Caractérisation des prises accessoires dans la pêcherie au chalut de fond dans le Golfe de Gabès (Tunisie) et suggestions pour sa réduction

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1 Caractérisation des prises accessoires dans la pêcherie au chalut de fond dans le Golfe de Gabès (Tunisie) et suggestions pour sa réduction

2 Préparation de ce document Ce document a été préparé par des experts de l Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM) dans le cadre des projets MedPartnership Ensemble pour la Mer Mediterrannée et MedSudMed, gérés par l Organization des Nations Unies pour l Alimentation et l Agriculture (FAO), comme une contribution vers l usage durable des ressources vivantes de la Mer Mediterranée.

3 PARTIE 1 Rejets des organismes marins exploités dans la région du golfe de Gabès issus des opérations de chalutage benthique : Etat des connaissances et proposition de mesures de réduction PART 1 Discards of exploited marine organisms in Gabes gulf resulting from bottom trawling fishing activities: Current knowledge s and proposal of mitigation measures 1

4 INTRODUCTION GENERALE En Tunisie, le secteur de la pêche joue un rôle assez important dans l économie nationale. En effet, il assure actuellement une production annuelle de l ordre de tonnes d une valeur totale de millions de dinars tunisiens (Anonyme, 2010a). De plus, selon cette même source, ce secteur assure emploies directs répartis sur plus de unités de pêche. Par ailleurs, la région du golfe de Gabès est considérée parmi les zones de pêche les plus importantes du pays. Ses pêcheries font travailler barques côtière, 262 chalutiers, 128 senneurs et 33 thoniers et assurent une production annuelle en produits de la mer de tonnes, soit 40% de la production annuelle totale au niveau nationale (Anonyme, 2010a). D un autre côté, le chalutage de fond est relativement développé dans la région. Cependant, cette activité qui cible un nombre assez important d espèces benthiques, engendre des dégâts aux écosystèmes marins ainsi que la capture accidentelle d individus de poissons de petites tailles généralement non commercialisables sur les marchés et, par suite, sont rejetés de nouveau en mer, juste après leur capture par le chalut. Ce phénomène de rejets de petits poissons est assez fréquent dans toute la région méditerranéenne du fait de la nature multispécifique de ses pêcheries. D une façon générale, les informations scientifiques relatives aux quantités rejetées par le chalutage benthique en Méditerranée sont assez rares si non absentes. En Tunisie, particulièrement dans la région du golfe de Gabès, les seuls travaux qui ont directement traité le phénomène de rejets de petits poissons sont ceux de Ben Hadj Hamida (2004) et Jarboui et Zamouri (2004). Par ailleurs, d autres informations assez fragmentaires sont collectés lors des campagnes de la pêche expérimentale réalisée aussi bien à bord des navires océanographique de l INSTM ainsi qu abord des unités de la pêche professionnelle lors des opérations de suivi des campagnes de pêche à la crevette et du repos biologique dans la région du golfe de Gabès. A ce propos nous citons les travaux de Jaboui et al. (1999), Jabeur et al. (2000) et Ben Hadj Hamida et al. (2009). Le présent travail entre dans le cadre général des activités du projet MEDLEM en Tunisie. L objectif essentiel recherché est de faire un état des lieux sur le phénomène des rejets des organismes marins exploités par le chalutage benthique dans le golfe, étudier ses éventuels impacts aussi bien sur les ressources exploitables que sur les écosystèmes marins ainsi que de proposer des solutions, particulièrement techniques, pour minimiser aux maximum ce phénomène et réduire les dégâts causés par le chalutage benthique dans la région. Pour atteindre un tel objectif, le présent document s articule sur deux parties complémentaires à savoir une première phase de collecte et de synthèse des données disponibles sur le phénomène et une seconde phase de vulgarisation et de sensibilisation des différents intervenants dans le secteur (profession, administration et recherche scientifique) sur l importance des rejets et les éventuelles mesures de les réduire. 2

5 CHAPITRE 1 Généralités sur le Chalutage benthique dans la région du golfe de Gabès I- Introduction Depuis longtemps, le chalutage benthique a été parmi les activités de pêche la plus répondue dans la région du golfe de Gabès. Elle cible particulièrement des espèces benthiques relativement à haute valeur commerciale aussi bien de poissons, crustacés et céphalopodes. Actuellement, 252 chalutiers sont actifs dans la région représentant ainsi 61% du nombre total des chalutiers au niveau national. A la base des informations disponibles, ce premier volet de l étude donne une description assez générale et succincte du chalutage benthique dans le golfe. Il s intéresse particulièrement aux engins de pêche utilisés et leurs principales caractéristiques. De plus, nous donnons un aperçu assez général sur l activité de la pêche hauturière dans la région, particulièrement l évolution annuelle des débarquements des principales espèces et leurs structures démographiques. Nous décrivons également leur biologie et leur d exploitation par la synthèse des derniers travaux d évaluation des stocks effectués dans la région. A la fin de ce chapitre, nous attardons sur les principaux éléments de la réglementation de cette activité dans le golfe et sur les principaux résultats obtenus sur la sélectivité des chaluts utilisés. II- Type de chaluts de fond utilisés Dans la région du golfe de Gabès, les chalutiers utilisent deux types d engins de pêche. Le premier est le chalut crevettier particulièrement utilise dans les zones de faibles profondeurs et cible assez souvent la crevette royale Durant la campagne de pêche. L autre engin utilisé est le chalut à Grande Ouverture verticale (GOV). Ce dernier est utilisé généralement dans des profondeurs plus importantes et cible essentiellement les poissons démersaux (rouget, merlu, sparidés, ). Nous détaillons dans ce rapport certains aspects techniques de ces engins et nous attardons particulièrement sur les espèces ciblées II- 1 Le chalut Crevettier Dans la région du golfe de Gabès, le chalut crevettier était, pour une bonne période, pratiquement l unique type de chalut utilisé pour la pêche et du poisson de fond et de la crevette pendant et hors des campagnes de pêche des crevettes. Cependant plusieurs types de chaluts ont été utilisés dans le golfe de Gabès et sont encore en utilisation. En effet, George (1977) et dans le cadre d un projet PNUD a introduit ce type d engin dont la sélectivité est meilleure que le chalut de fond type «Méditerranéen» utilisé depuis les années 70 dans les pêcheries du golfe. La vulgarisation du chalut crevettier auprès des marins pêcheurs était rapide du fait de : la possibilité offerte de prolonger le temps du chalutage ; la réduction du temps de manœuvre ; la diminution du nombre de marins à bord ; l accroissement des captures surtout en crevette. Ce même filet s est avéré au début moins destructif que le précèdent avec un bourrelet de 16 mm de diamètre et une chaîne en guirlande au lieu du bourrelet de 30 mm de diamètre avec plombs et une chaîne fixée directement. Le chalut crevettier est actuellement l engin le plus 3

6 utilisé dans le golfe de Gabès. Les caractéristiques de cet engin diffèrent d une unité de pêche à une autre selon le désir du patron. Le statut du chalut reste toujours le même, mais les changements peuvent avoir lieu au niveau du maillage, du fil, de la longueur des pièces constitutives du chalut et de l armement (George, 1977). La forme générale est celle d un chalut floridien constitué de 4 faces; les faces supérieures et inférieures ont un maillage très faible allant jusqu à 24 mm de côté de maille (au niveau des ailes) et 20 mm (au niveau du sac, ce maillage peut arriver clandestinement jusqu à 13 mm). Les faces latérales ont le même maillage que le corps du chalut (fig.1). Pour le lestage du chalut crevettier, il y a quelques temps, on n utilisait que des bagues en plomb qu on sertisse autour du bourrelet. L emploie des bagues en plomb tend aujourd hui à être associé de plus en plus à des chaînes de 8 mm de diamètres fixées en guirlande et en double au niveau du bourrelet jusqu au bout des ailes avec des arcs de cercle de 15 cm, en outre, des bagues de plomb plus ou moins espacées sont serties autour du bourrelet sur toute sa longueur. Figure 1 : Plan de chalut crevettier de 13,5 m de type plat, en gréement double (Brabant et Nédélec, 1988) Fig. 1: Diagram of shrimp trawl (13,5 m), flat type in double-rig (Brabant and Nedelec, 1988). 4

7 Le chalut crevettier est généralement utilisé dans des profondeurs relativement faibles lors de la campagne de la pêche à la crevette (actuellement du 15 mai au 30 juin et du 15 octobre au 30 novembre de chaque année). Depuis son introduction dans la région du golfe de Gabès, le chalut crevettier cible particulièrement la crevette royale Melicertus kerathurus. Actuellement, en plus de cette espèce, ce chalut peut capturer de nombreuses autres espèces à savoir la crevette blanche Metapenaeus monoceros, les deux espèces de rouget Mullus barbatus et Mullus surmuletus, le pageot commun Pagellus erythrinus, la sole Solea aegyptiaca, les dentés Dentex sp., la saupe Sarpa salpa, le sparaillon Diplodus annularis, le marbré Lithognathus mormyrus, la daurade Sparus aurata, le petit pagre Pagrus caeruleostictis, les muges, les chiens de mer, les raies, la seiche Sepia officinalis et le petit poulpe Eledone moschata. II- 2 Le Chalut GOV Comme son nom l indique, le chalut GOV possède une grande ouverture verticale lui permettant de pêcher aussi bien les espèces de fond que celles qui décollent (M Rabet et al., 2003). C est un chalut à deux faces qui est caractérisé par un rapport largueur/hauteur plus faible que ceux des chaluts de fond classiques. Les ailes sont généralement larges et relativement courtes et les têtières sont souvent taillées obliquement pour former un V ouvert vers l avant (Brabant et Nédélec, 1988). En Tunisie, certains travaux scientifiques se sont intéressés à cet engin (George (1978), M hetli (1984) et M rabet et al. (2003). En effet, ce dernier a essayé deux modèles de chalut GOV : un chalut pour une puissance motrice de 600 C.V et un autre pour une puissance motrice de 900 CV. Nous donnons dans ce qui suit certaines caractéristiques techniques de celui relatif à 600 CV, du fait qu un nombre important des chalutiers opérants dans la région du golfe de Gabès et utilisant le GOV sont propulsé par un moteur ayant une puissance motrice égale ou voisine à 600 CV. Par comparaison aux chaluts utilisés par la profession, les chaluts essayés par Mrabet et al. (2003) sont constitués par des nappes de filet à grand maillage surtout au niveau des ailes. En effet, le maillage était de 200 mm. La figure 2 représente le plan du chalut essayé. 5

8 Figure 2 : Plan du chalut GOV conçu pour un chalutier dont la puissance motrice est équivalente à 600 CV (Mrabet et al., 2003) Fig. 2: Diagram of a GOV trawl designed for a trawler whose power engine is equal to 600 hp (Mrabet and al., 2003). Les panneaux utilisés au cours de cette étude menée par Mrabet et al., sont de type japonais super V d un poids et d une surface unitaire de 500 kg et 3,5 m². Par ailleurs, le gréement à trois entremise a été choisi pour mener cette étude dans le but de profiter de l avantage de l entremise du milieu qui permet de répartir les efforts de traction en trois point de chaque coté. Ceci offre une meilleure ouverture des mailles qui par conséquent augmente la hauteur de l entrée du chalut (Brabant et Nédélec, 1988). La figure 3 représente les bras, les entremises et les panneaux du chalut essayé. De plus, d après l auteur, le bourrelet est formé d un câble mixte de 32 mm de diamètre, supporte 23 chaînes en guirlande de 5,3 kg chacune soit un total 122 kg pour l ensemble du chalut. Sa flottabilité est assurée par des flotteurs en plastique de 20 cm de diamètre dont la flottabilité unitaire est de 2,9 kgf, supportant des profondeurs allant jusqu à 800 mètres. Ces flotteurs sont répartis ainsi : 11 garnissent la corde de dos, 17 le long de chaque aile et une au niveau de la têtière. Ainsi, un total de 47 flotteurs assurent une flottabilité totale de 136,3 kgf. 6

9 P ourcentag e (% ) Figure 3 : Bras, entremises et panneaux du chalut GOV essayé par MRABET en Fig. 3: Arms, bridles and GOV trawl doors experimented by MRABET in D une façon générale, le chalut GOV est utilisé par des profondeurs supérieures à 50 m, en dehors de la campagne de la pêche à la crevette. Dans la région du golfe de Gabès, le chalut GOV est capable de pêcher un nombre important d espèces. Nous citons particulièrement les deux espèces de rouget Mullus barbatus et Mullus surmuletus, le pageot commun Pagellus erythrinus, le merlu Merluccius merluccius, la sole Solea aegyptiaca, les dentés Dentex sp., la saupe Sarpa salpa, le sparaillon Diplodus annularis, le marbré Lithognathus mormyrus, la daurade Sparus aurata, le petit pagre Pagrus caeruleostictis, les muges, les saurels Trachurus sp., chiens de mer, les raies, la crevette royale Melicertus kerathurus, la crevette mouchetée Metapenaeus monoceros, la chevrette Parapenaeus longirostris, la seiche Sepia officinalis, le poulpe Octopus vulgaris, le petit poulpe Eledone moschata et le calmar Loligo vulgaris. III- Principales caractéristiques des chalutiers opérant dans la région du golfe de Gabès La pêcherie du golfe de Gabès compte actuellement 262 chalutiers dont 258 actifs en 2010 (Anonyme, 2010a). Cet effectif représente 60% de la flottille hauturière tunisienne totale. Nous donnant, dans ce qui suit un aperçu assez général sur les plus importantes caractéristiques des unités de la pêche au chalut dans la région du golfe de Gabès (longueur totale, tonnage, âge, puissance motrice, équipage et équipement). III- 1 Longueur Actuellement, les 262 chalutiers du golfe de Gabès ont une longueur moyenne de 23,4 m. La longueur maximale enregistrée est de 29,2 m alors que la minimale est de 18,2 m (Anonyme, 2011). Le noyau des chalutiers ont une longueur totale comprise entre 21 et 25 m (fig. 4) < >27 L ong ueur (m) 7

10 P ourcentag e (% ) P ourcentag e (% ) Figure 4 : Proportions en longueur des chalutiers de la région du golfe de Gabès (Anonyme, 2011). Fig. 4: Proportion in length of Gabes gulf trawlers (Anonymous, 2011) III- 2 Age D après la base de données de la DGPA, la flottille hauturière du golfe de Gabès est relativement âgée. En effet, en 2011, la quasi-totalité (environ 98%) avait plus de 20 ans, alors qu environ 50% de cette flottille avait plus de 30 ans (fig. 5) < >50 Ag e (années ) Figure 5 : Proportions en âge des chalutiers de la région du golfe de Gabès (Anonyme, 2011). Fig. 5: Proportion in age of Gabes gulf trawlers (Anonymous, 2011) III- 3 Tonnage La plus grande majorité des chalutiers de la région du golfe de Gabès ont un tonnage qui varie entre 50 et 110 tonneaux, avec un mode situé entre 70 et 90 tonneaux (fig. 6) < >110 J aug e brute (T X ) Figure 6 : Proportions selon le tonnage des chalutiers de la région du golfe de Gabès (Anonyme, 2011). Fig. 6: Proportion in tonnage of Gabes gulf trawlers (Anonymous, 2011) 8

11 P ourcentag e (% ) III- 4 Puissance motrice Plus de 85% des chalutiers du golfe de Gabès ont une puissance motrice supérieure à 350 CV avec une dominance de ceux dans la puissance varie entre 350 et 450 CV (fig. 7). Les plus puissants (> 550 CV) ne représentent qu environ 8% de la totalité des chalutiers du golfe < >550 P uis s ance (C v ) Figure 7 : Proportion selon la puissance motrice des chalutiers de la région du golfe de Gabès (Anonyme, 2011). Fig. 7: Proportion in engine power of Gabes gulf trawlers (Anonymous, 2011) III- 5 Equipage D après les derniers statistiques de la DGPA, le nombre de pêcheurs qui travaillent dans le secteur de la pêche hauturière s élève à marins (Anonyme, 2010a). Ceci ne représente que 12,4% de la population maritime totale de la région et 64% des marins pêcheurs hauturiers à l échelle nationale. Par ailleurs, le travail de recensement réalisé en 1998, a montré que cette population comprend des patrons de pêche, des mécaniciens et des marins avec des proportions respectives de l ordre de 8,1%, de 8,1% et de 83,8% de l effectif total (Anonyme, 1998). III- 6 Equipements Les plus récentes informations concernant les équipements disponibles à bord relatifs que se soit pour la navigation ou la détection figurent dans le tableau 1, (communication personnelle, 2012). Tableau 1 : Equipements de navigation et de détection des chalutiers Benthiques dans le golfe de Gabès. Table 1 : Navigation and detection equipments of benthic trawlers in Gabes gulf Equipements Taux d utilisation (%) GPS 100 Sondeur 100 Radar 65 Boussole 100 Système VHF 100 Système BLU 70 Antenne GPS avec Abonnement Météo 60 Congélation à bord 60 9

12 VI- Activité de chalutage dans la région du golfe de Gabès Dans la région du golfe de Gabès, le chalutage benthique est relativement développé. Rappelons que cette activité est assurée par environ 260 chalutiers. Les zones fréquentées sont assez diversifiées et assez étendues. Cependant, il faut noter que les profondeurs inférieures à 30 m sont interdites au chalutage durant toute l année par la réglementation de la pêche en vigueur (Article 34 de l arrêté du ministre de l agriculture du 19 décembre 2001, modifiant l arrêté du 28 septembre 1995, réglementant l exercice de la pêche (JORT, 2001)). De plus, les chalutiers sont également contraints de travailler dans des profondeurs supérieures à 50 m, uniquement pendant deux périodes qui correspondent à la saison de la pêche à la crevette durant laquelle, les chalutiers sont autorisés à pêcher par des profondeurs inférieures à 50 m mais qui ne dépassent jamais l isobathe 30m. Ces périodes de pêche (saisons de la pêche à la crevette) sont : o Du 15 mai au 30 juin de chaque année o Du 15 octobre au 30 novembre de chaque année En dehors de ces deux périodes, les chalutiers fréquentent des profondeurs supérieures à 50 m et peuvent atteindre des zones où la profondeur dépasse 250 m. Actuellement, les sorties en mer durent généralement et pour la majorité des chalutiers de la région du golfe de Gabès entre une semaine et 10 jours. Cependant certaines unités (Congélats) peuvent séjourner en mer pendant une période qui peut dépasser les 15 jours. Une première estimation du nombre de jours de mer effectués par la flottille chalutière de la région du golfe de Gabès dépasse les jours (communication personnelle, 2012). La durée du trait varie généralement selon la zone (profondeurs) et l abondance de la ressource. Elle est en moyenne de 2 heures de pêche effective pour la majorité des chalutiers de la région. Presque la majorité des chalutiers opérant dans la région du golfe de Gabès débarquent leurs produits dans le port le plus important de la zone à savoir le port de Sfax (photo 1). Cependant, deux ou trois unités débarquent leurs apports au niveau du port de Zarzis. 10

13 Photo 1 : Chalutiers benthiques accostés au port de Sfax. Photo 1 : Benthic trawlers accosted in Sfax port VI- 1 Captures et composition des principales espèces cibles Dans la région du golfe de Gabès, les chalutiers benthiques capturent un nombre relativement important d espèces démersales. En effet, du fait du caractère multispécifique de cette pêcherie, un seul coup de chalut peut ramener plus de 20 espèces commerciales. D après les dernières statistiques de la Direction Générale de la Pêche et de l Aquaculture (Anonyme, 2010b), nous avons dressé la liste (annexe 1) des différentes espèces débarquées par la flottille hauturière dans la région du golfe de Gabès durant l année VI 1-1 Captures des principales espèces Rappelons que les la ressource benthique de la région du golfe de Gabès est exploitée par deux métiers différents : la pêche artisanale ou pêche côtière utilisant un nombre important d engins de pêche (pêcherie fixe (charfia), filets (maillant et trémail), palangre, nasses, gargoulette, pêche à pied pour la palourde, ) et le chalutage benthique, sujet de notre étude. Nous donnons dans ce qui suit un aperçu assez générale sur les débarquements des espèces benthiques dans la zone d étude, tout en s attardant sur les plus importantes exploitées par le chalut benthique. D après les dernières statistiques de la Direction Générale de la Pêche et de l Aquaculture de l année 2010 (Anonyme, 2010a), les débarquements des espèces benthiques, tout métier confondu, étaient de tonnes (34% ramené par les chalutiers et 66% par les engins artisanaux ou côtiers). Ces débarquements représentent environ 26% de la production halieutique totale nationale obtenue cette année évaluée à tonnes (Anonyme, 2010a). Si on suit l évolution de la production des espèces benthiques dans la région du golfe de Gabès (fig. 8) durant la dernière décennie (Anonyme, ), nous pouvons constater que : 11

14 Production halieutique (tonnes) o Durant la période , les captures aussi bien des unités de la pêche côtière que celles des chalutiers semblent de stabiliser au alentour de tonnes. o Depuis cette année, nous avons constaté une nette réduction des débarquements des chalutiers et une légère augmentation de ceux de la pêche artisanale o Au courant de l année 2010, les débarquements des deux métiers enregistrent une nette augmentation qui pourrait être le résultat de l amélioration de l état des ressources démersales suite à l application en 2009 et 2010 de l arrêt biologique pour les chalutiers du golfe P. Côtière P. Chalut Total Années Figure 8 : Evolution annuelle de la production des espèces benthiques (côtière et chalutage) dans la région du golfe de Gabès ( ) (Annuaires statistiques de la DGPA, ). Fig. 8 : Annual evolution of the production of benthic species (inshore and trawling) in Gabes gulf ( ) (DGPA Statistical Yearbooks, ) Par ailleurs, le tableau 2 récapitule les débarquements des 20 premières espèces capturées par le chalutage benthique dans le golfe de Gabès durant l année 2010 (Anonyme 2010a). Presque 70% des débarquements des chalutiers sont assurés par 9 espèces à savoir : le rouget blanc, la seiche, le pageot, la crevette royale, le rouget rouge, le petit poulpe, le marbré, le poulpe et la crevette blanche. Tableau 2: Ventilation de la production halieutique des 20 premières espèces ramenées par les chalutiers du golfe de Gabès durant l année 2010 (Anonyme, 2010b). Table 2 : Ventilation of the fishery production of the top 20 species landed by the trawlers in Gabes gulf during 2010 (Anonymous, 2010b) Espèce Non français Production (kg) % Mullus barbatus Rouget blanc ,4 Sepia officinalis Seiche ,2 Pagellus sp. Pageots ,5 Melicertus kerathurus Crevette royale ,3 Mullus surmuletus Rouget rouge ,2 Eledone moschata Petit poulpe ,8 12

15 Lithognathus mormyrus Marbré ,9 Octopus vulgaris Poulpe ,6 Metapenaeus monoceros Crevette blanche ,4 Spicara sp. Picarel ,0 Loligo vulgaris Calmar ,9 Trachurus sp. Saurel ,7 Solea aegyptiaca Sole ,7 Parapenaeus longirostris Chevrette ,5 Merluccius merluccius Merlu ,5 Mustellus sp., Squalus sp. Chien de mer ,4 Diplodus annularis Sparaillon ,3 Balistes balistes Baliste ,3 Mustellus sp. Roussette ,2 Epinephlus sp Mérou ,2 Raja sp. Raie ,2 Divers Divers ,4 Total Total ,0 VI 1-2. Principales caractéristiques biologiques Depuis plusieurs années, de nombreux travaux se sont intéressés aux études biologiques de la majorité de ces espèces. Les études ont concerné particulièrement le processus de la reproduction (sex-ratio, cycle sexuel, maturité sexuelle et fécondité), la croissance aussi bien linéaire que pondérale (lecture d âge et modélisation) et le régime alimentaire (étude qualitative, étude quantitative et variation selon le sexe, la taille et la saison). Par ailleurs, il est important de mentionner que les différents paramètres biologiques des principales espèces exploitées dans la région du golfe de Gabès ont été récemment réactualisés dans le cadre de l exécution du Programme National relatif à l évaluation des stocks des ressources halieutiques tunisiennes lancé, d une façon continue, depuis Ce programme, coordonné par le Laboratoire des Sciences Halieutiques de l Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM), est réalisé en étapes de 4 années consécutives. Les principaux résultats obtenus sur l aspect biologique figurent dans des rapports internes de l institut (Anonyme 2002, Anonyme 2006a, Anonyme 2006b et Anonyme 2010). Au total 41 espèces ont été étudiées, 32 espèces benthiques et 9 espèces pélagiques. Nous récapitulons dans l annexe 2, les principaux résultats relatifs à l étude de la reproduction, de la croissance et du régime alimentaire des plus importantes espèces aussi bien benthiques que pélagiques exploitées dans la région du golfe de Gabès. Il est important de signaler que les différents paramètres biologiques obtenus ont été d une grande importance. En effet, ils ont servi particulièrement à : Bien comprendre le fonctionnement des différents écosystèmes et habitas marins de la région. Proposer certaines mesures de gestion et d aménagement des pêcheries de la région. En effet, la taille minimale légale autorisée dans les captures se base 13

16 essentiellement sur les valeurs obtenues relative à la taille de la première maturité sexuelle. De plus, l instauration des campagnes de pêches ou des saisons de fermeture repose particulièrement sur le cycle sexuel des espèces concernées, entre autre, leurs périodes de reproduction Utiliser certains paramètres de croissance et de reproduction pour évaluer les stocks et se statuer sur leurs états d exploitation. VI 1-3 Structure démographique des principales espèces Les opérations de l échantillonnage biologique, particulièrement au niveau du port de Sfax, ont concerné les plus importantes espèces débarquées par la pêche au chalut. Ces opérations nous ont permis de dresser les structures démographiques des débarquements de ces espèces selon la saison (été, automne, hivers et printemps) au cours de l année Les espèces concernées sont : la crevette royale Melicertus kerathurus, la crevette blanche Metapenaeus monoceros, le rouget rouge Mullus surmuletus, le rouget blanc Mullus barbatus, le marbré Lithognathus mormyrus, le pageot commun Pagellus erythrinus, le merlu Merluccius merluccius, la sole Solea aegyptiyaca et la seiche Sepia officinalis. Nous donnons dans ce qui suit les exemples des structures de la crevette royale, de la crevette blanche et du pageot (figs. 9, 10 et 11). Les structures démographiques des débarquements des autres espèces sont mises dans l annexe 4. D une façon générale, les plus importantes constatations qui peuvent être retirées d une telle opération sont les suivantes : Pour les structures de la saison estivale, l échantillonnage n a concerné que le mois de juin étant donnée que la période du repos biologique instaurée pour les chalutiers s est étalée du mois de juillet jusqu au mois de septembre. De plus, la saison automnale ne couvre pas le mois de septembre pour la même raison. La structure des débarquements des différentes espèces semble varier d une espèce à l autre et d une saison à l autre. Les débarquements des deux espèces de crevette, de la sole, du pageot, du marbré et de la seiche semblent renfermer une proportion relativement faible d individus immatures. Par contre ceux du merlu et des deux espèces de rouget sont constitués d une proportion non négligeable et parfois importante d individus juvéniles. L été et l automne semblent être des périodes critiques pour certaines espèces, particulièrement le rouget blanc et la seiche 14

17 Figure. 9 : Structure démographique des débarquements de la crevette royale P. kerathurus capturée par le chalut benthique dans la région du golfe de Gabès (Eté et automne 2010). Fig. 9 : Demographic structure of the prawn shrimp M. kerathurus captured by the bottom trawl in Gabes gulf (summer and autumn 2010). 15

18 Figure. 10 : Structure démographique des débarquements de la crevette blanche M. monoceros capturée par le chalut benthique dans la région du golfe de Gabès (Eté et automne 2010). Fig. 10 : Demographic structure of the white shrimp M. monoceros captured by the bottom trawl in Gabes gulf (summer and autumn 2010). 16

19 Figure. 11 : Structure démographique des débarquements du pageot commun P. erythrinus capturée par le chalut benthique dans la région du golfe de Gabès (Hiver, Printemps, Eté et automne 2010). Fig. 11 : Demographic structure of the common Pandora P. erythrinus captured by the bottom trawl in Gabes gulf (Winter, Spring, Summer and autumn 2010). VI 1-4 Etat d exploitation des principales espèces benthiques du golfe de Gabès Les ressources halieutiques des eaux tunisiennes, particulièrement celles de la région du golfe de Gabès ont fait l objet de nombreux travaux de recherche scientifiques. En effet, d après les résultats obtenus par la plus part de ces études scientifiques menées, les stocks des principales espèces démersales exploitées dans la région commençaient à montrer des signes de surexploitation depuis le début des années 90. Parmi ces études, nous citons particulièrement celles de Missaoui et al. (1991) ; Ben Mariem (1992) ; Ghorbel et Bouain (1992) ; Ghorbel (1996) ; Ghorbel et al. (1997) et Jarboui et al. (1998). Ces études ont même démontré que ces signes de surexploitation sont particulièrement causés par la pêche anarchique et par l action intensifiée des chalutiers sur les populations côtières. Par ailleurs, les derniers travaux des évaluations des stocks menés par le laboratoire des Ressources Marines Vivantes de l INSTM (Anonyme, 2010c) ont montré également qu une grande majorité des espèces démersales dans le golfe de Gabès souffraient de surexploitation parfois assez poussée (tab. 3). Cette surexploitation est engendrée, particulièrement, par la pêche illégale (pêche avec des engins interdis et dans des zones interdites) et par l intensification de l effort de pêche des chalutiers. En se basant sur ces résultats, la stratégie générale du gouvernement tunisien va dans le sens de protéger et de conserver les ressources démersales des eaux tunisiennes particulièrement dans les zones sensibles telles que le golfe de Gabès. De ce fait, elle a instauré, depuis l année 2009, une période de repos biologique pour les ressources et les écosystèmes de cette région, en interdisant le chalutage benthique par toutes les profondeurs et ce pour une durée de 3 mois (Loi N du 16 mars 2009, relative au régime du repos biologique dans le secteur de la pêche et son financement, JORT (2009)). Par ailleurs un effort particulier a été déployé dans l implantation des récifs artificiels, particulièrement anti-chalutage, dans les zones de faibles profondeurs de la région du golfe de Gabès. Tableau 3 : Etat d exploitation des principales espèces demersales exploitées dans la région du golfe de Gabès (Anonyme, 2010c) Table 3 : Exploitation stock statement of the main demersal species exploited in Gabes gulf (Anonymous, 2010c)..Zone Sous-exploitées Exploitation optimale Sur-exploitées Golfe de Gabès - Crevette royale - Poulpe - Seiche - Crevette blanche - Sparaillon - Pageot - Petit pagre - Rouget rouge - Rouget blanc - Denté - Serre - Daurade - Merlu - calmar 17

20 VI 1-5 Réglementation de l activité du chalutage benthique dans le golfe de Gabès En Tunisie, et particulièrement dans la région du golfe de Gabès, l activité du chalutage benthique (à l aide des arts traînants) est sujette à une réglementation de pêche assez stricte. Cette réglementation fixe le maillage, la zone et la période de l utilisation de ces engins de pêche. VI Maillage En effet, tout un chapitre de l arrêté du ministre de l agriculture du 28 septembre 1995 réglementant l exercice de la pêche (JORT, 1995) a été consacré à la définition et à la délimitation du maillage autorisé de la grande majorité des engins de pêche utilisés dans les pêcheries tunisiennes, entre autre le chalut benthique (tab. 4). De plus, le législateur tunisien a également spécifié les engins autorisés et les conditions de leur utilisation (zone, période, profondeur, ). Comme il a interdit l utilisation de certains moyens et engins de pêche tenant compte de leurs effets néfaste et destructeur des écosystèmes marins et des ressources marines exploitables (explosifs, produits chimiques, substances toxiques, mini chalut (Kiss), senne de plage (Hlig et Tilla). Tableau 4: Longueur minimale de maille des plus importants engins de pêche utilisés en Tunisie, plus particulièrement dans la région du golfe de Gabès (JORT, 1995). Table 4: Minimum legal mesh size of the main fishing gears used in Tunisia, particularly in Gabes gulf (JORT, 1995). Engins Espèces cibles Longueur minimale autorisée (de côté, mm) Filet maillant Démersales 30 Chalut benthique Démersales 20 Chalut pélagique Petits pélagiques 20 Senne Petits pélagiques 12 Senne Grands pélagiques 50 VI Tailles minimales de captures autorisées des espèces commerciales D une façon générale, la taille minimale autorisée dans les captures est fixée pour éviter la pêche des individus de petites tailles immatures et de leur donner la chance de se reproduire au moins une foie dans leur vie. C est ainsi que cette taille serait, de préférence, supérieure ou égale à la taille de la première maturité sexuelle de l espèce concernée. La législation tunisienne a fixé la taille minimale qu il est autorisé de débarquer de 37 espèces et genres marins et d eaux douces. Ces tailles comparées à celles de la maturité sexuelle des espèces concernées figure dans l annexe 3. D après l examen de ces tailles, nous remarquons que : Environ 78% (18 espèces) des tailles minimales autorisées sont adéquates pour une exploitation rationnelle puisqu elles sont supérieures ou égales à la taille de la première maturité sexuelle des espèces marines considérées. Parmi ces espèces, nous pouvons citer : le pageot, les deux espèces de rouget, la sole, la saupe, les deux espèces de rascasse, le marbré, le serre, le maquereau et la daurade. 18

