file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_intro.html Introduction : Démystifier la Météo! La météo est une science. Mais elle est trop peu considérée comme telle. Que ce soient les bulletins télévisés ou les dictons populaires, trop de moyens de communication de la météo rendent sa compréhension difficile et son appréciation aléatoire. Cela tient peut-être à ce que la prévision est trop couramment assimilée à un jeu de hasard. Il faut rétablir à ce propos quelques principes élémentaires. 1. La météo est une prévision. Ce n'est ni un pur hasard, ni une certitude. Elle s'appuie sur un calcul de probabilités, dont la fiabilité est mesurable. Il faut donc l'utiliser comme telle. 2. La météo repose sur des observations précises. Certaines sont faites directement, d'autres nécessitent des instruments. Mais toutes sont des mesures qui doivent être faites suivant des échelles les plus précises possibles. 3. La météo ne doit pas être incompréhensible. Il ne faut pas la rendre inaccessible à force de références scientifiques, sinon elle deviendra mystérieuse et impraticable. 4. Reposant sur des probabilités à partir d'observations précises de données simples, la météo reste malgré tout une affaire d'interprétation, puisqu'il ne s'agit pas de savoir ce qui se passe mais ce qui va se passer dans un avenir plus ou moins proche. Car notre but est de savoir le temps qu'il VA faire pour y adapter notre navigation. A partir de là, il y a un certain nombre de choses à savoir en météo pour comprendre et pratiquer ce dont nous avons besoin d'elle. Je propose d'organiser tout cela en trois séances d'apprentissage progressif. Chacune de ces séances correspond : à un degré de pratique de la voile, à une prévision de plus en plus lointaine, à une connaissance de moyens d'observation de plus en plus nombreux pour une interprétation de plus en plus fine. La première séance sera celle de la prévision du jour, grâce à la prise du bulletin météorologique quotidien, vérifiée par l'observation des phénomènes climatiques sur place. Cela correspond à une navigation côtière à la journée. La seconde séance peut étendre cette prévision à ce qui va se passer le lendemain, en appui sur la lecture du baromètre, l'observation des vagues et du système nuageux et la lecture des cartes météo. Cela s'applique à la préparation d'une navigation, y compris partiellement de nuit. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_intro.html (1 of 2) [20/05/2002 21:26:33]
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météo : les bases Première séance : la météo du jour 1/ Comprendre le langage des prévisionnistes : Le jour où l'on décide de naviguer, on va d'abord prendre la météo, soit à la radio ou au téléphone, soit à la capitainerie du port, soit encore sur internet, si on peut. Même un marin débutant doit savoir à la lecture du bulletin s'il peut naviguer ce jour-là ou pas. La donnée de base est l'échelle de Beaufort. Expliquer l'échelle de Beaufort : On ne se contente pas de la donner; il faut l'expliquer. L'échelle complète (telle qu'elle est reproduite sur le Cours des Glénans, dans le Marin Breton et le Bloc Marine, etc...) ne donne pas seulement une graduation des forces de vent, mais aussi l'état de la mer correspondant. Il faut aussi expliquer quelles sont les conditions de navigation que chaque degré de cette échelle implique, pour la voilure, pour négocier les vagues. Cela dépend certainement des bateaux : par exemple, un dériveur, même habitable, devra réduire sa toile beaucoup plus facilement qu'un quillard. Valeurs de l'échelle et variations du vent : Il faut donc expliquer ce que signifie «force 7 établi» : la force d'un vent prévu par la météo n'est pas la force maximale, mais la force moyenne du vent. Les risées et les rafales peuvent atteindre jusqu'à 2 degrés de plus que celui qui est annoncé par la météo. «Force 7 établi» signifie donc que le vent, dans les rafales, souffle fréquemment à 8, et parfois à 9. Dans ces conditions de vent, un bateau à voile de moins de 9 mètres n'est pas manoeuvrant, c'est l'évidence! Il faut expliquer aussi quelle force de vent les différents supports sont capables de tenir : un dériveur ou un catamaran de sport restent maniables jusque force 5; à force 6 ils peuvent encore étaler mais manoeuvrent difficilement; à force 7 ils