La démocratisation de l université 2008



Documents pareils
Études. Certaines filières STS (BTS, BTSA) IUT (DUT) universitaires. Écoles (Social, Santé, Arts, Ingénieurs, Commerce ) Classes préparatoires

L évolution (révolution) du métier d enseignant-chercheur est-elle favorable à une plus grande employabilité?

Licence professionnelle Bibliothécaire

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Licence de langues, littératures et civilisations étrangères (LLCE)

EGALITÉ ENTRE LES FEMMES

Master recherche Histoire des mondes moderne et contemporain

Site(s) (lieux où la formation est dispensée, y compris pour les diplômes délocalisés) :

UNIVERSITÉ 66,8 C.P.G.E. 74,8 % D.U.T. B.T.S. 13,4 % 2,3 11,1 Autres formations 9,7. Total : 97,5 % 7,8 0,2. Lettres Economiques

Intervention de M. de Lamotte, président de la section sur l école et son interdépendance avec le marché

METIERS DES LANGUES ET CULTURES ETRANGERES

LA REFORME LMD EN COTE D IVOIRE :

Rapport d évaluation du master

Le prescrit d un dispositif de stage Les contradictions du dispositif Deux études de cas

h + 120h 555 h

MASTER RECHERCHE MEDIATIONS DES SCIENCES. Mention HISTOIRE, PHILOSOPHIE ET. Histoire et Philosophie des Sciences. Année 2007/2008

Pédagogie : A Lyon 1 : DESS en informatique documentaire (avec Enssib), DEUST doc, IUP DIST, DEA SIC puis à Lyon 3

Centre national de la danse Mesures en faveur de la formation, de l insertion, des conditions de vie et de la diversité des jeunes créateurs

SCIENCES DE L ÉDUCATION

Centre Régional Africain d Administration du Travail (CRADAT) BP 1055 Yaoundé Tél Fax : cradat@ilo.

Mention : STAPS. Sport, Prévention, Santé, Bien-être. Objectifs de la spécialité

ANIMATION,TOURISME ET SPORT. Tous bacs Sauf pour STAPS: accès après un bac S, ES et STL principalement

Rapport d évaluation du master

Licence Chimie et procédés

Rapport d évaluation du master

FILIÈRE DE FORMATION BANQUE- ASSURANCES

Licence professionnelle Gestion et commercialisation des produits de la filière forestière

SCIENCES POUR L INGENIEUR

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

sous réserve de validation des modifications DROIT ECONOMIE GESTION SCIENCES DU MANAGEMENT FINANCE

Master 2 professionnel Soin, éthique et santé Mention Philosophie

Arts, Lettres, Langues. Langues, Littératures et Civilisations Etrangères (LLCE) spécialité Anglais

Rapport d évaluation du master

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Guide de l Etudiant en LMD de l Institut Supérieur des Technologies de l Information et de la Communication

Master professionnel Urbanisme : stratégie, projets, maîtrise d ouvrage (USPMO)

Christelle MAZIERE (30 ans)

ACTEURS DE LA DÉFENSE ET FACTEURS DE SÉCURITÉ

MASTER DROIT, ECONOMIE, GESTION Mention DROIT PUBLIC

Rapport d évaluation du master

LICENCE PROFESSIONNELLE ASSURANCE BANQUE - FINANCE

ACCREDITATION ESPE - ACADEMIE DE DIJON 2013

UNIVERSITE DES COMORES LA REFORME UNIVERSITAIRE A L UNIVERSITE DES COMORES MISE EN ŒUVRE DU LMD

Bienvenue à l UCL, dans une

Formations et diplômes. Rapport d'évaluation. Master Droit privé. Université Bordeaux. Campagne d évaluation (Vague A)

MASTER PROFESSIONNEL STAPS MANAGEMENT ET INGENIERIE DU SPORT OPTION GESTION DU SPORT ET DEVELOPPEMENT TERRITORIAL

La réforme : une opportunité pour la fonction formation

Le sport de haut niveau à l UPMC

MASTER DE PRODUCTION ET GESTION DE PROJETS EUROPÉENS EN ARTS DE L ECRAN

Licence professionnelle Gestion du patrimoine immobilier

Les métiers du ministère des Affaires étrangères. m ti. é er. Direction des ressources humaines 2013

Licence Economie-gestion

LICENCE PROFESSIONNELLE. Systèmes informatiques et logiciels

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

APRES LE BAC S

Philosophie. Parcours d études proposés à l Institut Catholique de Paris Métiers associés

CONSTRUIRE COMPÉTENCES LES.