21 Les tailles minimales de 6 espèces marines (merlu, sériole, loup, crevette royale, mérou et langouste) sont inférieures à la taille de leur première maturité sexuelle. Ceci pourrait être néfaste pour la pérennité de leurs stocks. 10 espèces ou genres figurent dans la liste des tailles minimales autorisées dans les captures alors que les données scientifiques relatives à leur maturité sexuelle ne sont pas encore disponibles au niveau des eaux tunisiennes. A titre indicatif, nous pouvons citer : l anguille, la liche, l espadon, le pagre et le thon rouge. Enfin, il est important de notre que cette législation mérite d être revue et réactualisée à chaque fois que de nouvelles données scientifiques sont obtenues. Pour cela, certaines autres espèces dont la biologie est bien connue devraient figurer dans cette liste. Nous citons, par exemple, la sardine, la sardinelle, l anchois, les deux espèces de caranx, le petit pagre, la belone, le brochet, le calmar, la chevrette et la crevette blanche. VI Campagne de la pêche à la crevette Rappelons que la pêche à la crevette à l aide des arts traînants de la première série n est autorisée dans la région du golfe par des profondeurs supérieures à 30 que pendant 2 périodes durant l année : o Du 15 mai au 30 juin de chaque année o Du 16 octobre au 15 novembre de chaque année VI Repos biologique Il faut rappeler que la conservation responsable des ressources halieutiques, particulièrement démersales et l aménagement et le développement durable de la pêche, se situe parmi les grandes lignes de la stratégie de la Tunisie pour le développement du secteur de la pêche dans le pays. Pour renforcer cette démarche et pour faire face au problème de surexploitation des ressources halieutiques démersales qui est survenue particulièrement dans la région du golfe de Gabès, la Tunisie a instauré, depuis l année 2009, une période de repos biologique dans la région (loi n du 16 mars 2009 (JORT, 2009)). Article premier : Est ajouté aux dispositions de la loi n du 31 janvier 1994 relative à l exercice de la pêche, un article 7 (bis) ainsi libellé : Article 7 (bis) : Le ministre chargé de la pêche peut instaurer par décision et après avis de la commission prévue au paragraphe premier de l article 7 de la présente loi le régime du repos biologique dans une zone déterminée pour une période limitée. On entend par régime du repos biologique, l arrêt obligatoire d une ou de plusieurs activités de pêche pour une période n'excédant pas trois mois renouvelable et dans des zones maritimes menacées d exploitation intensive ou de diminution de leurs ressources marines vivantes. En se basant sur cette nouvelle réglementation, les autorités compétentes ont interdit aux chalutiers tunisiens de pêcher dans toute la région sud de la Tunisie pendant une durée annuelle de 3 mois (juillet, août et septembre) de chaque année. L objectif principal de cette interdiction est la protection des écosystèmes sensibles et des ressources marines vivantes, particulièrement benthiques de la région. 19

22 VI 1-6 Etude de sélectivité L étude de la sélectivité du chalut de fond type crevettier utilisé dans la région du golfe de Tunis a été réalisée par MRABET (1994). Les principaux résultats obtenus sont représentés dans le tableau 5. Tableau 5: Paramètres de sélectivité des principales espèces capturées par le chalut crevettier dans la région du golfe de Tunis (Mrabet, 1994). Table 5 : Selectivity parameters of main species captured by the shrimp trawl in Tunis gulf (Mrabet, 1994). Espèces M (mm) L 50 (cm) MS (cm FS Rouget blanc 34,9 9,14 14,50 2,61 Pageot 34,9 13,34 14,10 3,80 Bogue 34,9 12,11 12,50 3,45 Merlu 34,9 11,48 29,00 3,29 M : ouverture de maille actuelle ; L 50 : longueur de sélectivité correspondant à 50% des individus retenus par la poche ; MS : Longueur totale de maturité sexuelle ; FS : Facteur de sélectivité Ces résultats ont montré que la sélectivité du chalut crevettier est faible puisque les longueurs L 50 des espèces les plus abondantes dans les captures sont largement inférieures aux tailles de maturité sexuelle des espèces considérées. Pour améliorer la sélectivité de cet engin et donner, de ce fait, plus de chance à ces espèces de se reproduire, l auteur suggère d augmenter le maillage jusqu au moins 48 mm (étiré). Ceci a été également confirmé par un autre travail scientifique réalisé sur la sélectivité du chalut crevettier en 1998 dans la région du golfe de Tunis (Mrabet, 1998). Cependant, ce dernier travail a montré que ce nouveau maillage reste insuffisant surtout pour une bonne exploitation du merlu. Par ailleurs, il est important de noter que pour essayer de résoudre le problème de rejets des petits poissons issus des opérations de chalutage benthique, particulièrement lors de la campagne de pêche de la crevette dans le golfe de Gabès, l INSTM a mis au point et a introduit un chalut sélectif à crevette (Anonyme, 2000). Ce dispositif sélectif, inspiré du modèle canadien, est composé d'une grille montée obliquement dans une section de la rallonge du chalut crevettier (fig. 12). La base inférieure de cette grille est attachée à un cadre métallique de 30 cm de largeur (trappe), attaché à son tour à la face inférieure de la rallonge du chalut. Contrairement à la grille canadienne, l'orifice d'évacuation, qui est de forme rectangulaire, est aménagé juste après la grille. Afin d'empêcher la sortie des crevettes et des poissons de taille commerciale du cul du chalut nous avons installé une nappe de filet à petit maillage formant une sorte de V avec la grille. Après leur passage à travers l entonnoir, les petits poissons passent à travers la grille et se trouvent en dehors du filet, Alors que les grands individus ne peuvent pas passer à travers la grille et seront guider vers la poche. Pour les crevettes, elles passent également dans la poche (ne sont pas de véritables nageurs). 20

23 Poche Ent onn oir Grille Sortie des petits sélective poissons Figure 12 : Principe général du fonctionnement du dispositif sélectif mis au point et essayé à l échelle expérimental par l INSTM (Anonyme, 2000). Fig. 12 : General of functioning of the selective gear developed and tested at experimental level by INSTM (Anonymous, 2000). De nombreux essais en mer ont été utilisés (photo 2). Les principales conclusions tirées d une telle expérimentations se résument comme suit: Réduction des quantités rejetées de petits poissons qui peut atteindre 60% par rapport au chalut ordinaire (sans dispositif). Difficulté de manipulation du dispositif à bord des unités de la pêche, ceci peut engendrer une perte du temps effectif de pêche Perte d environ 30% des quantités de crevettes par comparaison au chalut ordinaire. Amélioration très nette de la qualité des poissons et des céphalopodes pêchés. Cependant, il est important de noter que malgré une certaine réussite des expérimentations de ce nouveau dispositif, son essai à bord des unités de la pêche professionnelle, n a pas pu avoir lieu pour des multiples raisons. Photo. 2 : Grille INSTM et opération de pêche expérimentale du chalut sélectif à bord du N/O Hannibal (Anonyme, 2000). 21

24 Photo 2 : INSTM grid and experimental fishing operation of the selective trawl on bord of R/V Hannibal (Anonymous, 2000) V- Conclusion La région du golfe de Gabès occupe une position stratégique dans le secteur de la pêche en Tunisie. En effet, grâce à son aspect géomorphologique particulier, sa richesse biologique et la présence d une ressource halieutique assez importante, ce golfe constitue la région la plus importante pour la pêche maritime tunisienne. La production halieutique totale débarquée dans les ports de la région est en moyenne de tonnes ce qui représente plus de 40% de la production halieutique au niveau national (Anonyme, 2010a). Dans cette région, l activité de la pêche au chalut benthique est relativement très développée et elle est favorisée par une infrastructure portuaire formée de 3 ports (Sfax, Gabès et Zarzis) dont le plus important est celui de Sfax. En ce qui concerne les engins de pêche, la flottille hauturière utilise deux types de chalut : le chalut de crevettier, utilisé généralement dans les zones relativement côtières et le chalut à grande ouverture verticale (GOV), utilisé souvent dans des zones situées plus au large. Par ailleurs, la flottille hauturière du golfe est constituée de 262 chalutiers dont 254 étaient actifs en Le noyau des chalutiers ont une longueur totale comprise entre 21 et 25 m. Cette flottille est relativement âgée. En effet, en 2011, la quasi-totalité (environ 98%) avait plus de 20 ans, alors qu environ 50% de cette flottille avait plus de 30 ans. En terme de puissance motrice, plus de 85% des chalutiers sont équipés de moteur dont la puissance dépasse 350 CV avec une dominance de ceux dans la puissance varie entre 350 et 450 CV. De plus, le nombre de pêcheurs qui travaillent dans le secteur de la pêche hauturière s élève à marins (Anonyme, 2010a). Ceci ne représente, en fait, que 12,4% de la population maritime totale de la région et 64% des marins pêcheurs hauturiers à l échelle nationale. Les ressources halieutiques ciblées par la pêche hauturière dans la région du golfe de Gabès sont assez variées. Elle sont constituées de certaines espèces de crustacés (Crevette royale, crevette blanche et chevrette), de céphalopodes, particulièrement la seiche, le poulpe et le calmar et d espèces de poissons benthiques dont les plus importantes sont : le rouget blanc, le pageot, le rouget rouge, le marbré, le saurel, la sole, le merlu, le sparaillon, les chiens de mer et certaines espèces de raie. Par ailleurs, d après l élaboration des structures démographiques des principales espèces débarquées par les chalutiers de la région du golfe de Gabès, il s avère que la structure des débarquements des différentes espèces semble varier d une espèce à l autre et d une saison à l autre. Par ailleurs, les débarquements des deux espèces de crevette, de la sole, du pageot, du marbré et de la seiche semblent renfermer une proportion relativement faible d individus immatures. Par contre ceux du merlu et des deux espèces de rouget sont constitués d une proportion non négligeable et parfois importante d individus juvéniles. Enfin, il semble que la fin de l été et l automne sont des périodes critiques pour certaines espèces, particulièrement le rouget blanc et la seiche. En terme de seuil d exploitation, les plus récentes études scientifiques d évaluation des stocks menées par les équipe de recherche de l Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM), montrent que la grande majorité des espèces benthiques exploitées dans la région du golfe de Gabès sont en état de surexploitation. C est le cas, particulièrement, du pageot, du petit pagre, des deux espèces de rouget, du denté commun, du serre, de la daurade et du merlu. Par ailleurs d autres travaux ont montré que le maillage du chalut crevettier (40 mm 22

25 étiré) actuellement utilisé est insuffisant pour une exploitation rationnelle des principales espèces de poissons benthiques et ils ont suggéré de l augmenter pour devenir au moins à 48 mm (maille étirée). Cependant, il y a lieu de mentionner que les équipes de recherche de l INSTM ont mis au point un dispositif de chalut sélectif qui sera utilisé durant les campagnes de pêche à la crevette. Malgré les premiers résultats encourageants concernant la diminution des rejets des petits poissons au niveau de la pêcherie du golfe, la vulgarisation de ce dispositif au niveau des professionnels de la région n a pas été assurée. Enfin, il est important de signaler que cette activité de pêche hauturière est sujette à une réglementation de pêche assez stricte fondée essentiellement sur la fixation de certaines caractéristiques du chalut benthique utilisé, particulièrement le maillage de sa poche, sur la taille minimale légale de première capture des principales espèces ciblées et sur une campagne de pêche bien approprié par des fonds supérieurs à 30 m. De plus, durant ces dernières années et en se basant sur les recommandations de la recherche scientifique, les autorités compétente tunisiennes ont instauré une période de repos biologique durant 3 mois (juillet, août et septembre) de chaque année. En effet, durant cette période, tous les chalutiers de la région du golfe sont contraints de rester au port d attache et ils sont, par conséquent, interdits à la pêche. 23

26 CHAPITRE 2 Rejets des espèces commerciales par le Chalutage benthique dans la région du golfe de Gabès I- Introduction Le chalutage benthique dans le golfe de Gabès, malgré son rôle assez important au niveau de l économie national, engendre le rejet de quantités relativement importantes d organismes marins à intérêt commercial. Par ailleurs, depuis longtemps, le phénomène de rejet des espèces marines exploitées a suscité l intérêt de la plupart des scientifiques évoluant dans le domaine des études des pêcheries et leur aménagement. Cependant, les études scientifiques étaient rares et parfois fragmentaires. Certaines ont traité de l impact de ces rejets sur le devenir des pêcheries et de leurs écosystèmes, d autres se sont plutôt penchés sur l estimation des quantités en espèces commerciales rejetées en mer pour les incorporer dans les modèles d évaluation des stocks. Nous récapitulant, dans ce qui suit, les plus importantes informations disponibles sur le phénomène des rejets des espèces commerciales dans la région du golfe de Gabès selon les années et les saisons. Cette synthèse bibliographique sera renforcée par des données actualisées collectées par le biais de sorties en mer à bord des unités de la pêche professionnelle effectuées durant la période hivernale de l année II- Définition Le rejet des espèces marines à intérêt commercial, comme son nom l indique est constitué, généralement de petits individus des espèces commerciales, qui sont rejetés à la mer juste après l opération de trie des captures. Ces petits organismes capturés accidentellement, jugés sans valeur commerciale par les marins pêcheurs, les rejettent immédiatement à la mer après le triage de la capture à bord de l unité de pêche. Par ailleurs, la CGPM, dans son glossaire a définit le rejet (Discard) comme suit : "The proportion of the total organic material of animal origin in the catch, which is thrown away, or drumped at sea for whatever reason. It does not include plant materials and post harvest waste such as offal. The discard may be dead or alive" III- Espèces, quantités et structures démographiques Rappelons que le présent travail s appuie, d une part sur le dépouillement des informations issues aussi bien des campagnes de pêche expérimentale effectuées à bord des navires océanographiques de recherche qu à bord des unités de la pêche professionnelle. D autre part, cette synthèse a été complétée par la réalisation de trois sorties en mer à bord d un chalutier privé pour réactualiser l information. Ces sorties se sont déroulées au courant du mois de décembre 2011 et de janvier Par ailleurs, pour que notre diagnostic soit le plus correct possible, et selon la disponibilité de l information, nous avons abordé le phénomène de rejet des organismes marins en espèces commerciales de la région du golfe selon les saisons (Hiver, printemps, été et automne) et les années. 24

27 III- 1- Saison automnale (année 1998) En grande partie, les travaux de prospection et de chalutage expérimental ont été effectués à bord du bateau de recherche "Hannoun" de l Institut National des Sciences et Technologie de la Mer (INSTM) durant les mois d octobre et de novembre de l année 1998 (Jarboui et al., 1999). Au total 74 traits de chalut ont été effectués par des profondeurs comprises entre 15 et 50 m. Le tableau 6 récapitule les quantités rejetées des principales espèces commerciales ainsi que leurs indices d abondance (Rendement Horaire (RH)) correspondants. Tableau 6 : Principales espèces rejetées lors des prospections expérimentales à bord du "Hannoun" dans la région du golfe de Gabès (octobre et novembre 1998, Jarboui et al., 1999). Table 6 : Main discarded species during the experimental surveys on board of Research vessel "Hannoun" in Gabes gulf (October and November 1998, Jarboui and al., 1999) Espèces Quantité (kg) RH (kg/h) La crevette blanche Metapenaeus monoceros 923 8,6 Les gobies Gobius sp ,6 Le pageot commun Pagellus erythrinus 836 5,9 La bogue Boops boops 353 3,3 Le sparaillon Diplodus annularis 321 3,0 Le petit pagre Pagrus caeruleostictis 156 1,5 La seiche Sepia officinalis 112 1,1 Etant donnée que les opérations de la pêche expérimentale ont été effectuées dans des profondeurs relativement faibles, considérées comme zones de nurseries, les quantités de petits poissons rejetés en mer étaient relativement importantes. Les espèces les plus rejetées étaient essentiellement la crevette blanche, les gobies, le pageot commun, la bogue, le sparaillon, le petit pagre et la seiche. Cependant, il est à noter que la période de prospection coïncide avec celle du recrutement de certaines espèces comme le petit pagre, le pageot, le sparaillon et la seiche. Ces dernières sont rejetées à l état immature. Par contre, d autres sont rejetées à l état adulte telles que la crevette blanche, la bogue et les gobies et ceci est du à leurs faibles valeurs commerciales. III- 2- Saison printanière (année 2000) Les prospections et les opérations de chalutage expérimental se sont déroulées durant le mois de mai de l année 2000 à bord du navire océanographique de recherche Hannibal de l INSTM. Les engins utilisés sont le chalut de fond de type crevettier et le chalut de fond de type méditerranéen à Grande Ouverture Verticale (G.O.V.). En effet, le chalut crevettier a été utilisé essentiellement de nuit et principalement par des profondeurs inférieures à 50 m alors que le chalut GOV a été utilisé par des profondeurs supérieures à 50 m. Au total 72 traits de chalut ont été réalisés par des profondeurs comprises entre 15 et 256 m de profondeurs (Jabeur et al., 2000). Cette opération de pêche expérimentale a montré que les quantités rejetées en espèces commerciales étaient de 360 kg, soit un indice d abondance estimé à 8,2 kg/h. Les principales espèces rejetées sont représentées par le sparaillon avec 183 kg, la bogue avec 50 kg, le grondin avec 26 kg et le petit pagre avec 13 kg (tab. 7). Les rejets des espèces à haute valeur marchande 25

28 telles que le rouget, la sole, le pageot, le merlu, le poulpe, la seiche et la crevette étaient très faibles. Tableau 7 : Principales espèces rejetées lors des prospections expérimentales à bord du "Hannibal" dans la région du golfe de Gabès (mai 2000, Jabeur et al., 2000). Table 7 : Main discarded species during the experimental surveys on board of research vessel "Hannibal" in Gabes gulf (May, 2000, Jabeur and al., 2000) Espèces Quantité (kg) RH (kg/h) Le sparaillon Diplodus annularis 183 3,6 La bogue Boops boops 50 1,0 Le grondin Trigla sp. 26 0,5 Le petit pagre Pagrus caeruleostictis 13 0,3 Le saurel Trachurus sp. 9 0,2 Par ailleurs, il est important de noter que pendant la saison printanière, les rejets, formés généralement par des petits poissons, sont relativement faibles par comparaison à la saison automnale de l année III- 3- Saison automnale (année 2003) Lors de la période automnale de l année 2003 (septembre, octobre et novembre 2003), un suivi de l activité de chalutage benthique dans le golfe a été réalisé (Ben Hadj Hamida, 2004). En effet, l auteur et entant qu observateur à bord a pu collecter les informations sur les quantités rejetées par les unités professionnelles de chalutage benthique opérant dans le golfe de Gabès. Un total de 192 opérations de chalutage ont été réalisées totalisant 302 heures de pêche effective. Les profondeurs fréquentées varient entre 15 et 70 m. L engin de pêche utilisé est le chalut crevettier. En quantités les espèces les plus rejetées sont le rouget blanc (17 kg/h), la crevette blanche (7,2 kg/h), le sparaillon (3,1 kg/h) et le pageot commun (2 kg/h) (tab. 8). Tableau 8 : Principales espèces rejetées lors des opérations de chalutage benthique effectuées à bord des unités de la pêche professionnelle dans la région du golfe de Gabès (septembre, octobre et novembre 2003, Ben Hadj Hamida, 2004). Table 8 : Main discarded species during the bottom trawling operations made on board of commercial fishing in Gabes gulf (September, October and November 2003, Ben Hadj Hamida., 2004) Espèces Quantité (kg) RH (kg/h) Le rouget blanc Mullus barbatus ,0 La crevette blanche Metapenaeus monoceros ,2 Le sparaillon Diplodus annularis 943 3,1 Le pageot Pagellus erythrinus 597 2,0 26

29 Effectif Effectif Les structures démographiques des rejets des deux espèces rouget blanc et pageot commun (figs. 13 et 14.) révèlent que la totalité des individus rejetés ont une taille inférieure à la taille de la maturité sexuelle des espèces concernées. Par conséquent, ils n auront pas l occasion de participer à la régénération des stocks correspondants N = TMS LT (cm) Figure 13 : Structure démographique des rejets de P. erythrinus en septembre, octobre et novembre 2003 dans le golfe de Gabès (Ben Hadj Hamida, 2004) Fig. 13: Demographic structure of discard of P. erythrinus in September, October and November 2003 in Gabes gulf (Ben Hadj Hamida, 2004) N = LT (cm) Figure 14: Structure démographique des rejets de M. barbatus en septembre, octobre et novembre 2003 dans le golfe de Gabès (Ben Hadj Hamida, 2004) Fig. 14: Demographic structure of discard of M. barbatus in September, October and November 2003 in Gabes gulf (Ben Hadj Hamida, 2004). III- 4- Saison printanière (avril mai 2009) Au cours de l année 2009, les opérations de pêche expérimentale ont été également effectuées à bord du bateau de recherche Hannibal de l INSTM pendant les mois d avril et de mai Les profondeurs prospectées varient entre 20 et 256 m. Les captures ont été effectuées par un chalut de fond de type crevettier (profondeurs inférieures à 50 m) et un chalut à grande ouverture verticale (GOV) dans des profondeurs supérieures à 50m. Il est à signaler que durant les différentes opérations de pêche effectuées, l équipe de recherche a essayé de se conformer au TMS 27

30 Effectif maximum aux conditions de la pêche professionnelle. De ce fait, la vitesse moyenne de chalutage était de l ordre de 3 nœuds. Par station, la durée du trait dépend essentiellement de la profondeur, elle varie de 30 à 95 minutes ; mais la plupart des traits ont une durée de 60 minutes. Au total, 78 traits de chalut ont été effectués dont 38 traits de nuit. Par ailleurs, il faut notre que durant les différents coups de chalut effectués, les captures en espèces commerciales ont été accompagnées par la pêche de quantités de poissons de petites tailles invendables sur le marché. Dans la majorité des cas, les spécimens rejetés n ont pas atteint leur taille de première maturité sexuelle et n ont pas, dès lors, participé à la régénération des stocks en question. Les quantités rejetées sont composées essentiellement de sparaillon Diplodus annularis, de bogue Boops boops, de saurel Trachurus trachurus et de pageot Pagellus erythrinus (tab. 9) (Ben Hadj Hamida et al., 2009). Tableau 9 : Principales espèces rejetées lors des prospections expérimentales à bord du "Hannibal" dans la région du golfe de Gabès (avril - mai 2009, Ben Hadj Hamida et al., 2009). Table 9 : Main discarded species during the experimental surveys on board of research vessel "Hannibal" in Gabes gulf (April - May, 2009, Ben Hadj Hamida and al., 2009) Espèces Quantité (kg) RH (kg/h) D. annularis 262 3,2 B. boops 96 1,2 T. trachurus 52 0,6 P. erythrinus 46 0,6 Comme pour l année 2000, la composition spécifique des rejets des petits poissons durant la saison printanière est relativement similaire à celle obtenue durant l année Cependant, en quantité, les valeurs de l indice d abondance sont plus élevées en Ceci pourrait confirmer l effet la variation inter-annuelle qui est dépend de l importance de recrutement des différentes espèces d une année à l autre. Par ailleurs, les structures démographiques des rejets du sparaillon, de la bogue et du pageot sont représentées respectivement par les figures 15, 16 et TMS N = LT (cm) 28

31 Effectif Effectif Figure 15 : Structure démographique du rejet de D. annularis en avril-mai 2009 dans la région du golfe de Gabès (Ben Hadj Hamida et al., 2009) Fig. 15: Demographic structure of discard of D. annularis in April-May 2009 in Gabes gulf (Ben Hadj Hamida, 2009) TMS N = LT (cm) Figure 16 : Structure démographique du rejet de B. boops en avril-mai 2009 dans la région du golfe de Gabes (Ben Hadj Hamida et al., 2009) Fig. 16: Demographic structure of discard of B. boops in April-May 2009 in Gabes gulf (Ben Hadj Hamida, 2009) TMS N = LT (cm) Figure 17 : Structure démographique du rejet de P. erythrinus en avril - mai 2009 dans la région du golfe de Gabes (Ben Hadj Hamida et al., 2009) Fig. 17: Demographic structure of discard of P. erythrinus in April-May 2009 in Gabes gulf (Ben Hadj Hamida, 2009). D après l examen de ces figures, nous pouvons constater, particulièrement pour le pageot, qu une proportion assez importante des individus rejetés ont une taille inférieure à la taille de la première maturité sexuelle de l espèce concernée. Cependant pour le sparaillon et la bogue, espèces relativement de faible valeur commerciale, les quantités rejetées peuvent renfermer des spécimens adultes. 29

32 Par ailleurs, les auteurs ont pu également cartographier la distribution spatiale des quantités rejetées dans la région du golfe de Gabès (carte 1). Cependant, il est important de noter que les indices d abondance représentés sont relatifs à toutes les espèces commerciales rejetées en mer après l opération du trie de la capture, y compris les espèces de petits pélagiques (sardine, saurel, anchois, ) qui sont capturées accidentellement par l engin de la pêche benthique aussi bien crevettier que GOV. Carte 1 : Répartition des indices d abondances des rejets commerciaux dans le golfe de Gabès (Hannibal, avril - mai 2009) (Ben Hadj Hamida et al., 2009) Map 1 : Geographic distribution of commercial discards in Gabes gulf (Hannibal, April May 2009) (Ben Hadj Hamida and al., 2009) III- 5- Saison hivernale (année 2012). Afin d actualiser les informations sur les rejets des espèces commerciales issues des opérations de chalutage benthique, nous avons effectué deux sorties en mer à bord d une unité de la pêche professionnelle opérant dans le golfe (photo 3). Ces sorties ont été réalisées respectivement durant les mois de décembre 2011 et de janvier Les profondeurs fréquentées varient de 26 à 56 m. Au total 44 opérations de chalutage ont été retenues, leurs emplacements géographiques sont représentés sur la carte 2. Le matériel naviguant utilisé lors de ces opérations de chalutage benthique est représenté par un chalutier appartenant à la profession dont les principales caractéristiques sont consignées dans le tableau

33 Tableau 10 : Principales caractéristiques du chalutier industriel à bord du quel les observations des rejets ont été réalisées (golfe de Gabès, décembre 2011 janvier 2012). Table 10 : Main characteristics of the species during the experimental surveys on board of research vessel "Hannibal" in Gabes gulf (April - May, 2009, Ben Hadj Hamida and al., 2009) Caractéristiques Longueur totale Largeur Tirant d eau Jauge brute Matériel de construction 21,00 m 6,40 m 2,75 m 95,8 Tx Acier Puissance motrice 430 CV Année de construction 1991 Les captures ont été effectuées par un chalut de fond du type crevettier. La vitesse moyenne de chalutage était de l ordre de 3 nœuds et la durée du trait varie de 1h30 à 2h. A chaque coup de chalut, nous avons prélevés un échantillon représentatif des quantités rejetées. Ces échantillons ont été traités et analysés au retour au laboratoire. Les indices d abondance calculés sont le nombre d individus par heure de pêche (Nind/h) et le poids par heure de pêche (Kg/h). Photo 3 : Opération de chalutage benthique effectuée à bord des unités de la pêche professionnelle dans la région du golfe de Gabès (janvier 2012). Photo 3 : Benthic trawling activity on board of industrial fishing vessels in Gabes gulf (January 2012) 31

34 Carte 2 : Emplacements géographiques des traits de chalut effectués à bord des unités de la pêche professionnelle durant les mois de décembre 2011 et de janvier Map 2 : Geographic position of hauls made on board of commercial fishing units during December 2011 and January Les plus importants résultats obtenus montrent que les indices d abondance des quantités totales en espèces commerciales rejetées sont estimés à environ 3kg/h, soit 177 ind/h (toutes espèces commerciales confondues). Cet indice d abondance varie selon la zone de pêche de 0,3 (trait 2) à 18kg/h (trait 26) et de 25 ind/h (trait 23) à 915 ind/h (Trait 26). La répartition des rejets commerciaux en poids et en nombre figure respectivement dans les cartes 3 et 4. D après l examen de ces cartes, il semble que durant la période hivernale, les zones à forte concentration des rejets se situent particulièrement dans des profondeurs relativement faibles (en général, inférieures à 50 m). Ces zones se localisent essentiellement au large des îles Kerkennah, au sud de l île de Jerba et au centre du golfe. Les espèces commerciales les plus représentées dans les rejets durant cette saison de l année sont essentiellement: le sparaillon, le pageot, la bogue, le picarel et les triglidés. Le tableau 11 récapitule les indices d abondance (en nombre et en poids) des principales espèces commerciales rejetées par les unités de la pêche professionnelle lors des sorties effectuées durant les mois de décembre 2011 et de janvier

35 Carte 3 : Répartition des indices d abondances (Kg/h) des rejets commerciaux dans le golfe de Gabès (unités de la pêche professionnelle, décembre janvier 2012) Map 3 : Geographic distribution of abundance index (Kg/h) of commercial discards in Gabes gulf (fishing vessels, December 2011 January 2012) Carte 4 : Répartition des indices d abondances (Ind/h) des rejets commerciaux dans le golfe de Gabès (unités de la pêche professionnelle, décembre janvier 2012) Map 4 : Geographic distribution of abundance index (Ind/h) of commercial discards in Gabes gulf (fishing vessels, December 2011 January 2012) 33

36 Tableau 11 : Indices d abondance moyens (Ind/h et Kg/h) des rejets des principales espèces commerciales dans le golfe de Gabès (unités de la pêche professionnelle, décembre 2011 janvier 2012). Table 11 : Mean abundance index (Ind/h and Kg/h) of discard of main commercial species in Gabes gulf (fishing vessels, December 2011 January 2012). Espèces Ind/h RH (g/h) D. annularis P. erythrinus B. boops Spicara fluxosa et S. maena Trigla sp. (grondin) D une façon générale et en comparaison avec les autres saisons, particulièrement la saison automnale et printanière, nous remarquons que les quantités en espèces commerciales rejetées sont relativement plus faibles en hivers. Par ailleurs, la composition spécifique reste, avec quelques différences près, la même que celle observée durant le printemps. Les distributions géographiques des quantités rejetées de sparaillon en nombre et en poids (cartes A, B, C, D, E et F, annexe 5) montrent que les zones les plus touchées par le phénomène de rejet sont situées essentiellement au large de Kerkennah, par des profondeurs comprises entre 30 et 50 m. Cependant, pour le pageot commun et en plus des zones citées pour le sparaillon, on remarque également que le sud de l île de Jerba, située au alentour de l isobathe 20 m, est touchée par les rejets de cette espèce. Enfin, pour les concentrations des rejets de la bogues, elles sont plus senties dans la région sud du golfe aussi bien en nombre qu en poids, même dans des profondeurs qui dépassent les 50 m. Par ailleurs, nous avons pu élaborer les structures démographiques des principales espèces rejetées (sparaillon, pageot, bogue et picarel). Ces structures sont respectivement représentées pour chaque espèce, par les figures 18, 19, 20 et

37 Effectif Effectif Effectif TMS N = LT (cm) Figure 18 : Structure démographique du rejet de D. annularis en décembre janvier 2012 dans la région du golfe de Gabes Fig. 18: Demographic structure of discard of D. annularis in December 2011 January 2012 in Gabes gulf N = TMS LT (cm) Figure 19 : Structure démographique du rejet de P. erythrinus décembre janvier 2012 dans la région du golfe de Gabes Fig. 19: Demographic structure of discard of P. erythrinus in December 2011 January 2012 in Gabes gulf TMS N = LT (cm) 35

