HISTORIQUE DE GUERRE. 36 ème REGIMENT D'INFANTERIE COLONIALE ( )

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Transcription:

HISTORIQUE DE GUERRE DU 36 ème REGIMENT D'INFANTERIE COLONIALE ( 1914 1916 )

HISTORIQUE DU 36 ème RÉGIMENT D'INFANTERIE COLONIALE.???????????? Officiers, sous-officiers et soldats du 36 ème colonial, vous qui avez pris part aux glorieuses et dures campagnes de Lorraine, de Champagne, de la Somme, ne cherchez pas dans ces lignes la relation de tous les faits d'armes particuliers que vous avez connus ou dont vous avez été les héros. Ils sont trop, ils sont mal connus et ne pourraient être contenus dans ce récit. Vous trouverez ici le cadre familier ( pays, villages, tranchées, combats ) dans lequel vous placerez les souvenirs qui vous sont chers, les heures enthousiastes et graves que vous avez vécues. A distance vous jugerez l'étendue de vos peines, de vos sacrifices, de votre gloire et vous pourrez établir la mesure immense des obligations nationales qui vous lient à votre Patrie, à vos camarades tombés au champ d'honneur, à vos frères d'armes survivants. Constitué à 2 bataillons ( 4 et 3 ) le 36 ème colonial quittait Lyon le 7 août 1914, sous les ordres du lieutenant-colonel MOURET. Désigné pour faire partie de l'armée des Alpes ( 74 ème division ), il débarque à Saint-Pierre d'albigny en Savoie. Au bout de quelques jours on a l'assurance que l'italie ne marchera pas aux côtés de l'allemagne. L'armée des Alpes était dissoute. Le 36 ème colonial est embarqué le 21 août à Montmélian et débarque en Lorraine dans la nuit du 21 au 22. La situation est grave. Nos troupes battues à Morhange et à Dieuze refluent sur la Moselle talonnées par l'armée du prince Ruprecht de Bavière qui cherchait à forcer le passage par la trouée de Charmes. Il faut arrêter l'ennemi qui déjà franchit la Meurthe et atteint la Mortagne. Le 25 août, le régiment attaque en direction d'einvaux, par Brémoncourt. En même temps qu'il reçoit le baptême du feu, le régiment subit une dure épreuve. L'objectif assigné est enlevé d'enthousiasme, mais sur un terrain repéré par l'ennemi, l'artillerie ennemie lui inflige de lourdes pertes. Le lieutenant-colonel MOURET, est mortellement atteint. Le régiment reflue sur Brémoncourt. Reformé, le régiment attaque à nouveau le 28 au sud de Gerbéviller pour forcer le passage de la Mortagne. Il poursuit l'attaque, le 29 passe la rivière, mais se fait décimer sur les pentes qui la dominent au Nord, par des feux d'enfilade venus de l'est-sud-est. Le lendemain, 6 compagnies du 36 ème colonial, profitant du brouillard, attaquent en direction de Fraimbois les positions allemandes ( bois du Haux, de la Paxe, bois des Rappes, bois du Four ). L'ennemi est retranché aux lisières sud de ces bois. Ces unités sont surprises en formation de manœuvre au moment où le brouillard se dissipe. Les renseignements précis manquent. Les pertes sont énormes, environ 1 200 hommes dont plus de 400 tués. Tous les officiers sont disparus. Quelques hommes ramènent miraculeusement le drapeau. Ce qui reste du régiment suffit à peine pour former un bataillon, et est incorporé à la date du 7 septembre au 229 ème RI. Un monument commémoratif élevé sur le champ de bataille de Gerbéviller à la gloire du 36 ème colonial, est chaque année à l'anniversaire de la bataille de Gerbéviller, le but d'un pieux pèlerinage.

