art nouveau & art déco dossier thématique



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Transcription:

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Au terme d une période faste pour les styles «néo», à la fin du XIXe siècle, certains portent un regard nouveau sur l architecture et les arts appliqués. Dans un premier temps, cette pensée s exprime dans l Art nouveau. Le style Art nouveau a été posé sur les fonts baptismaux en 1893 à Bruxelles, par deux architectes : Victor Horta, dont l approche stylistique est organique, florale, et Paul Hankar, dont la démarche est géométrique. Cette forme d art total a dominé tous les domaines jusqu en 1914 environ : l architecture, l ameublement, les tapis, les objets décoratifs et les ornementations. Il s érige en réaction à l industrialisation galopante à l époque, raison pour laquelle les motifs sont, dans une très large mesure, inspirés de la nature. Aussi soudain que bref, ce mouvement a toutefois exercé une influence telle qu il a rapidement jouit d une notoriété internationale et qu il donne aujourd hui à Bruxelles le titre de «Capitale européenne de l Art nouveau». Dans le sillage de la Première Guerre mondiale, des tendances plus rationnelles apparaissent. Pendant les Années folles et les années trente, deux courants architecturaux et leurs différentes variantes cohabitent : l Art Déco et le Modernisme. S il est vrai que l Art Déco perpétue l aspect décoratif de l Art nouveau, son style est toutefois plus épuré et s exprime par des lignes géométriques et des motifs stylisés, alors que les matériaux utilisés sont à la fois traditionnels et modernes. Quant au Modernisme, plus radical, il fait table rase de toutes les ornementations et références aux styles antérieurs. Il recherche la fonctionnalité, le confort et le renouvellement spatial en recourant à de nouveaux matériaux et techniques. Bruxelles peut s enorgueillir de posséder de beaux exemples de tous ces styles et de leurs transitions. 1. L ART NOUVEAU À BRUXELLES 2. PROMENADE AU CŒUR DE L ART NOUVEAU: QUELQUES DEMEURES REMARQUABLES 3. BRUXELLES PENDANT L ENTRE-DEUX-GUERRES: ART DÉCO 4. PROMENADE AU COEUR DE L ART DÉCO: QUELQUES DEMEURES REMARQUABLES 5. DEUX PROTAGONISTES: VICTOR HORTA & HENRY VAN DE VELDE 6. MUSÉE 7. EXPOSITIONS ET ÉVÉNEMENTS 8. VISITES GUIDÉES 9. MAGASINS ET ANTIQUAIRES 10. RESTAURANTS 11. DIVERS 12. CONTACTS WWW.VISITBRUSSELS.BE

1. L ART NOUVEAU À BRUXELLES La première et la dernière construction issues du mouvement Art Nouveau furent réalisées à Bruxelles. La maison Tassel construite par Victor Horta en 1893 et le Palais Stoclet terminé peu avant la Première Guerre mondiale. Deux tendances sont ainsi réunies à Bruxelles : la ligne organique de Victor Horta, inspirée par la nature, et la ligne géométrique de Joseph Hoffmann. Entre 1893 et 1914, près de 500 demeures furent érigées dans un style Art Nouveau. Plusieurs architectes y ont construit leur maison : Victor Horta, Henry van de Velde, Paul Hankar, Gustave Strauven et Paul Cauchie. L Art Nouveau trouve sa véritable origine dans une nouvelle façon de penser et de vivre alors que le modèle de société du 19e siècle n était plus accepté. Le peuple désirait une libération dans tous les domaines : sociaux, économiques, philosophiques et culturels. Le mouvement artistique Art Nouveau issu de cette réorientation morale est difficile à déterminer avec précision, toutefois les traductions linguistiques spontanées évoquent toutes l idée de nouveauté, jeunesse, modernité et liberté. L architecture Art Nouveau n est qu un des aspects de ce mouvement, mais c est dans ce domaine qu il fut le plus remarquable. A la fin du 19e siècle, Bruxelles était une plaque tournante de l art grâce notamment au cercle artistique «Groupe des XX», rebaptisée par la suite «La Libre Esthétique», fondée par Octave Maus et dont certains membres n étaient autres que Henry van de Velde et Auguste Rodin. Ce groupe était ouvert à toutes les formes d art internationales et en faisait la promotion au travers d expositions, concerts et conférences. Ces confrontations artistiques et culturelles combinées aux idées de liberté et démocratie de l époque engendreront la recherche d une nouvelle expression architecturale. Plusieurs styles seront alors expérimentés mais le plus remarquable sera sans conteste celui qu on qualifiera plus tard d Art Nouveau. Les architectes de ce langage architectural sont Horta, Hankar, van de Velde, van Rysselberghe, Blérot, Delune, Strauven, Taelemans, Van Waesberghe, Roosenboom, Jacobs et Vizzavona. Chacun avait un style propre, ce qui a considérablement enrichi le paysage bruxellois. Source : «Promenades Art Nouveau à Bruxelles» de Louis Meers, éditions Racine 3

2. PROMENADE AU CŒUR DE L ART NOUVEAU : QUELQUES DEMEURES REMARQUABLES INUTILE DE VOUS DÉCRIRE L ENSEMBLE DES BÂTISSES ART NOUVEAU PRÉSENTES DANS LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE. CI-DESSOUS UN ÉCHANTILLON DES BÂTISSES LES PLUS REPRÉSENTATIVES DE L ART NOUVEAU. CENTRE DE BRUXELLES LES ANCIENS MAGASINS WAUCQUEZ, DEVENUS CENTRE BELGE DE LA BANDE DESSINÉE (ouvert au public) Architecte : Victor Horta - 1903/1906 La façade incurvée est relativement sobre et marque une seconde période plus classique dans l œuvre Art Nouveau de Victor Horta. A l intérieur, un hall d entrée prestigieux mène à un escalier monumental. Il est illuminé par une vaste verrière éclairant le premier étage ainsi que le rez-de-chaussée. Les anciens magasins Waucquez abritent aujourd hui le Centre belge de la BD. De sa naissance jusqu à aujourd hui en passant par la vie du magasin de la rue des Sables, sa chute et sa rénovation, la nouvelle exposition permanente du CBBD propose de découvrir à partir de photographies et de documents exceptionnels, une aventure bruxelloise symbolique du 20e siècle. L exposition propose également un choix d illustrations d auteurs de BD inspirés par le destin des anciens magasins Waucquez. C est l histoire d un magasin comme on n en fait plus. Rue des Sables 20, 1000 Bruxelles visit@cbbd.be www.cbbd.be JARDIN D ENFANTS Architecte : Victor Horta - 1895/1899 Cette école maternelle fut commandée par le bourgmestre Charles Buls à Victor Horta. La façade en pierre est rythmée par des bandeaux clairs et foncés. Les piliers et le clocheton donnent à l ensemble une allure gothique. A remarquer également, l auvent vitré de la porte d entrée. A l intérieur, l architecte réalisa une fine charpente métallique supportant la verrière du préau. Rue Saint-Ghislain 40, 1000 Bruxelles L OLD ENGLAND DEVENU MUSÉE DES INSTRUMENTS DE MUSIQUE (ouvert au public) Architecte : Paul Saintenoy - 1898/1899 Ce type de grand magasin vitré, ouvert à la rue pour susciter l achat, se répand à l époque dans la plupart des capitales. Paul Saintenoy, qui réalisa peu de bâtiments Art Nouveau, crée pourtant ici une œuvre caractéristique de ce style où les éléments décoratifs expriment leur rôle constructif. Rue Montagne de la Cour 2, 1000 Bruxelles info@mim.be www.mim.be 4

