COMMUNIQUÉ DE PRESSE L OUVERTURE AU PUBLIC D UN LIEU LONGTEMPS FERMÉ

SOMMAIRE AVANT PROPOS I. COMMUNIQUÉ DE PRESSE II. L OUVERTURE AU PUBLIC D UN LIEU LONGTEMPS FERMÉ III. SITUATION IV. L HISTOIRE D UN APPARTEMENT De la Renaissance à Louis XIV L Appartement au XVIII e siècle Les deux séjours de Pie VII De la Restauration à nos jours V. LE REMEUBLEMENT ET LE RETOUR DES ŒUVRES AU CHÂTEAU DE FONTAINEBLEAU VI. LE MÉCÉNAT DU CRÉDIT AGRICOLE AU CHÂTEAU DE FONTAINEBLEAU VII. DIX ŒUVRES REMARQUABLES POUR L APPARTEMENT DU PAPE Photos disponibles en service de presse, sur simple demande. 1. L APPARTEMENT DU PAPE

AVANT PROPOS Le château de Fontainebleau, site majeur du patrimoine mondial profondément inscrit dans l histoire de notre pays, est désormais engagé dans une dynamique destinée à le faire découvrir ou redécouvrir au public. Fontainebleau occupe en effet une place à part, par l ampleur des formes de son architecture, comme par l importance de ses collections de mobilier et de ses décors : il constitue en effet la seule résidence souveraine intégralement conservée dans son état d ameublement et le seul témoignage continu de l histoire de la monarchie en France, du XII e au XIX e siècle. Il possède ainsi une valeur éducative et démonstrative exemplaire, s agissant de la représentation de l histoire de France et des différents aspects de l histoire de l art. L «Appartement du Pape» qui doit son nom aux deux séjours qui fit Pie VII en 1804 et 1812-1814 est, de ce point de vue, emblématique. Dans le cadre du partenariat avec le Crédit Agricole, la décision a été prise de restituer au public sans plus attendre cet ensemble exceptionnel, constituant, par le luxe et le raffinement de ses décors, comme de son ameublement, un véritable musée des arts décoratifs. Cette opération constitue l élément central de l extension du circuit de visite désormais proposé : le visiteur aura à nouveau accès à la Chapelle Saint-Saturnin, à la Cour Ovale, à la Galerie de Diane et à l Appartement des Chasses. Il s agit là d un engagement fort pris avec le public, afin de lui donner à voir l ampleur de la collection trop longtemps inaccessible, avant même l engagement des restaurations nécessaires ou souhaitables (mobilier de Jeanselme dans le Salon d Angle, boiseries néo-classiques de Jacques-Ange Gabriel dans le Cabinet de l appartement Louis XV ). Autant de projets qui prendront place en 2008 et 2009. 2. L APPARTEMENT DU PAPE

I. COMMUNIQUÉ DE PRESSE Château de Fontainebleau Mardi 3 juillet 2007 Ouverture à la visite de l Appartement du Pape Après avoir été fermé au public pendant plus de vingt ans, c est grâce au mécénat exceptionnel du Crédit Agricole que l Appartement du Pape a pu lui être rendu. Des travaux portant sur la consolidation, le nettoyage, la sécurité et la mise aux normes ont permis la réouverture de cette enfilade de onze pièces - à la fois salles d apparat et pièces privées - pour l essentiel demeurées dans leur état de 1860. Ce mécénat s inscrit dans le prolongement des actions conduites par la fondation du Crédit Agricole Pays de France qui œuvre, depuis près de trente ans, en faveur du patrimoine architectural, artistique et naturel des régions françaises. Il participe de la volonté du Crédit Agricole de valoriser le patrimoine et de le rendre accessible au plus grand nombre. A la jonction de l aile dite «des Reines-Mères», commandée par Henri II à Philibert de l Orme et du Gros Pavillon, construit pour Louis XV par Jacques-Ange Gabriel, se situe un appartement utilisé par les souveraines à l avènement de leur fils. L Appartement des Reines-Mères (autrement appelé Appartement du Pape en référence aux deux séjours de Pie VII en 1804 et 1812) a notamment été habité par Marie de Médicis et Anne d Autriche. Il s agit du troisième appartement du château, juste après ceux des souverains. D un grand confort et d une situation aussi privilégiée qu agréable, cette suite de onze chambres, antichambres, cabinets et salons a longtemps constitué une sorte d appartement de réception réservé aux hôtes de marque des souverains lorsqu ils séjournaient eux-mêmes à Fontainebleau (Jacques II Stuart, le tsar Pierre le Grand, le duc d Orléans ou le comte et la comtesse de Provence à la veille de la Révolution). Lorsque le pape Pie VII vient assister au couronnement de l Empereur, c est à Fontainebleau «maison des siècles, vraie demeure des rois» que Napoléon le reçoit. C est d ailleurs dans ce même appartement qu il le retiendra, de juin 1812 à janvier 1814. Durant ce séjour forcé, l Empereur recherche à imposer au Pape un nouveau Concordat rétablissant une église gallicane, non sans avoir au préalable privé le Souverain Pontife de ses Etats. C est donc au plus illustre de ses derniers hôtes que cet appartement doit son nom actuel. INFORMATIONS PRATIQUES : le Château est ouvert tous les jours, sauf les mardis de 9 h 30 à 18 heures Prix d entrée : 8 Tarif réduit : 6 Tél : 01 60 71 50 70 www.musee-chateau-fontainebleau.fr CONTACT PRESSE : Jacques Dubois Tél : 01 60 71 50 73 jacques.dubois@culture.gouv.fr D une très grande richesse décorative, il porte la marque des plus grands artistes (exceptionnels plafonds sculptés «aux Planètes» de la chambre d Henri II, plafonds peints par Cotelle, dessus de porte par Mignard, rares suites de tapisseries des Gobelins d après des cartons de Coypel et de Le Brun ). L Appartement du Pape constitue, de fait, un très précieux musée des arts décoratifs. A l image du reste du château, il a subi un nombre important de campagnes d agrandissements et de mises au goût du jour. La dernière est datée de 1860, époque des séjours de Napoléon III et d Eugénie. On comprend alors la belle diversité du mobilier, toujours de grande qualité : lit et fauteuils (1787) livrés par Sené (et Régnier pour la sculpture) pour la chambre de Louis XVI à Saint-Cloud, commode (1786) exécutée par Beneman pour le cabinet du Conseil de Compiègne, paire de consoles (1787) par Trompette et Butteaux de la galerie des grands meubles au Garde-Meuble de la Couronne Le XIX e siècle n est pas en reste avec les magnifiques tapis de la Savonnerie, les grands vases en Sèvres, les bronzes dorés ou la chambre à coucher néo-renaissance livrée par la maison Fourdinois en 1859. Outre sa valeur historique et la charge émotionnelle qu il peut dégager, depuis la destruction des Tuileries et de Saint-Cloud, cet appartement a valeur d ultime témoignage du goût des souverains du Second Empire. 3. L APPARTEMENT DU PAPE