ne sont plus du tout manoeuvrants. un croiseur de 9 mètres de long (sauf certains modèles, comme le Pogo ou le Coco) sont manoeuvrants jusque force 6; à force 7 ils étalent mais manoeuvrent difficilement; à force 8, ils sont en situation de survie. un croiseur de plus de 9 mètres de long peut étaler des mers plus dures : à ce niveau, ce n'est plus le bateau qu'il faut prendre en considération mais l'équipage, sa compétence, sa résistance physique et morale, son expérience de ce genre de situations. L'état de la mer : Il faut aussi expliquer que l'état de la mer n'est pas toujours équivalent à la force du vent annoncée. Il y a donc une gradation de la description de la mer comme il y a l'échelle des vents. Mais cette gradation n'est pas chiffrée : ce sont des adjectifs, qui vont de mer «belle» à mer «énorme» : au delà de la poésie des adjectifs, il y a des repères assez précis qui sont la longueur et la hauteur des vagues. Voici la liste de ces adjectifs : Cela donne une idée de la mer ce jour là. Mais il faut encore expliquer que les vagues ne sont pas toutes de la même hauteur : toutes les 10 vagues environs, il en arrive de plus grosses (ce qui correspond au deuxième chiffre de hauteur donné dans le tableau). Si les vagues vont contre le courant, si elles passent sur un haut fond, elles se creusent et déferlent. A l'inverse, dans les baies, derrière les caps, sous le vent des îles, elles file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_1.html (1 of 5) [20/05/2002 21:26:46]
Untitled Document mer calme mer ridée mer belle hauteur = 0 m, aspect de miroir hauteur = 0.1 m, vaguelettes hauteur 0.1 à 0.5 m, petit clapot, vent force 2 mer peu agitée hauteur = 0.5 à 1.25 m, clapot avec quelques moutons, vent force 3 mer agitée hauteur = 1.25 à 2.5 m, moutons, vent force 4 à 5 mer forte hauteur = 2.5 à 4 m, vent force 6 mer très forte hauteur = 4 à 6 m, vent force 7 à 8 mer grosse hauteur = 6 à 9 m, vent force 9 mer très grosse hauteur = 9 à 14 m, vent force 10 à 11 mer énorme hauteur difficile à évaluer, force 12 file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/tableau1.html [20/05/2002 21:27:52]
météo : les bases s'adoucissent. L'état de la mer annoncé est celui qu'on observe au large sans tenir compte des irrégularités de la côte. Exercice 1 : relever la météo du jour et demander aux stagiaires si on peut naviguer ce jour là, comment ils doivent s'équiper et s'il faut prévoir une réduction de voilure. On reprendra pour cela la fiche ci-jointe qui indique toutes les données de la météo du jour susceptibles d'indiquer quel sera l'état de la mer et du vent. Exerrcice 2 : Quand on arrive sur l'eau, repérer l'aspect de la mer et chercher quel est l'adjectif qui y correspond dans le vocabulaire météo. 2/ Adapter les prévisions à la situation locale du moment. Sans entrer dans des explications théoriques au demeurant peu utiles, il faut savoir certains principes de base pour les appliquer à l'interprétation du bulletin météo et à l'observation du ciel et des instruments. Si l'on a cette intention, on se trouve souvent mis en difficulté pour expliquer aux stagiaires que la réalité n'est pas toujours conforme aux explications nécessairement un peu sommaires qu'on leur fournit. La météo est rarement stable. Dans la journée, elle évolue, que ce soit, sous anticyclone, l'alternance des brises thermiques, ou en situation dépressionnaire, l'évolution d'une perturbation associée. Il faut apprendre le principe de base: l'air froid et l'air chaud n'ont pas la même densité; cette différence de densité crée un vent (déplacement de particules d'air) et aussi des nuages et de la pluie (précipitation dûe à une augmentation de hygrométrie) les contacts entre l'air chaud et l'air froid ont lieu entre la terre et la mer et produisent la brise thermique; ils ont aussi lieu, à l'échelle du globe, entre la zone polaire et la zone tropicale dans l'espace constamment perturbé qu'on appelle très improprement "zone tempérée". Mais la rotation de la terre fait déplacer ces zones de contact vers la droite (en ce qui concerne les brises) et en général d'ouest vers l'est : ce qu'on appelle la force de Coriolis (les stagiaires en connaissent souvent le nom). Il faut en tirer immédiatement les premières conclusions, qui sont : que sous anticyclone, les variations diurnes de température de la terre (alors que la température de l'eau ne change pas) créent des vents locaux : d'un périmètre à l'autre, les heures et les directions des brises peuvent changer. Il faut se renseigner auprès des habitués. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_1.html (2 of 5) [20/05/2002 21:26:46]
