Christian Fogaing Le Sud
Mohamed Bouazizi : l effet papillon Tous ont dormi Tous ont rêvé Sauf lui, l amant des étoiles du ciel Le fugitif du siècle Il l a fait Oh! Le vilain garçon De son champ de vision, il s en est servi D un œil affolé Il a fait sauter le verrou Et a commis le crime du siècle. L étable du siècle, il l a mise à feu et à sang L étable qui brûle du feu des abîmes Le blanc noirci des planches qui se consume La paille asséchée au son des symphonies résonne. Un éclat dans le noir Le brasier s empare de l étable Meurtri, il s en est allé à grand pas, vers le trépas La serrure ouverte La porte entrouverte Le sarcophage au milieu du paysage Un silence assourdissant Et puis, ouf! Comme le chant du coq, qui vient rompre la monotone froideur de la nuit Il inspire et expire à nouveau Il inspire et expire à narine écarquillée Comme un homme assorti d une noyade. Cette soif de liberté retrouvée 3
Cette momie de la justice, de l égalité et de la dignité humaine Déchaînée et lancée en pâture au sein des régimes totalitaires À la première heure de l aube, s est bronzée sur le sable. Au Maghreb, elle a fait de lui sa demeure Au septentrion, le soleil s est levé Comme l urne funéraire des braves hommes répandue à la mer Pareille à un typhus, elle s est emparée de tout le Maghreb Elle avance et ne recule À tout le Maghreb, elle sillonne telle une pandémie de choléra De devant elle, fuient inégalité et injustice De derrière elle, suivent peine, douleur, joie et cri À tout le Maghreb, pareille aux lucioles de nos sentiers nocturnes, elle l illumine Il l avait fait, le regard affolé Il avait mis le feu à l étable Ce Mohamed Bouazizi Et avait commis le crime du siècle Cette nuit où tous ont dormi Cette nuit où tous ont rêvé Sauf lui, l amant des étoiles du ciel, Le fugitif du siècle. 4
Maghreb Partie septentrionale de l Afrique, on vous trouve Climat méditerranéen, vous habitez Peuple de culture islamique et arabophone, vous êtes Afrique blanche, vous demeurez. Là était ce peuple dont ma mère me conta leur bravoure Afin que je puisse m endormir d une âme douce Me conta-t-elle Que ton sommeil soit doux mon fils Si doux que cette paix maghrébine Maghreb mon fils Maghreb notre fierté Maghreb dont la gloire et la prospérité sont notre reflet futur Mon fils Souviens-toi mon fils De ce modèle de prospérité. Partie septentrionale de l Afrique, on vous trouve Climat méditerranéen, vous habitez Peuple de culture islamique et arabophone, vous êtes Afrique blanche, vous demeurez. Là, était ce peuple dont ma mère me conta leur bravoure Leur espoir et leur parcours glorieux Fatiguée, vous paraissez Flambeau je tiens Pour te conter à mon tour, l histoire de ce peuple Ce peuple, qui une nuit paisible reçut la visite du gardien des ombres Là était ce peuple, dont ma tendre mère fit des éloges 5
Là était, l escale du gardien des ombres. Jamais spectacle aussi terrifiant et odieux N avait frappé les yeux du monde Amertume et alourdi est mon langage Des ombres, armés de hache à double tranchant Dont la perpendiculaire au soleil caniculaire, aveuglait la population La confusion Le tsunami humain La colère des ténèbres. Pas le moindre mètre carré ne fut épargné Ce parterre de mugissements, de lamentations et de plaintes à l inconnu Ces magnifiques fresques et monuments historiques Couverts de sang d innocent, Dont la beauté fut-elle aussi splendide, ne fut qu un tas de sable et de cendre Là, ce magnifique Maghreb et sa paix Ce Maghreb de prospérité et son accueil chaleureux parti en croisade Pour ne laisser place qu à de l amertume. Maghreb de rêves évanouis Maghreb d enfants adultes Maghreb de sillon de cratères Maghreb d habitats transpercés De votre droit, vous méritez De mon devoir, flambeau je tiens votre fils Pour vous conter la réalité Là était, ce peuple dont ma tendre mère fit des éloges Aujourd hui, escale du gardien des ombres, l est ce peuple Aujourd hui, l est ce peuple dont vous me fîtes l éloge, ma tendre mère. Que ton sommeil ne se trouble 6
Car escale me l a-t-on dit Que ton sommeil soit si doux ma tendre mère Pareil aux eaux qui ruissellent sur nos demeures De votre droit vous méritez De mon devoir, flambeau je tiens, votre fils Pour vous conter 7