La joie de partager Un titre un peu ronflant, mais je pense que l intuition de Théodore pour mon deuxième épisode est plutôt bonne. Qui est Théodore? C est un suédois d une quarantaine d années présent à Munay Wasi pour une durée indéterminé. Cet homme ne cesse de me surprendre : il est aventurier et végétalien, il fait ses chaussures lui-même et joue du dijéridou et de la guimbarde... C est une rencontre surprenante avec cette personne qui n a pas du tout la même mentalité, la même façon de réfléchir, la même vision de la vie que moi. Je ne le connais que depuis quelques jours mais il me surprend de plus en plus. Peut être sera-t-il l un sujet de mon prochain article? J aurai sans doute d ici là eu le temps de mieux le découvrir. Pour commencer ce deuxième épisode, j ai quitté Andahuaylas avec tous les volontaires de la casa pour passer le weekend du 22 et 23 mai près d un village nommé Pampachiri. Nous sommes partis à quatorze dans un convoi composé de deux motos et d un pickup. Il y a avait deux personnes sur chaque motos et dix dans le pickup : deux à l avant, quatre à l arrière et quatre dans la benne avec les bagages. Le voyage jusqu au petit village se passait très bien jusqu à que l une des deux motos crève une de ses roues. Deux heures de réparations avec des rustines n ont rien donné. Nous sommes finalement repartis à six personnes et une moto dans la benne du pickup. Heureusement qu il ne restait qu une petite demi heure de route à faire. Nous sommes enfin arrivés (avec quelques heures de retards) dans un hôtel extraordinaire ayant une piscine remplie d eau venant de sources thermales. Nous avons passé une super soirée sous les
étoiles dans cette merveilleuse piscine au fond d une vallée encaissée. Malgré tout, l hôtel n avait d extraordinaire que sa piscine mais nous avons tout de même passé une très bonne soirée avant de repartir le lendemain pour la forêt de pierre. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, cette formation géologique est tout à fait particulière et impressionnante. A l origine, au sommet de chaque pique il y avait une pierre qui le protégeait de l érosion naturelle des lieux. En effet, le sol fait de sédiments s érode beaucoup plus vite que les grosses pierres noires qui sont présentes sur le sol en divers endroit. Ainsi tant que la pierre protège le pique, il ne cesse de grandir. Une fois que la pierre tombe, le pique est attaqué par l érosion et diminue en taille. Après cette visite nous sommes rentrés en pleine nuit en train de dormir dans la benne du pickup. Après ce petit weekend end nous nous sommes remis au travail et avons commencé à réaliser un capteur solaire pour chauffer l eau d une douche. Cette fabrication artisanale s est révélée très intéressante et pleine de petites astuces afin de créer un chauffe-eau solaire aussi efficace que possible! Première étape, créer la boite. Nous nous sommes donc attelés à cette tache avec nos clous et nos marteau et nous avons monté une boite de près de 2m x 1m x 20cm en bois. Une petite demi-journée de boulot à deux : les planches que nous avions n étaient pas droites, il a donc fallut faire une pate à base de colle et de sciure de bois afin de boucher les trous. Deuxième étape : isolation du capteur à l aide de sciure et d une plaque de contreplaqué. Troisième étape : réservée aux membres qualifié, la création et mise en place du réseau d eau pour récupérer la chaleur : soudage, formage de tôles : un peu trop compliqué pour moi encore. Dernière étape : le capteur est relié au réservoir d eau chaude. La création de ce système de chauffage d eau chaude nous a pris environ trois jours de bricolage bien agréable avec continuellement la tasse de café ou de thé proche de nous.
