Moka Gabrielle Charron-Rainville Témoignage À l été 2005, j'ai suivi une formation en leadership / apprenti-moniteur dans un camp en Ontario. J y ai amélioré mon anglais et eu énormément de plaisir. L été terminé, j ai participé à presque toutes les rencontres, en voyageant de Montréal à Toronto à plus de trois reprises. Enfin, est venu le temps des demandes d emplois et des entrevues. Lorsque j'ai reçu ma lettre je suis devenue hystérique, mais vite ma joie s est envolée. Je suis prise, mais à titre d aide-cuisinière, en d autres termes: plongeuse dans un camp de vacances. Humm, ce n est pas vraiment ce à quoi je m attendais, mais ils ne voulaient pas me mettre ailleurs, question de dates et disponibilités. J étais désespérée, triste et je pensais ne pas pouvoir travailler de l été. Je me suis vite remise sur pieds et j ai pris la décision que mon premier emploi serait tout de même cet été-là et que ce serait dans une colonie de vacances. J ai donc appliqué à deux camps dont je connaissais les noms et un autre dont j ignorais, jusqu à ce jour l existence et où mon amie Véronique travaillait. La date limite pour envoyer les CV étant passée de deux jours, je me 1
suis tout de même essayée; je n avais rien à perdre. Et, bang! J'ai été convoquée en entrevue aux trois endroits et même dans un camp auquel je n avais même pas appliqué. Durant la même fin de semaine se sont déroulées les entrevues aux trois camps. Pour les entrevues du Camp Mariste au Collège Laval, nous étions près de 35 pour 9 postes. Je ne pensais pas être retenue, mais je m'y sentais mieux que dans les autres camps. C était un sentiment bizarre, inexplicable. Une chaleur, un dynamisme, une présence positive émanait de cet endroit. Quelques jours plus tard, une lettre est arrivée chez mes parents et j étais parmi les personnes retenues pour travailler au camp Mariste. Sur ma feuille on pouvait lire : Monitrice, poste à déterminer selon les inscriptions. Je me disais alors que j allais sûrement être polyvalente ou quelque chose comme cela, ce qui m enchantait car j aime toucher à tout. Mais Cooper (Frédéric Dyotte) m annonça quelques jours plus tard que je serais monitrice de camping pour l été à venir. Ma première réaction fut «CAMPING! MOI? Haha haha! Elle est bonne celle-là! Moi qui ai peur des orages et des araignées. Qui ne sais même pas faire de feu et qui n ai fait du camping que 4 jours dans sa vie!!!» Un peu déçue, je pensais renoncer à l offre d emploi et passer mon été à Montréal. Cependant, je me suis souvenue d une leçon apprise lors de ma formation de l été précédent : on peut agir de 3 façons face à une situation ; l éviter, ce qui peut nous faire passer à côté d une expérience magique ; la subir, et ainsi se plaindre et être malheureux ou, l adapter ; et utiliser les ressources pour faire de ce qui, à la base, nous semble moins bien, le top du top. Armée de ma bonne volonté, j'ai décidé de m équiper pour passer l été dans le bois. Un bon sleeping, un matelas de sol, des bas chauds, une tuque, une lampe de poche, du chasse moustique!!! Bref, j étais prête à faire de mon séjour un séjour de feu. Soudain, une crainte: comment sera la personne jumelée à moi? Que va-t-elle se dire de moi si je ne sais pas allumer un feu??? Quelle joie et bonheur d avoir eu Danny aka Snoopy comme compagnon. Jamais il ne m a regardé de haut; il m a tout montré avec calme et 2
passion. Il m a transmis son savoir et j ai ainsi passé parmi les plus beaux moments de ma vie. Et oui, après toute cette expérience, je n ai plus peur des araignées. Je ne les aime pas plus pour autant par contre, il en va de même avec les orages. Après le camping, je suis passée à la plage pour deux étés ensoleillés, du moins dans mon cœur! Un poste magique, et très valorisant. En tant que sauveteurs, nous sommes une source d information et de sécurité pour bien des gens. Ils se réfèrent à nous pour plusieurs choses et cela m a donné une certaine dose de confiance. J ai aussi aimé animer des jeunes et leur transmettre mes connaissances et ma passion sur le sauvetage, l apnée ou encore le canotcamping. Toutes ces choses m ont emplie de bonheur. Le camp mariste a fait beaucoup pour moi. J y