LIMITATION DE L'ARMAGE DU RESSORT Afin d'éviter la surtension du ressort de barillet, il faut prévoir un dispositif soit qui bloque la masse, soit qui débraye l encliquetage. Nous connaissons les systèmes utilisés par Sarton (revue 33) et Breguet (revue 35), pour éviter ce risque. Tous les deux avaient décidé de bloquer la masse. Nous savons enfin que la montre auto matique de la dernière génération comporte toujours une bride glissante aux ressorts... Concernant ces brides, nous ouvrons une parenthèse historique pour dire que on trouve clans la Revue chronométrique de Saunier, avril 1864, la présentation d'une «nouvelle» réalisation de Philippe, de la Maison Patek, nommée «ressort libre». Néanmoins, dans ce même numéro, Henri Robert, clans son rapport, page 86, dit : «Des ressorts ayant une partie des effets de celui qui vous est présenté ont été employés dans des cas d'horlogerie où l armage automatique du ressort ne permettait pas d'être exactement proportionnel à son déve loppement... Aucune date, aucun exemple cités...!
Environ 30 ans plus tard, les promoteurs de la pièce présentée ont opté pour le débrayage du cliquet clé retenue, agissant sur la roue à denture fine. Le dispositif est composé ainsi -. Les horlogers le savent, les autres le comprendront aisément grâce aux croquis ci-contre et photos. Dans un barillet, le ressort comporte à son extrémité extérieure une bride, toujours en appui contre le crochet aménagé à la paroi du tambour clé barillet. Si le ressort n'est pas armé, il pousse la bride contre la paroi (croquis trait plein). Inversement, au fur et à mesure de l armage, la bride reste prise au crochet, mais sa partie arrière s'éloigne de la paroi (croquis trait pointillé). C'est cet angle parcouru par la bride qui a été utilisé pour la limitation de l armage et, on peut le dire, de façon très subtile. Une ouverture a été pratiquée clans le barillet, afin clé faire apparaître la bride et une partie du ressort (photo 5). Une petite pièce triangulaire, spécialement formée, vient chevaucher le ressort sur la bride. Le 3" sommet du triangle se trouve ainsi dirigé vers le centre du barillet là où pivote l'arbre. Une seconde pièce, composée d'une petite roue percée et portant une plaquette d'acier sur laquelle une goupille verticale est plantée, se positionne sur l arbre, donc librement sur cet arbre. La goupille verticale dépasse sur le dessus du pont, au niveau du cliquet de retenue de la roue à denture fine. Le fonctionnement est alors simple (photos 7 et 7 ) : Un peu avant la fin de l armage du ressort, la bride s écarte de la paroi avec la pièce triangulaire placée sur elle. Le 3» sommet de cette pièce vient entraîner la petite roue en s engageant entre ses dents. La roue tourne légèrement, mais suffisamment pour que la goupille verticale placée sur la plaquette d acier désengage le cliquet de retenue (photo 7 ). La masse oscillante continue de fonctionner mais n entraîne plus la roue à denture fine, donc la pièce ne s arme plus. Au fur et à mesure de la marche, la bride revient, la pièce triangulaire entraîne la petite roue dans l autre sens, et la goupille verticale ne retient plus le cliquet qui entre à nouveau en fonction (photo 7).
Photos 7 et 7a : À gauche cliquet de retenue engagé et désengagé à droite AFFICHAGE DE LA RÉSERVE DE MARCHE Cet affichage, que l on rencontre rarement en montres brace lets automatiques, était en montre de poche, nous n osons dire, très fréquent, du moins courant. Est-ce dû à la complication du système? Est-ce dû au coût relativement élevé? Est-ce simplement dû au fait que les constructeurs modernes l ont jugé inutile? Nous ne pouvons le dire, mais il semble de toute façon que cela n est pas dû au temps d armage des pièces d une époque, comparées à celles d une autre époque. Notre tableau «test», nous montre, avec les réserves qui s imposent, que les montres de poche automatiques prenaient moins de temps pour s armer que les montres bracelets. Sur la pièce présentée cet avantage existe, nous le décrivons : Cette disposition porte le nom de «différentiel» et, pour défi nir le mot, il est plus simple de se référer au dictionnaire : «Mécanisme au moyen duquel on transmet à une roue dentée, un mouvement composé équivalent à la somme, ou à la différence de deux mouvements». Dans notre cas, ces 2 mouvements sont Tannage et le désarmage du ressort. Il est clair que ces 2 mouvements, en montres automatiques, peuvent se produire simultanément, puisque la pièce s arme par le dispositif automatique et, en même temps, se désarme par son fonctionnement. L aiguille, sur le cadran doit afficher soit : 1) Plus d heures de réserves, si la montre s arme plus vite qu elle se désarme. 2) Moins d heures dans le cas inverse. 3) Le même nombre si les deux restent à égalité simultanément. Dans les 2 premiers cas, c est la différence, dans le 3» c est l équivalence. Pour parvenir à cela, les multiples systèmes existants sont char gés de subtilités. Le plus courant consiste en ce que l on nomme «rouage à mobile transporté». Phrase un peu barbare mais qui dit bien ce qu elle veut dire : à savoir qu une roue, tout en opérant des révolutions sur elle-même, tourne en même temps autour d une autre roue. Nous vous présenterons un article sur ce dispositif, car nous ne désirons pas surcharger celui-ci déjà très technique... Notre pièce ne comporte pas de mobile transporté, mais 2 roues superposées. L une porte l aiguille indiquant le désarmage, l autre le cadran, indiquant l annage. Elles sont chacune soumises à un rouage différent.