Avec ce régiment, il prend part dans la région de Méménil aux opérations qui aboutissent à la délivrance de Lunéville. Il fait son entrée le 13 septembre dans la ville. Il s'initie aux premiers travaux de la guerre de tranchées, et s'installe définitivement le 15 septembre dans la région de Sionviller face à la forêt de Parroy. Le régiment est reconstitué le 5 octobre à l'aide d'un gros renfort 777 hommes et 12 sous-officiers. Le 26 octobre, il prend part à une forte reconnaissance offensive qui pousse dans la direction de Bezange jusqu'au territoire annexé, et procure de nombreux prisonniers. Après un repos à Sommervillers, il tient un secteur au nord du canal de la Marne-au-Rhin (région de Bathélemont-Bauzemont) jusqu'au milieu de février 1915. Le 18 février, le 36 ème colonial se porte par Dieulouard dans la forêt de Facq pour prendre part à l'attaque de la position ; Signal-Xon-Norroy, dont l'ennemi vient de s'emparer par un audacieux coup de main. C'est le 4 ème bataillon qui est désigné pour attaquer le signal de Xon. Encadré à droite par le 22 ème RI. attaquant Norroy, à gauche par un groupe de couverture du 18 ème chasseurs, le bataillon BARVET se porte à l'attaque dans un ordre parfait et enlève l'objectif de haute lutte. L'artillerie ennemie a fait subir au bataillon des pertes sérieuses mais sans affecter l'élan ni l'ordre des troupes. C'est un succès brillant au cours duquel le service médical s'est distingué et a été particulièrement éprouvé. Une citation à l'ordre du 2 ème groupe de divisions est accordée au bataillon. Par ordre n 33 du 27 février 1915, le général JOPPE, commandant le 2 ème GD., cite à l'ordre du groupe : Le 4 ème bataillon du 36 ème colonial et son chef, le commandant BARVET. Le 18 février a gravi sous une rafale d'artillerie des plus violentes, les pentes d'une colline sur laquelle se trouvaient les tranchées allemandes. Vivement enlevé par son chef, le bataillon, faisant l'admiration de tous ceux qui ont vu sa marche impeccable, comme à la manœuvre, a bousculé l'ennemi et emporté d'un seul élan la position ennemie. Malgré des pertes sensibles et une tentative de contre-attaque a maintenu et organisé la position sous une pluie d'obus jusqu'au moment où il a été relevé par des troupes fraîches. De nombreuses récompenses sont en outre accordées aux officiers et hommes qui se sont distingués. Le régiment revient dans le secteur Bathélemont, bois de Benamont, La Fourrasse. L'existence habituelle de la vie de tranchées n'est troublée que par quelques reconnaissances (notamment au début de juin sur la ferme Haute-Riouville) et quelques bombardements traduisant de part et d'autre l'inquiétude causée par les travaux de défense. Le 28 juin, le 36 ème colonial quitte la 74 ème DI. et est affecté à la 16 ème DIC. Pour entrer dans la nouvelle constitution de la 31 ème brigade ( général BONNIER, commandant la division ). Il laisse des regrets que le général commandant la 74 ème division exprime en ces termes : Ordre général n 107 Au moment où le 36 ème colonial quitte la division dans laquelle il s'est distingué par sa valeur guerrière depuis onze mois de campagne, je tiens à lui exprimer le regret profond que me cause sa perte. Le 36 ème colonial restera, dans la mémoire de ses compagnons de lutte, le régiment des vaillants de Brémoncourt, Einvaux, de Gerbéviller et de Xon. Je salue, avec une respectueuse émotion, le drapeau sauvé de la Mortagne qui va vers de nouveaux succès, et je lui confie tous mes vœux les plus chers pour les braves qu'il abrite sous ses plis. 27 juin 1915. 3 / 6