38 Effectif Figure 20 : Structure démographique du rejet de D. annularis en décembre janvier 2012 dans la région du golfe de Gabes Fig. 20: Demographic structure of discard of D. annularis in December 2011 January 2012 in Gabes gulf N = LT (cm) Figure 21 : Structure démographique du rejet de D. annularis en décembre janvier 2012 dans la région du golfe de Gabes Fig. 21: Demographic structure of discard of D. annularis in December 2011 January 2012 in Gabes gulf. D après l examen des différentes structures, nous remarquons qu une grande majorité des individus rejetés on tune taille nettement inférieure à la taille de la première maturité sexuelle des espèces concernées. Ceci confirme, encore une fois, le danger potentiel de ce phénomène de rejet qui empêche une fraction de la population de participer, au moins une fois, aux opérations de reproduction et par suite à la régénération des stocks exploités. VI- Conclusion La pêche au chalut benthique, activité très développée dans la région du golfe de Gabès, génère généralement des rejets relativement importants qui se composent non seulement d espèces commercialisables mais aussi d une riche faune benthique. Les premiers, sujet du présent travail, sont essentiellement rejetés pour des raisons commerciales ou réglementaires. Il s agit généralement d individus immatures. Rappelons également que ce phénomène de rejets, très commun dans les pêcheries méditerranéennes, constitue un gaspillage économique et écologique des ressources halieutiques exploitables. Le présent travail dont l objectif essentiel est de quantifier et d analyser les distributions spatiales et temporelles des quantités d espèces commerciales rejetées issues des opérations de chalutage benthique dans le golfe, repose particulièrement sur deux sources différentes d informations. La première concerne le dépouillement des données historiques issues aussi bien des campagnes de pêche expérimentale effectuées à bord des navires océanographiques de recherche qu à bord des unités de la pêche professionnelle. La deuxième se base sur la réalisation de trois sorties en mer, entant qu observateur embarqué, à bord d un chalutier appartenant à la pêche professionnelle. Ces sorties se sont déroulées au courant du mois de décembre 2011 et de 36

39 janvier Par ailleurs, selon la disponibilité de l information, notre analyse du phénomène des rejets des espèces commerciales dans la région du golfe de Gabès, a été effectuée en tenant compte de l effet saison et de l effet année. D une façon générale, les plus importantes constatations qui peuvent être tirées de ce travail de recherche se résument comme suit : Le rejet des espèces commerciales engendré par l activité de chalutage benthique est un phénomène commun pour toutes les pêcheries méditerranéennes. Son impact négatif devient de plus en plus ressenti aux niveau de ces pêcheries qui souffrent de plus en plus de surexploitation. Les indices d abondance, en nombre et en poids des espèces commerciales rejetées suite aux opérations de chalutage benthique dans le golfe de Gabès, varient généralement suivant l espèce, la zone et la période de pêche. Les espèces les plus fréquentes dans les rejets sont : le sparaillon, le pageot commun, la bogue, le petit pagre, le rouget blanc, le saurel, le picarel, le grondin et la seiche. La fin de l été et l automne semble être la période la plus critique pour certaines espèces assez importantes de la région du golfe comme le rouget blanc, le pageot commun et la seiche qui coïncide, en effet, avec leurs périodes de recrutement. Les zones plus vulnérables au chalutage et où les rejets en espèces commerciales sont les plus importants se situent particulièrement dans les faibles profondeurs, essentiellement au large des îles Kerkennah, au sud de l île de Jerba et au centre du golfe. Cependant, même les zones dont la profondeur est supérieure à 50 m peuvent être concernées par le phénomène des rejets surtout des deux espèces de rouget, du pageot commun et du petit pagre. Les individus rejetés sont généralement de petite taille. Par conséquent, ils n ont pas encore atteint de la taille de leur première maturité sexuelle et, dès lors ne peuvent pas participer à la régénération des stocks. Ceci pourrait constituer à moyen ou à long terme un vrai danger pour la pérennité des stocks démersaux de la région. Cependant, certaines espèces de faible valeur commerciale comme le sparaillon et la bogue sont rejetés même à l état adulte. 37

40 CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS Les rejets des organismes marins commercialisables sont un phénomène assez courant dans les pêcheries mondiales, en général et méditerranéennes, en particuliers. Ces rejets, constitués essentiellement par des organismes marins de petites tailles invendables sur le marché, sont surtout causés par les opérations de pêche pratiquées, entre autre, par les chalutiers professionnels. En Tunisie et particulièrement dans la région du golfe de Gabès, le chalutage benthique est une activité assez répondue dans la région. Ceci a engendré depuis longtemps, le rejet en mer de quantités relativement importantes d espèces démersales exploitables. Le présent travail a tenté de synthétiser et de réactualiser les informations scientifiques valables sur le phénomène des rejets par chalutage dans la région du golfe de Gabès. C est ainsi que les plus importantes constatations qui peuvent être tirées de cette étude se résument particulièrement comme suit : L activité de la pêche dans la région du golfe de Gabès est relativement très développée. En effet, d après les dernières données statistiques de la DGPA, cette activité fait travailler unités de pêche dont barques côtières (motorisées et non motorisées), 262 chalutiers, 128 senneurs et 33 thoniers. De nombreuse techniques de pêche sont pratiquées dans la région, du simple hameçon et nasse jusqu aux filet traînant et tournant, en passant par différents type de filets de la pêche artisanale. De plus, la pêche dans le golfe de Gabès assure emplois directs et une production annuelle de l ordre de tonnes, soit 40% de la production halieutique nationale totale de l année Par ailleurs, la pêche au chalut benthique est considérée parmi les activités de pêche les plus développée dans la région. En effet, 254 chalutiers benthiques étaient actifs dans le golfe durant l année 2010, soit 62% de la flottille hauturière active au niveau national. Cette activité de chalutage entraîne depuis longtemps les rejets de quantités relativement importantes d organismes marins exploités. Les activités de la pêche en Tunisie, particulièrement benthique sont gérées par une réglementation de pêche assez appropriée basée essentiellement sur la fixation des caractéristiques des engins de pêche, la taille de capture minimale autorisée des principales espèces exploitées ainsi que sur les campagnes ou saisons de pêche. Plus d une vingtaine d espèces benthiques à intérêt commercial sont rejetées en mer suite aux opérations de chalutage benthique dans la région du golfe de Gabès. Les principales espèces concernées par ce phénomène appartiennent à plusieurs familles dont la plus importante est la famille des sparidés. Parmi ces espèces, nous citons particulièrement le sparaillon Diplodus annularis, le pageot Pagellus erythrinus, la bogue Boops boops, le petit pagre Pagrus Caeruleostictis, le rouget blanc Mullus barbatus, le saurel Trachurus sp., le picarel Spicara fluxosa et Spicara maena, le grondin Trigla sp. et la seiche Sepia officinalis. Les quantités rejetées diffèrent selon l espèce, la zone et la saison. La fin de l été et l automne semble être la période la plus critique pour certaines espèces assez importantes de la région du golfe comme le rouget blanc, le pageot commun et la seiche. Les zones relativement les plus touchées seraient celles des faibles 38

41 profondeurs (généralement inférieures à 50 m), particulièrement en hiver et celle du centre du golfe durant le printemps. Cependant, durant la saison automnale, même les zones du large (au delà de 50 m) sont concernées par le phénomène de rejet du rouget blanc, du rouget rouge et de la seiche. La grande majorité des individus rejetés ont une taille inférieure à leur taille de première maturité sexuelle. Ceci ne pourrait être que néfaste pour la préservation des pêcheries concernées, surtout que les individus rejetés n ont pas eu la chance de participer à la régénération des stocks exploités. Cependant, les individus de certaines espèces comme le sparaillon et la bogue sont rejetés même à une taille adulte et ceci du fait de leur faible valeur commerciale. Pour contribuer à la réduction des quantités en mer rejetées en espèces commerciales, nous proposons les principales recommandations suivantes : o Sensibiliser les marins pêcheurs et les professionnels des éventuels dangers du phénomène des rejets des organismes marins exploitables. En effet, il est important de leur montrer et de leur prouver l intérêt économique des individus rejetés, une fois sauvegardés ainsi que leur rôles biologique et écologique dans la préservation des pêcheries et des écosystèmes marins. En effet, plus on rejette moins, plus en s approche d un développement durable et soutenu du secteur de la pêche. o Renforcer les moyens de contrôle et de lutte contre le chalutage anarchique et essayer de réduire au maximum les incursions non autorisées des chalutiers dans les zones de faibles profondeurs interdites au chalutage. En effet, il est évident que les régions côtières constituent des zones de nurseries des principales espèces benthiques exploitées dans le golfe qu il faut protéger du chalutage. Par ailleurs, il semble également que la période coïncidant avec la fin de l été et l automne est une période critique, même pour les profondeurs supérieures à 50 m. Il y a lieu donc d instaurer un repos biologique pour les ressources et les écosystèmes marins de toute la région du golfe de Gabès. Cette mesure est actuellement appliquée par les autorités nationales durant une période qui s étale du début juillet à la fin de septembre de chaque année. En effet, la loi n du 16 mars 2009 interdit à tous les chalutiers tunisiens de pêcher dans la région sud de la Tunisie durant la période citée, même dans les eaux internationales. Cette mesure pourrait être assez bénéfiques aux pêcheries de la région si elle est également étendue à toutes autres flottilles étrangères opérant dans la région. o Assurer le respect de la réglementation de la pêche en vigueur, particulièrement en ce qui concerne les tailles minimales autorisées de capture pour les principales espèces démersales exploitées dans le golfe. En effet, ces tailles sont dans la majorité des cas fixées selon des recommandations scientifiques et sont supérieures à la taille de la première maturité sexuelle des espèces concernées. De plus, il est important de bien gérer la campagne de la pêche à la crevette royale à l aide des filets traînants avec ces deux périodes estivale et hivernale. 39

42 o Améliorer la sélectivité des chaluts actuellement utilisés. En effet, certaines études scientifiques ont montré que le maillage de la poche de ces chalut est insuffisant pour une bonne exploitation, un maillage d au moins 48 mm étiré a été suggéré pour le chalut crevettier du golfe de Gabès. Ceci permettrait aux jeunes individus de poissons non matures d échapper et de participer à la régénération des stocks futurs. De plus, les équipes de recherche de l INSTM ont mis au point, en 2003, un dispositif sélectif qui pourrait nettement réduire la capture des petits poissons. Ce dispositif qui a donné de bons résultats à l échelle expérimentale, mérite d être vulgarisé au niveau des professionnels. Enfin, il est important de noter que la Commission Générale de la Pêche en Méditerranée (CGPM), à travers son comité scientifique consultatif, a recommandé de généraliser pour tous les chalutiers opérant dans la Méditerranée, l utilisation de la maille carrée 40 mm étiré pour les poches des chaluts de fond. 40

43 Références ANONYME, Equipage de la flottille de pêche industrielle. Première opération : Recensement des flottilles de pêche en Tunisie. Rapport interne de l INSTM, Tome 14, 36p. ANONYME, Annuaires Statistiques de la Direction Générale de la Pêche et de l Aquaculture (DGPA) des années 2000 à ANONYME, Résultats du Projet de Recherche sur Contrat (PRC): Evaluation des Ressources Halieutiques, Vol 2. Espèces démersales, pélagiques et indicateurs socioéconomiques, Rapport final de l INSTM, , 140p. ANONYME, 2006a. Résultats du Projet de Recherche: Evaluation des Stocks des Ressources et des Ecosystèmes Benthiques (ESREB), Rapport final du Laboratoire Ressources Marines Vivantes de l INSTM, 196p. ANONYME, 2006b. Résultats du Projet de Recherche: Estimation des Stocks de Sardine, Anchois, Thon et Environnement Littoral (ESSATEL), Rapport final du Laboratoire Ressources Marines Vivantes de l INSTM, 237p ANONYME, 2010a. Annuaire Statistique de la Direction Générale de la Pêche et de l Aquaculture (DGPA) de l année 2010, 135p. ANONYME, 2010b. Base de données des statistiques de pêche de la DGPA (année 2010). ANONYME, 2010c. Rapport final des projets de recherche ( ). Rapport interne du Laboratoire Ressources Marines Vivantes de l INSTM, 252p. ANONYME, Base de données de la DGPA : caractéristiques des chalutiers opérant dans la région du golfe de Gabès. BEN HADJ HAMIDA N., Contribution à l étude de l impact du chalutage benthique sur les biotopes et les ressources marines du golfe de Gabès. Mastère de production et Ecosystèmes Marins de l INAT, 164p. BEN HADJ HAMIDA N., BEN ABDALLAH O.& GHORBEL M., Evaluation de l impact de la période du repos biologique dans le golfe de Gabès. Rapport de mission, Rapport interne INSTM. 12p. BEN HADJ HAMIDA N., BEN ABDALLAH O., DHIEB K., GHORBEL M. & JARBOUI O., Campagne de chalutage expérimental à bord du N/O «Hannibal» dans la région du golfe de Gabès. Rapport de mission, Rapport interne INSTM. 20p. BEN MERIEM S., Eléments en vue d un aménagement des pêcheries du golfe de Gabès. Bull. Inst. Natn. Scien. Tech. Océanogr. Pêche, Salammbô, 19:

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46 Annexe 1 : Liste des espèces capturées par le chalutage benthique dans le golfe de Gabès durant l année 2010 (Anonyme, 2010b) Annex1 : List of species captured by bottom trawl in Gabes gulf during 2010 (Anonyme, 2010b) Nom français Nom scientifique Nom Anglais Nom arabe Baliste Balistes carolinensis Grey Tiggerfish الفار Bogue Boops boops Bogue البوقت Calmar Loligo vulgaris European Squid المت ق Chevrette Parapenaeus longirostris Pink shrimp القمبر الورد Chien de mer Mustellus sp., Squalus sp. Dogfish قغاط Coryphène Coryphaena hippurus Dolfinfish اللمبوكت Crevette blanche Metapenaeus monoceros Speckled shrimp القمبر األب ط Crevette royale Melicertus kerathurus Caramote prawn القمبر الملك Daurade Sparus aurata Sea bream الوراعت الورقت Denté Dentex sp. Common dentex الدود ق Grondin Trigla sp. Gurnard الدجاج Maquerau Scomber sp. Mackerel السكمبر Marbré Lithognatus mormyrus Streped seabream المىكوش Merlu Merluccius merluccius Hake الىازل Merou Epinipulus sp Groupper المىاو Muge doré Mugil aurata Golden mullet البور Pageots Pagellus sp. Common pondora المرجان Poulpe Octopus vulgaris Common octopus األخغبوط القرو ظ Petit poulpe Eledone moschata Musky octopus البومسك Raies Raja sp. Ray السفه Rascasses Scorpaena sp. Scorpinfish القشاش Rouget blanc Mullus barbatus Red mullet التر ل ت الب ضاء Rouget rouge Mullus surmuletus Striped mullet التر ل ت الحمراء Roussette Scyliorhinus sp. Dogfish كلب بحر Sargue Diplodus vulgaris, Diplodus puntazzo Tow-banded seabream أكتاف معسة Saurel Trachurus sp. Horse mackerel الشورو Seiche Sepia officinalis Cuttlefish السوب ا الشواب Serre Pomatomus saltatrix Bluefish القراض Sole Solea aegyptiyaca Sole المداش Sparaillon Diplodus annularis Annular seabream الصبارص Spicarels Spicara sp. Picarel سب قر Saint pierre Zeus faber John dory سمك موسي Divers Autres espèces Other species أوواع أخرى 44

47 Annexe 2 : Principaux paramètres biologiques des espèces de Poissons, Crustacés et Céphalopodes exploitées en Tunisie Annex 2 : Main biological parameters of exploited species in Tunisia (fishes, Crustaceans and Cephalopods) Espèces Diplodus annularis Sparaillon صبارص Pagellus erythrinus مرجان Pageot Période de reproduction J F M A M J J A S O N D 1 ère maturité Lt en cm 10,4 14,1 Lithognathus mormyrus مىكوش Marbré Sarpa salpa 42,1 شلبت Saupe Pagrus caeruleostictis مرجان Petit pagre بوراش Solea aegyptiaca مداش Sole Sparus aurata وراطت Daurade Merluccius merluccius وسلي Merlu Dentex dentex Denté commun دوديك Mullus barbatus Rouget blanc تريليت بيضاء Mullus surmuletus Rouget blanc تريليت حمراء Pomatomus saltatrix لراض Serre 14,6 15,5 81, ,4 15,5 17,6 Paramètres de croissance L = 22,6 cm K = 0,16 L = 35,79 cm K = 0,137 L = 26,6 cm K = 0,172 L = 28,8 cm K = 0,184 L = 66,1 cm K = 0,086 L = 38,8 cm K = 0,116 L = 71,25 cm K = 0,042 L = 98,26 cm K = 0,899 L = 20,25 cm K = 0,513 L = 21,51 cm K = 0,513 L = 47,7 cm K = 0,1951 Régime alimentaire Mollusques, Crustacés Annélides et Echinodermes Crustacés Mollusques, Annélides et Poissons Crustacés Posidonies Crustacés, Poissons et Mollusques Mollusques Mollusques Poissons Poissons Crustacés Crustacés Clupéidés, Engraulidés Athérinidés, Céphalopodes 45

48 Liza aurata Mulet doré ميلت Belone belone 34 مسلت Aiguillette Dentex maroccanus Denté maroccain مرجان بوعيه Sphyraena sphyraena مغسل Brochet Symphodus tinca Crénilabre paon خضير Labrus viridis سلطان Labre vert بحر 17 11, ,3 Sardina pilchardus 84 سرديىت Sardine Sardinella aurita 13,5 الطشت Sardinelle Engraulis encrasicolus أوشوبت Anchois Scomber scombrus ماكرو Maquereau بوريشت Scomber japonicus ماكرو Macquereau بوعيه Trachurus trachurus شورو Saurel Trachurus mediterraneus شورو أصفر Saurel 7, ,5 14 L = 39,75 cm K = 0,164 L = 61,4 cm K = 0,109 L = 33,54 cm K = 0,191 L = 103,5 cm K = 0,076 L = 22,61 cm K = 0,257 L = 34,58 cm K = 0,174 Diatomés Crustacés, Algues, phanérogames Clupéidés, Gobiidés Sparidés Crustacés Mollusques Poissons Echinodermes Poissons bleus Autres poissons Crustacés (Décapodes) Mollusques Poissons, Annélides Crustacés (Décapodes) Poissons Mollusques 46

49 Trachurus picturatus 17 شورو أزرق Saurel Boops boobs 12,5 بولت Bogue Espèces Mustelus mustelus Emissole lisse لطاط Scyliorhinus canicula Petite لطوش roussette Torpedo torpedo وعاش Torpille Dasyatis pastinaca Pastenague حمام Rhinobatos rhinobatos Poisson guitare محراث Raja clavata Raie bouclée حصيرة Période de reproduction ou mise bas J F M A M J J A S O N D 1 ère maturité LT en cm Régime alimentaire 71,9 Crustacés, Téléostéens Molluques, Annélides 42 (F) 40 (M) Téléostéens, Crustacés, Annélides, Céphalopodes 23 Téléostéens 43,1 (F) 29,3 (M) 85 (F) 66,7 (M) Téléostéens, Crustacés Annélides, Mollusques Crustacés, Téléostéens Céphalopodes 33,3 Crustacés, Téléostéens Mollusques, Annélides Période de reproduction 1 ère Pramètres de J F M A M J J A S O N D maturité Lmd en croissance Régime alimentaire Espèces cm Octopus Lmd (cm) = Crustacés vulgaris 28,22 (Crabes, 11,4 Poulpe K = 0,177 crevettes) et أخطبوط Poissons Eledone - Lmd (cm) = Crustacés moschata 16,53 (Crabes et Petit K = 0,584 crevettes) بو poulpe مسك Sepia 8,75 Lmd (cm) = Crustacés 47

50 officinalis Seiche سوبيت Loligo vulgaris Calmar متيك 14,26 (F) 11,4 (M) 28,45 K = 0,612 Lmd (cm) = 22,1 (F) ; 45 (M) K = 1,017 (F) ; 0,361 (M) Poissons bleus Céphalopodes, Crustacés Espèces Penaeus kerathurus لمبري ملكي Crevette Parapenaeus longirosrtrus شوفراث Chevrette Palinurus elephas جراد البحر Langouste Metapenaeus monoceros Crevette blanche الممبري األبيط Période de reproduction J F M A M J J A S O N D 1 ère maturité Lcth en mm 30 20,9 80,0 122 (Lt) Paramètres de croissance Lc (mm) = 180,3 K = 0,69 Lcth (mm) = 37,6 K = 0,695 48

51 Taille minimale de 1 ère capture (Lst) 20 cm 20 cm 20 cm 22 cm 20 cm 12 cm 12 cm 20 cm 30 cm 15 cm 19 cm 20 cm 30 cm 40 cm 20 cm 20 cm 15 cm 22 cm 30 cm 35 cm 12 cm 20 cm 40 cm 15 cm 20 cm 28 cm 10 cm 12 cm 100 cm 6.4 kg 1 kg 10 cm 3,5 cm 11 cm 20 cm Annexe 3 : Taille minimale légale de la première capture, comparée à la taille de la première maturité sexuelle (L 50 ) des espèces pêchées en Tunisie. Annex 3 : Minimum legal size of first catch compared to the first sexual maturity of captured species in Tunisia. Taille de la première maturité sexuelle Nom français Espèces Nom scientifique Nom arabe 28 cm (Lst) Loup Discentrarchus labrax 15,5 cm (LT) Sole Solea sp. - Mulet Mugil sp. 22 cm (LT) Denté Dentex dentex 18,5 cm (LT) Daurade Sparus auratus 11,1 (Lst) 14,1 (LT) Pageot Pagellus erythrinus 14,5 et 15,5 (LT) Rouget Mullus sp. 13 (Lst) 19,5 (LT) Merlu Merluccius merluccius - Coryphène Coryphaena hippurus 10,8 cm (Lst) Rascasse noire Scorpaena porcus 12,4 cm (Lst) Rascasse rouge Scorpaena scrofa 24,1 cm (LT) Saupe Sarpa salpa - Anguille Anguilla anguilla 33 cm (LD) Raie Raja sp. 23 cm (LT) Torpille Torpedo torpedo - Pagre Pagrus sp. 13 cm (LT) Marbré Lithognatus mormyrus 17,6 cm (Lst) 21cm (LT) Serre Pomatomus saltatrix 80,4 (Lst) Sériole Seriola sp. 40 cm (Lst) Mérou Epinephelus sp. 16 cm (LT); 12,2 cm (Lst) Saurel Trachurus sp. 20,5 cm (LF) ; 18,9 cm (LF) Maquereau Scomber sp. - Liche Lichia amia 25,4 cm (LT) Barbeau Barbus callensis - Carpe Cyprinus carpio 32 cm (LT) Sandre Stizostedion enciopera 8,5 cm (LT) Rotangle Scardnius erythrophtamus 8,5 cm (LT) Gardon Rutilus rubilio - Espadon Xiphias gladius - Thon rouge Thunnus thynnus 1,2 kg ; 11,9 cm (Lm) Poulpe Octopus vulgaris 8,75 cm (Lm) Seiche Sepia officinalis 2,5 cm (SL) Clovisses Ruditapes decussatus 29 mm(lc); 12,6 cm (LT) Crevette caramote Melicertus kerathurus 23 cm (LT) Langoustes Palinurus elephas LT : Longueur totale ; Lst : Longueur standard ; LF : Longueur à la fourche ; Lc : Longueur céphalothoracique ; LS : Longueur de la coquille ; LD : Longueur du manteau 49

52 Annexe 4 : Structures démographique de certaines espèces benthiques débarquées par le chalut benthique dans le golfe de Gabès telles que le marbré, la seiche, le rouget rouge, le rouget blanc et la sole (Hiver, Printemps, Eté et Automne 2010). Annex 4 : Demographic structure of the certain benthic species captured by the bottom trawl in Gabes gulf as striped seabream, cuttlefish, striped red mullet, red mullet and sole (Winter, Spring, Summer and autumn 2010). 50

53 51

54 52

55 53

56 Annexe 5 : Cartes de distribution géographiques des rejets des principales espèces commerciales rejetées dans le golfe de Gabès (unités de la pêche professionnelle, décembre 2011 janvier 2012). A : Sparaillon (Ind/h) ; B : Sparaillon (Kg/h) ; C : Pageot (Ind/h) ; D : Pageot (Kg/h) ; E : Bogue (Ind/h) ; F : Bogue (Kg/h) A B C D E F 54

57 PARTIE II Les prises accessoires d'espèces de vertébrés emblématiques d'importance Méditerranéenne dans la région du golfe de Gabès : évaluation des risques et mesures d atténuation PART II Bycatch of Mediterranean important iconic vertebrate species in the Gulf of Gabes: Risk Assessment and Mitigation

58 Sommaire I Définitions du bycatch... 2 II- Présentation succincte du golfe de Gabès... 3 CHAPITRE I... 4 Pêche accessoire des espèces de poissons en danger ou protégées dans la région du golfe de Gabès I- Introduction... 4 II - Espèces de poissons en danger ou protégées dans le golfe de Gabès... 6 II 1 Les élasmobranches... 9 II 1 1 Diversité et importance des élasmobranches dans le golfe de Gabès... 9 II 1 2 Interaction des élasmobranches avec les techniques de pêche II Captures accidentelles aux chaluts A-En Méditerranée B-Les captures accessoires d Elasmobranches dans le golfe de Gabès II Captures accidentelles aux palangres A-En Méditerranée B-La pêche palangrière dans le golfe de Gabès II Trémails et filets maillants A-En Méditerranée B-Le cas du golfe de Gabès II Captures accidentelles à la senne tournante II 1-3 Présentation de quelques espèces menacées clés en Méditerranée et dans le golfe de Gabès a-le requin pélerin Cetorhinus maximus (Gunnerus, 1765) b-le poisson guitare fouisseur Rhinobatos cemiculus c-leucoraja melitensis d-le diable de mer Mobula mobular e-heptranchias perlo (Bonnaterre, 1788) f-oxynotus centrina (Linnaeus, 1758) g-le requin blanc Carcharodon carcharias (Linnaeus,1758) II-2 Les poissons osseux II- 2-1 Espèces de poissons osseux clés III- Déclin de populations attribué aux interactions de la pêche (bycatch) Poisson-scie IV - Mesures de conservation et d atténuation des captures accidentelles IV 1 Atténuation des captures accidentelles des élasmobranches au chalut IV 2 Atténuation des captures accidentelles des élasmobranches aux filets maillants.. 42 IV 3 Atténuation des captures accidentelles des élasmobranches à la palangre V- Conclusion CHAPITRE II Pêche accessoire des tortues marines dans la région du golfe de Gabès I Introduction II- Eléments d écobiologie des tortues marines III - Nidification de la tortue marine en Tunisie IV Les tortues marines dans le golfe de Gabès... 48

59 IV 1 Hivernage de Caretta caretta dans le golfe de Gabès V- Les engins de pêche engendrant des captures accidentelles V 1 Palangres V 1 1 Interaction Palangres de surface-tortues marines en Méditerranée V Les espèces capturées accidentellement V Importance et répartition géographique des captures accidentelles. 52 V Tailles des spécimens capturés V Période de captures V Mortalité V 1 2 Palangre de fond V 1 3 Interaction Palangres - tortues marines dans le golfe de Gabès V Palangre de surface V Palangre de fond V-1-4 Effet de type d appât sur la capture des tortues marines par la palangre de surface dans le golfe de Gabès V-1-5 Distribution bathymétriques des captures dans le golfe de Gabès V-1-6-Tailles des tortues capturées dans le golfe de Gabès V-1-7- Etats physiques des tortues capturées V 2 Chalut V 2 1 Interaction avec les tortues marines en Méditerranée V Les espèces capturées accidentellement V Importance et répartition géographique des captures V 2 2 Le golfe de Gabès V Période de capture des tortues marines V Tailles des tortues capturées V Mortalité V Conclusion V 3 Filets maillants V 3 1 Interaction avec les tortues marines à l échelle de la Méditerranée V Importance des captures V Mortalité V 3 2 Interaction tortues marine- filets maillant dans le golfe de Gabès VI Réduction des prises accidentelles des tortues marines VI 1 Palangre VI 2 Chalut VI 3 Filets maillants CHAPITRE III Pêche accessoire (bycatch) des cétacés dans la région du golfe de Gabès I-Introduction II-Les espèces de cétacés en Méditerranée et leur statut II-1 Statut des cétacés dans les eaux tunisiennes (espèces, distribution, abondance, interaction avec la pêche ) II-1-1 Espèces de cétacés connues dans les eaux tunisiennes II-1-2 Abondance et distribution II-1-3 Les interactions avec la pêche en Tunisie II Les captures accidentelles (données historiques) II Interactions filet de pêche / dauphins II Interactions filet trémail / dauphins... 75

60 a -Fréquence des attaques de dauphins b- déprédation II Interactions filet maillant / dauphins a-fréquence des attaques de dauphins b-déchirure des filets c-déprédation II Les échouages a-le grand dauphin b-le rorqual commun III-Mesures d atténuation du bycatch III-1 Réduction de l'attractivité a-réduire le bruit b-leurres de dissuasion c-réduction de la longueur des filets et du temps de mouillage d-autres systèmes sensoriels III-2 Modification des engins de pêche a-réduire les risques d'enchevêtrement b-changement d engins de pêche c-fermeture des zones et des périodes à la pêche III-4 Mesures prise en Tunisie pour réduire les interactions avec les cétacés Conclusion générale Références Annexe I : Annexe II :

61 Les prises accessoires représenteraient 40 % des prises totales de poissons dans le monde (Davies et al. 2009). La plupart des prises accessoires sont rejetées à la mer, ce qui induit un gaspillage colossal et contribue à la destruction de la vie marine. Juste derrière la pêche ciblée, les prises accessoires constituent la deuxième plus grande menace à laquelle les populations de poissons sont exposées en Méditerranée. En effet, les prises accessoires menacent 18 % de l ensemble des espèces de poissons (Abdul Malak, D. et al. 2011). Ces prises accessoires sont souvent mal documentées, à l échelle méditerranéenne comme à l échelle mondiale. De plus, elles sont rarement prises en compte dans les statistiques nationales et internationales relatives à la pêche. Par conséquent, on ne peut que grossièrement estimer la quantité de biomasse détruite en raison des prises accessoires (Camhi et al. 1998). Bien que le chalutage soit probablement la technique de pêche la plus dommageable, en ce qui concerne les prises accessoires, les filets dérivants posent également problème. Ces filets sont conçus pour capturer tout ce qui passe à leur portée, incapables donc d établir une sélection entre espèce ciblée et toute autre forme de vie marine. Les dauphins, les baleines, les oiseaux de mer et les tortues sont souvent les victimes accidentelles de ces filets, tout comme les requins, les raies et les poissons osseux de grande taille. En outre, il s agit d une méthode de pêche non viable puisque environ 85 % des espèces prises dans les filets dérivants sont rejetées à la mer (Abdul Malak, D. et al. 2011). Bien que de tels filets soient techniquement interdits dans la mer Méditerranée, ils continuent à être utilisés dans certaines zones. Les différents autres types de filets et les palangres de fond et de surface engendrent également des pêches accessoires souvent très importantes Ces dernières années, le bycatch est devenu un des problèmes à prendre en considération dans tout aménagement des pêcheries. En effet, en plus de leurs impacts biologiques et écologiques, les captures incidentes constituent aussi une perte des ressources biologiques (Hall et al. 2000). En 1994, la FAO a estimé que 27 millions de tonne de produits marins pêchés ne sont pas débarqués et constituent des espèces non ciblées et surtout des rejets. Ceci est dû principalement à la faible sélectivité des engins de pêche utilisés. Le bycatch des juvéniles d'une espèce commerciale peut de façon défavorable affecter le stock et les futurs niveaux de captures (Hall et al. 2000). D autre part, les conséquences écologiques du bycatch sont inquiétantes lorsqu il s agit d espèces menacées tels que mammifères marins, Oiseaux de mer, tortues marines et élasmobranches. Ces groupes d espèces sont très sensibles vu leurs caractéristiques biologiques particulières (Musick et al. 2000; Gilmen et al. 2006). Le bycatch peut induire des déséquilibres entre prédateurs supérieurs et proies et par conséquent affecter la biodiversité (Hall et al. 2000). Dans ce rapport, nous rassemblons les informations sur les pêches accessoires surtout au chalut, dans la région du golfe de Gabès, de quelques taxa en danger ou menacés en Méditerranée. Il s agit des poissons et principalement les élasmobranches, les tortues marines et les cétacés. Des captures accessoires avec d autres techniques de pêche (palangres, filets ) sont également traitées. 1

