Un conte de Noël à la carte

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Lionel Laperrière
il y a 8 ans
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1 Un conte de Noël à la carte Il était une fois, dans le nord de la Petite-Nation, une belle fermière, qui faisait pousser des arbres de Noël. Elle et son mari, possédait un si grand terrain qu elle ne pouvait réussir à en faire le tour régulièrement. Un jour, elle décida d aller, avec son mari, visiter une partie de sa plantation qu elle n avait pas vue depuis des lunes. Ils attelèrent leurs chevaux et arrivèrent au lieu voulu. La belle fermière et son mari restèrent stupéfaits en voyant qu une partie de leur plantation avait disparu. De ses magnifiques arbres de Noël, ils ne restaient que de nombreuses petites souches démontrant que ces derniers s étaient volatilisés. Les arbres de Noël avaient été tronçonnés à la base par ce qui était manifestement, une scie. Comprenant vite la situation, le mari dit à la belle fermière «Revenons à la nuit tombée tenté de surprendre le malfaiteur». Le soir venu, les deux cultivateurs d arbres de Noël s installèrent en embuscade à l orée du bois. Ils patientèrent de nombreuses minutes. La nuit était silencieuse, mais ponctuée par le hurlement des loups, le glouglou des dindons sauvages et par le ululement d une vieille chouette taciturne. Tout à coup, la pleine lune aidant, ils repérèrent trois ombres qui glissaient silencieusement vers un arbre de Noël. Sans bouger ni mot dire, ils assistèrent à une scène curieuse et surprenante. Une vieille femme et ce qui ressemblait à deux lutins commencèrent à couper un arbre de Noël. Chose étrange, ils avaient choisi, le plus laid du groupe. Un arbre chétif, croche et sans vertu pour devenir un véritable arbre de Noël, digne de ce nom. Une fois l arbre coupé, ils disparurent dans la forêt avoisinante en emportant le butin biscornu. La belle fermière et son mari n arrivaient pas à comprendre ce qu ils venaient de voir. Ce dernier décida alors de quitter les lieux et proposa de revenir la nuit suivante. Le lendemain à la même heure, ils s installèrent exactement au même endroit. Le même scénario que la veille se reproduit. Trois ombres dans la nuit coupèrent un arbre de Noël aussi laid, chétif et sans âme que la nuit

Un jour, elle décida d aller, avec son mari, visiter une partie de sa plantation qu elle n avait pas vue depuis des lunes. Ils attelèrent leurs chevaux et arrivèrent au lieu voulu.

2 précédente, qu ils apportèrent avec eux, dans la forêt, laissant les cultivateurs pantois. La troisième nuit se passa exactement comme les deux premières sans que les éleveurs d arbres de Noël comprennent le rituel. N en pouvant plus, la belle fermière ordonna en chuchotant à son mari, «suivons les trois voleurs d arbres». «Je suis d accord avec toi» rétorqua le mari, mais allons-y avec circonspection, car je ne voudrais pas ajouter misère à mystère. Aussitôt dit aussitôt fait, nos deux héros se mirent à filer discrètement les trois ombres fuyant dans la nuit. Ils suivirent les flibustiers jusqu à une petite maison cachée au cœur de la forêt. Les brigands entrèrent dans la maisonnette une fois à l intérieur, ils allumèrent une petite lampe à l huile qui jeta une faible lumière. Se glissant doucement le long du mur, les deux cultivateurs jetèrent un regard inquiet par la seule fenêtre de la maison. Ce qu ils virent était hallucinant. Une veille femme frêle et sans âge, toute chétive, aidée par deux lutins, coupaient, dépouillaient, paraient, assemblaient ce qui était, quelques minutes plutôt, l arbre coupé. Stupéfaits, la belle fermière et son mari observèrent les trois personnages confectionner des couronnes, des centres de table, des objets suspendus, etc. Les trois forbans faisaient des décorations de Noël. Les deux observateurs se rendirent compte que la maison était pleine à craquer de toutes sortes de décorations de Noël. Aussi loin que le regard portait il y avait des œuvres, des petites, des grosses de toutes les formes et de toutes les couleurs. Ébahis par ce qu ils venaient de voir, les deux cultivateurs décidèrent de se retirer discrètement. Revenus à la ferme, les deux éleveurs d arbres de Noël ne savaient que penser de tout cela. Vols d arbres avaient certes été constatés, mais en toute honnêteté, il fallait avouer que ces derniers étaient indignes d orner quelque demeure que ce soit. Avant d aller plus loin, nos deux héros décidèrent de compter le nombre d arbres disparus. Le décompte, espéraient-ils pourrait aider à prendre une décision. Pour ce faire, ils décidèrent de se servir d une vieille méthode ancestrale pour inventorier. Il s agissait de glisser une carte à jouer le long de chacun des troncs. De cette façon, ils arriveraient à un total exact. Pour contrer l effet du vent, qui aurait pu disperser les cartes, ils enfouirent à demi ces dernières dans le sol. À chaque petit tronc, on plantait une carte à jouer. Il n y avait aucun risque de se tromper et on

N en pouvant plus, la belle fermière ordonna en chuchotant à son mari, «suivons les trois voleurs d arbres».

