Principes de la Gestion Piscicole. Le PDPG. La gestion patrimonial et différée. Les aménagements piscicoles. La méthodologie



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Transcription:

Principes de la Gestion Piscicole p2 Le PDPG p3 La gestion patrimonial et différée p6 Les aménagements piscicoles p9 La méthodologie p11

PRINCIPES DE LA GESTION PISCICOLE Généralités La gestion piscicole est l'organisation des actions mises en place par la Fédération de pêche ou par les AAPPMA en faveur des ruisseaux, des rivières, des lacs ou de tous les milieux aquatiques qui constituent la priorité, juste avant les poissons et les pêcheurs. Elle s intègre parfaitement dans la gestion durable des milieux. Dans le passé, c'est exactement l'inverse qui a été appliqué : les pêcheurs détenaient la priorité, les lâchers de poissons d'élevage étaient utilisés pour compenser les faiblesses de production des milieux aquatiques. Comme en médecine, on s'attaquait aux conséquences mais jamais aux causes du mal. Il est donc indispensable d agir à la source des dysfonctionnements pour améliorer le milieu et donc l état des populations piscicoles. Il faut savoir en effet que les populations piscicoles en place reflètent l état du milieu dans lequel ils vivent, surtout des espèces bioindicatrices telles que l Ecrevisse à pattes blanches (ayant de très fortes exigences environnementales), la Truite fario, espèce emblématique des cours d eau à vocation salmonicole, mais aussi certaines espèces remarquables de cyprinidés d eau vive (Blageon, Barbeau méridional, ), caractéristiques des milieux intermédiaires. Ces espèces sont de véritables repères biologiques pour le gestionnaire. La gestion piscicole passe donc inévitablement par une gestion du milieu, et prend ainsi en compte l ensemble des paramètres qui conditionnent l état écologique de nos cours d eau (habitat, température, état quantitatif et qualitatif de la ressource, IBGN, etc, ). Pour une gestion optimale, il est indispensable d avoir une bonne connaissance : - des espèces présentes, de leur répartition et de leur biologie, - des divers impacts que subit le milieu, - des facteurs limitants, - du territoire, du fonctionnement des cours d eau et de leur historique (d où l importance du rôle des AAPPMA concernant la gestion piscicole). 2

Le PDPG La gestion piscicole se doit donc d être planifiée avec une méthode de travail commune à toutes les AAPPMA du département, c'est le rôle de la Fédération Départementale, qui est chargée de réaliser un document technique : le Plan Départemental de Protection des milieux aquatiques et de Gestion de la ressource piscicole (PDPG). Il fixe, en fonction des secteurs, les modalités de gestion adéquates, afin de retrouver à plus ou moins long terme des secteurs fonctionnels sur lesquels on retrouve des populations conformes et équilibrées. Cet outil est issu d une étude scientifique qui comprend 5 étapes : - Le découpage du département en «contextes de gestion» qui sont les unités de gestion piscicole représentant une partie du réseau hydrographique à l'intérieur de laquelle une population de poisson fonctionne de façon autonome en y réalisant les différentes phases de son cycle vital (Reproduction, Eclosion, Croissance). Chaque contexte est établi pour une population repère (Truite fario pour le domaine salmonicole, Cyprinidés Rhéophiles pour le domaine intermédiaire et Brochet pour le domaine cyprinicole). - Le diagnostic du milieu, à savoir l évaluation du déroulement des différentes phases du cycle biologique de l espèce repère, ce qui permet de déterminer l état fonctionnel du milieu. Toute perturbation susceptible de porter atteinte au bon accomplissement du cycle vital est nommée ''Facteur limitant''. Ainsi, chaque contexte est caractérisé par un état fonctionnel global (conforme lorsque l ensemble du cycle biologique peut se dérouler normalement, perturbé lorsqu au moins une des fonctions est compromise, et dégradé lorsqu au moins une des fonctions est impossible). - Détermination des MAC (Modules d Actions Cohérentes) qui représentent des regroupements d'actions conjointes devant permettre le retour à la bonne fonctionnalité d'une / des phases du cycle vital de l'espèce. Ce regroupement d'actions a pour but d'atteindre le seuil d'efficacité technique (SET), défini par une augmentation du stock de poissons adultes d'au moins 20% du nombre théorique d'adulte de l'espèce repère du contexte. - Evaluation des coûts. - Etablissement du Plan d Actions Nécessaires (PAN) qui regroupe les MAC ainsi que les plans de financements correspondants et constitue ainsi un véritable programme d actions. Le PDPG a en fait un intérêt double, il constitue : - Une aide destinée aux AAPPMA pour la réalisation de leur plan de gestion piscicole (PGP), dans un cadre d'actions cohérent, 3