62 I Ŕ Définitions du bycatch Plusieurs définitions de captures incidentes ou prises accessoires ou bycatch ont été rapportées dans la littérature: La portion des captures remise en mer en vue de sa faible valeur commerciale (ou pour autres considérations) plus la portion retenue des espèces non ciblées (Mc Caughran, 1992). Les animaux autres que les espèces ciblées qui n ont pas de valeur marchande à cause de leur petite taille ou autres causes (Alverson et al. 1994). La portion des captures qui est rejetée en mer à cause de sa valeur commerciale négligeable (Hall, 1996). Partie d'une capture d'une unité de pêche prise accidentellement en sus des espèces cibles vers lesquelles l'effort de pêche est dirigé. Elle peut être gardée pour usage humain ou retournée, en totalité ou en partie, à la mer sous forme de rejets, généralement morts ou mourants» (Glossaire des pêches de la FAO). Le total des captures des animaux non désirés y compris les espèces vulnérables et menacées. Les prises accessoires d'espèces commerciales doivent être considérées comme espèces associées». On entend par espèces associées: espèces commerciales non ciblées (Glossaire des pêches de la CGPM) Plusieurs autres définitions du terme ont été également employées (Alverson et al. 1994, Hall et al. 2000) mais généralement ces prises accessoires sont considérées comme les captures accidentelles d'organismes non ciblés. Ainsi, les captures accessoires sont définies par rapport aux espèces cibles, cependant, en multi-espèces et multi-engins de pêche, comme la plupart des pêcheries en Méditerranée (Papaconstantinou & Farrugio 2000), les espèces cibles ne sont pas toujours clairement définies et la décision est sur la base de la valeur attendue de la capture totale (Alverson et al. 2004, Caddy 2009). Les prises accessoires se compose de (i) les spécimens juvéniles (immatures) des espèces cibles, (ii) les espèces non ciblées ou tailles avec une faible valeur commerciale, et (iii) les espèces non-commercialisées. Elles peuvent être vendues, ou inutilisables ou indésirables et par la suite rejetées. Les rejets sont définis comme la faune marine ramenée à bord et par la suite retournée à la mer (Alverson et al. 1994) et peuvent constituer une grande partie des prises accessoires. Bien qu elles présentent certaines divergences, ces définitions s entendent ou pourraient s entendre sur le fait que les espèces en danger ou protégées sont considérées comme bycatch. Pour les élasmobranches par exemple, Bonfil (2002) considère bycatch toutes les captures de requins et raies dans les pêcheries ciblant d'autres espèces. Dans ce rapport, nous considérons comme bycatch toutes les captures d espèces strictement en danger et protégées dans les conventions régionales ou internationales, comme les cétacés, les tortues marines et certains poissons. 2

63 II- Présentation succincte du golfe de Gabès La région du golfe de Gabès sensu lato s étend de Ras Kapoudia au niveau du parallèle 35 N jusqu à la frontière tuniso-libyenne. Elle correspond à la région sud-est du pays et représente plus que la moitié des côtes tunisiennes (58%) (Bradai et al. 1995) avec 750 Km environ y compris les îles Kerkennah et Djerba (carte1). Cette région se caractérise par des particularités et des originalités à l échelle du pays et de la Méditerranée : phénomène de marée et étendu important du plateau continental peu commun en Méditerranée. Ces particularités, avec la présence d herbiers vastes de phanérogames et la facilité d'accès aux zones de pêche riches en espèces à haute valeur commerciale, destinées à l'exportation ont fait de cette région la zone de pêche maritime numéro 1 de la Tunisie, la plus fréquentée par les barques de pêche. La pêche côtière demeure le type de pêche le plus fréquent dans toute la région avec environ 6441 barques (Anonyme, ). Les techniques de pêche utilisées sont également très diversifiées et une même barque peut utiliser à la fois plusieurs engins. Les ports de la région abrite l essentielle de la flottille chalutière. Carte 1 : Le golfe de Gabès Map 1 : The gulf of Gabes 3

64 CHAPITRE I Pêche accessoire des espèces de poissons en danger ou protégées dans la région du golfe de Gabès CHAPTER I Bycatch of fish species endangered or protected in the Gulf of Gabes I- Introduction La mer Méditerranée est considérée comme un haut lieu de la biodiversité, étant donné la diversité exceptionnelle d espèces dont elle regorge pour une mer tempérée (FAO 2003a et b). Elle abrite près de 7 % des espèces mondiales de poissons marins (Bianchi et Morri 2000), et compte une grande variété d espèces vivant aussi bien en zone tempérée qu en zone tropicale. On compte actuellement plus de 600 espèces de poissons marins en mer Méditerranée, dont la plupart proviennent de l Atlantique (Quignard et Tomasini 2000). De nombreuses espèces présentes aujourd hui dans la région ne sont pas originaires de la mer Méditerranée (autochtones). Ceci vaut particulièrement pour le bassin oriental, où des espèces marines de l Indo-Pacifique rejoignent la mer Méditerranée lors de la migration dite «Lessepsienne». Ces espèces contribuent de manière importante à la diversité des poissons et aux pêcheries en Méditerranée orientale. Ainsi, près de 80 espèces de poissons (Golani et Appelbaum-Golani, 2010) ont été identifiées comme étant envahissantes ou erratiques en mer Méditerranée, la majorité provenant de la mer Rouge telles que la Cornette à taches bleues (Fistularia commersonii), le Ballon à bande argentée (Lagocephalus sceleratus), le Thazard rayé Indo-Pacifique (Scomberomorus commerson), le Poisson-lapin (Siganus luridus) et la Pastenague indienne (Himantura uarnak). Les poissons se divisent principalement en trois groupes : - Les Agnathes, ou poissons dépourvus de mâchoire, qui désignent les Lamproies et les Myxines. Ces espèces sont très rares en mer Méditerranée. - Les Chondrichtyens, ou poissons cartilagineux qui se distinguent par leur squelette cartilagineux primitif, ils rassemblent les requins, les raies et les chimères. Les requins et les raies forment la sous-classe des élasmobranches. Une seule espèce de chimère est connue en mer Méditerranée. Ce sont généralement des espèces à croissance lente et à maturité tardive et sont peu fécondes. Ces caractéristiques biologiques intrinsèques ont un impact considérable sur la survie des populations de Chondrichtyens, en particulier dans cette mer semi fermée : elles limitent fortement leur capacité de tolérance à la pêche et leur faculté à se rétablir d un déclin de population important dû à la pêche (Cailliet et al ; Camhi et al. 1998). - Les Ostéichtyens, ou poissons osseux ou encore téléostéens, se caractérisent par leur squelette osseux. Bien que la plupart des poissons osseux aient une meilleure faculté de résilience que les Chondrichtyens, certains d entre eux, comme les grands 4

65 Thonidés, ont une espérance de vie relativement longue et connaissent un rétablissement difficile après d importants déclins de leurs populations. D autres espèces de poissons osseux, telles que les poissons plats (ordre des Pleuronectiformes), adaptés aux fonds marins et pouvant vivre plus de 20 ans, sont particulièrement affectées par la pêche au chalut de fond. Entre 20 et 30 % des espèces de poissons marins en Méditerranée sont endémiques de la mer Méditerranée (Bianchi et Morri 2000 ; Briand et Giuliano 2007), c'est-à-dire qu ils ne vivent que dans cette mer. Sur les 519 espèces et sous-espèces de poissons marins autochtones de la mer Méditerranée considérées dans l évaluation de l IUCN, liste rouge 2008 (Abdul Malak, D. et al. 2011), 43 (~8 %) sont considérées comme menacées au niveau régional (Catégories En danger critique d extinction, En danger et Vulnérable) (Figure I-1). Sur les 15 espèces (3 %) classées dans la Catégorie En danger critique d extinction (la Catégorie de menace la plus élevée), 14 (93 %) sont des requins et des raies. Sur les 13 espèces (2,5 %) figurant dans la Catégorie En danger, 9 sont des requins et des raies. Les 15 espèces (3 %) Vulnérables comprennent pratiquement autant de requins (8 espèces) que de poissons osseux (7 espèces). Ces espèces doivent être surveillées de près. En outre, la mise en application de plans de gestion et de sauvegarde adaptés s avère être de la plus haute importance pour ces espèces. Le chiffre le plus frappant concerne le nombre d espèces assignées à la Catégorie Données insuffisantes. En effet, pour presque un tiers (soit 151 espèces) des poissons marins autochtones de la mer Méditerranée, les données sont insuffisantes pour pouvoir appliquer les critères de l UICN pour la Liste Rouge et déterminer leur risque d extinction. Il convient de souligner que le fait que des espèces figurent dans cette Catégorie ne signifie pas qu elles ne sont pas menacées. Figure I-1 : Statut de conservation de toutes les espèces de poissons marins autochtones de la mer Méditerranée (dont les poissons osseux et cartilagineux) pour la Liste Rouge régionale (Abdul Malak, D. et al. 2011) Figure I-1: Conservation status of all marine fish species indigenous to the Mediterranean Sea (including bonefish and chondrichtyens) for the regional Red List (Abdul Malak, D. et al. 2011) Catégories et leurs abréviations : CR - En danger critique d extinction ; EN - En danger ; VU - Vulnérable ; NT - Quasi menacé ; LC - Préoccupation mineure ; DD - Données insuffisantes. 5

66 II - Espèces de poissons en danger ou protégées dans le golfe de Gabès Seules deux espèces, le Grand requin blanc, Carcharodon carcharias, et le Requinpèlerin, Cetorhinus maximus, figurent simultanément dans les annexes des quatre conventions internationales. L Hippocampe moucheté, Hippocampus guttulatus, et l Hippocampe à nez court, Hippocampus hippocampus, bénéficient d une protection en vertu de trois de ces Conventions, à savoir l Annexe II de la Convention de Bonn, l Annexe II de la CITES (qui inclut tous les hippocampes) et l Annexe II (liste des espèces en danger ou menacées) de la Convention de Barcelone. La Mante de Méditerranée, Mobula mobular, bénéficie également de mesures de protection, car elle est répertoriée dans l Annexe II de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l Europe (Convention de Berne) et dans l Annexe II (liste des espèces en danger ou menacées) de la Convention de Barcelone. M. mobular est inscrite dans la liste de la Convention de Berne en tant qu espèce strictement protégée ; la Convention exige donc que les Parties s efforcent à prendre les mesures appropriées afin d assurer le maintien de l espèce dans un état de conservation favorable. Huit autres espèces (le Requin mako, Isurus oxyrinchus, le Requin-taupe commun, Lamna nasus, la Peau bleue, Prionace glauca, l Ange de mer commun, Squatina squatina, la Raie blanche, Rostroraja alba, le Mérou brun Epinephelus marginatus, le Corb commun, Sciaena umbra, et l Ombrine commune Umbrina cirrosa figurent à l Annexe III de la Convention de Berne et à l Annexe III de la Convention de Barcelone (excepté les Squatina qui sont passés à l annexe II. En vertu de la Convention de Berne, les Parties doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la conservation des espèces figurant à l Annexe III tout en autorisant et réglementant l exploitation de manière à assurer et à maintenir les populations dans un état de conservation favorable. La Convention de Barcelone exige également que l exploitation des espèces figurant à l Annexe III soit réglementée. En outre, la liste de l Annexe III de la Convention de Barcelone est élargie à plusieurs autres espèces protégées dont l exploitation doit être réglementée, en plus du Thon rouge de l Atlantique (Thunnus thynnus) et l Espadon (Xiphias gladius) la liste a été élargie (adoptée en 2009) à : Mustelus mustelus, Mustelus asterias, Mustelus punctulatus, Rhinobatos rhinobatos, Rhinobatos cemiculus, Sphyrna zygaena Anguilla anguilla Alopias vulpinus Carcharhinus plumbeus Centrophorus granulosu Galeorhinus galeus Heptranchias perlo et Leucoraja melitensis. Or, il convient de noter le nombre peu élevé d espèces menacées figurant sur les listes de ces conventions (Fig. I-II). En effet, sur les 43 espèces de poissons marins menacés au niveau méditerranéen, seules 16 (37 %) bénéficient d une certaine forme de protection en vertu de conventions internationales ; cela signifie donc que 63 % ne font l objet d aucune mesure de protection. Sur les 15 espèces en danger critique d extinction, seules 5 (33 %) bénéficient d un statut de protection. 6

67 Figure I-2 : Nombre d espèces de poissons marins menacées (En danger critique d extinction, En danger ou Vulnérables) bénéficiant d un certain statut de protection en mer Méditerranée (Abdul Malak, D. et al. 2011). Figure I-2: Number of marine fish species threatened (Critically Endangered, Endangered or vulnerable) enjoying a protected status in the Mediterranean Sea (Abdul Malak, D. et al. 2011). Le tableau I-1 rassemble les espèces listées dans les conventions internationales et qui sont observées ou pêchées dans la région du golfe de Gabès. Le tableau I-1 : Espèces de poissons de la région du golfe de Gabès listées dans les conventions internationales et leur statut IUCN (évaluation 2008). Table I-1: Fish species in the Gulf of Gabes listed in international conventions and their IUCN status (assessment 2008). Espèces Convention de Bern Convention de Bonn Convention de Barcelone CITES Statut IUCN Elasmobranches Carcharodon carcharias Annexe II Annexes I & II Annexe II Annexe II EN Cetorhinus maximus Annexe II Annexes I & II Annexe II Annexe II VU Mobula mobular Annexe II Annexe II EN Isurus oxyrinchus Annexe III Annexe II Annexe III CR Prionace glauca Annexe III Annexe III VU RajaRostroraja alba Annexe III Annexe III CR Alopias vulpinus Annexe III VU Carcharhinus plumbeus Annexe III EN Centrophorus granulosu Annexe III VU Galeorhinus galeus Annexe III DD Heptranchias perlo Annexe III VU Leucoraja melitensis Annexe III CR Mustelus mustelus Annexe III EN Mustelus asterias Annexe III EN Mustelus punctulatus Annexe III DD Rhinobatos rhinobatos Annexe III EN Rhinobatos cemiculus Annexe III EN Sphyrna zygaena Annexe III VU Gymnura altevela Annexe II CR Oxynotus centrina Annexe II CR Squatina squatine Annexe III Annexe II CR Squatina oculata Annexe II CR Squatina aculeata Annexe II CR Poissons osseux 7

68 Anguilla anguilla Annexe III Annexe II Aphanius fasciatus Annexe II Annexe II E. marginatus Annexe III Annexe III EN Syngnathus abaster Annexe III DD H. hippocampus Annexe II Annexe II Annexe II NT H. guttulatus Annexe II Annexe II Annexe II NT Xiphias gladius Annexe III NT Sciaena umbra Annexe III Annexe III VU Tunnus thynnus Annexe II EN Umbrina cirrosa Annexe III Annexe III VU Liste Rouge de l UICN CR : en danger critique d extinction ; EN : en danger ; VU : vulnérable ; NT : Quasi menacé ; DD : Données insuffisantes CITES Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d extinction (1975) L'annexe I énumère les espèces qui sont les plus menacées parmi les plantes et animaux listés à la CITES. Elles sont menacées d'extinction et la CITES interdit le commerce international des spécimens de ces espèces, sauf lorsque l'objet de l'importation n'est pas commercial. Dans ces cas exceptionnels, le commerce pourrait avoir lieu à condition qu'elle soit autorisée par l'octroi des permis d'importation et un permis d'exportation (ou certificat de réexportation). L'annexe II énumère les espèces qui ne sont pas nécessairement menacées actuellement d'extinction mais qui pourraient le devenir si le commerce n est pas étroitement contrôlé. Le commerce international des spécimens d'espèces de l'annexe II peut être autorisé par l'octroi d'un permis d'exportation ou certificat de réexportation. Pas de permis d'importation est nécessaire pour ces espèces en vertu de la CITES. Permis ou certificats ne devrait être accordée que si les autorités sont convaincues que certaines conditions sont remplies, surtout que le commerce ne sera pas préjudiciable à la survie de l'espèce dans la nature. Convention de Berne Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l Europe (1979) Annexe II Espèces de faune strictement protégées Annexe III Espèces de faune protégées CMS, ou Convention de Bonn Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (1983) Annexe I Espèces migratrices en danger strictement protégées Annexe II Espèces migratrices avec un état de conservation défavorable qui pourraient bénéficier de la coopération internationale 8

69 Convention de Barcelone (Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée) (1976, amendée en 1995)/ Protocole concernant les Aires Spécialement Protégées et la Diversité Biologique en Mer Méditerranée (1995) Annexe II Liste des espèces en danger ou menacées Annexe III Liste des espèces dont l exploitation devrait être réglementée II Ŕ 1 Les élasmobranches Les espèces de Chondrichtyens, à savoir les requins, les raies et les chimères, sont de loin la classe de poissons marins la plus menacée de la mer Méditerranée puisque 31 espèces (40 %) figurent dans l une des Catégories CR (en danger critique d extinction), EN (en danger) ou VU (Vulnérable) (Abdul Malak, D. et al. 2011). Une proportion plus importante de poissons Chondrichtyens par rapport aux poissons osseux est menacée. Les caractéristiques biologiques des élasmobranches ; maturité sexuelle tardive, long cycle biologique, faible fécondité, longue durée de vie et le fait qu ils sont au sommet du réseau trophique, les rendent plus vulnérable à la pêche que la plupart des téléostéens (Stevens et al., 2000). A cet effet, La capture accidentelle des élasmobranches par les pêcheries commerciales a été sujette ce dernier temps à une attention particulière pour une meilleure connaissance des captures ciblées et accidentelles des requins et la conservation des populations (IPOA-SHARK (FAO, 1999), Plan d action pour la conservation des poissons cartilagineux (chondrichtyens) en mer Méditerranée (PNUE PAM RAC/SPA, 2003). Comme autres initiatives internationales, nous pouvons citer la création du groupe de spécialistes des requins de l'iucn, la recommandation de la CITES d inclure quelques espèces de requins : le requin blanc (Carcharodon carcharias) sous l annexe I et le requin pèlerin (Cetorhinus maximus) et le requin baleine (typus Rhincodon) sous l annexe II. II Ŕ 1 Ŕ 1 Diversité et importance des élasmobranches dans le golfe de Gabès 85 espèces d élasmobranches dont 47 requins et 38 batoides sont connues en Méditerranée (Serena, 2005). Selon la dernière actualisation de la liste des poissons tunisiens (Bradaï et al. 2004), 62 espèces d élasmobranches sont signalées sur les côtes tunisiennes dont 33 requins et 29 batoides représentant environ 19% de l ichthyofaune tunisienne. Parmi ce groupe de poisson, 26 espèces de requins (Saidi, 2008) et 21 espèces de batoides (Ennajar, 2009) ont été inventoriées dans la région du golfe de Gabès. Parmi les espèces d élasmobranches connues le long des côtes tunisiennes, 5 requins et 8 batoides sont capturés durant toute l année et ont une valeur économique (Mustelsus mustelus, M. punctulatus, Carcharhinus plumbeus, Squalus blainvillei, Scyliorhinus canicula, Rhinobatos cemiculus, R. rhinobatos, Dasyatis pastinaca, D. tortonsei, Pteromylaeus bovinus, Torpedo torpedo, Raja radula et Raja clavata). Ces espèces sont prises accidentellement par les différents engins opérant dans la région, principalement le chalut benthique. En outre, M. mustelus, M. punctulatus, C. plumbeus, et R. cemiculus et R. rhinobatos sont sujet de pêcheries ciblées par des techniques 9

70 spécifiques durant le printemps et l été, principalement dans la région du golfe de Gabès. Le golfe de Gabès se caractérise par la présence de frayères, nurseries et habitats pour plusieurs espèces de poissons, de crustacés et de céphalopodes et également de plusieurs espèces d élasmobranches du fait de la présence simultanée des juvéniles et des femelles gestantes et des femelles gravides. Ces habitats offrent pour les juvéniles la nourriture et la protection contre les prédateurs. Le golfe de Gabès semble offrir ces conditions pour plusieurs batoides tel que Rhinobatos rhinobatos, Glaucostegus cemiculus, Dasyatis pastinaca, Torpedo torpedo, Gymura altavela (Ennajjar, 2009). La capture des femelles gestantes avec des fœtus à terme est très courante pour ces espèces dans cette région. De même, le golfe de Gabès constitue une nursery pour plusieurs espèces côtières de requins communs en Méditerranée (Saidi, 2008 ; Bradai et al. 2006). Les juvéniles et les adultes des deux émissoles Mustelus mustelus et Mustelus punctulatus sont débarqués le long de l'année (Saidi, 2008). Les adultes du requin gris Carcharhinus plumbeus sont capturés seulement durant la fin du printemps et début de l été, période pendant laquelle les requins se rapprochent des côtes pour se reproduire et mettre bas les nouveau-nés. Ces espèces paraissent utiliser le golfe de Gabès comme nurserie (Bradaï et al ; Saidi, 2008). Des captures des nouveau-nés, des juvéniles (TL < 250 cm) et des adultes des deux sexes du grand requin blanc Carcharodons carcharias dont une femelle gravide portant 4 fœtus ont été enregistrées dans le golfe de Gabès (Saïdi et al. 2005). De même, pour le requin mako Isurus oxyrinchus, la capture saisonnière de juvéniles montre que cette espèce utilise la région comme nursery primaire (Saïdi, 2008). L essentiel de la production des élasmobranches dans le golfe de Gabès provient de la pêche côtière. En effet, dans cette région les élasmobranches font l objet de pêcheries spécifiques par des filets maillants spécialement conçus. Les Triakidae sont sujettes à une pêcherie au filet maillant appelée Gattatia. Dans la région de Zarzis et Djerba, cette pêcherie est pratiquée dès la fin de l automne jusqu au début de l été, mais principalement entre février et mai. Cette activité, se développe dans la région de Sfax (Kerkennah) durant le printemps et l été (Saidi, 2008). Les filets dits «Garracia» et «Kallabia» sont spécifiques respectivement pour la pêche des Rhinobatidae et des Carcharhinidae, utilisés principalement au sud tunisien (Zarzis, Zarat et Skhira) durant le printemps et l été. Ils ramènent essentiellement les Carcharhinidae et les Rhinobatidae et accessoirement les Dasyatidae et les Myliobatidae (Enajjar, 2009). Dans les annuaires statistiques de pêche de la D.G.P.A.; les élasmobranches figurent aussi, dans la liste des captures des pêcheries non spécifiques dont le plus important est le chalut benthique ; le chalut pélagique (port de Kélibia), la pêche lagunaire, la pêche au feu, la pêche au thon, les pêcheries fixes et les autres techniques de pêche côtière (palangre ). 10

71 tonnes La production des élasmobranches représentait 2,04 % de la production halieutique nationale entre 1995 et La production moyenne annuelle tunisienne en élasmobranche est de 1998 tonnes ( ) dont environ 60,23 % proviennent de la région du golfe de Gabès (Fig. I-3). Dans cette région, les élasmobranches constituent en moyenne 2,84 % de la production halieutique totale. La production des élasmobranches a montré une tendance à l augmentation jusqu à 2002 puis commence à chuter depuis. Cette tendance à la baisse est plus nette dans le golfe de Gabès où l effort de pêche est plus intense Elasmo TUN Elasmo GG Années Figure I-3 : Evolution de la production annuelle des élasmobranches en Tunisie et dans le golfe de Gabès ( ). Figure I-3: Evolution of the annual production of elasmobranches in Tunisia and the Gulf of Gabes ( ). A l échelle de la Méditerranée, la Tunisie est placée troisième, après l Italie et la Turquie dans la production de poissons élasmobranches (Fig.I-4) 11

72 Tonnes P (tonnes) others countries TURKEY TUNISIA ITALY Year Figure I-4: Contribution de l'italie, la Turquie et la Tunisie dans la production des élasmobranches en Méditerranée et Mer Noire de 1980 à Figure I-4: Contribution of Italy, Turkey and Tunisia in the Elasmobranches production in the Mediterranean and the Black Sea from 1980 to La tendance à la baisse des débarquements d élasmobranches est également enregistrée à l échelle de la Méditerranée aussi bien pour les requins (Fig. I-5) que pour les batoides (Fig. I-6) ALOPIIDAE CARCHARHINIDAE CETORHINIDAE LAMNIDAE SCYLIORHINIDAE SPHYRNIDAE SQUALIDAE SQUATINIDAE TRIAKIDAE Year Figure I-5: Tendance des captures de requins en Méditerranée et Mer Noire durant les 30 dernières années Figure I-5: Mediterranean and Black Seas trend of catches of sharks in the last 30 years 12

73 Tonnes DASYATIDAE MYLIOBATIDAE RAJIDAE RHINOBATIDAE RAJIFORMES Year Figure I-6: Tendance des captures de batoides (raies) en Méditerranée et Mer Noire durant les 30 dernières années Figure I-6: Mediterranean and Black Seas trend of catches of batoïdes relatives (rays) in the last 30 years La production des élasmobranches est concentrée surtout au printemps et en été; période des campagnes de pêche ciblant les élasmobranches tel que C. plumbeus et les deux Rhinobatidés (Fig. I-7). Pendant cette période les pêcheurs ciblent les espèces qui se rapprochent des côtes pour se reproduire. Les pêcheries ciblant ce groupe de poissons se développent le long des côtes Sud de la Tunisie à la fin de printemps et l'été. Pendant cette période les femelles capturées sont gestantes se préparent à la mise bas, d où leur capture porte des dégâts énormes au stock. Figure I-7 : Production mensuelle des élasmobranches en Tunisie. P(T) : production en tonne Figure I-7: Monthly production of elasmobranchs in Tunisia. P (T): Production in tons Les espèces de ce groupe de poisson sont ciblées par des filets maillants de maille étirée supérieure à 12 cm. Ces filets sont la «Gattatia» (12 à 16 cm de maille étirée) pour les Triakidae, «Kallabia» ou «Garracia (30 à 34 cm de maille étirée) pour les Carcharhinidae et les Rhinobatidae. Les Triakidae et les Carcharhinidae sont également ciblés par la palangre de juillet à septembre. Il ressort des observations que les filets maillants ciblent principalement les femelles gestantes se rapprochant des côtes pour la mise bas alors que les palangres ciblent les juvéniles et les submatures. 13

74 II Ŕ 1 Ŕ 2 Interaction des élasmobranches avec les techniques de pêche Tous les poissons cartilagineux sont capturés accidentellement dans la plupart des engins de pêches en Méditerranée (Fig. I-8) (Cavanagh et Gibson, 2007). Figure I-8 : Pourcentage d espèces de poissons cartilagineux (71 espèces) en Méditerranée, pour lesquelles les prises accidentelles par les chaluts, les palangres et les filets constituent une menace majeure. (D après Cavanagh et Gibson, 2007). Figure I-8: Percentage of cartilaginous fishes (71 species) in the Mediterranean, for which bycatch by trawls, longlines and nets are a major threat. (According to Cavanagh and Gibson, 2007). II Ŕ Captures accidentelles aux chaluts A-En Méditerranée Le chalutage en Méditerranée utilise des techniques diverses adaptées à une production d espèces benthiques, démersales et pélagiques variées. Il est pratiqué par un peu plus de 10% de la flottille de pêche méditerranéenne. Les chalutiers contribuent approximativement à un peu plus de la moitié des captures, ce qui souligne l importance économique de cette activité. Cette technique engendre plusieurs problèmes : captures de juvéniles, important rejets et impact négatif sur l environnement (Sacchi, 2007). En méditerranée, les rejets constituent plus de 40% des captures (Sanchez et al. 2004). Il n y a pas de pêcherie ciblée sur les élasmobranches, mais toutes les espèces sont généralement capturées par cette technique de pêche. En Méditerranée, sur les 85 espèces connues 62 sont répertoriées dans les pêcheries chalutières en Grèce, 62 en Catalogne et 74 dans les eaux italiennes (Bertrand et al. 2000). Toutefois, les espèces démersales, et particulièrement Galeus melastomus, Etmopterus spinax, Scyliorhinus canicula, Mustelus sp et les rajidés, sont les plus capturées (Baino et al ; Massuti & Moranta, 2003). Parmi les raies, il est à signaler que Raja clavata, R. radula et R. miraletus sont les espèces les plus pêchées en Méditerranée (Bertrand et al ; Abella & Serena, 2005) La proportion débarquée dépend de la valeur marchande des espèces et des régions. Les débarquements totaux d'élasmobranches ne représentant que 0.45 % des débarquements en Méditerranée (Sacchi, 2007). 14

75 Cette technique engendre la capture occasionnelles de requins pélagiques, comme Alopias vulpunis, Prionace glauca, C. carcharias, I. oxyrinchus et plus rarement Cetorhinus maximus. En Méditerranée, 5% des captures du requin pèlerin C. maximus sont rapportés au chalut (Mancusi et al. 2005). D autre part cette technique engendre la capture des juvéniles du requin blanc principalement en Méditerranée centrale et en particulier dans le golfe de Gabès où respectivement 30% et plus de 80% des captures du requin blanc C. carcharias et du requin griset Hexanchus griseus sont ramenés par le chalut benthique (Saïdi et al. 2007). Le développement de l utilisation de chaluts à très grande ouverture pour la pêche des petits pélagiques a entraîné l accroissement de captures occasionnelles de requins pélagiques, comme Alopias vulpinus, Prionace glauca et plus rarement Cetorhinus maximus. L accroissement soutenu de l effort de pêche au chalut semble avoir contribué à un déclin de la biodiversité des élasmobranches en Méditerranée (stock et habitats) (Aldebert, 1997 ; Jukic-Peladic et al. 2001). Pour cette technique de pêche, les informations concernent très souvent un listing des espèces sans estimation des taux de capture par effort de pêche. La rive occidentale est relativement la plus étudiées (Mers Tyrrhénienne, ionienne, Egée et les Baléares). Sur la rive méridionale, à part la région du golfe de Gabès, les études de ce genre font pratiquement défaut. B-Les captures accessoires d Elasmobranches dans le golfe de Gabès Plus de 20% de la production moyenne annuelle en requin dans le golfe de Gabès proviennent des captures accidentelles au chalut. Les espèces communes (emissoles Mustelus sp et le requin gris Carcharhinus plumbeus), ciblées par la pêche artisanale, sont prises accidentellement par le chalut le long de l année (Saidi et al. 2003). L examen des apports de la pêche dans les principaux ports du golfe de Gabes entre janvier 2001 et juin 2005 montre que L essentiel des débarquements de M. mustelus et de C. plumbeus par le chalut est composé d individus n ayant pas atteint la taille de première maturité sexuelle (Fig. I-9). L abondance des juvéniles dans les captures montre également que cette région serait une nursery et une frayère pour ces espèces. 15

76 Figure I-9 : Distribution des fréquences des tailles de Mustelus mustelus (A) (n = 600) et de Carcharhinus plumbeus (B) (n = 350). Tm : Taille de la maturite sexuelle (Saïdi et al. 2007). Figure I-9: Distribution of size frequencies of Mustelus mustelus (A) (n = 600) and Carcharhinus plumbeus (B) (n = 350). Tm: Size of sexual maturity (Saidi et al. 2007). De même pour l émissole ponctué M. punctulatus, l essentiel des individus débarqués par chalutage benthique sont immatures (Fig. I-10), seulement 18,3% des mâles et 8,7% des femelles capturés sont matures. Les nouveau-nés sont rarement rencontrés. 16

77 Figure I-10 : Distribution des tailles de M. punctulatus capturés par le chalut. TMm et TMf : Taille de la première maturité sexuelle chez les mâles et femelles, respectivement. Figure I-10: Size distribution of M. punctulatus caught by the trawl. TMm and TMF: Size of first maturity in males and females, respectively. Par ailleurs, 58 spécimens de requin gris (35 femelles et 23 mâles) débarqués de janvier à juin 2009 par les chalutiers du golfe de Gabès (Hamdaoui, 2010) avaient des longueurs totales allant de 71 à 115 cm LT. Tous les individus capturés par le chalut benthique sont des nouveau-nés et des juvéniles. Les grands individus sont pêchés principalement dans les pêcheries côtières. Le requin griset Hexanchus griseus est capturé dans la région durant mars, avril et mai à des profondeurs dépassant les 60 m. Le chalut contribue à plus de 80% des captures de ce requin. Tous les individus capturés sont immatures (Fig.I-11) (Saïdi, 2008 et Saïdi et al. 2007). Environ 30% des captures du grand requin blanc Carchrodon carcharias sont rapportées au chalut (Saïdi et al. 2007) 17

