COURS DE CHIMIE ORGANIQUE. Deuxième partie OR3



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CU DE CIMIE GAIQUE Deuxième partie 3

I- Généralités 1- omenclature Il existe trois classes d'amines : LE AMIE amines primaires amines secondaires amines tertiaires 3 C C 2 ˇ thanamine 2 3 C 3 C -mˇ thylˇ thanamine 3 C C 2 -C 2 -C 3 3 C- 2 C,-ˇ thylmˇ thylpropanamine 2- tructure L'atome d'azote est tétrahédrique : La,-éthylméthylpromanamine est une molécule chirale dont les deux énantiomères sont en équilibre à cause de l'instabilité configurationnelle de l'atome d'azote qui peut inverser le tétrahèdre. Il y a isomérisation à température ambiante. Ceci explique que cette amine soit toujours sous la forme d'un mélange racémique et donc sans activité optique. C 3 3 C 2 C 2 C C 2 C 2 C 3 3 C 2 C 3 C C 2 C 3 C 3 i l'inversion de l'atome d'azote est empêchée, alors l'amine peut être optiquement active : 3 C C 3 II- éactions acido-basiques 1- Acidité des amines 2 B B couple amine : 2 / amidure : de pka #35 Les bases suceptibles de déprotonner une amine en sa base conjuguée (ion amidure) sont des bases fortes de pka > 35. Le diisopropylamidure de lithium (LDA) est une base très utilisée en synthèse organique, elle est formée à partir de la diisopropylamine.

Bu Li Li Bu LDA 2- Basicité des amines 2 3 couple ammonium : / amine : 2 de 11>pKa>9 3 C 3 2 (C 3 ) 2 (C 3 ) 3 4 C 3 3 (C 3 ) 2 2 (C 3 ) 3 pka 9,24 10,62 10,73 9,79 augmentation du pouvoir basique diminution du pka de l'amine tertiaire La basicité augmente avec la classe de l'amine à cause de l'effet inductif donneur des groupes alkyle. Dans le cas des amines tertiaires, l'encombrement stérique autour du doublet de l'atome d'azote et la solvatation difficile de l'ammonium quaternaire diminuent leur pouvoir basique. L'aniline ou aminobenzène a un pka de 4,6 qui montre plutôt un cractère acide de l'ion anilinium : le doublet de la fonction amine est conjugué (engagé dans une résonance) avec le noyau aromatique : 3 2 pka = 4,6 III-Pouvoir nucléophile des amines E 1-Alkylation des amines et élimination de ofmann L'alkylation de l'ammoniac, d'une amine primaire, d'une amine secondaire ou d'une amine tertiaire est réalisée par la substitution nucléophile de ces dérivés azotés sur un dérivé halogéné : ' X ' X

3 C 3 2 C 3 Br C 3 Br C 3 2 Br (C 3 ) 2 Br (C 3 ) 2 C 3 Br (C 3 ) 3 Br (C 3 ) 3 C 3 Br (C 3 ) 3 Br Exemple de l'éthanamine : C 3 C 2-2 C 3 Br en exc s 3 C 2 C 3 C 3 C C 3 Br Ag 2 2 3 C 2 C 3 C 3 C Δ C 3 AgBr 2 C C 2 (C 3 ) 3 2 En présence d'eau, l'oxyde d'argent se transforme en hydroxyde d'argent : Ag 2 2 2 Ag Le bromure de triméthyléthylammonium se transforme en hydroxyde de triméthyléthylammonium avec précipitation de bromure d'argent. 3 C 2 C 3 C 2 C 3 C C 3 Br Ag 3 C C 3 AgBr 3 C 3 C En chauffant l'hydroxyde d'ammonium, il s'effectue une réaction de β-élimination avec la triéthylamine comme groupe partant et la formation d'alcène : c'est l'élimination de ofmann. C 2 C C 3 Δ 2 C C 2 2 (C 3 ) 3 3 C C 3 L'élimination de ofmann, contrairement aux autres éliminations E 2, conduit majoritairement à l'alcène le moins substitué : anti-aytsev. Le nucléofuge est une amine tertiaire très encombrée, et le plus facile pour l'ion hydroxyle est d'arracher un proton sur le carbone le moins substitué : 2 C 3 I en exc s C 3 C 3 C 3 I Ag C 3 C 3 C 3 AgI C 3 C 3 C 3 Δ β β (ET # A ) C 3 C 3 C 3 minoritaire majoritaire (ET B # )