météo : les bases Ci-dessus, le schéma classique d'explication de la brise thermique, selon lequel le vent serait perpendiculaire à la côte dans un sens comme dans l'autre. Or, dans la réalité, non seulement le vent tourne au fur et à mesure qu'il se renforce, puis faiblit, mais encore cela dépend aussi de la configuration de la côte, comme sur l'exemple ci-dessus qui prend en considération la situation sur la côte vendéenne. ***** Que les perturbations atmosphériques sont provoquées par les remous au contact des masses d'air chaudes et froides (image ci-jointe). Ces remous se déplacent vers l'est (dans l'hémisphère Nord) à file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_1.html (3 of 5) [20/05/2002 21:26:46]
météo : les bases une vitesse moyenne de 40 à 50 km/h. Ils évoluent en fonction des dépressions et des anticyclones qu'ils accompagnent, se renforçant quand la pression des dépressions est de plus en plus basse (ou celle des anticyclones de plus en plus haute). Le vocabulaires des météorologues est assez imagé : on dit qu'une dépression dont la pression baisse «se creuse» ou qu'elle «se comble» quand sa pression remonte, comme si c'était un trou! L'essentiel à retenir est que le déplacement de la perturbation est souvent plus rapide ou plus lent que prévu. Il faut donc relever dans le bulletin, avec le plus grand soin, les coordonnées des centres de haute et basse pression et l'heure de leur relevé, ainsi que la vitesse et la direction de leur déplacement. Il faut ensuite reporter cela sur une carte simplifiée de l'atlantique Nord. Exercice 3 : faire relever par les stagiaires le bulletin météo du jour, non seulement avec les indications sur l'état de la mer et du vent, mais aussi la "Situation générale et évolution". notions élémentaires indispensables dont il faut vérifier l'acquit pendant cet exercice : 1. la pression de l'air chaud est supérieur à celle de l'air froid; 2. la pression de l'air se mesure en HectoPascal (hpa); 3. la pression moyenne de l'air est de 1014 hpa; 4. deux masses d'air de densité différentes, bien que toutes deux composées de gaz, ne se mélangent pas plus que de l'eau avec de l'huile; 5. ce qu'on appelle "front polaire" est la zone de contact entre l'air tropical chaud, dense, et contenant beaucoup d'humidité (en moyenne 20 C, capable de contenir 1,5% d'eau à 1000 hpa sans provoquer de précipitation) et l'air polaire froid, de faible densité et beaucoup moins humide (en moyenne 0 C, capable de contenir seulement 0,4 % d'eau à 1000 hpa sans provoquer de précipitation) Alors on pourra sensibiliser les stagiaires à l'importance d'un relevé régulier du baromètre du bord (ou de la base). Et on donnera comme indication qu'il s'agit moins de noter la valeur absolue observée que la différence de pression entre deux relevés : une baisse de 2 hectopascals en 1 heure annonce l'approche d'un grand frais; une baisse de 3 hectopascals dans l'heure, c'est un coup de vent. Il faut aussi leur faire savoir que la baisse régulière du baromètre de 6 hpa en 6 heures donne une forte probabilité d'un vent égal au moins à force 6; si la baisse est égale ou supérieure à 10 hpa en 6 heures, le vent peut être de force 8 au moins. Il faut encore être attentif à des indices comme : -- une baisse du baromètre plus importante que celle qui est annoncée par la météo -- une baisse du baromètre de 5 hpa en deux heures -- un baromètre très bas alors que le vent est toujours au Sud-Est, ce qui signifie que le centre de la dépression n'est pas encore passé Ces indices signifient que la perturbation qui approche se creuse brusquement et qu'il va se passer quelque chose de grave. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_1.html (4 of 5) [20/05/2002 21:26:46]