ai appris à plus prendre confiance en moi, mais aussi à relativiser lors de situations qui sont hors de mon contrôle. Le camp mariste, étant ma première expérience de travail à vie, m a permis de prendre des responsabilités et de me sentir plus indépendante face à mes parents. Par ailleurs, durant toute ma vie j aspirais à devenir pédiatre. J adore les sciences, la biologie... Mais ce n était pas réciproque. Après un an d études au cégep en sciences, j ai dû accepter le fait que mes aptitudes se trouvaient dans un autre domaine. Le camp m a aussi aidée dans ce processus d acceptation, qui ne fut pas facile. Être au camp c est pour moi un moment de calme face à la vie trépidante de ville que je mène. Le paysage enchanteur saura toujours m apaiser. Un jeune m a dit un jour une phrase sur la beauté du paysage au camp et chaque fois que je regarde ce dernier je pense à cette phrase: «Moka, imagine toi que y a personne, pas de chalets, juste le lac et les montagnes, c est tellement beau qu on pourrait en faire une carte postale!». Une carte postale magnifique effectivement, en permanence dans ma tête. Du plus loin que je me souvienne, j ai toujours su une chose: je voulais pardessus tout travailler auprès des jeunes. Le camp m a montré que je pouvais aussi faire une différence dans la vie d un enfant sans être son médecin. Je me suis alors 3
arrêté sur ma propre vie, et j ai réalisé que, parmi les personnes les plus influentes de ma vie, je retrouvais beaucoup d enseignant(e)s. J ai eu la chance de participer au Pèlerinage Champagnat en 2007. Une belle expérience de vie encore une fois reliée au camp. J en ai appris davantage sur Marcellin et ses réalisations. Je connaissais Marcellin de nom, mais je ne connaissais pas l ampleur de ses actions à travers le monde. J ai aussi réalisé qu il était un modèle à suivre pour moi et que ses valeurs se rapprochaient grandement des miennes. Depuis le début de mon entrée dans la famille Mariste, il s est écoulé 3 ans. J en suis donc à mon 4 ème été, mon premier avec une équipe, un défi et une aventure. L été tire à sa fin au moment où j écris ces lignes et, bien que je n aie pas vu le temps passer, j ai vécu des moments plus difficiles que d autres et eu des équipes plus ardues que je ne me l étais imaginé ou que j aurais pu espérer. Chacun des jeunes des équipes que j ai eus a une place dans mon cœur et ils m ont tous marquée à leur manière. J ai dû faire face à des situations auxquelles je n avais jamais été confrontée et apprendre à relativiser lors de situations sur lesquelles je n avais pas d emprise. J ai versé bien des larmes, mais j'ai ri aux éclats à plusieurs reprises. J ai appris que, bien qu on le souhaite, qu on y mette toutes nos énergies, on ne peut pas «sauver» les jeunes de leurs malheurs. Chacun des jeunes est différent, chacun des jeunes a le pouvoir de nous faire vivre une expérience et des émotions différentes. Et peu importe la nature de celles-ci, ils ont tous droit à notre amour. Comme le dit Marcellin «Pour bien aimer les enfants, il faut les aimer et les aimer tous également». Notre tâche est de leur faire vivre un séjour mémorable de 6 à 12 jours qui leur permettra de penser à autre chose l espace d'un moment et de leur apporter des images de joie, de partage et de bonté. Ainsi, durant l année, s ils ont des moments noirs, ces images du camp pourront les réconforter. Octobre est à nos portes. Pour moi, c'est une deuxième année de baccalauréat en enseignement au préscolaire et primaire qui continue. Dans le 4
cadre d un cours de culture religieuse au primaire, je dois réaliser un travail sur une paroisse, communauté religieuse, personnage ) et avec l accord de mon enseignant je me pencherai sur nul autre que Marcellin Champagnat. Je pourrai ainsi en apprendre plus mais le faire découvrir aux gens de ma classe. Peu de gens connaissent cet homme et je pense qu en tant qu enseignants et enseignantes, ils devraient au moins savoir qui il était et connaître son nom. J ai déjà hâte à l été prochain et j espère être en mesure de revenir au camp et voir des centaines de petits yeux briller et entendre en cœur leurs voix qui chantent à tue-tête des airs inoubliables. 5