MASTER 2, MENTION MARKETING ET VENTE, PARCOURS COMMERCE DES VINS

FRAIS D INSCRIPTION, SÉLECTION: LES PRATIQUES ILLÉGALES ENCOURAGÉES PAR LA PÉNURIE BUDGÉTAIRE

OFFRE DE FORMATION L.M.D.

Sciences, Technologies, Santé. Sciences de la Matière. Procédés, Contrôles, Matériaux Métalliques : Industrie du Nucléaire (PC2M)

CONTRIBUTION DU CONSEIL DES CENTRES DE FORMATION DE MUSICIENS INTERVENANTS (CFMI)

Comment utiliser le diaporama. Ce bouton permet d avancer dans les rubriques du diaporama. Celui-ci permet de revenir à la page de départ.

REGLEMENT DU CONTRÔLE DES CONNAISSANCES FORMATION EN INITIAL, APPRENTISSAGE, FORMATION CONTINUE

FRAIS D INSCRIPTION, SÉLECTION ILLÉGALE : 36 UNIVERSITÉS HORS-LA-LOI

Rapport d évaluation du master

B Le diplôme est-il un bon passeport pour l'emploi?

LICENCE PROFESSIONNELLE Assurance, Banque, Finance

BTS (brevet de technicien supérieur) DUT (diplôme universitaire de technologie) Filière santé (médecine, pharmacie, sage-femme, dentaire)

Prenez en main. votre avenir! BTS-DEES-MASTER

Eléments de présentation du projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture par le Conseil supérieur des programmes

LA PLATEFORME REVENDICATIVE ÉTUDIANTE : 10 MESURES IMMÉDIATES POUR RELANCER L ASCENSEUR SOCIAL.

DROIT-ECONOMIE-GESTION SCIENCES DU MANAGEMENT ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

LE PROJET D ÉTABLISSEMENT DE L ENIL DE MAMIROLLE. Réunion du 28 mars 2014

Licence Langues étrangères appliquées, spécialités anglais-espagnol

Introduction à l enquête 2012 «Organisation fonctionnelle des équipes». ADBU

UE5 Mise en situation professionnelle M1 et M2. Note de cadrage Master MEEF enseignement Mention second degré

Devenez expert en éducation. Une formation d excellence avec le master Métiers de l Enseignement, de l Education et de la Formation

Licence Professionnelle Management de la petite ou moyenne entreprise-petite ou moyenne industrie (PME-PMI)

Mise de jeu 2 La certification des formations

PRESENTATION GENERALE DU MASTER «MAITRISE D OUVRAGE PUBLIQUE ET PRIVEE»

«Donnons envie aux entreprises de faire de la Formation continue à l Université!» (Stand D07) La formation continue à l Université Fiche expérience

Cursus de Master en Ingénierie de la Production Alimentaire. Une autre façon d accéder au métier d ingénieur

Rapport d évaluation du master

Année universitaire EUROPEAN BUSINESS SCHOOL MBA

MODALITES DU CONTROLE DES CONNAISSANCES. Règlement relatif à l obtention du diplôme de MASTER ECONOMIE Mention «Monnaie Banque Finance Assurance»

UNE MEILLEURE CROISSANCE, UN MEILLEUR CLIMAT

SCIENCES - TECHNOLOGIES - SANTE. STIC : Sciences et Technologies de l Information et de la Communication. Parcours Informatique

Licence Master - Doctorat (LMD) Construction d une offre de formation Dans le système LMD Février 2012

Equivalences et dispenses de diplômes pour l accès à un concours

TAXE D APPRENTISSAGE

LICENCE PROFESSIONNELLE

AFTEC Générateur d avenirs ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PRIVÉ CAEN LAVAL RENNES VANNES VITRÉ TITRES CERTIFIÉS PAR L ETAT

