Un grand Gauguin à la loupe : La vision du sermon Quimper Musée des Beaux Arts
Exposition autour d une seule œuvre, mais quelle œuvre! Du 6 mars au 1er juin 2009 Musée des Beaux Arts, 40 place St Corentin 10h-12h et 14h-18h (sauf mardi) 2,50 /4,50 Tél. 02 98 95 45 20 www.musee-beauxarts.quimper.fr La vision du sermon est considérée comme l aboutissement de deux années de création fondamentales pour Gauguin. Achevée en 1888 et exposée seulement trois fois en France, cette toile (qui appartient à la National Gallery of Scotland, Edimbourg), aux contours marqués et aux couleurs exagérées, impose le peintre comme chef de file d un nouveau mouvement : le synthétisme. L exposition place en regard des toiles d Emile Bernard, artiste de la même école. Et des estampes de maîtres japonais (Hiroshige, Hokusai) qui ont influencé le travail de Gauguin. Au total, 25 pièces pour mieux comprendre l un des tableaux fondateurs de l art moderne.* *source : Arts Magazine n 32
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Analyse La vision du sermon Paul Gauguin 1888 Huile sur toile, 92 x 73, National Gallery of Scotland, Edimbourg
«Je viens de faire un tableau religieux très mal fait mais qui m a intéressé à faire et qui me plaît. Je voulais le donner à l église de Pont- Aven. Naturellement on n en veut pas [ ] Des bretonnes groupées prient. Costumes noirs très intenses. Les bonnets bleu jaune très lumineux très sévères. La vache sous l arbre est toute petite et se cabre. Pour moi dans ce tableau le paysage et la lutte n existent que dans l imagination des gens en prière par suite du sermon, c est pourquoi il y a contraste entre les gens nature et la lutte dans son paysage non nature et disproportionné.» Paul Gauguin, Lettre à Van Gogh, fin septembre 1888.
Description : Dans ce tableau, un groupe de paysannes vêtues du costume bigouden observent une scène improbable : la lutte de Jacob avec l Ange. Elles occupent une large place au premier plan, créant même un cadre dans le cadre. Le reste du tableau, entièrement peint sur un fond rouge, contient la scène de lutte, dont les postures évoquent la lutte bretonne traditionnelle. Les deux plans sont séparés par un arbre placé en diagonale. En bas, à droite du tableau, on remarque un profil plutôt masculin : un paroissien, le prêtre? Enfin, on notera en haut à droite la présence d une vache qui se cabre.
Paul Gauguin mêle dans ses influences estampes, images d Epinal et vitraux gothiques. D où les cernes noirs qui découpent les Bigoudènes sur fond carmin.
Gauguin innove en simplifiant les formes à l extrême et en laissant ses sensations guider le choix des couleurs (le vert de la prairie devient son opposé rouge) toutes posées en aplat.
Un tronc couché coupe la scène en deux dans la diagonale de la toile Gauguin s est inspiré des estampes japonaises.
4 3 2 Comme dans les estampes japonaises, l effet de perspective est annulé. L espace est comme verticalisé par la simple superposition des plans. 1
La lutte semble violente. Cette bagarre évoque plutôt les lutteurs bretons (ou japonais) La vache renvoie peut-être au trophée traditionnel offert aux gagnants lors des tournois de lutte en Bretagne. Dans cette toile, Gauguin mêle le réel et le surnaturel : les paysannes et ce qu elles imaginent d après le sermon. Il mélange sacré et profane.
Qui est ce personnage? Le curé de Pont-Aven à qui Gauguin destine l œuvre?
L artiste lui-même puisque certains des autoportraits de Gauguin ressemblent à l inconnu?
Serait-ce le portrait d un donateur? Gauguin ferait alors ici allusion aux toiles de la Renaissance.
Culture Paul Gauguin L école de Pont-Aven Jacob et l ange Les estampes japonaises
Paul Gauguin (7 juin 1848-8 mai 1903) est un peintre post-impressionniste. Chef de file de l'école de Pont-Aven et inspirateur des Nabis, son œuvre est très largement considérée comme celle d'un peintre français majeur du XIX e siècle. http://www.impression niste.net/gauguin.htm
Bretonnes au Pardon, Emile Bernard, 1888 L École de Pont-Aven est le nom qui a été donné a posteriori pour grouper sous une même étiquette des artistes très différents qui sont venus régulièrement peindre dans ce qui n était qu un petit bourg breton de 1 500 habitants situé entre Concarneau et Quimperlé dans le sud-est du Finistère en Bretagne. Les artistes les plus en vue ont été Paul Gauguin (arrivé en 1886), Émile Bernard, Paul Sérusier, Charles Filiger, Maxime Maufra, Henry Moret, Ernest de Chamaillard.