L'état de transition de gauche est plus stable que celui de droite : (ET A # ) C 3 C 3 C 3 C 3 C 3 C 3 (ET B # ) Donc l'élimination anti-aytsev est plus rapide que l'élimination aytsev, ce qui entraîne que le produit majoritaire est l'alcène le moins substitué. 2- Désamination nitreuse L action des amines sur l acide nitreux est spécifique de la classe d amine. Les amines primaires réagissent pour donner un cation diazonium. Les amines secondaires réagissent pour donner des nitrosamines. Les amines tertiaires ne réagissent pas. 2 a 2 2Cl 2 2, Cl acl a 2 Cl 2 2 acl L'espèce réactive est le cation nitrosonium. bilan a 2 2Cl Cl 2 acl mˇ canisme Cl Cl Cl 2 Cl 2 2 passage d'une amine secondaire à une nitrosamine : amine secondaire nitrosamine passage d'une amine primaire à un cation diazonium :

amine primaire 2 2 ion diazonium L'ion alkyldiazonium, très instable, réagit sur tout nucléophile présent dans la solution en éliminant du gaz diazote ( 2 ) Par exemple, avec l eau il se forme un alcool primaire tandis qu'un sel d halogénure donne un halogénoalcane primaire. 2 Cl acl 2 2 a Les amines aromatiques réagissent comme les amines primaires et se transforment en sels de diazonium aromatiques stables et isolables. 2 Cl a 2 2Cl acl 2 2 3- Applications a) Élimination de ofmann sur une amine endocyclique 1) C 3 I en exc s 2) Ag 2, 2 3) Δ 3 C C 3 1) C 3 I en exc s 3) Δ 2) Ag 2, 2 ai 3 C C 3 I 3 C C 3 b) ubstitution nucléophile intramoléculaire sur un sel de diazonium primaire

C 2 a 2 Cl C C 2 C C C Les additions nucléophiles d'amines sur les dérivés carbonylés et / ou sur des dérivés d'acide seront traitées dans les chapitres suivants. LE DÉIVÉ CABYLÉ I-Généralités 1-omenclature aldˇ hyde cˇ tone ' 2 C 3 C 3 C C 3 mˇ thanal ou formaldˇ hyde ˇ thanal propanone ou acˇ tone pentane-2-one Les aldéhydes et les cétones sont très abondants dans la nature et dans nos vies quotidiennes : ce sont d'excellents solvants (acétone utilisé en salle de TP), des parfums ( ou carvone) ou des arômes (pipéronal, cinnamaldéhyde...) et des composés biologiquement importants (carbohydrates :aldoses et cétoses). pipˇ ronal (extrait du poivre) utilisˇ en parfumerie cinnamaldˇ hyde (extrait de la cannelle) odeur de cannelle -carvone odeur de menthe -carvone odeur de carvi

C C 2 C 2 C 2 aldose : D-glucose cˇ tose : D-fructose 2- Caractère électrophile des carbonylés L'atome de carbone de la double liaison C= est électrophile et réagit sur les entités nucléophiles. Ce qui est totalement différent de l'atome de carbone de la double liaison C=C qui réagit sur les électrophiles ( voir chapitre sur les alcènes). ' ' δ δ- II- Additions nucléophiles sur les dérivés carbonylés 1- Étude générale a) comparaison des pouvoirs électrophiles ' u E 3 C > > >> 3 C F 3 C 3 C pouvoir ˇ lectrophile croissant pouvoir ˇ lectrophile croissant 2 > > C 3 pouvoir ˇ lectrophile croissant b) mécanismes généraux cas d'un nuclˇ ophile fort : 1) addition nuclˇ ophile 2) protonation u u 1) u u 2) cas d'un nuclˇ ophile faible : 1) protonation de la fonction carbonyle 2) addition nuclˇ ophile u 1) 2) u

c) téréochimie 3 C C 2 5 u 3 C C 2 5 u A si rien n'oriente l'addition nuclˇ ophile prˇ fˇ rentiellement d'un cotˇ il se forme un mˇ lange racˇ mique des deux composˇ s A et B sont ˇ nantiom res u 3 C C 2 5 u B 2- Additions d'un nucléophile fort a) Addition d'hydrure L'hydrure mixte d'aluminium et de lithium (LiAl 4 ) et le borohydrure de sodium (ab 4 ) sont des donneurs d'hydrure 1) LiAl 4 2) 3 benzophˇ none benzhydrol bilan en 2 étapes : 4 LiAl 4 4 Al Li 4 Al Li 3 4 3 4 Li Al 4 2 mécanisme 1 re ˇ tape : addition de Al Al Al 4 Al 2 me ˇ tape : hydrolyse acide de l'alcoolate d'aluminium Al 4 Li 4 4 Al() 3 4 2 Al 3 3 2 Mécanisme semblable avec le borohydrure de sodium :