Rouage d armage (photo 8) Assuré donc par le petit cadran qui tourne dans le sens des aiguilles d une montre. La peinture est réalisée sur une portion de la circonférence égale au 14/15 et graduée de 56 à 0, complétée par des traits indiquant chacun 2 heures. L origine du rouage qui permet d assurer cette indication d armage est obligatoirement l arbre de barillet. Nous distinguons parfaitement sur la photo la disposition de ce rouage. Les rapports d engrenages qui doivent faire opérer au cadran moins d un tour, pour les 7 tours d armage du barillet, donnant 56 heures de marche, sont les suivants : 1) Rochet sur l arbre 32 2) 1 IV roue 25 30 3) 2 e roue 12 40 4) roue de cadran 60 ce qui fait : 32 X 25 x 12 x 7 tours 30 x 40 x 60 = 0,933... C est bien 93,1/3 de tour qu effectué le cadran pour les 7 tours d armage, correspondant à la portion peinte soit : 14/15 = 0,933.
Rouage de désarmage (photo 9) L indication de désarmage est assurée par la petite aiguille, disposée au centre du petit cadran d armage. Ce dernier est percé en son centre, et le pivot d une roue placée sous ce cadran porte l aiguille. Elle est totalement indépendante et tourne dans le même sens que le cadran. L origine de ce rouage de désarmage se situe au tambour de barillet. Ce mobile étant le plus éloigné du régulateur, c est le plus apte à entraîner une charge supplémentaire, en perturbant au mini mum la marche de la montre. La denture de ce tambour, en plus du rouage de temps, entraîne la première roue du train de désarmage (photo 10). Les rapports d engrenages sont les suivants : 1) tambour clé barillet 80 2) l v roue 10 30 3) 2e roue 8 30 4) roue portant l aiguille 40 ce qui fait : 80 X 10 x 8 x 7 tours 30 x 40 x 60 = 0,933... C est exactement le même pourcentage de désarmage que celui d armage. Si l on revient maintenant à la définition du différentiel, l on peut dire ici : 1) Si l annage est plus important, le cadran tourne plus vite que l aiguille et le nombre d heures de réserve affichées augmente. 2) Si le désarmage l emporte, c est l aiguille qui tourne plus vite et le nombre d heures diminue. 3) S il y a équivalence, le cadran et l aiguille tournent à la même vitesse et le temps indiqué reste inchangé.
ARMAGE PAR CLEF Contrairement à la réserve de marche, il faut penser que les réalisateurs de montres perpétuelles du xdt siècle ont jugé soit inutile, soit trop difficile de doubler Parmage automatique par une possibilité manuelle à clef. Quoi qu il en soit, les montres automatiques de cette époque n ont pas toutes, et de loin, cet avantage. Sur la pièce présentée ici, cela est possible, voici comment : Premier point. Il faut, pour assurer un armage manuel sans risque, que le dispositif automatique soit déconnecté lors de cette opération. De plus, il est préférable de conserver la limitation d armage du ressort. Ici les deux choses sont effectives. L arbre clé barillet se termine en carré à chacune de ses extré mités. Côté ponts, visible sur les photos 7 et 7, c est pour la clef. Côté cadrature, sur le carré sont ajustés trois rochets superpo sés (photo 11) : Le n 1 assure l armage automatique. Le n 2 permet le remontage manuel. Le n 3 entraîne le rouage d indication d armage. Ce dernier ne nous concerne pas ici (voir au paragraphe inti tulé «AFFICHAGE RÉSERVE DE MARCHE»). Nous voyons sur les photos 3 et 11 que le n 1 (armage auto matique) est creusé et qu il porte dans cette creusure, le n 2, plus petit, ainsi qu un cliquet et son ressort. Sur ces 2 rochets, seul le n 2 est ajusté à carré sur l arbre. Le n 1 a un trou rond au centre. Lors de l armage automatique, le rochet n 1 est entraîné par le pignon de la 2 roue comme indiqué au paragraphe concerné, mais il ne peut entraîner l arbre, n étant pas ajusté à carré. Par contre, le cliquet qu il porte étant arc-bouté dans les dents du petit rochet n 2, entraîne celui-ci et conséquemment l arbre arme le ressort. Lors de l armage manuel, le petit rochet n 2 tourne, arme le ressort, mais sans entraîner le rochet n 1. Nous voyons aussi un second cliquet agissant contre le rochet n 1 qui retient le tout, sans jamais gêner les 2 façons d armer.