météo : les bases Exercice 4 : faire relever régulièrement par les stagaires l'évolution du baromètre heure par heure à l'approche d'une dépression. Si on est en stage à terre, il existe sur les bases des baromètres graphiques dont on peut se servir pour observer le profil barométrique d'une dépression, comme ci-dessous : file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_1.html (5 of 5) [20/05/2002 21:26:46]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html Seconde séance : la météo du lendemain Il s'agtit moins de découvrir le B-A-BA du bulletin météo que d'apprendre à le pratiquer de manière approfondie. Néammoins, il faudra aussi en profiter pour apprendre les rudiments de la lecture d'une carte météorologique Pour sensibiliser les stagiaires à la nécessité d'acquérir ce savoir, il faut les placer dans la situation d'attendre l'approche d'une perturbation annoncé. Dans cette situation, évidemment, il faut s'attendre à ce que le vent et les vagues se renforcent. Mais cela peut arriver plus vite ou moins vite que prévu. Il faut donc connaître les signes annonciateurs de la tempête. Cette leçon doit permettre aux stagiaires de faire une corrélation entre les signes qu'ils peuvent directement percevoir par eux même et les prévisions météorologiques sur 24 heures. Cela implique deux sortes de savoirs : les savoirs qui concernent la lecture et l'interprétation de la carte météorologique du périmètre de navigation les savoirs qui concernent les signes annonciateurs du changement de climat dans l'environnement Pour le premier savoir requis, on devra se procurer pour cet enseignement une carte météorologique récente de l'europe occidentale, et un bulletin météorologique écrit et complet. Il faudra également s'assurer que les stagiaires connaissent les symboles couramment en usage sur les cartes météo, et pas seulement les isobares (voir un récapitulatif ci-dessous). vent de direction variable et de force quasi nulle vent d'ouest de 5 noeuds Front froid (l'air froid est poussé par dessous l'air chaud) Front chaud (l'air chaud est poussé par dessus l'air froid) file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html (1 of 5) [20/05/2002 21:26:59]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html vent de Sud de 10 noeuds vent de Sud Ouest de 25 noeuds vent de Nord Ouest de 50 noeuds vent de Nord de 65 noeuds Front stationnaire Front occlus (les fronts froid et chaud sont confondus; la dépression se comble) Anticyclone A (en France) H (en Angleterre) Dépression D (en France) L (en Angleterre) En ce qui concerne le second savoir requis, il est très insuffisant de montrer le schéma classique qui se trouve dans tous les manuels (à commencer par le Cours de Navigation des Glénans) sur lequel on voit un beau dessin des systèmes nuageux successifs d'une dépression. Cela est trop souvent bien loin de la réalité, et cela ne permet pas de faire la liaison entre la carte météo et le paysage. Il faut procéder ensuivant 2 étapes : 1 /.La première correspondance qu'on peut faire entre la carte et les observations est que les vents varient en force et en direction selon deux séries de paramètres : ils sont d'autant plus forts qu'ils sont proches d'un centre de basse pression (ou dépression); ils sont également d'autant plus forts que la distance entre deux isobares est faible (autrement dit que les isobares sont plus resserrés sur la carte, ce qui correspond sur le baromètre à une chute plus rapide de la pression. On peut mesurer la distance entre deux isobares en degrés de latitude; entre deux isobares de 10 hpa de différence, une distance de 9 équivaut à un vent de 10 noeuds. Le tableau suivant donne l'évolution de la force du vent en fonction de celle de la distance entre deux isobares... (attention, il n'est valable que pour l'atlantique et la Manche). file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html (2 of 5) [20/05/2002 21:26:59]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html différence de pression (ou "gradient") distance (en degrés de latitude) vitesse du vent 10 hpa 7 15 noeuds 10 hpa 5 20 noeuds 10 hpa 4 25 noeuds 10 hpa 3 30 noeuds 20 hpa 5 35 noeuds 20 hpa 4 20 hpa les isobares sont si serrés qu'on ne peut pas voir grand chose 40-45 noeuds... [Astuce : on peut mesurer la distance en degrés avec un compas à pointe sèche, mais ce n'est pas très commode, dautant plus que la projection cartographique utilisée couramment pour les cartes météo n'est pas la projection mercator (celle dont les lignes de latitudes sont parallèles) mais la projection stéréographique (dont les lignes de latitudes