Les pierres de mémoire



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C O N S E I L G É N É R A L D U V A R 2004 Les Carnets varois du patrimoine - N 2 Les pierres de mémoire Les sites mégalithiques les plus remarquables du Var

Information Tous les monuments présentés dans ce guide ont été fouillés par des experts et sont vides de tout contenu archéologique. Ils sont protégés légalement. Toute dégradation est passible de poursuites judiciaires (peines d amende et de prison). À défaut de signalisation, il est conseillé d utiliser une carte précise et de demander des renseignements à la mairie. Il faut savoir aussi que de nombreux mégalithes, même restaurés, se trouvent sur des propriétés privées et que cela nécessite souvent de demander une autorisation de passage au propriétaire du terrain.

SOMMAIRE Sommaire Introduction p 13 Avant-propos p 14 Les mégalithes p 15 À quoi servaient les mégalithes? p 16 Inventaire du mégalithisme dans le Var p 19 Situation des mégalithes dans le Var p 10 L histoire reconstituée p 12 16 sites à visiter dans le Var p 15 Des techniques efficaces p 20 Les Varois du néolithique p 23 1 Bibliographie p 25

i Ces ntroduction «pierres de mémoire» témoignent de nos lointains ancêtres qui les ont érigées voilà quatre à cinq mille ans. Dites «mégalithes» pour donner une idée de leur taille impressionnante, elles se déclinent en dolmens, faisant référence alors à leur rôle funéraire, et en menhirs, évoquant les anciennes pratiques rituelles ou religieuses de la population néolithique. La plupart des mégalithes ont été décimées au cours des âges sinon dégradées. Cependant, le Var en offre encore soixante-dix en assez bon état de conservation. Le Conseil général du Var s est associé à l État pour financer un vaste programme de classement, d acquisition, de restauration de ce patrimoine au titre des Monuments Historiques. Réalisée sous la responsabilité de la Direction régionale des affaires culturelles (Service régional de l archéologie) cette opération a permis la conservation d une vingtaine de monuments parmi les plus accessibles. Ce guide se veut être une invitation lancée aux Varois et aux touristes pour partir à la découverte d un patrimoine de site impressionnant et fascinant trop souvent méconnu du grand public. 2 3

Avant-propos Quand on évoque la notion de dolmen ou de menhir, on pense aussitôt à la Bretagne. Mais peu de gens savent que c est le Midi qui recèle la plus grande concentration de mégalithes (du grec mega, grand et lithos, pierre) en France, témoins d une civilisation vieille de quelque 5000 ans. Avec plus d une cinquantaine de dolmens et une bonne vingtaine de menhirs érigés à la fin du néolithique (2500 à 2000 ans avant J.C), le Var possède de loin le patrimoine mégalithique le plus important de Provence. Dolmen de la Pierre de la Fée (Draguignan)

Les mégalithes Ces géants de la préhistoire sont antérieurs aux pyramides Dolmen de la Briande (Ramatuelle) Antérieurs aux pyramides, les mégalithes sont nombreux en Europe, mais aussi, à des périodes différentes, en Colombie, Corée, Indonésie, Algérie, Cameroun Ils apparaissent dès le V e millénaire avant notre ère en Europe occidentale, principalement en France et au Portugal pour s étendre ensuite dans toute l Europe. Ils se sont généralisés en France à partir du III e millénaire avant J.C., et sont datables grâce aux fouilles qui ont livré du mobilier et des ossements, voire de la céramique ou des bijoux. Après le III e millénaire avant J.C. le mégalithisme a gagné le sud de la France, et plus particulièrement le plateau ardéchois et les grands Causses (où sont concentrés le plus grand nombre de dolmens du Midi de la France), le Languedoc et la Provence (au cours du Néolithique final, c est-à-dire il y a quatre mille ans environ). Un matériau à base de calcaire, de schistes ou de grès Le matériau utilisé pour leur fabrication a toujours une origine locale, essentiellement, pour ce qui concerne le sud de la France, du calcaire, sous forme de grandes dalles prêtes à l emploi, mais aussi du schiste et du grès, roches relativement tendres, assez faciles à travailler avec les outils de l époque. PETITE HISTOIRE Dolmen de Marenc (Ampus) Ces pierres dressées ont toujours fait l objet de superstitions populaires, souvent mises en relation avec des êtres magiques ou surnaturels tels que les fées, les diables, les nains, les géants. 4 5

