Editions AA2C Département Poker. Compte rendu du Tournoi NH POKER La 51 e. par Lionel MANTOVANI.

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1 Editions AA2C Département Poker Compte rendu du Tournoi NH POKER 2012 La 51 e main par Lionel MANTOVANI

2 Tournoi NH POKER 2012 à Voisin le Bretonneux (78) DAY 1 (1er Jour) Dimanche 5 mars 2012, il est tout juste 23h30 et je viens de rentrer. Le chat m attendait en haut de l escalier, et il a maintenant repris sa place, en ronronnant, près de ma compagne qui regardait la télé. 20h de poker en 2 jours, à priori c est long, et pourtant je n ai pas vu le temps passer... D.R. Un tournoi à l américaine La 2 e édition du NH POKER, à Voisin le Bretonneux, était vraiment exceptionnelle, avec une mise en scène à l américaine : table TV, grands écrans, podium central, déco d enfer, sono percutante, pom-pom girls, une centaine de bénévoles et plus de 1000 joueurs (1040 exactement). Pour le Main Event («Evènement Principal», en français), l organisation était grandiose : 52 tables (une par carte d un jeu de poker) de 10 joueurs, soit 520 joueurs le vendredi, et autant le samedi (les étrangers et les provinciaux), les 130 joueurs restant étant qualifiés le dimanche pour une table finale à 9 joueurs. Mais avant d en arriver là, tout avait commencé le Vendredi matin. Il était 9h45, le vendredi 3 Mars Photo CP 95

3 Le hall d accueil du gymnase de VOISIN LE BRETONNEUX, dans lequel est organisé le NH 2012, est bien décoré : photos des participants de l édition précédente en 2010, tableaux détaillés des places de chaque joueur, tirées au sort, bar, vestiaire, TV grand écran sur laquelle défilent des photos et des clips de présentation. Photo CP 95 C est le premier «gros tournoi» auquel je vais participer : 1040 joueurs au départ, avec une sélection sur 2 jours, la Région Parisienne le vendredi, les joueurs de province et de l étranger, le samedi. Chaque jour, 65 joueurs sont sélectionnés pour la finale du dimanche, avec 130 joueurs. C est un tournoi associatif, c'est-à-dire que les inscriptions sont réservées aux clubs de poker, qui peuvent sélectionner librement leurs participants. Je suis membre du Club Poker 95 de Cergy. Je me suis inscrit en mai 2011 et nous jouons au Poker tous les jeudis soir. C est un club associatif. Contrairement aux jeux dans les casinos, il n y a pas d argent en jeu, juste une cotisation annuelle très raisonnable (40 ), comme dans toute association. Divers championnats internes sont organisés : - un tournoi live MT mensuel le dimanche (Multi-Tables, en général entre 70 et 90 joueurs), avec un classement annuel, - un championnat live SNG tous les jeudis (Sit N Go, c'est-à-dire «Assied-toi et Pars», autrement dit, chaque table comporte 9 ou 10 joueurs, et le dernier qui reste en jeu gagne la partie), avec 2 saisons, Automne-Hiver et Printemps-Eté, - un tournoi Head s Up (tête à tête, c'est-à-dire à 2 joueurs, comme aux échecs), joué en une manche jusqu aux ¼ de finales, puis en 2 manches gagnantes à partir des ½ finales, - un tournoi «on line» réservé aux membres du CP95 sur Winamax (le sponsor du club), lui-aussi scindé en 2 saisons (auquel je ne participe pas par manque de temps). D.R.

4 En faisant le point à ce début de printemps, après 7 mois de participation, je suis plutôt bien placé pour l instant, dans la plupart des tournois : - 10è du championnat MT (multi-tables) live (j ai joué 2 tables finales) - 10è du championnat printemps-été SNG - qualifié pour la finale du championnat Head s Up. Quoi qu il arrive maintenant, ma 1 ère saison aura été plutôt bonne. En faisant le point à ce début de printemps, après 7 mois de participation, je suis plutôt bien placé pour l instant, dans la plupart des tournois : - 10è du championnat MT (multi-tables) live (j ai joué 2 tables finales) - 10è du championnat printemps-été SNG - qualifié pour la finale du championnat Head s Up. Quoi qu il arrive maintenant, ma 1 ère saison aura été plutôt bonne. L ambiance du club est très sympathique, conviviale, et le comité de direction, qui comporte plusieurs personnalités complémentaires, est dynamisé par ALCO, avec l aide de son épouse, CORAIL (Loïc et Marion de leurs vrais prénoms, mais chacun a l habitude de s appeler par son «pseudo», une habitude issue du jeu sur Internet, où chacun doit choisir un surnom). Le CP95 a pu obtenir 38 places pour le tournoi, soit 4% du total, et il a décidé de subventionner en partie les membres du club souhaitant participer, d où un droit d inscription limité à 15 (au lieu de 20) par personne (plus 10 pour le déjeuner du premier jour). Vers 10h, j y retrouve les 38 inscrits du CP 95, qui sont déjà presque tous arrivés. Café d accueil à volonté et viennoiseries dans le gymnase destiné à la restauration, on sent la convivialité et la bonne organisation. Je cherche le tableau des positions aux tables, qui me confirme ma place N 5 à la table «5 de Cœur», que Roland «Goelandemer», un collègue membre du club de Cergy, m avait pré-informé la veille au soir, lors de la soirée «championnat par équipes», qui se déroule en saison tous les premiers jeudis du mois. Les portes de la salle de jeu s ouvrent. Photo CP95 Waaaooooooooo!!!