II. Réaménagé dans les années 1860 à partir des très riches décors, mobiliers et objets d art réalisés au cours des siècles précédents, augmenté par de nouvelles commandes, l Appartement du Pape est une synthèse parfaite du goût de Napoléon III et d Eugénie, dans ce qu il a de plus riche et orné. L OUVERTURE AU PUBLIC D UN LIEU LONGTEMPS FERMÉ LE TROISIÈME APPARTEMENT APRÈS CEUX DES SOUVERAINS L Appartement du Pape est un des plus beaux appartements du château de Fontainebleau. Implanté au premier étage du Gros Pavillon et de l aile occidentale de la Cour de la Fontaine, il fut occupé par le pape Pie VII et constitué à partir de deux appartements antérieurs : l appartement dit des Reines Mères, au nord, et l appartement dit Louis XV, au Sud. Au cours du XIX e siècle, il fut habité notamment par le duc d Orléans, fils aîné de Louis-Philippe, puis par la princesse Mathilde. L ensemble conserve donc des décors allant du XVI e au XIX e siècle, et possède un des mobiliers les plus spectaculaires du château. UN LONG SOMMEIL Longtemps ouvert au public, l Appartement du Pape a été fermé en 1987 pour permettre sa restauration en continuité de l aménagement du musée Napoléon et du musée chinois. Les travaux ont effectivement été réalisés dans les pièces du Gros Pavillon, de 1984 à 1992, mais ils ont été interrompus dans l ancien Appartement des Reines Mères. Une partie des pièces était donc déjà en bon état, mais n avait pas encore pu être ouverte au public tant que l autre partie était dépourvue d éclairage comme d équipements techniques et présentait des sols et des plafonds à la stabilité incertaine. Son ouverture au public implique donc aussi que le mobilier soit à son tour restauré. TROIS TYPES D INTERVENTIONS Afin d assurer l intégration de l Appartement du Pape dans le circuit de visite, il a fallu conforter la solidité des sols et des plafonds et faire en sorte que les principaux décors attenant soient protégés. L installation dans les salles ouvertes en visite libre des équipements réglementaires d éclairage, d alarmes incendie et de sécurité a été réalisée. La restauration des décor et des mobiliers est lancée. Dans la mesure du possible, les restaurations concernant les décors auront lieu in situ et sous les yeux du public afin de l associer à ces travaux sans jamais que ces lieux ne lui soient inaccessibles. 4. L APPARTEMENT DU PAPE

OUEST EST III. SITUATION 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 NORD SUD L APPARTEMENT DU PAPE AU CHÂTEAU DE FONTAINEBLEAU. 1 er ÉTAGE APPARTEMENT LOUIS XV 1. Antichambre noire 2. Salon des huissiers 3. Salon des officiers 4. Salon d Angle ou Grand Salon 5. Chambre 6. Cabinet de toilette APPARTEMENT LOUIS XIII 7. Cabinet de toilette 8. Chambre 9. Grand Salon 10. Salon des officiers 11. Salon des huissiers 5. L APPARTEMENT DU PAPE illustration : François Brosse

