L'EXPOSITION AUX PRODUITS CHIMIQUES DANS LES CABINETS DE DENTISTE



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Transcription:

CENTRE DE SANTÉ PUBLIQUE DE QUÉBEC DÉPARTEMENT DE MÉDECINE SOCIALE ET PRÉVENTIVE. UNIVERSITÉ LAVAL L'EXPOSITION AUX PRODUITS CHIMIQUES DANS LES CABINETS DE DENTISTE CÉLINE LEMIEUX, BSc, MSc ROBERT PLANTE, MD, MSc FÉVRIER 1994

SANTÉCOM

Institut national de santé publique du Québec 4835, avenue Chrlstophe-Colomb, bureau 200 Montréal (Québec) H2J 3Gg Tél.: (514) 597-0606 CENTRE DE SANTÉ PUBUQUE DE QUÉBEC DÉPARTEMENT DE MÉDECINE SOCIALE ET PRÉVENTIVE. UNIVERSITÉ LAVAL L'EXPOSITION AUX PRODUITS CHIMIQUES DANS LES CABINETS DE DENTISTE CÉLINE LEMIEUX, BSc, MSc ROBERT PLANTE, MD, MSc FÉVRIER 1994

Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Canada, 1994 Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Québec, 1994 ISBN : 2-921636-16-6

REMERCIEMENTS Nous remercions toutes les personnes qui ont collaboré à cette étude et tout particulièrement : Aux dentistes et au personnel des cabinets dentaires qui nous ont permis d'effectuer les mesures dans leur milieu de travail et dont la collaboration a été très précieuse: Clinique Banville, Mainville et ass. Clinique Rompré et Simard Clinique Dentaire St-Louis. À toute l'équipe des hygiénistes industriels de la région de Québec sans qui tout ce travail n'aurait pu être possible: Sylvain Allaire, hygiéniste industriel, Alain Soulard, hygiéniste industriel, Joanne Dubé, technicienne en hygiène industrielle; Jocelyne Pelletier, hygiéniste industrielle À l'équipe des laboratoires du Centre de toxicologie de Québec et spécialement à Jean- Guy Guillot; Aux professeurs de l'école de médecine dentaire de l'université Laval, source de beaucoup de renseignements: Dr Denis Robert Dr René-Guy Landry Ce travail a été rendu possible grâce à la libération qu'a accordée la Commission de la santé et de la sécurité au travail à madame Céline Lemieux afin de réaliser son essai dans le cadre de la maîtrise en santé communautaire.

TABLE DES MATIÈRES page I. INTRODUCTION 1 1. Le milieu 1 2. Le contexte de l'étude - 2 3. L'objectif de l'étude 3 n. LA MÉTHODOLOGIE 1. Inventaire des produits utilisés dans les cabinets dentaires 2. Estimation de l'exposition au mercure 2.1 Mesures environnementales.... 2.2 Dosages du mercure urinaire m. LES RÉSULTATS. 6 1. Inventaire des produits chimiques 6 1.1 Les travaux nécessitant l'utilisation de produits chimiques 6 1.1.1 Les opérations de dentisterie 6 1.1.2 Autres opérations 10 1.1.3 Autres activités 10 1.2 Organisation du travail 12 1.2.1 Dentiste.,... 12 1.2.2 L'assistante dentaire. 12 1.2.3 L'hygiéniste dentaire 13 1.2.4 Les secrétaires-réceptionnistes 13 1.3 Enquête téléphonique. 14 1.4 Liste des produits chimiques utilisés en cabinet dentaire 16 2. Évaluation de l'exposition au mercure 17 2.1 Les caractéristiques du mercure - 17 2.2 Opérations pouvant émettre du mercure lors des obturations aux amalgames 18

page 2.3 Les travailleurs exposés - 19 2.4 Les mesures effectuées 20 2.5 Résultats des mesures environnementales 21 2.6 Résultats des mesures biologiques 23 IV. QUELQUES EFFETS À LA SANTÉ DES PRINCIPAUX CONTAMINANTS CIBLÉS 25 1. Les contaminants chimiques, à l'exception du mercure 25 2. Le. mercure 27 2.1 Généralités,27 2.2 Les principaux organes cibles 29 2.3 Les effets à la reproduction 30 V. DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS 31 1. Portrait global 31 2. Le mercure 33 VI. CONCLUSION 39 BIBLIOGRAPHIE 41

ANNEXES page ANNEXE 1 Résultats de l'enquête téléphonique Questionnaire ^ ANNEXE 2 Liste des produits chimiques utilisés en cabinet dentaire 52 ANNEXE 3 Compilation des résultats des mesures environnementales Résumé et détails 61 ANNEXE 4 Dosages de mercure urinaire chez le personnel des cabinets dentaires Détails... 65 ANNEXE 5 Tests statistiques.. 73 ANNEXE 6 Décontamination Principes, techniques et produits 74

1 I. INTRODUCTION Le travail en cabinet dentaire est un travail spécialisé qui fait appel à des techniques variées demandant l'utilisation de nombreux produits que ce soit pour réparer, enlever ou remplacer les dents naturelles. Certaines opérations reliées au travail en cabinet dentaire peuvent être associées, à des degrés divers, à des dangers particuliers que ce soit sous la forme de risques de nature chimique, biologique, radiologique ou physique : cette étude évaluera uniquement les risques de nature chimique. L'évaluation des risques en milieu de travail, c'est une tâche complexe car elle implique une connaissance adéquate du milieu tant au niveau des opérations, des produits utilisés et des méthodes de travail comme de la répartition des différentes tâches parmi les différentes catégories de travailleurs. Cette évaluation implique la détermination des travailleurs exposés, la connaissance de la substance chimique impliquée, son utilisation, sa concentration dans l'air, sa voie d'absorption et lesrisquesà la santé qui peuvent en découler. 1. Le milieu Les cabinets de dentistes, ce sont près de 2 000 établissements au Québec: en effet, 1987 cabinets dentaires sont inscrits dans les fichiers de la CSST en 1993 Les dentistes qui y travaillent sont au nombre de 3 383, soit 766 femmes dentiste (22,6%) et 2617 hommes (77,4%) 2. Dans la seule région de Québec(03) on recense 172 cabinets dentaires 1. Les dentistes sont aussi les employeurs dans ce milieu, embauchant le personnel et assumant les obligations dévolues aux employeurs concernant la santé et la sécurité des travailleurs. Les travailleurs de ce secteur, et devrait-on dire plutôt les travailleuses, car il y a une forte prédominance féminine dans ces emplois(plus de 95%), occupent trois catégories de postes : assistante dentaire, hygiéniste dentaire et personnel clérical. Ce sont 8 900 travailleurs, selon les statistiques de la CSST basées sur les déclarations des employeurs. 3 1 Fichiers CSST ( Cidage), mars 1993. 2 Ordre de dentistes. 31 mars 1993. Parmi les étudiants en médecine dentaire, on compte maintenant près de 50% de femmes. 3 Fichiers CSST. Cidage, mars 1993