sont incurvées); on peut aussi utiliser une petite bande de papier qu'on gradue en degrés et la faire glisser sur la carte dans tous les sens pour mesurer ce qu'on veut. On notera que les cartes anglo-saxonnes ont leurs isobares écartées de 4 en 4 hpa, tandis que les autres cartes ont leurs isobares écartées de 5 en 5 hpa.] leur direction est quasiment tangente aux isobares ;les vents tournent donc autour du centre de haute pression dans le sens des aiguilles d'une montre ; ils s'écartent de l'anticyclone et se dirigent vers la dépression. Mais, autour des dépressions, le vent tourne en sens inverse des aiguilles d'une montre. C'est la loi de Buys-Ballot (qui ne s'applique pas à proximité de l'équateur et dans les régions au relief accidenté, comme en Méditerranée, dans les détroits...). Sur l'eau, on peut évaluer l'approche d'une dépression en voyant donc changer la direction du vent, mais cela dépend si l'on se trouve au Nord ou au Sud du centre de basse pression : Si l'on se trouve au Nord de la dépression, le vent sera d'abord Sud-Est, puis Est, et enfin Nord-Est Si l'on se trouve au Sud de la dépression, le vent sera d'abord Sud, puis Sud-Ouest et enfin Nord-Ouest. 2 / La deuxième correspondance qu'on peut faire entre l'observation directe et la prévision météo, c'est celle qui met en relation l'observation des nuages, qui sont les signes d'une perturbation dans l'atmosphère, avec la lecture des fronts de perturbation sur la carte. On établit d'abord la différence entre les grandes familles de nuages. Autant il est difficile d'identifier précisément telle ou telle sorte de nuage à partir des photos des manuels, autant il est facile de les classer en fonction de la nature des fronts qui modèlent leurs formes : file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html (3 of 5) [20/05/2002 21:26:59]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html les nuages de haute altitude, souvent en forme de voiles, appelés "cirrus". Leur présence peut, sous certaines formes, annoncer l'approche d'"une perturbation, les nuages allongés horizontalement, comme des strates, appelés "stratus", qui se trouvent le plus souvent au contact d'un front chaud les nuages qui montent en hauteur et s'accumulent, appelés pour cela "cumulus", et qui se trouvent le plus souvent sur les fronts froids On trouve alors des nuances selon l'altitude ou la combinaison de plusieurs types (comme le "stratocumulus"). A partir de là, on peut voir venir d'assez loin les fronts en observant l'approche des formations nuageuses correspondantes, comme cela est décrit sur le tableau suivant (on a placé également en correspondance sur le même tableau, l'évolution du baromètre et l'état de la mer et du vent) : Selon la situation concrète dans laquelle on se trouve, on peut induire de l'observation du phénomène quelques règles générales simples (et alors on partira des observations) ou bien présenter les principes au cours d'un topo illustré par les manuels et en déduire des observations ultérieures. C'est, là encore, la météo du moment qui commande. La fiche proposée ci-dessous permet de suivre les deux démarches : elle peut être remplie pendant une observation de l'environnement, puis comparée à la carte météo pour conclure à une estimation de l'évolution du temps depuis elle peut être utilisée après un topo sur la question pour pointer quels sont les signes repérables dans l'environnement qui correspondent à un stade de l'évolution de la météo. Une fois qu'on a fait cela, on peut alors initier les stagiaires à l'ajustement des prévisions selon le périmètre de navigation où l'on se trouve. J'ai reporté sur la fiche ci-jointe : file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html (4 of 5) [20/05/2002 21:26:59]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/tableau2.html Tableau des signes d'évolution d'une perturbation en milieu atlantique Nord [en milieu méditerranéen, la forme des nuages annonciateurs et les types de perturbation sont différents, selon qu 'on a affaire à un coup de Mistral ou Tramontane ou à un coup de Sud Est] Etape Force moyenne du vent vagues Nuages et précipitations température baromètre 1/ l'approche 3, Ouest Peu agité Petits cumulus en basse altitude, cirrus en haute altitude, très bonne visibilité fraiche En baisse lente 2/ Le ciel se couvre 