78 Figure I-11 : Distribution des tailles de Hexanchus griseus débarqué par type de pêche (Saïdi, 2008). Figure I-11: Size distribution of Hexanchus griseus landed by fishing gears (Saidi, 2008) L'étude de la structure de débarquement de ces espèces montre que le chalut apporte des dégâts énormes aux populations d élasmobranches dans la région du golfe de Gabès et d ailleurs dans toute la Méditerranée. En effet, l essentiel des débarquements de ces espèces par le chalut est composée d individus n ayant pas atteint la taille de première maturité sexuelle. Cet engin rapporte principalement des nouveaux nés portant une cicatrice ombilicale (essentiellement pendant les mois de l'été) Dans une étude portant sur les élasmobranches dans les débarquements des chalutiers dans le port de pêche de Sfax, golfe de Gabès, Hamdaoui (2010) a échantillonné 413 débarquements de chalutiers de janvier à juin 2009 (pendant juillet septembre, le golfe de Gabès est fermé à la pêche au chalut). Pour le calcul des taux de capture par unité d effort de pêche (CPUE), uniquement 186 débarquements ont été retenus (moyenne de 31 débarquements par mois) pour lesquels les informations sur l effort de pêche sont complètes. Le nombre de jours de mer moyen par sortie est 9,26, le nombre de traits moyens effectués par jour de mer est 9,18 et le nombre de traits moyens effectués par sortie est 85,14. Il est à signaler que le port de pêche de Sfax est le plus important port hauturier du golfe de Gabès et de la Tunisie. Il abrite 99 % de la flottille hauturière active dans le golfe de Gabès Les élasmobranches sont débarqués par les chalutiers comme prises accessoires «bycatch» avec des abondances plus au moins importantes. Les investigations menées dans le cadre de cette étude ont permis de recenser 31 espèces d élasmobranches dont 14 requins et 17 batoides dans les débarquements des chalutiers opérants dans le golfe de Gabès, soient 64,58% des 48 espèces d élasmobranches signalées dans le golfe de Gabès. Les élasmobranches constituent 5,42% de la production totale des chalutiers dans le golfe de Gabès; dont 3,7% pour les batoides et 1,7% pour les requins (Fig. I-12). 18

79 Figure I-12: Composition des débarquements des chalutiers dans le golfe de Gabès (Hamdaoui, 2010). Figure I-12: Composition of landings of trawlers in the Gulf of Gabes (Hamdaoui, 2010) Les Captures Par Unité d Effort de pêche (CPUE) des élasmobranches, des requins et des batoides sont résumées dans le tableau I-2. Tableau I-2 : CPUE des élasmobranches, des requins et des batoides dans les débarquements des chalutiers dans le golfe de Gabès (Kg/effort de pêche) (Hamdaoui, 2010). Table I-2: CPUE of elasmobranchs, sharks and batoids in the landings of trawlers in the Gulf of Gabes (kg / fishing effort) (Hamdaoui, 2010). Elasmobranches Requins Batoides CPUE/ sortie en mer 79,36 23,66 55,70 CPUE/ jour de mer 7,5638 2,5093 5,0447 CPUE/ trait de chalut 0,8234 0,2732 0,5491 Les batoides sont plus abondants que les requins dans les débarquements des chalutiers dans le golfe de Gabès. Les Dasyatidae, les Myliobatidae, les Triakidae et les Rajidae sont les groupes les plus communs dans les débarquements des chalutiers opérant dans le golfe de Gabès (Fig. I-13). Ceci reflète aussi bien l abondance de ces espèces dans cette zone ainsi que l importance de la région pour ce groupe. D autre part, l omniprésence des Dasyatidae et des Myliobatidae dans les débarquements suggère que les chalutiers opèrent dans les zones côtières de faible profondeur. Les Torpedinidae et les Schyliorhinidae (Schyliorhinus canicula), marquent une faible abondance dans la zone (Fig. I-13). Par ailleurs, les Carcharhinidae sont les élasmobranches les moins pêchés par les chalutiers dans la région (Fig. I-13). Ces requins sont, par ailleurs, ciblés par la pêcherie côtière (Palangre, filet Kallabia, Gattatia ou Garracia). 19

80 Carcharhinidae Torpedinidae Schyliorhinidae Rhinobatidae Squalidae Rajidae Triakidae Myliobatidae Dasyatidae 0,809 1,041 2,591 5,169 5,249 14,073 15,018 16,755 18, CPUES (Kg / Sortie en mer ) Figure I-13 : Captures moyennes/ sortie en mer des principales familles d élasmobranches par chalut benthique dans le golfe de Gabès (Kg/sortie en mer) (Hamdaoui, 2010). Figure I-13: Mean catch / fishing trip of the main families of elasmobranchs by bottom trawl in the Gulf of Gabes (Kg / fishing trip) (Hamdaoui, 2010) La CPUE des différentes familles est variable d un mois à un autre (Fig. I-14). La capture des Triakidae est stable durant toute la période d échantillonnage. Ceci révèle que ces requins sont toujours exposés aux chalutiers dans la région. L abondance relative des Dasyatidae et des Myliobatidae augmente principalement durant la campagne de crevette (mai et juin) quand les chalutiers se rapprochent davantage de la côte. Les Rajidae sont capturés essentiellement en printemps (mars et avril) quand les chalutiers atteignent des profondeurs importantes à cause des conditions climatiques favorables. En effet, au moment de la campagne à la crevette l abondance relative des Rajidae diminue significativement pour s annuler au mois de juin. En outre, les espèces de Rajidae de petite taille sont rejetées en mer puisqu elles ne sont pas commercialisables. De ce fait les débarquements ne reflète pas la richesse spécifique de cette zone en Rajidés et ne permet pas d estimer les captures exactes de ces raies. La portion rejetée devrait être prise en considération lors des estimations. L abondance relative la plus élevée des Squalidae dans les débarquements des chalutiers est signalée au mois de mars quand les chalutiers atteignent des grandes profondeurs (Fig. I-14). Les Schyliorhinidae, les Torpedinidae et les Carcharhinidaes ont des CPUE S moyennes faibles tout le long de la période d échantillonnage (Fig. I-14). Les variations sont en relation avec les conditions climatiques et les zones de pêche. 20

81 CPUES (Kg / sortie en mer) Dasyatidae Triakidae Rhinobatidae Rajidae Myliobatidae Torpedinidae 40 Squalidae Schyliorhinidae Carcharhinidae Janvier Février Mars Avril Mai Juin Figure I-14 : Variations mensuelles des captures par sortie en mer des principales familles d élasmobranche par le chalut benthique dans le golfe de Gabès (Hamdaoui, 2010). Figure I-14: Monthly changes in catch per fishing trip of the main families of elasmobranch by bottom trawl in the Gulf of Gabes (Hamdaoui, 2010) Pteromylaeus bovinus est une espèce abondante dans les débarquements des chalutiers au golfe de Gabès (Fig. I-15). Taenura grabata est une pastenague qui a acquis des nouveaux habitats dans le golfe de Gabès, elle a pris également une bonne position dans les débarquements du chalut benthique. Dasyatis centroura enregistre la faible CPUE (Fig. I-15). Mustelus asterias et Heptranchias perlo sont deux requins de grandes profondeurs. Ils sont souvent présents ensembles dans les débarquements des chalutiers dans la région. 21

82 Figure I-15 : Captures moyennes/ sortie en mer de quelques espèces d élasmobranche par chalut benthique dans le golfe de Gabès (Nombre d individus/sortie en mer) (Hamdaoui, 2010). Figure I-15: Mean catch / fishing trip of a some species of elasmobranchs by bottom trawl in the Gulf of Gabes (Number of individuals / fishing trip) (Hamdaoui, 2010) Gymnura altavela est principalement rencontrée au mois de janvier (Fig. I-16). Taenura grabata enregistre un pic d abondance au mois de février comme tous les Dasyatidae (Fig. I-16). Dasyatis centroura est communément pêchée pendant les mois de janvier et de mars (Fig. I-16). Rostraja alba, Mustelus asterias et Heptranchias perlo qui sont des espèces de grandes profondeurs, sont essentiellement pris par les chalutiers au mois de mars (les chalutiers opèrent dans les grandes profondeurs). Figure I-16 : Variations mensuelles des Capture/ sortie en mer de quelques espèces rares d élasmobranche par le chalut benthique dans le golfe de Gabès (Hamdaoui, 2010). Figure I-16: Monthly variations of Capture / fishing trip of some rare species of elasmobranchs by bottom trawl in the Gulf of Gabes (Hamdaoui, 2010). 22

83 Compte tenu de leurs caractéristiques biologiques particulières, les élasmobranches sont très sensibles à la pression de la pêche et à toute action anthropique. Le «by-catch» des élasmobranches affecterait à la fois la biodiversité et l abondance des stocks de ces poissons. Nous assistons actuellement à un déclin des populations des élasmobranches dans la région du golfe de Gabès. Le rétablissement des stocks prendrait beaucoup de temps. II Ŕ Captures accidentelles aux palangres A-En Méditerranée Plusieurs types de palangres sont utilisés en Méditerranée. Selon les espèces ciblées, démersales ou pélagique, on distingue respectivement la palangre de fond et la palangre de surface. Ce dernier cible, selon la taille des hameçons et la profondeur de leur immersion, principalement l espadon Xiphias gladius, le germon Thunnus alalunga et le thon. Ces palangres ne ciblent pas toutefois les élasmobranches mais engendrent des prises accessoires importantes de requins. Au moins 12 espèces de requins : Prionace glauca, Isurus oxyrinchus, Alopias vulpinus, Galeorhinus galeus, Lamna nasus, Alopias superciliosus, Sphyrna zygaena, Hexanchus griseus, Carcharinus plumbeus, Squalus blainvillei, Mustelus mustelus, Cetorhinus maximus sont concernées par la palangre de surface (Di Natale, 1998 ; Mejuto et al ; Megalofonou et al. 2005a,b). Par ailleurs, des prises accidentelles de jeunes requins blancs (Carcharodon carcharias) ainsi que Dasyatis violacea et Mobula mobular sont également signalées dans les pêcheries palangrières de la Méditerranée (Filanti et al ; Garibaldi, 2006 ; Peristeraki et al. 2007). Généralement, les requins sont débarqués pour être vendus alors que les raies sont rejetées pour la plupart en mer (Di Natale, 1998). Les palangres de fond ramènent accessoirement plusieurs espèces démersales telles que Mustelus sp, Squalus sp, Torpedo sp et certaines Rajidés (Stergiou et al. 2002). Une étude des pêcheries palangrières pélagiques dans plusieurs zones en Méditerranée septentrionale a montré que les requins constituent en général 6,2% en nombre et 13,5 en biomasse de la capture totale de ces pêcheries (Megalofonou et al. 2005b). Pour les zones étudiées, le taux de capture le plus élevé a été enregistré en Mer Alboran (34,3%) suivi par l Adriatique (15,11%). Le plus faible concerne le canal de Sicile (0,89%). La CPUE est en moyenne de 0,74 ind/1000 hameçons (Megalofonou et al a, b). La CPUE est plus importante en mer d Aloboran (3,8% ind./1000 hameçons) et en Adriatique (1 ind/1000 hameçon) que les autres zones (Megalofonou et al b). L importance des requins en terme de masse dans les captures varie d un type de palangre à un autre ; il est de 17,7% et 0,3% respectivement dans les pêcheries palangrières ciblant d espadon et le germon (Megalofonou et al a, b). Le long des côtes marocaines, les études montrent que les prises accessoires des requins ne dépassent pas 3% du poids total débarqué des pêcheries à la palangre de surface (Srour et Abid, 2004). 23

84 Au niveau du détroit de Gibraltar, Buencuerpo et al. (1998) estime la CPUE à 24,23 individus/1000km de filet. Dans toutes les zones étudiées, le requin peau bleue, P. glauca, est l espèce la plus représentée dans les captures à la palangre de surface. Elle constitue plus de 70% des captures en élasmobranches. Elle est suivie par la taupe bleue Isurus oxyrinchus. Il parait également que pour toute les espèces, les individus capturés dans le bassin levantin sont de plus grande taille que ceux pêchés dans le bassin occidental de la Méditerrané (Megalofonou et al a, b). La palangre de fond semble ramener surtout des hypothrèmes ; en Mer Egée, les Rajidés (Raja radula, R clavata et R. miraletus) représentent entre 6 et 19% en masse des captures totales. Ces taux varient selon la taille des hameçons (Stergiou et al. 2002). Il est à signaler enfin que les études des pêches accessoires d élasmobranches par les hameçons font pratiquement défaut sur la rive sud de la Méditerranée. B-La pêche palangrière dans le golfe de Gabès Dans ce type de pêche on distingue la palangre de surface et celle du fond. * Palangre de surface (Fig. I-17) Les hameçons sont maintenus à une profondeur variant de 6 à 20 m. Les appâts utilisés sont le maquereau ou le chinchard. Cet engin cible principalement l espadon et secondairement les requins pélagiques. Les hameçons employés pour la capture de l espadon sont de numéros 04 alors que ceux utilisés pour les requins sont de numéro 00 et 01. * Palangre de fond Ce type de palangre (Fig. I-18) est utilisé pour la capture des mérous et des requins et quelques autres poissons osseux, les hameçons sont de numéros 04 ou 05 pour les deux premiers taxa et 13, 14 et 15 pour la pêche des poissons osseux. La durée de mouillage est de 1 à 3 heures et les appâts utilisés sont généralement la sardinelle et des lanières de sèche. Figure I-17 : Palangre de surface/surface longline Figure I-18 : Palangre de fond/bottom longline La diminution des captures de l espadon et celles des mérous et l accroissement de la valeur commerciale des requins ont orienté les pêcheries vers la capture des requins. 24

85 Fréquence (%) La campagne de pêche à la palangre de surface du requin gris se déroule de juin à octobre. Seulement 10% (sexes confondus) des captures à la palangre sont adultes. La pêche à la palangre de fond se pratique durant l été dans toute la région du golfe de Gabès. Environ 45 % des spécimens pêchés de M. mustelus et de M. punctulatus sont matures. Cette activité de pêche ramène principalement des individus subadultes (Saïdi, 2008). Dans le golfe de Gabès, La palangre de surface ciblant l espadon et le requin gris ramène également d autres espèces comme prises accidentelles comme Isurus oxyrinchus et les Carchahinides, plus de 80% des captures du requin taupe bleu, Isurus oxyrinchus sont rapportés par la palangre de surface. Tous les individus capturés dans la région sont des juvéniles. Cet engin capture également les juvéniles du requin H. griseus. Les palangres de fond, utilisées surtout pour la capture des mérous, pêchent également les Triakides et les Squatinides (Saïdi, 2008 et Saïdi et al. 2007). La palangre engendre la capture de juvéniles et des subadultes de C. plumbeus. En effet, seulement 10 % des spécimens capturés par cet engin sont matures (Fig. I-19). Cette activité de pêche ramène principalement des individus subadultes de l émissole lisse (Fig. I-20). Le noyau de débarquement se situe à une taille voisine de celle de la première maturité sexuelle. En effet, 45 % des individus capturés à la palangre sont matures. 30 Palangre 20 Femelles: N=301 Mâles: N= TMm TMf LT (cm) Figure I-19: Distribution des fréquences de taille de C. plumbeus débarqués par la palangre dans le golfe de Gabès. Figure I-19: Size frequency distribution of C. plumbeus landed by longline in the Gulf of Gabes. 25

86 Fréquence (%) M. mustelus TMm Palangre Femelles N= 265 Mâles N = TMf LT (cm) Figure I-20 : Distribution des fréquences de tailles de M. mustelus capturés à la palangre de fond. Figure I-20: Sizes frequency distribution of M. mustelus caught by bottom longline. II Ŕ Trémails et filets maillants Les filets droits de fonds (trémails et les filets maillants) sont les engins de pêche les plus couramment utilisés par la petite pêche méditerranéenne. Ces engins de pêche sont très souvent calés avant le coucher du soleil et relevés après l'aube. La longueur des filets calés dépend de la taille de l embarcation de pêche. A-En Méditerranée En Méditerranée, il y a peu de pêcheries aux filets maillant ciblant les requins. Nous citons une pêcherie artisanale printanière ciblant les émissoles Mustelus sp et Squalus sp au Nord de l Adriatique et une autre dans le golfe de Gabès pour la pêche de Mustelus sp, Carcharhinus plumbeus et Rhinobatos sp (Bradaï et al. 2006). Le maillage varie d un groupe d espèces à un autre. Toutefois, ces filets ramènent plusieurs autres espèces non ciblées : Scyliorhinus canicula, Squalus acanthias, S. stellaris, Myliobatis aquila, Pteromylaeus bovinus Galeus melastomus, Centrophorus granulosus, Carcharhiuns sp. Dasyatis sp (Costantini et al ; Morey et al. 2006). Concernant les filets trémails, un suivi des pêcheries aux îles Baléares révèle la capture de 12 espèces d élasmobranches (10 raies et 2 requins) représentant 10% en abondance et 28% en biomasse de la capture totale. Les espèces les plus communes sont Dasyatis pastinaca, Raja radula et Torpedo marmorata représentant respectivement 48%, 24% et 15% des captures d élasmobranches (Morey et al. 2006). En mer Egée, les élasmobranches (principalement les Rajidés) représentent 6% à 10% en masse des captures totales de trémails (Stergiou et al. 2002). Les filets trémails engendrent la prise de 30% des captures totales du requin pèlerin en Méditerranée (Mancusi et al. 2005). Il est à signaler par ailleurs que des prises occasionnelles de requin pèlerin (Cetorhinus 26

87 maximus) en mer Ligure et Tyrrhénienne aux filets maillant et aux trémails ont été rapportées (Serena et al. 2000). B-Le cas du golfe de Gabès Le filet trémail est le filet le plus approprié pour pêcher un grand nombre d espèces. Il engendre la capture accessoirement d importantes quantités de nouveau-nés de requins démersaux dans la région. Contrairement au trémail à trois rets, le filet maillant est constitué d une seule nappe de forme rectangulaire maintenue par une ralingue supérieure à flotteurs et une ralingue inférieure à plombs. Dans le golfe de Gabès une petite flotte utilise saisonnièrement des filets spéciaux pour les élasmobranches : - Kallabia, du nom dialectal du requin gris (Kalb bhar): c est un filet de maille souvent de 16 à17 cm de côté. Les dimensions des pièces sont généralement de 50 m de longueur sur 3 m de hauteur. Le fil est N Comme son nom l indique, ce type de filets cible le requin gris C. plumbeus - Gattatia, du nom vernaculaire des émissoles en Tunisie «Gtat»: c est un filet de côté de maille d environ 7 à 8 cm. Les dimensions des pièces sont généralement de 50 m de longueur sur 3 m de hauteur. Le fil est N Ce type de filets cible les deux émissoles, M. mustelsus et M. punctulatus Le requin gris est pêché, entre fin mars et juillet, la pêcherie est basée sur le rapprochement saisonnier de l espèce des côtes, au cours de la période de reproduction (Saïdi et al. 2003). Les tailles des mâles et des femelles capturés au filet «Kallabia» se répartissent respectivement entre 84 et 190,5 cm et entre 80 et 218,5 cm de LT. Plus de 75% des femelles et 16% des mâles capturés par cet engin sont matures (Fig. I-21). La plupart des femelles capturées sont gestantes. Figure I-21: Distribution des tailles de Carcharhinus plumbeus capturés au Garracia. TMm et TMf : Taille de la première maturité sexuelle chez les mâles et femelles, respectivement (Saidi, 2008). Figure I-21: Sizes distribution of Carcharhinus plumbeus captured by Garracia. TMm and TMF: Size at first maturity for males and females, respectively (Saidi, 2008). 27

88 Les émissoles sont pêchés au filet maillant appelée Gattatia de la fin de l automne jusqu au début de l été, mais principalement entre février et mai. Les structures de débarquement des émissoles par ce type de filet Pour chacune des deux espèces montrent que 25% des femelles et 40% des mâles capturés par cet engin sont matures (Fig. I-22). Figure I-22: Distribution des tailles des émissoles capturées au filet «Gattatia». TMm et TMf : Taille de la première maturité sexuelle chez les mâles et femelles, respectivement. Figure I-22: Size distribution of hound sharks caught in nets "Gattatia". TMm and TMF: Size at first maturity for males and females, respectively. II Ŕ Captures accidentelles à la senne tournante La senne coulissante est constituée d'un long filet fait d une série de nappes de différents maillages avec des flotteurs sur la ralingue supérieure et des lests fixés sur la ralingue inférieure. Le sac ou "poche" est situé à l une des extrémités Bien qu il y ait peu d informations disponibles dans la littérature sur les captures accessoires des filets tournants, cet engin capture occasionnellement les requins pélagiques et des pastenagues au cours des opérations de pêche au thon rouge ou aux 28

89 petits pélagiques (Hattour et al ; Fromentin & Farrugio, 2005). En méditerranée centrale plus de 70% des captures du requin blanc sont rapportées à la senne tournante (Fergusson, 1996 ; Saïdi et al. 2005). D autre espèce également signalées dans les captures, Isurus oxyrinchus, Cetorhinus maximus, Alopias vulpinus. Dans le golfe de Gabès, cet engin ramène principalement les espèces pélagiques et migratrices. Plusieurs captures de grands requins pêchés accidentellement par ce filet ont été signalées. Nous citons le grand requins blanc (Bradaï, 2000 ; Bradaï et al ; Saïdi et al. 2005), le requin pèlerin (Bradaï et al ; Mancusi et al. 2005) Environ 70 % des captures du requin blanc sont ramenés par la senne tournante (Saidi et al. 2007). II Ŕ 1-3 Présentation de quelques espèces menacées clés en Méditerranée et dans le golfe de Gabès Nous présentons dans ce qui suit quelques espèces menacées clés en Méditerranées et dans le golfe de Gabès. Les espèces menacées sont celles qui sont considérées comme en danger critique d extinction (CR), en danger (EN) ou vulnérable (VU) dans la liste rouge de l IUCN a-le requin pélerin Cetorhinus maximus (Gunnerus, 1765) L'espèce est largement distribuée dans les eaux tempérées, mais un grand nombre de spécimens ont tendance à être concentrés dans quelques zones côtières, où l'alimentation et, éventuellement, la reproduction a lieu à ou près de la surface. C. maximus est l'une des espèces qui nécessite le plus des mesures de protection, en raison de sa stratégie de reproduction. Compagno (1984) le considère comme extrêmement vulnérables à la surpêche, peut-être beaucoup plus que la plupart des requins Le Requin-pèlerin, Cetorhinus maximus, figure dans les annexes des quatre principales conventions internationales. Ce requin pélagique, cosmopolite et planctonophage a été signalé au nord de la Tunisie (Chakroun, 1966 ; Capapé et al ; Najaï,1980 ; Raïs & Baccar, 1998). Dans le golfe de Gabès, Plusieurs spécimens ont été pêchés aux filets maillants flottants (Bradaï & Ghorbel, 1992), au trémails (Bradai et al. 2002) et à la seine tournante (Capapé et al b). b-le poisson guitare fouisseur Rhinobatos cemiculus La Guitare de Mer Fouisseuse, Rhinobatos cemiculus, était autrefois relativement répandue au nord de la Méditerranée. Aujourd hui, cette espèce a presque disparu de plusieurs régions. Cette grande raie peut mesurer jusqu à 2,3 m et se déplace lentement sur les fonds. Souvent capturée pour ses grandes nageoires très prisées, la Guitare de Mer Fouisseuse est victime des prises accessoires et figure dans la Catégorie En danger, tant au niveau méditerranéen qu au niveau mondial. 29

90 Cette espèce semble limiter sa distribution à la région du golfe de Gabes où elle est relativement abondante. D après les témoignages des pêcheurs, cette espèce faisait l objet d une importante campagne de pêche dans le sud tunisien. Répartition géographique C est une espèce à affinité atlanto-méditérranéene (Fredj et Maurin, 1987 ; Mc-Echran et Capapé, 1986) préférant les eaux tempérées chaudes. En Méditerranée, l'espèce est signalée sur toutes les côtes européennes mais sa capture y est exceptionnelle (Capapé et al. 1996), elle est très fréquente, en revanche, le long du littoral maghrébin (Capapé et al. 1996). En Tunisie, Quignard et Capapé, (1971) signalent qu elle est commune sur le versant oriental et rare sur le versant septentrional. Répartition bathymétrique C est une espèce benthique nageant lentement ou s'enterrant en partie sur les fonds meubles (sableux et sablo-vaseux) des eaux côtières peu profondes, sur les herbiers, parfois jusqu'à 100 m de profondeur. c-leucoraja melitensis La Raie de Malte, Leucoraja melitensis (En danger critique d extinction), une espèce endémique à la Méditerranée, était auparavant commune dans son aire de répartition restreinte (Stehmann et Burkel 1986). Cette espèce vit à une profondeur qui coïncide avec celle de l activité de chalutage ; elle est maintenant considérée comme rare et évolue dans une zone d occurrence décroissante. La raie de Malte est une raie de petite taille (commune jusqu'à 350 mm LT) considérée comme espèce rare dans le golfe de Gabès. Elle n'est jamais présente sur les marchés de la zone. C'est une espèce de grande profondeur, en effet durant des traits de chalutage expérimentaux effectués dans le golfe de Gabès, fin juin 2001, à des profondeurs de l'ordre de 200 m, trois exemplaires ont été pêchés. Il s'agissait de 2 mâles matures de longueur totale 350 et 330 mm et une femelle de 310 mm LT (Enajjar, 2009). d-le diable de mer Mobula mobular Le diable de mer Mobula mobular est le plus souvent signalée dans l Atlantique orientale et la Méditerranée (McEachran et Capapé, 1986; Fischer et al. 1987). Toutefois, la présence de M. mobular dans les eaux atlantiques resterait à prouver (Notabartolo di Sciara et Bianchi, 1998). L endémicité de M. mobular en Méditerranée est considérée comme une hypothèse plausible. M. mobular est essentiellement signalée dans le bassin occidental, au nord le plus souvent et plus rarement au sud (Capapé et al., 1990). Elle serait également présente dans le bassin oriental notamment au large des côtes grecques (Economidis, 1973) et dans le levant (Ben-Tuvia, 1971; Golani, 1996). 30

91 M. mobular, en danger, figure sur les listes des espèces de faune strictement protégées de la plupart des conventions. Des investigations menées dans le golfe de Gabès, de 1990 à 2000, ont permis d observer cinq spécimens de grande taille. Deux femelles capturées en mars et mai1999 au filet trémail par 30 m de fond environ respectivement au large de la Skhira et Sidi Mansour. Trois spécimens capturés en mai 1999 et en mai 2000 par un chalutier vers 50m de fond (Bradai et Capapé, 2001). D autres témoignages concernant des captures de M. mobular dans le golfe de Gabès ont été également rapportés mais qui restent relativement rares (Bradai et Capapé, 2001). e-heptranchias perlo (Bonnaterre, 1788) Dans l'atlantique oriental, on retrouve le requin perlon Heptranchias perlo, pratiquement sans discontinuité, depuis le Portugal (Albuquerque, ) jusqu'au golfe de Guinée (Blache et al. 1970). C'est une espèce aux affinités sub-tropicales. Sa capture dans nos régions n'est donc pas fortuite puisqu'on la retrouve au large des côtes libyennes (Lamboeuf et al. 1995) et dans l'est-levantin (Golani, 1996). Quignard & Capapé (1971) et Capapé (1980) signalent le requin perlon sur la côte septentrionale de la Tunisie et le considèrent comme relativement abondant au niveau de la zone profonde du banc des Esquerquis ( m, environ). La première capture de l'espèce dans la région du golfe de Gabès remonte au mois de février 1999 quand un exemplaire mâle de petite taille mesurant 390 mm LT et pesant 138 g a été pêché au chalut benthique (Bradai et al. 2002b). Il s'agit d'un jeune individu car la taille à la naissance serait de 300 mm (Capapé, 1980). Depuis plusieurs captures (juvéniles et adultes) ont été enregistrées surtout au chalut benthique (Bradai et al. 2002b). La rareté de l espèce dans le golfe de Gabès est liée au fait que l espèce vit en grande profondeur, dans des zones éloignées du rivage que les chalutiers n atteignent généralement pas. f-oxynotus centrina (Linnaeus, 1758) L'humantin avait été signalé dans les régions septentrionales du pays (Quignard & Capapé, 1971; Capapé, 1987) et se capturait le plus fréquemment au-delà des 200 m. L espèce a été mentionnée pour la première fois dans le golfe de Gabès par Bradaï et al. (1992). Il s'agissait d'une femelle adulte de 640 mm de long et pesant 3470 g rapportée par un chalutier travaillant dans la région. Les captures de cette espèce sont depuis enregistrées presque régulièrement dans le golfe de Gabès (Bradai et al. 2002b). Ces observations montrent que l'espèce peut vivre dans des eaux tempérées chaudes et à des profondeurs moins importantes, corroborant celles faites par Maurin & Bonnet (1971) et Capapé et al. (1999; 2001) chez les humantins des côtes occidentales de l'afrique. Les paramètres 31

92 relevés chez les spécimens du golfe de Gabès, LT, masse totale, masse du foie, diamètre des ovocytes ne font pas apparaître de différences intra spécifiques avec ceux des côtes nord de la Tunisie, du golfe du Lion ou du littoral sénégalais (Capapé et al ; Capapé et al. 2001). g-le requin blanc Carcharodon carcharias (Linnaeus,1758) Le grand requin blanc est un requin cosmopolite présent dans toutes les mers et océans du globe (Compagno, 2001). Les mâles atteignent la maturité sexuelle à 350 cm LT et les femelles à 400 cm LT ; et la taille à la naissance est estimée à cm LT (Compagno, 2001). Sa taille commune en Méditerranée varie de 300 à 600 cm (Serena, 2005). Il en danger et bénéficie d une protection en vertu des quatre conventions internationales. Quignard & Capapé (1972) citent deux spécimens de 4 m et de 1,85 m LT, en provenance de Zarzis (golfe de Gabès). Zammouri-Langar (1992) mentionne la capture d'un requin blanc dans le golfe de Gabès. De 1988 à 1997, Bradai et al. (2002b) examine sept spécimens dans le golfe de Gabès ; deux mâles ont été capturés en juillet 1988, le premier mesurait 2,2 m LT, il s'agissait d'un mâle adulte, les ptérygopodes étaient rigides et calcifiés et mesuraient 310 mm de long. Le second était un mâle juvénile de 1,65 m LT dont les ptérygopodes atteignaient une longueur de 192 mm. Compagno (1984 a) écrit " some males begin maturing at about 240 cm". Un mâle de 4,35 m LT, a été capturé le 14 décembre 1992 ; un autre mâle de 4,25 m LT le 18 février Une femelle de grande taille, 4,25 m LT, a été capturée le 9 février Ces trois spécimens ont été rapportés par des thoniers senneurs. Deux mâles de tailles plus modestes, 1,79 m et de 1,70 m LT ont été pêchés par des chalutiers le 26 février 1997 et le 25 décembre Le grand requin blanc a été souvent signalé au long des côtes nord du pays par Postel en 1952, 1956 et notamment en 1958 où est relatée la prise d'une femelle de 5,20 m LT dans une madrague au large de Sidi Daoud. Ben Mustapha (1966) l'a observé dans le golfe de Tunis. Capapé et al. (1975) écrivent que des observations réalisées entre 1972 et 1975 font apparaître une abondance relative des captures de C. carcharias. Huit spécimens ont été observés au marché aux poissons de Tunis de 1970 à 1980 dont un mâle adulte de 5,23 m LT capturé au large de Ras Fartas dans le golfe de Tunis. Une capture par un thonier d une femelle gravide de requin blanc dans le golfe de Gabès (Tunisie méridionale, Méditerranée centrale) a été reportée le 26 février 2004 (Saidi et al. 2005). La mère portait quatre embryons en cours de développement, mesurant entre 132 et 135 cm de longueur totale et pesant entre 27,65 et 31,50 kg. Les embryons présentaient un abdomen fortement distendu sous l effet du vitellus qui emplissait leur estomac (Saidi et al. 2005). Au cours des prospections faites fin 2008 et durant 2009, 6 spécimens de requins blancs ont été pêchés accidentellement par les chalutiers rattachés au port de pêche de Sfax (Hamdaoui, 2010) (Tab. I-3). 32

93 Tableau I-3 : Requins blancs débarqués dans le port de Pêche de Sfax de Décembre 2008 à Mai 2009 (ev = eviscéréé et to = totale) (Hamdaoui, 2010) Table I-3: White sharks landed in the fishing port of Sfax from December 2008 to May 2009 (ev = eviscerated and to = total) (Hamdaoui, 2010) Date de capture Date de débarquement Sexe LT (cm) Masse (Kg) Engin de capture Profondeur de capture Heure de capture 1-31/12/2008 M ev Chalut 48 2h 2 28/01/ /01/2009 F ev Chalut 43 11h /02/ /02/2009 F ev Chalut /02/ M tot Gattatia /02/ /02/2009 F Chalut /04/ M ev Chalut 65 8h 7 02/05/ /05/2009 M ev Chalut 56 Nuit Les positions de capture des individus ramenés par le chalut benthique sont portées sur la figure I-23. Ces différentes observations et captures accidentelles du grand requin blanc, juvéniles, adultes, femelles grainées et mâles mâtures montrent que les côtes tunisiennes et plus particulièrement les côtes Est, le Cap Bon et le golfe de Gabès, constituent une nurserie pour cette espèce. Une protection de ces zones s avère nécessaires. Figure I-23 : Positions des captures du requin blanc par les chalutiers dans le golfe de Gabès (Hamdaoui, 2010) Figure I-23: Positions of the white shark catches by trawlers in the Gulf of Gabes (Hamdaoui, 2010) 33