Arrivé le 30 juin au Bois-le-Prêtre dans le secteur de Fey-en-Haye, il monte en ligne le 1 er juillet. Le même jour commence la préparation d'artillerie à une attaque ennemie. Le bombardement devient de plus en plus violent et le 4 juillet l'ennemi attaque le «Quart-en- Réserve et l'eperon». Les trois compagnies du 36 ème colonial en secteur à l'eperon sont anéanties après des prodiges d'héroïsme, et après avoir fait subir à l'ennemi des pertes terribles. Une contre-attaque permet de reconquérir la plus grande partie du terrain perdu. Jusqu'au 30 juillet, les bombardements, attaques et contre-attaques se succèdent sans trêve. Les pertes sont lourdes. Le régiment éprouvé est ramené au repos dans la région de Liverdun. Mais la tentative de l'ennemi de percer en direction de Pont-à-Mousson a été enrayée. De nombreuses citations récompensent de nombreux faits d'armes. Pendant le mois d'août, et jusqu'au 12 septembre, le régiment occupe dans le Bois-le- Prêtre le secteur si tristement célèbre du carrefour Mouchoir-Croix-des-Carmes, Carrefour. Dans ce secteur où les tranchées adverses se touchent, c'est la lutte quotidienne à la grenade, la guerre de mines, le bombardement par l'artillerie de tranchée dont l'ennemi est largement pourvu. Les pertes sont lourdes et dans le vaste cimetière installé au nord de Montauville les tombes du 36 ème colonial dressent des croix nombreuses. Le 18, la division coloniale est relevée de Lorraine et devient réserve du groupe d'armées de l'est. Elle est appelée en Champagne où le régiment débarque le 3 septembre à Somme-Suippes. La bataille de Champagne engagée le 25 se poursuit victorieusement à l'ouest, la IV ème armée a percé le front ennemi. Le moral des troupes est élevé. On a vu défiler les prisonniers ennemis, le terrain bouleversé porte les traces de notre écrasante supériorité en artillerie et de notre victoire. Après une installation de nuit imparfaite, dans le secteur qui va de la cote 193 au chemin Perthes-Somme-Py, le régiment est lancé à l'attaque le 29, à 14 heures. Mais l'ennemi s'est ressaisi, ses renforts occupent solidement les deuxièmes positions à contre-pente dont les tranchées sont protégées par des réseaux intacts. Malgré un entrain remarquable l'attaque est brisée sur les réseaux par un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. Jusqu'au 5 octobre, la préparation reprend, l'ennemi riposte. Les pertes sont sensibles. Le 6 octobre, l'attaque est lancée à 7 heures. Les trois vagues d'assaut sont fauchées par les mitrailleuses dont le feu est infernal. A 8 heures l ordre arrive de réussir coûte que coûte. Mais l attaque est remise en raison des pertes trop lourdes. L élan, la bravoure et l ardeur déployés par tous ont été remarquables, mais, dans ces journées, le sort de la guerre est défavorable au régiment qui subit des pertes cruelles. Dans la soirée du 6, le régiment est relevé ; jusqu au 8 novembre il cantonne dans la région et monte en ligne au bois d Hauzy (secteur calme). Le 5 novembre, départ pour la Main-de-Massiges afin de relever la 2 ème DIC. Le régiment tient le secteur avec repos à la cote 202 jusqu au 19 décembre : période pénible, peut-être la plus pénible de toutes celles supportées. L ennemi le plus terrible ce n est pas alors l Allemand, mais la boue, la hideuse boue de Champagne qui enlise les hommes dans les tranchées gluante et interrompt les ravitaillements. Il pleut, on travaille à l organisation des positions. L ennemi est mordant et harcèle nos troupes (coups de mains, torpilles, bombardements). Le régiment est relevé dans la nuit du 25 au 26 décembre. Il débarque à Givry le 30, et débarque le 31 dans l Oise, où il séjourne à Arsy, Canly, puis à Noyens-Saint-Martin jusqu au 26 janvier. C est une période de bon repos et de permission complétée par un séjour au camp d instruction de Crèvecœur du 26 janvier au 20 février. 4 / 6