- Un argumentaire technique pour le monde de la pêche dans ses relations avec les autres usagers des milieux aquatiques, par exemple, à l'occasion de l'établissement des SAGE ou des Contrats de Rivière. Il est donc important qu il y ait une véritable cohérence du monde de la pêche et que les outils dont nous disposons soient mis en valeur par la réalisation d actions réfléchies et concrètes. ASPECT REGLEMENTAIRE La protection et/ou l amélioration de l état des peuplements piscicoles est un enjeu fort en terme de gestion globale et de préservation de la biodiversité et constitue une composante importante afin de respecter les objectifs fixés par la Directive Cadre Européenne sur l Eau (DCE), notamment celui d atteindre d ici 2015 le bon état écologique et chimique pour l ensemble des masses d eau répertoriées. Le SDAGE RMC est un plan de gestion établi à l échelle du bassin hydrographique du Rhône. Il a une portée règlementaire, et sa révision constitue une étape majeure dans la mise en place et dans l application de la DCE en droit français. Le SDAGE fixe des objectifs précis à travers des orientations fondamentales de gestion, dont une qui concerne directement le monde de la pêche, l orientation fondamentale n 6 : Préserver et re-développer les fonctionnalités naturelles des bassins et des milieux aquatiques. Une des dispositions de cette orientation (Disposition 6C-05) consiste à mettre en œuvre une gestion planifiée du patrimoine piscicole d eau douce en tenant compte des peuplements de référence. Le SDAGE insiste alors sur les principes fondamentaux du PDPG : - La préservation des souches génétiques autochtones, - L absence de recours aux repeuplements sur les masses d eau en très bon ou bon état écologique (ce principe devrait faire l objet d une modification, notamment la prise en compte du PDPG dont l unité de gestion, le contexte, n est pas forcément compatible avec la notion de masse d eau). - La limitation des repeuplements aux masses d eau perturbées pour lesquelles il n existe pas d alternative de restauration. Cette orientation souligne le fait que la gestion patrimoniale est avant tout : - Une obligation règlementaire, - La nécessité de préserver un patrimoine unique issu de milliers d années de sélection naturelle, - Indispensable pour une gestion durable, - Une obligation sur les contextes identifiés conformes ou peu perturbés, - Différée sur les contextes fortement perturbés ou dégradés : repeuplements raisonnés ou aucun repeuplement, réaliser des actions sur le milieu (facteurs limitants). 4

Le statut des AAPPMA, notamment celles de la Drôme, leur donne un agrément en faveur de la protection des milieux, agrément qu elles doivent honorer en réalisant des opérations locales visant cet objectif. Les AAPPMA doivent d ailleurs chaque année rendre compte de leurs activités aux services de l Etat. De plus, depuis 2008, ces mêmes statuts rendent le PDPG opposables aux AAPPMA. Depuis la création de la Fédération Nationale, qui regroupe obligatoirement l ensemble des Fédérations départementales de France, et les nouveaux moyens financiers mis à leur disposition, les Fédérations départementales sont tenues de rendre compte de leurs activités, notamment sur les avancées faites chaque année en terme de protection et d amélioration de l état du milieu et des peuplements piscicoles du département à la Fédération nationale, qui elle-même doit présenter un bilan au Ministère de l Ecologie, de l Energie, du Développement Durable et de l Aménagement du Territoire (MEEDDAT). Il est donc aujourd hui très important de travailler dans un cadre bien précis, de développer dès maintenant nos objectifs et de valoriser le travail effectué par la Fédération et par les AAPPMA. Il en va de la crédibilité, de la compétence et de l image du monde de la pêche. 5