Après un Bac technologique STI Systèmes d information et numérique

Le profil HES Dossier destiné aux HES. Contenu Sommaire I. Introduction II. Revendications III. Mesures à prendre par les HES IV. Prochaines Démarches

Les étudiants dans les écoles de management reconnues à diplôme visé en Augmentation continue des effectifs

PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DES RÉSULTATS QUESTIONNAIRE LAP Campagne 2013/2014

Rapport d évaluation du master

C S. Institut Commercial Jean-Baptiste Say

Transcription:

François Bouillon, SNESup Vous m avez demandé de traiter de ce thème selon un triple aspect : enjeu de société, contradictions et points d appui pour une alternative. Après une introduction, je suivrai scolairement ce plan en trois parties comme vous m y avez invité. L Université, au sens très large du terme qui inclut, selon moi, ce que nous appelons en France : le système de recherche comme l enseignement supérieur, est en crise. Trois symptômes majeurs de cette crise : Le Mouvement des chercheurs en 2005, avec à sa tête les jeunes chercheurs plus qu inquiets d une recherche publique laissée à l abandon et d une recherche privée qui est très faible en France. Situation qui bouche leur horizon. Le Mouvement contre le CPE qui exprime l angoisse de la précarisation des jeunes en dépit d études supérieures sanctionnées par un diplôme. La Mobilisation contre la LRU comme réponse inadaptée aux défis auxquels est confrontée l université française. Cette crise s articule à deux «éléments structurants négatifs» et en interaction : la panne de la démocratisation et le dualisme de l enseignement supérieur français. A/ La panne de la démocratisation L Université française est un instrument puissant. En 30 ans, elle a multiplié par dix ses effectifs permettant une réelle massification de l enseignement supérieur. Elle a réussi la performance, en relation avec les grands organismes de recherche comme le CNRS et l Inserm, de concilier une recherche de haut niveau et une ouverture non sélective à l enseignement supérieur pour un nombre de plus en plus grand d étudiants et d étudiantes. Pourtant si l instrument est bon, l absence d accompagnement budgétaire de cette massification a entraîné ce qu il est convenu d appeler aujourd hui La grande misère des universités. Aujourd hui l université française ne parvient plus à démocratiser l accès au savoir et à de plus en plus de mal à faire reconnaître la qualité de sa production scientifique. B/ Le dualisme de l enseignement supérieur Ce double obstacle que constitue la panne de la démocratisation et la stagnation de l effort de recherche s ancre, selon moi, dans un mal français plus profond qui est le dualisme de l enseignement : d un côté le système CPGE/ Ecole /Grandes écoles n ayant pas en son centre la production de connaissances, étant fondamentalement élitiste et auquel la collectivité nationale accorde la priorité en matière de dépense par étudiant ; de l autre une université qui accueillait 1

