PHOTOSHOP LIGHTROOM. pour les photographes. Traduction et adaptation Volker Gilbert. Martin Evening. Groupe Eyrolles, 2007, ISBN :

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1 PHOTOSHOP LIGHTROOM pour les photographes Martin Evening Traduction et adaptation Volker Gilbert Groupe Eyrolles, 2007, ISBN :

2 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 121 Chapitre 4 Développer les fichiers RAW Le moteur de développement et la manière dont il retarde le traitement d images jusqu à ce que les fichiers soient convertis sont l une des propriétés les plus puissantes de Lightroom. Cette méthode appelée «traitement différé» a été introduite au cours des années 1990 par des logiciels célèbres comme Live Picture et xres : en reléguant le traitement d images à la fin des modifications, ils rendaient possible la manipulation de gros fichiers avec les ordinateurs peu puissants de l époque (seulement 24 Mo de mémoire ). Bien que Photoshop soit aujourd hui à même de traiter des fichiers très lourds, le traitement différé permet de bénéficier d une plus grande liberté de travail. Contrairement au flux de travail d un logiciel de type Bitmap, qui modifie les pixels étape par étape, Lightroom permet d effectuer un nombre impressionnant de corrections dont l ordre n a que peu d impact sur le résultat final. Vous pouvez ainsi appliquer un recadrage, retoucher une poussière, ajuster les couleurs, retoucher une deuxième poussière et réajuster le cadrage, sans jamais compromettre la qualité de l original. Les modifications ne sont en effet entérinées que lorsque l image est exportée en tant que fichier au format TIFF, PSD ou JPEG, et pas avant. Le traitement d images dans Lightroom Quel que soit son format, un fichier image est toujours considéré par Lightroom comme une image brute. L ensemble des modifications effectuées dans le logiciel est enregistré dans un 121

3 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 122 Photoshop Lightroom pour les photographes fichier de type XMP (et non pas appliqué à l image), approche qui présente un grand avantage : le rendu final est obtenu à l issue d une unique étape de traitement, ce qui minimise le risque de dégradation de la qualité. Un traitement intelligent Photoshop reste l outil le mieux adapté pour la séparation des couleurs, indispensable dès lors que vous souhaitez préparer vos fichiers pour une impression offset, car Lightroom, confiné à l univers RVB, ne prend pas en charge le mode couleur CMJN. Cependant, il est incomparablement plus simple que Photoshop en ce qui concerne la gestion des couleurs, sans pourtant compromettre la qualité des conversions colorimétriques : vous n avez plus besoin avec lui de configurer des paramètres obscurs et n êtes plus jamais confronté à des problèmes de conversion entre espaces de couleurs. Lightroom fait appel à un seul espace de travail pour l ensemble des calculs entre les différents profils ICC des périphériques (appareil photo, écran, imprimante). Par son gamut et ses coordonnées de chromaticité, cet espace est très proche de l espace ProPhoto RVB ; il ne s en différencie que par un gamma de 1,0 au lieu de 2,2. L espace Lightroom RVB correspond ainsi au gamma d un fichier RAW ; son gamut très étendu contient l ensemble des couleurs qu un appareil numérique est capable d enregistrer. Lightroom utilise en outre une profondeur de 16 bits/couche : avec plus de niveaux par couche couleur, ses capacités sont largement supérieures à celles d un appareil photo numérique (rarement capable de saisir plus de niveaux par couche couleur). Lightroom est donc parfaitement adapté au traitement des fichiers RAW. Quel que soit l appareil numérique utilisé, il restitue toujours l ensemble des informations capturées. Profondeur de bit, Photoshop et appareils numériques Vous avez peut-être remarqué, « couleurs» correspond à une profondeur de 15 bits par couche. En effet, bien que la littérature parle d un traitement en 16 bits par couche (plus de couleurs), Photoshop n en utilise que la moitié pour simplifier et accélérer les calculs. Un codage sur 15 bits au lieu de 16 demeurera sans doute largement suffisant, même si certains appareils disposent de 14 bits par couche (notamment les appareils Fuji Finepix S3 et S5, et le tout nouveau Canon 1D Mark III). Bien que les calques ne fassent pas partie des fonctionnalités de Lightroom, ce dernier reconnaît les images multicalques à condition d avoir coché l option correspondante dans les préférences de Photoshop. L emploi des calques est alors envisageable : envoyez votre image vers une application tierce (Photoshop, Lightzone), utilisez des calques pour modifier votre image, puis rapatriez-la dans la bibliothèque de Lightroom. Sachez que les outils dédiés au traitement d images sont nullement réservés aux fichiers RAW : ils fonctionnent également avec des fichiers aux formats JPEG, TIFF et PSD. Il est ainsi 122

