I have a dream pour la production d'électricité en France Par Michel Gay Le 24 mars 2014 J'ai un rêve. Nous sommes en 2050 1. Je rêve que pour produire l'électricité dont la France a besoin, elle dispose de 60 réacteurs EPR de 1,6 Gigawatts (GW) (soit une puissance de 96 GW) avec la même production électro-hydraulique qu'aujourd'hui. Elle a abandonné toutes ces chimères faussement séduisantes que constituent les éoliennes, les hydroliennes, les panneaux photovoltaïques et autres géothermies. Nous pouvons produire une électricité abondante et bon marché, répondant à la demande, aussi bien en quantité qu'en puissance (100 GW à la pointe d'hiver). Cette production nationale, sans émission de gaz à effet de serre (GES), sans importation ni de pétrole, ni de gaz ni de charbon permet à la France d'obtenir une quasi autonomie énergétique. Le besoin d'importation de moins de 15.000 tonnes par an d'uranium naturel, pour fabriquer les 1500 tonnes de combustibles alimentant nos 60 EPR, permet de maitriser le flux d'approvisionnement à l'étranger du combustible uranium dont nous avons déjà 8 ans 2 de réserve sur notre sol pour la génération III (EPR) en 2014. En 2050, nous avons également 5000 ans de réserve de combustible uranium pour la génération de surgénérateur (GEN IV) dont les premiers réacteurs commencent à produire commercialement. La France dispose ainsi d'un atout formidable pour son développement économique et sociale en produisant son électricité uniquement avec de l'uranium, de l'hydraulique et de la biomasse sans importer de matière première fossile. Le coût de production est de 9,5 c /kwh 3 (valeur 2014) pour une électricité abondante, sûre, corrélée aux besoins et capable de s'adapter à la demande, sans fossile (et donc sans importation de gaz ni de charbon ni de pétrole), sans émissions de CO2... et sans dépendre ni du vent capricieux, ni du soleil intermittent, ni de stockages insuffisants toujours coûteux! Le prix de vente est de 17,5c TTC (valeur 2014) pour l'utilisateur final en tenant compte du coût du transport et des taxes en vigueur en 2014 (8c /kwh). 1 Complément à l'article : "Les réacteurs nucléaires peuvent faire face aux variations de la demande", publié sur le site de "Sauvons le climat" le 9 février 2009. 2 Inventaire national des déchets et matières radioactives 2012, pages 46 et 47. 3 Voir annexe pour les calculs. 1
Fin du rêve. Retour en 2014. Pour mémoire, en France en 2014, le prix de vente de l'électricité aux particuliers est de 13c /kwh. Le prix de vente moyen en Europe est déjà de 17,5 c /kwh. Le prix de vente en Allemagne est actuellement de 23 c / kwh et il est en augmentation rapide alors que ce pays n'a que 20 % d'enr et que leur production électrique est encore issue de 65% de fossiles beaucoup moins cher que l'éolien et le photovoltaïque. Nous pourrions donc produire une électricité abondante, répondant à la demande, bon marché, sans émission de GES, sans importation ni de pétrole, ni de gaz ni de charbon, en maîtrisant le flux d'approvisionnement à l'étranger du combustible uranium dont nous avons 8 ans 4 de réserve sur notre sol pour la génération actuelle. Et nous aurons 5000 ans de combustible uranium en 2050 pour la future génération de surgénérateur à l'étude (GEN IV). Cependant, puisqu'aucun autre réacteur nucléaire, sauf l'epr de Flamanville, ne sera construit jusqu'en 2017 selon les déclarations du Président de la république François Hollande, cela signifie que si nous voulons voir se réaliser ce rêve "utile", il faudrait mettre en chantier 2 EPR par an pendant 30 ans de 2017 à 2047 pour posséder 60 EPR en 2050. Ce chiffre parait important mais un tel effort a déjà été réalisé en France par nos "ainés" il y a une trentaine d'années. Entre 1977 et 1993, 54 réacteurs nucléaires ont été livrés 5 (34 de 900 MW et 20 de 1300 MW), soit une moyenne de plus de 3 réacteurs par an pendant 17 ans En 1981, jusqu'à 7 réacteurs ont été livrés