2. Le contexte de l'étude Les intervenants en santé au travail, médecins, hygiénistes industriels, infirmières, sont appelés à visiter les cabinets dentaires pour évaluer lesrisquesprésents, tout particulièrement dans le cadre des demandes de retrait préventif pour les travailleuses enceintes. Dans ce secteur où travaillent beaucoup de jeunes femmes en âge de procréer, la préoccupation pour une maternité sans danger est très présente : les retraits préventifs concernent près de 5% du personnel. Voici d'ailleurs quelques statistiques reliées au retrait préventif de la travailleuse enceinte dans ces milieux de travail, retraits pour toute cause et non seulement en relation à la présence de produits chimiques. - Pour la province de Québec, le nombre de retraits préventifs est de 19 087 cas pour 1992; ce nombre a fluctué de 15 393 à 17 730 et 19 536 depuis 1989. - Dans les cabinets de dentiste, les cas de retraits préventifs (pour toute cause) sont en constante augmentation, ayant passé de 314 à 426 à 459 et enfin 503 de 1989 à 1992. Dans la région de Québec (03), le nombre de cas est passé de 49 en 1989 à environ 80 par la suite (85, 78, 84). (Source : Fichiers Cidage CSST 1993.) Les visites effectuées jusqu'à maintenant par les équipes de santé au travail ont mis en lumière l'utilisation de produits chimiques fort nombreux utilisés dans les opérations dentaires ellesmêmes, pour la désinfection des lieux, pour la stérilisation des instruments ou pour les travaux de laboratoire dentaire. Parmi les produits les plus connus et autour duquel se dessine une problématique particulière, il y a le mercure que l'on retrouve dans les amalgames, matériau très utilisé pour les obturations dentaires. Ces amalgames sont utilisés de façon courante depuis la fin du siècle dernier. La manipulation (préparation, pose) de ces amalgames peut entraîner l'émission de vapeurs de mercure dépendant des techniques et des méthodes de travail utilisées. L'exposition au mercure

pouvant entraîner des effets à la santé, la situation actuelle quant au niveau d'exposition dans les cabinets est donc une composante importante à connaître; plusieurs interrogations subsistent quant au niveau réel d'exposition à l'ensemble des produits utilisés et aux effets à la santé reliés, dans le contexte des méthodes de travail d'aujourd'hui. 3 Ces questions concernant un portrait global de la situation dans ces milieux de travail ont d'ailleurs été soulevées à la table de concertation CSP-CSST de la légion de Québec et ont initié cette étude. 3. L'objectif de l'étude L'objectif de l'étude a été de dresser un portrait actuel de l'utilisation des produits chimiques dans les cabinets dentaires pour permettre, pour l'ensemble des produits d'estimer qualitativement si ces produits peuvent entraîner une exposition, si elle est importante et si des effets à la santé sont susceptibles de découler de leur utilisation. Ce portrait général a été complété par une évaluation quantitative de l'exposition au mercure, contaminant à incidence importante, pour lequel l'exposition actuelle réelle suscite plusieurs interrogations. Ce portrait a été réalisé en faisant un inventaire des produits chimiques utilisés, en les reliant aux différentes opérations, en estimant les quantités et lesfréquencesd'utilisation pour apprécier qualitativement l'expositionrésultante.cette étape a permis de cibler les contaminants les plus importants. L'exposition au mercure a été évaluée quantitativement par des mesures environnementales de même que, de façon exploratoire, par des mesures biologiques.

4 D. MÉTHODOLOGIE 1. Inventaire des produits utilisés dans les cabinets dentaires La démarche s'est effectuée en plusieurs étapes: - par une consultation des milieux d'enseignement tels que l'école de médecine dentaire ou l'école de formation des assistantes dentaires (Polyvalente de Charlesbourg) - par des visites exploratoires en cabinet pour visualiser les opérations et prendre l'inventaire des produits ( trois cabinets privés ont été visités, de même que la clinique de l'école de médecine dentaire) - par l'étude des fiches signalédques recueillies auprès des fournisseurs - par une enquête téléphonique auprès de 25 cliniques dentaires choisies parmi la liste de tous les cabinets de la région de Québec. Cette liste avait été divisée en trois classes de cabinet, petit(l-2 dentistes), moyen (3-4) et gros (>5) parmi lesquels ont été choisies au hasard 25 cliniques. Cette enquête a permis de vérifier l'utilisation des principaux produits d'usage le plus courant pour dresser un inventaire représentatif. 2. Estimation de l'exposition au mercure 2.1 Mesures environnementales Les mesures ont été effectuées en mars 93, dans 3 cliniques de la région de Québec, pendant 4 journées d'intervention. Ces cliniques regroupaient plusieurs dentistes ( 2 à 9) pour avoir le plus grand nombre de mesures durant des obturations lors de ces journées d'intervention. Nous avons effectué - des mesures d'ambiance générale (air ambiant, à différents endroits dans la clinique) - des mesures en échantillonnage personnel durant toutes les opérations de l'obturation à l'amalgame. La méthode utilisée est celle employée par le Centre de toxicologie du Québec. La principe de la méthode d'analyse est l'absorption atomique des vapeurs de mercure à 254 nm dans une cellule de 30 centimètres. L'appareil utilisé est un moniteur à mercure, de la compagnie

