2èmes Rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise 22 et 23 novembre 2007 Bordeaux avec le soutien des sociétés Veolia, Dexia, Alstom, et Carrefour MINISTERE DE L'IMMIGRATION, DE L'INTEGRATION, DE L'IDENTITE NATIONALE ET DU CODEVELOPPEMENT Discours de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l immigration, de l intégration, de l identité nationale et du codéveloppement Ouverture des 2èmes Rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise - Bordeaux, le jeudi 22 novembre 2007
- Seul le prononcé fait foi - 2 Monsieur le Premier ministre et maire de Bordeaux, cher Alain JUPPE, Madame la Vice-présidente de l Assemblée nationale Populaire de Chine, chère HE Luli, Monsieur le sénateur, Président du comité de pilotage, cher Jacques VALADE, Monsieur le maire de Wuhan, M. LI Xiansheng, Monsieur le Président du comité de pilotage chinois, M. CHEN Haosu, Messieurs les Présidents des associations d élus, Chers amis de Chine et de France, Il y a un peu plus de deux ans, à Wuhan, j avais eu l honneur, en tant que ministre délégué aux collectivités territoriales et représentant du Gouvernement français, de clôturer les 1ères rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise. Succédant aux formidables réussites que furent l'année de la Chine en France, d'octobre 2003 à juillet 2004, puis celle de la France en Chine, d'octobre 2004 à juin 2005, ces rencontres permirent à plus de 80 collectivités des deux pays de mettre en commun leurs expériences en matière de développement urbain. Elles aboutirent à la signature de la «Déclaration de Wuhan», nouvelle étape de la coopération décentralisée entre nos deux pays. Par ma présence aujourd hui à Bordeaux, je souhaite au nom du Gouvernement français, insuffler l esprit de Wuhan à la 2 ème édition de ces rencontres. Permettez-moi de saluer au sein de la délégation chinoise, Madame HE Luli, viceprésidente de l'assemblée populaire de Chine, dont je connais l attachement à notre pays. Je pense, aussi, à Monsieur CHEN Haosu, le co-organisateur de ces Rencontres et, côté français, au sénateur Jacques VALADE, dont la passion pour la Chine n est plus à démontrer. I. Je voudrais en quelques mots rappeler l'enjeu majeur que constitue la coopération décentralisée entre nos deux pays. A) A l origine lien d amitié entre les peuples, la coopération décentralisée est devenue un outil de solidarité et de développement entre les collectivités françaises et étrangères. Loin de s opposer à la politique étrangère traditionnelle, et donc étatique, cette «diplomatie des villes» mais aussi des régions, des départements, voire des regroupements de communes, est désormais pleinement reconnue comme contribuant au rayonnement de la France et de la Chine à l étranger. Comment, aujourd hui, en effet imaginer une année de la France en Chine sans la participation des collectivités locales? Comment concevoir une stratégie de soutien à nos entreprises à l'international en faisant l impasse sur les régions? Comment démultiplier la présence d un pays s il se prive de l action de terrain de ses collectivités qui savent mobiliser toutes les forces vives (entreprises, chambres consulaires, universités )? Aujourd hui, que ce soit politiquement, économiquement ou culturellement, la coopération décentralisée s impose d elle-même.
3 C est la raison pour laquelle la totalité des régions françaises, les 3/4 des départements, l ensemble des grandes villes, les 4/5 e des villes moyennes mais aussi de plus en plus de regroupements communaux et un nombre croissant de petites communes sont aujourd hui engagés dans des actions à dimension internationale. Ce sont, au total, 3 250 collectivités ou regroupements français qui sont impliqués dans plus de 6 000 coopérations décentralisées dans près de 120 pays. B) Entre la Chine et la France, la coopération décentralisée est exemplaire. Aujourd hui, ce sont 106 collectivités chinoises et près de 70 collectivités françaises qui sont concernées par la coopération entre nos deux pays : 14 régions de France, dont l Alsace qui a conclu trois partenariats avec 3 régions chinoises, l Aquitaine qui nous accueille aujourd hui, et l Auvergne qui m est, comme vous le savez peut-être, particulièrement chère. Ce sont aussi 6 départements, 11 regroupements de communes et 36 communes dont la totalité de nos grandes villes. C) Du point de vue français, l essor des relations entre les collectivités de nos deux pays correspond à une nouvelle logique. Nous souhaitons réorganiser et diversifier notre coopération décentralisée prioritairement en direction des pays émergents. Aujourd hui, nos collectivités doivent tisser et intensifier, à leur échelle, des liens avec des pays appelés à jouer un rôle majeur sur le plan économique et politique dans le monde de demain. Naturellement, la Chine est au premier rang de ceux-là. C est d ailleurs pourquoi un groupe de travail Chine, présidé par notre ami Jacques VALADE, a été créé au sein de la Commission nationale de la coopération décentralisée. Cette instance est appelée à être le lieu naturel du dialogue entre l État et les collectivités territoriales agissant en Chine. Elle a, bien entendu, vocation à jouer un rôle de plus en plus important au fur et à mesure de l implication internationale des collectivités locales comme vecteur de développement au plus haut niveau. Je sais aussi que le Sénateur VALADE a mis en place un comité de pilotage de plus de 90 collectivités françaises et que l Association chinoise pour l amitié avec l étranger a fait de même avec 80 collectivités chinoises. D) Il y a des domaines qui se prêtent mieux que d autres à cette coopération, et parmi eux, des domaines où il y a urgence à agir de concert : c est le cas par exemple du développement durable, qu il soit urbain ou rural. Je remarque d ailleurs que cela ne vous a pas échappé puisque vous avez placé ce thème au cœur des préoccupations de vos deux journées de travail. Le développement durable passe nécessairement par la coopération décentralisée. Je pense aux liens qu ont noués la municipalité de Pékin et la région Ile-de- France pour améliorer la qualité de l atmosphère et l équipement de la ville de Pékin. Très concrètement, cette coopération décentralisée contribue à préparer les Jeux Olympiques verts que la municipalité de Pékin souhaite mener à bien. Je pense également