5 Le grand gymnase est transformé en gigantesque salle de poker avec 52 tables, dont chacune arbore l une des cartes d un jeu traditionnel (format maxi), chaque carte accrochée à des petits ballons de couleur gonflés à l hélium, fixés par un fil à la place N 1 de chaque table, pour faciliter l identification des places. Top décoration également. Photo LM La salle est répartie par couleur(*), en 4 zones, Carreau et Trèfle à gauche, Cœur et Pique à droite, bien délimitées par des barrières-banderoles publicitaires de 80cm de haut. (*) Pique, Cœur, Carreau et Trèfle sont les 4 «couleurs» d un jeu de carte traditionnel de poker comportant 52 cartes, du 2 à l As, soit 13 cartes par couleur.

6 D autres banderoles des sponsors du tournoi complètent la décoration murale et centrale. Au milieu de la salle, sur un grand podium, s affèrent le Directeur du tournoi et le Président du club. A gauche, des tribunes avec gradins. Les sièges sont rouges. Ils pourront accueillir les spectateurs. Au premier abord, on peut penser que des tribunes sont inutiles pour un sport intellectuel, et finalement, notamment lors des dernières heures du tournoi, je me suis aperçu que de nombreux spectateurs y prenaient place, et que l ambiance y était toute aussi enthousiaste que lors d un but, d un panier de basket ou d un point au tennis. Face aux tribunes, la table TV trône sur un podium haut comme un ring de boxe. Dans chaque coin de la salle, des grands écrans 4 X 3 affichent le logo du tournoi et les sponsors pour l instant, bientôt suivi des informations sur le tournoi : pendule, informations sur les blindes(*) actuelles et futures, nombre de participants encore en course, stack(**) moyen, etc Je m avance dans la zone Cœur pour repérer ma table. La table est située dans le coin externe de la zone cœur, près de l un des grands écrans. D.R. (*) Les blindes : ce sont les mises obligatoires payées à chaque «donne», par les joueurs 2 et 3. Le joueur 1 est le «donneur», autrement dit, celui qui distribue les cartes. On l appelle aussi le «bouton» car pour savoir où on en est dans la distribution, les blindes et qui doit parler en premier, on place un bouton à la gauche du joueur 1, entre les joueurs 1 et 2. Le joueur 2 s appelle Small Blind (petite blinde), car il doit poser sur le tapis la moitié de la mise obligatoire du joueur 3, qui s appelle Big Blind (grosse blinde). Dans ce tournoi, les blindes vont augmenter régulièrement toutes les 40 mn. (**) Le stack, c est le montant du «tapis» du joueur, c'est-à-dire le total de tous ses jetons. En début de ce tournoi, chacun dispose d un stack de jetons.

7 Arrivée à la Table «5 de Cœur» Alco, le Président du CP95, y est déjà installé, ainsi que 4 autres joueurs. Photo LM A cette table, nous serons donc 2 membres du CP95, en ce début de tournoi. Je vérifie mon tapis ( jetons) réparti en 25, 100, 500, 1000 et 5000 ; plus tard, des jetons de 20000, et entreront en jeu. Je sors mon «matériel». En qualité de card-guard, j ai «recyclé» un vieux jeton de 10 francs du Casino d Enghien, de l époque où j aimais, de temps en temps, aller tester mes martingales à la roulette Le card-guard est un accessoire qui, pour beaucoup, fait office de porte-bonheur, qu on place par-dessus ses 2 cartes une fois que la distribution a eu lieu. J irai plus loin, c est un accessoire indispensable pour éviter que ses 2 cartes, placées sur la table, soient ramassées par inadvertance (et perdues) par le croupier, le donneur ou tout autre joueur qui penserait regrouper les cartes jetées. Si les mises ne sont pas encore posées, c est moins grave, mais imaginez ce qui se passerait si vous étiez à tapis et que vos cartes vous soient retirées par erreur. Le joueur est responsable de ses cartes Je sors également mon stylo et mon petit carnet, ce qui me permet de noter chacun de mes coups. C est utile pour faire le point et analyser par la suite les coups du tournoi, tenir ses statistiques, et qui plus est, faire ce résumé, car je ne pourrais pas me souvenir en détail, à postériori, de tous les coups et des conditions de jeu du moment. Tous les jetons sont frappés du sigle du Tournoi (NH 2012): la classe En cadeau à chaque place, un card-guard (un jeton siglé «NH 2012, j y étais»), accompagné d un ticket de valable sur le site PMU Poker.