Pharmacia, avec un enregistreur à plume Perkin Elmer. L'air à analyser est amené à la cellule de lecture de l'appareil au moyen d'une pompe à diaphragme et de tubes de Tygon (100 pieds) permettant d'échantillonner différents sites et opérations. Les mesures sont prises en continu et l'air extérieur est amené en continu dans la cellule de référence. L'étalonnage est fait à deux concentrations avec des étalons de vapeurs de mercure dans l'air à 0,05 mg/m 3 et 0,10 mg/m 3, préparés par le laboratoire du Centre de toxicologie. Le seuil de détection de la méthode est de 0,001 mg/m 3 5 2.2 Dosages du mercure urinaire Des dosages du mercure urinaire ont été effectués, à titre exploratoire, chez le personnel des cliniques dentaires visitées. La population exposée a été constituée de 11 dentistes, 10 hygiénistes, 10 assistantes et 5 secrétaires parmi l'ensemble des dentistes et travailleuses des cliniques visitéès (41 personnes). La population témoin a été choisie parmi le personnel non-exposé au mercure du DSC et du laboratoire du Centre de toxicologie du Québec et de leur famille. Il n'y a pas raison de penser que les caractéristiques socio-économiques de ces deux populations soient très différentes. Les dosages urinaires sont réalisés en utilisant la même méthode (absorption atomique du mercure à 254nm), et avec les mêmes appareils. D faut toutefois transformer le mercure ionique présent dans l'urine en mercure métallique : pour ce faire, l'urine est injectée dans un réacteur en présence de chlorure d'étain. Les vapeurs de mercure générées sont ensuite acheminées vers la cellule de lecture. Les prélèvements ont été faits de la façon suivante : les travailleurs devaient garder la première miction du matin les lundi, mercredi et vendredi (3 échantillons par personne) pour permettre une évaluation sommaire de l'influence de la période d'exposition et de récupération. Un seul prélèvement, la première miction du matin, a été requis des témoins. De plus, le personnel exposé a été soumis à un court questionnaire concernant les années d'expérience, le nombre d'heures de travail, le nombre d'amalgames posés et le nombre d'amalgames en bouche ainsi que sur leur consommation de poissons; le questionnaire figure à l'annexe 4a. Les témoins ont été soumis au même questionnaire, à l'exception des questions reliées au travail.

6 m. RÉSULTATS Les résultats sont présentés sous deux grands chapitres soit : 1. L'inventaire des produits chimiques, leur utilisation, leur importance 2. L'évaluation du mercure 1. Inventaire des produits chimiques 1.1 Les travaux nécessitant l'utilisation de produits chimiques 1.1.1 Les opérations de dentisterie Pour bien saisir l'importance des différents produits chimiques utilisés en dentisterie, il fallait connaître leur utilisation et les relier aux différentes opérations effectuées en cabinet dentaire. La prochaine section décrira les principales opérations utilisant des produits chimiques telles que nous les avons synthétisées à partir de nos rencontres et visites de cabinets. Nous allons donc décrire de façon schématisée dans un premier temps et plus élaborée par la suite les opérations entraînant l'utilisation de produits chimiques en cabinet dentaire. Dans cette section, nous mentionnons les opérations et les produits utilisés : les détails concernant les produits eux-mêmes se retrouvent à l'annexe 2.

Dentisterie opératoire SCHÉMA DES OPÉRATIONS PATIENT l.anesthésœ LOCALE dent cariée vieil amalgame vieille résine composite ~ 2.FRAISAGE * 3. MOMIFICATION DE LA_PULPE(J) 4. POSE DE L'ISOLANT (5-6-7) 5. OBTURATION / \ CHOIX DU MATÉRIAU D'OBTURATION selon : emplacement grosseur de Pobturation choix du patient AMALGAME 6. Pose dusceuant(7 1 ) 7. préparation et pose de ramaigame(9) 8. façonnage et finition RÉSINE COMPOSITE 6. création de microporosités(7j) 7. pose de résine liquide(j2) 8. pose de la résine composite(/g) 9. polymérisation (lumière bleue) 10. meulage, façonnage et finition ' opération nécessaire ; opération facultative Les chiffres en italique réfère à la liste des produits en annexe 2

Nous allons donner en référence au schéma de brèves explications des opérations dentaires effectuées. Nous mettons entre parenthèses, en italique, le chiffre correspondant au produit chimique dont il est question, ce chiffre référant à la liste complète des produits que l'on retrouve en annexe 2 où le lecteur trouvera tous les détails pertinents sur cette substance. 8 Description détaillée des opérations La dent du patient est insensibilisée à l'aide de composés anesthésiques (benzocaine, ultracaine (7)pour insensibiliser la région à travailler. L'obturation : La dent est d'abord préparée par fraisage : la partie cariée est enlevée ou le vieux matériau d'obturation, le cas échéant. L'enlèvement du vieil amalgame entraîne l'émission de vapeurs ou d'aérosols de mercure par élévation de la température locale sous l'effet de la fraiseuse à haute vitesse; l'enlèvement d'une résine composite, pour sa part, peut entraîner l'émission de poussières pouvant contenir, entre autres, de la silice cristalline. Si nécessaire, une goutte de crésatine(4) (ou formocrésol(j)) est appliquée dans la cavité pour momifier la pulpe. Si la cavité est profonde, la pose d'un matériau isolant, comme le zonalin (oxyde de zinc(5) et eugénol(6)) ou le verre ionomère(7) peut être indiquée pour éviter le contact avec le nerf et une douleur ultérieure. Vient ensuite l'obturation elle-même qui peut se faire avec principalement deux matériaux : l'amalgame ou les résines composites. Généralement, le choix des matériaux dépend de plusieurs paramètres : - l'emplacement de la dent : pour les réparations sur les dents antérieures (visibles) le choix va habituellement aux composés esthétiques, de même couleur que la dent, soit les résines.pour les dents postérieures et les grosses obturations, l'amalgame reste encore le matériau préféré, pour sa solidité et sa durabilité éprouvées. - Toutefois certains dentistes privilégient de plus en plus l'utilisation des résines pour éviter l'emploi des amalgames contenant du mercure. - le choix du patient; certains patients demandent des matériaux composites ou d'autres matériaux d'obturation.

9 Avant de poser l'amalgame lui-même, un scellant peut être appliqué (copalite(77)) : une goutte est placée dans la cavité pour étanchéifier l'ensemble de l'obturation. Cette opération est facultative et dépend de la technique de travail du dentiste. L'amalgame est ensuite mélangé : l'utilisation de capsules pré-dosées est très répandue, bien que des dispensateurs (mercure-alliage) avec capsules réutilisables soient encore utilisés. L'utilisation des dispensateurs amènent à faire usage de mercure en vrac car il y a une étape nécessaire de remplissage avec le mercure liquide, étape qui n'existe pas avec les capsules pré-dosées. La capsule comprend la poudre liante (alliage contenant de l'argent, de l'étain, du cuivre et possiblement du zinc ) et du mercure (dans un pourcentage de 40 à 55%). Juste avant l'utilisation, l'amalgame est mélangé à l'intérieur de la capsule au moyen d'un amalgamates (dispositif fermé) pendant quelques secondes (environ 10 à 20 secondes). L'amalgame mélangé, encore très malléable, est sorti de l'appareil, tassé dans le porte-amalgame pour être ensuite installé dans la cavité dentaire et façonné de façon appropriée. Résine composite : L'adhérence de la résine est favorisée par l'application de gel ( 1 goutte) d'acide phosphorique (ii)pour créer des microporosités et permettre d'obtenir une obturation étanche. On applique ensuite une goutte de résine liquide (72)pour faciliter aussi l'adhérence. On pose ensuite la résine composite qu'on fait durcir (polymériser) à l'aide d'une lumière bleue (lumière halogène avecfiltrebleu) pendant 20 à 60 secondes. On façonne ensuite le matériau installé par fraisage. Cette étape peut entraîner l'émission de poussières contenant entre autres de la silice. Antres matériaux : D'autres matériaux peuvent être employés comme la porcelaine et l'or. Ces techniques sont toutefois d'usage beaucoup moins fréquent. Pour compléter ces informations, nous décrirons succinctement les autres opérations pouvant entraîner l'utilisation de produits chimiques.