4, Ouest-Sud- Ouest Moutons fréquents Le soleil est voilé, plafond nuageux assez haut, visibilité bonne douce En baisse nette 3/ Grand frais 6, Sud-Ouest Mer formée Plafond bas, pluie continue, visibilité réduite à 3 milles tiède En baisse rapide 4/ coup de vent Égal ou > à 7, Ouest-Sud-Ouest Mer forte à grosse Plafond bas et sombre, pluie forte, de petits nuages noirs courent à grande vitesse et basse altitude tiède Atteint son plus bas 5/ front froid Beaucoup plus irrégulier (6 en moyenne, mais 8 ou plus sous grains) La mer reste forte Éclaircies dans le ciel, stratus et bruine, puis grains sous cumulo-nimbus Fraichit brusquement Remonte un peu, puis redescend un peu file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/tableau2.html (1 of 2) [20/05/2002 21:28:03]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/tableau2.html 6/ la traîne Force 5, mais surtout bascule nette à l'ouest puis au nord ouest Mer encore agitée et confuse, houle résiduelle de Sud-Ouest croisée avec le clapot du vent Cumulus et averses fréquentes Très fraiche remonte On concluera de ce tableau qu'il faut savoir reconnaître quatre types de nuages : les cirrus, les stratus, les cumulus et les cumulo-nimbus. Cela doit être suffisant. On ajoutera que c'est la combinaison de plusieurs abservations et non une seule qui permet d'identifier à quelle étape on se trouve : nuages + vagues + force du vent + direction du vent + température + baromètre. Ce sont donc tous ces signes qu'il faut relever et noter sur le livre de bord quand l'approche d'un coup de vent est annoncée à la météo. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/tableau2.html (2 of 2) [20/05/2002 21:28:03]
Untitled Document Fiche d'observation de l'état de la mer et du vent Heure de l'observation couverture du ciel (en octas) direction de déplacement des nuages type de précipitation (s'il y a lieu) température (en hausse ou en baisse) direction du vent (vent réel) force du vent (bateau arrêté) direction des vagues (si elle est différente de celle du vent) aspect des vagues visibilité Comparer avec les indications du bulletin météorologique: direction du vent vitesse du vent état de la mer annonce de précipitations particulières visibilité file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/f_meteo1.html (1 of 2) [20/05/2002 21:39:10]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html les deux temps de l'exercice, qui devrait pouvoir être répété tous les jours au cours d'un stage découverte ou manoeuvre de niveau 3 voiles au moins, en faisant tourner les stagiaires. Dans un premier temps, on répète l'exercice précédent ( parties 1 A et 1 B de la fiche) qui permet de vérifier l'heure réelle du changement de temps annoncé Dans un second temps, (parties 2 A et 2 B de la fiche) on évalue la force réelle du vent et de la mer qu'il y a par rapport aux prévisions, donc celle qu'il y aura par la suite Ainsi, au lieu de dire, comme je l'ai entendu trop souvent, que les prévisions de météo-france sont nulles, on saura réellement comment s'en servir. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_2.html (5 of 5) [20/05/2002 21:26:59]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html Troisième séance : la météo à trois jours La difficulté, ici, n'est pas tant de jouer les prévisionnistes que de procéder avec rigueur : il faut se méfier des gens qui font les "savants" avec une carte météo, et encore plus des revues qui montrent des photos satellite et des cartes illisibles en nous faisant croire qu'on saura mieux nous adapter au temps qu'il fera de cette façon. L'approche de la prévision à long terme passe obligatoirement par la carte météo, mais elle nécessite un préalable incontournable : la maîtrise de la météo du jour et de celle du lendemain (voir les 2 leçons précédentes). Mettons-nous, comme d'habitude, en situation : nous sommes censés partir en croisière pour plusieurs jours, par exemple de l'autre côté du channel. Le temps est maniable, mais va-t-il le rester longtemps? Quelques préalables : La première règle est de faire une confiance relative aux prévisions météorologiques...qui sont, comme chacun sait, relatives! On en a aujourd'hui les moyens : On peut prendre par radio la météo de France Inter et celle de la BBC On peut, sur internet, télécharger les cartes météo du jour sur plusieurs