4 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 123 Développer les fichiers RAW 4 possible d utiliser les outils du module Développement (Balance des blancs, Exposition et Courbe) pour le traitement de toute image importée dans Lightroom. Depuis la version CS3 de Photoshop, les réglages du module Développement de Lightroom sont parfaitement compatibles avec ceux de Camera Raw. Vous pouvez ainsi appliquer des réglages dans un de ces programmes, puis les retrouver à identique dans un autre. Les outils Supprimer les yeux rouges et Supprimer les tons directs trouvent, avec Photoshop CS3 et Camera Raw 4.1, leur correspondance dans Lightroom. Un des avantages décisifs des outils de Lightroom est leur nature non destructive : les retouches à l aide de l outil Supprimer les tons directs, par exemple, entraînent l enregistrement du travail en tant que simples instructions pour le développement. Il est ainsi très facile d annuler une correction peu satisfaisante, et l ordre des différentes étapes de retouche n a pas d importance. Vous pouvez donc retoucher les poussières avant d ajuster les couleurs et la tonalité : Lightroom ne modifie jamais les pixels mais enregistre toutes les modifications dans un jeu d instructions. Obtenir des couleurs fidèles Il n est pas nécessaire d être un color geek pour utiliser Lightroom. Seules les notions suivantes sont utiles pour appréhender ce logiciel qui, malgré l absence de possibilité de réglages des paramètres de couleur, offre néanmoins tout ce qu il faut pour gérer les couleurs de vos fichiers. Les fichiers RAW n ont pas de profil associé ; leurs couleurs sont gérées par le moteur de conversion de Lightroom. Le profil ICC des fichiers de type Bitmap (JPEG, TIFF et PSD) est automatiquement reconnu par Lightroom. Ce dernier gère alors correctement l affichage et la conversion colorimétrique entre profils. Si votre fichier Bitmap est dépourvu de profil, Lightroom se comporte comme tous les autres logiciels et tente d interpréter autant que faire ce peut les couleurs de l image par l attribution d un profil srvb. Sachez que, contrairement à Photoshop, Lightroom n affiche aucun message d avertissement lorsque l image importée est dépourvue de profil. Si vous détectez une image dont les couleurs semblent ne pas correspondre à vos attentes, il est fort probable que son profil (manquant) soit différent du profil srvb qui lui a été attribué. D une manière générale, activez toujours la gestion des couleurs dans Photoshop (dans Édition>Couleurs), quitte à choisir un des préréglages fournis par le logiciel (Défauts Prépresse Europe, Paramètres couleurs par défaut pour l Europe) afin de toujours enregistrer les images avec un profil. L écran : un périphérique critique Assurez-vous que les couleurs affichées à l écran correspondent le plus précisément possible à ce que vous souhaitez obtenir à l impression. Nous l avons déjà dit, Lightroom ne nécessite 123

5 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 124 Photoshop Lightroom pour les photographes aucune intervention de votre part pour bien gérer les couleurs de vos fichiers image : bien que vous puissiez (rarement) rencontrer des problèmes avec certains fichiers dépourvus de profil, Lightroom assure un suivi parfait des couleurs, de l importation jusqu à l impression. Toutefois, avant de pouvoir commencer une séance de travail, il est indispensable de régler puis de calibrer votre écran. Ces deux étapes sont indispensables pour éviter de nombreuses frustrations, et le matériel requis est aussi simple qu abordable. Choisir un écran Il existe deux grandes familles d écrans : les écrans à tube cathodiques (CRT) et les écrans à cristaux liquides (LCD, appelés aussi «TFT»). Les écrans CRT sont en voie de disparition, il est de plus en plus difficile d en trouver sur le marché. Bien que de nombreux photographes utilisent encore des écrans CRT d excellente qualité, comme le célèbre Sony Artisan, votre choix se portera vraisemblablement sur un écran LCD, dont la qualité varie considérablement d un modèle à un autre. On trouve plusieurs gammes d écrans LCD, allant des modèles grand public, peu onéreux, et écrans d ordinateurs portables jusqu aux écrans haut de gamme qui offrent un gamut plus large et une précision des couleurs bien supérieure (Eizo Color Edge, NEC SpectraView). J ai une préférence pour la gamme Cinema Display d Apple, dont j utilise actuellement un modèle 30 pouces. J apprécie sa grande surface d affichage, de même qu un réglage et un calibrage faciles. «La qualité a un prix», ce constat est aussi valable pour les écrans : un photographe qui n achète que les meilleures optiques pour son appareil devrait faire de même pour son écran. N oubliez pas que vous passerez de nombreuses heures face à lui, une excellente qualité d affichage rassure et repose les yeux. Les outils de réglage et de calibrage La seule méthode efficace pour régler et calibrer votre écran nécessite un colorimètre ou spectrophotomètre. Vous trouverez sans difficulté un bon colorimètre à moins de 250 ; les fabricants Datacolor et X-Rite offrent même des modèles d entrée de gamme qui ne se différencient des modèles plus chers que par le logiciel fourni et la qualité des profils. Certes, vous pouvez investir davantage dans une solution complète, capable de mesurer des échantillons colorés et de créer des profils pour imprimante, mais si votre objectif est la création d un profil d écran, vous pouvez vous contenter de l achat un colorimètre : les spectrophotomètres n offrent là aucun avantage décisif par rapport aux colorimètres de qualité. Le spectrophotomètre X-Rite Eye-One Photo 124