DEVANTURE DU MAGASIN MARJOLAINE Architecte : Léon Sneyers - 1904 Pour dessiner cette petite vitrine, Léon Sneyers utilise son motif de prédilection : le cercle -plus ou moins concentrique- donnant naissance à une verticale. Rue de la Madeleine 7, 1000 Bruxelles ANCIENS MAGASINS WOLFERS AUJOURD HUI TRANSFORMÉS EN AGENCE BANCAIRE Architecte : Victor Horta - 1909/1912 Réalisé pour les orfèvres et sculpteurs Wolfers, Victor Horta retourne à une conception plus tempérée de l Art Nouveau. Le métal a disparu de la façade. Les vitrines réalisées par Horta sont conservées aux Musées royaux d Art et d Histoire. Rue d Arenberg 11-13, 1000 Bruxelles QUARTIERS LOUISE ET ÉTANGS D IXELLES ENSEMBLE ART NOUVEAU Architecte : Ernest Blérot - 1900 Un des grands ensembles architecturaux construits par Ernest Blérot à Ixelles. Il assure l individualité de chaque maison en jouant sur la diversité des éléments. Malgré cela une grande homogénéité se dégage de cet ensemble. Rue Saint-Boniface 15-17-19-20-22, 1050 Bruxelles VITRAIL «LA VAGUE» L architecte Paul Saintenoy demanda à Privat Livemont de dessiner un carton pour un vitrail exécuté ensuite par Raphaël Evaldre pour l hôtel particulier qu il venait d acquérir. Ce vitrail illustre le thème de la vague : une jeune femme face à la mer. Les vagues et l abondante chevelure se développent en arabesques typiques de l Art Nouveau. Rue de l Arbre Bénit 123, 1050 Bruxelles HÔTEL MAX HALLET Architecte : Victor Horta - 1903/1904 Hôtel de maître datant de 1904, exécuté d après les plans de Victor Horta et offrant une symphonie de couleurs, volutes et lumières qui enchantent les cœurs et font briller les yeux. L avocat Max Hallet le fit construire afin de recevoir ses amis et clients dans un cadre somptueux. Victor Horta l exécuta à l image de son occupant agençant pièces d habitation et lieux de réception. Avenue Louise 346, 1050 Bruxelles 5

HÔTEL SOLVAY Architecte : Victor Horta - 1895/1898 Cette demeure luxueuse fut construite par Victor Horta en 1894 pour le fils de l industriel Ernest Solvay. L architecte reçut carte blanche et conçut l intérieur et le mobilier jusque dans les moindres détails. Sur la façade, deux bow-windows symétriques s élèvent sur deux étages et sont surmontés de balcons. A l intérieur, c est un feu d artifices visuel. La gamme des tons rougeorange renforce l atmosphère de luxe et de confort. A voir absolument. Avenue Louise 224, 1050 Bruxelles T : +32 (0)2 640 56 45 info@hotelsolvay.be www.hotelsolvay.be HÔTEL TASSEL Architecte : Victor Horta - 1893/1894 Première maison Art Nouveau qui fut construite en 1893 par Victor Horta. L hôtel Tassel servi de modèle pour bien d autres constructions. Sa façade n est pas extravagante et s intègre donc parfaitement avec l environnement architectural. La grande innovation apportée par cette demeure est sans aucun doute la position centrale de la porte. L oriel est entourée d une balustrade en fer forgé aux volutes Art Nouveau, la balustrade du balcon est quant à elle plus sobre. L intérieur de l Hôtel Tassel est très représentatif du style d Horta : lumineux, spacieux, aéré et adaptable. Il articule l espace autour d un hall-escalier central. La ligne Art Nouveau serpente sur tous les murs, sols, fers forgés et vitraux. Rue Paul-Emile Janson 6, 1050 Bruxelles HÔTEL CIAMBERLANI Architecte : Paul Hankar - 1897 Construite par Paul Hankar en 1897, la façade est composée de divers matériaux: métal, briques, pierres naturelles. Elle témoigne d une originalité et d un refus délibéré de la norme de construction traditionnelle. Paul Hankar y développe le thème de la maison d artiste. Les deux vastes fenêtres en forme de fer à cheval constituent une innovation. Des sgraffites décorent la majeure partie de la façade. C est Albert Ciamberlani, le maitre d œuvre également peintre, qui les a conçus. Rue Defacqz 48, 1050 Bruxelles HÔTEL OTLET Architecte: Octave van Rysselberghe - 1894/1898 Cet extraordinaire hôtel particulier est accolé, sous une même façade à une petite habitation pour artiste. De style Art Nouveau, il est conçu entre 1894 et 1898, sur les plans de l architecte Octave van Rysselberghe, Henry van de Velde étant chargé de l ornementation et ameublement intérieur, à l exception de l escalier. La façade de ce bâtiment d angle se caractérise par une alternance et variété des éléments en saillie placés de manière asymétrique. Rue de Florence 13 et rue de Livourne 48, 1050 Bruxelles MAISON DU COMTE GOBLET D ALVIELLA Architecte : Octave van Rysselberghe - 1882 Cette construction est antérieure à l Art Nouveau et surprend par son ornementation gréco-romaine. Pour la première fois à Bruxelles, des sgraffites occupent une place majeure dans la composition de la façade. Le comte Goblet d Alviella, le commanditaire, avait des goûts très extravagants. La frise en sgraffite représente Neptune régnant sur la mer. Au premier étage, les fenêtres encadrent un médaillon de Julien Dillens. Le dernier étage est structuré par une colonnade. Rue Faider 10, 1060 Bruxelles 6