À quoi servaient les mégalithes? DOLMENS : une fonction sépulcrale Sépulture mégalithique La découverte d ossements humains, de poteries, d armes, de bijoux dans les dolmens a accrédité l idée qu il s agissait bel et bien de monuments funéraires et non d autels sur lesquels les druides sacrifiaient des victimes à une divinité comme on le pensait au XIX e siècle. Il ne fait donc plus de doute que les hommes du néolithique ont élevé ces géants de pierres pour protéger les morts et les évoquer. La société rurale et villageoise qui s est mise en place à partir du 6 e millénaire avant notre ère a inventé une religion forte, celle des ancêtres. Les sépultures mégalithiques sont collectives avec des rites funéraires précis. Les corps étaient déposés entiers dans la chambre, puis rangés lors des apports successifs. Parfois même on procédait à des incinérations d ossements dans l antichambre.

MENHIRS : le mystère demeure Contrairement au rôle des dolmens, celui des menhirs, soigneusement polis ou simples blocs équarris, parfois ornés, d une taille allant de 1 à 20 mètres et pouvant peser jusqu à 350 tonnes, continue de susciter des interrogations. Ils sont difficilement datables car les fouilles ont rarement livré des objets ou des ossements à leur pied. Leur érection a-t-elle obéi à un comportement rituel dont la finalité a pu varier selon les cas envisagés? Faut-il chercher dans leur motivation une relation liée au sacré ou au prestige d un chef, d un ancêtre, d un héros? Ainsi, telle pierre aurait pour fonction le culte d un personnage, d une famille, la célébration d un événement remarquable, telle autre témoignerait de l emprise d un groupe sur un lieu, tel monolithe concrétiserait une divinité ou une idole. Le rituel du menhir aurait donc un lien avec le pouvoir, le sacré ou la mort. Menhir du plateau Lambert (Collobrières) À moins qu il ne s agisse tout simplement de justifications plus matérielles : indications de chemins ou de pistes, signaux d aires de rassemblements périodiques, stèles ou bornes destinées à délimiter un territoire ou un espace sacré. 6 7

Une architecture élaborée Quelques repères chronologiques Les mégalithes sont des monuments présentant une architecture de pierre plus ou moins élaborée. Ils constituent la plus ancienne architecture de pierre connue dans le monde. Constitués par une dalle horizontale reposant sur des blocs verticaux, les dolmens (du breton dol, table et men, pierre) sont généralement aménagés au centre d un tumulus (monticule artificiel composé de terre et de pierres, de forme et de taille variables) et comportent une chambre (espace sépulcral situé au centre du mégalithe), une antichambre, le tout avec ou sans couloir d accès. L entrée aménagée sur la façade du tumulus était ouverte pour permettre de nouvelles inhumations. Dolmen à chambre allongée Quant aux menhirs (du breton men, pierre et hir, longue), ils sont constitués d un seul bloc de pierre érigé verticalement. Selon les experts en archéologie, la construction des mégalithes du Var remonte au néolithique final, c est-àdire à environ 4000 ans. Précédé du paléolithique et suivi des âges de bronze et de fer, le néolithique européen, dernière grande période de la préhistoire, s étend de 6000 ans à 2000 ans avant notre ère. Il est caractérisé par la fabrication, à base de silex, de flèches et de pointes, par l industrie de la pierre polie et l invention de la roue (au Proche- Orient) et par l apparition de la céramique, de l élevage et de l agriculture. De 6000 à 4000 ans, nos ancêtres donnent à leurs morts des sépultures individuelles et les ensevelissent dans des grottes, des fosses ou des coffres. De 4000 à 2000 ans, ils optent pour des sépultures collectives, abritées par des dolmens. Dolmen à chambre carrée PETITE HISTOIRE