B a a B B a 4 B a Puis, suit l'hydrolyse acide de l'alcoolate de bore. En résumé, l'addition d'hydrure sur un aldéhyde ou une cétone conduit, après hydrolyse acide, à des alcools : LiAl 4 ou ab 4 formaldˇ hyde aldˇ hyde cˇ tone C 3 C 2 C mˇ thanol alcool primaire alcool secondaire b) Addition des réactifs de Grignard (voir chapitre sur les dérivés halogénés, paragraphe V) addition du bromure d'éthylmagnésium sur le benzaldéhyde : bilan : Et 1) EtMgBr 2) 3 1/2 MgBr 2 1/2 Mg() 2 mˇ lange racˇ mique du 1-phˇ nylˇ thanol mécanisme : benzaldˇ hyde 1 re ˇ tape : addition nuclˇ ophile du carbanion en milieu rigoureusement anhydre Et MgBr δ- δ 2 C MgBr 3 C alcoolate magnˇ sien 2 me ˇ tape : hydrolyse de l'alcoolate magnˇ sien en milieu acide Et MgBr Et "MgBr" Le mécanisme est identique sur une cétone. Bilan de l'addition du bromure de phénylmagnésium sur la cyclohexanone :

1) MgBr 2) 3 1/2 MgBr 2 1/2 Mg() 2 cyclohexanone L'addition de réactifs de Grignard sur les dérivés carbonylés résulte de la réaction d'un carbone nucléophile sur le carbone électrophile de la double liaison C=. C'est une méthode très utilisée pour créer de nouvelles liaisons Carbone-Carbone. Les conditions réactionnelles de la première étape d'addition doivent être rigoureusement contrôlées sachant qu'une trace d'eau ou d'acide faible détruit le dérivé organométallique (voir chapitre sur les dérivés halogénés, paragraphe V-3). L'addition de réactifs de Grignard sur les dérivés carbonylés peut entraîner la formation d'un carbone stéréogène. En l'absence de contrainte stéréochimique, les deux configurations et sont obtenues sans sélectivité, ce qui explique la formation de mélanges racémiques. En résumé, l'addition de -MgX sur un aldéhyde ou une cétone conduit, après hydrolyse acide, à des alcools : MgX formaldˇ hyde aldˇ hyde cˇ tone C 2 C C alcool primaire alcool secondaire alcool tertiaire c) Addition d'un carbanion / dérivé organométallique Addition d'un ion alcynure obtenu par déprotonnation d'un alcyne terminal : 3 2 3 d) Addition de cyanure C - Autre méthode pour créer une liaison C-C Bilan de formation de la cyanhydrine : mˇ thylphˇ nylcˇ tone C milieu tamponnˇ p = 7,4 C mˇ lange racˇ mique du 2-hydroxy-2phˇ nylpropionitrile Le mécanisme montre que le milieu tamponné est nécessaire. i le p est trop acide, alors C n'est pas assez dissocié pour donner le nucléophile C. i le p est trop basique, on ne