ANCIENNE MAISON PERSONNELLE D OCTAVE VAN RYSSELBERGHE Architecte : Octave van Rysselberghe - 1912 Achevée en 1912, lorsque le mouvement Art Nouveau s essouffle, cette maison est beaucoup plus rationnelle et sobre que ce à quoi on pourrait s attendre. Son propriétaire n est autre que son créateur, l architecte Octave van Rysselberghe. Rue de Livourne 83, 1050 Bruxelles ANCIENNE MAISON PERSONNELLE DE PAUL HANKAR Architecte : Paul Hankar - 1893 Façade austère et verticale dominée par un impressionnant oriel de deux niveaux encadrés de lourds montants en pierre bleue. Celles-ci reposent sur deux consoles imposantes décorées de motifs de scorpions et de scarabées en relief. Le fer est très présent : sur les balcons, les corniches, La peinture et la sculpture agrémentent la façade. Rue Defacqz 71, 1050 Bruxelles HÔTEL WINSSINGER DEVENU LA GALERIE PARIS-BEIJING Architecte : Victor Horta - 1897 La Galerie Paris-Beijing est située dans l hôtel Winssinger construit par Victor Horta en 1897. La galerie se consacre à la découverte et à la promotion d une nouvelle génération de photographes asiatiques dans le but de créer une passerelle artistique entre l orient et l occident. Après Pékin et Paris, la galerie Paris-Beijing s est à présent installée à Saint-Gilles. Rue de l Hôtel des Monnaies 66, 1060 Bruxelles www.galerieparisbeijing.com LE QUARTIER DES SQUARES ET LE QUARTIER DU CINQUANTENAIRE (À PROXIMITÉ DU QUARTIER EUROPÉEN) HÔTEL VAN EETVELDE Architecte: Victor Horta - 1895/1897 En 1895, Edmond van Eetvelde, secrétaire d État de Léopold II, chargé de l administration du Congo, donne à Victor Horta la mission de construire sa maison. Horta lui présenta son plan le plus audacieux. Le fer est utilisé de manière provocante sur la façade. Il est omniprésent. L intérieur est le reflet de l inventivité sans limite de Horta. La cage d escalier est surmontée d une coupole composée de magnifiques vitraux aux motifs Art Nouveau. Ce puits de lumière naturelle illumine la demeure. En 1899, l architecte agrandit l hôtel d une travée vers l angle de l avenue et conçut, au n 2, un immeuble destiné à la location. Enfin, en 1901, Horta ajouta une travée de l autre côté de l hôtel. L ensemble résume, en 3 étapes, l évolution du style de l architecte, de 1895 à 1901. Avenue Palmerston 4, 1000 Bruxelles MAISON VAN DYCK Architecte : Gustave Strauven - 1901 La façade de 7,6 mètres de largeur s articule en deux travées, la partie gauche se termine par un pignon de type gothique tandis que la partie de droite est plus évidée pour laisser place à des terrasses. Les balcons des premier et deuxième étages sont reliés par une pièce métallique décorative. Boulevard Clovis 85, 1000 Bruxelles MAISON SAINT-CYR Architecte : Gustave Strauven - 1900/1903 L architecte Gustave Strauven, élève de Victor Horta, construisit l hôtel en 1903. La façade étroite n a que 4 mètres de large et est l une des plus extravagantes réalisations Art Nouveau du patrimoine bruxellois. La loggia circulaire surmontée d un pignon en fer forgé proche du style baroque, est sans aucun doute l un des éléments les plus étonnants de la façade. Un aspect féerique se dégage de cette habitation où architecture et ornement se confondent. Square Ambiorix 11, 1000 Bruxelles 7

PAVILLON DES PASSIONS HUMAINES (ouvert au public de mars à octobre) Architecte : Victor Horta - 1899 Construit pour abriter le bas-relief sulfureux de Jef Lambeaux, le pavillon est de style néoclassique. Jeune architecte, Victor Horta y applique déjà son grand principe : la continuité entre les éléments. Ainsi le soubassement de l édicule est relié au sol et la base des colonnes se confond avec le pavement. Parc du Cinquantenaire, 1000 Bruxelles www.kmkg-mrah.be MAISON-ATELIER DE PAUL CAUCHIE (ouvert au public tous les premiers week-ends du mois) Architecte : Paul Cauchie - 1905 Cette maison valorise le savoir-faire de l architecte et lui permet d attirer l attention et, dès lors, de diffuser et vendre son œuvre. Ici, l originalité réside dans la synthèse entre architecture et décoration picturale. L intérieur est entièrement dessiné par l architecte et incarne l idée d œuvre d art totale. Rue des Francs 5, 1040 Bruxelles info@cauchie.be www.cauchie.be PALAIS STOCLET Architecte : Joseph Hoffman - 1906/1911 Cette luxueuse propriété fut construite en 1911 par l architecte viennois Joseph Hoffmann. L extérieur de l édifice est entièrement revêtu de marbre blanc encadré d une moulure dorée et est unique en son genre à Bruxelles (non accessible). Ce vaste bâtiment aux surfaces planes fut construit à une période où l apogée de l Art Nouveau appartenait déjà au passé. Le Palais Stoclet ouvre la voie à une nouvelle esthétique, plus sobre et dépouillée, appelée l Art Déco, marquée par l agencement de volumes simples et l absence d ornement. Avenue de Tervuren 281, 1150 Bruxelles CHÂTEAU DELUNE Architecte : Léon Delune - 1904 Dernier vestige de l exposition universelle de 1910, les Belges purent y entendre pour la première fois du ragtime. Travail de l architecte Léon Delune, cette demeure est coiffée d une tour carrée à ample toiture, couronnée d un aigle en bronze doré, et embellie des sgraffites du célèbre Paul Cauchie. Avenue Franklin Roosevelt 86, 1050 Bruxelles 8

SAINT-GILLES ET FOREST MAISON PRIVÉE ET ATELIER DE VICTOR HORTA DEVENU MUSÉE HORTA (ouvert au public) Le musée Horta est établi dans la maison personnelle et l atelier de l architecte. Construits entre 1898 et 1901, les deux bâtiments sont caractéristiques de l Art Nouveau à son apogée. La maison a conservé en grande partie sa décoration intérieure: mosaïques, vitraux, mobilier, peintures murales composent un ensemble harmonieux et raffiné dans le moindre détail. Le musée est également un centre de recherches sur Victor Horta et l Art Nouveau. Les archives personnelles de l architecte, une collection de plans de ses bâtiments et la bibliothèque, sont ouvertes au public sur rendez-vous. Rue Américaine 25, 1060 Bruxelles T : +32 (0)2 543 04 90 info@hortamuseum.be www.hortamuseum.be HÔTEL HANNON C est en 1902 que l ingénieur Edouard Hannon (1853-1931) fit appel à son ami l architecte Jules Brunfaut (1852-1942) pour édifier ce bel hôtel de maître de style Art Nouveau. La façade courbe allie des lignes convexes et concaves avec de nombreux décrochements. L angle est orné du bas-relief «la fileuse». Avenue de la Jonction 1, 1060 Bruxelles MAISON LES HIBOUX Architecte : Edouard Pelseneer - 1899 Le sgraffite sur l imposte de la porte représente deux hiboux dont les figures sculptées trônent aussi sur les acrotères de la maison. Les fenêtres circulaires, les baies et les boiseries sombres rappellent le regard du rapace nocturne. Avenue Brugmann 55, 1050 Bruxelles 9

