Jean-Luc Audouze LES MAUX DE SYLVINE. Episode 28. La salle d'attente

Transcription

1 Jean-Luc Audouze LES MAUX DE SYLVINE Episode 28 La salle d'attente

2 Une création de Jean-Luc Audouze. Tous droits réservés. Août 2013.

3 Ce jour-là, le ciel était gris. La veille il avait fait chaud, presque trop chaud. Hugo trouva sans problème une place près du cabinet. Sandrine serrait contre elle son dossier médical. Elle était stressée mais ça allait quand même, elle ne sentait pas venir de crise d'angoisse à l'horizon. Et puis Hugo était là. Il avait pris sa journée exprès. Et maintenant qu'il venait de couper le moteur, la voiture étant garée, il lui tenait la main. Tendrement, si tendrement. C'était une fin d'après-midi. C'étaient les années Quand le couple pénétra dans la salle d'attente, un autre couple attendait déjà. Hum, ils ne passeraient pas tout de suite. La femme de l'autre couple elle-aussi semblait stressée. Le mari lisait une revue datant d'il y avait au moins dix ans. Sans vraiment la lire d'ailleurs. La femme regarda longuement entrer Sandrine

4 et Hugo puis, la tête de Sandrine semblant lui revenir, entama la conversation avec cette dernière. Cela fait longtemps que vous venez ici? Non, c'est la première fois... Vous allez voir, le docteur Adam est très bien. Ah... Vous avez des résultats, vous? Pas pour l'instant mais je fais confiance au docteur Adam... et j'ai foi en... ( Elle effleura la petite croix qu'elle portait autour du cou! ) Courage, l'heureux événement finira bien par arriver... Oui... Oui... Vous savez d'où vient le problème chez vous? Chez nous, ça vient de mon mari Albert... ( Ce dernier tourna la tête, faisant mine de n'avoir rien entendu. ) Dans notre cas, ça vient de moi..., murmura, honteuse, Sandrine. Il ne faut pas culpabiliser... ( Elle toucha la main de son mari. ) Et puis même si la médecine ne réussit pas, il reste toujours la solution de l'adoption. L'adoption... C'est pas pareil... Et puis les

5 démarches sont longues et difficiles... Je sais bien... Je sais bien... Et... Et... Silence. La femme sembla soudain aller mal et se mit à sangloter dans les bras de son Albert. Envolées les belles paroles. Mais, visiblement, son mari réussit à la calmer au bout d'un moment... Sandrine détourna le regard. Surtout ne pas la regarder. Surtout ne pas craquer elle-aussi. Penser à autre chose... Deux autres personnes entrèrent à leur tour. Deux ados... Bon sang, c'étaient ses nièces! Tatie, mes cours de la journée sont finis alors me voici!, fit Sylvine. Moi, j'avais encore des cours mais j'ai séché! J'étais trop inquiète pour toi alors me voici aussi!, ajouta Sophine. Elles la prirent dans leurs bras. Ah, ses nièces... Si un jour elle arrivait enfin à avoir un enfant avec Hugo et si c'était une fille elle aimerait tellement qu'elle leur ressemblât. Elle était si contente de les voir... Néanmoins, ne prenant pas

6 son rôle de tante à la légère, elle fut bien obligée de réprimander quelque peu - ou du moins de faire semblant! - Sophine. C'était pas raisonnable de sécher! Et le brevet à la fin de l'année, elle y pensait au brevet!? Mais oui, elle y pensait... Mais elle pensait aussi à sa tatie. Et puis entre les études et son entraînement de future élue avec sa mère, elle avait bien le droit de décompresser un peu. En écoutant sa sœur se plaindre de la dureté de l'entraînement, Sylvine se dit qu'elle avait bien de la chance de ne pas être la future élue. De toute façon, elle en avait pas l'étoffe, on lui avait assez répété... Elle se dit aussi qu'elle avait envie de faire pipi et rejoignit les toilettes. Le docteur Adam sortit de son bureau et raccompagna un couple à la porte, alla demander à la secrétaire le nom des prochains et appela : «Mr et Mme Nissens, je vous prie!» Le couple se leva. Sandrine, son mari Hugo et leur nièce les regardèrent s'engouffrer dans le bureau du docteur... C'était une fin d'après-midi. C'étaient les années 90!