protonne pas le cyano-alcoolate intermédiaire, qui redonne le réactif de départ, avec élimination de C (c est ce qu on appelle la réaction de rétrocyanhydrine qui retourne en arrière vers la cétone). C C C C C L'addition d'un ion cyanure sur un dérivé carbonylé conduit à une cyanhydrine. e) Addition d'un ylure de phosphore : réaction de Wittig La réaction de Wittig ( Georg Wittig, chimiste allemand, 1897-1987, prix obel en 1979) est une réaction d'oléfination : elle transforme un aldéhyde en alcène. P C 2 ylure de phosphore C 2 P oxyde de triphˇ nylphosphine La formation d'un ylure de phosphore implique l'action d'une base sur le sel de phosphonium. La déprotonation a lieu sur le carbone situé en α de l'atome de phosphore, l'ylure de phosphore ainsi formé est stabilisé par résonance : 3 P 3 C I triphˇ nylphosphine I P C iodure de triphˇ nylmˇ thyl phosphonium B C P 2 ylure de phosphore P C 2 L'addition nucléophile de l'ylure de phosphore sur l'aldéhyde conduit à un intermédiaire cyclique à 4 chaînons (phosphobétaïne) qui évolue pour donner l'alcène et l'oxyde de triphénylphosphine. La formation de 3 P= est très favorable d'un point de vue énergétique puisque la liaison P= est très stable avec E = 575kJ/mol; ce qui fait dire que l'atome de phosphore est oxophile ( il a des affinités pour l'atome d'oxygène). C 3 7 P 3 C 2 ylure de phosphore C 3 7 P 3 C C 2 C 3 7 C C 2 but-1- ne P 3 La base qui permet de former l'ylure de phosphore, la structure du sel de phosphonium, le solvant et la température de la réaction sont des facteurs qui influencent cette réaction et en particulier qui orientent le déroulement stéréochimique vers un alcène majoritaire Z ou E. ous ne rentrerons pas dans ces explications au niveau du L 2. 3- Additions nucléophiles avec activation préalable du dérivé carbonylé a) Addition de 2 : formation d'hydrates

F 3 C 2 F 3 C hydrate 2 hydrate Ces réactions sont équilibrées, la faible nucléophilie de la molécule d'eau ne permet pas de beaucoup déplacer les équilibres vers la formation d'hydrate. Lorsque le dérivé carbonylé est rendu très électrophile par la substitution par un groupe électroattracteur comme CF 3 ou CCl 3, la formation d'hydrate est favorisée. b) Addition d'un alcool : formation d'un hémiacétal puis d'un acétal bilan 3 C C 3 3 C C 3 hˇ miacˇ tal C 3 3 C C 3 C 3 acˇ tal mécanisme C 3 C 3 C 3 C 3 2 hˇ miacˇ tal C 3 hˇ miacˇ tal C 3 2 C 3 2 C 3 C 3 C 3 Ces réactions équilibrées sont aussi le moyen d'hydrolyser l'acétal en cétone ou en aldéhyde de départ. Cette réaction d'acétalisation est très souvent utilisée en synthèse pour protéger une fonction carbonylée dans des réactions qui risquent de l'affecter. La déprotection (réaction d'hydrolyse de l'acétal, inverse de l'acétalisation) en fin de synthèse redonne l'aldéhyde ou la cétone : acˇ tal C 3 3 C 3 10% equiv. CEt CEt c) Addition d'un thiol : formation d'un thiocétal

C g 4 2 Il s agit du mécanisme de la protection d un aldéhyde sous forme de thiocétal, en présence d ions mercuriques g 2 : 2 g 2 g g 2 2 g g Application 1) n-bu-li 2) D 2 3) 3 D Le butyllithium (pk a = 40) peut déprotonner le carbone qui porte les deux atomes de soufre pour former un carbanion stabilisé, avec le contre-cation Li. Ce carbanion est stabilisé grâce à la délocalisation de la charge négative dans les orbitales d des atomes de soufre. Ce carbanion est facilement «reprotonné» dans l eau lourde par échange acide-base avec un ion D, pour conduire au thiocétal deutéré qui peut être hydrolysé en milieu acide pour conduire au benzaldéhyde deutéré. n-buli, Li n-bu D 2 D D 2, D D d) Addition d'une amine primaire : formation d'une imine 3 C 2 3 C 3 C 2 C 3 C imine

3 C 3 C 2 C 3 C 3 C 2 C 2 3 C 3 C 2 C 3 C 3 C 2 C 2 3 C 3 C 2 C 2 3 C 3 C 2 C 1) ab 3 C 2) 3 3 C 3 C 2 C La formation d'imine est réversible et l'addition de 2 sur l'imine conduit au dérivé carbonylé initial. C'est pourquoi l'imine est souvent réduite in situ par du cyanoborohydrure de sodium. Une des étapes d'une synthèse totale de la éserpine, un alcaloïde très actif sur le système nerveux central, est la réaction de la 6-méthoxytryptamine sur un aldéhyde complexe représenté ici par la formule C. Cette réaction est suivie de la réduction chimiosélective de la fonction imine par le cyanoborohydrure de sodium (ab 3 C) pour conduire à une amine secondaire. 2 1) C 3 C 2) ab 3 C 3 C e) Addition d'une amine secondaire : formation d'une énamine Voici une des étapes de la synthèse du jasmonate de méthyle, isolé de l'huile essentielle de jasmin, qui fait réagir un cétoester sur une amine secondaire, la pyrrolidine, en milieu acide. CC 3 CC 3 CC 3 pyrrolidine Mécanisme 2 3 2 ˇ namine