EXTENSION DU MUSÉE CHARLIER (ouvert au public) Architecte : Victor Horta - 1890/1893 En 1890, le mécène Henri Van Cutsem (1839-1904) hérite d un hôtel de maître de style néoclassique. Pour mettre en valeur ses collections d arts, Van Cutsem en confie l extension et la transformation des écuries et des annexes à un jeune architecte encore inconnu : Victor Horta. Celui-ci réalise alors deux galeries surmontées de verrières en métal et une nouvelle façade rue de la Charité. Ces travaux amorcent les innovations que l on retrouvera par la suite dans l œuvre du maître de l Art Nouveau : fluidité et transparence des espaces intérieurs, usage et affirmation du métal apparent dans l habitation privée, fruit à la base des façades qui leur confère une illusion organique En 1928 l hôtel particulier prend le nom de Musée Charlier en souvenir du sculpteur Guillaume Charlier (1854-1925), légataire universel de Van Cutsem, qui en fit don avec ses collections d œuvres d art à la Commune. En 1993, le musée est classé comme monument historique par la Région de Bruxelles-Capitale. Avenue des Arts 16, 1210 Bruxelles T : +32 (0)2 220 26 91 info@charliermuseum.be www.charliermuseum.be AUTRES MAISON AUTRIQUE (ouvert au public sur demande) Architecte : Victor Horta - 1893 La Maison Autrique est un jalon important de l histoire de l Art Nouveau bruxellois car elle annonce le style et précède de peu l hôtel Tassel, considéré comme le manifeste de l Art Nouveau. Elle a fait l objet d une restauration exemplaire. Ouverte au public, elle permet à chacun de mieux saisir l intérêt historique et esthétique des vieilles demeures bruxelloises. Lors de votre visite, vous découvrirez des espaces d exposition, une petite librairie thématique et une scénographie originale signée Benoît Peeters et François Schuiten. Chaussée de Haecht 266, 1030 Bruxelles T : +32 (0)2 215 66 00 info@autrique.be www.autrique.be ANCIEN HÔTEL COHN-DONNAY DEVENU DE ULTIEME HALLUCINATIE (ouvert au public) Architecte : Paul Hamesse - 1904 Paul Hamesse fut chargé par la famille Cohn-Donnay de transformer et réaménager cet immeuble datant de 1830. Il modifie la façade néo-classique en ajoutant un bow-window au graphisme géométrique. A l intérieur, l architecte allie les différentes tendances de l Art Nouveau. On retrouve des éléments empruntés à l école de Glasgow, à la Sécession viennoise et certains motifs annoncent déjà l Art Déco. Rue Royale 316, 1210 Bruxelles ANCIENNE CHEMISERIE NIGUET- CRÉATEUR FLORAL DANIEL OST Architecte : Paul Hankar-1896 Cette vitrine monumentale en acajou est intégrée dans un bâtiment néoclassique. On perçoit ici une influence moins géométrique que figurative. Le jeu des lignes rappelle les ramures d un cerf. A l intérieur, des rénovations ont dégagé de très belles fresques d Adolphe Crespin au plafond. Daniel Ost, architecte et créateur floral connu mondialement, y a installé sa boutique. Il a le talent unique de voir la vie au travers des fleurs et utilise son art et sa passion pour créer des œuvres d une beauté absolue. Ce Belge des temps modernes a pris à contre-pied la logique des anciens maîtres du genre, et a permis de donner vie à des arrangements semblant jusqu alors impossibles. Rue Royale 13, 1000 Bruxelles T : +32 (0)2 217 29 17 info@danielost.be www.danielost.be Sources Voir et Dire Bruxelles + «Promenades Art Nouveau à Bruxelles» de Louis Meers 10

3. BRUXELLES PENDANT L ENTRE-DEUX-GUERRES: ART DÉCO Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l Art Déco succède à l Art Nouveau en perpétuant l aspect décoratif mais avec des formes plus géométriques, s orientant vers l abstraction, et, progressivement, plus sobres. L Art Déco, dont le vocable fait référence à l Exposition des Art décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925, s applique tant à l architecture qu à la décoration intérieure et touche tous les milieux sociaux. L Art Déco affirme ses emprunts à d autres styles, d autres cultures. En Belgique, par exemple, le Congo constitue une source d inspiration importante. L esthétique des paquebots se révèle également très inspiratrice. Parallèlement se développe un courant moderniste qui, au contraire de l Art Déco, et pour ses représentants les plus radicaux, rejette toute idée d ornement, toute référence à des styles plus anciens. Les modernistes sont soucieux de construire de manière rationnelle et économique et d offrir des réponses aux problèmes du logement des plus démunis. Cela se traduit, durant les années 1920, par la construction de toute une série de cités-jardins dans la banlieue de Bruxelles. L entre-deux-guerres constitue une période intense en matière de construction. De nombreux ensembles voient le jour dans les communes de la deuxième couronne : Uccle, Forest, Schaerbeek, Woluwe-Saint-Lambert, Koekelberg... L avenue Franklin Roosevelt offre également une belle continuité de constructions de l entre-deux-guerres. 4. PROMENADE AU COEUR DE L ART DÉCO: QUELQUES DEMEURES REMARQUABLES LE PALAIS DES BEAUX-ARTS DEVENU BOZAR (ouvert au public) Architecte: Victor Horta, 1922-1928 Victor Horta entreprend les plans du Palais des Beaux-Arts peu après la Première Guerre mondiale. Le bâtiment, Art Déco, fait alors partie intégrante d un projet urbanistique concernant tout le Mont des Arts. Le plan audacieux de Horta suscite pas mal de remous. La Ville de Bruxelles cède tout de même une parcelle irrégulière de 8000 m². En échange, des magasins doivent occuper les façades à rue. Dans ses Mémoires, Horta réagit vertement à cette exigence: ««Palais»? non pas dans ma pensée : simple maison d art, car je ne pouvais consentir à appeler de ce nom une construction dont le principal des façades était occupé par des magasins.» Une autre servitude conditionne le futur bâtiment: l interdiction de cacher la vue s offrant depuis le Palais Royal. Aujourd hui, le Palais des Beaux-Arts, rebaptisé BOZAR, reste un haut lieu de la vie culturelle et artistique à Bruxelles. Une rénovation complète de l intérieur a permis à l édifice de retrouver son aspect original, tel qu il avait été conçu par le maître Horta. Des visites sont organisées ( De Horta à Horta ) et permettent de redécouvrir des parties du palais jusqu alors interdites au grand public. Rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles T : +32 (0)2 507 84 30 info@bozar.be www.bozar.be GARE CENTRALE Architecte: Victor Horta, 1937-1952 Ce bâtiment fonctionnaliste est la dernière œuvre de Victor Horta. Il est un exemple remarquable d une architecture à la fois sobre et fonctionnelle érigée en pierre blanche. L ornementation classique et Art Déco rappelle le Palais des Beaux-Arts. L architecte Maxime Brunfaut a terminé l œuvre après le décès de Victor Horta en 1947. Carrefour de l Europe, 1000 Bruxelles 11