Inventaire du mégalithisme dans le Var Les mégalithes du Var ont connu à travers les âges des fortunes diverses. Beaucoup ont été saccagés et vidés lorsqu ils ont été redécouverts à la fin du XIX e siècle. Ce n est qu à partir des années 1950, grâce aux fouilles méthodiques, que des archéologues ont pu retrouver des monuments intacts et procéder à des études qui ont permis de mieux connaître la période, les rites et ces surprenantes architectures des hommes du néolitique. Fouilles d une sépulture 8 9

Situation des mégalithes dans le Var Trois grandes zones d implantation La localisation des mégalithes du Var se répartit en trois grandes zones : A B C le groupe centre varois avec notamment Brignoles (dont les quatre dolmens emblématiques des Adrets) et Cabasse (dolmens de la Gastée, menhirs de la Peiro Plantado et du Reste). le groupe des massifs des Maures et de l Estérel avec entre autres le remarquable site de Gaoutabry à La Londe, et les deux impressionnants menhirs de Lambert, à Collobrières. le groupe du nord-est varois, avec les nombreux dolmens de Mons. 1 - La Brainée (Mons) 2 - La Colle (Mons) 3 - La Colle (Ampus) 4 - La Lauve (Salernes) 5 - La Pierre de la Fée (Draguignan) 6 - Peicervier (Lorgues) 7 - Le Pont Neuf (Cabasse) 8 - Les Muraires (Le Luc) 9 - Les Adrets (Brignoles) 10 - La Pierre Plantée (Cabasse) 11 - Les Veyssières (Saint Raphaël) 12 - Aire Peyronne (Saint Raphaël) 13 - La Gaillarde (Roquebrune) 14 - La Briande(Ramatuelle) 15 - Lambert (Collobrières) 16 - Gaoutabry (La Londe) et Dolmens et menhirs proposés à la visite A - Groupe du Centre et du Haut-Var B - Groupe côtier C - Groupe de Mons

1 2 9 A 7 4 8 3 6 5 C 11 12 10 13 16 B 15 14 10 11

L histoire reconstituée Un patient travail de restauration et de protection Afin de valoriser ce patrimoine, une charte culturelle a été conclue entre le Département du Var et l État en 1987. Sous la direction scientifique d Hélène Barge, conservateur du Patrimoine (DRAC), et grâce à d importants investissements financiers, une procédure de protection juridique (classement, acquisition de sites) et de protection matérielle (consolidation et restauration) a été engagée. Ce programme décennal qui a concerné une vingtaine de mégalithes dans le Var est le fruit d une démarche commune du ministère de la Culture, du Conseil général du Var, du SIVOM du Pays des Maures et de Saint-Tropez ainsi que de plusieurs collectivités (Le Luc, Lorgues, Salernes, Ramatuelle, Roquebrune-sur-Argens et La Londe). PETITE HISTOIRE Selon la loi du 13 décembre 1913, les propriétaires d édifices classés doivent aviser l État avant tous travaux, vente ou donation du bien. Ils peuvent bénéficier d aides publiques pour l entretien, la réparation ou la restauration. Premiers travaux en 1987 En 1987, le dolmen de la Verrerie- Vieille à Tourrettes a été le premier des monuments varois sélectionnés en vue d une mesure de classement suivie d une restauration. En 1988, huit autres dolmens et deux menhirs ont été inscrits ou classés monuments historiques : le dolmen de Gaoutabry à La Londe, le dolmen 1 des Muraires au Luc, les quatre dolmens des Adrets à Brignoles, le dolmen des Riens à Mons, les deux menhirs de Lambert à Collobrières et le dolmen de la Gastée à Cabasse.

