Le livret scolaire : valider des compétences, évaluer les progrès. Mireille Rongier, CPC Montpellier Nord Michel Ramos, IUFM Montpellier Novembre 2009
Le cadrage institutionnel «Le code de l'éducation prévoit, pour chaque élève du premier degré, un livret scolaire, instrument de liaison entre les maîtres, ainsi qu'entre l'école et les parents. Il permet d'attester progressivement des compétences et connaissances acquises par chaque élève au cours de sa scolarité. Le livret scolaire suit l'élève jusqu'à la fin de la scolarité primaire.( )» Mise en œuvre du livret scolaire à l'école Circulaire n 2008-155 du 24-11-2008 B.O. du 27-11-2008
«Le livret scolaire comporte : 1) Les documents d'évaluations périodiques en usage dans l'école pour suivre régulièrement les progrès de l'élève au fil de chaque année scolaire. 2) Les résultats, en français et en mathématiques, aux évaluations nationales de CE1 et de CM2 présentées selon le modèle en annexe 1. 3) Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences en CE1 et en CM2 en référence aux programmes de l'école présentées selon le modèle en annexe 2 ( ).
4) Les attestations de premier secours et de première éducation à la route présentées selon le modèle en annexe 3. 5) Le cas échéant, les attestations de compétence en langue vivante, au niveau A1 du cadre européen commun de référence lorsque l'élève maîtrise une autre langue que celle dont l'attestation de compétence figure au point 3. 6) Les propositions faites par le conseil des maîtres et les décisions prises en fin d'année scolaire sur les conditions dans lesquelles se poursuit la scolarité.»
Deux points nécessitent une réflexion plus approfondie : Les documents d'évaluations périodiques en usage dans l'école pour suivre régulièrement les progrès de l'élève au fil de chaque année scolaire. Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2. Réfléchir à la façon de valider les attestations «socle» (point 2) a des conséquences sur l organisation du travail en classe et sur son évaluation (point 1).
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Ne pas les remplir uniquement en fonction des résultats aux évaluations nationales. Tous les éléments à valider dans les attestations ne sont pas forcément présents dans les évaluations nationales (exemple géométrie C2) (exemple fractions C3) Sans parler du fait que les évaluations nationales portent uniquement sur le pilier 1 (maîtrise de la langue) et une partie du pilier 3 (maths) De plus, ce n est pas un exercice ponctuel qui va permettre de renseigner l attestation.
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Par rapport aux dates de renseignement de ces attestions, on n est pas obligé d attendre le 30 juin pour «mettre des croix». Chaque fois qu une croix est possible, on ne s empêche pas de la mettre Et cela, même au CP pour la fin du palier 1!
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Le renseignement de ces attestations peut se faire tout au long de l année et même du cycle, ce qui implique une réflexion pédagogique au niveau de l équipe de cycle pour se mettre d accord sur les critères de réussite. autrement dit A quelles conditions va-t-on valider telle ou telle compétence?
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Pour certains items, ce sera «simple» Exemple : «Copier sans erreur un texte d'au moins quinze lignes en lui donnant une présentation adaptée» Deux critères de réussite sont déjà précisés. Un autre doit être précisé : titre, décalage, saut de ligne,? C est là qu il faut se mettre d accord en équipe (en se concertant mais aussi en se partageant le travail ).
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Pour d autres items, une réflexion plus poussée en conseil de cycle est à mener : Exemple : «Ecrire, nommer, comparer et utiliser les nombres entiers, les nombres décimaux (jusqu au centième) et quelques fractions simples.» Pour mettre en œuvre un apprentissage de cette compétence, il va falloir décliner cet item de façon plus fine : qu est-ce qu on appelle des fractions simples? qu est-ce qu on appelle les écrire et les nommer? qu est-ce qu on appelle les comparer? (comparer ½ et 3/7 ou comparer 3/2 et 5/2 - ce qui est plus facile - ou les comparer par rapport à 1?) qu est-ce qu on appelle les utiliser : dans quels types de situations, dans quels type de problèmes?