la même année! Conclusion: A partir de 2050, les premiers réacteurs surgénérateurs GEN IV devraient être mis en service pour compenser l'augmentation de l'utilisation de l'électricité à la place des combustibles fossiles, partout où c'est possible et notamment pour le chauffage (pompes à chaleur) et dans les moyens de transport. Les premiers EPR mis en service vers 2020, et prévus pour fonctionner 60 ans, seront productifs jusqu'en 2080. Les EPR mis en service après 2040 devraient encore fonctionner au-delà de 2100 Le tuilage du remplacement, après 60 ans de service, des réacteurs actuels les plus récents (couplés au réseau après 1985) pourraient aussi se faire directement avec des réacteurs de la GEN IV entre 2040 et 2050. Ce futur doit se penser et se préparer dés maintenant dans le cadre de la transition énergétique vers le nucléaire que peuvent préparer nos élus car sa mise en place demandera d'importants moyens humains, techniques et financiers qui devront être étalés dans le temps. En 2050, mes deux enfants auront environ 60 ans et leurs éventuels enfants autour de 30 ans. Quant à l'auteur de ces lignes Cependant, doit-on se mettre la tête dans le sable et adopter la célèbre phrase :" Après nous le déluge"? 4 Inventaire national des déchets et matières radioactives 2012, pages 46 et 47. 5 Le réexamen, de sûreté ders réacteurs à eau sous pression de 900MWe à l occasion de leur 3èmes visites décennales http://www.irsn.fr/fr/expertise/rapports_expertise/documents/surete/irsn_reexamen_surete_rep_vd3_900.pdf 2
ANNEXE Et voilà comment ce rêve peut se réaliser Aujourd'hui (En moyenne ces dernières années jusqu'à 2014) Production : La production annuelle totale d'électricité en France est d'environ 550 TWh avec un creux de consommation mensuelle (et donc de production) en août autour de 35 TWh et un pic de consommation de prés de 60 TWh en janvier et/ou février. Nucléaire (63 GW existants) : 63 GW x 6700 h 6 = 420 TWh "Fossiles" = 50 TWh Barrages = 60 TWh "Autres" tels que éolien, biomasse, photovoltaïque (PV), = 20 TWh Total = 420 + 50 + 60 + 20 = 550 TWh (production annuelle totale) Puissance : La France dispose actuellement de 58 réacteurs représentant une puissance totale de 63 GW. Nucléaire : 55 GW disponibles à la pointe de l'hiver sur 63 GW de puissance installée. Hydraulique: 15 GW disponibles à la pointe de l'hiver (janvier et février 2012) sur 25 GW de puissance installée. Puissance disponible maximum sûre à la pointe d'hiver : nucléaire + hydraulique = 55 + 15 = 70 GW Le pic absolu de consommation a été de 102 GW à 19 h le mercredi 8 février 2012. A 19 h l'hiver, il fait nuit et le PV ne produit rien au moment de la pointe de la demande. Il manque donc aujourd'hui plus de 30 GW de puissance qui sont fournis principalement par des "fossiles" (français ou d'importation) ou de la biomasse, notamment s'il y a peu de vent. Coûts annuels de production: Nucléaire : 420 TWh x 4,9 c /kwh 7 = 20,6 Mds Barrages : 60 TWh x 3 c /kwh = 1,8 Mds Fossiles : 50 TWh x 6 c /kwh = 3 Mds Autres (estimé): 20 TWh x 10c /kwh = 2 Mds Total : 27,4 Mds (pour produire 550 TWh aujourd'hui) 6 En France, la production nucléaire s'adapte partiellement à la demande. Il en résulte un facteur de charge inférieur aux possibilités des réacteurs qui ne produisent pas au maximum de leur capacité. Ceci explique pourquoi le facteur de charge annuel des centrales françaises est inférieur à celui des centrales belges (Rapport du Sénat sur les coûts de l'électricité du 12 juillet 2012, page 50, audition de M. Gérard Mestrallet, président-directeur général de GDF Suez du 7 mars 2012. 7 4,95 c /kwh est le coût courant économique calculé par la Cour des comptes dans le rapport sur les coûts de l'électronucléaire, janvier 2012, page 280, et confirmé par lettre du Président d'edf page 428. 3