J ai aussi eu l occasion de travailler sur deux toitures différentes : celle d une cuisine dans une communauté nommée Checcche et celle d une cantine dans une autre communauté nommée Huinchos. Dans ces deux cas, nous faisions ces projets au profit d écoles. Pour le premier toit à réaliser, Maximilien et moi nous voulions aider en hauteur pendant que quatre autres volontaires construisaient une cuisine améliorée juste en dessous de nous. Nous avions ramené avec nous toute notre bonne volonté pour aider ces campesinos, mais il semblerait que la bonne volonté ne fasse pas tout : les campesinos qui construisaient le toit nous ont superbement ignoré pendant toute la mâtiné. Cela vient peut être du fait que nous nous sommes loupés sur les deux premiers clous que nous avons essayé de planter... Nous avons malgré tout eu le droit à un très bon repas à midi. Au menu : cochon d Indes frit! C était première fois que je mangeais ce plat considéré comme luxueux au Pérou. Au final, une fois que l on a retiré la tête et les pattes (le cochon d Inde est servi entier, les péruviens ne retirent que les viscères) ce petit animal ressemble un peu au lapin pour le gout et au pigeon pour la quantité de viande présente sur la carcasse. Après cet excellent repas, nous sommes remontés sur le toit plein d espoir pour aider. Malgré tous nos efforts les campesinos ne nous ont pas laissé toucher un seul clou. Je suis donc redescendu du toit et allé jouer au football avec les jeunes péruviens présents à côté de l école : eux, au moins, ils acceptaient de me parler. La partie n a pas durée très longtemps, en effet, à plus de 3000m d altitude, l air est beaucoup plus rare qu en plaine : les petits péruviens ont très vite eu raison de moi... Maximilien, un peu plus têtu que moi, est resté le temps de la partie de football sur le toit, mais les campesinos ont finalement eu raison de sa volonté. Nous sommes redescendus de Checcche vers Andahuaylas en stop. Nous nous sommes ainsi retrouvé dans la benne d une bétaillère vide pour faire la demi heure de trajet : pas très confortable tout ça, mais tellement folklorique : une petite mamita d une cinquantaine
d années nous accompagnait dans ce voyage qui devait lui paraitre complètement normal... La deuxième tentative de monter sur un toit s est révélée beaucoup plus fructueuse! Une fête de village (fénia) avait été organisée à Huinchos pour aplanir le sol et construire le toit du comedor de l école primaire de cette communauté située en face de l aéroport. Nous avons ainsi passé à tour de rôle trois jours dans cette communauté. J étais présent deux jours sur les trois et j ai ainsi pu participer activement à différentes étapes de la construction. Dans cette communauté, les gens étaient bien plus agréables que dans la précédente et nous avons pu clouer toute la journée malgré nos erreurs au point d en avoir mal aux bras. Nous avons encore eu le droit au traditionnel repas de cochon d Inde le premier jour. A la fin de cette même journée, nous n étions plus que deux volontaires sur place. Nous avons alors eu la chance de partager avec eux la cania et des feuilles de coca. La coca est un énergisant naturel. C est de cette feuille qu est tirée la cocaïne. Mais il n y a rien à voir entre ces deux choses. Les campesinos consomment régulièrement de la feuille de coca car elle leur permet d avoir moins faim et d être plus énergique. La cania quant à elle est un alcool local de canne à sucre. En voyant la cania arriver, j ai été un peu effrayé, je craignais qu ils en consomment plus que de raison et qu ils montent sur le toit éméchés. Au final, ils n en buvaient que très très peu chacun et étaient un peu plus en forme pour travailler. Ces très gentils campesinos, nous ont aussi offert une visite d anciennes ruines Chankas, un peuple présent au Pérou avant que les Inca envahissent leur territoire. Nous avons ainsi découvert d anciennes maisons minuscules : les Chankas devaient être beaucoup plus petits que les
Péruviens actuels ce qui fait que je ne pouvais tenir qu accroupi dans leur habitations... Nous avons aussi pu voir des os et des dents (sans caries!!!) des personnes présentes dans cette contré il y a quelques centaines d années. Il semblerait que nous fassions partie des rares gringos aillant eu la chance de découvrir ce village antique. Après quelques heures de travail supplémentaires. Nous sommes finalement rentrés une fois de plus en stop, mais cette fois, nous avons eu la chance de croiser un taxi qui nous a fait descendre jusqu à Andahuaylas. Dans le projet de l association de DFR, il y a une partie sensibilisation, dans ce cadre avec Maximilien, nous avons créé et mis en place un petit jeu de sensibilisation sur différents thèmes : l hygiène, l eau, l environnement, la nutrition et les cinq sens. Nous avons ainsi pu faire de l animation six fois à travers ce jeu dans plusieurs endroits : Bellavista, Semillas et une école d Andahuaylas. Cela a été une sacrée réussite! Nous étions très contents car les enfants se sont bien pris au jeu et nos trois journées de travail pour penser et créer ce jeu ont été superbement récompensées! Même les professeurs mettaient leur petit grain de sel dans notre jeu en complétant nos explications et en les mettant au niveau des élèves présents dans la salle. Dans ce cadre, nous avons distribué à la fin de chaque partie de ce jeu à chaque enfant une brosse à dent, un tube de dentifrice et un savon. Cette distribution permettait de conclure une ou deux heures de discussions sur des sujets plus ou moins importants comme le brossage de dents, le cycle de l eau ou les différentes papilles de la langue.
