Prévenir la contamination de l'eau par des sources ponctuelles Le nettoyage du pulvérisateur Page 1
TOPPS Le projet TOPPS (acronyme de Train the Operators to Prevent Pollution from Point Sources by pesticides), est un projet européen de 3 ans couvrant 15 pays, et co-financé par l ECPA (European Crop Protection Association) et la Commission Européenne. TOPPS a pour objectif d identifier les bonnes pratiques de gestion des produits phytopharmaceutiques et les diffuser au travers de l information, de la formation et de démonstrations. Cette diffusion est réalisée à travers toute l Europe et vise la réduction des pollutions ponctuelles par les produits phytopharmaceutiques. Cette brochure est plus spécifiquement destinée à compléter les conseils et informations délivrées par les fabricants de matériel ou de produits phytosanitaires et les réglementations nationales et internationales. Cette version se base sur une brochure réalisée par le groupe de travail TOPPS. La version initiale a toutefois été revue et adaptée à la réglementation française. Partenaires: www.ecpa.be www.pcfruit.be www.harper-adams.ac.uk www.landscentret.dk www.insad.pl www.imuz.edu.pl www.deiafa.unito.it www.esab.upc.es www.cemagref.fr www.arvalisinstitutduvegetal.fr www.povlt.be www.landwirtschaftskammer.de Page 2
Le lavage des pulvérisateurs Choix de solutions pratiques 1 Généralités... 5 2 Pulvérisateurs sans matériel de lavage spécifique... 9 3 Pulvérisateurs équipés d une cuve d eau claire :...11 4 Pulvérisateurs équipés d une cuve d eau claire et d une buse de rinçage :...13 5 Pulvérisateurs équipés d un dispositif de lavage «continu» :...15 Cette brochure présente les solutions pratiques pour les différentes étapes de nettoyage possible, adaptées à chaque type de pulvérisateur : le rinçage rapide de la pompe et la rampe, le nettoyage interne plus complet, et le nettoyage externe. Des pistes pour adapter le matériel au nettoyage au champ ainsi que pour faire face à diverses situations seront également présentées. Page 3
Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques de pulvérisation Les Bonnes Pratiques de Pulvérisations élaborées par le projet TOPPS sont disponibles pour tous. Consulter : www.topps.org Vous pouvez également consulter le site Internet d ARVALIS Institut du Végétal, et particulièrement son outil «gestion des fonds de cuve» disponible en ligne. Cet outil permet d une part de prendre connaissance du cadre règlementaire en vigueur sur le rinçage du pulvérisateur à la parcelle (arrêté du 12 septembre 2006) et d autre part d évaluer l efficacité et la valeur règlementaire du protocole de rinçage de son pulvérisateur. Après avoir renseigné les caractéristiques techniques du pulvérisateur (volume de fond de cuve et capacité de la cuve de rinçage), l outil calcule si le nombre de rinçages effectués est suffisant pour épandre et vidanger règlementairement les effluents phytosanitaires au champ. Page 4
1 Généralités Les informations fournies par TOPPS viennent étayer et compléter les conseils des fabricants de matériel et de produits phytosanitaires, ainsi que les règlementations nationales et internationales. Elles doivent être considérées comme complémentaires des conseils déjà fournis et non comme une alternative. Choisir le niveau d efficacité adapté et respecter la réglementation Un entretien régulier du pulvérisateur permet de garantir son bon fonctionnement, de veiller à la sécurité des opérateurs et du public, et de protéger l environnement et les futures cultures à traiter. Les méthodes permettant de nettoyer correctement un pulvérisateur varient en fonction de la conception de la machine, de l efficacité du matériel et du niveau de propreté finale requis. De plus depuis septembre 2006, un arrêté encadre précisément la gestion des effluents phytosanitaires. Dans le cas d un rinçage ou d un lavage sur une parcelle, les exigences sont : - assurer une dilution préalable du fond de cuve éventuel, en respectant les exigences réglementaires (division par 6 du fond de cuve avant de pouvoir le pulvériser sur la parcelle venant d être traitée, division par 100 de la concentration du fond de cuve final avant de pouvoir le vidanger sur la parcelle à poste fixe) ; - réaliser cette vidange puis ce nettoyage sur la parcelle venant d être traitée, sur une zone située à plus de 50 m des points d eau, caniveaux et bouches d égout; à plus de 100 m des lieux de baignade, piscicultures et zones conchylicoles ; - ne pas réaliser ce lavage plus d une fois par an sur une même zone. Dans le cas d un rinçage ou d un lavage sur le site de l exploitation, les exigences sont la récupération de toutes les eaux de rinçage et de lavage et leur élimination conformément à la réglementation sur les Déchets Industriels Spéciaux : - soit par le biais d un prestataire agréé, - soit au moyen d un dispositif de retraitement physique, chimique ou biologique agréé par la réglementation. Enfin, durant toutes les étapes de rinçage et de lavage du pulvérisateur, le port des Équipements de Protection Individuelle est recommandé afin d éviter tout risque de contamination de l opérateur. 1.1 Le rinçage interne Cette opération simple et rapide doit être pratiquée en cas d interruption d un chantier de pulvérisation. L objectif est alors d éviter la sédimentation de la bouillie dans les tuyaux, les rampes, les buses et de prévenir ainsi les bouchages, colmatage et autres incidents qui ont un impact direct sur le bon fonctionnement du pulvérisateur. Ce rinçage consiste en une dilution des volumes résiduels et de leur application sur la parcelle en cours de traitement, ou leur récupération et leur stockage sur le siège de l exploitation. Page 5