Jacob et l ange Genèse Chapitre 32 23 Cette même nuit, il se leva, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants et passa le gué du Yabboq. 24 Il les prit et leur fit passer le torrent, et il fit passer aussi tout ce qu'il possédait. 25 Et Jacob resta seul. Et quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. 26 Voyant qu'il ne le maîtrisait pas, il le frappa à l'emboîture de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. 27 Il dit : "Lâche-moi, car l'aurore est levée", mais Jacob répondit : "Je ne te lâcherai pas, que tu ne m'aies béni." 28 Il lui demanda : "Quel est ton nom?" - "Jacob", répondit-il. 29 Il reprit : "On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as été fort contre Dieu et contre les hommes et tu l'as emporté." 30 Jacob fit cette demande : "Révèle-moi ton nom, je te prie", mais il répondit : "Et pourquoi me demandes-tu mon nom?" et, là même, il le bénit. 31 Jacob donna à cet endroit le nom de Penuel, "car, dit-il j'ai vu Dieu face à face et j'ai eu la vie sauve". 32 Au lever du soleil, il avait passé Penuel et il boitait de la hanche. 33 C'est pourquoi les Israélites ne mangent pas, jusqu'à ce jour, le nerf sciatique qui est à l'emboîture de la hanche, parce qu'il avait frappé Jacob à l'emboîture de la hanche, au nerf sciatique. Thème pictural très représenté
Rembrandt, 1689
Delacroix, 1861
Gustave Doré, 1861 (gravure)
Gustave Moreau, 1878
Maurice Denis, 1893
Chagall, 1960-66
Jacob Epstein, 1940
Bernard Tirtiaux, 1992 (Vitrail)
Les estampes japonaises Ukiyo-e ( 浮 世 絵? ) est un terme japonais signifiant «image du monde flottant», utilisé durant l'époque d Edo (1603-1868) pour désigner un nouveau genre de peinture, comprenant non seulement une nouvelle peinture populaire et narrative, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois. Les thèmes de l ukiyo-e sont également tout à fait nouveaux, car ils correspondent aux centres d'intérêt de la bourgeoisie : les jolies femmes et les courtisanes célèbres ; les scènes érotiques ; le théâtre kabuki et les lutteurs de sumo ; les calendriers et les cartes de vœux ; le spectacle de la nature et des lieux célèbres. Ce genre connaît à la fin du XIX e siècle un grand succès auprès des Occidentaux. Les grandes collections privées d'estampes japonaises d'europe influencent alors fortement la peinture européenne, et en particulier les Impressionnistes.
Pruniers en fleurs, Kameido Hiroshige
Croquis de sumotori, Hokusai
Production(s) A partir d une reproduction (ici, Gauguin, «Nature morte aux oranges») exprimer les formes, les matières, les textures, les couleurs Représenter un paysage selon les impressions ressenties (rendre visible l essentiel, de différentes manières : par le mouvement, les lignes de crêtes, les horizons successifs, les assemblages de masses, l harmonie de couleurs ) Représenter un arbre en choisissant un mode d expression plastique correspondant à un effet recherché (ici, «L arbre jaune», Emile Bernard) Fabriquer une grande variété de tons de rouge en mélangeant du rouge primaire avec d autres tons de rouge Le sujet en peinture : à partir d un sujet biblique, décliner toutes les idées suggérées (cf : Jacob et l ange)
Rencontre(s) Au musée des Beaux Arts de Quimper, avec une Bretonne : A l église, Pierre de Belay, 1920 Au musée de Pont-Aven, avec Gauguin : Deux têtes de Bretonnes, Pastel, 1894
Au Musée des Beaux-Arts de Rennes : avec Gauguin, Nature morte aux oranges, 1882 avec l école de Pont-Aven, Emile Bernard, L arbre jaune, 1892
Des sites : - Dossier de presse de l exposition de Quimper : http://www.museebeauxarts.quimper.fr/htdocs/presse.htm use.htm - Gauguin à travers le jeu : http://www.curiosphere.tv/gauguin/ Dossier réalisé par Thierry Laruelle, Animateur Pédagogique Arts et Culture (DDEC56) (Avec l aide de Wikipedia et Arts Magazine)