8 A 10h précises, le discours du Président du NH, qui souligne les efforts réalisés pour organiser ce tournoi, remercie la municipalité et les sponsors. Après les discours du Maire, de l adjointe, du représentant du sponsor principal (le PMU), le directeur du tournoi, etc, les paroles mythiques sont prononcées : SHUFFLE UP AND DEAL! ( mélange et distribue! littéralement dans le texte ) Les blindes débutent doucement (25/25), avec des niveaux de 40 mn. Le tapis est donc «profond», contrairement aux tournois habituels SNG du jeudi au club, mais pratiquement avec la même structure que les tournois mensuels les dimanches. Il n y a donc pas urgence à se précipiter. Le poker peut être un jeu de patience si on joue «serré». Ma stratégie, en début de tournoi, est de jouer «serré-agressif» : relancer quand je touche une main forte ou semi-forte, c'est-à-dire avec un «range» limité au top 10 (AA, KK, QQ, AK, TT, AQ, AJ, AT) et limper ou coller pour entrer en jeu dans le but de voir le flop à moindre frais quand je suis en position, quitte à folder(*) ensuite si rien ne rentre au flop(**) et que la moindre relance se profile chez un adversaire. (*) Quand on a la parole, on a le choix entre 3 solutions : - Fold : on jette ses cartes (on se «couche»), ce qui signifie qu on abandonne la donne, qui se jouera sans nous. - Limp : on mise une somme limitée à la grosse blinde pour rester en jeu à ce moment là - Raise : on relance (on mise une somme d au moins 2 fois le montant de la grosse blinde ou Big Blinde ; en général, une relance traditionnelle se fait autour de 3 fois le montant de la BB, mais selon les circonstances, comme c est «libre» au-dessus de 2 fois la BB, on peut voir des relances à 2,5, à 4 ou à 5 fois la BB. (**) voir ci-dessous

9 Quelques explications de base pour les lecteurs ne pratiquant pas le poker de compétition : A une table de poker, on parle chacun son tour, dans le sens des aiguilles d une montre. En conséquence, les derniers à parler bénéficient des meilleures «positions», du fait que, les autres ayant déjà parlé avant, ils disposent de meilleures informations sur les «forces en présence». Toutefois, juste après la donne, en début de coup, la petite blinde (ou Small Blinde) et la grosse blinde (ou Big Blinde), ayant déjà posé sur la table leur mise obligatoire (la référence générale est la Big Blinde, la Small Blinde étant fixée à la moitié de la BB), c est au 3è joueur après le Bouton, de parler en premier. Image LM Ce 3 e joueur après le bouton s appelle UTG (Under The Gun). Pour situer les positions, les 2 joueurs suivants la position UTG, sont l UTG+1 (le 4 e joueur) et l UTG+2 (le 5 e joueur). Puis viennent les positions moyennes : MP1 (le 6 e joueur), MP2 (le 7 e joueur), voire MP3 (le 8 e joueur) pour les tables à 10 joueurs. Ce joueur, à gauche de l avant-dernière position, s appelle aussi «Hi Jack». Il se situe avant le Cut-Off (9 e joueur) qui précède le Donneur, position qu on appelle plus simplement le Bouton, car un gros jeton, servant de point de repère pour savoir qui est le donneur, est placé devant lui (légèrement sur sa gauche de façon à bien délimiter, pour un croupier éventuel ou le donneur : la donne commence à droite du bouton et se termine à gauche. Une fois que le premier tour de mises est terminé (phase appelée préflop) et que les joueurs ont décidé : soit jeter leurs cartes, soit entrer en jeu (en misant au moins le montant de la Big Blinde, cela s appelle «limper», ou en misant au minimum 2 fois le montant de la Big Blinde, cela s appelle «relancer»), le donneur abat le flop : 3 cartes «visibles» sur la table. Elles sont communes pour tous les joueurs. Nous entrons maintenant dans la 2 e phase, postflop. Le premier à parler est la Small Blinde (joueur 1), puis à tour de rôle jusqu au Bouton (si tout le monde est resté en jeu, ce qui est rare). Déjà une meilleure estimation de la force réelle de sa main est possible puisque 5 cartes sont en jeu (les 2 du joueur plus les 3 du flop). L Analyse du flop est très importante. Il convient d adopter une «routine» simplifiée, mais systématique, pour savoir quel est le niveau maximum des mains dans le coup en cours. En effet, s il n y a pas de paire sur le flop, il n y a ni risque de carré, ni risque de full, à ce stade. (si vous détenez en main une paire de Valets et que le flop affiche un 6 et une paire valets, vous avez «floppé» un carré de valets ; si vous détenez un 6 et un valet, vous avez «floppé» un full «valets/6»).