6 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 125 Développer les fichiers RAW 4 L étalonnage d un écran se déroule en deux temps. 1. Le réglage : cette première étape vise à régler le moniteur selon des normes préétablies pour l affichage (notamment par le réglage des paramètres Gamma, Point blanc et Luminance). Un écran CRT possède de nombreux boutons pour l ajustement de ces paramètres, ce qui permet de «neutraliser» son affichage. La plupart des écrans LCD ne disposent, hélas, que d une variation de la luminance, via la puissance du rétro-éclairage ; avec certains écrans LCD, vous pouvez ainsi directement passer à l étape suivante. 2. Le calibrage : il nécessite un instrument de mesure (colorimètre ou spectrophotomètre) pour mesurer des plages de couleurs affichées à l écran. La sonde compare des valeurs Lab ou XYZ de référence à celles des plages de couleurs affichées. Point blanc et gamma Une fois l ajustement du contraste et de la luminosité de votre écran effectué, votre logiciel de calibrage vous demande d entrer son point blanc et son gamma. Pour un écran CRT, je vous conseille d utiliser un point blanc à K. Il est plutôt rare de pouvoir ajuster le point blanc d un écran LCD aussi précisément que pour un écran CRT : bien qu il soit souvent possible de choisir un point blanc personnalisé, plus ce dernier diffère du point blanc natif de l écran, plus il dégrade la qualité d affichage. Par conséquent, je vous suggère d utiliser dans ce cas le point natif de votre écran CRT. Quel que soit votre ordinateur, Mac ou PC, je vous recommande d adopter un gamma d affichage de 2,2. Bien qu Apple ait historiquement fixé le gamma d affichage des Mac à 1,8, cette valeur n a plus de raison d être... Mac et gamma 1,8 Le gamma 1,8 des Mac a été établi bien avant l arrivée des écrans couleur et de la gestion des couleurs. Cette valeur permettait de faire correspondre l affichage d un moniteur noir et blanc Apple à la sortie d une imprimante laser noir et blanc de l époque. De nos jours, les logiciels comme Photoshop et Lightroom sont parfaitement capables de compenser des variations du gamma d affichage et assurent en toutes circonstances un affichage correct (quel que soit le gamma sélectionné lors du réglage de l écran). Bien que le passage d un gamma de 2,2 à 1,8 éclaircisse l écran, la luminosité des images affichées dans Lightroom restera toujours constante. C est pourquoi je préconise un gamma de 2,2 pour tout traitement d images : vous serez ainsi plus proche du gamma natif d un écran moderne, ce qui contribuera à un affichage de meilleure qualité, moins sujet aux effets de postérisation provoqués par une trop forte compensation de la carte graphique. 125

7 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 126 Photoshop Lightroom pour les photographes Ajuster le point blanc de plusieurs périphériques De nombreux utilisateurs affirment qu il faut accorder les valeurs de point blanc entre l écran et la source d éclairage utilisée pour juger les impressions. Bien que très utile pour une comparaison côte à côte, l adaptation du point blanc à celui de l éclairage est beaucoup moins évident qu on ne le pense : l œil humain s adapte constamment à la lumière et tend à compenser les écarts du point blanc d une source lumineuse à une autre. Vous pouvez ainsi facilement ajuster votre image sur un écran équilibré à K et en évaluer un tirage sous un éclairage normalisé à K, tant que les deux sont à proximité l un de l autre. Vos yeux perçoivent alors les couleurs en se calant sur le blanc le plus lumineux. Réussir le réglage et le calibrage d un écran Bien qu un étalonnage précis soit possible avec des sondes beaucoup moins onéreuses, je vous présente ici les étapes nécessaires pour régler puis calibrer un écran avec un X-Rite Eye-One Photo, accompagné du logiciel Eye-One Match 3.4. La procédure restera la même avec le colorimètre Eye-One Display2. Avant de commencer, assurez-vous d avoir nettoyé votre sonde et la surface de votre écran. 1. Sélectionnez d abord le type de l écran pour lequel vous souhaitez créer un profil (CRT ou LCD). De votre choix découle l étendue des options proposées dans la boîte de dialogue qui va s ouvrir. 2. J ai spécifié ici un écran LCD, s affichent donc les réglages recommandés pour ce type d écran. Je vous conseille de sélectionner «Point Blanc : Natif» pour le point blanc et une valeur de 120 cd/m 2 pour la luminance. Bien que cette dernière soit parfaitement adaptée 126