moins de 5% d une classe d âge dans les années 1960 et qui accueille aujourd hui le moitié d une génération. 1. UN ENJEU DE SOCIETE Ces deux «éléments structurants négatifs» la panne de la démocratisation et le dualisme de l enseignement supérieur engendrent un double problème de société. A/ Premier problème de société : le dualisme. Le dualisme de l enseignement supérieur, spécificité française, est inadapté par rapport à l évolution des sociétés depuis la fin de seconde guerre mondiale (Thèse Aghion/ Cohen). Dans leur livre «La croissance française» ces deux auteurs défendent la thèse de la pertinence de la formation des élites dans les écoles et les grandes écoles au moment de la reconstruction du pays après la seconde guerre mondiale ; moment où l enjeu était de rattraper le retard et où il suffisait de transférer, grâce aux ingénieurs, des connaissances et des technologies produites outre Atlantique notamment. Cette formation devient impertinente à partir du moment où l enjeu principal dans une «société de la connaissance» c est la production de savoirs nouveaux et la capacité d innover, c està dire celui d une formation des élites innervée par la recherche. De ce point de vue, le système CPGE/grandes écoles devrait s effacer au profit des universités. B/ Deuxième problème de société : Insuffisance du nombre d étudiants. L université d aujourd hui n est plus celle de la réussite et de l ascension sociale. 40% des inscrits en premier cycle échouent et la masse des étudiants combinent leurs études avec la précarité de petits jobs ou en état de dépendance familiale. Les inégalités se reproduisent et s y accentuent. Dans leur course en avant vers plus de concurrence, les établissements mènent des politiques réservant plus de moyens à des formations élitistes et délaissent les formations de premiers cycles ; en particulier dans les secteurs jugés les moins porteurs : lettres et Sciences humaines, STAPS Or, la France ne souffre pas d avoir trop d étudiants. Elle n en a pas assez et se trouve en dessous de la moyenne des pays de l OCDE. Résumé 1 : L enseignement supérieur souffre d une architecture globale à repenser entre ses différents pôles : Universités, IUT, CPGE/grandes écoles Il ne souffre pas de l absence de sélection mais d une sélection insidieuse dans des premiers cycles totalement sous dotés où les étudiants issus des classes populaires sont laissés à eux mêmes. 2. QUELLES CONTRADICTIONS? A/ Première contradiction : une ambition sans moyens. Cette contradiction est la plus simple. La Loi d orientation pour l avenir de l école du 23 Avril 2005 affichait l ambition de 50% d une classe d âge au niveau de la licence alors que nous sommes à 33% ; mais dans le même temps la dépense par étudiant à l université stagne et est très en deçà de ce qui est nécessaire. L ambition d au moins 10000 par étudiant a été maintes fois proclamée et sans effet de suite. La promesse de 5 milliards de plus par an n a reçu aucune traduction dans le budget 2008. 2

B/ La deuxième contradiction : augmentation du nombre d étudiants/sélection. Alors qu il y a un accord assez fort sur la nécessité d augmenter le nombre d étudiants en même temps l université est hantée par le fantôme de la sélection. De manière récurrente revient la tentation de sélectionner à l entrée de l université et, très récemment, avec la mise en place du LMD.3.5.8 la sélection à l entrée du master. C/ Troisième contradiction : soutien aux études et disponibilité des enseignants chercheurs et des enseignants du supérieur. La massification de l enseignement supérieur a alourdi les tâches d enseignement non seulement en raison des effectifs, mais surtout parce que les diplômes, les crédits, les contrôles, les stages se sont multipliés. Ainsi l organisation même des enseignements devient une activité de plus en plus prenante, parfois extrêmement lourde pour ceux qui s y consacrent, sacrifiant ainsi une part du temps dévolu à la recherche. Il arrive d ailleurs que des enseignants chercheurs changent insensiblement de métier en devenant des «managers» de l organisation universitaire. Je reprends ici les analyses de François Dubet sur les mutations du métier d universitaire. «De son côté, la recherche s est professionnalisée et «bureaucratisée». Non seulement les chercheurs doivent être de bons spécialistes de leur discipline mais ils doivent aussi s engager de plus en plus dans l organisation de la vie scientifique. A côté du «publier ou périr» qui établit la notoriété scientifique, un bon chercheur cherche des contrats nationaux et internationaux, consacré un temps considérable à la rédaction de rapports d évaluation, à l organisation de colloques, à la vie des revues, à la participation aux diverses commissions. Bien souvent, la «carrière» scientifique peut être décrite comme le passage d un rôle de pur chercheur vers un rôle d administrateur de la recherche. Progressivement les universitaires deviennent des administrateurs. Cette tendance générale a profondément diversifié le monde universitaire. Se dessinent des profils de carrière fortement contrastés : les uns cherchent, les autres enseignent et certains administrent, même si la plupart s efforcent de faire tout à la fois.» Il est probable que la LRU et l absence de moyens aggravent cette tendance sans parvenir à construire un nouveau «modèle» de l université dont il faudrait pourtant accouche. C est comme si les universitaires ne cessaient de courir derrière les mutations de l université. Résumé 2. Alors qu il faudrait des enseignants plus disponibles pour permettre la réussite des étudiants, les enseignants du supérieur le sont de moins en moins. 3. QUELS POINTS D APPUI POUR UN PROJET ALTERNATIF A/ La demande sociale de scolarisation supérieure 3

