Jean-Jacques RULLIER Né en 1962 à Bourg-Saint-Maurice (France). Vit et à travaille à Paris et à Lyon (France). Les premières œuvres de Jean-Jacques Rullier diplômé de l Ecole des beauxarts de Lyon et ancien élève de Christian Boltanski proposent un recensement encyclopédique d objets de la vie quotidienne. Influencé par les pratiques de l OULIPO (OUvroir de LIttérature POtentielle, groupe littéraire fondé par Raymond Queneau), l artiste construit ses œuvres à partir de contraintes comparables aux contraintes littéraires des jeux et productions oulipiennes. Ses œuvres pourraient ainsi être considérées comme le pendant plastique de la démarche littéraire de Georges Perec, qui écrivait en avantpropos de L Infra-ordinaire : «Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l évident, le commun, l ordinaire, l infraordinaire, le bruit de fond, l habituel, comment en rendre compte, comment l interroger, comment le décrire?». Pour Jean-Jacques Rullier : «ce besoin de règles vient aussi sans doute de l impression que j ai eue à un moment donné de ne plus rien savoir, d avoir perdu les évidences, de ne plus pouvoir me satisfaire de nos façons de penser acquises. Je crois qu il y a à la base de mon travail cette volonté de réapprentissage, en reprenant les choses littéralement à zéro». Récupération d objets quotidiens, ordonnance répétitive de ceux-ci et module logique d organisation donné dans le titre, voilà la règle en trois points qui préside à l élaboration des œuvres de Jean-Jacques Rullier. Il utilise des matériaux, des images et des décors du quotidien le plus trivial : les pièces de la maison, le papier peint, les devantures des petits commerces qu il photographie, des outils, des posters, des verres, des assiettes et des coquetiers, des rues, des bancs publics. Tout cela se range facilement dans des boîtes, se classe ou se plie. Ainsi, il réalise, par exemple en 1999, 150 objets pour couper (Collection de l Institut d art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes) dont la présentation varie potentiellement selon quatre modes : les cent cinquante outils peuvent être accrochés en six rangées horizontales ou présentés dans une boîte qui peut être fermée, ouverte ou ouverte avec échantillons. Ici, les objets sont déployés au mur et classés du plus petit au plus grand de haut en bas et du plus simple au plus complexe de gauche à droite.
Ces matériaux ne sont plus alors des objets, mais deviennent des outils de visualisation de l habituel invisible, et donc des outils de compréhension de l organisation du monde. On peut d ailleurs constater dans ce type de travail une parenté avec la taxinomie au XVIII e siècle qui repose sur les même procédés (inventaire, classification) et finalités. Les classements de Jean- Jacques Rullier ne sont cependant pas établis a priori, mais au contraire, se construisent tout au long de la collecte. La mise en évidence des similitudes et des différences entre les objets du même ensemble s établit alors de manière empirique. «Les objets se baladent, changent sans arrêt de propriétaire. Mon travail flirte avec l idée de créer un espace dans lequel les objets trouveraient enfin leur place, leur destination finale. Un lieu final et utopique, comme un aboutissement d où on ne pourrait plus les retirer. Une sorte d antidote contre l aspect trop fuyant et sans cesse mouvant des choses». A partir de 1993, l artiste fait du dessin sa pratique artistique dominante. Il procède, comme pour les objets, à des inventaires. Il relève les éléments et les situations de lieux, d espaces quotidiens. Il transcrit des expériences humaines communes au plus grand nombre et essentiellement fondées sur la promenade et le rêve. Jean-Jacques Rullier témoigne alors d un apprentissage du réel, de détails anodins qui le mène vers le spirituel, l imaginaire, la trace de ce qui est vécu et de ce qui est pensé. Ses déplacements géographiques sont aussi intégrés à ses œuvres : revenu d Israël, de Corée du Sud ou d Inde où il a vécu six mois, il dessine des lieux de culte, des fêtes religieuses, des coutumes ou des scènes de rue. Le travail dépasse alors l appréhension du monde à travers des contraintes préétablies pour se tourner vers la restitution des fruits d une expérience acquise de manière nomade et dynamique. Oscillant entre l illustration, le dessin de jeux, les planches anatomiques, son approche est à la frange entre anthropologie, poésie et cartographie et se constitue comme une démarche encyclopédiste. A travers ses œuvres qui mêlent récit de voyages, enquête scientifique, éléments explicatifs et rêverie, il nous encourage alors à porter un regard neuf sur notre monde. «Je prends au piège l idée de chercher un sens au monde». Sélection bibliographique Jean-Jacques Rullier : espaces, Paris, ARC Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Paris-musées, 1993 (bilingue français-anglais) Jean-Jacques Rullier : œuvre incomplète, Paris, Editions du Centre Pompidou, 1997 Jean-Jaques Rullier, Bonn, Bonner Kunstverein, 2001 (trilingue allemandanglais-français) Jean-Jacques Rullier : la promenade en bord de mer, Nantes, Éd. MeMo, Saint-Nazaire, Le Grand café, 2001 (bilingue français-anglais)
Le 11 bis rue Théodore de Banville - Le 4 mai 1992 à 14h32, 1992 Ce dessin réalisé aux crayons de couleur sur papier rend compte d une architecture se trouvant au 11 bis rue Théodore de Banville, dans le 17 e arrondissement de Paris. Jean-Jacques Rullier croque la porte d entrée, le vestibule, ainsi que quelques salles spécifiques de ce bâtiment à étages. Il stipule certains détails, et annote l ensemble de son relevé. Lorsqu il réalise des dessins de promenades, Jean-Jacques Rullier désire proposer un «potentiel de cheminements possibles. ( ) L important est aussi de donner une idée de la quantité infinie d informations que nous recevons à longueur de journée sans même y prêter attention». Pour lui, le dessin est la manière la plus immédiate de transcrire une image, de communiquer une perception, une émotion, une expérience personnelle dont il conserve ainsi une trace.