PORTFOLIO Au premier étage du Gros Pavillon de Gabriel (à gauche) et de l aile de Primatice, l Appartement du Pape donne sur l Etang aux Carpes et le Jardin des Pins : une situation agréable qui avait déjà séduit Henri II. L Appartement du Pape, aménagé en dix-neuf jours seulement en 1804 pour recevoir le pape Pie VII venu assister au sacre de Napoléon, a été en partie remeublé sous Napoléon III, vers 1860. Réunion de deux appartements aux décors Louis XIII et Louis XV, l Appartement du Pape possède de remarquables décors peints Renaissance, XVII e et XVIII e. Ici, la chambre d Anne d Autriche. Dans la partie Louis XIII de l Appartement du Pape, l ancienne chambre d Anne d Autriche est ornée d un exceptionnel plafond de Jean Cotelle, à décor d arabesques (vers 1654-1664) aux chiffres entrelacés de la reine et de Louis XIII. DR DR FMR FMR FMR FMR Le Grand Salon (ou Salon d Angle de l appartement Louis XV) se trouve au premier étage du Gros Pavillon. Il a récemment retrouvé son mobilier de Fourdinois, livré vers 1860 pour redécorer l Appartement du Pape. Ce cabinet entresolé (dont les admirables boiseries néo-classiques sont également dues à Gabriel) ferme l appartement Louis XV pour communiquer avec la seconde partie (Louis XIII) de l Appartement du Pape.

IV.1 L Appartement du Pape ou appartement des Reines mères est situé au premier étage de deux bâtiments d époques différentes : l Aile des Reines-Mères (construite entre 1558 et 1565 sous la direction de Philibert de l Orme puis de Primatice) et le Gros Pavillon (élevé de 1750 à 1754 par Jacques-Ange Gabriel). Ces deux constructions, qui ont elles-mêmes succédé à des bâtiments plus anciens (une aile primitive et le Pavillon des Poêles) ferment la cour de la Fontaine sur son côté ouest. Enfilade de onze pièces, l Appartement du Pape résulte de la réunion de deux appartements : l appartement Louis XIII et l appartement Louis XV. L HISTOIRE D UN APPARTEMENT DE LA RENAISSANCE À LOUIS XIV Une situation privilégiée L aile des Reines Mères succède à un ensemble de bâtiments, dont le Pavillon des Poêles (construit vers 1537). Alors que les souverains étaient auparavant logés dans le donjon médiéval (au cœur même du château vieux) Henri II décida d installer un appartement à son usage dans ce nouveau Pavillon. Sa belle exposition comme sa situation en bordure de l étang et du jardin des Pins l avaient séduit. De ces aménagements subsistent le magnifique plafond «aux planètes» de sa chambre, sculpté par Ambroise Perret (remployé plus tard par Anne d Autriche dans son antichambre) ainsi qu un bas-relief en marbre sculpté par Bontemps (intégré dans la cheminée de la salle des Gardes). Après le mariage de Charles IX en 1570, Catherine de Médicis vint résider dans l aile qui prit à ce moment-là le nom d Aile des Reines-Mères. Marie de Médicis lui succéda, de manière épisodique. Le veuvage d Anne d Autriche A l avènement de Louis XIV, d importants aménagements furent effectuées pour Anne d Autriche (en 1659-1664). Elle fit notamment changer la disposition des pièces. La première (une grande salle des gardes) fut ornée d un plafond peint en camaïeu rehaussé d or par Charles Errard (en 1662-1664). Il en subsiste encore la moitié dans le Salon des Officiers, où le compartiment principal représente «La Renommée qui publie le règne glorieux de Louis XIII». La deuxième (une antichambre) reçut le fameux plafond «aux planètes» en bois sculpté et doré d Henri II, complété avec les armes et les chiffres de la reine. Enfin la troisième (la chambre) reçut un décor entièrement nouveau, avec un plafond et des lambris exécutés sous la direction de l ornemaniste Jean Cotelle, et deux dessus-de-porte représentant Anne d Autriche en Minerve et Marie-Thérèse d Autriche en Abondance, par Gilbert de Sève. Les murs de ces trois pièces étaient recouverts de tentures de cuir doré fabriquées en Hollande. L appartement se poursuivait dans le Pavillon des Poêles avec un grand cabinet décoré d ornements de Cotelle et de paysages d Henri Mauperché, prolongé par une petite chambre à alcôve. Des hôtes illustres Jusqu aux grands travaux entrepris par Louis XV, cet appartement demeura pratiquement intact. Il abrita encore dans ses murs le Dauphin (fils de Louis XIV) et sa femme Marie-Anne-Victoire de Bavière. Mais encore, le roi détrôné d Angleterre Jacques II (invité chaque année à Fontainebleau de 1690 à 1700 lors des voyages de la Cour) puis le tsar Pierre le Grand (en 1717), le duc de Bourbon et le duc d Orléans. L installation de Mesdames (filles de Louis XV) dans l Appartement des Reines Mères entraîna un certain nombre d altérations et de modifications du décor : la salle des gardes qui constituait l entrée de cet appartement fut divisée et entresolée tandis que l ancien cabinet d Henri II (sur la terrasse de la galerie basse) recevait un nouveau décor de boiseries. 6. L APPARTEMENT DU PAPE