sites (pour l'europe, au moins, on dispose de celles de >MétéoFrance, de MétéoConsult, du Weather Forecast Britannique, et encore de la météo américaine pour l'atlantique). Quel intérêt? Il ne s'agit pas en effet de mesurer les nuances entre les cartes. Mais tout simplement de vérifier si les prévisionistes sont d'accord ou pas. S'ils sont d'accord, la prévision est fiable. S'ils ne le sont pas, il faut alors être très circonspect, et demander conseil. La seconde règle est de regarder une carte qui soit à l'échelle de la prévision qu'on veut avoir : plus on veut voir loin dans l'avenir, plus la carte doit être à petite échelle. En clair : Pour la prévision du jour, la carte de la France Pour la prévision du lendemain, la carte de l'europe de l'ouest Pour une prévision à trois jours, la carte de l'atlantique Au delà, pour ma part, je trouve qu'on peut aussi jouer aux dés ou allumer un cierge... Que faut-il voir sur la carte? Il ne s'agit plus de voir la situation actuelle, mais celle qui va se produire. Pour cela, il faut d'abord prendre en considération les cas possibles. Les analyses de cas qui sont présentées dans le Cours des Glénans montrent qu'il y a deux grandes familles de perturbations; elles dépendent surtout de la position de l'anticyclone: le cas le plus fréquent d'un passage de perturbation est celui d'une perturbation d'ouest ou de Sud Ouest, entre un anticyclone placé sur l'atlantique Sud (les Açores) et une dépression sur l'atlantique Nord (l'islande). La perturbation est de Sud Ouest quand l'anticyclone se déplace file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html (1 of 6) [20/05/2002 21:27:12]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html et se centre sur la péninsule Espagnole. Elle peut être de Nord Ouest, si l'anticyclone remonte vers le centre de l'atlantique Nord on peut rencontrer une perturbation de Nord Est, en automne surtout, à cause d'un anticyclone placé sur l'ecosse et la Scandinavie, tandis qu'une dépression couvre le Sud de la France, provoquant un grand frais de Nord Est en Mer Manche. Cela peut être aussi, en hiver, une perturbation d'est, si l'anticyclone s'étend sur toute l'europe du Nord, provoquant un flux de Nord qui peut se prolonger en coup de mistral. enfin il faut citer les conditions favorables à un coup de mistral classique : anticyclone sur le Sud Est de la France, dépression sur le golfe de Gênes! Il faut donc d'abord rechercher l'anticyclone. Ensuite, il faut localiser les dépressions, non pas celle qui est active et qui sévit déjà sur nous, mais cellesqui sont en formation au loin. Voici deux perturbations naissantes, enregistrées en février 2000 dans l'atlantique. Celle qui est au centre de la carte sur terre neuve (995 hpa) ne parvient pas à se former complètement : elle descendra vers le Sud Est en se comblant. Celle qui est à l'ouest n'est pas très creuse (1010 hpa) mais elle est déjà complètement formée. Elle va traverser rapidement l'océan et générer une tempête violente sur la Bretagne Nord deux jours plus tard. Interpréter? NON! Prévoir? OUI! L'interprétation des cartes météo est difficile : comme on vient de le voir ci-dessus, il y a plusieurs possibilités ouvertes à chaque configuration, et si on peut définir des cas possibles, leur évolution est infiniment variable. On évitera donc les interprétations hâtives. Par contre, on saura reconnaître si on se trouve dans une situation anticyclonique ou dépressionnaire, si le temps qui s'annonce est très perturbé ou non. Prenons simplement le cas le plus fréquent, un flux d'ouest en hiver. Les 3 cartes qui suivent se succèdent de 24 heures en 24 heures... file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html (2 of 6) [20/05/2002 21:27:12]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html La situation de départ, si on applique la méthode indiquée ci-dessus, montre un anticyclone (1020 hpa) sur la Méditerranée et une dépression bien creuse sur l'irlande. Nous somme en plein sur un coup de vent de Sud Ouest. La question est : cela va-t-il durer? Peuton espérer une amélioration prochaine? On observe à l'ouest de cette dépression d'irlande une seconde dépression en formation au large de Terre Neuve. Mais elle est bien au Nord et ne paraît pas très inquiétante. Par contre, très loin au Sud Ouest, quelques traces apparemment