Mégalithe à l état d abandon Mégalithe restauré Le Var compte à ce jour : - 8 mégalithes classés monuments historiques, - 10 mégalithes inscrits à l inventaire supplémentaire des monuments historiques. En 1989, le dolmen des Muraires au Luc a été acquis par l État et trois mégalithes ont été restaurés : le dolmen 1 des Muraires au Luc, le dolmen de La Colle à Ampus, le dolmen de Gaoutabry à La Londe. En 1990, 5 nouveaux dolmens ont été remis en état : le dolmen de Marenc à Ampus, le dolmen de Peicervier à Lorgues et la Brainée, la Colle et Riens à Mons. En 1992, trois nouveaux dolmens ont été remis en état : les dolmens 2 et 3 des Adrets à Brignoles et le dolmen du Pont Neuf à Cabasse. En 1993, une seule restauration a été programmée, celle du Tholos de la Lauve à Salernes. En 1995, a débuté une nouvelle tranche de travaux de restauration qui a concerné le dolmen de la Gaillarde 1 à Roquebrune-sur-Argens et le dolmen de la Briande à Ramatuelle. 12 13

Sur les chemins Dolmen de Peicervier (Lorgues)

Seize sites à visiter dans le Var Parmi les quelque soixante-dix monuments mégalithiques répertoriés dans le Var, les plus significatifs d entre eux sont proposés à la visite, la plupart en circuit pédestre. Les dolmens sont en majorité orientés vers le soleil couchant et ont abrité en moyenne entre 30 et 40 corps déposés avec leurs objets de parure, leurs outils et leurs armes. Les restes de 90 personnes ont même été découverts dans l un des quatre dolmens des Adrets à Brignoles. Brignoles : (voir carte p 10-11, N 9) le dolmen des Adrets, inscrit monument historique. Visite guidée sur les chemins de la préhistoire. Cabasse : (voir carte p 10-11, N 10) le menhir de la Pierre Plantée. Accès par la D 79 qui mène de Cabasse à Brignoles. Cabasse : (voir carte p 10-11, N 7) dolmen du Pont Neuf. La dalle de couverture du dolmen pesait plus de cinq tonnes. Elle abritait 1 600 dents et ossements et près de 80 corps ensevelis. Accès par la D 79 et un chemin carrossable qui mène aux abords du site. 14 15

Collobrières : (voir carte p 10-11, N 15) menhirs de Lambert (classés monuments historiques). Ce sont les plus hauts de Provence (respectivement 3,15 mètres et 2, 82 mètres). Accès à pied par les CD 14 et 41, routes forestières qui mènent à la Chartreuse de la Verne, interdites à la circulation. Le Luc-en-Provence : (voir carte p 10-11, N 8) dolmen des Muraires (classé M.H.). Ce monument est d une architecture classique du groupe des dolmens du centre Var. Il a été fouillé en 1974. Sa chambre de taille moyenne, constituée de dalles et de murettes en pierres sèches, est divisée en deux par une dalle transversale et précédée d un couloir court dallé, au centre d un tumulus de pierres et de terre de dix mètres de diamètre. Accès à partir de la D 33 et du hameau des Muraires, puis en suivant un chemin forestier qui mène au hameau de Pomples. Le monument est situé au bord du chemin. Draguignan : (voir carte p 10-11, N 5) dolmen de la Pierre de la Fée (classé M.H.). Selon la légende, la fée Esterelle y côtoie des amants transformés en pierre après quelques aventures galantes. Accès par itinéraire fléché à partir de la D 955 en direction de Comps-sur- Artuby.

La Londe-les-Maures : (voir carte p 10-11, N 16) dolmen de Gaoutabry (classé M.H.). En dalles de schiste, c est le plus beau dolmen à chambre allongée du Var qui remonte à plus de 2500 ans avant J.C. Fouillé dès 1876 puis repris en 1975, il comporte une chambre sépulcrale rectangulaire de 6 m de long sur 1,50 m de large dont les parois sont formées de 24 dalles dressées et de murs de pierres sèches. Il a révélé les restes de 34 corps incinérés, un poignard en silex, une vingtaine de pointes de flèches, plusieurs perles, des grandes lames de silex, des tessons de poteries et des haches polies. Accès à pied par la piste de Notre-Dame des Maures à partir de la D 88. Le dolmen se trouve à proximité immédiate de la piste. Lorgues : (voir carte p 10-11, N 6) dolmen de Peircervier. Ce monument est constitué d une chambre en dalles de calcaire et murets de pierres sèches séparée du couloir par deux piliers transversaux. Accès à partir de la D 562 et du hameau Saint-Jaume (voir photo p 14). Ramatuelle : (voir carte p 10-11, N 14) dolmen de la Briande. Fouillé en 1935, il fut pillé avant sa découverte officielle. Il devait contenir une trentaine ou une quarantaine de corps et diverses parures. On y a retrouvé une quinzaine de flèches en silex et des cristaux de quartz. Accès à partir de la plage de l Escalet en suivant le sentier du littoral. 16 17