ANCIENS MAGASINS VANDERBORGHT Architectes: Léon E. Govaerts et Alexis Van Vaerenbergh, 1932-1935 En 1920, les frères Vanderborght créent une entreprise de décoration et d ameublement dont le succès est immédiat. Rapidement, l entreprise compte plusieurs magasins et ateliers de production en Belgique. Les frères Vanderborght font alors appel aux architectes Léon E. Govaerts et Alexis Van Vaerenbergh pour la construction de magasins spacieux et modernes rue de l Écuyer. L immeuble de cinq niveaux plus un étage en retrait est très fonctionnel et dépouillé de toute décoration superflue. Rue de l Écuyer 48-52, 1000 Bruxelles ANCIENNES IMPRIMERIES DU JOURNAL «LE PEUPLE» (ouvert au public) Architectes: Fernand et Maxime Brunfaut, 1931-1932 En 1905, Richard Pringiers se voit confier la mission de construire un complexe pour accueillir l imprimerie, les ateliers et les bureaux de rédaction du quotidien «Le Peuple». Il en résulte le bâtiment Art nouveau situé rue des Sables 33-35. En 1923, le même architecte réalise une extension rue Saint-Laurent qui fut remplacée, en 1931, par l imprimerie fonctionnaliste de Fernand et Maxime Brunfaut (rue Saint-Laurent 36-38), elle-même agrandie en 1936-1937 (rue Saint-Laurent et rue des Sables 29). Rue Saint-Laurent 36-38 et rue des Sables 29 & 33-35, 1000 Bruxelles www.marc-sleen.be IMMEUBLE CITROËN Architectes: Alexis Dumont et Marcel Van Goethem, 1933-1934 Au début des années 1930, Citroën fait construire sur ce site un des plus grands centres automobiles d Europe. Il était consacré à la fois la vente et à l entretien des voitures, et son équipement était digne des show-rooms américains. Ce bâtiment gigantesque est réalisé en verre et en acier, et couvre une superficie de pas moins de 16 500m². Place de l Yser 7, 1000 Bruxelles KAAITHEATER Architecte: Marcel Driesmans, 1929-1932 Entre 1929 et 1932, l immeuble La Luna a été construit sur l ancien site d un lunapark. Transition entre les styles Art Déco et Moderniste, le complexe comprenait, outre une salle de théâtre, 42 appartements et un café. Dans l aile latérale, le long du canal, se trouvait un café, une salle de réunion, une buvette, des bureaux pour la direction et 24 bureaux privés. L immeuble témoigne d une vision urbanistique très intéressante en fusionnant les logements, le travail et la détente sur un seul site. Restauré, le complexe accueille depuis 1993 les productions du Kaaitheater. Square Sainctelette 20 et quai des Péniches 4, 1000 Bruxelles www.kaaitheater.be HÔTEL WIELEMANS Architecte: Adrien Blomme, 1926 Maison de maître en Art Déco aux influences mauresques, conçue pour Léon Wielemans, industriel, administrateur délégué des Établissements Wielemans et futur bourgmestre de Forest. Rue Defacqz 14, 1000 Bruxelles HÔTEL PLAZA Architectes: Michel Polak et Alfred Hoch, 1928-1931 Les architectes se seraient inspirés de l hôtel Georges V à Paris pour créer cet impressionnant complexe de style Art Déco. La salle de cinéma de 1 300 places est une des rares salles de l époque a avoir conservé son décor d origine. Boulevard Adolphe Max 118-126, 1000 Bruxelles 12

BÂTIMENT FLAGEY (Ancien Institut national de radiodiffusion, I.N.R.) Architecte: Joseph Diongre, 1935-1938 Cet immeuble date de la seconde moitié des années 1930. En 1933, l architecte Joseph Diongre remporte le concours d architecture de l I.N.R. avec un projet alliant l innovation architecturale aux exigences les plus strictes sur les plans acoustique et technique. Fort de la sobriété et du pragmatisme de sa conception, Diongre construit, de 1935 à 1938, l «usine à sons» tant souhaitée. C est une des premières maisons de la radio en Europe. Dès son inauguration, le «paquebot» connaît une notoriété mondiale en raison de la qualité de ses studios. En 1973, la radio publique déménage au site Reyers à Schaerbeek et le bâtiment se dégrade ensuite rapidement. En 1994, il est toutefois protégé. Fort heureusement, il a été sauvé par une organisation privée et accueille désormais un centre culturel. Place Eugène Flagey et place Sainte Croix, 1050 Bruxelles T : +32 (0)2 641 10 10 info@flagey.be LE PALAIS DE LA FOLLE CHANSON Architecte: Antoine Courtens, 1928 L immeuble à appartements «Le Palais de la Folle Chanson» a été construit en 1928 par l architecte Antoine Courtens, l une des figures de proue du mouvement Art Déco. Le projet était assez complexe et répondait aux exigences des acheteurs fortunés : caves, garages, quatre ascenseurs, dont deux de service, terrasses Boulevard Général Jacques 2, 1050 Bruxelles VILLA EMPAIN-FONDATION BOGHOSSIAN (ouvert au public) Architecte: Michel Polak, 1930 En 1930, l homme d affaires et mécène Louis Empain confie la construction de cette villa de style Art Déco à l architecte suisse Michel Polak. Elle accueille aujourd hui la Fondation Boghossian, un centre d art et de dialogue entre les cultures occidentale et orientale. Avenue Franklin Roosevelt 67, 1050 Bruxelles www.villaempain.com RÉSIDENCE PALACE Architecte: Michel Polak, 1922-1927 Le Résidence Palace a été construit après la Première Guerre mondiale comme immeuble à appartements luxueux destinés à une élite mondaine et cosmopolite. L ensemble donne l impression d un paquebot de luxe amarré à Bruxelles et qui combine le confort d un bateau et les avantages d une ville. Le complexe se composait de 160 appartements avec des équipements exceptionnels : bars, restaurants, théâtre, piscine, salles de conférence, bureau de poste, garages, banque, etc. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l occupant allemand réquisitionne le complexe. Après la guerre, l État belge s en porte acquéreur. Aujourd hui, c est, entre autres, un centre de presse international. Rue de la Loi 155, 1040 Bruxelles www.presscenter.org LA MAISON DE VERRE Architecte: Paul-Amaury Michel, 1935 Dans cette maison d habitation moderniste avec une façade arrière totalement en verre, l architecte a appliqué plusieurs des «Cinq Points d une architecture nouvelle» définis par Le Corbusier en 1927, à savoir: une construction partiellement sur pilotis (une colonne d angle est dégagée au rez-de-chaussée), la toiture-terrasse, le plan et la façade libres. Le nom fait écho à la maison éponyme construite à Paris par Pierre Chareau. Rue Jules Lejeune 69, 1180 Bruxelles MUSÉE ALICE ET DAVID VAN BUUREN (ouvert au public) Architectes: Léon E. Govaerts et Alexis Van Vaerenbergh, 1924-1928 Superbe illustration du style de l École d Amsterdam, l extérieur brille à la fois par sa sobriété et son exubérance, alors que l Art Déco règne en maître absolu dans les aménagements intérieurs. Les meubles et objets d art y prennent toute leur dimension. Le très grand jardin a retrouvé son lustre d antan. Avenue Léo Errera 41, 1180 Bruxelles www.museumvanbuuren.be 13

