VOYAGE CICAD 2010 Auschwitz-Birkenau Mercredi 24 novembre 2010. 1 - Les participants



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Transcription:

Décembre 2010 VOYAGE CICAD 2010 Auschwitz-Birkenau Mercredi 24 novembre 2010 «Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d hommes, de femmes et d enfants, en majorité des Juifs de divers pays d Europe, soit à jamais pour l Humanité un cri de désespoir et un avertissement» SOMMAIRE 1 - Les participants 2 - De Genève à Cracovie 3 - De Cracovie à Birkenau 4 - Arrivée à Birkenau (Auschwitz II) 5 - Une cérémonie émouvante 6 - Auschwitz I 7 - Ressentir l indicible 8 - Le voyage en images 9 - Le chemin du retour 1 - Les participants Mercredi 24 novembre 2010, 196 personnes participaient au déplacement annuel de la CICAD à destination du camp d extermination d Auschwitz- Birkenau. La mobilisation la plus forte depuis ces dix dernières années. Ces participants, enseignants et élèves pour la plupart, prenaient ainsi part au voyage d étude, qui, depuis novembre 2001, est organisé chaque année par la CICAD. Deux fils et deux petits enfants de Madame Ruth FAYON (z l), rescapée de la Shoah qui nous a récemment quittée, étaient également présents cette année. Leur présence était un hommage auquel nous nous associons afin d honorer le parcours de Mme Fayon qui s impliqua durant tant d années pour transmettre son vécu. Cette initiative vise à préserver la mémoire de la Shoah. La transmission de cette mémoire est en effet un outil indispensable pour éduquer contre l intolérance. L actualité nous rappelle, jour après jour, combien nous nous devons de rester vigilants. 1

P a g e 2 V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 2 - De Genève à Cracovie 5h. Premières rencontres à l aéroport. L embarquement se déroule sans encombre. Peu après le décollage, Johanne Gurfinkiel, Secrétaire général de la CICAD, prend le micro pour adresser quelques mots aux participants. Une occasion d aborder le programme du voyage et de présenter l équipe Emilie Yarisal, Letizia Lascar, Yvonne van Gulik, Yoann Boillat et Jean-Marc Brunschwig, membre du comité qui sera chargée du bon déroulement de cette journée. Le programme est ensuite distribué, tandis que chacun tente de se préparer au mieux à la journée éprouvante qui va suivre. Un peu avant 8h., l avion se pose à l aéroport de Cracovie. 3 - De Cracovie à Birkenau Installés dans les cars qui roulent vers Birkenau (Auschwitz II), les participants visionnent le film «Des récits contre l oubli», produit il y a un an par la CICAD. Ce film évoque les parcours individuels de six survivants habitant en Suisse, dont les propos sont illustrés par des images d archives qui permettent d appréhender également le contexte historique. Bien plus qu un simple documentaire, ce film est un véritable outil éducatif permettant de conserver la mémoire des survivants, mais aussi de transmettre l authenticité et l émotion de la parole. Le documentaire contient également des images du voyage d Auschwitz-Birkenau organisé chaque année par la CICAD, passerelle entre les témoins de l horreur et les générations appelées à garder leur mémoire. Ce film est un réel support pédagogique complémentaire au voyage, permettant d assurer la transmission aux nouvelles généra- 4 - Arrivée à Birkenau (Auschwitz II) Chacun reçoit un livret intitulé «Je suis l une de ces millions de victimes» racontant l histoire d une personne qui a vécu la Shoah. L objectif: une prise de conscience que derrière les chiffres se trouvent des individus dont la vie s est arrêtée ou a été terriblement bouleversée. Situé à deux kilomètres d Auschwitz I, Birkenau était à l origine destiné aux prisonniers de guerre soviétiques. A partir de mars 1942, le camp servira à l extermination massive des déportés. Les ruines des deux Bunkers contenant les chambres à gaz y sont encore visibles, témoignant de la volonté des nazis d effacer les traces de leur crime en les dynamitant. Répartis en différents groupes, les participants suivent tout d abord les guides vers les baraquements où les déportés étaient «parqués». Ensuite, longeant la voie de chemin de fer, les participants arrivent à la «Rampe», où se déroulaient les «sélections». Un moment particulièrement émouvant, chacun essayant d imaginer l atmosphère qui régnait à cet endroit, lorsque les déportés se trouvaient face à l officier SS dont la main hésitait entre la file de droite, synonyme de mort immédiate, et celle de gauche, synonyme de «sursis». Les groupes découvrent ensuite le «camp des femmes», puis arrivent à la hauteur des restes des chambres à gaz. Ils se rendent ensuite vers le «sanatorium», où les déportés étaient «désinfectés». Enfin, les guides les emmènent à la salle des photos qui donne un aperçu de ce qu était la vie des victimes avant l horreur. Photo DR 2