à la coopération qu ont mise en place Toulouse et Chongqing pour fournir aux pompiers chinois un système de localisation par satellite. 4 II. Comme ministre en charge de la gestion des flux migratoires et du codéveloppement, je suis convaincu que la coopération de nos deux pays doit être aussi pensée et organisée comme un relais de la politique d immigration choisie voulue par le Président de la République. A. Nos deux pays entretiennent des relations étroites qu il nous appartient d intensifier et de diversifier. Vous le savez, dans quelques jours, le Président SARKOZY entamera à Pékin son premier voyage d État en Chine. La concordance de cet événement, au plus haut sommet de nos deux États, avec vos Rencontres ici à Bordeaux pour fêter les liens tissés entre nos collectivités, démontre à la fois l'importance et la vitalité de la relation qui unit nos deux pays. J ai moi-même rencontré deux fois, très récemment, Monsieur ZHAO Jinjun, l ambassadeur de Chine en France : la première lorsque je l ai invité à visiter, en compagnie d autres ambassadeurs de pays d émigration vers la France, la Cité nationale de l histoire de l immigration ; la seconde, ce mercredi pour une réunion de travail afin de préparer au mieux le voyage du Président. B. La France peut aujourd hui envisager une politique concertée avec la Chine en matière d immigration choisie. Cette politique a vocation à s adresser aussi bien aux salariés qu aux étudiants. a) Actuellement, la France accueille environ 18 000 étudiants chinois et en reçoit chaque année près de 7 000. Je sais, par exemple, que les deux universités de Clermont-Ferrand ont fait de l ouverture sur la Chine l une de leurs priorités. Ces dernières années, elles ont signé des conventions avec plusieurs universités chinoises, notamment celles de la région du Wuhan. Aujourd hui, elles accueillent des étudiants et des enseignants chinois en nombre croissant. Depuis 2000, l université Blaise Pascal de Clermont a ainsi accueilli plus de 120 étudiants chinois et a envoyé une quinzaine de ses étudiants étudier à Shanghai pour un ou deux semestres. Demain, on peut raisonnablement imaginer que les universités auvergnates et chinoises mettront en place des doubles diplômes. Pour autant, la France n est actuellement que le 8ème pays d accueil des étudiants chinois. C est insuffisant. C est pourquoi nous souhaitons en accueillir davantage, attirer et sélectionner les meilleurs en diversifiant leur domaine et niveau d études, avec une priorité accordée aux disciplines scientifiques (biotechnologiques, santé, espace ) et aux cursus de deuxième et troisième cycles (Master et Doctorat). Ces dernières années, des progrès ont déjà été enregistrés. Ainsi, en 2005, le nombre d étudiants chinois en troisième cycle en France a dépassé pour la première fois celui des étudiants du premier cycle.
b) Compte tenu de la taille de la population active chinoise et de son potentiel de développement, les travailleurs chinois sont, bien entendu, concernés par notre nouvelle politique d immigration. Nos amis Chinois nous ont laissé entendre qu ils sont tout à fait disposés à une expatriation de certains de leurs professionnels dans des secteurs en pénurie de main d œuvre en France (informaticien ou métiers scientifiques). Dans la même optique, nous pourrions organiser des échanges de «jeunes professionnels» entre nos deux pays. Ils pourraient, par exemple, passer jusqu à 18 mois dans l autre pays pour une expérience de travail salarié dans des conditions facilitées. Enfin, nous envisageons de proposer aux autorités chinoises quelque 1 000 cartes «compétences et talents». Cette carte de séjour, qui est valable 3 ans renouvelables et permet d être accompagné par sa famille, s adresse à des personnes ayant un profil et un projet utiles à la France et à leur pays d origine. c) Naturellement, cette immigration choisie doit s accompagner d une politique concertée en matière d immigration irrégulière. J ai toute confiance dans le succès de cette coopération, car je sais combien ce thème est un réel sujet de préoccupation pour le gouvernement chinois. J observe, d ailleurs, que le taux de délivrance des laissez-passer consulaires s est récemment redressé. 5 Mesdames et Messieurs, La promotion de démarches locales communes, la circulation des compétences et la volonté d une politique concertée en matière d immigration doivent guider notre action. Le Gouvernement français suit avec attention les travaux de vos deux journées qui, j en suis sûr, apporteront une contribution substantielle aux échanges qu'auront nos deux présidents d ici quelques jours. J en suis d autant plus convaincu que je sais que certains d entre vous accompagneront le Président Nicolas SARKOZY. Je pense en particulier à vous, cher Président VALADE. C'est aussi pourquoi je souhaite, à l'ensemble des délégations, deux fructueuses journées de travail. Étant donné la préparation de cet événement par les deux comités nationaux depuis des mois, j ai toute confiance dans la réussite de vos travaux. J espère que ces deux journées vous permettront aussi de découvrir Bordeaux, ville qui s'est profondément transformée sous l égide de son maire, Alain JUPPE. A vous tous, bon séjour en Gironde et en France!