SQUARE COGHEN Ce square ovale entre l avenue Coghen et la rue du Doyenné est un exemple, unique à Bruxelles, de lotissement moderniste destiné à une population aisée. Le projet s est appuyé sur la collaboration de grands noms du Modernisme comme L.H. De Koninck, Josse Franssen, Raphaël Delville et Pierre Verbruggen. À différents égards, ce square peut être comparé aux cités-jardins de l époque. Il reflète le même équilibre entre la nature et l architecture, le même caractère intime et secret, et se compose de petites maisons unifamiliales très conviviales. 1180 Bruxelles HÔTEL HAERENS Architecte: Antoine Courtens, 1928 L architecte du Palais de la Folle Chanson a créé ici un des plus beaux hôtels particuliers Art Déco de la capitale pour son ami Robert Haerens. Il a dessiné une façade originale, mais a surtout prêté beaucoup d attention à un aménagement qui répondait parfaitement aux besoins du client, alors que la démarche inverse était plutôt la règle à l époque. Les ferronneries d art aux deux entrées témoignent de l étendue du talent de l architecte. Avenue Brugmann 384 et avenue de la Ramée 2, 1180 Bruxelles MAISON DOTREMONT Architecte: Louis Herman De Koninck, 1932-1933 En 1928, Philippe Dotremont, industriel et collectionneur de peintures modernes, s établit à Bruxelles. Après avoir découvert les premières œuvres de Louis Herman De Koninck, il confie à l architecte le soin de créer son habitation privée. De Koninck consentit à des trésors d efforts pour satisfaire son client et il signe ici sa plus belle réalisation. En 1977, cette maison a dès lors été la première réalisation moderniste à figurer sur la liste des monuments protégés. Avenue de l Échevinage 3, 1180 Bruxelles ÉGLISE SAINT-AUGUSTIN Architectes: Léon Guianotte, André Watteyne, 1932-1936 Avec l église Saint-Jean-Baptiste de Molenbeek-Saint-Jean et l église Sainte-Suzanne de Schaerbeek, cette construction est le troisième édifice religieux de Bruxelles érigé en béton armé dans les années 1930. L église se dresse sur la place de l Altitude Cent, le point culminant de Bruxelles, au centre de huit rues tracées en étoile. Le clocher comporte un étage supérieur parfois accessible au grand public, où le spectateur jouit d une vue époustouflante sur Bruxelles. Place de l Altitude Cent, 1190 Bruxelles BASILIQUE DE KOEKELBERG Architectes: Albert Van huffel et, ensuite, Paul Rome, 1926-1971 La Basilique collectionne les superlatifs : cinquième plus grande église au monde et plus grand bâtiment Art Déco jamais construit. Cette construction est un véritable manifeste d Art Déco religieux. L intérieur a des dimensions pharaoniques et la structure du bâtiment est constituée de béton armé. Depuis le panorama, à une hauteur de 52,80 mètres, les visiteurs ont une vue extraordinaire de Bruxelles. Parvis de la Basilique 1, 1081 Bruxelles Panorama ouvert : de 09h00 à 17h00 (été) / de 10h00 à 16h00 (hiver) www.basilicakoekelberg.be ÉGLISE SAINT-JEAN-BAPTISTE Architecte: Joseph Diongre, 1931-1932 Cette église Art Déco a été construite au début des années 1930. Son imposante structure est en béton armé. L architecte est le Bruxellois Joseph Diongre, père du bâtiment Flagey. Les six arcs paraboliques et les nombreux vitraux lui confèrent une ambiance très lumineuse et colorée. Parvis Saint-Jean-Baptiste, 1080 Bruxelles 14

PRÉVOYANCE SOCIALE CEGESOMA Architectes: Richard Pringiers, Fernand et Maxime Brunfaut, 1911 et 1931-1932 Tout comme l ancienne imprimerie du journal «Le Peuple», les bureaux de la Prévoyance Sociale, société coopérative d assurances, témoignent de l essor, à l époque, du Parti Ouvrier Belge. Ils ont également été conçus successivement par les architectes Pringiers et Brunfaut, père et fils. Aujourd hui, l immeuble accueille le Centre d Études et de Documentation Guerre et Sociétés Contemporaines. Square de l Aviation 29-31, 1070 Bruxelles LA CITÉ MODERNE Architecte: Victor Bourgeois, 1922-1925 Ce quartier érigé sur un terrain de 6 hectares est le premier exemple à grande échelle d une architecture cubiste, rationnelle et uniforme en Belgique. L absence d ornementation devait contribuer à obtenir un tout harmonieux et devait «gommer» les différences sociales entre les habitants. Place des Coopérateurs et environs, 1082 Bruxelles WITHUIS Architecte: Joseph Diongre, 1927 Le maître de l ouvrage, Jef Mennekens, ouvert à la modernité, accepta un projet assez audacieux pour l époque. Il s agissait d une combinaison d éléments modernistes (toit terrasse, fenêtres horizontales) et Art Déco. La façade avant est d inspiration cubique et montre un impressionnant jeu de volumes enduits. Diongre a aussi créé un ameublement très raffiné pour cette maison. Avenues Charles Woeste 183, 1090 Bruxelles Source : Bruxelles Art Déco. Promenades au cœur de la ville, Cécile Dubois 15

5. DEUX PROTAGONISTES: VICTOR HORTA ET HENRY VAN DE VELDE VICTOR HORTA Victor Horta voit le jour à Gand en 1861. Son père, artisan cordonnier, lui transmet le goût du travail bien fait et de la persévérance qui en font un perfectionniste ne s octroyant parfois que trois heures de sommeil par nuit. Fortement attiré par la musique, il se passionne pour le violon, mais le Conservatoire de Musique le renvoie pour cause d indiscipline à la suite de quoi il s inscrit en architecture... Quel heureux revirement! Installé à Bruxelles dès 1881, Victor Horta suit des cours à l Académie des Beaux-Arts tout en travaillant pour gagner sa vie. L architecte Alphonse Balat, à qui l on doit les majestueuses Serres de Laeken, l engage dans son atelier et Horta lui vouera toute sa vie une immense reconnaissance. Il vient d entreprendre la construction, au Cinquantenaire, d un pavillon destiné à abriter une sculpture monumentale de Jef Lambeaux symbolisant Les Passions Humaines, quand deux de ses frères francs-maçons, Eugène Autrique et Emile Tassel, lui confient chacun la construction d un hôtel de maître. Libre de tout commanditaire, Victor Horta touche au but qu il s est fixé : créer en toute liberté des œuvres personnelles où il affirme les grands principes de son art : du rationnel et de la force, mais aussi de la beauté et de la convivialité. C est le début d une longue série de joyaux qui émaillent Bruxelles d édifices aux espaces novateurs, aux verrières lumineuses, aux antipodes de la banalité. UN ART NOUVEAU EST NÉ C est un caractère rebelle qui est à la base de l esprit inventif de Horta. Parmi ses principes : le refus d être à la mode pour pouvoir la créer. Celui qu on surnommait parfois l archisec pour ses avis tranchés et ses phrases assassines fait table rase de tous les styles historicisants qui l ont précédé. Il veut construire pour tous des bâtisses pleines de lumière, d enthousiasme et d énergie pour réagir à l étreinte industrielle qui assombrit l époque. Ses façades abandonnent les larges murs de pierre qu il remplace par de la ferronnerie. Les formes rigides font place à des volutes et des arabesques ; la faune et la flore envahissent les balcons et les vitraux urbains ; il aménage des espaces qui invitent au partage des lieux. Et quand l usage de la pierre est incontournable, il moule dans le plâtre les courbes à sculpter par les tailleurs dans le granit ou la pierre blanche. Et pour parachever son travail, Victor Horta étend également sa vision artistique au mobilier, à la quincaillerie, à la tapisserie et aux objets décoratifs. Mais le courant Art Nouveau, même s il s est largement installé en Europe et même s il a révolutionné l architecture et les arts plastiques de l époque, est cependant de courte durée. La géométrie, annonçant déjà les formes Art Déco, reprend ses droits tout en gardant la nouvelle harmonie inventée par les créatifs du début du siècle. Là aussi Horta fait preuve de grande maîtrise : une partie de son œuvre moins connue du grand public et qui reste à découvrir. LE TOURNANT D UNE CARRIÈRE Après un séjour prolongé aux Etats-Unis durant la Première Guerre mondiale, Victor Horta rentre à Bruxelles en grande difficulté financière et se remet éperdument à l ouvrage. Ce sont désormais de tout autres commanditaires qui font appel à lui et lui confient de très gros chantiers : le Musée des Beaux-Arts de Tournai et, à Bruxelles, l hôpital Brugmann, le Palais des Beaux-Arts et la Gare Centrale. Il construisit également le pavillon d honneur de la Belgique à l Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes qui se tint à Paris en 1925. Ces travaux titanesques en font une gloire nationale et lui valent une Légion d Honneur et le titre de Baron que lui confère le roi Albert 1er en 1932. 16

