Figure 1 :Expérience de Meselson et Stahl Un grand classique, à connaître sur le bout des doigts!

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Transcription:

D après snv.jussieu.fr Figure 1 :Expérience de Meselson et Stahl Un grand classique, à connaître sur le bout des doigts! Le contexte : Cette expérience date de 1958. Elle permet de démontrer le caractère semi-conservatif de la multiplication de la molécule d'adn chez les bactéries. Cette expérience a pu être réalisée grâce à plusieurs mises au points techniques : ➀ Meselson et Stahl mettent au point une technique d'obtention de gradient de densité par centrifugation. En utilisant du chlorure de Césium de densité moyenne 1,72, ils obtiennent après 24h de centrifugation à grande vitesse un gradient de densité (environ de 1,70 à 1,75), gamme qui englobe la densité de l'adn (1,710). ➁ Ils cultivent les bactéries dans un milieu dans lequel les substances organiques utilisées comme source d'azote contiennent de l'azote lourd ( 15 N). Au cours de la culture, toutes les molécules azotées et en particulier l'adn intègrent de l azote lourd 15 N. L'ADN "lourd" a une densité de 1,724 et peut être distingué de l'adn "léger" (1,710). ➂ Ils mettent au point une méthode qui permet de synchroniser pendant quelques générations la division des bactéries. Problématique : Depuis Watson et Crick (1953), on sait que l'adn est une molécule formée de deux brins antiparallèles, formant une double hélice. Dès leur publication originale sur la structure de l'adn, Watson et Crick ont proposé que cette double hélice puisse s'ouvrir, permettant ainsi la synthèse de nouveaux brins, complémentaires des brins originaux. Le problème qui se posait à Meselson et Stahl était alors de comprendre comment se réalisait cette réplication : selon quelles modalités passe-t-on d'une molécule d'adn formée de deux brins à deux molécules d'adn bicaténaires identiques? Trois hypothèses : L expérience : Des bactéries cultivées depuis longtemps en présence de molécules azotées 15 N sont repiquées sur un milieu contenant des molécules azotées 14 N et permettant la synchronisation des divisions. Des fractions sont prélevées après différents temps correspondant à 1, 2, 3,... divisions. L'ADN est extrait, placé dans la solution de chlorure de Césium et centrifugé. La position des ADN dans le gradient de densité est repérée par une mesure de la densité optique.!1

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Comparaison avec les modèles L'expérience de Meselson et Stahl montre donc la présence d'un ADN hybride au bout d'une génération cellulaire. Or, qu'attend-on pour les trois modèles proposés? Résultats attendus avec le modèle conservatif Résultats attendus avec le modèle semi conservatif Résultats attendus avec le modèle dispersif Conclusion : Au bout de deux générations cellulaires, Meselson et Stahl observent la présence d'adn hybride et d'adn léger. Qu'attend-on pour les 2 modèles restants? Résultats attendus avec le modèle Résultats attendus avec le modèle Conclusion :!3

Figure 2 : expérience de Cairns (1963) Pour visualiser au microscope électronique comment se réplique l'adn, des bactéries sont cultivées dans un milieu contenant de la thymidine tritiée (rendue radioactive par incorporation de tritium 3 H). Cairns met au point une méthode de lyse de la cellule permettant de libérer l'adn directement sur une grille de microscopie électronique, en minimisant les risques de cassures de la molécule d ADN. La préparation est recouverte ensuite d'une émulsion photographique et après exposition et développement, l'examen révèle des grains d'argent le long de la molécule d'adn. Ces premières observations ont montré la circularité du chromosome d'e.coli. Il a ensuite réalisé des marquages à la thymidine tritiée pendant des temps variables : les résultats sont présentés ci-dessous : Réalisez des schémas interprétatifs à 28 et 48 minutes!4