bénignes peuvent faire craindre une suite de perturbations. Cela dépendra en réalité de l'anticyclone: à quelle latitude est-il situé? Quelle est sa pression? Quelle est son étendue? Un exercice intéressant peut être fait avec les stagiaires : schématiser sommairement sur une feuille de papier le système formé par l'anticyclone, les dépressions et figurer l'isobare des 1015 hpa qui les sépare. Figurer également sommairement leur situation en latitude et longitude (si possible). La principale utilité de cet exercice est d'apprendre à lire cette carte et à en retenir l'essentiel. Celui qui sait le faire pourra ensuite comparer avec les cartes suivantes. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html (3 of 6) [20/05/2002 21:27:12]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html La carte du lendemain confirme hélas ces craintes : la zone anticyclonique s'est étendue à tout l'atlantique Sud, avec la formation d'un nouveau centre de haute pression. Du coup, alors que la dépression d'irlande se comble lentement et que celle de Terre Neuve meurt sur place, une dépression apparaît à l'ouest, là où, la veille, il n'y avait que quelques traces. Il est donc très possible que cette "petite" dépression prenne la succession de la dépression d'irlande, mettons... quarante huit heures plus tard. Il est donc pertinent de disposer de deux cartes successives pour mieux voir l'évolution des dépressions naissantes à l'ouest de l'atlantique. On confirmera cette prévision par la lecture des prévisions météo à 5 jours, fournie par plusieurs prévisionnistes. C'est très possible en début de stage, le samedi et le dimanche matin. La carte ci contre, qui est celle du surlendemain, montre bien que la prévision était malheureusement bonne : l'anticyclone s'est solidement installé, et un flux puissant de dépressions s'est créé. Cà va bastonner! Si on était parti pour batifoler en Mer d'iroise ou vers les Scilly, on peut raisonnablement se demander si on n'était pas trop optimiste. Par contre, si on a été plus prudent, au risque d'apparaître comme timoré, on va pouvoir affiner le programme... file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html (4 of 6) [20/05/2002 21:27:12]
file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html Car le BMS n'est pas pour tout de suite : le temps est dur mais encore maniable pour environs 24 heures. Le temps de rejoindre un périmètre abrité où on pourra naviguer un peu malgré le mauvais temps. Car, comme le dit un dicton célèbre sur les catways : "qui trop consulte la météo, navigue de bistrot en bistrot!" Ce qu'il faut faire alors, c'est revenir aux acquits de la leçon précédente (n 2) et adapter les prévisions au périmètre de navigation choisi pour trouver où on peut naviguer.. Conclusion de cet exemple, qui peut être généralisable : il est possible d'établir une grille de questions à se poser à chaque fois qu'on regarde un tel document. En voici un exemple, qui peut être adapté, modifié, enrichi avec les stagiaires : 1. on repère les anticyclones 2. la carte montre-t-elle un flux de perturbations? 3. on essaye de déterminer la force et la direction des vents. 4. on localise les flux de dépressions en intensité et en direction. 5. Quelle est la direction dominante de ce flux dans les jours à venir? [On peut appliquer pour le savoir la "règle de l'isobare du secteur chaud": quand une dépression se déplace, son centre se déplace dans les prochaines 24 heures dans la direction des isobares du secteur chaud, dans le sens du vent et à 0,8 fois la vitesse du vent. Mais quand la dépression est occluse, elle ralentit et devient stationnaire, mais les fronts continuent à se déplacer dans une direction perpendiculaire au front.] Ces questions peuvent déjà recevoir une réponse à la simple lecture du document : 1. Ensuite, on choisit une destination praticable 2. on adapte la prévision au jour le jour selon le périmètre de navigation de cette destination. Pour être plus précis dans les prévisions à long terme, il faudra être beaucoup plus compétent et/ou prudent. En tout cas, il faut disposer de données plus précises : les cartes de vents et les cartes d'altitude qu'on ne trouve pas gratuitement. Cela n'est d'ailleurs plus notre propos. file:///c /Mes%20documents/voile/nouveausite/meteo/m_3.html (5 of 6) [20/05/2002 21:27:12]