10 S il y a 3 cartes de «couleurs» différentes (on dit que le flop est «rainbow»), il n y a pas de risque de couleur immédiate. (si vous détenez en main 2 cartes à cœur et que le flop affiche 3 cartes à coeur, vous avez «floppé» une couleur). S il y a 2 cartes de la même couleur sur le flop, l un des joueurs peut se trouver «à tirage couleur» : s il a déjà 2 cartes à cœur en main, il ne lui manque qu une carte pour disposer d une «couleur». Bien entendu, les probabilités de tirer l une de ces cartes favorables est relativement importante, puisqu il y a encore 9 cartes de la couleur dans le jeu, parmi les 2 cartes encore à venir après le flop. Si le flop comporte 3 cartes dont le «gap» entre elles (l écartement) est supérieur à 5, il n y a pas de risque de «quinte» immédiate. Cette situation est assez rare, car, parmi les cartes du flop, il faudrait à la fois une carte inférieure au 5, une carte comprise +5 et +10 en terme de «gap», et une carte dont le gap est supérieur à +5 par rapport à la 2 e carte. Il n y a que 2 cas : 2 7 Q (Dame) ou 3 8 K (Roi). (si vous détenez en main un Valet et un Roi, et que le flop affiche une Dame, un Dix (Ten), et un 9, vous avez «floppé» une «quinte» 9 T J Q K). Si le flop comporte 2 cartes dont le «gap» (l écartement) est inférieur à 5, l un des joueurs peut se trouver à «tirage quinte» : il ne lui manque qu une carte pour disposer d une «quinte». Cette carte pourrait sortir parmi l une des 2 autres cartes encore à venir après le flop. (si vous détenez en main un Valet et un Roi, et que le flop affiche un Dix (Ten) et une Dame, il vous manque un As ou un 9 pour détenir une «quinte», cela s appelle «avoir un tirage par les 2 bouts» ; de même, si vous détenez une Dame et un 9, il vous manque un Dix (Ten) pour former une «quinte»). Bien entendu, les probabilités de tirer l une de ces cartes favorables est double si vous avez un tirage par les 2 bouts (2 cartes favorables, parmi les 8 comprises dans le jeu) par rapport à un tirage unique (1 seule carte est favorable, parmi les 4 en jeu). Si le flop comporte une carte supérieure (voire 2 ou 3) à votre carte la plus haute, il y a un risque que votre paire la plus haute soit surclassée par une meilleure paire chez l un des joueurs encore en jeu. Le flop est dit «dangereux». (si vous détenez K J, et que le flop sort A 8 3, il y a un risque qu un adversaire ait une paire d As s il avait un As en main). Voilà les 4 types d analyse du flop qu il convient de mener dès la sortie des cartes. Cette analyse permet de situer la force de sa main, après le flop. On considère qu en moyenne, un jeu «lambda» va rencontrer un flop plus ou moins favorable dans 1/3 des cas (au moins une paire, une double paire, si les 2 cartes de sa main sortent également au flop, voire un brelan si on dispose déjà d une «pocket pair», quelque soit la hauteur, et dans des cas beaucoup plus rares, une quinte, une couleur, un full ou un carré. Une fois que tous les joueurs ont parlé, en partant du joueur 2, et jusqu au Bouton, et que les mises sont égales pour les joueurs restant en jeu, la donne reprend et le Donneur dévoile une 4 e carte, c est le «Turn». Il convient de réaliser la même analyse qu après le flop : Quels risques de carré, full, couleur, quinte, brelan, etc et en quoi les 4 cartes dévoilées sur la table peuvent se combiner pour faire la meilleure main possible. Un nouveau tour de mise commence par le joueur 2, ou le plus près de lui encore en jeu. Le Bouton parle toujours en dernier. Une fois que tous les joueurs restant en jeu ont parlé (abandonné le coup, miser ou relancer) et que les mises sont égales pour les joueurs souhaitant rester en jeu, la donne reprend et le Bouton dévoile une 5 e carte, c est la «River».

11 Il convient de réaliser la même analyse qu après le Flop et le Turn : quels risques de carré, full, couleur, quinte, brelan, etc et en quoi les 5 cartes dévoilées sur la table peuvent se combiner pour faire la meilleure main possible. C est à ce stade qu il peut se produire une situation exceptionnelle : les «nuts». En combinant les 5 cartes sur la table avec 2 cartes supplémentaires idéales, quelle serait la main «maximum» qui possible. En d autres mots, avec 7 cartes, les 2 cartes en main de chaque joueur encore en jeu, plus les 5 cartes affichées sur la table, quelle serait la meilleure combinaison de 5 cartes possible. Si la meilleure combinaison possible est sa propre main, dans ce cas, on ne peut pas être battu et la question à se poser est «comment prendre un maximum de jetons à ou aux adversaires encore en jeu», autrement dit, «comment miser pour rentabiliser cette main au mieux». Par exemple, imaginez que vous ayez A 5 en main dans 2 couleurs différentes, que les cartes sur la table soient 3 4 V A 2 avec 3 couleurs différentes (soit 2 fois 2 cartes de même couleur), il n y a pas de risque de carré, ni de full, ni de couleur, et on pourrait penser que la «quinte» A soit bonne, mais, pour détenir réellement les «nuts», il faudrait avoir en main 5 et 6 pour la quinte Au fur et à mesure que croissait ma modeste expérience, je me suis rendu compte de l importance de la position et j ai petit à petit commencé à intégrer ce paramètre dans mes décisions d entrer en jeu ou pas, surtout quand je n ai pas un jeu top niveau en main. En conséquence, lorsque je suis en position finale (surtout au Bouton, mais aussi au Cut-Off), j élargis mon range (le choix des mains de départ avec lesquelles je vais miser). Si je suis au Bouton, je peux jouer n importe quelle carte à plusieurs conditions : que personne ne soit entré en jeu avant moi, que mon tapis soit suffisant, et que le tapis des blindes (qui vont parler derrière moi au premier tour de mises) ne soit pas petit (sinon, je risque d être relancé et de devoir jeter des poubelles impossibles à défendre pré-flop). D ailleurs, il semblerait que quelques jeunes joueurs, issus de la mouvance Internet, auraient participé à quelques tournois avec succès sans jamais regarder leurs cartes, et en misant simplement en fonction de leur position Par conséquent, vous comprenez mieux pourquoi la position est si importante. Habituellement, aux blindes, lorsque je suis hors de position à partir du 2 e tour (puisque je vais devoir parler dans les premiers), je ne défends pas systématiquement mes jetons déjà sur la table, surtout si c est relancé avant le Bouton. Je rentre souvent en jeu si je me trouve en «bataille de blindes» (tout le monde a jeté ses D.R.

