II - L'EAU ET LES LIMITES DE LA COMMUNE
II-I ORIGINE DU NOM DE "BRACU" à BRACIEUX En passant par Bercili Braceollis Braceos Bracieulx et Brassieux. Toutes les fiches de présentation de la commune donnent comme origine du nom de celle-ci le terme gallo-romain "Bracu", qui signifierait: "boueux, "petits bourbiers" appellation sans doute liée à l'emplacement du village situé entre les différents bras des deux rivières présentes le Beuvron et la Bonheure. Beaucoup pensent que Jules César, dans "la guerre des Gaules" aurait, le premier, évoqué Bracieux puisqu'un "Bracidum" apparaîtrait dans ses écrits. Quand à Henri Delétang Président du Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne - il classe parmi les mythes cette affirmation (1) en précisant que Jules César et son armée ne sont pas passés à Bracieux. Abstraction faite du récit de César, la première mention écrite datée remonte à 886. Elle figure dans une charte de Charles le Gros qui indique un "Bracidus" en pays Blèsois. Toujours selon Henri Delétang l'évolution de l'étymologie aurait conduit de Bracidum à Braceollis puis Braceos et enfin Bracieux, même si, quelquefois, il a été écrit Bracieulx ou encore Brassieux. Le bourg du village (au 18 ème siècle) entre les différents bras de rivière (1) Bulletin du GRAHS tome 7 n 4 gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7711017f Carte des terres d'herbault en Sologne (17..) Appartient au recueil : Collection d'anville ; 01234 2
En 1943, un ancien instituteur habitant Bracieux Monsieur Chevallier rédigeait une monographie de Bracieux. Dans sa documentation, il cite une note inédite de Monsieur le curé de Bracieux, qui renseigne sur la vie du village avant le XIVème siècle et établit une chronologie du nom de notre commune. Extraits de la note et des annotations de M.Chevallier (1) : -------------- "Bracieux autrefois, se trouvait au confluent naturel de deux rivières, le Beuvron et la Bonnheure, et à un confluent artificiel formé au moyen de fossés, prenant l'eau de la Bonnheure près de la ferme du Chêne et l'amenant au Beuvron un peu au-dessus de Moulin Neuf. (2) -------------- "Bracéolis" pendant la féodalité désigne toujours Bracieux. -------------- (1) Une copie de cette note est déposée au service régional de l'inventaire Orléans (Bracieux généralités annexes) Dans ses annotations, M. Chevallier, précise que sur les documents antérieurs à la Révolution, l'orthographe était "Bracieulx". Ceci n'est sans doute pas à remettre en cause, mais il faut noter que sur le plan terrier du domaine d'herbault de 1624 il est écrit "Bracieux" et sur la carte du domaine d'herbault en Sologne, établie vers la fin du même siècle, nous pouvons lire "Brassieu". On trouve par ailleurs "Brassieux"en 1745 et en 1780 dans l'atlas de Trudaine pour la généralité d'orléans "tracé d'une portion de la route de Romorantin par Brassieux." Et En 1828 dans les œuvres complètes d'etienne Jouy de l'académie Française. Tome XXVII, table des matières p 74. "Brassieux petite ville de l'orléanais". Mais l'orthographe définitive chacun ici la connait! (2) On peut penser que Mr Chevallier puise ses sources dans les recherches de M. Florance, chercheur et rédacteur d'un "classement des camps, buttes et enceintes de Loir et Cher" édité par l'imprimerie Monnoyer en 1908 3
II-II - QUE D'EAU! Comme l'indique l'origine du nom de Bracieux, la commune, sans être une Venise solognote est fortement marquée par la présence de l'eau. La lecture des différentes cartes va : D'une part, permettre de voir l'évolution du réseau due aux travaux réalisés au fil des décennies (on peut même dire des siècles) et qui ont amélioré le côté insalubre lié aux "eaux boueuses", Et, d'autre part démontrer que le réseau d'eau reste encore très présent. La commune est traversée par deux rivières : Le Beuvron, rivière de plaine 2éme catégorie piscicole qui prend sa source aux confins de Cerdon (45) et de Coullons en Sologne (18) après un parcours de 115 Kms se jette dans la Loire à Candé sur Beuvron. Peu de Kms avant Bracieux un barrage a permis de mieux "canaliser" le bras du Beuvron qui alimente le moulin de Bracieux. La Bonnheure, petite rivière également de 2éme catégorie piscicole qui, elle, prend sa source à l'est de Millançay, au lieu dit "le vieux Millançay", en pleine Sologne du Loir et Cher. Après un parcours de 31 Kms elle se jette dans le Beuvron juste après avoir traversé Bracieux. Le bras du Beuvron (que tous appellent le bief) alimentant le moulin traverse pratiquement tout Bracieux, il reçoit, juste en amont de l'ancien lavoir, les eaux du "bief des jardins" venant, elles de l'étang du chêne, entre autre. En aval du moulin, un 1 er fossé venant de la Bonnheure rejoint le "bief" qui, après avoir rempli son office retourne au Beuvron, pour ne former plus qu'une seule rivière. Il convient de citer également le ruisseau du Mardereau, venant de "Montgenet" et se jetant dans la Bonnheure, il marque la limite ouest de Bracieux sur une partie de son bref parcours. 4
