Le baptême
Un peu de grec La bible ne parle pas de la doctrine «du baptême», mais de la doctrine «des baptêmes» : Hébreux 6.2 Le NT utilise 3 mots grecs :le verbe baptizo (immerger,75 fois); le nom baptismos (le fait de plonger, 3fois) ; le nom baptisma (immersion, 20 fois) La version des Septante de l AT utilise aussi des mots de même racine : Naaman s est «baptisé» 7 fois dans le Jourdain ; le mot désigne aussi bien une immersion dans l eau, que dans l huile ou le vin! Et même une immersion morale dans Esaïe 21.4 : l iniquité me «baptise»
Un peu de grec (suite) Le NT fait 3 références à l AT à propos du «baptême»: 1 Pierre 3.21 : l eau du déluge, image d un baptême (pas d article en grec). Ce n est pas un lavage rituel qui lave l extérieur, mais une immersion morale dans l œuvre de Christ qui confère une conscience purifiée. A noter que Noé et sa famille n ont pas été touchés par l eau. 1 Cor 10.1-2 : baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer. Noter là aussi que tous ont passé à sec. Hébreux 9.9-10 : diverses «ablutions» (= baptêmes), qualifiées «d ordonnances charnelles imposées jusqu au temps du redressement», c est à dire la venue de Christ (v 11) Il ressort donc que l emploi du mot «baptême» et de ses dérivés aussi bien dans l ancienne que la nouvelle alliance, n implique pas nécessairement de l eau, pas nécessairement l immersion totale, ne s adresse pas toujours à des personnes mais aussi à des objets, ne concerne pas toujours des individus mais une collectivité, et enfin peut correspondre simplement à une situation morale
Traduction ou transcription? Le fait d avoir systématiquement laissé le mot grec simplement transcrit (baptizo = baptiser), au lieu de traduire «immerger», induit le lecteur en erreur en le reportant systématiquement à l acte rituel ancré dans la tradition. Marc 7.3-8 : Jésus stigmatise le respect scrupuleux de divers «baptêmes» introduit dans la tradition, en dénonçant l hypocrisie du cœur! Alors quand on parle de «baptême», il faut préciser duquel!
Plusieurs ou un seul? Ce qui est élémentaire qu il faut dépasser Hébreux 6.2 : la doctrine «des baptêmes» C H R I S T Ce qui est du domaine de la perfection Ephésiens 4.5 : «un seul baptême» Lesquels? Quel est-il? Hébreux 9.10-11 «avançons vers l état d hommes faits» Hébreux 6.1
Récapitulatif des divers baptêmes (1) Ablutions de l AT, lavage de purification Le baptême de Jean. Se rattache à l ancienne alliance (Jean est le dernier des prophètes). Les questions posées en Jean 1.22-28 montre que ce n était pas une innovation inventée. La demande n était pas «qu est-ce que cela?», mais «à quel titre le fais tu?» Où faut-il rechercher l origine de cette pratique? Dans la période intertestamentaire, avec les rites esséniens? En particulier le baptême des prosélytes : les païens, étant impurs, devaient passer par ce rite purificateur. La particularité du baptême de Jean est qu il s adresse également aux Juifs, non pas seulement pour une purification rituelle, mais pour une repentance de cœur «car le royaume s est approché»
Récapitulatif des divers baptêmes (2) Le baptême des disciples de Jésus (Jean 3.26, 4.2) : c est un même baptême d eau, l appel à la repentance fait par Jésus est le même que celui de Jean (Marc 1.14), en vue du royaume proche. Jésus lui-même ne baptise pas. L annonce par Jean Baptiste d un baptême que Jésus luimême accomplira, et qui sera «d Esprit saint et de feu» (Marc 1.8; Luc 3.16). Matthieu 3.12 en donne la signification : un baptême qui n est pas d eau, et qui a 2 phases, Esprit saint d un côté, et feu de l autre, l une pour le grain, l autre pour la balle. Dans ces 3 passages = «en» Quand celui-ci a t-il eu lieu? Réponse en Actes 1.5 («en»), et explication en Actes 1.8 : immersion dans la puissance que donne l Esprit (1ere phase du baptême de Jésus). Réalisation en Actes 2.4, répétition en Actes 4.8;4.31.