12 cartes, et il ne reste plus que les 2 blindes) ou bien si le Bouton a «limpé», mais dans ce cas, comme je n ai pas la position, il me faut quand même une main jouable, d au moins 25 points «SAGE». J ai découvert le système SAGE en lisant la littérature de POKER, notamment, dans les pages «stratégie» sur Internet (en moins d un an, j ai parcouru de nombreux livres de poker, et appris bon nombre de théories). A l origine, ce système SAGE est plutôt destiné au Head s Up (tête à tête à 2 joueurs), mais je m en sers aussi quelques fois pour estimer la valeur de ma main, en complément des autres paramètres (le niveau de mon tapis, celui des adversaires, ma position, le type de jeu de chaque adversaire, etc ). Je pense personnellement que le système SAGE méritera que je m y attarde pour essayer de réfléchir si une adaptation est possible pour le jeu multi-joueurs, en fonction de ma façon de jouer, notamment en incorporant les paramètres que j utilise. Un dernier critère m est parfois utile dans mes décisions, notamment dans les confrontations en tête à tête. En effet, il arrive souvent que, lors d une donne à une table de 9 ou 10 joueurs, seuls 3 ou 4 joueurs entrent en jeu en moyenne «préflop». Après le flop, il est courant qu il ne reste que 2 joueurs, les autres n ayant pas trouvé de cartes intéressantes parmi les 3 cartes communes. Une fois qu on a donné la 4 e et la 5 e carte, et si l adversaire a misé ou relancé, il faut décider si on va folder, coller ou relancer. Après avoir réalisé toutes les analyses indiquées plus haut, je rajoute quelquefois un critère supplémentaire, fondé sur ce que j appellerais l «équilibre». Ce concept tient compte du «taux de réussite de l adversaire». Ce critère m est venu naturellement, car il faisait partie des nombreuses études et analyses que j avais faites sur les probabilités lorsque je m intéressais à la roulette. Et chose étrange, bon nombre de règles que j avais approfondies à l époque, comme la «permanence personnelle», les lois sur les «écarts», la «loi du tiers» ou les «lois de l équilibre» sur les chances simples, semblent s appliquer et convenir en partie au Poker Mais ceci est une autre histoire! Bien entendu, pour décrire ci-après le déroulement du tournoi, j ai naturellement omis volontairement de parler de toutes les «mains» non jouées, car non jouables (*) (*) Pour simplifier la notation, voici les abréviations des cartes : - A : As - K : Roi (King) - Q : Reine (Queen) - J : Valet (Jack) - 10 : Dix (Ten) - 9 : Neuf - 8 : Huit - 7 : Sept - 6 : Six - 5 : Cinq - 4 : Quatre - 3 : Trois - 2 : Deux

13 A priori, voici les 3 cas principaux que j ai prévus pour ne pas entrer en jeu : - les cartes que j ai reçues ne sont pas suffisamment fortes (en général, 2 cartes sans tête, type 9 2 ou 8 3) - si mes cartes sont «faibles» ou «moyennes», et que je suis ni en position de Donneur, ni de Cutoff, ou/et qu un ou plusieurs joueurs ait relancé avant moi, avec un risque d avoir des relanceurs également derrière moi, me retrouvant hors de position, ce qui est défavorable - si mes cartes sont ni connectées, ni assorties (**) Il y a bien entendu quelques autres cas, ponctuels, qui peuvent m inciter à ne pas jouer une main, ce sont les moments de «pression» du tournoi, comme l approche de la bulle (*) ou de la table finale, mais aussi la présence de joueurs devant parler après moi, et disposant de tapis «faibles», avec un risque de miser des jetons avec une main moyenne et de me trouver relancé à tapis par l un de ces joueurs, en étant obligé de jeter une main qui ne serait pas suffisamment forte pour entrer dans une bataille à tapis. En conséquence, il y a souvent de nombreux coups non joués entre chaque main décrite, coups où je reste toutefois très attentif à ce que font les adversaires : avec quelle main ils jouent, quel type de coup (limpe, colle, check, relance ou sur-relance), etc (*) La bulle, c est le moment où, à une place près, tous les joueurs vont entrer dans les «places payées». Dans un Sit & Go à 10 joueurs, en général, les 3 premiers marquent des points ou gagnent des lots (tournois associatifs) ou de l argent (casinos). En conséquence, quand il reste 4 joueurs, on dit qu on se trouve à «la bulle», le dernier joueur «non payé» va bientôt sortir. Au NH, avec 1040 joueurs, il fallait rester dans les 80 derniers. Quand il est resté moins de 100 joueurs, on est passé dans une période «proche de la bulle», et quand on s est retrouvés 81 joueurs, on était «à la bulle». (**) Les cartes «connectées» sont des cartes qui pourraient former une quinte. Pour cela, il faut que l écart, entre elles, ne soit pas supérieur à 3 (exemple : Q 8 ou 6 2). Toutefois, en général, on dit que des cartes sont «connectées» lorsqu elles se suivent (exemple : 3 2 ou 9 8 ou K Q). Les cartes «assorties» sont des cartes de même couleur (Pique, Cœur, Carreau ou Trèfle). Pour les couleurs des cartes, j ai adopté la notation française suivante : - p : pique - k : carreau - c : cœur - t : trèfle