V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 P a g e 3 5 - Une cérémonie émouvante Comme chaque année, une cérémonie de recueillement clôture la première partie de la journeé. Les différentes allocutions viennent, avec émotion, briser le silence. «Pour de nombreux, pour de trop nombreux êtres humains ce lieu a été un camp de la mort. Et il y en a eu malheureusement beaucoup d autres! Des enfants, des femmes, des hommes, des vieillards ont connu ici et ailleurs l'atrocité de la solution finale. La stèle devant laquelle nous sommes honore leur mémoire. La mémoire des disparus! L'étymologie du mot mémoire évoque à la fois le souvenir, la préoccupation, le fait de prendre soin, celui d'être triste et de déplorer, de rappeler. À quelle intensité et à quelle profondeur de la mémoire ce lieu n'est-il pas le rappel, le souvenir de l'horrible scandale et de l'inconsolable tristesse devant l'inimaginable et l incroyable déshumanisation de l'homme par l'homme. ( ) Que devons-nous emporter de ce camp de la mort? En l'honneur des disparus, au moins une étincelle de vie et une parcelle de lumière! La vie qui leur a été ravie engage notre liberté et notre responsabilité d'êtres humains à l'égard de nos semblables.» Monsieur l Abbé Pierre JACQUET, recteur de la basilique Notre-Dame à Genève «Devant les atrocités dont l être humain est capable, il n y a rien à dire, ni personne pour écouter : silence et solitude. ( ) Nous essayons ce matin de joindre nos silences et nos solitudes devant ce lieu où tant d atrocités ont été commises et vécues par nos frères et sœurs en humanité. Mes amis, au cœur d un des lieux, parmi bien d autres hélas, où la souffrance a été poussée à son paroxysme, je ne peux m empêcher de revenir à ce psaume que j ai si souvent médité et prêché. Je ne peux que penser à ce silence qui témoigne pourtant d une présence."jamais, me souffle Dieu au cœur de mon cœur, tu ne seras seul dans ces moments". Mais cette conscience est personnelle, je peux qu en témoigner, jamais l imposer. ( ) Malgré son silence, Dieu me dit sa présence et soutient ma lutte contre ces souffrances imposées à des frères et des sœurs en humanité. De partager avec vous ce moment de recueillement est une manière de garder frais le souvenir pour qu il puisse encore dire quelque chose aux générations qui viennent et éviter ainsi une nouvelle mort que serait l oubli.» Monsieur le Pasteur Albert-Luc de HALLER, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres de l Eglise protestante de Genève «Je suis aujourd hui présent pour rappeler la mémoire de ma famille et mettre des images sur mes cauchemars. Puis pour prier à l'égard de tous ceux qui n ont pas de sépulture, pour tous ceux à qui on a enlevé le droit d'une prière et enfin pour me taire parce que le silence, parfois assourdissant, est plus éloquent que tous les mots. ( ) La Tradition juive à travers toute sa littérature, à travers son regard sur la réalité du monde met l accent sur la nécessité impérieuse mais vitale, de ne jamais considérer l Autre comme inférieur, mais exige une complémentarité de tous les instants. Cette valeur essentielle partagée avec toute l Humanité, est la trame qui permet à la loi juive d être le moteur de la promotion de l Être.» Monsieur Eric ACKERMANN, Ministre officiant de la synagogue Beit Yaakov de Genève. Monsieur Ackerman a ensuite entonné le chant El maleï ra hamim (D.ieu plein de miséricorde), ainsi que le Kaddish. Ces deux textes, qui font partie du rituel funéraire juif, rendent hommage aux millions de victimes du nazisme. Intégralité des discours en annexe. 3

V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 Page 4 6 - Auschwitz I L après-midi a débuté par l arrivée à Auschwitz I. Camp principal du complexe d AuschwitzBirkenau, il abrite aujourd hui le Musée d Auschwitz. L entrée se fait par le portail qui comporte l inscription tristement célèbre «Arbeit macht frei» (Le travail rend libre). Bien que l inscription volée en décembre 2009 sur commande d un néo-nazi suédois ait été retrouvée, c est aujourd hui une copie qui se trouve à l entrée du camp, l originale étant en cours de restauration et préservée en lieux sûrs. Les différents blocks du camp ont quant à eux été réaménagés en salles de musée. Le système concentrationnaire nazi, effroyable de méticulosité et de précision, est expliqué en détail par les guides. Dans certaines salles, cependant, nul besoin de commentaire: ce que les visiteurs ont sous les yeux suffit à prendre la mesure des crimes qui ont été commis ici. Au fur et à mesure, les émotions des participants se mélangent: colère, tristesse, incompréhension, plus la journée avance, plus il devient difficile de faire le tri entre tous ces sentiments. Principalement destiné aux enseignants de Suisse romande, le voyage de la CICAD à Auschwitz-Birkenau accueillait pour la troisième année consécutive une quatre-vingtaine d élèves venant de l Ecole Internationale de Genève et de l Ecole Moser, de Genève et Nyon. Le travail de Mémoire effectué par ces jeunes participants, âgés pour la plupart de 17 ans, revêtait une dimension particulière cette année car, pour la première fois, aucun rescapé n a pu accompagner les participants sur les lieux. La santé fragile et le nombre de plus en plus restreint des survivants ont, en effet, empêché leur présence. Cependant, les élèves ont eu au préalable l opportunité de bénéficier du récit de Mme Noëlla ROUGET, résistante française déportée à Ravensbrück en juin 1944 à l âge de 14 ans et M. Laszlo SOMOGYI, déporté dans deux camps de travail en Autriche à l âge de 14 ans. Rencontre avec Laszlo Somogyi à l Ecole Rencontre Laszlo Somogyi à Moser,avec le 17.11.2010 l Ecole Moser, le 17.11.2010 Rencontre avec Noëlla Rouget à l Ecole Rencontre avec Noëlla le Rouget à l Ecole Internationale, 08.11.2010 Internationale, le 8.11.09 4