94 II-2 Les poissons osseux Les poissons marins présents en mer Méditerranée sont exposés à un certain nombre de menaces importantes (Fig. I-24) Ainsi, plus de la moitié des espèces de poissons marins sont affectées, directement ou indirectement, par les activités de pêche. En effet, la pêche, qu elle soit ciblée ou non, constitue de loin la menace la plus inquiétante puisqu elle concerne 33 % des espèces de poissons marins autochtones de la mer Méditerranée. Par ailleurs, 18 % des poissons marins de la région sont menacés par les prises accessoires (Abdul Malak, D. et al. 2011). Les espèces côtières de grande taille (qui, d un point de vue biologique, sont plus vulnérables à l exploitation) et les espèces fréquentant les zones soumises aux pressions de la pêche intensive et/ou à d autres pressions continues suscitent de nombreuses préoccupations. Figure I-24 : Résumé des menaces pesant sur les 519 espèces et sous-espèces de poissons marins autochtones de la mer Méditerranée (Abdul Malak, D. et al. 2011) Figure I-24: Summary of threats to 519 species and subspecies of native marine fish to the Mediterranean Sea (Abdul Malak, D. et al. 2011) De nos jours, la plupart des stocks de poissons méditerranéens d intérêt commercial sont surexploités (FAO 2006 ; Dulvy et al. 2003). La Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM) et la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l Atlantique (ICCAT, 2006) ont souligné que plusieurs espèces étaient capturées au-delà des limites d exploitation optimale, certains stocks étant même pleinement exploités (FAO 2006). L intensification de l activité de pêche et les progrès technologiques en termes d engins de pêche au cours des 50 dernières années constituent aujourd hui une menace pour de nombreuses espèces de poissons capturées à des fins commerciales. Les méthodes de pêche incluent le chalutage benthique, lequel détruit les habitats benthiques, modifie la structure des herbiers sous-marins et les assemblages fauniques qui leur sont associés, réduit le nombre d espèces et, enfin, 34

95 diminue la superficie d habitats propices. D autres engins de pêche, tels que les palangres et les filets dérivants, peuvent être la cause d un nombre important de prises accessoires de tortues, oiseaux de mer, requins et cétacés (Caminas et al ; Tudela 2004 ; Tudela et al. 2005). Sur les 442 poissons osseux marins autochtones de la mer Méditerranée, seulement 12 (2,7 %) sont menacés (Abdul Malak, D. et al. 2011). Ce chiffre est relativement bas par rapport aux résultats issus d autres évaluations régionales sur les poissons marins osseux II- 2-1 Espèces de poissons osseux clés Parmi ces poissons nous citons les mérous, le thon rouge et l espadon (Annexe I-1). II-2-1-1Les Mérous brun Le Mérou brun, Epinephelus marginatus, est le mérou le plus emblématique de la mer Méditerranée. Avec son corps massif et sa large mâchoire, il est connu de la plupart des plongeurs. Ce mérou habituellement solitaire vit dans les fonds rocheux où il s octroie une cavité ou une grotte autour de laquelle il définit son territoire. L une des caractéristiques les plus marquantes de cette espèce est son hermaphrodisme (le Mérou brun change de sexe au cours de sa vie) : les juvéniles sont généralement des femelles qui deviennent ensuite mâles. Sa maturité sexuelle est très tardive. Il est solitaire, sauf en période de frai où il se déplace en groupe, ce qui le rend particulièrement vulnérable à la surpêche. Un déclin de population alarmant a été observé en Méditerranée, et le Mérou brun figure désormais dans la Catégorie En danger au niveau méditerranéen. Dans certains secteurs délimités de la Méditerranée, on a constaté une réduction des prises allant jusqu à 95 %. Dans le même temps, des rapports faisaient état d une pêche ciblée sur les concentrations de Mérous bruns en période de frai dans d autres parties de son aire de répartition. Les données relatives aux pêcheries dans de nombreuses zones de son aire de répartition faisant défaut, on estime que cette espèce a subi un déclin de 50 % au cours des 20 dernières années ( ) dans l ensemble de la Méditerranée. Néanmoins, des données manquent sur certains pays. Une fois que l information supplémentaire sur les débarquements et les captures par unité d effort sera disponible, cette espèce pourrait être assignée à une Catégorie plus élevée du groupe «Menacé». En Tunisie, la zone sud du golfe de Gabès représente la première région pour la production de mérous, La production s y fait essentiellement par un mode de pêche semi-artisanal sur une large zone récifale riche mais éloigné et dure d accès. Elle concerne essentiellement les espèces suivante dans l ordre décroissant d importance : Epinephelus costae, E. aeneus et E. marginatus. E. haifensis et E. caninus sont pêchés de façon accessoire sur d autres sites de pêche (Riveill, 2004). La proportion des espèces dans les débarquements analysée pour un échantillon de 8,5 tonnes à Sfax se compose de 90 % d E. aeneus ; 6,8 % d E. marginatus ; 2,7 % d E. costae et 0,5 % d E. caninus (Bouain, 1984). 35

96 La pêche à la palangre de fond cible les femelles pendant la période de reproduction. De plus, des pêches parallèles et prohibées, se greffent dessus et menacent des stades plus fragiles. Ainsi les juvéniles et les immatures des trois espèces sont plus au moins concernés selon les années par le chalutage et sont alors présents sur les étals. Dans le cas particulier d E. marginatus, les grands mâles sont ciblés par les plongeurs lors du démarrage de la saison de la pêche aux éponges (Riveill, 2004). Les pêcheries aux mérous dans le sud du golfe de Gabès suggère qu i existerait un déplacement à l Est du potentiel de pêche tunisien des mérous, en relation avec l appauvrissement des côtes nord du golfe de Gabès dû à la surpêche, à la pollution et la régression de l herbier de posidonie. En effet, Sfax contribuait par 48,4 % des captures nationales entre 1979 et 1982 (Bouain, 1984), ce pourcentage a chuté à 11,2 % entre 1995 et 2002 (Riveill, 2004). Faut il identifier les zones les plus adéquates à gérer pour les maintenir, tout en sachant que quand cela est envisageable, les espèces à longue vie et à faible taux de croissance de population récupèrent difficilement et assez lentement d une exploitation abusive? De même la richesse en mérous, leur distribution et les variations annuelles des débarquements seraient liées aux conditions météorologiques, le réchauffement climatique vécu actuellement aurait un impact sur ces pêcheries. Dans le golfe de Gabès c est plutôt le mérou blanc E. aeneus qui devrait être protégé. C est une espèce dont la distribution en Méditerranée se limite au versant sud. Les statistiques de production de 2001 à 2010 montrent que le golfe de Gabès garde toujours le premier rang (Fig. I-25) mais c est plus précisément Zarzis (extrême sud du golfe) qui contribue le plus dans cette production. Les débarquements sont enregistrés principalement durant le printemps et l été (Fig. I-26). Figure I-25 : Production annuelle des mérous Figure I-25: Annual production of grouper 36

97 Figure I-26 : Production mensuelle des mérous (moyennes ) Figure I-26: Monthly production of grouper (means ) Le Thon rouge Thunnus thynnus Le Thon rouge de l Atlantique, Thunnus thynnus, emblématique et important d un point de vue commercial, est également classé dans la Catégorie en danger au vu d estimations récentes relatives au déclin de la population suite à des décennies de surpêche. Bien qu un certain nombre d incertitudes entourent les données obtenues, les meilleures estimations issues de l évaluation des stocks la plus récente (ICCAT SCRS 2009) révèlent un déclin récent de l ordre de 63 % entre 1985 et 2005 pour ce qui est de la population de l Atlantique oriental. C est au cours du XXe siècle que l ampleur des captures s est réellement accrue, en particulier dans le bassin méditerranéen, avec le développement considérable des techniques de pêche. Son exploitation atteint aujourd hui un niveau jamais égalé, avec des captures de 50 à tonnes par an, soit deux à trois fois le potentiel annuel de renouvellement du stock. L essentiel des captures est destiné au marché japonais, en effet le Japon consomme 80% du thon rouge pêché en Méditerranée. Cette espèce est principalement capturée au moyen de sennes coulissantes. Selon l avis général, le stock de Thon rouge de l Atlantique continuera à subir les conséquences de la surpêche (Fromentin 2009) du fait de sa haute valeur économique et des plans de gestion et de protection inadéquats. Le stock de thons rouges en âge de se reproduire -les poissons âgés de 4 ans ou plus et d'un poids de plus de 35 kg- a baissé en Méditerranée de 74,2% de 1957 à dont 60,9% au cours des dix dernières années. En 2009, l organisation de protection de la nature, le WWF, rendait publique une analyse exclusive montrant que la population de thon rouge va disparaître de la Méditerranée d'ici Cette étude révèle que la taille des thons matures a diminué de plus de moitié depuis les années 1990, ce qui joue dangereusement sur les capacités de reproduction de l espèce. Un système de quotas a été instauré en vue de fixer des niveaux de capture autorisés aux alentours du rendement maximal durable (ICCAT SCRS, 2006), mais ceci s est traduit par une augmentation du manque de fiabilité des données liées aux débarquements 37

98 Actuellement, la production aquacole de thon rouge est majoritairement assurée par l engraissement de poissons capturés dans le milieu sauvage par les pêcheurs. Apparue dans les années 1990, cette activité d embouche a connu une expansion fulgurante dans plusieurs pays du bassin méditerranéen du fait de l augmentation de la valeur marchande de thons rouges de qualité pour le marché japonais. Les animaux sont transférés des sennes dans des cages spéciales qui sont tractées jusqu aux enceintes d élevage où ils sont nourris avec des petits poissons pélagiques en attendant la période de vente. Cette espèce de grande taille effectue des migrations sur de longues distances mais fréquente aussi les eaux côtières. Elle possède des caractéristiques très particulières (Fauvel & Suquet, 2004). Le thon rouge a par exemple développé un système circulatoire spécifique utilisant des échangeurs de chaleur à contre-courant et un tissu isolant, ce qui lui permet de réguler partiellement sa température corporelle. Le fonctionnement enzymatique de son appareil digestif est près de trois fois plus efficace que celui observé chez les autres poissons (Steven & McLeese, 1984). Il présente par ailleurs la plus grande surface d échange branchiale de tous les poissons osseux (Hughes, 1984). Des performances de croissance très élevées et une capacité d adaptation unique qui lui permettent d évoluer dans des zones géographiques où la température de l eau est comprise entre 10 et 27 C, dans des milieux relativement dessalés et jusqu à des profondeurs de 500 mètres. Sa tolérance à des variations de température, salinité, lumière et pression pourrait faire du thon rouge un candidat idéal pour la domestication. Dans un souci de réduire la pression sur le thon rouge et de protéger ses populations fortement menacées, les efforts de recherche au niveau européen se concentrent désormais sur le développement d une industrie aquacole. La pêche du thon rouge en Tunisie En Tunisie, la pêche et l exploitation du thon rouge Thunnus thynnus, obéit aux règles fixées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l Atlantique (CICTA). Depuis quelques années, la trentaine de bateaux senneurs concernés par cette pêche voit leur quota fondre: de t pour une période de pêche de 2 mois en 2008, à t pour une période de pêche de 28 jours en La Tunisie dispose également d'un quota de tonnes de thon rouge pour l'année Ce quota total n était que de 860 tonnes en En 2009 la production totale était de ,05 kg dont plus de un tiers provient de l aquaculture concentrée au centre du pays. Le golfe de Gabès a contribué uniquement par 16923,42 kg. Bien que le flou caractérise le secteur du thon rouge, l effondrement des stocks est certain. Certains pays recommande même l annexe I de la CITES, d autres scientifiques voient la solution dans le développement de l aquaculture de l œuf à l œuf. 38

99 III- Déclin de populations attribué aux interactions de la pêche (bycatch) Poisson-scie Les deux espèces de poisson-scie de Méditerranée (Pristis pectinata et Pristis pristis) sont gravement menacées (En danger critique d extinction). Elles ont entièrement ou presque disparu d une grande partie de leur ancienne aire de répartition, en raison de la pêche et de la modification de leur habitat. Les poissons-scies sont extrêmement vulnérables aux prises accessoires dans les filets du fait de leur large rostre. Dans la littérature ichtyologique en Tunisie, il n y a aucune mention de présences de ces espèces. Toutefois, des témoignages de vieux pêcheurs confirment le débarquement de telles espèces surtout dans le centre du pays. L ange de mer commun Squatina squatina (Linnaeus, 1758) D après Quignard & Capapé (1971), Capapé (1987) et Capapé et al. (1990), les captures des Squatina spp sont fréquentes au nord du pays et dans le golfe de Gabès. Les statistiques FAO (1997, 1998) montrent que les anges de mer (s. l.) figurent parmi les chondrichtyens capturés en relative abondance en Tunisie. Ces espèces, fort appréciées du consommateur, sont probablement dirigées vers les marchés de la capitale ou vouées à l'exportation, d'où leur rareté sur les lieux de vente à Sfax. Durant plus d une décennie de suivi des débarquements dans le golfe de Gabès, Bradai et al. (2002b) observe uniquement 3 exemplaires de petite taille, une femelle de grande taille mesurant 1300 mm (12 janvier 2001) et une autre, de 1690 mm le 16 juin Début mars 2003, deux femelles et un mâle adultes ont été observés. L historique des débarquements de cette espèce montre bel et bien son déclin dans la région suite très probablement à une surpêche. IV - Mesures de conservation et d atténuation des captures accidentelles L impact des pêches sur les écosystèmes est en particulier sur les élasmobranches est bien connu (Camhi et al ; Stevens et al. 2000). En effet, la pêche irrationnelle qui a lieu dans les zones littorales et sur les herbiers de posidonies peut dégrader les habitats, les nurseries et aires de reproduction et ainsi contribuer au déclin des populations et la biodiversité, principalement des espèces côtières. D autre part la capture des espèces à faible niveau de population entraîne un déclin rapide de leurs populations. Nos observations, permettent de conclure que les élasmobranches sont sujets à une exploitation irrationnelle. En effet, il parait que les populations d élasmobranches sont pêchées dès la naissance. Devant cette situation, plusieurs mesures de conservation de ces poissons sont prises ou suggérées à l échelle nationale, régionale et internationale. Nous passons en revue certaine d entre elles. La pêche en haute mer La Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM), principal organisme régissant les activités de pêche en Méditerranée, a récemment décidé de 39

100 freiner les opérations de pêche en haute mer au-delà d une limite de profondeur de mètres. Cette décision a été adoptée lors de la 29ème session de la CGPM qui s est tenue à Rome (Italie) en février 2005, et a pris effet en septembre Elle réduit de manière significative la menace d une pression potentielle d exploitation des espèces d eau profonde hautement vulnérables, dont la plupart sont sérieusement menacées en dehors de la Méditerranée. En outre, les restrictions de pêche en haute mer ont permis d inscrire le Pailona commun, Centroscymnus coelolepis, et la Laimargue de Méditerranée, Somniosus rostratus, en tant qu espèces de Préoccupation mineure dans la région méditerranéenne, car celles-ci vivent à des profondeurs supérieures à m et bénéficient désormais de mesures de protection contre la pêche. Néanmoins, beaucoup d autres espèces de Chondrichtyens des grands fonds vivent à une profondeur inférieure à m (Sion et al. 2004), et restent donc vulnérables aux activités de pêche en Méditerranée. La pêche au filet dérivant Dans le cadre d une résolution à caractère exécutoire, adoptée par la CGPM en L interdiction totale de la pêche au filet dérivant a pris effet au début de l année Par ailleurs, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l Atlantique (ICCAT) a interdit, en 2003, l utilisation des filets dérivants, aussi bien pour les navires européens que non européens pêchant en Méditerranée. En dépit de ces interdictions, la pêche au filet dérivant a continué de manière illégale en Méditerranée Le commerce d ailerons de requins Le commerce d ailerons de requins consiste à couper et à conserver les ailerons du requin et à rejeter à la mer en général le reste vivant mutilé. Il s agit d une pratique cruelle et gaspilleuse puisque seuls 2 à 5 % du requin sont exploités. Le commerce d ailerons de requins constitue une menace non seulement pour de nombreux stocks de requins mais également pour la stabilité des écosystèmes marins, pour la pêche traditionnelle durable et pour certaines pêches récréatives importantes d un point de vue socioéconomique (UICN 2003b). L accroissement de la demande en ailerons, suscité par la cuisine traditionnelle asiatique, est à l origine de l augmentation spectaculaire des prix, au niveau mondial, des ailerons de requins, lesquels représentent aujourd hui une valeur monétaire considérable. Ainsi, la motivation croissante à cibler et à couper les ailerons des requins qui, auparavant, auraient probablement été rejetés à la mer vivants, constitue aujourd hui un problème mondial majeur (Rose et McLoughlin 2001). L ampleur réelle du commerce d ailerons de requins en Méditerranée est inconnue. Comme les activités de coupage des ailerons ne se déroulent pas en général dans les pays méditerranéens, il n'ya pas de réglementations nationales à cet égard, sauf en Espagne. Toutefois, le règlement CE n 1185/2003 interdit l'enlèvement des nageoires suivi par le rejet de la carcasse à la mer. L enlèvement des ailerons avec rétention de carcasses à bord est autorisé conformément aux dispositions du règlement, mais ne peut excéder 5% du poids vif de la capture de requins. En Méditerranée, cette activité est susceptible d'intéresser de plus en plus les pêcheurs. La réglementation de la CICTA (2004) et celle de la CGPM (2005) recommande l'utilisation totale des requins (tête seulement, la peau et les viscères peuvent être mis au 40

101 rebut). Nageoires débarquées ne doivent pas dépasser 5% du poids des requins débarqués. Aires Marines Protégées Les Aires Marines Protégées (AMP) sont reconnues comme des outils efficaces pour protéger l environnement marin, et comme une approche prenant en compte l écosystème dans son ensemble (plutôt qu une approche fondée sur les pratiques de gestion spécifiques à chaque espèce, plus traditionnelles) (Lubchenco et al. 2003). De nos jours, le pourcentage de la surface protégée en mer Méditerranée est de 3,8 %. La majeure partie de ces aires protégées se trouve dans les eaux côtières au Nord de la région, ce qui souligne l importance d identifier des AMP le long des côtes méridionale et orientale, ainsi qu en haute mer (Abdulla et al. 2008). Conventions internationales Plusieurs conventions relatives à la conservation et à la gestion de l ichtyofaune en mer Méditerranée ont été adoptées dans le cadre de diverses conventions nationales et internationales : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d extinction (CITES) ; Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l Europe ; Convention de Barcelone sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée ; Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS ou Convention de Bonn) ; Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) ; Accord des Nations Unies sur la conservation et la gestion des stocks chevauchants de poissons et des stocks de poissons grands migrateurs (ANUSP) ; La convention sur la Diversité Biologique. Les mesures de conservation des poissons en Tunisie se limite pratiquement à : - La ratification des conventions internationales ; - L adoption des plans d action régionaux ; - La législation ; - L instauration de campagnes de pêche ; - L instauration de période de fermeture des zones de pêche. Les principales mesures d atténuation des captures accidentelles sont : Des mesures régionales de conservation et de gestion, telles que la création d Aires Marines Protégées (AMP) efficacement gérées qui devraient être mises en application afin de réduire les pressions exercées sur les populations ichtyologiques et de protéger les habitats essentiels en vue de rétablir la structure naturelle d origine (nurseries) 41

102 L amélioration de la sélectivité des engins utilisés dans la pêche au chalut de fond, tout en veillant à ce que les filets utilisés soient à mailles carrées de 40 mm au niveau du cul du chalut Amélioration des collectes des Statistiques du bycatch (tâche I de la CGPM) Développement de la recherche scientifique et les études d évaluation des stocks. IV Ŕ 1 Atténuation des captures accidentelles des élasmobranches au chalut L application de dispositifs dits de réduction de prises accessoires (BRD= Bycatch Reduction Devices), similaires à ceux utilisés pour les tortues : TED (Turtle Excluding Device), pourrait être des solutions efficaces en permettant l échappement des animaux non convoités (Ferretti & Myers, 2006). Ces systèmes d échappement placés à l avant du cul de chalut et associant une grille rigide séparatrice et une trappe d échappement orientées de préférence vers le fond ont été expérimentés avec succès dans les pêcheries australiennes. Parmi ces systèmes on peut citer le NAFTED, le SUPER SHOOTER TED fonctionnant aussi bien pour les tortues que pour les requins et les raies et le SEYMOUR plus adapté aux grands individus. Ces systèmes permettent effectivement de réduire les captures accessoires de grands animaux mais aussi de petits individus, pouvant donc représenter des pertes commerciales significatives. Dans le cadre de la conservation des élasmobranches et la réduction de leurs «bycatch» dans les pêcheries chalutières du golfe de Gabès, il est recommandé essentiellement: De délimiter les nurseries des élasmobranches dans le golfe de Gabès en vue de leur protection par la création de AMP ; De traduire les conventions ratifiées et le plan d action adopté par la Tunisie relatif à la protection des élasmobranches dans la législation Nationale ; D améliorer les statistiques de pêche des élasmobranches par une meilleure différenciation entre les familles et les espèces d élasmobranches ; D éviter les incursions des chalutiers, devenues fréquentes, dans les faibles profondeurs ; en deçà de 50 m de profondeur en dehors des campagnes de pêche à la crevette ; De faire un effort de circulation d information et de communication auprès des pêcheurs. IV Ŕ 2 Atténuation des captures accidentelles des élasmobranches aux filets maillants Sur la base d expériences faites en Caroline du Nord sur les filets maillants de fond, il est suggéré d augmenter le taux d armement des filets pour diminuer les captures de requins. La tension de la nappe du filet pourrait être augmentée par augmentation des lests et la flottabilité par plus de flotteurs. L impact sur la production commerciale devrait être évalué. 42

103 IV Ŕ 3 Atténuation des captures accidentelles des élasmobranches à la palangre A la lumière des expériences acquises par plusieurs pêcheries palangrières (Gilman et al. 2007) les recommandations suivantes sont à retenir: - Caler profond et de jour Les principales espèces de requins pélagiques, ainsi que les raies à dards (Dasyatis sp.) sont prises généralement dans des eaux de surface (Williams, 1997) et l activité des requins est généralement nocturne. Cette recommandation va à l encontre de la conservation des oiseaux de mer. - Eviter d attirer les requins et les raies Eviter en particulier de jeter par-dessus bord les déchets, les viscères et les poissons non commercialisables dans une zone de pêche si l on ne veut pas attirer des nécrophages comme le sont la plupart des élasmobranches. - Réduire les temps de calée, pour éviter que les élasmobranches ne soient attirés en grand nombre par les proies capturées - Eviter certains types d appât susceptibles d être plus attractifs que d autres ; plusieurs observations faites par les professionnels ont montré que les requins sont davantage attirés par le calmar que par les poissons. Pour éviter la capture de raies et de requins il conviendrait d utiliser le maquereau ou le chinchard plutôt que de la sardine. Par ailleurs, le développement d appâts artificiels pourrait contribuer avantageusement à la réduction des captures de chiens et de raies (Erickson et al. 2000). - Réduire la mortalité induite par les opérations de pêche. La majeure partie des élasmobranches capturés à la palangre étant en vie au moment de la récupération des palangres ; il convient de pouvoir les libérer aussitôt en évitant si possible toute meurtrissure. D une façon générale, l emploi d avançons en monofilament, que les requins peuvent plus aisément sectionner, est à préférer à tout autre type en fibres synthétiques tressées ou en acier (De la Serna et al. 2002). - Eloigner les élasmobranches des hameçons appâtés Des solutions sont actuellement recherchées sur l aversion observée qu ont les requins pour certaines substances sémiochimiques, comme l ammonium d acétate, un composant majeur lipophile de la dégradation de chaire ou de viscères d élasmobranches «huile de requin» ou comme la paradaxine substance produite par la peau d une sole tropicale (Pardachirus marmoratus) (Tachibana & Gruber, 1988). Un prétraitement des appâts avec ces substances produites synthétiquement pourrait tenir éloignés les Carcharinidés sans affecter les autres poissons. - Des petits aimants en alliage d acier, de néodymium et de boron seraient capables de tenir à distance des petits requins ou des raies des hameçons appâtés (Gilman, 2007). 43

104 V- Conclusion Bien que les élasmobranches soient pêchés accessoirement, une petite flotte de pêche traditionnelle cible certaines espèces de requins aux filets maillant et aux palangres. Le bycatch en ces espèces est généralement commercialisé. Selon le plan d'action international pour la conservation et la gestion des requins de la FAO et plus précisément des principes directeurs énoncés dans les articles 13, 14 et 15, la Tunisie devrait participer à la gestion des espèces pêchées et de leurs stock dans un but d'assurer la conservation et la gestion des requins et leur utilisation durable à long terme. De même, il est recommandé d adopter un plan national d action pour la conservation et la gestion des stocks de requins (Plan-requins) puisqu il y a capture de requins et prises accessoires de requins sont régulièrement enregistrées (voir encadré). Ces recommandations sont valables pour pratiquement tous les pays méditerranéens. La CGPM a lancé dernièrement un programme élasmobranches où les évaluations des stocks, bien que peu aisées, sont prévues et même entreprises. PLAN D'ACTION INTERNATIONAL POUR LA CONSERVATION ET LA GESTION DES REQUINS (FAO) Principes directeurs 13. Participation. Les Etats contribuant par leurs activités de pêche à la mortalité d'une espèce ou d'un stock devraient participer à la gestion de cette espèce ou de ce stock. 14. Maintien des stocks. Les stratégies de gestion et de conservation devraient viser à maintenir les taux de mortalité liés à la pêche à un niveau durable en appliquant l approche de précaution. 15. Considérations nutritionnelles et socio-économiques. Les objectifs et stratégies de gestion et de conservation devraient tenir compte du fait que, dans certaines régions ou pays à faible revenu et à déficit vivrier, les captures de requins représentent une source traditionnelle et importante de nourriture, d'emploi et de revenu. Ces pêcheries devraient être gérées sur une base durable pour assurer en permanence nourriture, emploi et revenus aux communautés locales. Objectif 16. Le Plan d'action international a pour but d'assurer la conservation et la gestion des requins et leur utilisation durable à long terme. Mise en œuvre 18. Les Etats devraient adopter un plan national d action pour la conservation et la gestion des stocks de requins (Plan-requins ) si leurs bateaux pratiquent directement la capture de requins ou s ils capturent régulièrement des requins comme prises accessoires. L Appendice A indique le contenu proposé du Plan-requins. Lors de l élaboration d un Plan-requins, il conviendra de tenir compte, le cas échéant, de l expérience acquise par les organisations régionales de gestion des pêches. 44

105 I Ŕ Introduction CHAPITRE II Pêche accessoire des tortues marines dans la région du golfe de Gabès Marine turtles bycatch in the gulf of Gabes Il existe sept espèces de tortues marines à savoir la tortue luth (Dermochelys coriacea) appartenant à la famille des Dermochelyidae, la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue verte (Chelonia mydas), la tortue de Kemp (Lepidochelys kempii), la Caouanne (Caretta caretta) et la tortue à dos plat (Natator depressus) appartenant à la famille des Cheloniidae. Selon d autres scientifiques, il existe aussi la tortue noire (sous espèces de tortue verte). On retrouve toutes ces tortues marines dans les eaux tropicales du monde, seule la tortue luth va jusque dans les eaux plus froides. Les tortues marines ont été exploitées par les hommes pendant des siècles. Aujourd'hui, ce groupe est tellement menacé, qu'aucune population ne peut être considérée en sécurité. Actuellement, elles sont mises en danger surtout par les activités de pêche, la détérioration et la perte de leurs habitats et la pollution. Toutes les espèces de tortues marines figurent en annexe 1 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d extinction (1975) (CITES) et annexe 1 (à l exception du Natator depressus) et 2 de la CMS (Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (1983) Toutes les tortues marines, excepté le Natator depressus, sont menacées dans la liste rouge de l UICN : C. mydas, L. olivacea, C. caretta sont en danger et D. coriacea, L. kempii et E. imbricata sont en danger critique d extinction. Parmi ces espèces, trois s alimentent dans les eaux de la Méditerranée (D. coriacea, C. mydas et C. caretta) et deux utilisent les plages de ce bassin (particulièrement le bassin oriental) pour la reproduction : la caouanne Caretta caretta la plus commune et qui nidifie principalement sur les plages de la Grèce, la Turquie, la Libye et Chypre et la tortue verte Chelonia mydas qui, pour des raisons climatiques, préfère les côtes orientales de la Méditerranée (principalement la Turquie et Chypre). Ces deux dernières tortues forment deux populations distinctes de celles de l Atlantique. Les trois espèces rencontrées dans la région du golfe de Gabès et d une façon générale en Méditerranée sont présentées dans l annexe II-1. En Tunisie, seule la caouanne dépose ses œufs sur quelques plages du pays et principalement aux îles Kuriat au centre du pays (Laurent et al., 1990 ; Bradai ; 1992). Plusieurs témoignages évoquent ces dernières années la nidification de la tortue marine sur des plages à l Est et au Sud-Est telles que celles de la Chebba, Zarzis soit sur les plages du golfe de Gabès. Il est à signaler, toutefois, que l activité de nidification n est régulière que sur le site des îles Kuriat (Jribi et Bradai, 2010). Actuellement, les menaces des activités humaines, que l on peut qualifier d indirectes et qui sont de plus en plus nombreuses, portent préjudices aux tortues marines à tous les stades de leur cycle de vie. Parmi ces menaces, la pêche accidentelle est la plus inquiétante. Malgré qu il n y ait pas de pêche ciblant les tortues marines en Méditerranée, ces espèces sont souvent prises accidentellement. Les palangres, les chaluts et les filets maillants sont des 45

106 pièges souvent mortels. Prises dans les filets ou par un hameçon au bout d une ligne de palangre ou au fond d un sac de chalut, les tortues sont incapables de faire surface pour respirer, elles finissent par se noyer d autant plus vite que le stress qu ils subissent réduit considérablement leurs capacités de se maintenir sous l eau. Les rapports des réseaux d échouage montrent bien que des cadavres de tortues marines victimes d engins de pêche sont régulièrement rencontrées mais ils ne représentent que la petite partie visible de la tragédie : beaucoup de plages ne sont pas surveillées et les échouages de cadavres n y sont donc pas recensées. L évaluation des interactions avec les activités de pêche figure parmi les actions prioritaires du Plan d Action pour la Conservation des Tortues Marines de Méditerranée (RAC/SPA, 2001) et bien d autres conventions et outils de conservation. II- Eléments d écobiologie des tortues marines Au cours de leur développement, les tortues marines passent par différents stades durant lesquels l habitat, l alimentation et le comportement peuvent être totalement différents (Fig.II- 1). Figure II-1 : Cycle de vie de la tortue marine Figure II-1: Life cycle of a sea turtle - Stade Œuf : Ce stade débute avec la ponte et prend fin à l éclosion. La durée d incubation des œufs est en moyenne de 2 mois, mais peut varier entre 6 et 13 semaines en fonction de la température. L humidité et les échanges gazeux sont deux autres facteurs primordiaux au bon développement des œufs. Chez toutes les tortues marines, le sexe des individus est déterminé par la température de l incubation. Les températures élevées donnent des femelles et les températures basses des mâles. - Stade nouveau-né : Ce stade débute à l éclosion, comprend l émergence et prend fin quelques jours après l entrée en mer lorsque les jeunes tortues abandonnent leur 46