10 1.1.2 Autres opérations Les autres opérations dentaires utilisent peu de substances chimiques. Les opérations des gencives et des os supportant les dents ne nécessitent que l'utilisation de pansements temporaires (avec le cqpak, inerte). Quant aux prothèses (couronnes, ponts et dents vissées), on utilise les mêmes produits qu'en dentisterie opératoire. Pour les traitements de canal, quelques substances sont utilisées comme la crésatine (ou le formocrésol), de l'eau de javel pour désinfecter et du glutapercha (résine naturelle) qu'on chauffe et qu'on installe dans le vide laissé par le nerf extrait du canal. 1.1.3 Autres activités Nettoyage : Le nettoyage des dents et l'enlèvement du tartre est effectué au moyen de différents instruments (curettes). Le polissage est effectué à l'aide de pâte à base de pumice (pierre ponce) s'apparentant aux pâtes dentifrices. Des applications de gel à base de fluorure de sodium sont aussi effectuées pour prévenir les caries dentaires. Travaux de laboratoire : Les travaux de laboratoire comportent la manipulation de plusieurs produits pour réaliser les différentes empreintes de la bouche du patient : certains comportent une exposition aux poussières lors du mélange des poudres ou lors du meulage de l'empreinte. La section 16 à 22 de la liste des produits donne les principaux types de produits employés pour les empreintes. Les composés de gypse (16 ) et les alginates (18) peuvent entraîner l'émission de poussières dans l'air ambiant, s'il n'y a pas de ventilation locale (hotte). Toutefois, nos visites nous indiquent que ces travaux sont limités dans le temps (10 à 20 minutes) et relativement peufréquentspour la plupart des dentistes, à moins de spécialisation du dentiste dans ce champ d'activité. Les porte-empreintes individuels, qui sont une autre étape pour la réalisation de prothèses, sont faits à base de résine acrylique : la fabrication de ceux-ci à partir des monomères liquides de méthylméthacrylate (23), polymérisés au moment de la fabrication des porte-empreintes peut

11 entraîner l'émission de vapeurs. Ces vapeurs sont présentes durant les premières étapes de la polymérisation jusqu'à la solidification du porte-empreinte ( de 10 à 20 minutes en moyenne). Cette substance dissolvant les gants habituellement employés, les manipulations se font généralement à mains nues. La section des résultats de l'enquête téléphonique nous indique que ces travaux sont souvent envoyés à l'extérieur (56%) et que pour ceux qui utilisent le méthylméthacrylate (36%) le nombre moyen de porte-empreintes effectués par semaine est de 2 à 10. I-n désinfection : La désinfection des surfaces de travail fait partie de la routine visant à contrôler les risques biologiques. De nombreux produits (26 à 30) peuvent être utilisés pour nettoyer et désinfecter les comptoirs, surfaces de travail, fauteuil et gros appareils. Les solutions pouvant entraîner une exposition par inhalation contiennent surtout des alcools (26,27,29). D'autres solutions contiennent des ammonium quatemaires(2p) qui peuvent entraîner des dermatites. Les désinfectants sont utilisés habituellement entre chaque patient sur les surfaces (comptoir, chaises, appareils) soit de 10 à 20 fois par jour. Les quantités utilisées peuvent varier autour de 1 à 2 litres par semaine, par pièce. 1st stérilisation : La stérilisation est l'étape indispensable pour combattre les risques infectieux et détruire les bactéries et virus pouvant seretrouversur les instruments. Des stérilisateurs à vapeur d'eau, à chaleur sèche et à vapeurs chimiques peuvent être utilisés. Le seul procédé utilisant des produits chimiques est donc la stérilisation par autoclave à vapeurs chimiques, qui utilise des vapeurs d'éthanol (82%) contenant de la formaldéhyde (0,23%). Ces appareils peuvent être utilisés plusieurs fois par jour (plus de 20 fois dans certains cas), dans un horaire de travail très chargé pour le personnel. D'après quelques observations, certaines étapes peuvent parfois être escamotées par le personnel qui n'a pas toujours le temps d'observer les directives du manufacturier (attendre que la pression soit abaissée complètement, au moins deux minutes avant d'ouvrir la porte, pour permettre la condensation des vapeurs à l'intérieur de l'autoclave), ce qui

a pour conséquence de libérer une quantité plus importante de vapeurs dans le milieu ambiant. Il n'y a habituellement pas de ventilation locale adéquate. 12 Le développement des films rjniinlngîques : Pour effectuer le développement des films de Rayons X, des produits chimiques sont utilisés pour d'abord fixer et ensuite développer les films. La plupart des dispositifs fonctionnent en circuit fermé. Le contact avec les solutions n'est pas très fréquent et l'exposition courte (1 fois par semaine au maximum) ou périodiquement pour le nettoyage des rouleaux, ou des brosses... (1 fois par mois). Nous avons pu constater que ces appareils sont souvent situés dans des petits locaux fermés, peu ou pas ventilés. 1.2 Organisation du travail Les tâches assumées par le personnel se répartissent généralement de la façon suivante : 1.2.1 Dentiste : Le dentiste effectue toutes les opérations de dentisterie, de l'obturation au traitement de canal comme aux interventions des gencives. Il faut toutefois noter qu'en pratique les dentistes n'effectuent par nécessairement toutes ces opérations : certains excluent certains champs de pratique tandis que d'autres s'y spécialisent. Concernant les opérations utilisant des produits chimiques, le dentiste enlève les vieilles obturations, prépare la dent, pose les matériaux d'obturation et les façonne. Il ne les prépare pas (en règle générale) ni ne s'occupe de la désinfection, de la stérilisation ou du développement des films radiologiques. 1.2.2 L'assistante dentaire : L'assistante est en charge de la préparation de tous les matériaux et instruments nécessaires à toutes les opérations dentaires. L'assistante prépare donc les amalgames avant leur installation et est présente près du patient durant toute la durée de l'obturation. Elle est en charge de la