IV.2 L HISTOIRE D UN APPARTEMENT AU XVIII E SIÈCLE Construction de l Aile Louis XV et du Gros Pavillon En 1738, on décida d abattre la Galerie d Ulysse et de la remplacer par un bâtiment neuf (l aile Louis XV, à droite dans la cour, en regardant l escalier en fer à cheval). Cette décision, lourde de conséquences, amena la destruction du pavillon à dôme construit par Le Vau pour Anne d Autriche. En 1750, dans la continuité des travaux menés à partir de 1738, on détruisit le Pavillon des Poêles et l extrémité de l aile des Reines Mères qui furent remplacés par un bâtiment qui prit le nom de Gros Pavillon. Ces constructions sont dues au Premier architecte du roi, Jacques-Ange Gabriel. Tout en s harmonisant avec les autres corps de bâtiment de la cour de la Fontaine (édifiés ou repris par Primatice dans les années 1560) le Gros Pavillon impose le vocabulaire et les proportions de l architecture classique française avec ses arcades à refends, ses colonnes libres, son étage attique et son toit brisé. Au premier étage de ce Gros Pavillon, un nouvel appartement fut installé comportant six pièces principales (l actuel appartement Louis XV). Sur le plan du décor, seules les corniches furent posées au moment de la construction, achevée en 1754, le reste étant aménagé très sommairement. Un appartement de princes de sang De 1770 jusqu à la Révolution, ce bel appartement au premier étage du Gros pavillon fut celui de Monsieur, comte de Provence, futur Louis XVIII. C est pour ce prince que fut créé (en 1784) le décor de lambris sculptés du cabinet entresolé qui en constitue la dernière pièce. Ce qui restait de l ancien appartement des Reines mères fut dévolu à la comtesse de Provence. La chambre de cet appartement était l ancienne chambre d Anne d Autriche, avec son décor du XVII e siècle, à peine modernisé par des cadres de glaces sculptés et dorés, à laquelle faisait suite un cabinet entresolé appartenant à la reconstruction de Gabriel. Ainsi étaient donc installés, au premier étage du côté ouest de la cour de la Fontaine, deux appartements princiers, avec deux entrées distinctes et se rejoignant par les pièces les plus privées. Cette disposition devait amener à plusieurs reprises l installation de couples princiers dans ces espaces. L épisode révolutionnaire La Révolution allait démeubler les lieux, comme le reste du palais. Toutefois, dès 1796, l ancien appartement de Monsieur fut affecté à l Ecole centrale de Seine-et-Marne, installée dans le château, remplacée en 1803 par l Ecole spéciale militaire (future Ecole de Saint-Cyr). Mais dès 1804, Napoléon I er devait récupérer les lieux pour leur rendre leur destination d appartements. 7. L APPARTEMENT DU PAPE

IV.3 L HISTOIRE D UN APPARTEMENT LES DEUX SÉJOURS DE PIE VII À FONTAINEBLEAU Un hôte de marque à l origine de la renaissance de Fontainebleau (1804) Marqués tout d abord par la réconciliation du Concordat en 1801, les rapports entre la France consulaire et bientôt impériale et le Saint- Siège furent longtemps marqués par l ambiguïté. Invité à venir en France pour le couronnement de Napoléon à Paris, Pie VII dut quitter les Etats pontificaux et arriva à Fontainebleau - étape sur la route de Notre-Dame - le 25 novembre 1804. A l occasion de la réception du Souverain pontife, le château de Fontainebleau, délabré et démeublé au sortir de la Révolution, dut être hâtivement réparé et remeublé. Sous la direction de Percier et Fontaine, le chantier fut mené en un temps record (dix-neuf jours) et remeublé comme par enchantement. Ces préparatifs en l honneur de Pie VII contrastent toutefois avec la manière cavalière dont il fut reçu au carrefour de la Croix de Saint-Hérem par un Napoléon en tenue de vénerie, le saluant au débotté de façon bien cavalière. Un tableau, commandé en 1806 par Denon, fut chargé d immortaliser l affront. De même, lors des festivités du séjour de 1804, une démonstration d artillerie visait à rappeler la force du maître des lieux. Le château devenu geôle (1812-1814) Au fil des ans, les rapports se dégradèrent, aboutissant en 1809 à l arrestation brutale de Pie VII, suivie par l emprisonnement du pape à Savone jusqu en 1812. Sur le point de s engager dans la campagne de Russie, Napoléon voulut détenir en France l opiniâtre pontife qui refusait de céder à ses exigences. Pie VII faillit périr lors de la traversée des Alpes. Rescapé d extrême justesse, il fut détenu à Fontainebleau de juin 1812 à janvier 1814. Loin des bouches du Tibre, la nef de Saint-Pierre était encalminée près de l étang aux Carpes. Napoléon espérait briser cet homme âgé, entouré à dessein de conseillers acquis à la cause de l Empereur, privé de ses hommes de confiance exilés à Fenestrelle ou à Vincennes. Les apparences étaient toutefois sauves. On traitait le pape en hôte, laissant à sa disposition huit chevaux qui attendaient dans les écuries. En vain. Le pape ne voulait pas, en s en servant, cautionner ces attentions fallacieuses. Cette prison dorée laissa Pie VII - à l origine moine bénédictin - insensible. Il se confina volontairement dans ses appartements, et trouva longtemps la force de résister dans la prière et la lecture. Fatigué, seul, il vit surgir chez lui en janvier 1813 un Napoléon cajoleur, qui lui arracha par surprise sa signature pour un éphémère et trompeur «concordat de Fontainebleau», que Pie VII, ressaisi et conscient de s être laissé abuser, rétracta quelques jours plus tard. Napoléon tenta une dernière fois de manœuvrer Pie VII au début de 1814. Alors que son beau-frère Murat le trahissait et s apprêtait à envahir depuis Naples les anciens Etats pontificaux (entre temps annexés à l Empire français) Napoléon renvoya Pie VII à Rome pour contrecarrer les menées de l ingrat beau-frère. Pie VII, auréolé par sa résistance victorieuse, rentra triomphalement dans ses Etats. Un lieu de mémoire lié à Pie VII A la Restauration, l Europe catholique insista sur la figure du pape martyr - captif puis victorieux - par une abondante production d images. Les Bourbons envoyèrent en 1822 au château de Fontainebleau, lieu de captivité, la deuxième réplique par David du Portrait de Pie VII. L y rejoignirent en 2002 un chapelet et une médaille d or remis par Pie VII au docteur Claraz. Ce médecin lui sauva la vie en Maurienne en 1812. Offerts par ses descendants, ces souvenirs consacrent Fontainebleau comme lieu de cristallisation de la mémoire de Pie VII. 8. L APPARTEMENT DU PAPE