Mons : (voir carte p 10-11, N 2) dolmens des Riens, de la Colle et de la Brainée. Ce dernier monument comporte une chambre sub-carrée (1,80 m x 1, 50 m) composée de dalles dressées, complétées par des murettes et un couloir formé de deux dalles. Accès à ces deux monuments à partir du village par un chemin de terre qui mène au hameau de la Colle. Le sentier G.R. qui mène de Mons à Escragnolles permet, lui aussi, de rejoindre la proximité du site. Ampus : (voir carte p 10-11, N 3) dolmen de la Colle. Ce monument est placé en bordure du chemin rural au sud de la commune d Ampus. Roquebrune sur-argens : (voir carte p 10-11, N 13) dolmen de la Gaillarde. Ce monument faisait partie d un ensemble de trois dolmens regroupés dans un rayon de 250 m. Classés monuments historiques en 1919, deux d entre eux ont été détruits lors de la construction d un lotissement dans les années soixante. Le dolmen de la Gaillarde est construit en dalles de schiste, sa chambre mesure 2,50 m de long sur 2 m de large. Accès à partir du lotissement des Issambres. Le monument se trouve à proximité immédiate de la route goudronnée.

Salernes : (voir carte p 10-11, N 4) Tholos de la Lauve. Ce monument est unique en son genre, car la chambre funéraire est circulaire (1,80 mètre de diamètre) au lieu d être rectangulaire comme c est le cas des autres dolmens varois. Lors de fouilles en 1950, on y a retrouvé les restes d une trentaine d individus ainsi que des pointes de flèches en silex, des éléments de colliers en roche verte. Accès à partir de la D 31 et d un chemin de terre menant à une décharge. On peut également y parvenir par un sentier qui part du hameau de Parrouvier. Saint-Raphaël : (voir carte p 10-11, N 11) menhir des Veyssières (classé M.H.). Ce monument est placé en bordure de la ZAC des Veyssières, au carrefour Kennedy. On y passe en voiture et il est possible de se garer pour le voir de plus près. Saint-Raphaël : (voir carte p 10-11, N 12) menhir de l Aire Peyronne. Propriété départementale. Classé monument historique. Ce monument se trouve en bordure de la corniche varoise où un parking a été aménagé pour la visite du site. 18 19

Des techniques efficaces Pour ériger leurs pierres de mémoire, nos ancêtres ont employé des méthodes ingénieuses Les mégalithes que nous ont légués nos ancêtres d il y a quarante siècles ou plus sont la preuve d une société suffisamment évoluée pour entreprendre, avec les moyens de l époque, des travaux collectifs comme le transport et l élévation de blocs de pierre pesant plusieurs tonnes. Même si les dolmens et les menhirs sont loin d égaler en volume et en poids les proportions de ceux de Bretagne ou de Stonehenge en Cornouailles, ils supposent pourtant un savoir-faire très élaboré. Les scientifiques admettent que nos ancêtres ont su faire preuve de génie Érection d un mégalithe

intuitif, d imagination et d intelligence pour résoudre des problèmes qui semblent insurmontables pour l époque. Comment faisaient-ils? La pierre du menhir était choisie non loin de l endroit où elle devait se dresser. Un trou était creusé de façon à former une muraille verticale contre laquelle viendrait s appuyer le monument, tandis que la paroi faisant face avait la forme d une courbe ouverte où seraient jetées des pierres de calage. Un chemin était ensuite préparé en terrain plat, sur lequel on disposait des rondins de bois. A l aide de leviers de bois, la pierre était couchée sur ces rouleaux et il ne fallait plus, pour la déplacer, qu un effort de traction égal au dixième de son poids. Placé sur de gros rondins, un menhir pesant une centaine de tonnes ne nécessitait ainsi qu une force de traction de dix tonnes pour le déplacer horizontalement, soit à raison de 40 kg par personne, l intervention de quelque 250 hommes bien commandés. Un jeu d enfant! Evaluation précise du centre de gravité Pour ne pas se gêner dans leurs manœuvres de cordes, ces hommes ingénieux avaient certainement pensé à placer les attaches à l arrière du centre de gravité du menhir. Ainsi, lorsque ce centre dépassait le bord du trou, le menhir, entraîné par son poids, basculait automatique- 20 21