Il y a environ 10 % de pertes diverses (autoconsommation, pertes en ligne, distribution, ), il reste donc environ 500 TWh "marchands" dont le coût de production moyen est de : 27,4 Mds / 500 TWh = 5,5 c /kwh (Le prix moyen du marché en 2011 était de 5,5 c /kwh 8 ). Hypothèses en 2050 : Demain (2050 avec 60 EPR) Nucléaire : 60 EPR de 1,6 GW = 96 GW - 10% de 96 GW (fin combustible, maintenance, réserve de puissance 9, ) = 85 GW 10 disponibles au minimum au cœur de l'hiver et plus de 50 GW en été. Barrages : 25 GW de puissances installée. 15 GW de puissance disponible au cœur de l'hiver. Production : Supposons une production stabilisée et identique aux années 2000-2013 : 550 TWh. Nucléaire (96 GW existants): 63 GW x 6700 h (fonctionnement en "base modulé" comme actuellement) = 420 TWh 33 GW x 2100 h ( appoints ponctuels pendant 5 mois de novembre à mars ) = 70 TWh Soit 420 + 70 = 490 TWh de nucléaire Une autre façon de fonctionner consiste à moduler la puissance de fonctionnement de l'ensemble du parc nucléaire avec un facteur de charge moyen annuel inférieur : 96 GW x 4700 h = 490 TWh ( facteur de charge de 54 % = 4700 h / 8760 h) Fossiles = 0 Barrages = 60 TWh Biomasse = Quelques dizaines ou centaines de Gwh en complément pour les pointes extrêmes de décembre à février. Total = 490 + 60 = 550 TWh (sans fossiles, ni éolien, ni PV). Puissance : Nucléaire : 85 GW disponibles au minimum à la pointe de l'hiver sur 96 GW de puissance installée. Hydraulique : 15 GW disponibles à la pointe de l'hiver sur 25 GW de puissance installée. Biomasse : 5 GW disponible en hiver. 8 M. Pierre-Marie Abadie, directeur de l énergie au ministère de l écologie, du développement durable, des transports et du logement., rapport du sénat du 12 juillet 2012, page 544 : "EDF étant le seul bénéficiaire de la compétitivité du parc de production nucléaire, il pouvait vendre son électricité à un prix largement inférieur au prix du marché européen. Le coût de production du mégawatt-heure s établissait, pour EDF, entre 35 euros et 40 euros, alors que le prix du marché s élève aujourd hui à 55 euros, mais il a pu monter à plus de 60 euros ou de 70 euros". 9 Le 08 février 2012, lors de la pointe extrême de la demande, soit 102 GW, la puissance nucléaire maximum fournie a été ponctuellement de 59 GW sur 63 GW existants. La puissance nucléaire moyenne en février était de 55,6 GW. 10 Certains chiffres du textes sont arrondis pour avoir des chiffres "ronds". 4
Puissance disponible maximum aux pointes d'hiver: nucléaire + hydraulique + biomasse = 85 + 15 + 5 = 105 GW Le pic absolu de consommation a été de 102 GW à 19 h le mercredi 8 février 2012. Il ne manquerait donc plus "que" 2 GW de puissance qui seraient fournis par de la biomasse (aujourd'hui, il y a 5 GW d'installés), quel que soit le vent, car l'éolien devrait avoir disparu pour inaptitude à répondre au besoin Coûts annuel de production: Nucléaire : 420 TWh x 7 c / KWh 11 = 29,4 Mds Si les 63 GW d'epr (produisant 420 TWh) sont rentabilisés avec 29,4 Mds de recettes annuelles, alors les 33 GW supplémentaires seront rentabilisés avec 16 Mds de recettes 12 (en négligeant la part non consommée du combustible nucléaire qui compte peu dans le coût total). Donc, les 70 TWh de "production en hiver" doivent rapporter 16 Mds et doivent donc être vendu 23 c /kwh. 570TWh x 23 c /kwh = 16 Mds Barrages : 60 TWh x 3c /kwh= 1,8 Mds Biomasse en complément ultime aux pointes (construction, frais fixes, entretien) = 0,5 Md Total = 29,4 Mds + 16 Mds + 1,8 Mds + 0,5 Md = 47,7 Mds pour 550 TWh produits et 500 TWh "marchands". 47,7 Mds / 500 TWh = 9,5 c /kwh (coût de production total en moyenne sur l'année). 11 Coût courant économique estimé pour des EPR de séries sur la base du rapport la Cour des comptes sur les coûts de la filière électronucléaire de janvier 2012, page 225 : "On peut estimer le coût de production futur de Flamanville entre 70 et 90 /Mwh ( ). Il faut rappeler aussi qu'il ne s'agit pas des coûts de l'epr de série, qui devraient être inférieurs ( ) 12 29,4 x 33 / 63 = 16 Mds 5