IV.4 L HISTOIRE D UN APPARTEMENT DE LA RESTAURATION À NOS JOURS Un appartement pour les hôtes de marque L aménagement de l Appartement du Pape ne change pas sous la Restauration dans la mesure où la Cour ne séjourne qu assez peu à Fontainebleau. Il faut attendre la Monarchie de Juillet et le mariage du duc d Orléans (fils aîné de Louis-Philippe) pour qu une nouvelle campagne d ameublement accompagne la modernisation des lieux ou bien plutôt leur mise au goût du jour. C est de cette époque que l on peut dater la conception du plafond de style Renaissance dans l antichambre de l appartement Louis XIII. L Appartement du Pape est alors à nouveau scindé en appartement du duc et appartement de la duchesse d Orléans. Le retour des Bonaparte voit l attribution de l ancien appartement de Pie VII à Stéphanie de Beauharnais, grande-duchesse de Bade. Cela implique un réameublement dans un goût conforme à celui de la nièce adoptive (et néanmoins adulée) de l Empereur. A la mort de la grande-duchesse en 1859, Napoléon III ordonne de nouveau travaux. C est cet état des années 1860 que les conservateurs s efforcent de reconstituer aujourd hui. Le dernier état historique, celui des années 1860 En effet, l Appartement du Pape est alors remeublé, sa décoration enrichie et modifiée dans le style éclectique apprécié du Second Empire, laissant subsister une large part de ses états historiques successifs, tant dans sa partie Louis XV (située dans le Gros Pavillon) que dans sa partie Louis XIII (aile de Primatice). Ainsi, le Grand Salon et la chambre de l appartement Louis XIII bénéficient d une «restauration» et surtout reçoivent un complément de décor (plafonds, boiseries, panneaux peints). C est alors qu est commandé à Fourdinois l extraordinaire mobilier de la chambre. Il s agit en effet d accorder le mobilier à l opulence et au style du décor. Dans les boiseries viennent s enchâsser les splendides tapisseries des Gobelins de la suite des Triomphes des dieux. Quant à l antichambre Louis XIII, elle est dotée d un plafond et de lustres de style hollandais, en accord avec la tenture façon cuir de Cordoue. Pour le Salon d Angle (dans l appartement Louis XV) un mobilier néo-louis XV en bois doré est commandé à Jeanselme. C est celui que l on peut à nouveau voir aujourd hui, revenu dans son intégralité. Démeublement remeublement La chute du dernier empire voit Fontainebleau abandonné à son sort de palais national. Certes, il est ouvert à la visite mais ses très riches mobiliers, tapisseries, tableaux et objets d art n en sont pas moins exposés à la convoitise des autres administrations qui puisent sans vergogne dans les collections. Depuis une trentaine d années, c est au prix d un long travail de recherches que ceux-ci reviennent progressivement. 9. L APPARTEMENT DU PAPE

