Journée Test dimanche 24 avril 2011
La légende s écrit sous vos yeux. Partie 1 : L endurance et les 24H dans le paysage du sport automobile. Partie 2 : L histoire des 24 Heures du Mans. Partie 3 : Partie 4 : Partie 5 : Partie 6 : L histoire, par les affiches officielles. Au Mans, et nulle part ailleurs. Le circuit. Les différentes catégories de voitures en course. Partie 7 : Les enjeux de l édition 2011. Partie 8 : Nos 24 Heures.
>> Les enjeux 2011.
>> Les enjeux 2011. > Peugeot ou Audi? Voici résumée la principale question qui ne trouvera réponse que le 12 juin vers 15 heures. Question relativement binaire, puisque malheureusement le règlement technique ne laisse aucun espoir pour la victoire d une voiture à moteur essence. Cela dit, ce duel Peugeot Audi est totalement ouvert et promet d être très serré et passionnant. Peugeot veut effacer la piteuse défaite de 2010, et Audi fera tout pour conserver son titre. Petit flash-back pour comprendre
>> 2000-2008 : Audi souverain. > Audi s est engagé au Mans pour la première fois en 1999, et remporte toutes les victoires de 2000 à 2008, sauf la victoire 2003 qui appartient à une autre marque, mais qui fait aussi partie du groupe Volkswagen : Bentley. La direction du groupe avait volontairement mis en veilleuse ses Audi pour faire triompher sa marque anglaise en vue de promouvoir le lancement de sa nouvelle Bentley Continental GT. > Départ des 24H 2000 : Trois Audi en tête devant une concurrence clairsemée. Pareil à l arrivée. Pour sa 1 ère participation comme équipe, Pescarolo accomplit le miracle de terminer 4 ème avec une Courage C52. > 2001 : Doublé des Audi R8. > 2000 : Triplé des Audi R8. > 2002 : Triplé des Audi R8. > Si la performance d Audi est respectable, il faut reconnaître que de 2000 à 2006 il n y a jamais eu au départ de concurrents à sa mesure : seulement des artisans constructeurs (sauf Cadillac de 2000 à 2002), dont les plus farouches furent Pescarolo, Courage, Oreca, Dome, ou Lola. > Résultat : Huit victoires dont trois triplés (2000 2002 2004) et un doublé (2001). > 2003 : La victoire «laissée» à la marque sœur Bentley (doublé).
>> 2000-2008 : Audi souverain. > 2004 2005 : Les privés prennent le relais. Audi n engage plus ses voitures avec son équipe officielle, mais les confie à des écuries privées. En 2004 ce sont les japonais du team Goh qui s imposent, et en 2005 la R8 du team américain Champion Racing. > 2005 : Audi R8 du team Champion Racing. Plus rapides au essais comme en course, on a cru que Pescarolo Sport tenait sa 1ère victoire, mais des ennuis techniques sur une voiture, puis plusieurs fautes de pilotages d un des pilotes à finit par causer l abandon de la deuxième. La seconde place au général est amère chez les verts > Pescarolo Courage C60 > 2004 : Audi R8 du Team Goh.
>> 2000-2008 : Audi souverain. > 2006 : Année diesel. L usine Audi revient au Mans, et c est un coup de tonnerre dans le sport automobile : avec un moteur diesel! > Les constructeurs automobiles ne viennent pas en compétition par passion, mais pour communiquer et asseoir leur image. Le marché de la voiture de série vire complètement vers le diesel, aussi la marque aux anneaux souffle-t-elle à l ACO qu elle aimerait bien communiquer sur son savoir-faire en diesel avec sa marque TDI Peugeot de même avec son HDi «Nous viendrions bien aux 24H si». L ACO amende donc son règlement technique pour autoriser cette motorisation, et avec des règles d équivalence qui permettent sa victoire diront les partisans de l essence > Avec sa toute nouvelle R10, Audi impose sa motorisation dès la première tentative. En leur tenant tête aux essais, les deux Pescarolo-Judd avaient pourtant laissé croire qu elles pouvait contester la victoire à Audi, mais dès les premiers tours de courses, on réalise qu elles ne peuvent suivre, en se faisant distancer de 3 à 4 secondes au tour : la plus grande puissance des diesels Audi fait la différence à la ré-accélération et dans les lignes droites. C est une surprise générale. Comme si Audi avait caché son jeu aux essais. A force d une course brillante et sans faute, Pescarolo place tout de même une voiture à la seconde place, à quatre tours du vainqueur > 2006 : Après la R8, la R10 TDI devient le nouvel épouvantail d Audi. > Une nouvelle 2 ème place pour Pescarolo Sport. Trop puissant, le diesel.