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Pour répondre à ces questions et fixer le niveau d exigence, les programmes apportent souvent des éléments de réponses. Par exemple, dans la partie «Progressions» : CE2 CM1 Fractions - Nommer les fractions simples et décimales en utilisant le vocabulaire : demi, tiers, quart, dixième, centième. - Utiliser ces fractions dans des cas simples de partage ou de codage de mesures de grandeurs. CM2 Fractions - Encadrer une fraction simple par deux entiers consécutifs. - Écrire une fraction sous forme de somme d un entier et d une fraction inférieure à 1. - Ajouter deux fractions décimales ou deux fractions simples de même dénominateur. Et si la réponse n est pas suffisante, on invente et on construit ensemble!
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 Double intérêt de ce travail de réflexion : Cette réflexion pédagogique autour des critères de réussite peut servir de feuille de route pour la préparation et la mise en œuvre des séquences d apprentissage parce qu on fait apprendre comme on va évaluer et qu on évalue comme on a fait apprendre. Ces critères peuvent être lisibles (au sens propre : affichés, distribués, etc.) pour les élèves : «Voilà ce que vous saurez ou saurez faire à la fin de»
Les attestations de maîtrise des connaissances et compétences au CE1 et au CM2 En résumé, à quel moment et à partir de quoi renseigner ces attestations? Ne pas attendre la fin des périodes pour évaluer les élèves. Évaluer est un travail quotidien qui ne passe pas seulement par des «contrôles» en fin de séquence ou par vérification dans des exercices techniques et automatiques. Dans ce cas, les «contrôles» au lieu de vérifier l acquisition de compétences ou de connaissances, jouent un rôle implicite de classement et de sélection, ce qui a pour effet de décourager même des élèves «compétents». Les «contrôles» ne mesurent pas les progrès. (cf. article Faire évoluer les pratiques d évaluation des élèves, entretien avec Philippe Joutard). C est aussi dans le travail ordinaire de la classe et de la mise en œuvre des séquences d apprentissage que l enseignant constate au fur et à mesure le degré de maîtrise des compétences et les difficultés de ses élèves.
Revenons au point 1 «Les documents d'évaluations périodiques en usage dans l'école pour suivre régulièrement les progrès de l'élève au fil de chaque année scolaire.» Quelle forme leur donner?
Les documents d évaluations périodiques pour suivre les progrès de l élève 1 ère possibilité : Un livret où toutes les compétences d un cycle ou de tous les cycles apparaissent avec les cinq périodes annuelles (style «livret Scérén»)? (exemple cycle 3 GRAPE) Avantage : un même document pour tous les élèves du CP au CM2. Inconvénients : beaucoup de pages, manipulation lourde et peu lisible pour les parents car beaucoup de «blancs», des compétences qui apparaissent validées à plusieurs périodes, des compétences validées chaque année, des compétences pas toujours explicites,
Les documents d évaluations périodiques pour suivre les progrès de l élève 2 ème possibilité : Une pochette-livret avec le référentiel de toutes les compétences à acquérir à laquelle on ajoute, à chaque période, une feuille d évaluation qui indique les compétences qui ont été travaillées en classe (exemple livret Maroc) Avantages : lisible pour les parents qui savent précisément sur une période ce qui a été travaillé. Possibilité d intégrer une part d'auto-évaluation et d associer l élève au renseignement des fiches. Inconvénient : rangement dans une pochette moins pratique pour la liaison école/maison (risque de perte).
Ce que le livret ne doit pas être Un outil différent selon les enseignants d un même cycle, d une même école (souci de cohérence) ; Un outil qui s éloigne trop des formulations des compétences contenues dans les programmes de 2008 (là aussi souci de cohérence) ; Un outil trop compliqué, difficile à renseigner pour les enseignants, illisible pour les enfants et les parents.
Ce qu il doit être Un outil de référence pour tous, qui suit l élève au cours de sa scolarité et qui rend compte de ses progrès et de ses acquis. Un outil commun aux enseignants d un même cycle, d une même école, d un même groupe scolaire. Un outil de communication en direction des familles : il doit donc être transmis à chaque période aux parents et signé par ces derniers. Un outil à la fois souple, clair, lisible et facile à consulter : souple afin de tenir compte des progressions ou des spécificités internes à chaque classe ; clair afin de permettre un renseignement aisé et économique (par l enseignant voire par l élève) ; lisible et compréhensible par l'enfant et les familles ; facilement manipulable et résistant.