107 comportement de nage active visant à s éloigner du littoral et se concentrent plus sur l alimentation en se laissant transporter par les courants marins. - Stade juvénile pélagique : Ce stade suit le stade nouveau-né et prend fin avec la migration des zones pélagiques vers les zones benthiques. Ce stade est très certainement le plus méconnu de tous, au point d être fréquemment appelé le "lost year" (l année perdue) tellement les observations de juvéniles au cours de cette phase sont rares. - Stade juvénile benthique : Ce stade débute avec la sédentarisation des tortues sur les zones benthiques et prend fin avec le début de la puberté. La transition entre le stade pélagique et le stade benthique semble très brusque et implique une modification totale au niveau du comportement alimentaire, de la défense vis-à-vis des prédateurs, de l orientation etc. Les juvéniles cherchent alors des zones d alimentation propices à leur développement, auxquelles ils sont généralement fidèles par la suite. - Stade sub-adulte : Ce stade débute avec la puberté et prend fin à la maturité sexuelle. Les tortues marines d une même espèce ne deviennent pas matures sexuellement à la même taille. La dimension n est donc pas un indicateur très fiable pour déterminer le statut reproducteur des tortues marines, bien qu une taille minimale puisse être définie pour les individus adultes (à partir des mesures réalisées sur les plages de ponte). A partir de la puberté, les caractères sexuels secondaires se développent et l identification du sexe de l animal devient alors possible sans avoir à disséquer l'animal ; la queue reste de petite taille chez les femelles alors qu elle se développe de manière importante chez les mâles. - Stade adulte : Ce stade débute à la maturité sexuelle et prend fin à la mort de l animal. La plupart des espèces de tortues marines sont fidèles à leur zone de ponte. Cette fidélité oblige souvent les tortues marines à effectuer, avant les saisons de ponte, d importantes migrations entre leur zone d alimentation et leur zone de nidification. Cette migration entre les zones d alimentation et de nidification, ainsi que l accumulation de graisse indispensable à la vitellogénèse nécessite du temps et beaucoup d énergie. Il est difficile alors pour les tortues marines de pondre tous les ans. Les individus de la plupart des espèces présentent donc un intervalle de deux à trois ans entre deux saisons de pontes. Le stockage de l énergie nécessaire à la ponte dépend de l alimentation et joue donc un rôle primordial dans la fécondité des tortues marines. Mâles et femelles s accouplent généralement plusieurs fois avant les saisons de ponte. Les accouplements se déroulent le plus souvent en surface ou sous l eau. Il est généralement admis que la première ponte s effectue environ un à deux mois après l accouplement et la fertilisation. Pour la ponte, les tortues viennent sur les plages où elles creusent un trou dans lequel elles déposent leurs œufs. La ponte se déroule généralement de nuit afin d éviter les chaleurs excessives. Le nombre d œufs pondus par les tortues marines est très important, ce qui permet de compenser la mortalité très élevée au cours du développement. III - Nidification de la tortue marine en Tunisie Actuellement, le site des îles Kuriat est le site de nidification de la caouanne Caretta caretta le plus important en Tunisie où le phénomène connaît une régularité. La population nidifiante en Tunisie est réduite, elle est estimée à une cinquantaine de nids. La figure II-2 illustre le nombre de nids déposés sur la grande île Kuriat, principal site de ponte, de 1993 à 2011 (Jribi et al. 2011). 47

108 Figure II-2: Nombre de nids déposés annuellement sur la grande Kuriat Figure II-2: Number of nests deposited annually on the great Kuriat La période de ponte de Caretta caretta se situe principalement aux mois de juin, juillet et août de chaque année (Jribi et al., 2006). La taille de la ponte varie entre 27 à 147 œufs/nid avec une moyenne de 97,1 (SD= 28,6 ; N= 16). L émergence des nouveau-nés se situe d août à octobre/novembre. Les taux d éclosion et d émergence moyens dépassent les 60% indiquant que le site est propice à la nidification (Jribi et al., 2011). IV Ŕ Les tortues marines dans le golfe de Gabès Trois espèces de tortues marines fréquentent les eaux tunisiennes et plus particulièrement la région du golfe de Gabès. La caouanne Caretta caretta est commune et se reproduit sur quelques plages mais principalement aux îles Kuriat, la tortue verte Chelonia mydas est rarement signalée. La troisième espèce, la tortue luth Dermochelys coriacea, connue également en Méditerranée, est régulièrement observée mais en petits nombres. Toutes ces espèces sont menacées (Tab. II-1). Tableau II-1: Statut des tortues marines de la Méditerranée à travers les conventions internationales Table II-1: Status of marine turtles in the Mediterranean through international conventions Espèces Convention de Bern Convention de Bonn Tortues marines Caretta caretta Annexe II Annexe I et II Chelonia mydas Annexe II Annexe I et II Dermochelys coriacea Annexe II Annexe I et II Convention de Barcelone CITES Statut IUCN Annexe II Annexe I EN Annexe II Annexe I EN Annexe II Annexe I CR 48

109 IV Ŕ 1 Hivernage de Caretta caretta dans le golfe de Gabès Le golfe de Gabès présente une importance capitale pour les populations de tortues marines de la Méditerranée. Cette région est considérée en effet une zone d hivernage et d alimentation pour C. caretta. Selon Laurent & Lescure (1994), deux éléments permettent d avancer le fait que le Sud tunisien est bien une aire d hivernage pour les caouannes du bassin oriental : (1) les très nombreux individus de grande taille (> 70 cm), probablement adultes, capturés en hiver dans cette zone ne peuvent pas provenir tous de Tunisie vu la rareté des sites de ponte le long des côtes tunisiennes. Cela a été confirmé par des recaptures de caouannes baguées ailleurs en Méditerranée ; 14 femelles nidifiantes marquées à Zakynthos (Grèce) ont été recapturées dans le golfe de Gabès en hiver soit 41 % des recaptures (Margaritoulis, 1988). (2) la pêche au chalut benthique de la crevette capture peu de caouannes en été (Bradai, 1992). Ces auteurs expliquent un tel rassemblement migratoire par le gradient thermique Nord-Sud des eaux superficielles. Les tortues rechercheraient des eaux plus chaudes. La deuxième raison pourrait être d ordre trophique. Les tortues s alimentent en hiver dans le Sud tunisien, elles mangent des invertébrés benthiques (gastéropodes, décapodes anomoures et holothuries) et ne sont donc pas en léthargie hivernale ; à la sortie du chalut la température rectale est supérieurs à celle de la température moyenne de l eau de mer (Laurent et Lescure, 1994). Il faut préciser par ailleurs, que la présence d une importante population nidifiante en Libye (Laurent et al. 1995, 1997 et 1999) pourrait expliquer en partie le grand nombre de tortues capturées en hiver au Sud tunisien malgré la rareté des sites de ponte. Par ailleurs les caouannes, marquées en Grèce, sont capturée même en été par plusieurs engins (Bradai, 1993). Le fait que le chalut benthique, peu utilisé en été, ne ramène pas de tortues serait en relation avec le comportement de ces reptiles. Un suivi satellitaire d une tortue marine (Bradai et al., 2009) confirme ce fait ; une caouanne adulte de sexe mâle, capturée accidentellement au chalut de fond dans le golfe de Gabès, le 21 Janvier 2001, a été balisée et libéré de Monastir le 25 Janvier et suivie par télémétrie satellitaire. La tortue se dirige vers l'est pour plus de trois semaines, au cours desquelles elle suivait une ligne relativement droite, couvrant en moyenne 47,4 km par jour. Il semble que la tortue se déplaçait dans un couloir où la température variait dans une fourchette de 15 à 16,5 C. A la fin de février la tortue a changé de cap de nouveau et se dirigea vers la Grèce, à une vitesse de déplacement réduite de 20,8 km par jour en moyenne jusqu à la péninsule de Péloponnèse, et est resté dans le voisinage de Kyparissia Bay, qui abrite une importante aire de nidification. Cinq mois plus tard la tortue était retournée dans le golfe de Gabès. Les températures de l'eau au large des côtes de la Tunisie étaient de 27 C à la fin de septembre V- Les engins de pêche engendrant des captures accidentelles Au total, un minimum de captures sont estimées se produire chaque année dans la Méditerranée ; par les chalutiers de fond (39 000), les palangres pélagiques (57 000), les palangres démersales (13 000) et les filets fixes (23 000). Ces captures n engendreraient pas moins de morts surtout par la pêche artisanale. La majorité des prises accessoires revient aux chalutiers de fond et les palangres pélagiques, les études sur la pêche artisanale comme la palangre de fond et des filets fixes sont rares. De plus les données concernent en général les côtes nord de la Méditerranée, les informations à partir des régions du sud, en particulier dans l'est, sont rares (Casale, 2011). Les zones les plus touchées sont les plateaux continentaux d'afrique du Nord, l'adriatique, le bassin Levantin et la mer Égée (Fig. II-3) (Casale, 2011). 49

110 Figure II-3:Proportions des tortues captures annuellement en Méditerranée par pays et engin de pêche, estimées des statistiques de pêche et des taux de capture (Casale, 2011). Figure II-3: Proportions of turtles captured annually in the Mediterranean by country, and fishing gear estimated from fishery statistics and catch rates. BT, bottom trawl; PLL, pelagic longline; DLL, demersal longline; SN, set net. Country codes according to the International Organization for Standardization (ISO). AL, Albania; DZ, Algeria; BA, Bosnia, and Herzegovina; HR, Croatia; CY, Cyprus; EG, Egypt; FR, France; GR, Greece; IL, Israel; IT, Italy; LB, Lebanon; LY, Libya; MT, Malta; MC, Monaco; ME, Montenegro; MA, Morocco; SI, Slovenia; ES, Spain; SY, Syria; TN, Tunisia; TR, Turkey. Islands: b Balearic; c Corsica. The 200-m bathymetry line is shown. No data available for BA, LB, MC and ME. Actuellement, il n y a pas de pêche spécifique ou d engin de pêche ciblant les tortues marines en Méditerranée. Toutefois, des prises accidentelles sont souvent engendrées par les différents engins de pêche ciblant d autres espèces. Comme il ressort de ce qui précède et malgré que les tortues puissent être attrapées par tous les engins existants, les palangres, les chaluts et les filets maillants sont les trois engins qui connaissent plus d interactions avec ces animaux. Les filets dérivants qui sont actuellement interdits dans l UE et dans la plupart des pays méditerranéens, sont connus aussi par leur interaction avec les tortues entraînant des mortalités dues principalement au stress provoqué par leur immersion forcée (Caminas, 1997, Silvani et al., 1999 ; Hoopes et al., 2000). Les tortues marines entrent en interaction avec les engins de pêche de très nombreuses pêcheries. Ces interactions sont différentes selon les engins utilisés, les lieux, les saisons de pêche et l'effort déployé. Toutefois, la pêche des tortues marines en Tunisie est accidentelle. Au début du siècle, les tortues marines étaient considérées comme des espèces exploitées. Elles se retrouvent en effet dans les listes statistiques de production de pêche (Monconduit, 1927). Les premières données d estimation des captures accidentelles de tortues marines sont celles d Argano (1979). D après son enquêtes réalisée en 1978 dans 4 ports (Bizerte, Tunis, Sousse et Sfax), 2000 à 3000 caouannes étaient capturées annuellement en Tunisie. Plus tard 50

111 et suite à une mission réalisée en 1988, Laurent et al. (1990) avancent, au total pour la Tunisie, le nombre de 4000 à 5500 tortues qui sont capturées accidentellement chaque année. Les captures du port de Sfax représenteraient 60 à 70 % des captures tunisiennes. En , les captures et les recaptures de caouannes par chalutage benthique dans le golfe de Gabès ont été estimées à environ par an pour une flottille chalutière de 300 unités (Bradai, 1992). Pour ce qui est de la pêche côtière ou artisanale, une enquête auprès des pêcheurs effectuée en 1993 de Monastir à la frontière tuniso-libyenne (Bradai, 1993) montre que plusieurs engins engendrent des captures de tortues marines. Nous citons la palangre de fond, la palangre flottante, la tartaronne ou mini-chalut, les filets à requins, les filets maillants, les senneurs. La palangre et principalement celle de fond est l'engin qui engendre le plus les captures accidentelles des caouannes. En effet, un palangrier de fond capture en moyenne 22,83 tortues par an et un espadonnier 12,56 tortues (Bradai, 1993 et 1995) alors qu'un chalutier n'engendre en moyenne que 6 à 8 captures par an (Bradai, 1992). V Ŕ 1 Ŕ Palangres La palangre est une ancienne méthode de pêche basée sur la capture par hameçon et appât. Cette méthode n exige pas d équipement particulièrement coûteux, contrairement à d autres méthodes. En effet, l entretien porte uniquement sur un simple remplacement des hameçons endommagés ou perdus et du renouvellement du matériel perdu durant la pêche. La palangre employée en Méditerranée semble être une pratique homogène. Les seules différences significatives, en fonction des espèces cibles et des traditions locales, résident essentiellement dans la taille de l hameçon, la longueur de la ligne principale et par conséquent le nombre des hameçons, la nature d appât et le temps d immersion. Deux types de palangres sont utilisés en Méditerranée, la palangre de surface ou palangre flottante et la palangre de fond ou palangre benthique. La différence entre les deux techniques réside essentiellement dans la position de la ligne principale. Comme leurs noms l indiquent, la ligne principale est au niveau de la surface pour la palangre de surface grâce à des flotteurs et elle est très proche du fond pour la palangre de fond grâce à des lests rattachés le long de la ligne principale. Les principales espèces pélagiques ciblées par la palangre flottante en Méditerranée sont l espadon (Xiphias gladius), le germon (Thunnus alalunga) et certaines espèces d élasmobranches dans certaines zones, tel que le sud tunisien. Pour la palangre de fond qui est moins utilisée en Méditerranée, les espèces benthiques cibles sont principalement les mérous. Les hameçons de la palangre de fond sont généralement de plus petites tailles que ceux utilisés par les palangres de surface. La palangre de surface est l engin responsable du plus grand nombre de captures de tortues marines en Méditerranée et elle est d ailleurs la plus étudiée. Plusieurs dizaines de milliers de captures se produisent chaque année (Gerosa et Casale, 1999 ; Laurent al. 2001). V Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ Interaction Palangres de surface-tortues marines en Méditerranée V Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ Les espèces capturées accidentellement En Méditerranée, la caouanne Caretta caretta est la plus concernée par cet engin de pêche. La tortue verte chelonia mydas et la tortue luth Dermochelys coriacea sont rarement capturées. La tortue verte est une espèce herbivore qui fréquente des zones différentes des zones ciblées par la palangre flottante. La tortue luth est rarement capturée, elle ne représente qu un 51

112 pourcentage de 0,1% des tortues capturées lors des plusieurs campagnes de pêche conduites en Espagne, Italie et Grèce (Laurent et al. 2001). V Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ 2 ŔImportance et répartition géographique des captures accidentelles Certaines études en Méditerranée montrent des taux de captures de l ordre de 0,69 à 1,41tortue/1000 hameçons en Espagne (Caminas et al., 2006), 0,27 tortue/1000 hameçons en Mer Ionienne (Italie) (De florio et al., 2005), 0,97 tortue/1000 hameçons autours de l île de Lampedusa en Italie (Casale et al., 2007) et de l ordre de 0,82 dans la région du golfe de Gabès en Tunisie (Jribi et al., 2008). Les captures totales de Caretta caretta par la palangre de surface s élèvent, selon Lewison et al. (2004), à des valeurs entre et Toutefois, ces auteurs considèrent des taux de capture homogènes, ce qui n est pas exacte comme l indiquent les valeurs précédemment citées. Les captures totales recensées sont de l ordre de 245 tortues/an autours de l île Lampedusa en Italie, 486 tortue/an dans la zone de Zarzis (golfe de Gabès) en Tunisie et à 1084 et 4447 en mer Ionienne durant les années 1999 et 2000 respectivement. En nombre et selon des estimations récentes des captures totales pour 10 pays, les plus importantes prises accessoires (plus que 1000 captures par an) sont enregistrées dans huit de ces pays (Espagne, Maroc, Italie, Grèce, Malte, l'egypte, la Libye et Tunisie) (Casale, 2011). Par conséquent, les tortues sont plus exposées aux risques dans les la zone d'alboran / Baléares, la Méditerranée centrale et la mer Ionienne. V Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ 3 ŔTailles des spécimens capturés Concernant la taille des spécimens capturés, la distribution semble suivre une courbe en cloche quand on analyse les captures par classe de taille. La palangre de surface parait être une méthode sélective corrélée à la dimension des spécimens car elle permet d attraper une plus grande proportion de grands juvéniles. Le faible pourcentage des spécimens de petite taille serait due d une part à l incompatibilité entre la dimension des gros hameçons utilisés par cette méthode et la petite taille de la bouche des tortues et d autre part au comportement des tortues marines durant les premières années de leur vie, qui semblent disparaître puis réapparaitre près des rivages, deux ou trois ans après (Gerosa et Casale, 1999). V Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ 4 ŔPériode de captures Pour la période de capture, le plus grand nombre de captures dues à cette méthode de pêche est concentré durant la période estivale correspondant généralement à la saison de pêche des espèces cibles (De Metrio et al., 1983 ; Camiñas,1988 ; Argano et al., 1992 ; Camiñas et al., 1992 ; Panou et al., 1992 ; Camiñas et de la Serna, 1995 ; Jribi et al., 2008 ; ). V Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ 5 ŔMortalité La mortalité induite par la palangre est très difficile à évaluer. Malgré que la mortalité directe (causée directement par l hameçon ou le fil) semble être faible, il reste toujours difficile à évaluer les capacités de l animal relâché à survivre suite aux traumatismes causés par la capture. Généralement pour Caretta caretta, les blessures causées par l engin sont rarement fatales dans l immédiat étant donné que l animal demeure capable de nager et d atteindre la surface pour respirer. Pour la tortue luth, la situation est très différente puisque l animal est généralement accroché en dehors de la bouche et reste ficelé dans la ligne de pêche. Incapable de se déplacer, il se noie. En tout état de cause, la mortalité induite par la palangre flottante reste loin d être évalué avec certitude. L étude réalisée par Casale et al. (2007) dans le centre de secours montre que la 52

113 mortalité causée par cet engin est élevée et qu elle peut avoir lieu à court ou à long terme. Ces mêmes auteurs ont montré aussi que les chances de survivre sont moindres quand l hameçon et la ligne sont profonds dans le tube digestif. V Ŕ 1 Ŕ 2 Ŕ Palangre de fond Les données concernant cette méthode de pêche sont très rares. Récemment, l étude réalisée en Italie montre un taux de capture de l ordre de 0,87 tortue/1000 hameçons (Casale et al., 2007). Dans le golfe de Gabès en Tunisie, le taux est de l ordre de 0,28 tortue/1000 hameçons (Jribi et al., 2008). La mortalité directe liée à cet engin de pêche a été estimée dans cette zone à 91,61 tortue par an ce qui dépasse largement celle de la palangre de surface qui a été estimée à 0. La nocivité de la palangre de fond vient du fait que la tortue reste accrochée à l hameçon près du fond pendant un temps qui dépasse généralement ces capacités d apnée. Cette nocivité dépend aussi largement de la profondeur à laquelle l engin est placé. Son emploi à des grandes profondeurs ne devrait pas poser de problème. Cependant, en Méditerranée, la pratique de cette méthode se fait dans des profondeurs généralement faibles et serait par conséquent néfaste sur la population méditerranéenne de caouanne Caretta caretta particulièrement. V Ŕ 1 Ŕ 3Ŕ Interaction Palangres - tortues marines dans le golfe de Gabès En Tunisie et dans le golfe de Gabès principalement, les travaux sur les captures accidentelles «bycatch» des tortues marines, induites par l activité palangrière, ont débutés par les travaux de Bradai (1993) qui a estimé les captures accidentelles induites par différents types d engins en menant des enquêtes auprès des pêcheurs dans plusieurs ports du golfe de Gabès. Les captures étaient très importantes. Plus récemment d autres études ont été menées au sud du golfe de Gabès surtout dans les années 2007 et 2008 (Jribi et al., 2008 ; Echwikhi et al., 2010b et 2011). Les premières véritables campagnes en mer pour l étude des interactions des tortues marines avec la pêche à la palangre de surface et de fond dans le golfe de Gabès remontent aux années (Jribi et al. 2008). Cette étude réalisée à bord de 8 embarcations de la profession rattachées au port de pêche de Zarzis. Au total 80 sorties en mer ont été réalisées, 47 avec les palangres de surface et 33 avec celles de fond et ce pendant les mois de juin à septembre 2004 et Les résultats montrent une importante interaction avec les deux types de palangres. Les taux de capture ont été estimés à 0,823 pour mille hameçons de surface et 0,278 pour mille hameçons de fond. Les mortalités directes ont été estimées respectivement à 0% (n=33 captures) et 12,5 % (n=24 captures). Ces études ont été reprises ultérieurement pour pratiquement la même zone, Zarzis et Djerba. Les travaux ont été menés durant les mois de juin, juillet, août et septembre des années 2007 et 2008 uniquement au sud du golfe de Gabès à bord de 5 palangriers rattachés aux ports de Zarzis et Djerba. Les informations suivantes sur les interactions tortues marines palangres de surface et de fond dans la région du golfe de Gabès sont basées sur ces travaux (Echwikhi et al et 2011). Les embarcations qui sont employées dans la zone de d étude sont des embarcations de 8 à 14 m de longueur et de 45 à 160 cv de puissance. L équipage comporte 1 patron et 4 à 5 pêcheurs. 53

114 V Palangre de surface La longueur de la ligne principale varie de 20 à km. Le nombre d hameçon varie de 500 à 2500 par ligne. Néanmoins, la distance entre deux avançons successifs, généralement constante, est de l ordre de 40 m. Les hameçons employés dans cette technique sont généralement en J (Mustad) de taille qui varie entre le numéro 0 et 1. panier de palangre de surface La palangre de surface appelée aussi palangre flottante est conçue spécifiquement pour la capture de l espadon. Toutefois, la chute des captures de cette espèce ces dernières années ont dirigé cette technique vers les requins tels que le requin gris Carcharhinus plumbeus et le requin tisserand Carcharhinus brevipinna. V Palangre de fond La palangre de fond diffère de la palangre de surface par les points suivants : - la ligne principale se trouve à quelques centimètres du fond grâce à des poids (lests) placés sur toute sa longueur. - La longueur de la ligne principale ne dépasse pas les 25 km. panier de palangre de fond - Les hameçons utilisés sont généralement de petites tailles. - Les espèces sont benthiques telles que le mérou, Epinepheleus aeneus et Epinepheleus marginatus et les émissoles, Mustelus punctulatus et Mustelus mustelus, les hameçons utilisées sont généralement de petites tailles avec des numéros variant entre 4 et 5, leur nombre peut atteindre les 3500 et la distance séparant deux avançons successifs est de 7m. La palangre de fond peut se diriger vers d autres espèces comme le Badèche (Epinephelus alexandris) et le pagre (Pagrus coeruleostictus). Dans ce cas elle est caractérisée par une courte ligne principale, les hameçons sont de petite taille (13, 14 et 15) avec nombre élevée qui pouvant atteindre même les La distance séparant deux avançons successifs est de l ordre de 2m. La durée de mouillage : Dans le cas de la palangre de surface, les espèces cibles sont généralement nocturnes. Le mouillage se fait au moment du coucher du soleil (17 à 18h) et le prélèvement se fait le bon matin (7h à 8h). Les hameçons appâtés passent une nuit dans l eau tout en gardant leurs fraîcheurs et leurs pouvoirs attractifs. Dans le cas de la palangre de fond, le halage des hameçons peut se faire de 1 à 3 heures et même immédiatement après le mouillage et ceci à n importe quel moment de la journée. Ce prélèvement est rapide car l appât utilisé ne résiste pas à l activité destructive des nécrophages. Les Appâts : Ce sont généralement les poissons pélagiques qui sont considérés comme des bons appâts. 54

115 Bathymétrie : Palangre de surface : les profondeurs atteintes au cours des sorties à la palangre de surface varient entre 40 et 100 m. Palangre de fond : les profondeurs varient entre 30 et 80 m. Effort de pêche Au total 41 sorties ont été effectuées durant les mois de juillet, août et septembre : - 21 sorties avec les palangres de surface, soit 74 jours de mer et la mise de hameçons dans l eau ; - 20 sorties avec les palangres de fond, soit 55 jours de mer et la mise de hameçons dans l eau. L estimation de l effort de pêche de la flottille palangrière dans la zone d étude entre juillet et septembre 2007a été basée principalement sur les données de l administration des pêches. Comme résultats, il faut signaler que toutes les tortues capturées durant les sorties effectuées étaient des caouannes Caretta caretta. Au total 45 tortues ont été capturées dont 29 par la palangre de surface et 16 par la palangre de fond. Les taux de capture estimés (tortues /1000 hameçons) (0,806(0,802-0,810)) et les captures totales (437,086 (299, , 629)) engendrées par la palangre de surface dépassent ceux engendrées par la palangre de fond (taux de capture : 0,333(0,329-0,337) capture totale : 142 (99, ,205)). Les tortues nagent généralement prés de la surface. V-1-4 Effet de type d appât sur la capture des tortues marines par la palangre de surface dans le golfe de Gabès Parmi les 29 tortues capturées par la palangre de surface, 26 sont capturées au cours des opérations dont le maquereau Scomber scombrus est utilisé comme appât alors que les 3 autres sont capturées par des opérations quand les fragments de raies Dasyatis sp sont utilisés comme appât. Le taux de capture engendré par les opérations avec des hameçons appâtés par le maquereau, Scomber scombrus dépasse beaucoup celui engendré par des opérations avec des fragments de raies qui sont utilisés comme des appâts (0,604 contre 0,806). La différence est statistiquement significative. V-1-5 Distribution bathymétriques des captures dans le golfe de Gabès Pour la palangre de surface, les captures sont distribuées dans des profondeurs entre 30 et100 m. Les plupart des tortues ont été capturées dans des profondeurs qui ne dépassent pas les 50m (55,17%), 37,93% de captures ont été engendré dans des profondeurs entre 50 et 90m et 2 spécimens seulement ont été capturés dans des profondeurs de 100 m (Fig. II-4). Les captures à la palangre de fond sont enregistrées entre 40 et 90m de profondeur, 81,25% des captures ont été engendrées entre 50 et 60m (Fig. II-5). La distribution des efforts de pêche par la palangre de surface et de fond dans des profondeurs entre 50 et 100 pose un grand danger sur la population des tortues marines qui habitent généralement des zones à faibles profondeurs. Les tortues Caretta caretta passent les plupart 55

116 des temps dans des profondeurs moins que 100m et plus de 90% de son temps dans des profondeurs moins que 60m. Figure II-4 : Le golfe de Gabès : Distributions des mouillages avec palangre de surface : étoiles : opérations avec des hameçons appâtés par le maquereau ( capture accidentelle pas de capture), Cercles : opérations avec des hameçons appâtés par des fragments de raies ( capture accidentelle pas de capture) Figure II-4 : The gulf of Gabes : Fishing points with surface longline : stars : Mackerel bait ( incidental captures no capture), Circles : ray bait ( incidental captures no capture) Figure II-5 : Le golfe de Gabès: Distributions des mouillages à la palangre de fond: (,, : Capture accidentelle ;, et : pas de capture). Figure II-5: The gulf of Gabes : Fishing points with bottom longline : (,, : incidental capture ;, et : no capture). 56

117 V-1-6-Tailles des tortues capturées dans le golfe de Gabès La majorité de captures à la palangre de surface enregistrées concerne les grands juvéniles et principalement la classe de taille entre 50 et 70 cm (65, 51%). Les adultes représentent 3,4 % des captures alors que les captures dont la CCL est inférieur à 50 cm n en représentent que 24, 13%, le plus petit spécimen de taille 42 cm. (Fig. II-6) La majorité de captures à la palangre de fond enregistrées concerne les classes de tailles comprises entre 40 et 50 cm (56, 25%). Aucun adulte n a été capturé tandis que la plus petite taille (CCL) est de 42 cm. Il en résulte une courbe décroissante comparable à celle de la palangre flottante avec un petit décalage. Figure II-6 : Distribution des captures (palangre de surface) par classes de tailles (Campagne ). Figure II-6: Catch distribution (surface longline) by size classes (Campaign ). La majorité des captures sont des juvéniles, un seul adulte a été capturé, la période d étude (période estivale) coïncide avec la période dont une grande proportion des adultes se dirigent vers les sites de nidification en Méditerranée orientale (Grèce, Chypre et Turquie). La pêche par la palangre flottante parait une méthode corrélées à la dimension des spécimens car elle permet d attraper une plus grande proportion de juvéniles et de subadultes (>50 cm) que de spécimens de petites taille. Alors que la palangre de fond, permet la capture de spécimens de plus petits taille (40 CCl n-t 60 cm), cette différence de taille de spécimens capturés peut être due principalement à la différence entre les tailles des hameçons utilisés qui sont généralement de grande taille dans le cas de la palangre de surface. V-1-7- Etats physiques des tortues capturées. Les tortues capturées durant les opérations de pêche à la palangre étaient en majeure partie vivantes (26 tortues), 6 en états comateux et 13 mortes (tab. II-2). 57

118 Tableau II-2 : Etats de tortues capturées durant les saisons 2007 et 2008 Table II-2: Health states of turtles captured during 2007 and 2008 seasons Etats/States Palangre de Palangre de Total surface/surface longlines fond/bottom longlines Vivant/living Comateux/comatose Morte/dead La mortalité engendrée par la palangre de surface dans cette étude est parmi les plus grand taux de mortalité engendré par cet engin à l échelle méditerranéenne. Cette mortalité engendrée par cet engin reste plus faible que celle engendré par la palangre de fond. Ceci est évident puisque un spécimen une fois capturé par cet engin n arrive pas à atteindre la surface lorsque la durée de mouillage dépasse le 2h dépassant beaucoup le temps d apnée d une tortue marine (Tab. II-3) Tableau II-3 : Etats de tortues capturées par la palangre de fond durant les saisons 2007 et 2008 Table II-3: States of turtles caught by bottom longline fishing seasons 2007 and 2008 Durée de Tortues Etats physiques Taux de mouillage capturées Bonne état Etat comateux Blessée Morte mortalité 0 h % 1-2 h % >2 h % V Ŕ 2 Ŕ Chalut C est un moyen de pêche «actif» car il capture tous les animaux le long de son trajet en les convoyant dans le sac terminal. Les types de chalut quoiqu ils soient nombreux peuvent être classés en deux grandes catégories selon qu ils travaillent en contact avec le fond de la mer ou non : le chalut benthique et le chalut pélagique (Gerosa et Casale, 1999). Le chalut de fond est utilisé pour pêcher les crevettes ou les poissons de fond. Bien qu en général son fonctionnement reste essentiellement le même, la structure détaillée de cet outil présente beaucoup de variation d un pays à l autre en raison de la nature du fond, des espèces cibles et des traditions de pêche. V Ŕ 2 Ŕ 1 Ŕ Interaction avec les tortues marines en Méditerranée Les récentes estimations des captures accidentelles de Caretta caretta dans 17 pays méditerranéens s élèvent à tortues par an (Casale, 2011). Le chalut benthique est le deuxième engin après la palangre de surface qui engendre des captures accidentelles de tortues marines. V Ŕ 2 Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ Les espèces capturées accidentellement En Méditerranée, il semble que seulement Caretta caretta, est régulièrement capturée par cette méthode de pêche. Durant les campagnes de pêche au chalut benthique en Italie et Grèce, une seule tortue verte chelonia mydas a été capturée alors que tous les autres spécimens étaient des caouannes (Laurent et al., 2001). De même pour les études réalisées 58

119 dans le golfe de Gabès (Bradai, 1992 ; Laurent, 1993 et Jribi et al. 2007) et en Méditerranée centrale (Casale et al., 2007), toutes les tortues capturées étaient des caouannes. La tortue luth est rarement capturée par le chalut benthique, toutefois, des captures accidentelles ont été enregistrées surtout dans le golfe de Gabès en Tunisie (Bradai et El Abed, 1998 ; Bradai et al. 2004) V Ŕ 2 Ŕ 1 Ŕ 2 ŔImportance et répartition géographique des captures Le chalut benthique engendre d importantes captures accidentelles de tortues marines. Sur la base d observation à bord, Casale et al. (2004) estiment approximativement à 4300 captures par an dans la partie Ouest de l Adriatique nord. Sur la base d enquêtes, Lazar and Tvrtkovic (1995) ont estimé approximativement 2500 captures/an dans la partie Est, mais c'est possible qu il s agit d une sous-estimation, étant donné que le taux de capture dans cette région est 15 fois plus important que dans la partie Ouest (Casale et al., 2004). Dans le plateau continental tunisien, Casale et al., (2007) estiment dans une enquête préliminaire les pêches accidentelles à approximativement captures/an de Caretta Caretta, par les pêches Italiennes et Tunisiennes. La pêche au chalut en Egypte et en Turquie engendre des captures importantes surtout pour les deux espèces Caretta caretta et Chelonia mydas (Laurent et al. 1996; Oruç, 2001 ; Casale, 2011). Plus que 1000 captures par an sont estimées dans 7 pays (Tunisie, Libye, Turquie, Grèce, Croatie et Egypte). Les aires marines les plus affectées par chalutage benthique sont donc le plateau continental de l Afrique du Nord, l Adriatique, le bassin Levantin et la Mer Egée (Casale, 2011). V Ŕ 2 Ŕ 2 Ŕ Le golfe de Gabès Dans le golfe de Gabès, le chalut crevettier est pratiquement l unique type de chalut utilisé pour la pêche et du poisson de fond et de la crevette pendant et hors les campagnes des crevettes. On assiste toutefois, ces dernières années à une utilisation accrue du chalut pélagique. Au cours de 73 sorties en mer effectuées à bord de chalutiers de la profession dans le golfe de Gabès (44 sorties avec 325 jours et 3325 traits de chalut en 2001 et 29 sorties, 172 jours et 1931 traits de chalut en 2002), Jribi et al., (2007) estiment les captures accidentelles de tortues marines dans le golfe de Gabès à environ 5500/an. Au cours de cette étude, toutes les tortues capturées étaient des caouannes Caretta caretta soit au total, 60 pour 59 traits de chalut dont un trait en a ramené 2 à la fois ; 37 tortues ont été capturées en 2001 et 23 en La carte de la figure II-7 illustre la distribution géographique des différentes captures enregistrées au cours de cette étude. 59