Malgré cette reconnaissance unanime, sa vie s achèvera toutefois sous le signe de la morosité : Horta regrettera de n avoir pas pris la peine de publier ses œuvres et prendra, paradoxalement, la triste décision de détruire la plus grande partie de ses archives et de ses dessins. Ses mémoires rédigées en 1939 permettront heureusement de se souvenir des grandes idées et de retracer la vie de cet architecte de génie qui s éteignit le 8 septembre 1947. Sources : les «Mémoires» de Victor Horta et les précieuses informations de Françoise Aubry, Conservatrice du Musée Horta à Bruxelles HENRY VAN DE VELDE Henry van de Velde est l un des plus importants protagonistes de cette période. Ses créations étaient le résultat pratique d un cadre théorique élaboré par l artiste. Après une petite période remplie de succès à Bruxelles, il s installa en Allemagne. Là, il put pleinement déployer ses capacités artistiques. En tant que fondateur de l école des arts décoratifs de Weimar, il réforma l enseignement artistique et se trouva alors à la base du mouvement moderne qui influença l architecture et l art décoratif du 20e siècle. Après un petit séjour en Suisse et aux Pays-Bas, il retourna vers la Belgique en 1926 afin d y donner un nouveau souffle aux arts décoratifs grâce à son système d enseignement. Un essor qu il trouva dans la fondation de l école des arts La Cambre en 1926. En 1947, van de Velde partit pour la Suisse. Il y consacra les 10 dernières années de sa vie à la rédaction de ses mémoires. Henry van de Velde fut formé comme peintre. Bien que plein de succès, il fut confronté à une sérieuse crise artistique qui le décida à renoncer à la peinture aux environs de 1893 et à se consacrer à l artisanat d art. Il se profila alors à l international. Sa future femme, Maria Sèthe joua un rôle déterminant dans ce développement. Elle le soutint dans sa carrière entière et se profila comme une collaboratrice de confiance. Bien que van de Velde n eut pas suivi de formation d architecte, il dessina en 1895 les plans de la Villa Bloemenwerf à Uccle (Bruxelles), la maison personnelle des jeunes mariés. En plus de l architecture extérieure, il développa l intérieur, les meubles, le papier peint, les tissus et même les robes que Maria y porterait. La maison était si sensationnelle qu elle devint un pôle d attraction international pour les artistes et intellectuels issus du milieu d avantgarde. La visite du critique d art allemand Julius Meier-Graefe et du marchand d art Samuel Bing à van de Velde fut cruciale pour la suite du développement de sa carrière. Bing lui commanda 4 intérieurs pour l ouverture prestigieuse de sa galerie L Art Nouveau, fin 1895. L émoi que provoqua sa contribution à Paris, renforça la notoriété de son travail, qui était jusqu alors surtout reconnu en Allemagne. Meier-Graefe joua également un rôle déterminant. En 1898, il consacra un numéro entier de son magazine Dekorative Kunst et de son édition francophone L Art Décoratif aux créations de van de Velde et, en 1899, il ouvrit à Paris une galerie d art La Maison Moderne, qui était entièrement aménagée par l artiste belge. S en suivirent plusieurs commandes issues de Belgique, Allemagne et France. Grâce à la demande croissante pour ses créations, il fonde en 1897 la Société van de Velde pour laquelle il loue deux ans plus tard à Bruxelles un bâtiment avec espaces de travail, bureaux et ateliers. Vu les commandes importantes issues de Berlin, les Henry van de Velde Kunstwerkstätten furent fondées en 1899. Quelques mois plus tard, elles fusionnèrent avec le Hohenzollern-Kunstgewerbe-Atelier et, en 1900, van de Velde s installa avec sa famille dans la capitale allemande durant deux ans. En 1901, van de Velde fut prié par le Grand-duc Wilhelm Ernst von Sachsen-Weimar-Eisenbach de donner une nouvelle vie aux arts décoratifs du Grand-Duché. Il accepta et y dessina les plans d une école des arts décoratifs qui ouvrit en 1907. L école était le précurseur de la Bauhaus (érigée en 1919) et donna à Weimar un important rayonnement artistique. Durant cette période, van de Velde reçu diverses commandes pour la construction et l aménagement de maisons, musées et théâtres. Le système d enseignement artistique développé par Henry van de Velde à Weimar fut à la base de La Cambre fondée en 1926, l école qui est considérée comme le Bauhaus belge. Durant la Première Guerre Mondiale l école de Weimar ferma. van de Velde fit alors quelques tentatives infructueuses pour fuir 17

l Allemagne. En 1917, il put émigrer vers la Suisse, où il entretint des contacts avec des assemblées pacifistes. Durant l entre-deux guerres, Henry van de Velde séjourna à Bruxelles. Il y construisit différentes habitations et bâtiments, parmi lesquels sa propre maison à Tervuren et l Hôtel van de Velde à Ixelles. Il construisit pour l Université de Gand la bien nommée bibliothèque Boekentoren ou Tour des livres, un bâtiment exceptionnel. En tant qu architecte, il fut sélectionné par l Etat belge pour construire le pavillon belge de l Exposition Internationale de Paris en 1937 et deux ans plus tard à New York. A la demande du couple Kröller-Müller d Otterlo (Pays-Bas), il construisit un musée du même nom. En tant que leur conseiller en art, il se chargea de différents achats dont le chef d œuvre Le Chahut de Georges Seurat. Henry van de Velde fut l un des plus multiples concepteurs de Belgique et atteignit une renommée internationale en raison de la qualité de son œuvre. En 1900, les Musées Royaux d Art et d Histoire ont acheté une paire de chandelier que l artiste avait exposé au fameux salon bruxellois de La Libre Esthétique. Avec un prix d achat de 850 francs, l Etat belge a payé une petite fortune, c était l achat le plus couteux de la toute nouvelle section Arts décoratifs modernes. Cependant, plus de cent ans plus tard, les chandeliers sont toujours comptés parmi les plus importantes pièces de collection de l ensemble Art Nouveau. Les chandeliers, datant de 1898-1899, sont les parfaits témoins de sa citation Une ligne est une force ( ). Cette phrase fut le point de départ et la constante de toute l œuvre artistique de van de Velde. La dynamique de la ligne détermine aussi bien le patron d un tissu ou un papier peint que la structure de la façade d une maison ou la construction d un meuble. La ligne se meut dans l espace et soutient la création. van de Velde prétendait que les lignes sont réciproquement aussi logiques et cohérentes que les nombres ou les notes de musique. L intérêt pour les lignes était déjà présent dans ses peintures et se transforma, au début des années 1890, en ornements graphiques abstraits. Finalement, Henry van de Velde transposa la structure linéaire dynamique dans la troisième dimension. Sabam -Belgiu m 2012 Les chandeliers sont formés par des squelettes spacieux purement linéaires qui suivent un patron en mouvement. Il y atteint la symbiose parfaite entre fonction et ornement. A partir du moment où il maitrisa ce système théorique, van de Velde l adapta à presque toutes ses créations. L impulsion du mouvement linéaire et la ligne dans l espace constituent l essentiel de ses objets décoratifs et architectures issues de l Art Nouveau. Prof. dr. Werner Adriaenssens Conservateur de la section Arts décoratifs du 20e siècle Musées royaux d Art et d Histoire, Bruxelles 18