Représentation Processus de représentation Procédés de représentation Codes de représentation Image Espace Temps Lieu du passé Architecture Plan Dessin d un espace vécu Dessin Approches / notions Conservation Cartographie Histoire des arts Thématique «Arts, espace, temps» L œuvre d art et l évocation du temps et de l espace L œuvre d art et la place du corps et de l homme dans le monde et la nature Thématique «Arts, États, pouvoir» L œuvre d art et la mémoire Programme de collège Mémoire individuelle d un lieu Le 11 bis rue Théodore de Banville Le 4 mai 1992 à 14h32 Jean-Jacques RULLIER Espace réel Expérience spatio-temporelle Référent de l image Mouvement Parcours de l artiste Cheminement de l artiste L observation et la ressemblance Corps Esprit Distance de l image à son référent Distance de l image au réel Figuration Arts plastiques Arts plastiques Perception Interprétation Représentation Oeuvre Images, œuvre et réalité Programme de 4ème Espace, œuvre et spectateur Programme de 3ème
Ecole primaire CM1 et CM2 Pistes pédagogiques Problématique : Comment représenter un parcours dans une espace réel tridimensionnel sur une surface bidimensionnelle? Préparation de la séquence : Dans une séquence précédente d arts visuels, les élèves auront créé une boîte aux souvenirs (voir séquence Boîte aux souvenirs proposée sur la notice Christian Boltanski). D autre part, vous devrez vous procurer des cartes du monde, de la commune et des plans du bâtiment de votre école (plan d évacuation par exemple). Séquence : Ma carte au trésor est une œuvre d art! 1 ère séance d une heure et demi : Dans un premier temps, les objectifs seront d apprendre aux élèves à observer, analyser et déchiffrer des cartes du monde, de leur commune et des plans du bâtiment de l école. Dans un deuxième temps, ils apprendront à se repérer dans l espace intérieur et extérieur de l établissement scolaire à partir de ces plans. Enfin, au cours d une promenade architecturale, les élèves devront repérer les spécificités des espaces bâtis ou plantés de l école. On mettra à leur disposition des procédés très divers qui leur permettront de récolter des indices caractéristiques : papiers légers et crayons gras pour les frottages, boîte pour conserver des échantillons de matériaux, carnets de croquis, appareils photographiques numériques, pastels gras pour faire l inventaire des couleurs du crépis, sols, murs, volets, mobilier etc. Chaque élève exposera avec de la patafix dans la salle de cours l ensemble de ses relevés, sur une feuille de dessin A3 ou de format raisin, pour garder une trace de cette promenade architecturale et observer les différents procédés de représentation de l espace sensible : plan, élévation, frottage, collecte de matériaux, photographies d intérieur ou d extérieur du bâtiment. 2 ème et 3 ème séance d une heure chacune : Les relevés des promenades architecturales des élèves seront toujours exposées dans la salle de cours afin de les amener à identifier et à garder en mémoire les différents procédés de représentation de l espace. Demande : choisissez de cacher votre boîte aux souvenirs dans un lieu précis de l espace intérieur ou extérieur de l école primaire. Créez une carte au trésor qui permettra au spectateur de retrouver votre boîte aux souvenirs cachée quelque part dans l enceinte de l école. Vous pourrez exploiter les éléments relevés au cours de votre promenade architecturale dans votre carte. 4 ème séance d une heure et demi : Pour la surveillance des déplacements des élèves au cours de cette séance, vous aurez besoin de la présence de 3 ou 4 adultes, comme des parents d élèves. Il est conseillé d attribuer un groupe d enfants à chaque surveillant. Tout d abord, les élèves sous surveillance vont cacher discrètement leurs boîtes aux souvenirs dans un lieu précis de l espace intérieur ou extérieur de l école. Une fois de retour en classe, chaque groupe essayera de retrouver les trésors cachés grâce aux cartes des élèves d un autre groupe. Ils reviendront en classe avec leurs butins ce qui permettra d organiser une verbalisation afin d évaluer l efficacité et les qualités plastiques de chaque carte aux trésors.