Selon le type d appareil, il est possible de rincer les organes du pulvérisateur (pompe, rampes, incorporateur) à l eau claire sans modifier le contenu de la cuve principale. Les volumes résiduels étant destinés à être épandus sur la même culture, et/ou rajoutés à une bouillie identique pour terminer le chantier de pulvérisation, ils ne sont pas considérés comme des effluents phytosanitaires et ne constituent pas un risque pour la culture 1.2 Le lavage interne Cette manipulation doit être réalisée si les traitements à venir concernent une autre culture et / ou un autre produit phytopharmaceutique. Il s agit bien dans ce cas de laver le pulvérisateur pour éviter tout risque de phytotoxicité sur les cultures, et également de gérer au mieux les effluents phytosanitaires (tels qu ils sont définis par l arrêté du 12 septembre 2006) pour protéger l environnement. Ainsi, dans cette démarche, le respect scrupuleux de la réglementation est obligatoire. Les produits phytosanitaires peuvent être retenus dans la cuve d un pulvérisateur en service par des procédés physiques ou chimiques. Il est possible de réduire ce phénomène de rétention de bouillie en améliorant la conception des machines et leur mode d utilisation. Ainsi, les pulvérisateurs modernes bénéficient de puisards mieux conçus, de parois de cuve lisses et de formes permettant de minimiser le volume de bouillie non diluable. Les produits phytosanitaires peuvent également adhérer par liaison chimique à la structure du pulvérisateur et rester (malgré une utilisation intense) sous cette forme jusqu à la prochaine utilisation d un solvant approprié. Suite à d importants dégâts culturaux, l homologation des pulvérisateurs exige désormais qu ils soient fournis avec une étiquette stipulant comment les nettoyer. Le lavage (à préférer au rinçage) d un pulvérisateur doit être plus rigoureux lorsqu on passe d un type de traitement à un autre, par exemple le passage d un traitement herbicide à base de Sulfonylurées dans des cultures céréalières au traitement d'une espèce dicotylédone. Un niveau minimum de dilution est requis, d une part pour pouvoir épandre les volumes résiduels dilués sur la parcelle venant de faire l objet de l application, et d autre part pour vidanger l ultime fond de cuve sur la parcelle à poste fixe. Pour cela, il est plus que recommandé de débuter les opérations de rinçage avec la cuve vide (pompe désamorcée). Une connaissance de la surface exacte à traiter, une préparation soignée de la quantité de bouillie nécessaire, un réglage minutieux du pulvérisateur sont indispensables. Pour une même quantité d eau claire finale, un apport séquentiel est bien plus efficace qu un apport unique. Page 6
Un triple rinçage dilue beaucoup mieux le volume de bouillie résiduel que le même volume d eau claire utilisé d un seul coup. Une bonne méthode de triple rinçage peut permettre de vidanger les dernières eaux du puisard au champ, mais il est impératif que le pulvérisateur continue à avancer pendant cette opération de vidage. Photos : Eskil Nilsson et Jens Tønnesen. 1.3 Le lavage externe Les dépôts de bouillie s accumulent rapidement sur les parois externes du pulvérisateur. Sur les pulvérisateurs utilisés en grandes cultures, ces dépôts sont particulièrement importants près des buses et sont augmentés par l utilisation de buses à gouttelettes fines. L accumulation de dépôts est très forte sur les buses et les rampes, particulièrement vers le milieu de la structure. Les gouttelettes fines sont emportées par les micro-courants d air créés par le mouvement du pulvérisateur. De ce fait, le milieu des rampes et l arrière de la cuve de pulvérisation sont généralement les zones les plus contaminées. L utilisation de rampes plus larges et plus hautes et l augmentation de la vitesse de pulvérisation accentuent le phénomène de dépôt sur le matériel. L avant du tracteur ou du pulvérisateur risque également d être contaminé par les gouttelettes de bouillie en suspension dans l air lorsque la machine tourne au bout d un rang traité. De plus, les dépôts de produits phytosanitaires séchés sur les parois externes du pulvérisateur forment une surface propice à d autres contaminations. Les atomiseurs risquent également de projeter des gouttelettes fines vers le haut et / ou sur les côtés, même en l absence de vent. En outre, ils sont réservés essentiellement à l application d insecticides et de fongicides, qui ont tendance à être plus toxiques que les autres produits phytosanitaires. Le type de dépôts externes causés par le mélange de ces différentes méthodes de pulvérisation et de ces produits présente un danger réel pour les humains et l environnement. Page 7
Les dépôts de produits phytosanitaires qui se décollent du pulvérisateur lors du lavage au champ sont métabolisés [décomposés] par des microorganismes présents dans le sol. Un pulvérisateur ne doit pas être lavé dans le corps de ferme ou sur une aire bétonnée non imperméable ni étanche ; l aire de lavage doit être couverte d un sol naturel capable de métaboliser les résidus provenant du lavage. Les dépôts externes doivent être enlevés afin que le pulvérisateur puisse être utilisé sans danger et présente un risque faible pour l environnement (y compris lorsqu il n'est pas utilisé). La pratique la plus simple est de laver le pulvérisateur dans le dernier champ traité ou à la fin de chaque journée de pulvérisation. De plus, que ce soit à l intérieur ou à l extérieur, un pulvérisateur ne doit pas être entreposé à un endroit où, par exemple, la pluie risque de mouiller les parois exposées et lessiver des produits phytosanitaires qui pourraient contaminer l environnement. Page 8