Figure 3 : Initiation de la réplication au site oric chez Escherichia coli!5

Figure 4 : L ADN polymérase III Ø Travaux de Kornberg et al., 1957 : découverte de l enzyme ADN pol I En 1957, Kornberg publie la découverte d une enzyme capable de synthétiser de l ADN dans des extraits d E. coli. Ses expériences sont basées sur l utilisation de thymidine triphosphate radioactive ( 14 C) : il montre que l enzyme est capable d incorporer ce nucléotide dans une molécule d ADN. Cette enzyme a été appelée ADN pol I : c est un monomère de 928 acides aminés dont l expression est gouvernée par le gène pola. La découverte de mutants de E. coli se répliquant normalement avec très peu d activité pol I a encouragé la recherche d autres ADN polymérases. Deux ADN polymérases ont été découvertes : ADN pol II et ADN pol III (dans l ordre de leur découverte). L ADN pol II est impliquée dans certains mécanismes de réparation de l ADN (voir II du chapitre) et est sous le contrôle du gène polb. La mutation thermosensible du gène polc responsable de la synthèse de l ADN pol III entraîne l arrêt de la réplication. Ces résultats montrent que la réplicase de E. coli est l ADN poliii. Remarque : les mutants thermosensibles Pour connaître les rôles des gènes pola, B et C, des expériences de mutation ont été réalisées. Cependant, toute mutation qui bloque la réplication entraîne la mort de la bactérie : on utilise donc des mutations thermosensibles c est-à-dire des mutations qui n apparaissent qu au-dessus d une certaine température (T> T permissive). Ceci permet de cultiver les bactéries (T< T permissive) puis d étudier les effets des mutations en augmentant la température. Ø Complexe enzymatique : holoenzyme PolIII L enzyme poliii est formée : - d un cœur catalytique composé de 3 sous-unités - d un anneau composé de 2 sous-unités ß Le coeur de l enzyme est formé par les 3 sous-unités α, ε et θ : - α est le produit du gène polc et possède l activité polymérase 5 à 3 - ε possède une activité exonucléase (5 à 3 et 3 à 5 ) et est la première correctrice d erreurs - θ est une protéine accessoire qui active ε. Ls 2 sous unités ß forment un anneau capable de se refermer autour de l ADN. En l absence de cet anneau, l enzyme se détache au bout de 10 à 15 résidus alors qu en sa présence, sa «processivité» augmente et devient pratiquement illimitée. Cet anneau est formé de 2 sous unités en forme de C (366 aa chacune) qui s associent en une structure coulissante appelée pince coulissante. Définition de processivité : capacité de l enzyme à catalyser de nombreuses réactions consécutives sans libérer son substrat. Ø Mode d action : L ADN pol III catalyse la formation d une chaîne polynucléotidique en associant des désoxyribonucléotides triphosphates sur une matrice = ancien brin= brin modèle, par complémentarité des bases.!6

La réaction est thermodynamiquement possible grâce à l élimination du groupement pyrophosphate PPi par la pyrophosphatase (notion de couplage à revoir) Étapes de la polymérisation : Chaque nucléotide entrant forme d abord une association par établissement de liaisons H entre sa base azotée et la base azotée libre de la matrice (liaison WC) Rupture de la liaison phosphoanhydride du nucléoside triphosphate, ce qui libère de l'énergie (exergonique) Utilisation de l'énergie libérée pour créer une liaison ester entre le phosphate 5' du nouveau nucléotide et le groupement OH 3' du brin qui se construit. Création d'une nouvelle liaison phosphodiester. L'extrémité initiale de ce nouveau brin est toujours un groupement phosphate 5' et il se termine toujours par un groupement hydroxyle OH libre 3' D où la réaction : dntp + (ADN) n à (ADN) n+1 + PPi Remarques: - la réaction est irréversible en raison de l hydrolyse du pyrophosphate - des cations divalents (Mg 2+ ) participent au mécanisme catalytique : 2 ions Mg 2+ localisés dans le site actif, aident à stabiliser les charges négatives des substrats, des états de transition et du PPi!7

Lycée Hoche, BCPST1 Figure 5 : Modèle de réplication chez E. coli!8

Figure 6a : mécanisme de relecture de l ADN pol III Figure 7 : plusieurs origines de réplication chez les Eucaryotes (in Peycru et al., Dunod, 2005)!9

Figure 6b : réparation des erreurs en post-réplication!10

Figure 8 : place de la mitose dans le cycle cellulaire!11

Figure 9 : étapes de la mitose!12

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Figure 10 : Organisation d un chromosome métaphasique Figure 11 : microtubules en instabilité dynamique (in Alberts, Med-Sciences, 1994)!14

Figure 12 : microtubules pendant la métaphase = état stationnaire ( immobilité!) (in Alberts, Med-Sciences, 1994) Figure 13 : Deux modèles expliquant la traction des chromosomes par les microtubules (anaphase)!15

Figure 14 : mise en évidence du rôle des asters dans la mise en place du sillon de division (in Alberts, Med-Sciences, 1994) Figure 15 : développement embryonnaire de la drosophile!16

Figure 16 : expression des complexes cyclines/cdk au cours du cycle cellulaire!17

Figure 17 : le cycle d un chromosome!18

Figure 18 : autres modes de divisions et variabilité de la mitose (in Alberts, Med-Sciences, 1994)!19

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