Le 11, le régiment se dirige dans la Somme. Sur de nouveaux champs de bataille, il va participer à une grande victoire et livrer de durs combats. Le 16 février, le régiment relève le 8 ème colonial dans le secteur d Herleville (région de Foucaucourt, Vermandovillers). Le secteur est calme. Le régiment reste en ligne sans incidents bien remarquables (sauf quelques canonnades et alertes) pendant le mois de février, de mars, avril et mai. Il travaille à l aménagement du secteur en vue de la grande offensive qui se prépare. Le 21 avril, les 2 compagnies de mitrailleuses du régiment sont portées à quatre sections. Le 19 mai, le 28 ème bataillon sénégalais (commandant VOLAND) est rattaché au régiment. Il cantonne à Cayeux. Les 1 er et 2 juin, le régiment est relevé par le 26 ème RI. Il cantonne le 3 juin à Lawarde, Hallivillers, Flers-sur-Noye. Le régiment reçoit une compagnie de mitrailleuses et 100 créoles. Une grande activité règne sur le front de la Somme qui est équipé en vue de l offensive du 1 er juillet. Le 1 er juin, le régiment embarque à Ailly-sur-Noye, s arrête à Marcelcave, et va bivouaquer au camp 59 (deux kilomètres sud-ouest de Morcourt). Il reçoit, le 20 un peloton de trois canons de 37. Désormais, le régiment est au grand complet. L état physique et moral est splendide, il sait qu une mission de confiance lui est réservée dans l attaque qui se prépare. Il en est digne en tous points. Le 20, un bataillon va occuper les tranchées au sud de la Somme entre le canal et la route de Cappy-Herbécourt à l est de l Eclusier. Un bataillon reste à 59. Du 28 au 30 juin, préparation de l attaque. L artillerie allemande riposte violemment. Chuignolles. Le bataillon sénégalais au camp Le 1 er juillet, le régiment attaque. Les positions de départ sont aux lisières est du bois de la Vache. L attaque orientée vers l Est, le long du canal et des lisières sud et est de Frise a pour objectifs successifs : Carenne, Cerpezat, Garenne, Souchez, bois de Marcaucourt, lisière ouest de Feuillères (six kilomètres environ). L attaque est déclenchée à 9 heures 30 avec deux bataillons en première ligne (bataillons GROINE et DAFONTAINE). Elle se heurte à une vive résistance dans la première ligne d où partent des feux nourris de mitrailleuses et de mousqueterie. Malgré les pertes, cette première résistance est vaincue. Le mouvement reprend avec un bel élan. Tous les objectifs sont atteints avec facilité. A la nuit la mission est complètement remplie. On s organise pour le départ du lendemain. Le 2 juillet, l attaque reprend, mais se heurte à des résistances sérieuses venant des lisières sud et sud-ouest du bois de Marcaucourt. Le bataillon ESPALLARGAS enveloppe le bois par l Est et, vers 18 heures, tous les objectifs sont atteints, deux cents ennemis capturés et deux pièces de 77 à Feuillères. Dans la nuit du 4 au 5 juillet, les 5 ème et 6 ème bataillons sont relevés par le 35 ème RIC. Pendant ces quatre journées d opérations, le régiment a fait preuve des plus magnifiques qualités d offensive, de courage et d endurance. Il a subi des pertes sérieuses, mais il a atteint ses objectifs, il a fait prisonniers six officiers allemands et quatre cents hommes, cinq pièces de 77, quatre mitrailleuses, tout le matériel d un parc de pionniers. Jusqu au 18 juillet, le régiment bivouaque au camp Exbrayat ; le 18 on monte en ligne dans le secteur Maisonnette-Barleux, pour attaquer le 20 à 7 heures. Il doit enlever le bois de Barleux et tout le terrain jusqu aux rives de la Somme. L ennemi a beaucoup travaillé. Il s est retranché et a dispersé des sections de mitrailleuses dans les récoltes. L attaque menée sur un terrain mal préparé et mal connu, est rapidement désunie par le brouillard. Le bataillon VOLAND s empare de la tranchée ennemie de première ligne. Le régiment a subi de lourdes pertes. Les unités d assaut sont prises d écharpe par des feux de mitrailleuses venant du moulin à cinq cent mètres sud-est de la Maisonnette et des récoltes au nord de Barleux. Les contre-attaques ennemies se succèdent avec violence et réussissent, le 21, à repousser dans ses tranchées de départ les éléments épuisés de l attaque. 5 / 6

A 13 heures un bataillon de renfort du 35 ème RIC. reprend l'attaque qui est brisée par les feux de mitrailleuses. Il renouvelle son effort à 17 heures et s'assure un faible avantage dans les tranchées DANIEL et BIGORRE. Ces attaques conduites avec énergie, entrain et courage occasionnent au régiment des pertes terribles : 22 officiers et 295 hommes hors de combat. Le régiment est relevé dans la nuit du 22 au 23 juillet, il reprend le secteur Barleuxbois Achille du 10 au 15 août, travaille à l'organisation défensive sous un bombardement intense qui lui inflige des pertes sérieuses. Il est relevé le 16, enlevé le 20 en chemin de fer à Villers-Bretonneux et débarque dans l'oise à Arsy et Canly. Après un mois d'instruction et de repos, il fournit des travailleurs pour l'aménagement de la ligne avancée du camp retranché de Paris, au sud de Soissons. Par étapes il gagne Montigny-en-Chaussée et Maigneley, puis il est transporté en autos à Fontaine-Lavaganne et Rothois où il cantonne, se repose et où les hommes sont vaccinés. Le 28 ème bataillon sénégalais rejoint le 27 octobre la Côte d'azur. Le 27 octobre, la 16 ème DIC. étant désignée pour l'armée d'orient, le régiment embarque à Crèvecœur, est dirigé sur La Valbonne où il est dissous le 10 novembre. Le 5 ème bataillon passe au 35 ème colonial et devient 7 ème bataillon. Le 6 ème bataillon passe au 38 ème colonial et devient 7 ème bataillon. Le colonel GARNIER remet le drapeau au commandant du dépôt de Lyon. C'est le cœur serré que les officiers et soldats survivants se séparent de leur emblème. Trop de souvenirs de gloire, de souffrance et aussi parfois de joie insouciante les y attachent. Ils vivront d'autres batailles, cueilleront d'autres lauriers, mais que de fois aux heures de méditation, le drapeau du 36 ème colonial présentera à leur mémoire les belles et émouvantes pages qu'ils ont inscrites au Livre d'or de l'armée coloniale. Approuvé : Le général MAZILLIER, Commandant le corps d'armée des troupes coloniales. Signé : MAZILLIER. 6 / 6