Samuel Chollet - Stéphane Hiland - Sébastien Legros. Société d Archéologie et d Histoire de la Mayenne

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Raymond Fournier
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1 Les C H Â T E A U X du Moyen Âge en Mayenne Samuel Chollet - Stéphane Hiland - Sébastien Legros Société d Archéologie et d Histoire de la Mayenne

3 s o M M A I r E Introduction - La Mayenne, terre de châteaux 10 Des châteaux pour faire la guerre (milieu du 12 e s e s.) 40 Qu est ce qu un château? 12 Le retour du roi 42 à l origine du château (10 e s.) 14 Un château désormais programmé 44 Vie et mort du phénomène castral (11 e -15 e s.) 16 Le château à l épreuve du siège : l exemple de Laval 46 Résider dans une forteresse 48 Les châteaux avant les châteaux 18 Un château dans la ville 50 Les Gaulois, experts méconnus de la fortification 20 Que deviennent les mottes? 52 Des défenses au service de l empire romain 22 La fin du monde carolingien ou la naissance des châteaux 24 Les châteaux à l épreuve du feu (milieu du 14 e s e s.) La guerre de Cent ans en Mayenne Des châteaux pour dominer (10 e -milieu du 12 e s.) Des châteaux de plus en plus nombreux Des nids d aigles imprenables? Face à l artillerie Une architecture à repenser L avènement du château de plaisance Un modèle de château? Quel chantier! La vie de château à l ombre des châteaux Conclusion Pour aller plus loin... Bibliographie Lexique

4 L A M A y E n n E, T E r r E D E C H Â T E A U X La Mayenne est souvent présentée comme le premier département français pour le nombre de châteaux habités. Profondément ancrés dans le paysage, ils symbolisent la réussite des élites et leur investissement dans le foncier, notamment aux 18 e et 19 e siècles. L héritage laissé par le Moyen Âge semble plus discret. Pourtant, les châteaux construits à cette époque marquent de leur empreinte aussi bien le territoire que l imaginaire collectif. 10 Le château du rocher, à Mézangers. Un exemple de construction composite, étalée du 15 e au 18 e siècle.

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6 DEs CHÂTEAUX PoUr faire LA guerre Q u e d e v i e n n e n t l e s m o t t e s? à partir du milieu du 12 e siècle, les principaux lignages aristocratiques mayennais, qui disposent des ressources financières et des prérogatives politiques nécessaires, adaptent leurs places-fortes aux nouveaux usages militaires. Si les châteaux de Mayenne, Laval et Sainte-Suzanne témoignent encore, dans leur forme actuelle, de ces campagnes de mise à niveau, de nombreux autres, aujourd hui intégralement ou en partie disparus, voire simplement arasés, ont dû connaître une évolution comparable. On peut l envisager à Montsûrs, à Ernée, à la Gravelle ou encore dans les places-fortes entretenues régulièrement par les souverains Plantagenêts (Ambrières, Gorron, Fosse-Louvain, Vieux-Château à Saint-Mars-sur-Colmont). De rares promotions : le cas de Montjean à côté de ces sites antérieurement déjà puissants et qui connaissent une évolution somme toute logique, il faut ajouter quelques cas particuliers tout aussi anciens mais plus modestes et qui bénéficient alors d une véritable promotion : c est notamment le cas du château de Montjean qui profite de l ascension de son propriétaire, Hamelin le Franc, qui épouse la veuve de son suzerain Guy V de Laval, Avoise de Craon. Les importants revenus de son épouse et les droits seigneuriaux très lucratifs qu il récupère à l occasion de ce mariage sont, sans doute, à l origine des travaux de style philippien, opérés au 13 e siècle, que l on identifie par des maçonneries à archères. Des sites peu documentés Que se passe-t-il pour les autres châteaux? Pour une bonne part d entreeux a priori rien! On ignore en fait assez largement le devenir de la majorité des sites. Au Bignon, l absence de texte et de tout vestige en élévation laisserait ainsi à penser que le puissant complexe fossoyé des Chassebouvières, déjà évoqué, n aurait connu aucune adaptation après «Ronde et fort belle, en laquelle il y a quelques arbres fruitiers et pommiers plantés». sa construction vraisemblable au 11 e siècle, voire aurait été précocement abandonné. Ce cas particulier illustre un problème plus général puisque de très nombreux sites, n ont laissé aucune trace écrite et, en l absence de toute fouille archéologique, restent donc difficile à appréhender. Ceux dont on trouve trace dans les textes apparaissent bien souvent aux détours des inventaires que les vassaux devaient périodiquement remettre à leur suzerain. Ces aveux se multiplient au 14 e siècle et révèlent, au détour des descriptions, une motte, une douve ou une muraille, à l image du site de Mondamer, à Bazougers : en 1452, l aveu de Jacques de Mondamer évoque ainsi sa «maison de la cour, maisons et jardins, vieilles murailles, lesdites maisons fort en ruine et décadence». Cette description traduit le devenir de la plupart des anciens sites castraux dont les lignages détenteurs sont soit financièrement incapables de les mettre à niveau du point de vue militaire, soit dépourvus d autorisation pour le faire. La motte de Courceriers selon un aveu qui la décrit en De la motte au manoir Pour autant, ils restent le siège historique de leur pouvoir et demeurent donc l objet de leur attention. Compte-tenu des possibilités financières de ces lignages secondaires, le logis, installé dans la basse-cour, devient leur préoccupation principale et peut, comme aux Murailles, à Saint-Christophe-du-Luat, profiter d une campagne architecturale dans le courant du 12 e siècle. Ces manoirs ou maisons-fortes, désignés régulièrement sous le nom d «hébergements», seront ultérieurement appelés à un grand succès. Parallèlement, aux Murailles comme ailleurs, le lignage s efforce aussi de conserver la vieille butte de terre, qui, même dépourvue de toute fonction défensive, demeure le symbole de son enracinement seigneurial. Parfois, il cherche même à l embellir ou à l exploiter, comme à Courceriers (Saint-Thomas-de-Courceriers) ou à Roupeyroux (Assé-le-Béranger), où les mottes sont plantées respectivement d arbres fruitiers et d aulnes. Baie géminée du pignon nord-ouest du logis seigneurial des Murailles. 52

place, son centre de gravité se déplace progressivement.

7 Plan de situation et vue depuis le nord-est du site castral des Murailles (saint-christophe-du-luat). Placées dans un méandre de l Ouette, les Murailles illustrent l évolution de la majorité des sites à mottes à partir du 12 e siècle : si le lignage se maintient sur place, son centre de gravité se déplace progressivement. Un premier mouvement s opère de la motte vers la basse-cour où un logis maçonné est bâti, ici doté d un étage ajouré d une baie géminée. Un deuxième mouvement, plus tardif (au 15 e siècle), se traduit pour ce site par un déplacement du centre seigneurial sur la rive opposée de la rivière avec la construction de l actuel manoir de la Grande-Courbe. 53

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