LA GESTION PATRIMONIALE C'est l'ensemble des actions à entreprendre, y compris celle qui consiste à ne rien faire, sur les peuplements de poissons. Elle œuvre pour la préservation de leur patrimoine génétique. Il s'agit de conserver et de transmettre un patrimoine naturel. Pour cela, l'état fonctionnel du milieu qui accueille le poisson doit être de qualité afin qu'il trouve les conditions de réalisation de l'ensemble de son cycle biologique (éclosion, croissance, reproduction). Ce type de gestion s'intègre donc dans la gestion durable des milieux : c'est un objectif fort de l'etat, qui est de préserver les espèces dans leurs milieux. Plus précisément, il vise à conserver un équilibre entre milieu et espèces. Cet équilibre est différent de l'équilibre originel, car il tient compte de l'anthropisation, de l'exploitation, etc..., mais il vise à garantir la sauvegarde des espèces sensibles au sein de leur peuplement de référence. Le génotype des truites autochtones est issu de milliers d années de sélection naturelle, ce qui créé des individus parfaitement adaptés à leur milieu. Il permet une adaptation optimale de l espèce à un milieu donné. Gérer de manière patrimoniale, c'est faire en sorte que les peuplements de poissons soient conformes à ce que l'on peut attendre du milieu naturel en bon état. La structure et la pérennité des peuplements naturels doivent être préservées. Dans ce mode de gestion, la demande de pêche est gérée en fonction de la ressource : le prélèvement par pêche doit être inférieur aux capacités de reproduction, afin de préserver le renouvellement naturel du stock. Les contraintes de développement de la pêche de loisir ne doivent pas être une cause de perturbation (les repeuplements par exemple). Sur les contextes en gestion patrimoniale, il est primordial de ne pas mettre en contact les populations présentes avec des populations extérieures, et ce quel que soit le stade : oeuf, alevin nourri, alevin à résorption, truitelle, truites surdensitaires (fario ou arc-enciel). 6

LA GESTION PATRIMONIALE DIFFEREE Généralités Ce type de gestion est préconisé pour les contextes fortement perturbés ou dégradés. Le renouvellement naturel des espèces les plus sensibles et les plus recherchées n'est plus possible en raison de la dégradation du milieu. Il s agit dans ce cas de déterminer des actions qui, à plus ou moins long terme permettront l amélioration des conditions favorables à un fonctionnement normal des populations du contexte, tout en effectuant, en parallèle un soutien halieutique, dans un souci de réponse aux demandes des pêcheurs (augmentation du stock pêchable). Repeuplements Elle œuvre dans le sens des pêcheurs lorsque la gestion patrimoniale n'est pas adaptée. La gestion halieutique a pour base les repeuplements. On distingue deux types de repeuplements : - Repeuplements directs (déversements surdensitaires) : ils ne doivent intervenir que pour permettre un accroissement du stock pêchable et doivent être effectués que si la perturbation porte sur les possibilités de reproduction et de développement des œufs et des alevins. - Repeuplements indirects : introduction d'individus au stade juvénile d'œufs embryonnés ou d'alevins vésiculés, dans la perspective d'avoir au bout de 3 ans le résultat escompté, pour peu que les capacités de croissance offertes par le milieu naturel soient en adéquation avec les populations déversées. Le repeuplement ne peut être considéré comme une pratique anodine. Nous devons le mettre en œuvre avec discernement. Le soutien des populations est en effet une solution de dernier recours, elle correspond bien souvent à une demande des pêcheurs qui souhaite prendre du poisson régulièrement et abondamment. Les notions indispensables à définir avant tout alevinage sont : le lieu, le stade et la quantité. Le stade de développement auquel les truites sont introduites est capital et doit être réfléchi. Ce choix dépend directement de la phase vitale qui est difficile ou impossible à réaliser (éclosion, croissance, reproduction) et des facteurs limitants qui lui sont associés. En effet, il est inutile de déverser des truitelles de l année (TRF 0+) sur un cours d eau ou la croissance est problématique (par exemple sur un cours d eau où la température estivale est trop élevée pour permettre leur survie). De même qu il serait inutile de déverser des alevins à résorption ou des boites Vibert sur un secteur où le colmatage des fonds est avéré (asphyxie des œufs, ou des alevins). Le lieu de repeuplement est aussi une notion très importante : il faut bien sûr les introduire sur des secteurs où la capacité d accueil est suffisante et où le secteur correspond le mieux au stade de développement de la truite (hiérarchie longitudinale des cours d eau : les truites 7