Récapitulatif des divers baptêmes (3) Le baptême que Jésus devrait subir : Marc 10.38-39 ; Luc 12.50. Baptême que les disciples Jacques et Jean pourraient partager dans une mesure : c est l immersion dans la souffrance. L ordre de «baptiser les nations» de Matthieu 28.19. S attacher à la littéralité du texte qui ne dit pas : «faites des disciples parmi les nations, et baptisez-les» (ce que comprennent la plupart des versions). Ce sont les nations en tant que telles qui sont baptisées, à rapprocher d Esaïe 11.9, et qui parle de l immersion des nations millénaires dans la connaissance de Dieu. Seule mention d un baptême «au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit»
Récapitulatif des divers baptêmes (4) Le baptême pratiqué par les apôtres et par Paul dans la période des Actes. Selon Actes 19.1-6, c est un baptême différent de celui de Jean Baptiste. Ce dernier était pour la repentance, en vue de celui qui devait venir. Paul va le compléter par un baptême au nom de celui qui est venu : au nom du Seigneur Jésus, au nom de Jésus, au nom de Jésus Christ selon les divers cas du livre des Actes. Sa portée est donnée en Actes 2.38 : toujours en relation avec la repentance pour la rémission des péchés, et en vue de la promesse faites aux Juifs, c est à dire le royaume messianique. C est un baptême d eau : Actes 8.36.
Baptême au, sur, vers, dans le nom de? Baptême dans la personne «eis to onoma»: Math 28.19 (au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit). Actes 19.5 ( au nom du Seigneur Jésus). 1 Cor 1.13 (au nom de Paul) «epi to onomati»: Actes 2.38 «en to onomati» : Actes 10.48 «eis ton Mouses» : 1 Cor 10.2 : pour Moïse «eis Christon» : Rom 6.3 ; Gal 3.27 : pour Christ
Le baptême pour Christ Gal 3.27 : est lié à un état de croissance particulier, la position de Fils : «baptisés pour Christ, vous avez revêtus Christ» Rom 6.3-4 : c est une immersion dans sa mort, pour une vie de résurrection, et une marche en nouveauté de vie. Col 2.12 reprend la même pensée : «enseveli avec lui dans le baptême ressuscité ensemble avec lui» Ces 3 passages n ont rien à voir avec un rite d immersion dans l eau, mais évoquent une réalité spirituelle qui est notre mort avec Christ, notre résurrection avec lui. Ephésiens va encore plus loin dans cette immersion jusqu en Christ, puisque cela va jusqu à la séance avec lui dans les lieux célestes. Le «seul baptême» d Ephésiens 4.4 n est il pas cette appropriation de notre association totale avec Christ dans la plénitude de son œuvre? C est arriver à «l état d homme fait»
Faut-il garder le geste symbolique? Marc 7.4-8 : Jésus ne condamne pas ce que la tradition a rajouté à la loi de Moïse, ces «baptêmes rituels». Il stigmatise l hypocrisie du cœur qui y est associé. Même chose au baptême de Jean: «race de vipères» Luc 3.7 Dieu regarde au cœur, et si l homme a besoin d un geste symbolique, il faut que l état intérieur soit en rapport avec ce que l on met dans le geste.