14 Début du tournoi Le NH vient à peine de commencer. Dès les premières mains, pratiquement chaque coup est relancé. Mais aucune main ne me permet d entrer en jeu sérieusement pendant la première heure (j avais décidé d un plan de jeu «serré», avec des relances calibrées autour de 2,5 fois la BB, et je voulais m y tenir dans la mesure du possible). Je limpe plusieurs fois des mains médiocres quand je suis dans les conditions décrites plus haut, mais comme je suis à chaque fois relancé, je folde (je jette ma main sans égaler les mises en jeu, perdant les jetons déjà posés sur la table). La fin du niveau 25/25 est annoncée par un bip, une minute avant la fin du niveau. Puis 3 bips s égrainent pour marquer -3, -2 et -1 seconde avec un bip long sur 0. Après 40 mn, les blindes passent à 25/50. Je suis UTG+2 lorsque je touche A A. Pour ma première main réellement jouable, c est le top. En principe, on «touche» en moyenne cette main 1 fois toutes les 220 donnes. C est en effet la meilleure main au poker, statiquement donnée gagnante à plus de 85% si on affronte un seul adversaire. Mais si on a 2 ou 3 adversaires, les pourcentages de succès diminuent, par le fait que la probabilité qu un adversaire «touche» un flop intéressant sont plus grandes (s ils sont plusieurs). En théorie, il convient donc de relancer normalement pour ne pas décourager trop d adversaires «préflop», et de relancer fort ensuite pour «isoler» un seul adversaire qui aurait déjà une main correcte faite ou qui aurait touché une paire sérieuse au flop, en espérant que le flop ne donne pas un brelan à un adversaire ayant suivi avec une paire en main Comme c est ma première main que je vais jouer, je choisis la sécurité, et je relance de 200 (4 fois la BB) : le joueur N 8 colle. Tous les autres couchent leurs cartes. Le pot est de 475 ; le flop affiche K 3 8 rainbow (c est à dire tricolore, une carte de chaque couleur) ; Aucun risque de couleur ni de quinte sur le flop, je relance de 125 % du pot à 600 (cela s appelle un «overbet», car c est supérieur au montant du pot) ; l adversaire colle. Le pot est de Turn : J ; Je mise 1200 et l adversaire continue de coller. Je m étonne car le pot commence à être conséquent : 4000 jetons (chips) environ. Aurait-il une pocket pair, et il aurait touché son brelan sur le flop puis il l aurait sous-joué ensuite (il n aurait pas misé)? Si c était le cas, il aurait du relancer au turn Donc il ne devrait pas être si fort que cela. La river affiche un 5. Je préfère ne pas faire grossir le pot plus encore, et rester prudent. Je check (je passe mon tour sans miser), l adversaire également ; Je montre mes As, il montre un K pour une paire de K avec le board. Ouf, mes As ont tenu et mon stack est désormais supérieur à

15 Plus rien de jouable pendant de longues minutes. Je limpe quelques «poubelles» (jeux de mauvaise qualité) au bouton, mais, toujours relancé, fidèle à mon plan de jeu, je reste prudent et je me couche. Les blindes passent à 75/150 quand je reçois 7 3 au bouton sans que personne n ait parlé avant moi. Je n ai pas joué depuis presque une heure et je sens un peu d impatience. Aussi, je relance à 325. Pourtant, il faudrait rester zen, quoiqu il se passe Le poker est un jeu de patience, et il faudrait résister aux tentations quand elles sont en dehors de la stratégie prédéfinie. La SB colle et la BB check. Nous sommes 3 en jeu. Le pot est de 1200 ; le flop affiche 8 3 K ; je fais un «continuation-bet» de la moitié du pot, environ à 625. En général, j aime bien les comptes ronds (50% ou 2/3 ou 90% du pot), et j ajoute ou je retranche quelques chips selon mon humeur. La SB relance à 1250 et la BB folde. Avec ma toute petite paire de 3, je me sens un peu à l étroit pour lutter contre cette relance ; je folde. La SB montre J Q ; il n avait rien, mais je n ai pas regretté d avoir foldé Il n y a aucun intérêt à prendre des risques à ce stade, et j essaie de ne pas trop m attacher à mes mains quand elles sont en danger. Je suis encore au bouton quand je touche 8 et 3, assortis à cœur. Je limpe pour essayer d aller voir le flop si je ne suis pas relancé. La SB complète et la BB check. Nous sommes à nouveau 3 en jeu. Flop : Ac Qc Kp (2 cœurs et 1 pique)! J ai un tirage couleur à cœur (4 cartes à cœur : il m en manque une cinquième pour faire couleur, et il y a encore 2 cartes à venir, ma probabilité est d environ 34%). Je check pour essayer de prendre une carte gratuite. Check, check de mes 2 adversaires, et le 7 de pique sort sur le turn. Je check pour essayer de prendre une nouvelle carte gratuite. Check, check et le 4 de coeur sort à la river. Bingo : couleur! Le pot est de 450. Je mise 90 % du pot, soit 400. La SB colle et la BB folde et j emporte le pot de 1250 avec ma couleur. Un peu plus tard, les blindes sont passées à 100/200 quand je touche 9 9 en position UTG+2. Je relance à 450 (2 fois ½ la BB). Le joueur 8 colle. Le pot est de 1200 et le flop affiche A 8 3. L As, en tant qu overcard, n est pas une carte idéale pour moi (si l adversaire détient un As, il me bat). Je check. Mais l adversaire mise 500. Après réflexion, je folde.