V. Place forte, relais de chasse et maison de famille des Bourbons, palais impérial puis résidence secondaire sous la III e République, Fontainebleau est beaucoup plus qu une simple villégiature. Chacun de ses hôtes l a marqué de son empreinte. La Révolution a certes entraîné quelques dommages et dispersions, mais somme toute d une manière assez relative, si l on compare ce palais aux quelques 1530 pièces à d autres grandes propriétés d Ancien Régime. Pour l Appartement du Pape, c est le dernier état connu - celui des années 1860 - qu il faut donner à voir au visiteur dans la mesure où tout a été conçu en cohérence parfaite du décor et de l ameublement. LE REMEUBLEMENT ET LE RETOUR DES ŒUVRES AU CHÂTEAU DE FONTAINEBLEAU MOBILITÉ DES ŒUVRES Napoléon ne s y était pas trompé en parlant de la «maison des siècles, vraie demeure des rois». Qu il fasse redécorer et remeubler son propre appartement ou celui des deux impératrices, aménager à la hâte l appartement destiné à recevoir Pie VII, les travaux et les commandes continuent. Sous la Restauration, la Monarchie de Juillet et la Troisième République, il en va de même. Au point que les meubles et les objets changent d endroit sans cesse, dans le palais même et d un château à l autre. Fort heureusement, des livres d inventaire consignent ces mouvements d œuvres. Et sur chaque pièce, est apposée une marque au fer ou à l encre, permettant de suivre leur trace. TRANSFORMATIONS ET MISES EN SÉCURITÉ L évolution de la mode et les variations de goût de chaque hôte expliquent ces mouvements. Les événements aussi. Pendant la Première Guerre Mondiale, les tapisseries sont évacuées, avec d autres meubles et objets d art particulièrement sensibles. Elles atterrissent à Toulouse. Dans l entre-deux-guerres, elles reviennent. Mais pour une part seulement, puisque les tapisseries qui avaient été enchâssées dans les boiseries de l Appartement du Pape restent au Mobilier national, au motif qu à Fontainebleau - dans l aménagement du XIX e - elles sont présentées avec les bordures repliées, ce qui nuit grandement à leur conservation. PERSPECTIVES Faire revenir les tapisseries de l Appartement Louis XIII est l un des grands projets de l équipe de conservation. D autant que celles-ci présentent le complément indissociable de l aménagement de cet appartement, conçu comme une succession de pièces dont l ordonnancement obéit à l étiquette. En outre, chaque suite de tapisseries racontant une histoire, celle-ci se poursuit - logiquement - au gré de l enfilade. Il est bien évident que - pour des raisons de conservation - celles-ci seront désormais présentées devant les boiseries dans lesquelles il avait été prévu qu elles s inscrivent. Ces dernières années, un certain nombre de meubles et objets sont déjà revenus. C est le cas des deux paires de grands bras de lumière Rocaille (dans la chambre de l appartement Louis XIII) envoyés par Versailles et le Louvre. C est encore le cas du mobilier de salon néo-louis XV par Jeanselme, revenu après que le Mobilier National l ait rapatrié de différents ministères et palais nationaux. Echanges et équivalences sont souvent de mise pour permettre le retour des œuvres. Dernières en date? Une table de Wassmus dans le Salon d angle, une table de Lemarchand pour la bibliothèque de Louis-Philippe aux Tuileries. La dynamique est maintenant lancée. 10. L APPARTEMENT DU PAPE

VI.1 LE CRÉDIT AGRICOLE, MÉCÈNE DU CHÂTEAU DE FONTAINEBLEAU Mécène engagé depuis plus de 30 ans en faveur de la protection et de la valorisation du patrimoine, le Crédit Agricole a été le premier partenaire privé à s engager aux côtés du château de Fontainebleau. Afin de mettre en valeur et de développer la fréquentation de ce site patrimonial majeur, il a choisi d accompagner, pour une durée de 3 ans, le programme de développement des activités du château, conduit par le ministère de la Culture et de la Communication. Une des premières réalisations rendue possible grâce au mécénat du Crédit Agricole est la réhabilitation de l Appartement du Pape, qui fait aujourd hui l objet d une ouverture au public. En finançant des travaux d accessibilité, le Crédit Agricole a souhaité répondre à des besoins de première nécessité tout en réaffirmant sa volonté de permettre l accès du plus grand nombre à la culture. De la même manière, l Appartement des Chasses sera prochainement réhabilité et ouvert au public. Les autres projets que le Groupe soutient dans le cadre de ce programme répondent à des objectifs essentiels de sa politique de mécénat. La contribution aux travaux de restauration du Cabinet de travail de Napoléon III permettra au Crédit Agricole de poursuivre son engagement en faveur des métiers d art, dont les savoir-faire sont menacés de disparition. Le soutien du projet d exposition «Picasso à Fontainebleau» stimulera l animation du site pour augmenter sa fréquentation par le public. Enfin, en finançant un pôle pédagogique au sein du château, le Crédit Agricole réaffirme sa volonté de sensibiliser les jeunes à la culture et de favoriser la transmission des savoirs. Par cette action de mécénat en faveur d un monument de renommée nationale et internationale, inscrit au patrimoine mondial de l UNESCO, le Crédit Agricole met en lumière le travail de fond réalisé depuis 1979 par la Fondation du Crédit Agricole «Pays de France». CONTACTS MÉCÉNAT CRÉDIT AGRICOLE S.A. Guillaume d Andlau Tél : 01 43 23 77 30 guillaume.dandlau@credit-agricole-sa.fr Fatima El Moukhtafi Tél : 01 43 23 31 79 fatima.elmoukhtafi@credit-agricole-sa.fr 11. L APPARTEMENT DU PAPE

