plus hautes. La température redescend à l étape 5 due au fait qu on a coupé l alimentation. On observe un film de vapeur plus stable mais qui est présent plus longtemps. L étape 6 correspond au remouillage de la paroi. 4. Nouveaux résultats 4.1. Contrôle en température par P.I.D. Le pic de température lors du transitoire intervient lors de la phase 4 pour laquelle il est difficile de contrôler la puissance. Il s agit d un régime de transfert de chaleur correspondant à l établissement d une ébullition en film et la connaissance du transfert de chaleur en fonction de la cinétique de chauffe est particulièrement intéressante pour la problématique du RIA. Un régulateur P.I.D est alors utilisé pour contrôler la température. Il relie un signal de commande u(t) qui fait intervenir la puissance (proportionnelle à I 2 ) à un signal d écart ɛ(t) qui est définie comme ɛ(t)=t cons -T mes (t) où T mes est la température mesurée à l aide de la résistance du clinquant et T cons est la température de consigne imposée. En premier lieu, la mesure de contrôle était faite avec un thermocouple(type K) placé directement sur le clinquant (figure 3). Du fait du temps de réponse trop important du thermocouple et d une erreur importante sur la température maximale d une rampe (de l ordre de 25 %), une autre méthode sans retard et plus précise est mise en place à partir de la résistance du clinquant. En effet, la résistance R du clinquant est une fonction linéaire de la température pour une gamme de température donnée, R=R o +(T w T ref ).a, avec R la résistance du système, R o = 0,031 Ω la résistance à la température de référence T ref et a le coefficient de résistivité électrique = 7,1.10 5 Ω.K 1. R= U I Figure 3 : Essai type avec un thermocouple. Comme l intensité et la tension fournies dans notre système sont connues, la résistance l est également (et donc la température).

Figure 4 : Résistance en fonction de la température à gauche et essai type avec la résistance à droite. Comme les mesures se font toutes les millisecondes, le temps de réponse est quasiment instantané avec une erreur faible sur la température maximale (inférieure à 5%). La figure 4 montre que la résistance lors des tests est bien linéaire avec la température pour des températures inférieures à 110 o C. Elle met aussi en évidence le retard du thermocouple par rapport à la caméra infrarouge, alors que le contrôle en résistance suit bien la rampe de température imposée. La méthode avec la résistance est donc privilégiée. 4.2. Analyse des résultats A l aide du nouveau dispositif de contrôle en température, de nouvelles expériences sont menées. Une température constante peut être imposée au clinquant, ce qui correspond au cas stationnaire (flux constant), mais aussi des rampes de températures pour étudier les cas d ébullition transitoire (figure 5). Il est cependant nécessaire de commencer les tests où l ébullition nucléée est établie (à l instar des travaux d Auracher et Marquadt [4]) pour ne pas influencer les résultats. Figure 5 : Cas stationnaire de puissance et de température à gauche et différentes rampes de températures à droites en fonction du temps. La corrélation de Chen [7] est utilisée pour comparer les résultats en régime stationnaire (figure 6). Or les points expérimentaux suivent bien la courbe de Chen. Il y a donc un bon accord entre la théorie et les résultats expérimentaux, ce qui valide bien les tests en stationnaire.

Figure 6 : Comparaison corrélation de Chen et cas stationnaire. Grâce à ces données, le flux de chaleur est calculé aussi bien en stationnaire qu en transitoire puis tracé en fonction de la surchauffe à la paroi. Cela permet de comparer les deux types de tests en calculant un flux adimensionnalisé (figure 7). Sur cette figure, la courbe de gauche représente le flux paroi-fluide en fonction de la température de paroi pour différentes cinétiques de chauffe. Le flux est d autant plus important que la cinétique est rapide. La courbe de droite représente le ratio entre le flux et la valeur obtenue pour une même température de paroi en stationnaire. On illustre ainsi que le flux transitoire tend vers la valeur en stationnaire à mesure que le temps passe. Figure 7 : Flux de chaleur transitoire à gauche et flux adimensionné à droite en fonction de la surchauffe à la paroi. Des perturbations sur le flux apparaissent lors de la montée en température. Car, même si la consigne en température est bien suivie (les rampes de températures sont bien contrôlées), la dynamique du P.I.D fait apparaître un flux constant toutes les 0.1s environ lors de la montée en température. Lors des tests, le Proportionnel est seul à assurer la montée en température avec une dynamique de 10 Hz. Il faudrait ajouter la partie Intégrateur pour améliorer ces rampes et augmenter la fréquence du PID. Le flux maximal est de 0.5 MW/m 2, supérieur au flux critique en stationnaire pour le HFE7000 (Visentini [1]). Or les tests sont arrêtés avant l apparition du film de vapeur. L étude du flux de chaleur à température contrôlée est donc bien possible avec le P.I.D. Un autre résultat important ici est que plus la rampe imposée est importante plus le coefficient d échange thermique ainsi que le flux sont élevés. Les tendances de Auracher et coll. [4] sont bien respectées et sont du même ordre de grandeur. (figure 9).

Figure 9 : Coefficient d échange thermique de différentes rampes à gauche et résultats de Auracher et coll. à droite. 5. Conclusion Afin de compléter l étude de l ébullition transitoire convective au sein d une section d essai contenant un réfrigérant, nous avons mis en place un système de contrôle de température. Ainsi le dispositif expérimental est modifié à l aide d un contrôle en température avec P.I.D pour permettre d aborder le problème différemment par rapport au cas où la puissance est imposée. Cela permet d obtenir des résultats en régime stationnaire mais aussi en régime transitoire avec la création de rampes de température. Des courbes d ébullition sont alors obtenues à température contrôlée. Des résultats similaires aux résultats de Visentini [1] et Auracher et coll. [4] sont retrouvés. Les résultats obtenus ont permis de mettre en évidence l effet de la cinétique de montée de température lors du régime en ébullition nucléée. L expérience a encore des potentiels supplémentaires pour l étude de l ébullition transitoire à l aide du contrôle en température. Ces premiers résultats encourageants obtenus pour le régime d ébullition nucléée sont désormais à étendre à la phase d établissement de l ébullition en film qui correspond plus particulièrement au régime d intérêt pour l étude des transferts thermiques lors d un RIA. Références [ 1] R. Visentini, Etude expérimentale des transferts thermiques en ébullition transitoire, These de l Insititut National Polytechnique de Toulouse, 2012. [ 2] N. Baudin, Étude expérimentale et modélisation de lâc ébullition transitoire, These de l Insititut National Polytechnique de Toulouse, 2015. [ 3] V. Bessiron, Modelling of Clad-to-Coolant Heat Transfer for RIA Applications, Journal of Nuclear Science and Technology, vol. 44, no. 2, pp. 211 221, 2007. [ 4] H. Auracher and W. Marquardt, Experimental studies of boiling mechanisms in all boiling regimes under steady-state and transient conditions, International Journal of Thermal Sciences, vol. 41, no. 7, pp. 586 598, 2002. [ 5] A. Sakurai, Mechanisms of transitions to film boiling at chfs in subcooled and pressurized liquids due to steady and increasing heat inputs, Nuclear Engineering and Design, vol. 197, no. 3, pp. 301 356, 2000. [ 6] G. Su, M. Bucci, T. J. Mckrell, and J. Buongiorno, Experimental study of heat transfer mechanisms under exponential power excursion in plate - type fuel, Nureth-16, pp. 3111 3123, 2015. [ 7] J. Chen, Correlation for boiling heat transfer to saturated fluids in convective flow, Industrial & Engineering Chemistry Process Design and Development, vol. 5, no. 3, pp. 322 329, 1966.