Références : - Le 11 bis rue Théodore de Banville Le 4 mai 1992 à 14h32, Jean-Jacques RULLIER, - Carte de l Île au trésor, Robert Louis Stevenson, 1883 - Time Pocket, Dennis Oppenheim, 1968, documentation photographique, 101,6 x 152,4 cm - Buried Poem #2 et Buried Poem #4, Nancy Holt, 1969 - The hypothetical continent of Lemuria, Robert Smithson, 1969, carte, encre et crayon, 56 x 43 cm et photographie - Wrapped Coast, projet pour Little Bay, Sydney, Christo et Jeanne-Claude, 1969 - Map (La carte), Jasper Johns, 1961, huile sur toile, 198,2 x 314,7 cm Collège 5 ème : Images, œuvre et fiction La construction, la transformation des images Les images dans la culture artistique Séquence : L île au trésor Proposition de séquence sur le site de l académie de Nantes http://www.pedagogie.acnantes.fr/08822921/0/fiche ressourcepedagogique/ Collège 3 ème : L espace, l œuvre et le spectateur L expérience sensible de l espace Problématique : Comment représenter l expérience sensible et invisible d un lieu? Préparation de la séquence : Vous mettrez à disposition des élèves du matériel et des outils : carton plume, carton, matériaux divers, feuille de dessin, pistolet à colle, colle, scotch, agrafeuse, peinture, pinceaux, magazines etc Séquence : Bienvenu dans ma chambre! Cette séquence pourra être proposée en début d année comme une introduction au programme d arts plastiques en classe de 3 ème. Elle permettra aux élèves de s interroger sur les rapports entre l espace perçu et l espace représenté et de réfléchir aux codes, procédés et processus de représentation qui s y rattachent. D autre part, elle sera un moyen pour ces adolescents d exprimer leurs personnalités au travers de l image du lieu intime de leurs chambres. Demande : Représentez l espace intérieur de votre chambre de façon à permettre au spectateur de le percevoir avec exactitude par la plupart de ses sens, comme s il y était. Les élèves pourront réaliser des dessins, des peintures, des plans, des vues en élévations, des photographies, des maquettes, des assemblages, des vidéos, des installations, des prises de sons afin de représenter la perception la plus complète qu ils ont de leurs chambres et la faire partager au spectateur. Références : - Le 11 bis rue Théodore de Banville Le 4 mai 1992 à 14h32, Jean-Jacques RULLIER, - La chambre de Van Gogh à Arles, Vincent Van Gogh, 1889, huile sur toile, 57, 5 x 74 cm
- Série Les dix personnages, L homme qui s est envolé dans l espace depuis son appartement, Ilya Kabakov, 1985-1988, installation - Buenos Aires Tour, Jorge Macchi, 2003, mixed media Collège 3 ème : L espace, l œuvre et le spectateur La prise en compte et la compréhension de l espace de l œuvre L expérience sensible de l espace Problématique : Est-ce que le lieu de présentation fait partie de l oeuvre? Séquence : De la mémoire d un lieu aux lieux de mémoire Cette séquence invitera les élèves de 3 ème à réfléchir aux souvenirs qu ils garderont de leurs années passées au collège. Elle proposera aux élèves de porter un regard attentif sur des lieux qu ils fréquentent régulièrement pour en garder la mémoire ou suivre leur mutation. Au cours d une promenade architecturale, les élèves devront repérer les spécificités des espaces bâtis ou plantés de l école. On mettra à leur disposition des procédés très divers qui leur permettront de récolter des indices caractéristiques : papiers légers et crayons gras pour les frottages, boîte pour conserver des échantillons de matériaux, carnets de croquis, appareils photographiques numériques, pastels gras pour faire l inventaire des couleurs, de la lumière, etc. Chaque élève exposera dans la salle de cours l ensemble de ses relevés sur un support de format raisin pour garder une trace de cette promenade architecturale et observer les différents procédés de représentation et de conservation d une expérience passée, éphémère. Demande : votre production plastique évoquera un souvenir marquant de votre scolarité en fonction et dans un lieu précis du collège. Réalisation par groupes de deux élèves, techniques et médium au choix. Les élèves pourront réaliser des textes, des dessins, des peintures, des photographies, des vidéos, des projections, des diffusions sonores, des installations, etc. Ils devront prendre conscience que le lieu de présentation est porteur de sens et fait partie de l oeuvre. Références - Le 11 bis rue Théodore de Banville Le 4 mai 1992 à 14h32, Jean-Jacques RULLIER, - Les expulsés, Ernest Pignon Ernest, 1979, Paris, In situ - La maison manquante, Christian Boltanski, septembre 1990, in situ - The Hiroshima Projection, Krzysztof Wodiczko, 1999, projection à Hiroshima - Musée juif, Daniel Libeskind, 1999, Berlin, Allemagne, architecture