VI.2 LA FONDATION DU CRÉDIT AGRICOLE «PAYS DE FRANCE» La fondation du Crédit Agricole «Pays de France», reconnue d utilité publique, a été créée en 1979 à l initiative des Caisses régionales du Crédit Agricole afin de prolonger l action du Groupe en faveur du développement local. Elle accorde des subventions d investissement à des projets de restauration et de valorisation du patrimoine régional français, dans le but de contribuer à la vitalité économique et culturelle des territoires, notamment par le développement du tourisme. La fondation du Crédit Agricole «Pays de France» intervient dans de nombreux domaines, tels que le patrimoine architectural et culturel, l économie rurale ancienne, le patrimoine industriel et les zones naturelles. Suivant l évolution géographique des implantations du Crédit Agricole, elle a aujourd hui élargi son champ d intervention des zones rurales aux zones urbaines. Conformément à l organisation décentralisée du Groupe Crédit Agricole, ce sont les Caisses régionales qui reçoivent les demandes de subventions. Après étude, elles les soumettent au conseil d administration de la fondation du Crédit Agricole «Pays de France», qui prend la décision finale. Elles participent financièrement à la subvention totale. En 28 ans, les Caisses régionales et la fondation du Crédit Agricole «Pays de France» ont accordé plus de 20 millions d euros à 850 projets de mise en valeur du patrimoine et d animation régionale. Du plus petit quelques milliers d euros pour restaurer une porte de village ou enrichir un écomusée au plus spectaculaire, comme la rénovation de Notre-Dame-de-La-Garde à Marseille, la reconstruction de l Hermione ou la remise en état du Parlement de Bretagne après son incendie. Tous apportent leur pierre à un milieu rural ou urbain vivant, procurant à ceux qui l habitent un cadre de vie rénové, culturellement riche et actif. CONTACT FONDATION DU CREDIT AGRICOLE «PAYS DE FRANCE» Christian Decombe, Délégué Général Tél : 01 49 53 42 95 christian.decombe@ ca-fnca.fr 12. L APPARTEMENT DU PAPE

VII.1 DIX ŒUVRES REMARQUABLES POUR L APPARTEMENT DU PAPE Formidable condensé de l histoire des transformations du château de Fontainebleau, l Appartement du Pape recèle des œuvres particulièrement remarquables qui en font un véritable musée des arts décoratifs. RMN PLAFOND «AUX PLANÈTES» par Ambroise Perret, provenant de la chambre d Henri II (1558) Le plafond sculpté et doré que l on peut voir dans le grand salon de l appartement Louis XIII provient de la chambre aménagée pour le roi Henri II au premier étage du pavillon des Poêles. Ce plafond dont la sculpture a été réalisée par le menuisier Ambroise Perret comporte neuf compartiments dont sept sont ornés de figures personnifiant les planètes, Apollon conduisant le char du soleil se trouvant au centre. Lorsque Anne d Autriche fit réaliser d importants travaux dans cet appartement au cours des années 1650-1660, elle fit transporter le plafond dans la pièce où il se trouve aujourd hui en y ajoutant son chiffre et ses armes. Tel qu il se présente encore, ce plafond sculpté constitue une témoignage essentiel des travaux d embellissements menés dans le château sous le règne de Henri II. RMN RMN DEUX DESSUS-DE-PORTE EUTERPE ET CLIO ET CALLIOPE, URANIE ET TERPSICHORE, peints par Pierre Mignard, pour le Salon Ovale de Louis XIV à Versailles (1692-1695) Ces deux œuvres de Mignard n ont pas leur dimensions d origine. Elles ont toutes deux été découpées dans une toile ovale représentant Apollon et les Muses, peinte par Mignard entre 1692 et 1695, c est-à-dire peu de temps avant son décès. Cette toile était destinée au plafond du Salon Ovale à Versailles, un des cabinets du Petit Appartement du roi, aménagé en 1692, où Louis XIV avait installé des tableaux précieux et quatre grands groupes de bronze. Ce plafond n a finalement jamais été installé à cet endroit. En 1746, les deux toiles sont au château de la Muette. En 1837, elles entrent au château de Fontainebleau où elles sont encastrées dans leur emplacement actuel. RMN RMN RMN TAPISSERIES DES TRIOMPHES DES DIEUX, Manufacture des Gobelins (1702-1705) Les deux tapisseries présentées dans la chambre à coucher de l Appartement Louis XIII, Le Triomphe de Mars et Le Triomphe de la Religion, font partie de la tenture des Triomphes des Dieux qui comprend huit pièces. Elles ont été copiées, avec des modifications, par le peintre Noël Coypel (1628-1707) à partir d une tenture de la Renaissance appartenant au Mobilier de la Couronne, elle-même tissée à Bruxelles d après des dessins de Jules Romain. Sept tentures de ces Triomphes ont été tissées aux Gobelins de 1686-1687 à 1714. Les deux pièces de Fontainebleau ont été tissées entre 1702 et 1705. Comme les autres tapisseries de la série, elles présentent une composition architecturale caractérisée par trois niveaux, dont la divinité ou l entité honorée occupe le centre. Par ailleurs, les bordures sont réduites et de nombreux éléments décoratifs ont envahi le champ de la tapisserie. PAIRE DE CONSOLES, par Trompette et Butteaux (1787) Ces deux grandes consoles en bois doré à figures égyptiennes proviennent des anciennes salles d exposition de l hôtel du Garde-meuble à Paris (actuel ministère de la Marine, place de la Concorde). Exécutées en 1787 par le menuisier Trompette et le sculpteur Butteaux, elles sont arrivées à Fontainebleau en 1804 lors de la très rapide campagne d ameublement de l appartement de Pie VII. COMMODE À VANTAUX, estampillée Beneman et Stöckel, pour le Cabinet du Conseil du château de Compiègne (1787) Commode en amarante, bois de rose, satiné, bronze doré et marbre blanc. Elle résulte de la transformation de quatre meubles réalisés par Stöckel pour le comte de Provence, frère de Louis XVI, et vendus par le marchand mercier Philippe-Ambroise Sauvage au Garde-meuble. Les quatre commodes sont alors devenues huit meubles, dont celui-ci exécuté par Benemann pour le château de Compiègne. D une structure très architecturée et d un décor martial (montants aux faisceaux de licteurs, grand trophée d armes en bronze doré), cette commode a été déplacée en divers lieux à partir de la Révolution avant d être envoyée au palais de Fontainebleau le 20 avril 1834. Elle fut placée dans la chambre de l appartement Louis XV. 13. L APPARTEMENT DU PAPE