II-III - LE PLAN TERRIER D'HERBAULT en Sologne (1624) (extrait) Le plan terrier d'herbault est la plus ancienne "carte" connue de nombreux Braciliens. Elle accompagne un document édité par Mlle Lagravère *, en 1980 et l'original fait partie des archives du domaine d'herbault. La copie de cette carte est également affichée dans la salle principale du premier étage de la Vieille Halle. Elle nous donne une bonne lecture du réseau de rivières, biefs et noues qui traversent la paroisse de Bracieux à l'époque ou Raymond Phélyppeaux était seigneur d'herbault. Les cours d'eau, au parcours sinueux témoignent bien d'un courant lent de rivières de plaine, ce qui renforce les risques d'inondations lors de saisons pluvieuses. * Nicole Lagravère "Patrimoine" 1980 5
II-IV - CARTE DES TERRES D'HERBAULT EN SOLOGNE (17..) (extrait) Quelques décennies -peut-être un siècle- plus tard, nous retrouvons un réseau quasiment identique sur la carte du domaine d'herbault en Sologne * (dont l'échelle est en toises!). On se souviendra, en lisant ce plan de la note Mr Chevallier (déjà cité) concernant l'alimentation du moulin neuf (aujourd'hui Moulineuf), à savoir : Hors les confluents naturels du Beuvron et de la Bonnheure, un confluent artificiel formé au moyen de fossés prenant l'eau de la Bonnheure près de la ferme du Chêne et l'amenant au Beuvron, un peu au-dessus de Molineuf (Moulin Neuf). Les galopins de Bracieux qui ont parcouru les bois d'herbault, se souviennent sans doute de ce grand fossé qui commence derrière l'actuelle déchetterie, se dirige vers la route de Bauzy, la traverse et rejoint l'étang du Chêne et de là repart, à travers bois, vers la route de Neuvy. Sur cette dernière partie, les travaux forestiers ont effacé le réseau qui ne peut être qu'imaginé! Sur cette copie les Braciliens reconnaitront leurs deux rivières et leurs différents "bras" ainsi que le "Mardereau". *gallica.bnf.fr carte des terres d'herbault en Sologne 17.. appartient au recueil collection d'anville 01234 6
II-V - LE PLAN CADASTRAL DE 1826 (dit cadastre napoléonien) Ce plan de la commune de Bracieux avant son agrandissement (elle ne représentait qu'un peu plus de 18 ha) montre déjà quelques changements et laisse deviner le réseau actuel. Et si l'on reprend les recherches de Mr Chevallier, à propos des fossés qui reliaient la Bonnheure au Beuvron et que l'on imagine le village fermé à l'est par les dits fossés, il est tentant de penser comme lui : "Cette situation entre deux confluents fait soupçonner un oppidum refuge d'une époque reculée. D'autant qu'il précise : des débris galloromains trouvés à l'est du Verger semblent indiquer un puits funéraire du IVéme siècle après J.C. La structure du village entouré de rivières et fossés permet en effet une telle hypothèse. Toutefois il faut bien se garder d'être affirmatif et mieux vaut rester dans le conditionnel, même si l'on sait que le village se trouve, depuis toujours au carrefour de grands itinéraires y compris à l'époque gallo-romaine-. Cadastre 1826 Archives mairie Photo D.E. 7
II-VI - Aujourd'hui... (Cadastre 1826 photo D.E.) Depuis 1826, la commune s'est agrandie mais le réseau s'est très peu modifié. La Bonnheure est moins sinueuse qu'à ses origines et un "bras" du Beuvron à disparu. En revanche, les anciennes noues situées derrière l'église ont été recreusées dans le cadre d'un aménagement d'espaces publics et ce pour le plus grand plaisir des promeneurs et... des pêcheurs! Mais pour celles et ceux qui ont le courage de se promener l'hiver dans ce secteur, comme dans le camping, il n'y a pas "tromperie" : nous ne sommes pas sur un sol sec, il transpire l'eau qui est à fleur de terre! L'origine du nom de Bracieux synonyme d'une forte présence d'eau ne semble pas à remettre en cause! 8