P a g e 5 V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 Sur la route qui conduit à l aéroport, la fatigue émotionnelle et physique est perceptible. Il faudra du temps pour digérer l «indicible». Chacun des sens ont été mis à l épreuve dans cette expérience de 18h. 7 Ressentir l indicible Comment ressentir ce qui ne peut être exprimé? Comment donner à réfléchir sur la spirale inexorable de la haine qui a englouti notre continent dans un déchainement criminel sans pareil dans l'histoire de l'humanité? Le travail historique et son enseignement sont les principaux outils par lesquels nos consciences doivent être en permanence rappelées à la réalité de ce qui s'est déroulé, à l'extermination minutieuse et méthodique de millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Ce travail actif de mémoire devient, au fil des années qui nous séparent des faits, d'autant plus important que les témoignages vivants disparaissent et que se répand le négationnisme, version pervertie du travail historique. A l'occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire de l'holocauste et à la prévention des crimes contre l'humanité (ndlr le 27 janvier 2010), la CICAD a souhaité mettre à disposition des adolescents de Romandie et de leurs professeurs un espace d'exposition qui puisse offrir une vision complémentaire à l'étude historique indispensable. Une vision basée sur l'exploration par nos sens. Nous sommes définis autant par ce que nous pensons que par ce que nous ressentons. La Shoah a été une entreprise de déshumanisation et d'extermination dont le théâtre d'exaction le plus intime fut les sens de chacune des victimes. Ce ne furent pas seulement des millions de corps qui furent livrés à une mort ignoble, mais des millions d'êtres sensibles ayant été préalablement soumis au viol le plus brutal de chacun de leurs sens. Il n est pas question de chercher à reproduire même la plus infime des sensations vécues durant la Shoah, elles sont indicibles. Mais il s'agit ici de lier à chacun de nos sens l'une des thématiques essentielles dans le travail actif de nos mémoires. Cette exploration de l'histoire doit permettre au visiteur de se plonger intellectuellement et «sensoriellement» dans les grandes étapes qui conduisirent à la mise en pratique de la «solution finale», lui offrant un parcours à la mesure de son humanité, pensante et sensible, en écho à l'humanité des victimes de la barbarie nazie. Le Comité d organisation de l exposition de la CICAD «Ressentir l indicible» 5

V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 Page 6 8 Le voyage en images 6

V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 P a g e 7 9 - Le chemin du retour Les participants expriment leurs impressions, sur le questionnaire que la CICAD leur distribue, dans l avion du retour. Voici quelques-unes des réactions recueillies : «J avais assisté avec mes élèves à l exposition "Ressentir l indicible" en janvier, c était capital pour moi de me rendre sur ces lieux tragiques pour éprouver mon propre "ressenti". Pour ne pas oublier et transmettre aux générations futures..» Sophie L., enseignante «Voir la réalité à travers mes yeux et non à travers les livres.» Lucas W., élève «Le devoir de mémoire se renforce énormément dès que l on voit ces horreurs.» - Moni F., étudiant «"Construire", le seul sens à la mémoire.» Eric A., responsable religieux «Ni les lectures, ni les documentaires, ni les témoignages seuls ne peuvent nous donner la même idée de cette dimension extraordinaire de l horreur.» Nathalie G., enseignante «J ai enfin pu voir les faits à travers mes propres yeux et non pas à travers un film ou un livre. Si on ne connait pas son passé, l histoire est condamnée à se répéter.» Jérémy G., élève «Très riche expérience dans des lieux chargés d Histoire.» Jérôme B., enseignant «Très utiles pour placer des lieux et des atmosphères sur des images vues dans des films.» Renato N., enseignant «Expérience douloureuse mais enrichissante. C est toujours intéressant d être sur le terrain et toujours aussi incompréhensible et impardonnable!» François M., enseignant 7

P a g e 8 V O Y A G E C I C A D 2 0 1 0 C I C A D Téléphone :+41(0)22 321 48 78 Télécopie : +41(0)22 321 55 28, décembre 2010 40, rue du Stand Case postale 5020 1211 Genève 11 8