Première vision Cauchemar Je prenais mon déjeuner lorsque j entendis ma mère s exclamer : «Dépêche-toi, on va être en retard, chéri! -J arrive, je finis de préparer la valise! cria mon père.» Moi, je me contentais de boire mon bol de lait et de les écouter se disputer pour savoir s ils devaient emmener le parasol de jardin ou pas. «Lily, tu pourrais réveiller ton frère, le faire manger et lui faire prendre sa douche s il te plaît? me demanda ma mère. -Oui, oui ne t inquiète pas répondis-je d un air lassé -Merci.» Puis au bout d un quart d heure après que mon père ait réussi à fermer le coffre, j entendis la voiture démarrer, et s éloigner. Mes parents s en allaient chez ma grand-mère. Je fis ce que ma mère m avait demandé. Toute la matinée je m étais occupée de mon frère, Nathan. Je m affalai sur le
canapé et allumai la télé. J étais fatiguée et repensais à la journée épuisante d hier. Quand Nathan me fit sortir de mes rêves. «Lily on va à la plage? -Non, je veux me reposer alors laisse-moi! -Je le dirai à maman! dit-il en pleurant» Et voilà comment je me faisais contrôler par mon petit frère de six ans, grâce au chantage. Je lui pris la main et l emmenai à la plage qui était à cinq minutes de chez nous. Arrivés là-bas, mon frère courut et commença à faire un château de sable. Moi, je marchais tranquillement sur le sable chaud. Soudain je vis au loin une silhouette marcher sur l eau. Je crus un instant que je rêvais surtout quand il me sembla reconnaître ma grand-mère qui aurait dû être chez elle à attendre mes parents. Rencontre Le vent soufflait fort et mes cheveux balayaient mon visage, ma vision disparut Mon frère intervint : «Lily, j ai faim! se plaignait-il. - Allons-y, rentrons à la maison. Lui répondis-je, encore dans mes pensées suite à ce que j avais vu.»
Nous rentrâmes à la maison et je préparai le repas. Nous mangeâmes en silence. Puis je couchai mon frère. Je repensais à ce que j avais vu, assise sur mon lit. Tout se bousculait dans ma tête. Je pris alors la décision de retourner sur la plage. Je me précipitai chez la voisine et lui demandai de garder Nathan pendant quelques heures. Je courus vers la plage ne sachant ce qu il allait m arriver. Sur place, je m approchai et plissai les yeux en espérant revoir cette silhouette. La plage était déserte. Puis, au bout de quelques instants, je vis grand-mère mais d une façon beaucoup plus nette que ce matin, elle s approchait de moi marchant sur l eau. Elle n était pas celle que je connaissais, ni celle qui me racontait des histoires lorsque j étais petite et encore moins celle qui m achetait des jouets. L expression de son visage était étrange. Sa peau lisse n avait aucune ride. Elle était blanche comme du marbre. Ses lèvres étaient fines et plates. Ses yeux m hypnotisaient, ils étaient plissés et fixaient le collier qu elle m avait offert pour mon anniversaire un an plus tôt, comme si des souvenirs lui revenaient. Elle me fit frissonner. Elle était pieds nus et vêtue d un grand tissu blanc comme un fantôme. Etait-elle morte? Je secouai la tête à cette
idée. Sa beauté me fit voir qu elle avait rajeuni. Elle avait l air sûre d elle. J avais peur, je ne sais pourquoi, mais sa beauté et son allure me firent trembler. Pourtant c était ma grand-mère, celle qui me berçait lors de ma naissance, celle qui me gardait le mercredi après-midi. La colère me prit, pourquoi avais-je peur d une personne qui avait été toujours là pour moi? Ses traits sévères me rappelaient l autorité de mon grand-père qui était mort il y a cinq ans. «Bonjour Lily, me dit-elle». Je ne pus lui répondre. Course poursuite Sa voix était posée. Elle me glaça le sang. «Je suis la mort Je ne compris pas le sens de ses paroles. -De quoi mamy? lui répondis-je dans un souffle - Je viens te chercher mon enfant! s exclama-t-elle Mon cœur s accéléra, je reculai d un pas. -Mais d de qu quoi tu parles? haletai-je. -Je viens te chercher pour que tu nous rejoignes, ton grand-père et moi! -Mais je ne suis pas morte et toi non plus!
Son visage se transforma, ses yeux devinrent rouges. - Rejoins-nous! cria-t-elle» J eus à peine le temps de reculer qu elle se jeta sur moi. Nous tombâmes au sol et roulâmes sur le sable. Je la repoussai et rampai. Elle me tira le pied, je poussai un cri. Je me débattis et courus vers le chemin qui menait jusqu à chez moi. Lorsque je vis au loin un groupe de fantômes. Ils étaient au moins une cinquantaine dont un qui tenait une grande faux. J étais effrayée, des larmes coulaient sur mes joues. Deux solutions s offraient à moi, soit j affrontais ma grand-mère qui devenait un monstre, soit malheureusement je faisais face aux cinquante créatures qui se tenaient devant moi. Soudain je me souvins des paroles qu avait prononcées mon père lorsque je m étais perdue dans un magasin : «Si plus tard tu te trouves dans des situations comme celle-ci, prends la plus simple des options.» Je l écoutai et me dirigeai droit vers ma grandmère ou plutôt le gros monstre. Elle souriait et ouvrit grand les bras lorsque je la contournai et me ruai vers le remblai. La course poursuite
commença. Je ne voulus pas me diriger vers la maison, pour épargner ma famille. Je devais trouver un endroit où personne n aurait été en danger. La seule idée qui me venait était : la forêt. Cette grande forêt nommée La forêt de la terreur par les copains de mon frère. Elle était sombre et sinistre. Les cheveux au vent, je courus sans lancer un regard derrière moi. Ne voyant pas le bout de cette forêt interminable, je m arrêtai, désespérée. Essoufflée je me retournai et ne vis personne. Les avais-je semés? Mes jambes tremblaient de peur. La mort Je regardai autour de moi, mais ne vis que ces grands arbres qui perdaient leurs feuilles. Je ne bougeai plus. Soudain j entendis les crissements de feuilles sous des pas. Je me retournai doucement et vis les cinquante monstres. Je fis un soubresaut et une sueur froide me glaça des pieds à la tête. Ils s avancèrent. Je tombai et perdis connaissance. Ma grand-mère avait gagné. *** Quelques jours plus tard, une lettre arriva chez la famille de Lily :
Mes chers amis, Nous venons de prendre connaissance du décès de Lily. Nous savons qu inévitablement, un jour l existence se termine pour chacun d entre nous. Ces quelques mots ne modifieront pas ce triste état de fait. Pourtant nous tenons à vous témoigner toute notre compassion. Avec notre amitié. Marie, Pierre et les enfants. Après que Lily eut couché son frère, elle s était allongée elle aussi, mais elle ne s était jamais réveillée... Le lendemain, les médecins annoncèrent à ses parents qu elle avait fait une crise cardiaque pendant son sommeil. Ce fut un coup très dur pour eux, qui revenaient déjà avec une triste nouvelle la grandmère de Lily venait de décéder. Claire, avril 2009.