f) Addition d'autres dérivés azotés dˇ rivˇ carbonylˇ hydroxylamine oxime 2 2 2 2 dˇ rivˇ carbonylˇ 2 2,4-dinitrophˇ nylhydrazine 2,4-dinitrophˇ nylhydrazone III- Acidité en α de la liaison C= 1- Ions énolates Un composé carbonylé qui possède un proton en α peut être déprotonné par une base sachant que le pka d un tel proton vaut entre 18 et 28. a base conjuguée est le carbanion A, stabilisé par délocalisation du doublet d'électrons π sur trois centres. La forme mésomère B est l'énolate correspondant. Base A B 2- Équilibre céto-énolique Cette propriété acido-basique en α de la fonction carbonyle est à l'origine d'un équilibre entre deux formes tautomères : la cétone et l'énol. Cet équilibre céto-énolique est catalysé soit par un acide soit par une base. catalyse acide ou basique a) catalyse acide

olvant: b) catalyse basique B B B B B B B 3-éactivité des ions énolates a- Alkylation des énolates bilan C 3 1) LDA 2) EtBr 3 C Et LDA = diidopropylamidure de lithium LiBr Et Br mˇ canisme 3 C C 3 C 3 b- Aldolisation Base Base β-cˇ tol β-aldol

B B B Le β-cétol obtenu est un composé bifonctionnel qui porte une fonction cétone et une fonction alcool. A partir d'un aldéhyde on obtient un β-aldol. Par chauffage, les β-cétols et les β-aldols se déshydratent (β-élimination d'une molécule d'eau en milieu acide ou basique) et conduisent à une cétone ou un aldéhyde α,β-insaturé. Cette réaction s'appelle une crotonisation et forme une double liaison C=C conjuguée avec la fonction carbonyle. Δ 2 crotonisation β-cˇ tol Application à un exemple d'aldolisation intramoléculaire : 1 2 3 la cˇ tone est moins ˇ lectophile que l'aldˇ hyde et cette aldolisation est moins rapide que ci-dessous : 1 2 B 3 2 1 3 3 1 2 cycle 7 cha nons moins stable que les cycles 5 ou 6 chainons

2 Δ crotonisation 2 IV- éactions d'oxydo-réduction des dérivés carbonylés 1- éactions de réduction a- réduction de C= en C 2 éduction des aldéhydes et des cétones selon la réaction de Wolf-Kishner avec l'hydrazine ( 2-2 ) en présence de potasse (K) K 2-2 2 C C K 2-2 C 3 éduction des aldéhydes et des cétones selon la réaction de Clemmensen par l amalgame de zinc (Zng) en milieu acide chlorhydrique (Cl) à chaud Cl Zng 2 C C Cl Zng C 3 b- réduction de C= en C éduction par hydrogénation catalytique avec du dihydrogène et un catalyseur métallique par exemple l'oxyde de platine 2 Pt 2 C C 2 Pt 2 C 2 emarque : l'hydrogénation d'une double liaison C= est beaucoup moins rapide que l'hydrogénation d'une double liaison C=C, de sorte que on peut hydrogéner sélectivement un alcène sans toucher à la fonction carbonyle d'un composé bifonctionnel : 2, 1 atm. ickel de aney 2- éactions d'oxydation a- xydation spécifique des aldéhydes (illustration de leur caractère réducteur) xydation par la liqueur de Fehling (tartrate de cuivre II en milieu basique). Les cétones ne réagissent pas. Les aldéhydes sont oxydés en acides carboxyliques correspondants avec formation d un précipité rouge brique d oxyde cuivreux.

CEt CEt 2 Cu C C 2a Cu 2 a a CEt CEt xydation par le réactif de Tollens (sel d argent ammoniacal). Les cétones ne réagissent pas. Les aldéhydes sont oxydés en acides carboxyliques correspondants avec formation d un miroir d argent (dépôt d argent métallique). 2 2Ag C 3 C 2Ag xydation par le permanganate de potassium à froid. Les cétones ne réagissent pas. 2 2Mn 4 6 C C 3 2 2Mn b- xydation des aldéhydes et des cétones xydation par le permanganate de potassium à chaud. KMn 4 chaud C C KMn 4 chaud C *********************