Chronologie Jean le baptiseur Pentecôte La loi Esseniens Jésus et les 12 Les 12 et Paul dans les actes captivité 70 0 27 29 32 Lavages et ablutions rituels (purification) Bains rituels. Baptême de prosélytes (purification ) Baptême de repentance, y compris pour les Juifs Baptême de repentance Immersion dans la puissance de l Esprit Baptême de repentance au nom de JC Pour le nom de JC Un seul baptême Pour Christ Royaume annoncé, proche, au milieu de vous, prêché royaume ajourné, Eglise du mystère
Fausses compréhensions et hérésies(1) «Le baptême pour les morts»: 1 Cor 15.29 et l hérésie mormone. Il ne s agit pas d un baptême d eau, mais d une immersion dans le combat chrétien. Ce qui donne la force pour s engager dans ce combat, c est la certitude de la résurrection du corps. On se lève à la place de ceux qui sont tombés au combat. Le baptême qui sauve : Marc 16.16, Actes 2.38 et le pédobaptisme. On pourrait déduire de ces passages que le rite du baptême d eau est nécessaire au salut. Ceci va à l encontre des plusieurs autres passage (le brigand sur la croix n a pas été baptisé). Explication dispensationnaliste: on est encore à la période de la prédication du royaume qui s accompagne d actes symboliques, qui ne sont pas une condition de salut.
Fausses compréhensions et hérésies (2) L interprétation d Eph 4.4-6 définissant 3 cercles d unité concentriques: Le cercle interne lié à l Esprit, celui de ceux qui ont vraiment la vie Le cercle moyen lié au Seigneur qui serait celui de la profession chrétienne (on peut dire «Seigneur» sans avoir la vie) auquel se rattacherait le baptême ; et justifiant ainsi le baptême des enfants: on entrerait dans la profession chrétienne par le geste du baptême. Le cercle externe englobant toute l humanité, lié au Père, dans le sens où «de lui» est nommée toute famille. La vraie interprétation serait plutôt l énumération des 9 caractères d une seule et même unité, celle de l Esprit.
Baptême et croissance (1) La compréhension du baptême est lié à la compréhension de la croissance. Les gestes symboliques s adressent à un état d enfance et ne sont pas nécessairement à rejeter. C est dans ce sens que Paul a baptisé certains Corinthiens (1 Cor 1.16-17), mais ce n était pas sa priorité. Gal 3.27 dit qu être baptisé pour Christ, c est revêtir Christ : c est devenir fils, un acte moral et non plus gestuel. L expression «vous tous qui avez été baptisés» laisse supposer que tous les enfants ne sont pas encore parvenus à ce stade.
Baptême et croissance (2) Romains 6, Eph 4 et Col 2 vont encore plus loin et mènent à la maturité d homme fait (Eph 4.13), et le seul baptême est bien celui qui correspond à cette maturité : l immersion dans la plénitude de notre position en Christ. Et ce n est certes plus un geste rituel ordonné, mais une réalité morale à laquelle on parvient par la foi. Hébreux 6.1 résume ce processus : dépasser ce qui est lié à l enfance (y compris les rites matériels) et avancer vers l état d homme fait.
Baptême et royaume Aussi longtemps que le royaume est proposé, donc potentiellement proche, l immersion dans la puissance de l Esprit se manifeste par des manifestations spectaculaires : langues, miracles (période des Actes) Quand le royaume est ajourné, la puissance de l Esprit est toujours là, à la mesure de la puissance qui a ressuscité Christ (Eph 1.19-20 ; Col 1.11) ; et cela s opère en nous par ce «baptême» de Rom 6.3-11, afin que «comme Christ a été ressuscité des morts», par la même puissance, «nous marchions en nouveauté de vie». La baptême d eau appartient à la sphère du royaume, le «seul baptême» et le «seul Esprit» appartiennent à la sphère du mystère, l Eglise corps de Christ.
Y a t-il un baptême chrétien? Oui dans le sens spirituel, celui où l Esprit nous conduit dans une immersion en Christ, en sa mort, porte ouverte à une conformité à Christ vers la perfection. Fondamentalement Non dans le sens d un geste matériel appartenant à un passé qu il faut dépasser Mais Dieu entre dans notre humanité et reçoit le geste matériel qui témoigne d un état de cœur sincère. Le danger existe de revenir à un sacramentalisme déguisé, où l importance donnée au rite se fait au détriment de la réalité de sa signification.