Cette dynamique de la demande sociale reste forte. Les politiques, en fonction de leurs options, essayent parfois de la contenir voire de la détourner. Souvent, cela prend la forme de la question de l orientation, des débouchés et de la professionnalisation des formations supérieures. A cette fin, sont construits des discours comme la mauvaise orientation des étudiants vers des filières comme la psychologie ou les STAPS. Examinons. L enquête «génération 2001» du Centre d études et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ) sur les sortants 2001 2004 de l enseignement supérieur face au marché du travail redresse quelques idées reçues. La filière STAPS a vu le jour en 1975. A l époque le nombre d étudiants inscrits était d environ 6000. Trente ans plus tard, les effectifs ont été multipliés par huit. Premier enseignement : l emploi des diplômés STAPS y est généralement plus fréquent mais également plus précaire. Ainsi, trois ans après leur sortie de l université, les jeunes issus de STAPS sont moins touchés par le chômage que l ensemble des sortants de l enseignement supérieur (8% contre 12%). Le taux de chômage des seconds cycles d environ 6% est comparable à celui des diplômés des écoles d ingénieurs mais l emploi occupé est plus fréquemment à durée limitée. Bref, des taux de chômage faibles au bout de trois ans mais des emplois à durée limitée. A niveau de diplôme égal la part de cadres et de professions intermédiaires est sensiblement plus élevée que dans les autres filières mais avec des rémunérations qui sont en revanche légèrement inférieures à la moyenne. Deuxième enseignement : un emploi sur deux est en rapport avec le sport, à partir du second cycle, la part des professions n ayant aucun rapport avec le sport diminue. Les emplois diffèrent néanmoins selon la filière suivie. L examen des intitulés d emplois déclarés indique une forte prépondérance des emplois liés à la formation, moniteur, animateur, formateur, éducateur sportif et enseignant des activités sportives au sens large. Parmi la diversité de ces professions on note 15% de sapeurs pompiers, gendarmes, policiers, militaires, 14% de professions liées à la vente (vendeur, technico commercial, conseiller de vente, assistant commercial ; 9% de surveillants en établissements scolaires, 4% de professeurs des écoles ; 3% d emplois d aides éducateurs ou dans le secteur de la santé et du social. Contrairement à ce que l on aurait pu penser, les travailleurs non salariés ne sont pas plus nombreux chez ces jeunes que chez ceux issus d autres spécialités universitaires de même niveau. Bref, en dépit des discours sur la mauvaise orientation l université donne à ces étudiants une «culture moderne» qui leur permet d être mieux protégé que ceux qui n ont pas de diplôme supérieur. Culture moderne universitaire qui inclut la professionnalisation et les protège pour une part du chômage. B/ L attachement des étudiants à la réussite. En avril 2002, c est déjà loin, mais cela me semble toujours d actualité, nous avons publié avec l UNEF un manifeste avec en son cœur la proposition d une révolution pédagogique : plus grande 4

disponibilité des enseignants du supérieur, dispositifs pédagogiques innovants, moins d étudiants dans les TD, TP, réduction des cours magistraux, travaux interdisciplinaires Mais cela signifie que le statu quo est impossible. C/ Les premiers cycles Il existe de plus en plus un consensus pour s attaquer plus résolument à l échec en premier cycle, y compris en faisant un effort financier. L engagement gouvernemental d un milliard supplémentaire par an sur 5 ans promis à la communauté universitaire en réponse à la mobilisation étudiante ne s est pas traduit dans les faits. Cela supposerait notamment un plan emploi conséquent afin d améliorer l accompagnement des étudiants et de mettre en œuvre une véritable révolution pédagogique. Mais l hypothèque budgétaire ne doit pas dispenser la communauté universitaire de prendre à brasle corps la lutte contre l échec dès l entrée dans le premier cycle. Mettre en œuvre des dispositifs scientifiques et pédagogiques innovants qui répondent à cet objectif est le meilleur moyen de faire éclater au grand jour l impératif de mener de front transformations qualitatives et mesures budgétaire. 5