13 désinfection des surfaces de travail (chaise, gros instruments, comptoirs..) habituellement après chaque patient. C'est elle, en collaboration avec les autres assistantes ou hygiénistes, qui effectue la stérilisation des instruments. C'est aussi elle qui est en charge de développer les films radiologiques comme de changer les solutions et nettoyer les appareils. Souvent, c'est elle qui effectue le nettoyage des systèmes de succion avec les solutions désinfectantes comme le nettoyage des godets de récupération qui font partie des systèmes de succion. Elle peut aussi effectuer différents travaux de laboratoire comme la préparation des empreintes, meulage, préparation des porte-empreintes individuels. 1.2.3 L'hygiéniste dentaire : L'hygiéniste s'occupe principalement de l'hygiène buccale en effectuant les nettoyages dentaires. Elle s'occupe d'enlever le tartre à l'aide d'instruments tels que des curettes..., de polir les dents et de les nettoyer avec des pâtes et d'appliquer les gels de fluorure en prophylaxie contre la carie dentaire. Bien qu'elle ait le droit par règlement, selon la loi des dentistes, d'insérer et de sculpter les matériaux obturateurs, nous n'avons pasrencontrédans notre étude de cabinet où les hygiénistes effectuaient ces opérations. L'hygiéniste peut prendre effectuer Rayons-X et les développer. Elle désinfecte sa salle (comptoir et surfaces de travail) habituellement entre chaque patient. Elle s'occupe aussi de la stérilisation. Dépendant de la grosseur du cabinet dentaire, du nombre de dentistes, d'assistantes et d'hygiénistes, l'organisation du travail peut varier considérablement. Les cabinets regroupant plusieurs dentistes sont plus structurés et les tâches plus définies; lorsque le dentiste est seul avec une assistante ou une hygiéniste, la répartition des tâches est moins définie, le dentiste pouvant faire des nettoyages, l'assistante remplir le rôle de secrétaire-réceptionniste... 1.2.4 Les secrétaires-réceptionnistes : Les secrétaires s'occupent du travail clérical ainsi que de l'accueil et des rendez-vous. Ce personnel ne travaille pas avec les matériaux dentaires mais, dépendant de la proximité des locaux et de l'hygiène des lieux, il y a une possibilité d'exposition.

14 En résumé, le personnel le plus exposé lors des opérations de : - obturation aux amalgames : dentiste, assistante - désinfection et stérilisation : assistante et hygiéniste - travaux de laboratoire : assistante - développement des films de rayohs-x : assistante et hygiéniste - nettoyage : hygiéniste. 1.3 Enquête téléphonique L'enquête téléphonique a été effectuée dans 25 cabinets de la région de Québec durant le mois de janvier 1993. Selon les listes du MSSS (1992), 86 % des cabinets de la région de Québec comptent 1 ou 2 dentistes, 11 % des cabinets 3 ou 4 dentistes et 3 % des cabinets plus de 5 dentistes: dans notre enquête, effectuée au hasard parmi les 3 classes de cabinets, 64% sont des petits, 28% des moyens et 8% des gros. Les personnes interrogées ont été le plus souvent les assistantes dentaires ( à cause de leur disponibilité) et quelquefois les dentistes. Les réponses pour chaque clinique reflètent les connaissances du répondant sur sa propre situation et non pas nécessairement pour tous les dentistes de la clinique. Le questionnaire utilisé pour l'enquêté ainsi que les résultats détaillésfigurentà l'annexe 1. Le questionnaire comportait des questions d'ordre général sur l'achalandage (patients/jour/dentiste), le nombre approximatif d'obturations chez ces patients, le type de matériau d'obturation utilisé, l'emploi du méthylméthacrylate dans les travaux de laboratoire, les solutions de désinfection utilisées, le procédé de stérilisation et les moyens de protection utilisés. Résumé des résultats de l'enquête téléphonique Achalandage : nombre de patients/jour/dentiste ; 10 à 20 /jour Nombre d'obturations : 30 à 80% des patients (3 à 16 patients) Obturation à l'amalgame : pour plus de 50% des obturations : 64% des cliniques pour 25 à 50% des obturations : 20% des cliniques pour moins de 25% des obturations : 16% des cliniques

15 Utilisation de capsules préposées : 92% des cliniques Les autres matériaux d'obturation utilisés sont principalement les résines composites. Travaux de laboratoire : Utilisation de méthylméthacrylate : 36% des cliniques Autre matériau utilisé : 8% des cliniques Envoi à l'extérieur : 56% des cliniques Nombre moyen de porte-empreintes/semaine : 2 à 10 /semaine. Produits de désinfection : Utilisation de isocyanurate de sodium : 48% des cliniques Autres ( grande diversité) : 52% des cliniques Stérilisation : Présence de autoclaves à vapeur d'eau : 84% des cliniques autoclaves à vapeurs chimiques : 40% des cliniques stérilisateur à chaleur sèche : 8% des cliniques Les autoclaves à vapeurs d'eau et à vapeurs chimiques sont utilisés de façon concomitante selon les besoins. Toutefois, les nouvelles acquisitions sont des autoclaves à vapeur d'eau. Les moyens de protection utilisés : Moyen de protection Présence Type d'utilisation Masques Lunettes Digues* 96% Régulière 76% 100% Occasionnelle ou. seulement par certains travailleurs 92% Très variable; 16 % des cliniques l'utilisent pour 80% des cas; les autres pour 10 à 40% des cas ou seulement pour les traitements de canal * Digues : mini-champ opératoire découvrant la dent à travailler seulement: elle isole le dentiste et l'assistante de la bouche du patient et pour le patient, élimine les poussières et les débris en bouche.