dévalent au fur et à mesure de leur croissance pour rejoindre des sites plus propices à leur développement et correpondant à leurs exigences vitales). Enfin, la troisième notion clé est le nombre d individus : il faut savoir avant tout que c est la capacité d accueil qui fixe le nombre d individu, et que c est la mortalité qui régule la proportion biomasse/capacité d accueil. Cela signifie par exemple que sur un secteur susceptible d accueillir 200 individus juvéniles, il est inutile et coûteux d en déverser 500, en sachant que 300 ne trouveront pas l habitat nécessaire à leur survie : ils mourront inévitablement. De plus, dans un souci de préservation du patrimoine et de meilleure adaptabilité des truites à leur nouveau milieu (souvent beaucoup plus exigeant que leur milieu de naissance), il est indispensable lorsque cela est possible, de privilégier un soutien piscicole avec des populations de souche autochtones, si possible une souche originelle de la rivière (issu du réservoir biologique de la rivière). Cependant, cette pratique nécessitera au préalable une analyse génétique des individus susceptible d être déplacés. Le recours au repeuplement doit intervenir uniquement dans des cas extrêmes comme une importante mortalité due à une pollution accidentelle ou un assec artificiel très sévère, ou sur des milieux subissant de très importants dysfonctionnements. Cette opération ne doit pas avoir lieu de façon anodine car elle comporte un certain nombre de risques sur pour les populations autochtones : - surmortalité, - introgression, - perte de la diversité écologique, donc du patrimoine, - diminution de la faculté d adaptation aux exigences et aux variations du milieu, - introduction de maladies, - augmentation de la compétition intraspécifique, - augmentation du cannibalisme. 8

AMENAGEMENTS PISCICOLES Le PDPG préconise des actions en faveur des milieux aquatiques, qui dépendent directement des facteurs limitants rencontrés. Il faut parfois peu de choses pour améliorer la biomasse d un cours d eau. Cependant, il arrive fréquemment que les facteurs limitants soient liés à des perturbations difficiles à enrayer (comme par exemple la qualité de l eau ou la ressource en eau). Il est en effet inutile de réaliser un aménagement si le résultat escompté est nul ou s il n apporte pas d efficacité notable. Il convient d ailleurs pour chaque aménagement que soit évalué le rapport coût/efficacité, et qu un suivi (avant et après travaux) soit réalisé. Travailler à une échelle cohérente est indispensable, car tout aménagement ou ouvrage réalisé sur un cours d eau a un impact (même minime) sur le reste du cours d eau, aussi bien en amont qu en aval, mais également sur les affluents de celui-ci. Il est donc nécessaire de travailler à l échelle du bassin versant. Cependant, ce genre de pratique reste très expérimental, il n y a en effet pas énormément de retour d expérience et il est de plus très difficile de prévoir l impact réel d un aménagement sur les populations en place. De plus, il faut parfois faire face à certains imprévus. Les aménagements possibles à réaliser afin d améliorer l habitat piscicole et/ou les secteurs favorables à la reproduction peuvent être divers, et doivent être le mieux adaptés aux différentes conditions locales : - Seuils piscicoles : il permet de rehausser la lame d eau en amont (ce qui permet une reconnexion des caches de sous-berge) et de maintenir les matériaux. Il permet de plus de créer une fosse de dissipation à l aval, et d augmenter ainsi considérablement la capacité d accueil. Il peut créer également des zones de frayères à l aval, en fin de mouille. Il est en général réalisé à l amont immédiat de systèmes racinaires, pour d une part constituer des caches supplémentaires et d autre part de protéger l ouvrage contre les érosions transversales. - Déflecteurs, épis : ils permettent de protéger les pieds de berge, et de favoriser la diversification des écoulement, donc des faciès granulométriques, donc de l habitat, augmenter la lame d eau, réduire la largeur mouillée, stocker ponctuellement les sédiments,. - Frayères artificielles : création de placettes avec des matériaux et sur un milieu adaptés aux exigences de reproduction de l espèce, ces placettes doivent être maintenues, en général par la création de petits seuils de calage, - Génie végétal : - Blocs rocheux : Ils sont posés dans le lit mineur et permettent de diversifier les écoulements et donc les faciès granulométriques, ainsi que l habitat. Il permet également ponctuellement de rehausser légèrement la lame d eau. 9