3 obtiendrait le chiffre exact du nombre d arbres volés. À la fin de l opération, on compta qu il y avait eu 212 arbres de Noël de coupés. Satisfaits de savoir, mais ne sachant que faire, les cultivateurs d arbres de Noël prirent la décision de laisser le temps suivre son cours. Quelques semaines plus tard par un bel après-midi de novembre, la belle fermière et son mari décidèrent d aller voir si d autres arbres avaient disparu. Une surprise de taille les y attendait. Une série de repousses était apparue. À côté de chaque petit tronc se trouvait une nouvelle plante. Incrédules, ils s avancèrent en s approchant des nouveaux arbres, ils furent estomaqués par ce qu ils virent. Des petits arbres de 8 de trèfle côtoyaient des arbres de 5 de cœur ou de valets de pique. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les cartes à jouer s étaient enracinées et poussaient à côté de chacun des troncs. Une multitude de petits arbres de cartes à jouer poussaient Nos deux héros étaient devant un champ d arbres de cartes à jouer. Une vaste étendue d arbres de roi de carreau, d as de pique ou encore de 7 de cœur étaient là en pleine croissance. Ravis par cette étonnante découverte, nos deux cultivateurs d arbres se regardèrent et en un clin d œil eurent la même idée. Et si on ramassait des feuilles d arbres de cartes à jouer, ne pourrait-on pas organiser une immense partie de cartes, la plus grande que le village n ait jamais connue?? Ainsi, on pourrait amasser des fonds pour aider les plus démunis. En moins de temps qu il n en faut pour le dire, ils se mirent avec enthousiasme à récolter les feuilles de cartes à jouer. Revenu à la ferme, ils regroupèrent dans un tour de main, les feuilles de 9 de pique, ceux de dame de carreau, ainsi de suite pour en arrivée à former plusieurs jeux de cartes à jouer. Le soir même, le mari et la belle fermière réservèrent la place du marché et organisèrent ce qui devait être la plus mémorable soirée de cartes que village ait connu. Pour ramasser des fonds, les deux organisateurs décidèrent que les perdants de chaque partie devraient débourser des sous. Ainsi à la fin de la soirée, un beau pactole serait amassé au bénéfice des moins fortunés. Par un beau soir de décembre, tous les gens du village étaient dans l édifice du marché, les plus pauvres comme les plus riches, tout le monde

Quelques semaines plus tard par un bel après-midi de novembre, la belle fermière et son mari décidèrent d aller voir si d autres arbres avaient disparu. Une surprise de taille les y attendait.

4 voulait aider et en même temps, s amuser en jouant une bonne partie de cartes. La soirée débuta dans le plaisir et dans la joie. C était certainement la première partie jouée avec des cartes cultivées localement La soirée se déroulait rondement avec bonhomie. La belle fermière et son mari étaient heureux et ravis, mais ils n étaient pas au bout de leurs surprises. On ne sait pas si c était la magie du temps des fêtes ou bien la force du bonheur de tout le monde, mais un phénomène extraordinaire se produisit. Faisant fi du brasseur de cartes, ces dernières se mirent à se brasser d ellesmêmes, et aussi incroyable que cela puisse paraître, elles se distribuèrent sans aide. Les cartes avaient décidé de participer à la partie. Les gens transportés par la frénésie du jeu continuèrent de jouer sans ne se douter de rien. En regardant les cartes se déposer d elles-mêmes devant les joueurs, les récolteurs de cartes comprirent alors que ces dernières avaient un but bien précis, soit faire perdre les plus nantis du village. De cette façon, les plus fortunés donneraient aux plus pauvres et tous passeraient une belle période des fêtes. Les cartes n étaient pas seulement locales, mais équitables par surcroît! Au milieu de la nuit à la presque toute fin de la soirée, les cartes, cultivées par la belle fermière et son mari, avaient fait en sorte de rendre tout le monde heureux. C est à ce moment-là qu un coup de théâtre saisit l assistance. La grande porte du marché s ouvrit subitement et dans une bourrasque de neige, les gens du village virent apparaître une vieille femme chétive et deux joyeux lutins. Ces derniers transportaient une montagne d objets de Noël, des couronnes, des centres de tables, des décorations de toutes sortes. La vieille dame sans âge commença à distribuer les cadeaux aux gens du village, en offrant ses vœux de Noël, les plus sincères. La belle fermière et son mari se croisèrent du regard, émus, ils comprirent Qu un grand moment de bonheur était devenu possible, grâce à eux! Ripon 2012 B Nantel Lutin.

La belle fermière et son mari étaient heureux et ravis, mais ils n étaient pas au bout de leurs surprises.

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