16 Autres données recueillies lors du sondage : La ventilation que l'on retrouve souvent dans les cabinets est une ventilation générale mécanique (18 cabinets sur 25) ou une ventilation naturelle (8 cabinets sur 25) : la ventilation semble influencée par les caractéristiques des locaux utilisés ( anciennes demeures résidentielles ou bâtiment commercial). Les pièces réservées aux travaux de laboratoire ou au développement des films radiologiques ne sont pas pourvues de ventilation particulière. Le développement des films de Rayons-X se fait généralement avec des appareils en circuit fermé (25/25), quoique que quelques appareils manuels sont encore utilisés comme appareils d'appoint dans quelques cliniques; les solutions (fixateur et développeur) sont changées à une fréquence variable dépendant de l'utilisation de l'appareil ( 1 fois/semaine pour une dizaine de cliniques, les autres faisant le changement aux deux semaines ou au mois). Les anesthésiques locaux sont utilisés partout. Les gaz anesthésiques comme le protoxyde d'azote ne sont habituellement pas utilisés en cabinet dentaire mais en milieu hospitalier : une seule clinique sur les vingt cinq interrogées, a rapporté l'usage très occasionnel de bouffées de protoxyde d'azote comme agent de sédation. 1.4 Liste des produits chimiques utilisés en cabinet dentaire L'annexe 2 présente la liste des principaux produits chimiques utilisés, qui ont été recensés dans notre étude, suite à nos visites dans les cabinets dentaires, à nos rencontres et à l'enquête téléphonique. Les produits sont classés par catégorie de produit : les produits de dentisterie : - anesthésiques - les produits momifiants - les isolants - les matériaux d'obturation - les scellants

les travaux de laboratoire : - les matériaux pour empreintes - les matériaux pour porte-empreintes individuels les produits pour la désinfection : - les désinfectants - les solutions de stérilisation à froid (trempage) les produits pour la stérilisation en autorlavre chimiques les produits pour le nettoyage les produits pour le développement films radiolorioues Pour chacun des produits listés apparaissent certains noms commerciaux, sa forme, son utilité, sa composition et une évaluation qualitative de l'exposition en relation avec les quantités utilisées et la fréquence d'utilisation. L'exposition, suite à l'évaluation de l'utilisation du produit et des quantités de produit qui peuvent se retrouver dans l'atmosphère ambiante, est déterminée comme étant négligeable, très faible, faible ou à surveiller. Cette classification, basée sur l'évaluation qualitative de l'utilisation, comme sur les données connues de volatilité du produit est un estimé. Les produits dont l'exposition est classée, de façon qualitative, à surveiller : le protoxyde d'azote, les amalgames le méthylméthacrylate le vapostéril Les produits dont l'exposition est classée faible : le gypse les matériaux élastomères : alginate. désinfectants : Coe foam, Coe spray, Durr FD322, Pathex. 17 2. Évaluation de l'exposition au mercure 2.1 Les caractéristiques du mercure Le mercure est le seul élément métallique liquide à la température de la pièce; argenté et

inodore, il est le liquide le plus dense connu(13,54 g/ml). Sous la forme de mercure élémentaire (Hg ), il a la propriété de se disperser facilement en multiples gouttelettes de faible taille, rendant difficile sa récupération lors de renversement. Le mercure métallique émet des vapeurs à température de la pièce : il est légèrement volatile (0,0012 mmhg à 20 C) mais la concentration des vapeurs augmente avec la température. Cette émission est toutefois ralentie par l'oxydation en surface qui se produit lorsque le métal est immobile. 18 Ce produit (CAS 0074339976), est classé selon le SIMDUT, D2A, matière très toxique ayant d'autres effets. La norme permise au Québec, en milieu de travail est de 0,05 mg/m 3 (concentration moyenne). La concentration hautement dangereuse pour la vie et la santé (HDVS) est de 28 mg/m 3. Les concentrations de mercure dans l'air sont habituellement plus petites que 50 ng de mercure élémentaire par m 3 : dans les villes, la moyenne est d'environ 7 (0,5 à 50) ng/m 3 alors que dans les campagnes, la moyenne est d'environ 4 (0,1 à 10)ng/m 3. Un niveau de 50 ng/m 3 contribue à augmenter la consommation respiratoire quotidienne de 1 jxg. Le mercure présent dans l'eau est habituellement plus bas que 200 ng/l. 2.2 Opérations pouvant émettre du mercure lors des obturations aux amalgames Les amalgames sont des matériaux d'obturation qui contiennent autour de 50% de mercure : c'est donc principalement lorsqu'on les manipule qu'une exposition devient possible. Les amalgames à base de mercure étaient autrefois préparés par malaxage manuel du mercure et de l'alliage d'argent et de cuivre, en extrayant le surplus de mercure. Les premiers amalgames contenaient du mercure dans un rapport de 8 parties de mercure pour 5 parties d'alliage et non de 1 partie pour une partie, comme aujourd'hui. Le mercure était donc directement manipulé, avec les risques de renversement et d'accidents reliés. De plus, les manipulations se faisaient souvent à mains nues, ajoutant l'absorption cutanée à l'inhalation des vapeurs de mercure. Aujourd'hui, les capsules pré-dosées contenant le mercure et l'alliage séparément, mélangés dans un amalgamateur fermé, réduisent de beaucoup l'exposition directe au mercure et les possibilités de renversement accidentel sont très faibles.

19 Même si le mercure lui-même à l'état liquide n'est plus aujourd'hui une source importante d'émissions de vapeurs, du moins pour ceux qui utilisent les capsules pré-dosées, il y a des opérations particulières durant l'obturation qui sont susceptibles d'émettre du mercure sous forme de vapeurs ou d'aérosol :. l'enlèvement d'un vieil amalgame par fraisage : l'action de la fraiseuse à haute vitesse augmente la température locale et permet l'émission de vapeurs de mercure ainsi que de fines particules de mercure.. la préparation de l'amalgame, que ce soit à l'aide d'un dispensateur alliage-mercure dans une capsule réutilisable ou que ce soit avec des capsules pré-dosées, lors du passage à l'amalgamateur pour effectuer le mélange et former l'amalgame. L'amalgamateur est habituellement rangé dans un tiroir à proximité de la chaise du patient et l'amalgamation se fait dans le tiroir luimême.. la pose de l'amalgame : lors de la mise en bouche de l'amalgame frais et du façonnage avec le fouloir et autres instruments. 2.3 Les travailleurs exposés Les assistantes dentaires préparent les amalgames et sont présentes près du patient lors du fraisage des vieux amalgames et lors de la pose des nouveaux amalgames. Les dentistes installent et façonnent les nouveaux amalgames et enlèvent par fraisage les vieux amalgames. Règle générale, les hygiénistes dentaires ne préparent ni ne posent d'amalgames et n'assistent pas le dentiste lors de l'enlèvement des vieux amalgames; elles effectuent les nettoyages dentaires. Suite aux résultats des mesures biologiques que nous avons effectuées, nous pouvons penser que lors du travail mécanique de nettoyage et de polissage, il peut y avoir émission d'aérosols de mercure à cause des amalgames présents en bouche. Certaines occupent aussi les mêmes locaux que les dentistes, en alternance. Le bureau des secrétaires et des réceptionnistes est habituellement situé à l'extérieur des salles d'examen; elles ne sont donc pas directement exposées au mercure.