Enfin le dernier sujet de mon article : le Choquequirao! Une fois de plus avec Maximilien, avec qui je passe beaucoup de temps en ce moment, nous sommes partis à la conquête du Choquequirao. Une véritable conquête en effet, ce lieu a été une place forte pendant 40 ans de la résistance Inca face à l invasion des Espagnols. Pour pouvoir voir ces vieilles pierres, nous devions faire un trek de 4 jours dans la montagne. Nous étions un peu pressé dons nous l avons fait en seulement trois jours, mais nous avons un peu triché... Nous sommes partis d Andahuaylas à 3h du matin le vendredi, nous sommes arrivé à Cachora le point de départ vers le Choquequirao à 12h après avoir fait quelques courses pour survivre pendant deux ou trois jours. Nous sommes partit vers 14h pour une petite sortie car nous n avions plus le temps d attaquer le gros du trek, nous n avons donc marché que pendant 3h30 ce premier jour pour faire une petite vingtaine de kilomètres avec un dénivelé négatif dans l ensemble. Nous sommes arrivés au camping qui était presque plein. Il devait y avoir une trentaine de personnes. Le lendemain nous nous sommes levés à 6h, il n y avait déjà plus personnes dans le camping, tous les groupes
étaient déjà partis... A 7h nous voila donc sur pied pour attaquer la journée la plus dure de notre trek : le point le plus bas étant à 1350m d altitude. Notre altitude d arrivée étant à 3033m au dessus de la mer, altitude que nous avons atteint à 17h. Cette journée a été tellement longue! Nous avons marché pendant plus de 7h! Une fois arrivé en haut la vision du Choquequirao n a même pas été une délivrance pour moi... Nous sommes redescendus jusqu à notre nouveau camping 300m plus bas. Le lendemain de nouveau, nous sommes repartis pour visiter le Choquequirao jusqu à 10h30. Nous avons défait la tente, refait nos sacs et nous sommes partis pour 1h30 de marche pour faire les 7 premiers kilomètres de descente pour rejoindre la rivière. Nous avons ensuite marché pendant plus de 4h pour rejoindre le village dans lequel nous espérions prendre un taxi pour pouvoir revenir à la civilisation. Manque de chance, ce que nous pensions être une petite ville sur la carte s est révélé être un hôtel : impossible de prendre un taxi et la prochaine ville était située 16km plus loin et 1km5 plus haut. Nous avons donc continué à marcher alors que la nuit tombait. La seule solution que les gens que nous avons croisés nous ont proposée était un téléphone, le seul de la région pour appeler le taxi qui nous permettrait de rejoindre la civilisation. Le problème était que le téléphone n était pas tout proche. Nous sommes alors tombés sur nos sauveurs : une petite famille de campesinos qui nous ont invité gratuitement à manger et qui nous ont ensuite guidé dans la nuit jusqu à ce téléphone. Coup de chance! Nous avons donc pu être de retour à Andahuaylas le lundi soir. Nous nous sommes donc remis au travail sur différents projets mais tout cela est encore une autre histoire qu il faudra lire dans le prochain épisode de mes aventures au Pérou