Transport des mégalithes ment et venait se placer contre la paroi verticale, dans une position oblique. Une traction sur les cordages suffisait alors à mettre en place le menhir. La pierre, une fois dressée, était maintenue le temps de remplir l excavation avec des pierres de calage. Pour l érection d un dolmen, la technique était la même que pour l élévation d un menhir, une fois l endroit choisi et le plan d ensemble arrêté. La difficulté supplémentaire était la mise en place des dalles de couverture qui nécessitait l aménagement d un plan incliné en pierre ou en terre. On a ainsi remarqué que le trou d embase destiné à recevoir chacune des pierres avait sa paroi verticale toujours du côté extérieur. Le calage se faisait dans la partie libre aménagée vers l intérieur, ce qui rendait plus difficile la pose du second rang de pierres. Les supports ainsi en place et solidement calés, l intérieur de l allée était rempli de cailloux et de terre, de façon à constituer une forme compacte et résistante.

Les Varois du néolithique Les hommes du néolithique qui ont construit les mégalithes constituent des groupes humains sédentaires et hiérarchisés qui pratiquent l agriculture, l élevage et la pêche. Ils sont les véritables pionniers de notre monde moderne, car, succédant à la société de chasseurscueilleurs du mésolithique, ils ont cessé d être des prédateurs. Désormais, ce sont des pasteurs, des forestiers, des défricheurs, des paysans, des artisans, des constructeurs. L époque du néolithique, nouvel âge de la pierre et seconde grande période de la préhistoire ( 6000 à 2000 ans avant notre ère) marque en effet un tournant décisif dans l histoire de l humanité avec ses progrès technologiques. Ces premiers Varois avant la lettre cultivent l orge et le blé (dont ils ont appris à extraire le grain et à faire de la farine, donc du pain), élèvent des moutons, des chèvres, des bœufs et des porcs, traquent le poisson qui se trouve à profusion dans les rivières et les lacs et chassent le sanglier, le cerf et le lièvre. Centre archéologique du Var Des outils en silex Le silex, une denrée rare dont ils font commerce, leur fournit des armes ainsi que des outils pour travailler le bois ou la terre : haches polies (dont certaines forcées dans des gaines de cerf, elles-mêmes fixées dans des manches en bois), poignards, polissoirs, faucilles, lames, pointes de flèche, poinçons Comme le prouvent les objets découverts près des sites mégalithiques, ces hommes connaissent l art de la céramique (ils savent fabriquer de petits vases soignés) et façonnent des colliers de coquillages, des pendeloques en os et autres bijoux en roche verte. 22 23

Bibliographie Jean GUILAINE Au temps des dolmens Mégalithes et vie quotidienne en France méditerranéenne il y a 5 000 ans - Éditions Privat. Jean-Pierre MOHEN Les mégalithes, pierres de mémoires - Découverte Gallimard (n 353). Odile ROUDIL et Georges BERNARD Les sépultures mégalithiques du Var - CNRS (épuisé). Claude MASSET Les dolmens Éditions Errance. Dominique LEGENNE Var, Terre d histoire Actes Sud (ouvrage publié avec le concours du Conseil général du Var). Rédaction : François Kibler Remerciements au Centre archéologique du Var (CAV) pour sa collaboration Directeur de la publication : Jean-Yves Estrade - direction de la Communication du Conseil général du Var Coordination, suivi de fabrication : Direction de la Communication du Conseil général du Var Conception : Studio CARGO Illustration : Rémy Kerfridin Crédit photographique : Jean-Michel Fidanza 24 25 Photogravure : Graphic Azur Impression : Trulli Imprimé sur papier recyclé Site web : www.cg83.fr