20 2.4 Les mesures effectuées La contamination d'ambiance a été déterminée au moyen de mesures ponctuelles aux différents sites d'échantillonnage, c'est-à-dire des mesures de 1 à 2 minutes, pour déterminer la présence de mercure sur les chaises, tapis, tiroirs, etc.. Ces points d'échantillonnage étaient évalués de la façon suivante : des mesures en ambiance générale étaient prises en début de journée, avant le début des activités, après avoir pris soin d'abaisser la température durant toute la nuit précédente; ensuite, dans le courant de la journée, pendant les activités normales et à température normale. Les mesures aux points d'échantillonnage étaient ensuite faites après une activité artificiellement accrue (augmentation de la température des calorifères, brossage et frottage des tapis, des chaises, etc., pour remettre en circulation le mercure, l'objectif étant de déterminer où le mercure a tendance à s'accumuler, c'est-à-dire les endroits contaminés. Les mesures effectuées en continu, durant les opérations d'obturation à l'amalgame ont été reliées aux différentes étapes du processus et rapportées d'abord en lecture de pics maximaux (exposition maximale observée). Pics maximaux Par la suite, nous avons calculé et intégré les mesures sur toute la période d'obturation et ce pour les 14 obturations complètes effectuées. Les mesures durant les opérations ont été faites en échantillonnage personnel (le tube Tygon fixé au collet)soit des dentistes(6 cas) soit des assistantes dentaires (8 cas). Mesures intégrées A

21 2.5 Résultats des mesures environnementales Mesures ponctuelles d'ambiance s-s.%m»* y -. î s " s «Slllllii. ^ s > > s ti : Ambiance générale (salle deotiste) 6 nul. à 0,005 4 4.ft0,006. 4 iulft 0,002 Lavabos 2 n.d.ft0,005 1 0,001 6 iulft0,008 Bocaux de résidas 1 0,014 3 0,013 à >0,15 Tiroir & amalgamatear 2 0,0430 >0,15 3 0,019ft0,053 6 0,006 à >0,15 Pris des godets de récupération Chaises des patients 1 0,013 2 0,01; 0,014 10 0,002 à 0,022 i Calorifères 2 0,007; 0,019 2 0,019; 0,042 2 0,002; 0.002 Tapis 5 0,003ft0,025 3 0,005ft0,043 3 0,008ft0,01 Plateaux à instruments 1 0,02 2 0,002ft0,01 n = nombre de mesures n.d. < 0,001 Observations pour les différentes cliniques : clinique 1 clinique 2 et 3 : utilisation de dispensateurs : utilisation de capsules pré-dosées Pour les bocaux de résidus: les mesures les plus élevées ont été obtenues immédiatement après l'ouverture des bocaux. De même, les mesures les plus élevées pour les tiroirs à amalgamates ont été obtenues lors de la première ouverture des tiroirs.

22 Mesures durant les opérations Mesures de pics maximaux Opéabon Omque I Clinique 2 CKmque3 fraisage d'un vieil préparation de l'amalgame o foervabe de variation ngta? B itfuviue de D ittervàlted* VtnMigfm 1 2 0,005; 0,012 8 0,0021 >0,15 11 0,001 à >0,15 3 0,05 i 0,028 4 0,003 à 0,008 6 0,004 k 0,012 pose 3 0,018 k 0,024 6 0,004 à 0,008 7 0,008 à 0,022 Il est à noter que certaines manipulations sont responsables de pics d'émission de mercure, le fraisage, surtout s'il est fait à sec pendant quelques secondes, sans eau ni succion, lorsque la succion et l'eau ne sont pas mises en marche dès le début du fraisage. Mesures moyennes durant toute l'obturation Ces mesures sont obtenues en intégrant la surface sous la courbe lors des enregistrements des mesures en continu. Obturation Mesure moyenne en mg/m' pendant la durée : obturation de l'obturation en''min -Mesuiéimoyenne en mg/m'pendan! Ja durée de l'obturation en min 1 0,006 sur 26,6 min 8 0,004 sur 41,5 min 2 0,005 sur 15 min 9 0,003 sur 27,5 min 3 0,003 sur 34 min 10 0,002 sur 33 min 4 0,019 sur 33 min 11 0,008 sur 12,5 min 5 0,015 sur 13 min 12 0,007 sur 10 min 6 0,010 sur 25 min 13 0,005 sur 10 min 7 0,013 sur 27 min 14 0,007 sur 28 min Variation de 0,002 à 0,019 pour des périodes allant de 10 à 41,5 minutes. La moyenne est de 0,0065 mg/m 3 pendant 21,3 minutes.

23 2.6 Résultats des mesures biologiques Le tableau des résultats détaillés, avec tous les paramètres tels l'âge, les années d'expérience, le sexe, le nombre d'heures de travail par semaine, le nombre d'amalgames posés ou enlevés par semaine, le nombre d'amalgames en bouche et les résultats des trois prélèvements chez les travailleurs exposés et les résultats du prélèvement chez les témoins, est présenté à l'annexe 4. Les prélèvements, première miction du matin, ont été conservés à 4 C jusqu'à l'analyse. Les dosages ont été faits dans les deux semaines qui ont suivi les prélèvements. Un dosage de mercure urinaire a été fait sur tous les échantillons, selon la méthode décrite antérieurement, et rapporté en /*g/l; un dosage de créatinine urinaire a été effectué et rapporté en g/l; les résultats finaux ont été corrigé en fonction de la créatinine et rapportés en pg de Hg /g de créatinine. Les résultats sont alors comparables entre eux; les résultats peuvent aussi être comparés avec des résultats ajustés avec la densité urinaire et rapportés en /zg Hg/L. DOSAGES URINAIRES DE MERCURE Catégorie de bavaîl-. v Clinique 1 Clinique 2 Clinique 3 leur»- ;. 11 : moyenne moyenne moyenne whg/g n «Hg/g.-:i'ia:* créatinine.,.çrfirt»aîne:>>ï,: : :' eréatûuce : leo&emble des «Uniques moyenne «Hg/g créatinine. Dentistes 2 3,6 4 2.8 4 2,7 U 3,0 Assistantes 2 3,7 3 3,6 5 3,3 10 3,5 Hygiénistes 3 4,5 5 2,9 2 5,0 10 3,8 Secrétaires 2 3,2 1 1,7 2 1.8 5 2,4 Ensemble des travailleurs Ensemble des dentistesassistantes- hygiénistes 9 3,9 13 2,9 13 3,1 36 3,3 7 4,0 12 3,0 11 3,4 31 3,4 Témoins /moyenne des Idosages jig Hg /g de créatinine ; Adultes et enfants 31 1.7

