La translation des cimetières chrétiens

Transcription

1 La translation des cimetières chrétiens Le cimetière chrétien est l héritier de deux traditions : - De La tradition antique fixée par le droit romain, les Chrétiens ont retenu l interdiction de l incinération et de l inhumation des cadavres à l intérieur de la cité. Le lieu où repose un mort devient sacré et les premiers Chrétiens se sont conformés à cette règle. - De l héritage israélite, les Chrétiens ont retenu l obligation de l enterrement et l interdiction de l incinération. Pour les Juifs de l Ancien Testament, il s agissait de se démarquer des peuples païens qui, eux, incinéraient leurs défunts. Avec la christianisation de l Europe gallo-romaine puis mérovingienne, les cimetières chrétiens ont gardé ces principes. Les défunts étaient inhumés dans un lieu sacré en dehors des cités. Néanmoins,vers la fin du VIIe siècle, les cimetières, situés à l extérieur de la cité sont abandonnés. En effet, les croyants cherchent à se faire inhumer autour de l église sub stillicidio, c'est-à-dire sous la goutte d eau qui tombe de son toit. Ainsi pensent-ils recevoir l eau sanctifiée par l édifice qui protège les restes des Saints. Cette coutume est vraisemblablement à l origine de l aspersion des corps avec de l eau bénite. Cimetière Gallo-romain «des trois Saints» (Vosges)

2 Les notables, sous Charlemagne payent très cher le droit de se faire inhumer dans l église. «En dehors de l église, point de salut» Les petites gens, elles, se faisaient enterrer au plus près du mur de l église dans un simple linceul. La place était tellement prisée que l on attendait rarement plus de dix ans pour remplacer un défunt par un autre. La présence du cimetière autour de l église de Bogny est un vestige de l histoire devenu rare. C est une pratique qui a perduré encore récemment en dépit des décrets déjà anciens pris sous le Premier Empire. Preuve d une réticence certaine de la population à abandonner des pratiques traditionnelles et ancestrales. Le charme de ce lieu est indéniable. C est aujourd hui devenu un patrimoine à conserver et valoriser absolument. De nouvelles concessions sont par contre bien évidemment exclues.

3 En effet dès la fin du XVIIIe siècle, la proximité des corps en décomposition commence à être perçue comme un danger. (Cette réalité est aujourd hui une évidence ) et c est ainsi que, sous l Empire, le décret du 23 Prairial an XII (12 juin 1804) va inciter au retour des cimetières à l extérieur des villages mettant fin à une pratique vieille de mille ans. Décret du 23 Prairial an XII Ces préconisations bien que faisant force de loi ne vont pas être appliquées immédiatement Pas plus à Bogny qu à Murtin d ailleurs. On trouve encore, en effet, des restes de pierres tombales récentes, facilement identifiables au pied de l église de Murtin. C est la preuve que le déplacement du cimetière à l extérieur du village est finalement relativement récent.

4 Ce n est effectivement qu en 1896, que le transfert du cimetière qui se trouve autour de l église de Murtin est envisagé vers un terrain à la sortie du village. Il est à noté que cette date doit correspondre à un rappel à l ordre général En 1902, la commune vote un crédit de 1700f pour la réparation du mur du nouveau cimetière. En 1908, les tombes de l ancien cimetière sont transférées à la demande des familles propriétaires. La ré-inhumation avait à l époque été fixée à 50f. Au regard du coût, toutes les sépultures n ont pas été déplacées et certains monuments ont été abandonnés.

5 Abandonnés certes, mais pas perdus pour tout le monde On remarquera ainsi que l autel à l intérieur de l église a été construit avec des stèles sur lesquelles on peut encore lire le nom des défunts. Elles ont été retournées et scellées dans l estrade puis recouverte d une belle pierre tombale gravée.

6 Nous sommes aujourd hui les héritiers de cette histoire. Les problématiques qui se posent en 2010 sont les mêmes que celles qui se sont posées au début du siècle Le cimetière est déjà à moitié occupé et il n y aura plus de concessions nouvelles ouvertes à Bogny. Les pratiques d incinération sont à nouveau souhaitées par les défunts et leurs familles. Il faut donc de la place pour construire un columbarium ainsi qu un jardin du souvenir. Aussi, la commune afin de palier au manque d espace qui se fera un jour sentir, a décidé d acquérir la parcelle n 45 qui jouxte les parcelles déjà en sa possession formant l actuel cimetière. Comme en 1902, la commune a décidé de restaurer le mur du cimetière dégradé par le temps. Elle a fait appel à l association d insertion professionnelle «Cap patrimoine» (ex-capeb). La réception des travaux a eu lieu le 28/08/2010. M. Le Maire a félicité les stagiaires pour la qualité des travaux de consolidation ainsi que pour la qualité du rejointoiement réalisé.