16 Déplacement à la table Roi de Cœur Je suis UTG (mais pas en jeu) quand on vient me chercher pour me déplacer à la table «Roi de cœur». Je range mes affaires et je change de table, où je me retrouve à la place N 7. Un autre membre du CP95, O Brother joue déjà également à cette table, à la place N 4. Mon voisin de droite dispose de moins de jetons. Je vois 2 gros tapis aux places 8 et 9. Les autres sont dans la moyenne entre 10 et En général, à moins d avoir une super main, j aime bien observer le comportement des adversaires à la table, pour me faire une première idée sur leur façon de jouer : serré (ils jouent rarement, en attendant de toucher des bonnes cartes en main) ou large (ils relancent souvent, même avec un jeu faible, en espérant toucher les cartes complémentaires au tableau). Après 2 tours où je reste inactif, je suis au bouton quand me rentrent 5 et 3 de trèfle. Le joueur 4 mise 400. C est 2 fois la BB, ce qui semble peu : soit il a un monstre (une grosse main type AA ou KK), soit il n a pas grand-chose. Le joueur n 5 colle et je colle également, car j ai la position (je serai le dernier à parler durant ce jeu). Au flop J de carreau, 8 et 6 de trèfle. J ai un tirage couleur, voire quinte flush si un 7 de trèfle sortait sur l une des 2 cartes à venir. Les joueurs 4 et 5 check et je mise 600 pour un pot de Le coup s arrête là car les 2 adversaires foldent. (ce n est pas cette fois-ci que je toucherai ma première quinte flush ) Je suis de SB quand je touche A 6 ; personne n ayant parlé, je relance à 950. La BB suit. Le pot est de 2500 ; le flop affiche K 3 6 et je mise 1500, avec la middle pair. La BB folde. Je suis au Cut-Off quand le touche 2 2, blindes toujours 100/200. Je relance à 450. Le joueur 9 suit. Le flop A Q J me fait peur. Je check, l adversaire également. A la turn, le 2 sort : BINGO. Avec mon brelan, je pense être devant. Je mise 900. L adversaire folde.

17 Pause-déjeuner C est juste après ce coup que la pause du déjeuner survient. On nous apporte, avant de quitter la table, une feuille comportant 9 lignes à remplir, pour indiquer notre nom et notre stack respectif, qu il convient de vérifier et de faire certifier par son voisin. Mon tapis est proche de celui de départ, avec jetons, pratiquement la moyenne du moment, puisqu à peine une vingtaine de joueurs ont été éliminés jusqu à maintenant. Le NH, par une annonce au micro, demande aux joueurs de se regrouper dans le hall pour réaliser une photo «officielle» des 500 participants restants. Toujours très réactif, Alco en profite pour prévenir également tous les participants du CP95 qu on va en profiter pour réaliser également une photo du groupe, dans le hall, après la photo du NH, et juste avant le déjeuner. Après la séance photo de rigueur, on se regroupe pour déjeuner tous ensembles. Photo CP95 Les fameuses tables installées dans l autre gymnase sont déjà presque toutes occupées. Impressionnant! Près de 600 personnes déjeunent là (500 participants et 100 personnes du staff). Quelle organisation! Photo CP95

18 Au menu, salades composées, rillettes, foie gras, saumon fumé, roti de bœuf, fromages, pain frais à volonté, boissons à volonté, gâteau Pour 10, c est très correct (presque royal). La table du CP 95 est joyeuse. Chacun échange ses expériences et ses mains les plus remarquables. Photo CP95 Pour ma part, je préfère raisonner stratégie, plutôt que sur telle ou telle main ponctuelle, dont le contexte est aussi important que les cartes elles-mêmes : la position des adversaires, les stacks en jeu, le montant des blindes, le montant du pot de base (blindes + antés), le coût d un tour de jeu, etc Tellement de paramètres qui sont presque aussi importants que les cartes elles-mêmes! D ailleurs, pratiquant également le golf, je retrouve le même type de discussions, toutes aussi détaillées, et passionnées Photo CP95