La différence entre les témoins et les dentistes, hygiénistes et assistantes dentaires est statistiquement significative (p < 0,01). La différence entre les témoins et les secrétaires n'est, par contre, pas significative (p = 0,35); les résultats détaillésfigurentà l'annexe 5. 24 Autres observations: Les résultats des dosages urinaires selon la journée de prélèvement n'apporte aucun éclairage particulier : les résultats varient de façon irrégulière selon les journées, sans rapport avec la période de récupération. Les données ont été examinées selon d'autres paramètres, dont les croisements nous ont semblé pertinents : - le nombre d'amalgames en bouche - le sexe. - l'âge et les années d'expérience - le nombre d'amalgames posés Résultats en fonction du nombre d>miilgnnies en bouche Les travailleurs porteurs de nombreux amalgames (> 10) en bouche ont des dosages urinaires plus élevés que les travailleurs qui en ont moins (< 10). En effet, la moyenne des dosages (voir détails annexe 5) est de 3,01 pour ceux qui ont peu d'amalgames et de 4,19 pour ceux qui en ont plusieurs (p=0,045). Le fait de porter des amalgames en bouche semble être un facteur contributif significatif de la dose de mercure que l'on retrouve chez ces travailleurs. Par contre, chez les témoins dont le nombre est plus faible, la différence n'est pas significative. Résultats biologiques selon le sexe Chez les travailleurs, il n'y a pas de différence significative selon le sexe (Annexe 5). Les données comparées selon l'âge et selon les années d'expérience se ressemblent :

25 Âge moyenne 20-29 ans 4,0 30-39 ans 2,9 40-49 ans 2,8 nombre d'années n moyenne d'expérience <5 ans 5 4,5 5-9 ans 7 3,7 10-14 ans 7 3,1 15-19 ans 7 3,1 >20 ans 6 2,7 Ces résultats nous donnent des résultats plus faibles avec l'âge ou le nombre d'années d'expérience ; toutefois étant donné le nombre peu élevé de cas, nous n'avons pas fait de tests statistiques. Ces résultats amènent certaines interrogations par rapport à la rétention et à l'excrétion du mercure, enrapportavec l'âge. L'analyse des résultats par rapport au nombre d'amalgames posés chaque semaine n'a permis de démontrer aucune relation entre le nombre d'amalgames posés et le résultat du dosage urinaire. IV. QUELQUES EFFETS À LA SANTÉ DES PRINCIPAUX CONTAMINANTS CIBLÉS 1. Les contaminants chimiques, à l'exception du mercure 4 Nous dressons sommairement les principaux effets à la santé pour les contaminants classés dans la section résultats comme étant : exposition à surveiller. Le protoxyde d'azote : CAS 010024972 Classé D2A (matière très toxique ayant d'autres effets) selon le SIMDUT. Cette substance incolore et inodore est utilisée comme gaz anesthésiant. Une incidence plus élevée de troubles neurologiques, de dommages au foie et auxreins,d'avortements spontanés et de cancer, serait associée à l'exposition chronique à cette substance. Plusieurs études sont contradictoires autant 4 Fiches signalétiques des différents produits

sur le pouvoir tératogène que sur l'augmentation des cas d'avortements spontanés et de malformations : toutefois, elles appellent au moins à la prudence. 3 26 Le gypse (sulfate de calcium, hydraté) : on rapporte une faille toxicité pour ce produit et la norme affectée à ce produit (10 mg/m 3) indique que ce produit fiait partie des poussières nuisibles ou non-autrement classifiées. Alginate : ce produit est un mélange de silice amorphe, de terre diatomée, de silice cristalline et d'alginate de sodium. Dans les poussières générées lors des manipulations, il y donc présence d'une certaine quantité de silice. La silice peut amener des problèmes de pneumoconiose lors d'exposition chronique importante. Le méthylméthacrylate : Ce composé est un irritant cutané et il peut pénétrer la peau. Une exposition chronique peut entraîner des effets neurologiques locaux avec possiblement une dégénérescence nerveuse avec des symptômes de froideur, d'engourdissement, de picotement, n a un potentiel de sensibilisation et on rapporte certains cas de dermatites de contact. Les vapeurs de ce produit, lors d'une exposition aiguë peut amener une irritation dès yeux, du nez et de la gorge, des maux de tête, nausées et étourdissements Désinfectants Nous regarderons quelques-uns des principales composantes des désinfectants qui peuvent entraîner certains effets à la santé. Les ammonium quaternaires, en concentration plus grande que 0,1 %, peuvent être des irritants pour la peau. Il y a des réactions allergiques possibles. Il y a possibilité d'irritation des yeux et des membranes muqueuses et des voies respiratoires supérieures. 5 "Protoxyde d'azote; Guide de prévention", ASSTSAS. Janvier 1990.

Les alcools sont souvent présents dans les désinfectants; il s'agit le plus souvent d'éthanol ou d'alcool isopropylique, utilisé à des concentrations efficaces d'environ 70%. Le pouvoir allergisant de ces substances est très faible et ils ont une faible toxicité entraînant surtout des effets d'irritation des yeux, de la peau et des voies respiratoires supérieures. Un effet narcotique (effets sur le système nerveux) peut arriver à des concentrations importantes ou par ingestion du produit. Certains oxydants sont aussi employés tel rhypochlorite de sodium (eau de javel) qui peuvent provoquer des dermites irritatives. 27 L'isocyanurate de sodium, connu sous le nom commercial de pré-sept. lorsque dissous dans l'eau peut être irritants pour les yeux et pour la peau. La stérilisation par autoclave ft vapeurs chimiques Des solutions d'éthanol à 82% contenant 0,23% de formaldéhyde sont utilisés dans ces stérilisateurs, les vapeurs peuvent être irritantes pour les voies respiratoires supérieures; elles sont irritantes pour les yeux et pour la peau. La formaldéhyde, en exposition chronique, est un cancérogène suspecté. 2. Le mercure 2.1 Généralités: La principale voie d'absorption du mercure métallique est l'inhalation. On estime que 80% des vapeurs inhalées sont absorbées au niveau alvéolaire. Une fois le mercure dans la circulation sanguine, il est transformé en mercure ionique bivalent (Hg 2+ ), puis lié aux groupements sulfuryls des protéines. L'accumulation se fait au niveau des reins. Pour tout le corps et les reins, après une courte exposition à des niveaux non toxiques, la demi-vie est d'environ deux mois, pour le cerveau de 21 jours. Après environ une année d'exposition, il se crée un état d'équilibre et les niveaux urinaires sont proportionnels aux niveaux des autres tissus incluant le cerveau et le foetus. Le niveau de mercure urinaire est fréquemment utilisé comme indicateur biologique de la charge corporelle de mesure après une exposition aux vapeurs de mercure en