OEUVRES MAJEURES L œuvre architecturale d Henry van de Velde constitue une source essentielle de l art moderne. Elle est le fruit d une énorme activité créatrice, poursuivie de manière quasi ininterrompue depuis ses débuts. Ces demeures ne sont pour la plupart pas Art Nouveau ni même Art Déco, elles sont modernistes. LE BLOEMENWERF (1895) Cette demeure, sa maison personnelle, inaugure la carrière d architecte d Henry van de Velde. De forme polygonale, le Bloemenwerf est implanté sur un terrain arboré. Avenue Vanderaey 102, 1180 Bruxelles MAISON SÈTHE (1895-1897) La part exacte de Henry van de Velde dans la conception de l habitation n est pas connue. Cependant, elle fut construite ou transformée à la même période que le Bloemenwerf ce qui a permis à Henry van de Velde de poursuivre son initiation aux éléments de la construction. Avenue Vanderaey 118, 1180 Bruxelles HÔTEL DE BROUCKÈRE (1898) Cet hôtel particulier de style Art Nouveau, rénové en 2003, fut construit par les architectes Octave van Rysselberghe et Henry van de Velde. Il s agit alors, après celle de l hôtel Otlet, de leur seconde collaboration. La façade, le mobilier (disparu) et les détails d aménagement auraient été conçus par Henry van de Velde. van Rysselberghe se serait chargé d aspects plus techniques, comme le suivi administratif de la demande de permis à la Ville. Rue Jacques Jordaens 34, 1000 Bruxelles LA NOUVELLE MAISON (1927) Il s agit de la seconde demeure à proximité de Bruxelles d Henry van de Velde, elle fut donc baptisée «La Nouvelle Maison». La tendance était au cubisme, la maison fut élaborée avec un toit plat en béton et son espace fut organisé de manière fonctionnelle. Albertlaan 1, 3080 Tervuren MAISON COHEN (1928) Remarquable maison moderniste conçue en 1928 par les architectes Henry van de Velde et Stanislas Jasinski pour l industriel Georges Cohen. Avenue Franklin Roosevelt 60, 1050 Bruxelles MAISON WOLFERS (1929) Cette maison moderniste constitue un des meilleurs exemples de maisons urbaines de la dernière période architecturale de Henry van de Velde. Il s agit d un bâtiment de trois niveaux possédant un toit plat. Rue Alphonse Renard 60, 1050 Bruxelles DOUBLE HÔTEL DE BODT (1929-1930) Le double Hôtel De Bodt est la plus vaste construction de Henry van de Velde à Bruxelles. Cet imposant bâtiment moderniste est constitué de deux villas accolées en léger quinconce. La première impression est celle de la monumentalité. Le double Hôtel de Bodt est aujourd hui occupé par l École de la Cambre (ENSAV), qui y a apporté peu de modifications. Cependant, il reste relativement bien conservé, l intérieur souffre peu de son affectation en salles de classe, ateliers et bureaux. Avenue Franklin Roosevelt 27-29, 1050 Bruxelles LA MAISON GRÉGOIRE-LAGASSE (1931-1933) Cette sobre villa trois façades s inscrit dans le mouvement moderne par la pureté de ses lignes, ses volumes parallélépipédiques épurés et sa toiture plate aménagée en terrasse. La maison a conservé son aspect d origine, mis à part le garage qui fut ajouté ultérieurement. Dieweg 292, 1180 Bruxelles Source: www.irismonument.be 19

6. MUSÉES MUSÉE FIN-DE-SIÈCLE MUSEUM Le Musée Fin-de-Siècle Museum est un Musée du Modernisme au sens où il fut développé, à la fin du 19e siècle dans une revue comme L Art moderne. Le Musée Fin-de-Siècle Museum proposera un parcours de la fin du 19e siècle en le replaçant dans son cadre historique. Avec l organisation, dans les salles mêmes du musée, des salons des XX (1883-1894) et de la Libre Esthétique (1894-1914), Bruxelles a constitué un carrefour de la création unique. Si celui-ci ne s est pas identifié à la vague impressionniste, il a trouvé dans la conjonction du symbolisme, du wagnérisme et de l Art Nouveau les emblèmes d une identité qui a largement déterminé le visage de Bruxelles. Bruxelles Capitale de l Art Nouveau n est pas qu une réalité de l architecture. Le terme recouvre d abord le dynamisme d une société. Et celle-ci s est manifestée dans tous les domaines de la création : littérature, peinture, opéra, musique, architecture, photographie ou poésie ; Maeterlinck, Verhaeren, Ensor, Khnopff, Spilliaert, Maus, Horta, van de Velde, Kufferath, Lekeu... le Musée Fin-de-Siècle Museum puise sa légitimité dans les 31 salons qui réunirent à Bruxelles l essentiel de la création européenne. Il s articulera autour des cercles artistiques qui à partir de 1863 - et la création de la Société libre des Beaux-Arts introduiront en Belgique ce débat sur la modernité dont, au même moment, à Paris, Charles Baudelaire creuse le sens avec ses Petits Poèmes en prose qui forment Le Spleen de Paris. Rendre compte de cette aventure requiert une pluridisciplinarité qui n est envisageable que grâce à un partenariat qui unit aux Musées royaux des Beaux-Arts son pendant d Art et d Histoire, la Bibliothèque royale de Belgique, le Théâtre royal de la Monnaie et la CINEMATEK. À ces partenaires institutionnels, il faut ajouter la Région de Bruxelles-Capitale qui met en dépôt l extraordinaire collection Gillion Crowet qui constituera un des points forts de ce Musée Fin-de-Siècle Museum. Rue du Musée 9, 1000 Bruxelles T : + 32 (0)2 508 34 08 info@fine-arts-museum.be www.fine-arts-museum.be BIBLIOTHECA WITTOCKIANA En Belgique, le style Art Nouveau se reconnaît donc au jeu de lignes souples et mouvantes ainsi qu à une stylisation, toujours plus accentuée, des ornements floraux qui passent du figuratif au linéaire. Dans le monde des arts décoratifs à cette époque, la reliure belge sera essentiellement marquée par la forte personnalité de l architecte décorateur Henry van de Velde qui, entre 1893 et 1900, va concevoir une vingtaine de décors pour des reliures exécutées par le brillant relieur bruxellois Paul Claessens et destinées au roi Léopold II en tant que souverain indépendant du Congo, à quelques hautes personnalités politiques proches de la famille royale, ou encore à Paul Claessens lui-même pour des ouvrages de documentation sur la reliure. van de Velde ne se contentera pas de créer les décors, il va également dessiner les fers à dorer que son relieur attitré fera réaliser à Paris. La Bibliotheca Wittockiana possède dans ses collections, outre plusieurs reliures décorées conçues par van de Velde, toutes les maquettes originales de l artiste ainsi que les fers à dorer originaux gravés à Paris chez Béarel d après les dessins créés par l architecte-décorateur lui-même. Ils sont consultables dans les archives sur demande. Rue du Bemel 23, 1150 Bruxelles T : +32 (0)2 770 53 33 info@wittockiana.org www.wittockiana.org 20