19 Le premier «rush» Après 1 heure de pose, tout le monde étant bien rassasié, le tournoi va reprendre. Chacun regagne sa place. Il reste encore un peu plus de 500 joueurs. A peine 20 ont été éliminés Je retrouve mes jetons à ma place sur la table, avec un stack moyen un peu inférieur à environ. Le jeu reprend. Je rentre dans un ou deux pots, que je relance en position tardive, et je prends (vole) les blinds suite au fold des adversaires. C est un peu plus tard qu un incident survient. On est toujours à 100/200 et je suis de BB ; Le joueur 3 relance à 600 ; Le joueur 6 suit et la parole m arrive : je soulève A A (le second de la journée). Je regarde le tapis de mes 2 adversaires pour estimer quel niveau de risque je prends, et si je suis prêt à m engager, ou pas, à tapis préflop, dans le cas où l un d eux relancerait d un 4 bet la relance que je prépare à 3 bet. Le joueur 3 dispose, à la louche, d environ 12 à 15 k, et mon voisin de 6 ou 7k. Mon tapis est d environ 15 ou 16k. A priori, je les couvre tous les 2. Toutefois, m engager avec une paire, même d As, dans un pot à 3 ne me plait pas beaucoup, car cela diminue mes chances de gain. Je relance à 1800 (3 bet) pour, si possible, isoler l un des 2 adversaires. Le joueur 5 annonce «tapis» presqu instantanément et commence à compter son stack. Heureusement, mon voisin folde J attends poliment que l adversaire ait fini de compter, tout en me convainquant qu il convient maintenant de saisir l opportunité d envoyer aussi mon tapis, puisque nous ne sommes plus que 2. D ailleurs, folder les As serait une absurdité, en termes de stratégie de jeu, mais si je perdais, me retrouver short stack avec 2 ou 3000 jetons, soit 10 BB en début d après-midi, ce serait difficile à surmonter. Je vais donc devoir jouer en partie mon tournoi, pour la première fois, sur ce coup. D un autre côté, ce n est pas en refusant le jeu que je pourrai faire progresser mon stack A ce stade, préflop et à 2 joueurs, je suis favori du coup, avec plus de 85% de chances de prendre le pot. De plus, il y a déjà beaucoup de jetons dans le pot, plus le tapis restant du joueur 3, soit environ 20k au total. Un beau pot potentiel. Le temps que je réfléchisse à tout cela, le joueur 5 annonce que son tapis est de 15k. Je prends 5 ou 10 secondes de réflexion pour conforter ma décision, et j annonce «Payé». Il montre J8 et j abats mes As. C est alors que j entends les joueurs 8 et 9 rouspéter sur ma façon de jouer, et je comprends que j ai du faire quelque chose qui ne se fait pas habituellement. D.R.

20 Il semble, en effet, de «tradition», de faire tapis préflop, systématiquement, quand on détient 2 As en main, dans cette situation où l adversaire est à tapis, d autant plus si son tapis est plus faible et qu on ne risque donc pas l élimination. Il est vrai que j attendais poliment le montant du tapis de l adversaire, mais, finalement, cela ne se fait pas. Autant cela est bien compréhensible quand on joue des cacahouètes, des bonbons ou l apéro entre amis, autant cette tradition paraît étonnante dans les tournois avec enjeu, où il est normal de conserver un droit à la réflexion en fonction de ses propres critères de décision, et non des «traditions». J explique à la table, que j attendais de connaître le montant du tapis du joueur n 5 pour décider de ce que j allais faire. Mais cela ne convainc pas tout le monde et les 2 joueurs de gauche continuent à rouspéter entre eux. D autres joueurs prennent mon parti. O Brother me soutient en précisant que ce n était pas mon intention de ridiculiser ou de maltraiter l adversaire. Enfin, l incident est clos et le donneur saisit le jeu pour extraire les 5 cartes. Mes As tiennent et je prends un premier gros pot, qui me fait doubler mon tapis, tout en éliminant un joueur du tournoi. Les blindes passent à 200/400 quand je touche 6 7 au bouton, avec un tableau , que je perds à l abattage contre J J alors que j avais la top paire «visible». Je joue ensuite Q 3 en SB contre la BB. Je touche mon 3 au turn et je mise à la river, suivi par la BB (l un des fameux joueurs impliqués dans l incident avec mes As) qui abat J 3, très mécontent de perdre ce coup, nos paires de 3 étant identiques, avec mon kicker (la 2è carte) Q supérieure à son J. Peu de temps après, son voisin, le Joueur 9 (l autre impliqué dans l incident), et qui avait un gros tapis quand je suis arrivé à la table, saute en perdant 2 gros coups successivement. Ça m amuse un peu, intérieurement, et le retournement de situation est spectaculaire Arrive à sa place l un des responsables du tournoi, membre du club organisateur. Il dispose d un tapis moyen, autour de 20 k. Mais surtout, il explique comment récolter les antés(*), simplement, facilement et sans contestation. (*) Les antés viennent s ajouter aux 2 blindes dans le pot de départ. Le montant des blindes augmente (elles doublent, le plus souvent) toutes les 40 mn (c est une durée moyenne dans ce type de tournoi). Les antés sont introduits, en général après quelques niveaux, pour faire augmenter le pot de départ de chaque coup. A la différence des blindes, auxquels seuls les 2 joueurs qui suivent le Donneur sont soumis, les antés sont payés par tous les joueurs de la table. En général, les antés sont fixés autour de 10% de la big blinde, quelques fois plus. En conséquence, ils évoluent également au fur et à mesure de l augmentation des blindes. Par exemple, à une table de 10 joueurs, avec des blindes 100 / 200 sans antés, le pot de départ est de 300. Si les antés sont introduits à hauteur de 20, le pot de départ est donc de x 20, soit 500. Un pot de 500 est plus intéressant à «récupérer» pour chaque joueur, ce qui dynamise le jeu et génère de l action.