120 Figure II-7 : Distribution géographique des points de capture des tortues marines au chalut benthique Figure II-7: Geographic distribution of sea turtles capture points in benthic trawl Les tortues capturées étaient en majeure partie (95%) en bon état physique. Une seule tortue était dans un état comateux (1,67%) et deux étaient mortes (3,33%) à l ouverture du filet sur le pont. D après les témoignages des pêcheurs à bord, les tortues capturées sont généralement en bon état et sont libérées immédiatement. Parmi les 60 tortues capturées, 10 ont été considérées comme adultes, 9 femelles et un mâle. La sex-ratio est de loin en faveur des femelles. En se basant sur les captures enregistrées et sur l effort de pêche déployé, le taux de capture est consigné dans le tableau II-4. Tableau II-4 : Taux de captures des tortues marines (Intervalle de confiance de 95%) Table II-4: Capture rate of marine turtles (confidence interval 95%) Total Effort de pêche observé Taux de capture Période tortues Sorties jours traits tortues/sorti e tortues/jour tortues/tr ait Hivers ,93750± 0,12397± 0,01194± (déc-fév) Printemp s (marmai) Eté (jui-mijui) 0, ,00000± 0, ,28571± 1,33304 Automne (sep-nov) ,5000± 0,23642 Total ,82192± 0, , ,15385± 0, ,20000± 0, ,07447± 0, ,12072± 0, , ,01488± 0, ,01891± 0, ,00684± 0, ,01142± 0,

121 Nombre de tortues L estimation du nombre des captures totales en se basant sur les données disponibles des taux de captures et de l effort de pêche dans le golfe de Gabès est présentée dans le tableau II-5. Tableau II-5 : Captures totales Table II-5: Total incidental catch Moyenne Nombre de ,5 sorties Taux de capture 0,86364±0, ,79310±0, ,82192±0,24878 Nombre total de 5271± ± ±1652 captures Les captures annuelles au chalut benthique enregistrées au cours de ce travail (5458±1652) dépassent les estimations faites auparavant. Cette évaluation dans les captures reflète l effort de protection déployé consistant à l interdiction de la pêche et de la commercialisation des tortues depuis Ces mesures auraient, en effet, bien amélioré l état des stocks de la population des tortues marines dans le golfe de Gabès. V Ŕ 2 Ŕ 2 Ŕ 1 Période de capture des tortues marines Dans le golfe de Gabès, les tortues marines sont capturées durant toute l année pendant la période où les chalutiers sont actifs. L hiver, le printemps et l été sont les périodes où le taux de capture est plus élevé contrairement à la période de l automne où ce taux est moins important. V Ŕ 2 Ŕ 2 Ŕ 2 Tailles des tortues capturées La plus petite taille (SCCL) des tortues capturées est 36,5cm et la plus grande est celle d un mâle de 82cm. La classe de taille la plus représentée dans les captures est celle entre 50 et 70cm. Les classes de taille des adultes (SCCL 70cm) et des petits juvéniles (SCCL 50cm) sont moins représentées (Fig. II-8). Il en résulte une distribution des fréquences de tailles des spécimens capturés en forme de cloche. L analyse des captures enregistrées par le chalut benthique montre que les spécimens capturés par cet engin sont de plus grande taille que ceux des palangres (Jribi et al., 2007 et 2008 ; Casale et al., 2007) < 39, , , , ,9 >80 Classes de tailles (SCCL) (cm) Figure II-8 : Distribution des fréquences de taille des tortues capturées en Figure II-8: Size frequency distribution of turtles caught in

122 V Ŕ 2 Ŕ 2 Ŕ 3 Mortalité Au cours de ce travail, la mortalité directe est estimée à 3,33% (N=60) et la mortalité potentielle est estimée à 1,67% (N=60). Le nombre total de tortues marines mortes au cours des années 2001 et 2002 est estimé à 182±55. Le nombre total des tortues potentiellement mortes est estimé à 91±28 (Tab. II-6). Selon donc les données disponibles, les taux de mortalité sont faibles (0,09 au nord de l Adriatique et 0,03 dans le golfe de Gabès (Casale et al., 2004 et Jribi et al., 2007). En conséquence, il semble qu en Méditerranée, le chalut ait un impact modéré sur les populations des tortues marines. La cause principale de ceci serait expliquée par la durée plus courte de chalutage en Méditerranée comparée à d autres régions du monde. Par ailleurs, cette faible mortalité remarquée dans les échantillons méditerranéens pourrait être expliquée par les basses températures associées à une forte proportion de spécimens de grande taille qui ont une plus importante tolérance à l apnée. Tableau II-6 : Mortalité totale Table II-6: Total mortality Etat physique Moyenne annuelle Saine 5007± ± ±1569 Etat comateux 88±30 94±55 91±28 Morte 176±60 189± ±55 V Ŕ 2 Ŕ 2 Ŕ 4 Conclusion L étude de l interaction des tortues marines avec le chalut benthique dans le golfe de Gabès a constitué un premier pas dans l évaluation des captures accidentelles et les mortalités associées à la pêche dans une zone présumée comme aire d alimentation et d hivernage. Cette étude a montré principalement que : - Un nombre important de captures accidentelles au chalut benthique dans le golfe de Gabès : 5458±1652 ; - Le chalut benthique induit une faible mortalité des individus capturés (3,33%). Cette faiblesse de la mortalité revient aux traits de chalut relativement très courts (40 à 90mn). - Les subadultes (SCCL compris entre 50 et 70cm) sont les plus concernés par cette pêche accidentelle ; - Les captures accidentelles sont réparties sur toute l année avec un taux plus faible en automne ; - Les captures dans le golfe de Gabès, comme il a été montré dans plusieurs régions du monde, sont plus abondantes dans les faibles profondeurs (<50m), zone en principe interdite au chalutage benthique ; - Les tortues marines présentent une répartition horaire particulière. Elles s éloignent du fond et se rapprochent de la surface pendant le jour en été contrairement à ce qui se passe en hiver. Ce comportement serait lié à la température de l eau et au temps maximum d apnée des tortues marines. 62

123 V Ŕ 3 Ŕ Filets maillants Les filets maillants sont les plus connus, les plus polyvalents et les plus anciens filets de pêche (Ferretti, 1983). Ils sont employés dans la plupart des zones côtières, aussi bien comme engin industriel, artisanal ou même récréatif. Les filets maillant ciblent toutes les espèces d importance économique. Les pêcheurs, grâce à leur connaissance et à leur expérience personnelle des zones de pêche, sont capables de pêcher exactement l'espèce cible qu'ils veulent, en faisant varier le type ou la taille des mailles en fonction de la profondeur des lieux de pêche et la saison (Gerosa et Casale, 1999). Le filet maillant est un filet de pêche qui est placé verticalement de façon à former une barrière ou à découper des zones aquatiques, de façon à capturer les organismes marins qui tentent de le franchir. Les filets maillants pourraient être considérés comme un moyen de pêche passive : les tortues marines sont capturées par hasard, durant leurs déplacements. Toutefois, les tortues marines essayent activement de se nourrir de poissons emprisonnés dans le filet, provoquant des dommages à l'engin. Ces filets représenteraient, donc, un moyen de pêche active, car leurs prises peuvent être attractives pour les tortues marines, ce qui accroît la probabilité de leur capture (Gerosa et Casale, 1999). V Ŕ 3 Ŕ 1 Ŕ Interaction avec les tortues marines à l échelle de la Méditerranée V Ŕ 3 Ŕ 1 Ŕ 1 Ŕ Importance des captures Il est très difficile d évaluer l interaction des tortues marines avec les filets maillants à cause des faibles taux de capture. Toutefois, le grand effort de pêche déployé par cet engin de pêche et les données indirectes suggèrent que l interaction avec cet engin serait très importante et comparable à celle enregistrée avec les chaluts benthiques (Casale et al., 2005). V Ŕ 3 Ŕ 1 Ŕ 2 ŔMortalité Ce qui est important à signaler pour cet engin de pêche c est l importante mortalité directe. La noyade est la raison principale de la mortalité des tortues marines induite par ces engins de pêches : les animaux emmêlés dans le filet, ne peuvent plus atteindre la surface pour respirer. Pour la Méditerranée et selon des données relativement anciennes, le taux de mortalité est assez élevé. Delaugerre (1987) relevait un taux de mortalité de 94,4% (n = 18) pour des spécimens de Caretta caretta capturés en Corse par des filets trémail placés à des profondeurs supérieures à 60 m. En Tunisie, Bradai (1993) obtient un taux de mortalité de 5,2% (n = 58) induit par les filets trémail. En France, une mortalité de 53,7% sur un échantillon de 149 tortues marines capturées à une profondeur inférieure à 50 m est signalée par Laurent (1991). Le taux de mortalité de spécimens marqués et ensuite recapturés par l'ensemble des filets maillants dans différents pays était de 73,7% (n = 19) (Argano et al. 1992). En conséquence, le filet maillant semble être un engin de pêche très dangereux. V Ŕ 3 Ŕ 2 Ŕ Interaction tortues marine- filets maillant dans le golfe de Gabès L impact des filets maillant sur les tortues marines dans le sud du golfe de Gabès a été étudié par Echouikhi et al. (2010 et 2011). L étude a été effectuée durant les mois d Avril, Mai et Juin des années 2007 et 2008 à bord de bateaux rattachés aux ports de Zarzis, Djerba et El Ketf. Les bateaux ont une longueur variant de 10 à 12m et une puissance motrice entre 45 et 80c.v. 63

124 Les filets maillants utilisés au cours de cette étude (tab. II-7), appelées localement «garrassia», ciblent les poissons guitares Rhinobathos cemiculus et autres élasmobranches (Carcharinidae, Triakidae) qui se rapprochent des côtes pendant le printemps et le début d été pour se reproduire. Tableau II-7 : Caractéristique des filets maillants utilisés au cours de cette étude Table II-7: Characteristics of gillnets used in this study Longueur hauteur Taille de la maille de côté Diamètre de fil 2,5 à 3 Km 4,5 à 5,5 m 14 à 16 cm 4,5 à 6 mm Les filets, une fois déposés par des profondeurs faibles qui ne dépassent pas 40 m, sont visités tous les 2-3 jours et même après 5 jours selon les conditions météorologiques. Ce type de filet engendre des captures accidentelles de tortues marines Caretta caretta (Fig. II-9 et II-10). La Figure II-11 illustre la distribution géographique des différents mouillages réalisés en 2007 et Figure II-9 : Tortue capturée par le filet maillant/ Turtle captured by gillnet Figure II-10: Quatre tortues Caretta caretta capturée en une seule opération de pêche/ Four turtles captured in a single fishing operation 64

125 Figure II-11 : Distribution bathymétrique des différents mouillages réalisés en 2007 et 2008 (Echouikhi, 2010) (triangle en noir : mouillage engendrant des captures des tortues marines) Figure II-11: The Gulf of Gabes. Locations of sets with turtles caught (black triangles) and sets without turtles caught (grey triangles) (Echouikhi, 2010). Bathymetric Distribution of different anchorages made in 2007 and 2008 (black triangle: wetting resulting in catches of sea turtles) Les taux de capture Les taux de capture (2007 et 2008) (Intervalle de confiance = 95%) dans le sud du golfe sont estimés à : - 0,527(0,403-0,694) tortues par km2 de filet maillant par jour - 0,339(0,250-0,438) tortues par km de filet maillant - 0,8(0,654-0,904) tortues par opération de pêche Les captures totales moyennes annuelles sont estimées à 443,6 (362, ,268) tortues caouannes. Les différents taux de captures enregistrés démontrent bien que les filets maillants est un engin qui engendre des capture accidentelles importantes des tortues marines et par conséquent pose un grand danger sur cette population menacée. La capture totale engendrée dans cette étude est considérée parmi les plus importantes à l échelle méditerranéenne. Cette capture totale dépasse parfois celles enregistrées par les grandes pêcheries comme les palangres et les chaluts benthiques. Distribution des captures par classes de tailles Les distributions des captures par classes de tailles sont illustrées par la figure II

126 Figure II-12 : Distribution des captures par classes de tailles (saison 2007 et 2008) Figure II-12: Distribution of catch by size classes (2007 and 2008 season) Les spécimens capturées sont généralement des juvéniles et des subadultes et principalement ceux ayant des tailles de 50 à 70 cm, la courbe en cloche obtenue est due principalement au faible nombre des spécimens de petite taille (<50 cm) (22,22%) et des spécimens de grande taille (>70cm) (13,8%). La plupart des tortues capturées sont des juvéniles en phase néritique (benthique), en effet la période d étude (Avril- juin) est une période qui Coïncide avec la migration d un nombre de reproducteurs (adultes) vers les sites de nidifications sur les côtes méditerranéenne septentrionales (Chypre, Grèce, Turquie) ce qui augmente le pourcentage des juvéniles dans la zone d étude. Etats physiques des tortues capturées Parmi les tortues capturés 69,44% ont été trouvées mortes, 13,88 % en états comateux alors que seulement % ont été trouvées en bon état. La figure II-13 illustre la distribution des états physiques des tortues capturées durant les deux saisons d études. Figure II-13 : Etats physiques de tortues capturées par le filet maillant en 2007 et 2008 Figure II-13: Physical states of turtles caught by gillnet in 2007 and

127 Le taux de mortalité engendré par cet engin est considéré comme le plus élevée en comparant avec des autres engins comme les palangres de surface, de fond et le chalut benthique, ceci est du principalement à la durée de mouillage de l engin qui est généralement importante (peut atteindre les 3 et les 5 jours parfois) et dépasse de loin le temps d apnée d une tortue marine, le spécimen, une fois capturée, n arrive pas à atteindre la surface pour respirer VI Ŕ Réduction des prises accidentelles des tortues marines Il est à signaler que suite aux grands nombres de prises accidentelles de tortues marines engendrant parfois des blessures, fractures et traumatismes divers, plusieurs pays se sont dotés de centres de soins et de secours des tortues marines. En Tunisie, un centre de ce genre a été crée en Ces centres contribueraient à la réduction de la mortalité après captures. Beaucoup de méthodes, de modification et de réglementations ont été essayées pour réduire les prises et les mortalités accidentelles des tortues marines. Ces applications ont concernées principalement les chaluts et les palangres. Beaucoup sont encore à la phase expérimentale et font jusqu à l heure actuelle beaucoup de controverses. Dans ce qui suit, nous présentons l essentiel de ces modifications et méthodes adoptés ou essayé à l échelle internationale. VI Ŕ 1 Ŕ Palangre Les tortues marines sont capturées par les palangres soit en s emmêlant dans les lignes, soit en s accrochant à l hameçon par le bec ou en l avalant. Généralement les tortues restent vivantes si elles restent capables d atteindre la surface. Si, par contre, l emmêlement les empêchent d atteindre la surface pour respirer, elles se noient et finissent par mourir par asphyxie. Pour réduire et éviter les captures accidentelles de tortues marines par les palangres, plusieurs solutions ont été proposées : Utilisation des hameçons circulaires Un hameçon circulaire désigne tout hameçon de forme arrondie dont la pointe est perpendiculaire à sa hampe, ou forme un angle de 90 degrés avec celle-ci. Contrairement à l hameçon circulaire, un hameçon simple ou en J (utilisé habituellement) est muni d une pointe parallèle à sa hampe (fig. II-14). Les hameçons circulaires sont appelés également hameçons en «C» ou en «G», suite à leur forme rappelant ces lettres de l alphabet. Ces hameçons, qui ont la particularité de pivoter, sont également appelés «autoferrants». Figure II-14 : Types d hameçons : (a)hameçon circulaire, la pointe et la hampe font un angle de 90 (b) Hameçon simple (j) la pointe et la hampe sont parallèles Figure II-14: Types of hooks: (a) circular hook (b) simple hook (j) 67

128 L utilisation des hameçons circulaires est une des techniques utilisées actuellement pour atténuer les captures accidentelles des tortues (Piovano et al. 2009). Toutefois, cette technique reste peu testée en Méditerranée. Ces hameçons sont devenus fréquemment utilisés dans certaines régions, après leur identification comme outil efficace pour réduire le taux de capture des tortues marines dans la pêcherie peu profonde avec la palangre de surface (Watson et al. 2005). L utilisation de ces hameçons est désormais obligatoire aux États-Unis, dans toutes les activités de pêche commerciale à la palangre ciblant l espadon, et elle pourrait aussi devenir obligatoire pour la pêche à la palangre des thonidés. Les États-Unis d Amérique encouragent également les pêcheurs d autres pays à utiliser des hameçons circulaires et pourraient adopter prochainement une réglementation interdisant la vente sur le marché américain de poissons capturés par les palangriers à l aide d hameçons non circulaires (Beverly, 2010). Les taux de capture des espèces cibles ou des tortues marines (captures accidentelles) ont été déterminés tout en prêtant une attention particulière à la forme et certaines mesures de l hameçon telle que son ouverture qui est la distance entre la pointe et la hampe. En effet, une étude portant sur des tortues caouannes élevées en captivité, indique que la largeur globale la plus étroite de l hameçon est la mesure clé à prendre en considération, car elle permet de déterminer si une tortue avalera ou non l hameçon appâté (Watson et al. 2003). Augmentation de la taille des hameçons Des études menées en Atlantique (Watson et al., 2003, 2004a et 2005) ont montré que les prises accidentelles des tortues marines peuvent être réduites en augmentant la tailles des hameçons et des appâts. Choix de l appât Le type d appât est un facteur très important dans les captures des tortues marines. En effet, il a été démontré que le changement d appât du calmar au maquereau associé au changement de l hameçon du J au circulaire augmente le taux de capture de l espadon et diminue le taux de capture des tortues (Watson et al. 2004b). Montage des avançons Laisser plus d espace entre les avançons pourrait éviter l'emmêlement des animaux dans les avançons (Sacchi, 2008). C est le cas surtout de la tortue luth souvent emmêlée dans les lignes. Caler profondément Il a été démontré que la densité de la population des tortues marines augmente avec la diminution de la profondeur. Caretta caretta et Chelonia mydas par exemples fréquentent surtout des fonds de moins 50m (Gerosa et Casale, 1999). On doit s attendre alors à ce que les taux de capture des tortues marines soient plus importants dans les eaux peu profondes. La solution serait d effectuer des opérations de pêche dans des eaux plus profondes et de caler les hameçons appâtés au delà de 100 m, des profondeurs non fréquentées par les tortues marines (Beverly et al ; Beverly and Robinson, 2004). Réduire la durée de filage Les durées de filage doivent être courtes pour réduire les risques de noyade des tortues accrochées. Celles-ci tentent d attraper les appâts lors du filage quand les hameçons appâtés sont encore proches de la surface (Sacchi, 2008). Le lestage de la ligne est une solution simple pour accélérer son immersion (Beverly et al ; Beverly and Robinson, 2004). 68

129 Limitation de l effort de pêche La limitation de l effort de pêche est considérée comme la méthode la plus efficace pour conserver la totalité des espèces (cibles et non cibles) (Gerosa et Casale, 1999). L interdiction ou la limitation de l emploi de certains engins de pêche et la réduction de l effort de pêche peu conduire à de bons résultats. En Méditerranée, ces mesures doivent être appliquées pour les zones qui connaissent une forte densité de tortues marines telles que le golfe de Gabès (Tunisie), l Adriatique et la mer d Alboran. Sensibilisation des pêcheurs concernant la manipulation des tortues à bord Actuellement, la meilleure manière de protéger les tortues marines se fait à travers la sensibilisation et l instruction des pêcheurs. Ceci permet de réduire efficacement les risques de mortalité des tortues marines. Les campagnes de sensibilisation auront pour but d expliquer aux pêcheurs comment traiter les tortues capturées et les tortues trouvées en état comateux. Si une tortue capturée accidentellement, peut être montée à bord et que l hameçon est accroché extérieurement ou au niveau de la bouche, cette dernière devrait être enlevé le plus rapidement et le plus soigneusement possible pour éviter les blessures ou la mort de l animal. Autrement, la ligne doit être coupée le plus proche possible de la bouche. Pour les tortues en état comateux, les pêcheurs peuvent réduire considérablement la mortalité en maintenant les tortues à bord pour quelques heures avant de les relâcher. En effet, beaucoup de tortues libérées en coma finissent par mourir car elles sont incapables de nager. Plusieurs conseils sont avancés pour la manipulation des tortues capturées accidentellement, (Gerosa & Aureggi (2001) et dans des lignes directrices élaborées à ce propos par le CAR/ASP. VI Ŕ 2 Ŕ Chalut Le problème majeur pour le chalut est la grande capture annexe qui n est pas limitée aux tortues marines. La résolution de ce problème réside dans l accroissement de la sélectivité de cet engin en réduisant les prises annexes (Alverson et al. 1994). Un système spécifique (Turtle Device Excluder ou TED) a été conçu pour réduire le nombre de tortues capturées par les chalutiers (Mitchell et al. 1995). Ce TED est un système d échappatoire qui permet l évacuation du chalut en action de pêche, des tortues marines en les déviant vers une sortie particulière, avant qu elles n entrent dans le sac terminal en même temps que la prise. Ce système, qui a été développé au départ aux USA comme solution à la mortalité élevée des tortues marines induite par la pêche aux crevettes et dont son emploi a été laissé volontaire, a connu des législations de plus en plus strictes qui ont abouti à l obligation de son utilisation dans le golfe du Mexique et les Caraïbes (Olguin et al. 1996). Il s agit d un système qui a montré une efficacité avec les petites espèces comme les crevettes ce qui limite son utilisation aux chalutiers crevettiers. Cette limitation rend son utilisation non convaincante en Méditerranéen où les plus grandes espèces sont aussi ciblées (Laurent et al., 1996; Casale et al., 2004). Naturellement, l'interaction peut être réduite en limitant l'effort de pêche dans des zones et pour des périodes bien déterminées. Cette procédure est de grand intérêt surtout pour les zones où la durée de chalutage est importante. Il a été révélé une relation étroite entre cette durée et la mortalité, du fait que les chaluts travaillent pendant des temps qui couvrent la durée de tolérance d apnée des tortues. 69

130 Il serait aussi préférable de limiter cette durée en été où la température de l eau de mer augmente ce qui réduit énormément l apnée des tortues. Ce fait a été démontré en Floride (Wibbels, 1989) où une forte mortalité (45,4%) a été rapportée pour des durées de chalutage faibles (30-105mn). Cette mortalité importante a été reliée à la haute température de l eau de mer. Etant donné qu il s agit d une mesure de régulation opérationnelle, elle ne peut pas être facilement acceptée par les pêcheurs surtout qu elle va induire une réduction de l effort de pêche en termes de temps au cours d une sortie. La seule possibilité sera à travers leur sensibilisation. VI Ŕ 3 Ŕ Filets maillants Malgré que l interaction des tortues marines avec ces engins reste très difficile à évaluer à cause des faibles taux de captures et le changement fréquent de l engin de pêche même au cours d une même sortie, l interaction semble être très importante à cause de l effort de pêche très élevé. Elle serait comparable à celle des chaluts benthiques (Casale et al. 2005). Actuellement, Il n existe aucune solution technique satisfaisante. La seule solution possible pour réduire les prises accidentelles réside dans la limitation de l effort de pêche dans le temps et dans l espace. Il est aussi recommandé d éviter de caler des filets à proximité des aires de nidification ou d hivernage et à des profondeurs inférieures à celles que les tortues peuvent généralement atteindre et d éviter des temps de mouillage et des longueurs de filets trop importantes. 70

131 CHAPITRE III Pêche accessoire (bycatch) des cétacés dans la région du golfe de Gabès I-Introduction Les prises accessoires sont parmi les principales causes de mortalité d'origine anthropique des espèces marines menacées dans le monde entier. Les interactions avec les pêcheries sont potentiellement dangereux pour les cétacés (effondrement des stocks de poissons, mortalité directs dans les pêcheries et les prises accidentelles dans les engins de pêche) et à l'homme (dommages aux engins de pêche et épuisement des stocks de poissons à valeur commerciale (Beddington et al., 1985 ). Plusieurs études ont concerné ces dernières années l'interaction des cétacés avec les activités de pêche Méditerranée (Northridge, 1996; Notabartolo di Sciara et al, 2002; Bearzi, 2002; Notabartolo di Sciara & Reeves, 2006 ; Notarbartolo Di Sciara & Birkun, 2010.). Les interactions entre les mammifères marins sont par conséquent de 2 types: l impact de mammifères marins sur les pêches et les impacts de la pêche sur les mammifères marins. - L impact des cétacés sur les pêches inclut les dommages aux engins de pêche (par filets déchirés), réduction de la quantité ou la valeur de la capture (déprédation), le coût de la perte de matériel et de temps (les prises accessoires à enlever, réparation des filets ) à cause des interactions des cétacés avec les opérations de pêche (Reeves et al. 2001). - L impact de la pêche sur les cétacés, y compris les prises accessoires, des blessures ou mortalité accidentelle ou délibérée, la réduction de la disponibilité des proies ou des changements dans le comportement alimentaire, la dégradation de l'habitat, la dispersion ou la réduction des taux de reproduction (Bearzi, 2002; Bearzi et al,. 2008; Abella, 2004)). Ces conflits entre la pêche et les cétacés existent pratiquement dans tous les pays méditerranéens. II-Les espèces de cétacés en Méditerranée et leur statut Parmi les 21 ou 22 espèces de Cétacés signalées dans le bassin méditerranéen, 10 d entre elles sont considérées comme accidentelles, car elles ne sont mentionnées que par quelques observations surtout en échouage ; elles pénètrent en Méditerranée par le détroit de Gibraltar ou par le Canal de Suez. Les 11 ou 12 autres espèces sont régulières dont 8 sont communes formant des populations résidentes. Dans le groupe des espèces communes figurent le Rorqual commun (Balaenoptera physalus), le Dauphin bleu et blanc (Stennalla coeruleoalba), le Dauphin commun (Delphinus delphis), le Grand Dauphin (Tursiops truncatus), le Dauphin de Risso (Grampus griseus), le Globicéphale noir (Globicephala melas), le Grand cachalot (Physeter macrocephalus) et le Ziphius (Ziphius cavirostris). Parmi les espèces dites régulières, Orcinus orca est en danger critique d extinction, 5 espèces sont en danger (Physeter macrocephalus, Delphinus delphis, Phocoena phocoena, Delphinus delphis) et deux sont vulnérables (Tursiops truncatus, Stenella coeruleoalba). Pour les autres espèces, les données sont insuffisantes (DD) pour permettre une évaluation des risques. 71

132 II-1 Statut des cétacés dans les eaux tunisiennes (espèces, distribution, abondance, interaction avec la pêche ) II-1-1 Espèces de cétacés connues dans les eaux tunisiennes Les cétacés régulièrement observés en Méditerranée (Notarbartolo di Sciara 2002) sont présents sur les côtes tunisiennes bien que le Ziphius cavirostris n aient pas encore été observés (Ktari-Ktari-Chakroun 1980, 1981; Chakroun 1994; Bradai et Ghorbel 1998.) De plus certaines observations dans les eaux tunisiennes et celles avoisinantes, témoignent de la présence d'un certain nombre d'autres espèces de cétacés occasionnellement présentes en Méditerranée. Ces observations concernent le Petit Rorqual, Balaenoptera acutorostrata, dans des cas de prises accidentelles lors de la pêche au thon (Ktari-Chakroun 1980) et lors d échouages (Ktari-Chakroun 1980, Bradai et Ghorbel 1998). Une baleine à bosse, Megaptera novaeangliae a été observée pour la première fois dans le Golfe de Gabes (Bradai et Bouain, 1994). D'autres espèces de cétacés plus rares du Bassin méditerranéen sont potentiellement présentes dans les eaux tunisiennes : les épaulards par exemple Orcinus orca (Notarbartolo di Sciara,1987). La présence des Rorquals de rudolphi, Balaenoptera borealis, bien que mentionnée (Heldt 1949), demeure douteuse. Les cétacés observés en Tunisie : Megaptera novaeangliae, observée dans golfe de Gabès (Bradai & Bouain 1994) Balaenoptera physalus (Bradai et Ghorbel, 1998) Balaenoptera acutorostrata, observé à l Est et au Sud (Ktari-Chakroun, 1980 ; Bradai et Ghorbel, 1998) Tursiops truncatus (Bradai, 1991 ; Ben Naceur et al. 2004) Stenella coeruleoalba (Bradai, 2000) Delphinus delphis (Gruvel, 1926 ; Kartas, 1971 ; Ktari-Chakroun, 1981) Grampus griseus (Bradai, 2000) Orcinus orca (Chakroun, 1994; Notarbartolo di Sciara 1987) Globicephala melas (Chakroun, 1994). Physeter catodon (Ktari-Chakroun, 1980; Khalfallah, 2000). A l exception des deux dernières espèces, les autres fréquentent ou ont été signalées dans le golfe de Gabès. Le tableau III-1 rassemble certaines espèces de cétacés listées dans les conventions internationales et qui sont observées dans la région du golfe de Gabès. Espèces Tableau III-1 : Statut de cétacés à travers les conventions internationales Table III-1: Status of cetaceans through international conventions Convention de Bern Convention de Bonn 72 Convention de Barcelone CITES Statut IUCN Cétacés Mysticètes (Baleines) Balaenoptera physalus Annexe II Annexe I Annexe II Annexe I DD Balaenoptera acutorostrata Annexe II Annexe II Annexe I Megaptera novaeangliae Annexe II Annexe I Annexe II Annexe I Odontocètes (dauphins) Tursiops truncatus Annexe II Annexe II Annexe II VU Stenella coeruleoalba Annexe II Annexe II Annexe II VU Delphinus delphis Annexe II Annexe II Annexe II EN Grampus griseus Annexe II Annexe II Annexe II DD

133 II-1-2 Abondance et distribution Il est à signaler que les observations en mer et à terre (échouage) montre l abondance du grand dauphin Tursiops truncatus, suivi par le dauphin bleu et blanc Stenella coeruleoalba et le rorqual commun Balaenoptera Physalus (Karaa et al. 2012a). Lors d une campagne de recensement des cétacés (transect linéaire), effectuée en 2003 dans le Sud-est jusqu à 15 n.m de la côte (Ben Naceur et al, 2004), les observations ont concerné que le grand dauphin (fig. III-1, III-2 et III-3 ; tab. III-2). Sur les côtes sud-est, les groupes du grand dauphin rencontrés étaient constitués de 5 animaux en moyenne, avec un maximum de 14 animaux. Dans 85,7% des cas, les groupes comportaient entre 1 et 8 animaux. Les observations de deux animaux étaient relativement fréquentes (25% des observations), et les grands groupes (plus de 8 animaux) étaient plus rares. Parmi les groupes observés, 43% comportait des juvéniles ou des nourrissons, toujours observés dans les groupes de plus de 3 animaux. En général, les animaux étaient groupés ou organisés en sous-groupes. La densité du Grand dauphin a été estimée à 0,19 animaux/km2, avec un coefficient de variation de 33%. L effectif estimé pour l ensemble de la zone étudiée est de 3977 dauphins, avec un intervalle de confiance relativement large, de 1982 à 7584 animaux (tab. III-3). Cependant, cette estimation doit être considérée comme un ordre de grandeur. En effet plusieurs facteurs ont été reconnus comme sources d erreurs potentielles et obligent à considérer l estimation avec prudence Tunis Hammamet Kelibia Mahdia Sfax Zon 1e 1 Zon 2 1e 2 Gabès 200 m Figure III-1. Différentes zones échantillonnées lors des campagnes d étude des cétacés le long des côtes tunisiennes en 2001 et 2003./Sampled zones 200 m Figure III-2. Effort d échantillonnage réalisé lors des campagnes 2001 et 2003/Sampling effort Figure III-3. Observations de Grand dauphin (Tursiops truncatus) pendant la campagne Aspis./ Tursiops observations 73

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