8 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 127 Développer les fichiers RAW 4 à l écran LCD d un poste de travail, ce n est pas une valeur absolue : vous pouvez choisir une valeur de luminance comprise entre 110 et 140 pour un écran LCD (et entre 85 et 100 pour un écran CRT). 3. Fixez la sonde sur l écran, puis démarrez la procédure. Pour positionner la sonde, vous utiliserez soit un dispositif à ventouses (écrans CRT), soit un système à contrepoids (écrans LCD). Le logiciel Eye-One Match détecte la position de la sonde et positionne les plages de mesure en conséquence. 127

9 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 128 Photoshop Lightroom pour les photographes 4. Avec un écran CRT, vous devez régler le contraste au maximum (100 %). Vous ajusterez ensuite la luminosité de l écran jusqu à ce qu elle corresponde à la valeur souhaitée (ici 120 cd/m 2 ). Vous pouvez également ajuster les canaux RVB de votre écran afin de produire un affichage en gris neutre. 5. Avec un écran LCD, vous sautez l étape précédente. Le logiciel affiche une série de plages colorées : la sonde mesure ces plages et compare leurs valeurs aux valeurs de référence afin de créer un profil ICC pour l écran. Attention : la mesure des plages prend quelques minutes pendant lesquelles votre économiseur d écran doit rester désactivé. Les réglages par défaut d un ordinateur portable réduisent souvent, en effet, la luminosité d écran, après un certain 128

10 Chapitre04 21/06/07 14:15 Page 129 Développer les fichiers RAW 4 temps, ce qui rend le résultat de la caractérisation inutilisable. Par conséquent, je vous conseille un déplacement régulier de votre souris (environ toutes les 30 secondes et à l extérieur de la zone de mesure) tout au long de la lecture des plages. Une fois la procédure achevée, enregistrez le profil ICC ainsi créé. Sous Mac, le nouveau profil est immédiatement pris en compte ; sous Windows, vous devez redémarrer l ordinateur pour que vos images s affichent correctement. L affichage de votre écran varie au fur et à mesure de son vieillissement, il est ainsi nécessaire de recommencer la procédure d étalonnage une fois par semaine pour un écran CRT et une fois par mois pour un écran LCD. Les outils du panneau Développement rapide Le panneau Développement rapide du module Bibliothèque comprend un jeu d outils de correction (Balance des blancs, Exposition, Récupération, Lumière d appoint, Noirs, etc.) pour appliquer des modifications de couleurs et de la tonalité à une ou à plusieurs images. Bien que le panneau s intitule «Développement rapide», les outils qu il propose sont les mêmes que ceux du module Développement, et les réglages effectués dans le panneau Développement rapide sont automatiquement répercutés dans le module Développement (et vice-versa). Les flèches des outils du panneau Développement rapide indiquent comment augmenter ou diminuer une valeur. Pour retrouver le réglage par défaut, il suffit de cliquer sur le nom de l outil, situé au milieu. Le bouton Tonalité automatique applique une correction des valeurs Exposition, Récupération, Noirs, Luminosité et Contraste ; le bouton Réinitialiser réinstaure leurs valeurs par défaut. Outils de correction pour la couleur et la tonalité Pour accéder aux outils du panneau Développement rapide, sélectionnez une ou plusieurs images à l intérieur du module Bibliothèque. Cliquez sur le menu déroulant sous Paramètre prédéfini pour choisir un paramètre préenregistré (voir la figure de la page suivante). Les options du menu déroulant de Rapport de recadrage permettent de sélectionner un rapport de recadrage personnalisé. Dans le menu Traitement, vous pouvez transformer une image couleur en noir et blanc (même si le terme «Niveaux de Gris» risque de prêter à confusion puisque les images demeurent en mode RVB ). 129