- Franchissabilité d un ouvrage : seuils successifs, échancrure et fosse d appel, blocs rocheux,. Ces aménagements doivent être bien réfléchis, notamment savoir si l infranchissable est réellement problématique ou non (rapport coût/efficacité). Cela passe donc par une étude locale des populations (Comptage de frayères, habitats, ). - Réduction de la largeur du lit : pour être efficace, cette opération doit permettre de diminuer la largeur d environ 2/3. - Méandrage : Il s agit d un phénomène naturel que l on retrouve sur les cours d eau. Ils sont préconisés sur des secteurs qui ont été rectifiés. - Végétalisation des berges : zone tampon indispensable au fonctionnement naturel d un cours d eau, création d ombrages, de systèmes racinaires, - Mise en place d abris de sous berge : Ces aménagements ne sont pas exhaustifs, de plus il arrive très fréquemment que sur un même site, plusieurs de ces interventions soient réalisées simultanément (ex : Réduction de la largeur mouillée avec méandrage, génie végétal et création de caches). 10

METHODOLOGIE Afin d optimiser la gestion des milieux, il est important d avoir en main un maximum d informations, qu elles portent sur le fonctionnement du milieu, ses perturbations, mais aussi sur l historique, La gestion piscicole nécessite donc l action combinée des pêcheurs, véritables sentinelles de nos rivières, des bénévoles des associations de pêche qui ont une très bonne connaissance de terrain et d historique de leur domaine et de professionnels de gestion des milieux (FD 26, ONEMA, Syndicats de rivières, ) afin d optimiser l efficacité des investigations. De plus, chaque contexte est particulier et nécessite une réflexion locale : c est le but des PGP, déclinaisons locales du PDPG à l échelle des domaines de gestion des AAPPMA. Ils permettent de définir une organisation de la gestion en fonction des préconisations du PDPG, des demandes des AAPPMA, du contexte local, de l expérience acquise en termes de gestion,. Ils consistent à définir selon ces paramètres, le type de gestion à pratiquer, le plan d alevinage à effectuer, les aménagements à réaliser, les suivis, etc. Ces PGP seront mis en place par les AAPPMA avec l aide technique de la Fédération Départementale. Pour chaque opération, un suivi précis sera réalisé : bilan avant travaux (peuplements, photos), pendant (déroulement, photos), et après les travaux (peuplements, évolution, photos). Deux cas se présenteront : - Contextes en GP : déterminer les points de suivi, réaliser un suivi régulier des populations, réaliser des aménagements légers, - Contextes en GPD : déterminer les cours d eau où une GP peut être réalisée, déterminer les aménagements à réaliser (en fonction des facteurs limitants), déterminer la nature et les objectifs des repeuplements à réaliser (halieutisme, soutien), tendre vers une gestion patrimoniale, Ces PGP seront mis en place à partir de 2009. Un inventaire est en cours de réalisation et un 1 er échange a d ores et déjà été réalisé entre la FD et les AAPPMA afin de réaliser un état des lieux.... Leur mise en place prendra du temps, il est donc indispensable de fixer des priorités à ces plans de gestion, notamment concernant les programmes d actions et le réajustement des plans d alevinage. Certains dysfonctionnements (rejets urbains, agricoles, prélèvements,...) nécessitent des actions plus globales, et des compétences spécifiques en termes de gestion intégrée des milieux. Ces actions sont également préconisées par le PDPG (en réponse aux facteurs limitants identifiés), mais sont du ressort des syndicats de rivières ou autres collectivités territoriales, ayant mis en place des outils de gestion tels que des contrats de rivières ou des SAGE. 11

D où la nécessité de la Fédération et des AAPPMA de travailler en collaboration avec eux, notamment pour la réalisation du volet piscicole et la participation active à divers comités de pilotages (concernant des actions touchant de près à la qualité et à la ressource en eau). Les pêcheurs sont en effet des acteurs incontournables de la gestion des milieux aquatiques. Ces outils permettent de plus de rassembler des fonds nécessaires à des interventions souvent très coûteuses. 12