VII.2 RMN RMN RMN DIX ŒUVRES REMARQUABLES POUR L APPARTEMENT DU PAPE DEUX FAUTEUILS, l un attribué à Foliot (v. 1770), l autre estampillé Sené et Laurent pour l Appartement de Madame Elizabeth à Fontainebleau (1791) Ces deux grands fauteuils en bois doré sont d époque Louis XV pour le premier (attribué à Foliot vers 1770), le deuxième réalisé au modèle par Sené et Laurent pour la chambre de Madame Elizabeth à Fontainebleau. Sur le fauteuil de Sené, une étiquette indique «Pour le service de madame Elizabeth à fontainebleau» mais cette princesse ne le vit jamais puisqu il n arriva à Fontainebleau que durant l Empire. PORTRAIT DU PAPE PIE VII, par Jacques-Louis DAVID (1805) L original de ce portrait (au Louvre) a été peint par David en 1805, quelque temps après les cérémonies du Sacre de l Empereur. Cette version a été envoyée à Fontainebleau en 1822, occupant des emplacements divers dans l Appartement du Pape. Ce n est pas sans une certaine gêne, voire une certaine répugnance, que Pie VII avait accepté de poser devant l artiste régicide et franc-maçon, organisateur des fêtes de l Etre suprême ; mais les deux hommes s entendirent vite et David vantait à ses élèves la personne du Pape. L intérêt du public pour le sujet fut très grand, car il existe de multiples copies de ce portrait. VASE DIT DE SOCIBIUS, porcelaine de Sèvres (1824) Ce vase en porcelaine sans couverte (biscuit) était blanc à l imitation du marbre, il a été émaillé par la suite. Il a été réalisé d après un modèle antique (signé «Sosibios d Athènes») provenant des collections de Louis XIV, aujourd hui conservé au Louvre. Son décor se rapporte aux Arts et aux Sciences. Resté dans les magasins de la manufacture de Sèvres jusque sous le Second Empire, ce vase entre au Palais de Fontainebleau le 20 mars 1861 où il est placé dans le Grand Salon de l appartement Louis XIII. Pris pour de la faïence (et donc pas assez riche pour la pièce) il en a été retiré en 1880. Il est maintenant remis à son emplacement d origine. DR CHAMBRE À COUCHER livrée par la maison Fourdinois pour la chambre de l appartement Louis XIII (1860) En 1860, la maison Fourdinois livra pour la chambre de l appartement Louis XIII un très important ensemble de mobilier comportant un lit à colonnes, deux tables de nuit, deux commodes, une console, un canapé, six fauteuils, six chaises, deux tabourets de pieds, une table-bureau, un soufflet et un balai d âtre. Ces meubles entrent dans les collections du château avec la mention «style Renaissance» ou «style Louis XIII». Ils sont exécutés en noyer sculpté rehaussé de filets dorés, avec des incrustations de marbre dans le cas des deux commodes, à l imitation de certains meubles du XVI e siècle. Les sièges et le lit sont couverts en reps «dessin velouté». Cet ensemble mobilier très complet témoigne de la spécificité de la maison Fourdinois qui peut être considérée comme la plus prestigieuse au sein de l ébénisterie parisienne du Second Empire. GUÉRIDON (v.1867) Ce très exceptionnel guéridon a été offert par le pape Pie IX à son filleul le Prince Impérial et a figuré à l Exposition Universelle de Paris en 1867. Il fut installé dans l appartement du Pape en décembre 1867 sur ordre de l impératrice Eugénie. Le plateau de ce guéridon est constitué d une mosaïque de marbres trouvés dans les fouilles du Palatin avec au centre les armes du pontife réalisées en micro mosaïque. Cet objet, œuvre du marbrier Pietro Martinori, est un très bel exemple des productions des ateliers romains qui s étaient faits une spécialité de ce type de meuble. Le musée du Vatican conserve d ailleurs au moins un autre guéridon proche de celui-ci. RMN 14. L APPARTEMENT DU PAPE