>> 2000-2008 : Audi souverain. > 2007 : Peugeot en approche. Le constructeur sochalien veut lui aussi promouvoir son savoir-faire en terme de motorisation diesel, et de la plus belle manière, en s attaquant à Audi qui aligne les victoires depuis 2000. Les allemands ont donc acquis une immense expérience des 24H, quand Peugeot part d une feuille blanche. En effet, ni les hommes ni la technique de la dernière participation en 1993 ne sont transposables en 2007. > Chez Peugeot on sait que la victoire n est pas un objectif réaliste pour une première participation, surtout face à Audi. L objectif avoué est donc juste de voir le drapeau à damier au bout des 24H, pour au moins une des deux 908 engagées. Mission accomplie, de justesse puisque la numéro 8 se classe à la deuxième place, mais avec une mécanique à l agonie, telle que parcourir un tour de plus aurait été très incertain! La performance pure des lionnes était toute proche, voire égale à celle des Audi. > Chez Audi la victoire est là, mais on a frôlé la correctionnelle : seulement une voiture sur trois à l arrivée, et heureusement ce fût la bonne! Les deux autres ont été éliminées sur sortie de piste, dont une consécutive à la perte d une roue. > Derrière les deux seules diesel rescapées, Pescarolo continue son miracle permanent, en terminant sur le podium, à neuf tours du vainqueur > 2007 : Nouvelle victoire indiscutable de la R10, mais le coup n est pas passé si loin. Peugeot : 2 908 pour apprendre. > Nouvelle performance Pescarolo, 3 ème à l issue d une course sans faute.
>> 2000-2008 : Audi souverain. > 2008 : Peugeot attaque fort, Audi résiste. Le constructeur français veut suivre son plan : après l apprentissage réussi de 2007, l objectif 2008 est la victoire et rien d autre. > En plein développement, la 908 va montrer un niveau de performance pure très nettement supérieur à celui de l Audi R10 qui en est déjà à sa troisième saison. Cela sera vérifié lors des premières courses LMS avant Le Mans avec trois victoires consécutives face à Audi, puis pendant les essais. Avant le départ, les Peugeot sont donc nettement favorites. > Cependant, la course livrera un autre verdict que celui attendu. La domination de Peugeot était tout juste confirmée à mi-course, avec une avance réelle (3 min), mais non corrélée avec leur plus grande rapidité au tour (de 3 à 5 sec) : consommant plus, usant plus leurs pneus, des opération techniques mineures mais nécessaires, font que les arrêts et le temps passé aux stands sont supérieurs. Tout s écroule dans la nuit quand vient la pluie : avec des réglages non maîtrisés pour ces conditions d adhérence, la perte de performance est énorme par rapport aux Audi qui deviennent alors nettement plus rapides. Sur la numéro 2, le performant trio Kristensen McNish Capello prend alors définitivement le large et la première place. > 2008 : Le duel a tenu ses promesses, et c est la tortue qui a vaincu le lièvre. > Les 6 diesels sont à l arrivée, aux 6 premières places. Peugeot prend les 2 ème, 3 ème, et 5 ème places, mais chez le Lion ce résultat est ressenti comme un échec cuisant. Septième, Pescarolo finit encore premier des «non diesels». > Une Peugeot 908 très rapide mais pas encore totalement mature, une Audi R10 TDI moins rapide car en bout de développement mais parfaitement maîtrisée par l équipe : le duel Audi - Peugeot en 2008 fût un remake du lièvre et la tortue
>> 2009 : Peugeot fait tomber Audi. > Conscient de ne plus pouvoir rivaliser en rapidité pure avec sa R10 vieillissante, Audi aligne une toute nouvelle R15 TDI. En remportant sa première course aux 12H de Sebring, elle semble bien née, en soufflant de peu la victoire à Peugeot. Pourtant, le gain en performance face aux 908 n est pas aussi important qu espéré, les essais privés sont marqués par des sorties de piste, et les pilotes se plaignent d un comportement délicat, d une voiture difficile à maîtriser. > Tout cela va plus que se vérifier au Mans : les 908 sont plus rapide aux essais comme en course, une violente sortie de piste élimine l Audi numéro 2, quand des problèmes techniques mettent vite la numéro 3 hors jeu pour la victoire et retardent suffisamment la 1 pour réduire son équipage à espérer que les deux Peugeot qui la précèdent subissent des incidents, qui ne se produiront pas. > Malgré la nouvelle R15, les 908 sont donc restées les plus performantes, et les maux qui avaient perdu les Peugeot en 2008 ont semblé se reporter sur les Audi. La victoire Peugeot a été construite, nette, et légitime. > 1993 2009 : la 905 passe le relais de la victoire à la 908. > L Audi R15 TDI n a pas rempli sa mission.
>> 2010 : Audi, par KO technique chez Peugeot. > Chez Audi on se souvient de 2009 et du cruel déficit de performance de la R15 face à la 908. La marque allemande développe alors une R15 «Plus», qui en fait est bien plus qu une simple évolution de la R15. Pourtant, les essais et le début de course montrera que de son côté, Peugeot avait encore plus progressé, simplement en peaufinant la mise au point de sa 908. > Course solide chez Audi > En effet, les premières heures de courses voyaient les Peugeot se détacher facilement au rythme d environ deux secondes au tour, jusqu à occuper par moments les quatre premières place. > Puis la machine s enraye, avec l abandon de la n 3, châssis cassé. Enfin, entre le petit matin et midi, les trois autres (dont celle d Oreca) vont abandonner pour la même cause : casse moteur, due à une nouvelle pièce (bielles en titane) mal validée. > Fiasco technique chez Peugeot > Audi a la voie libre pour signer un triplé, fruit d une course sage menée sans pépins.
>> Les enjeux 2011 : Duel Audi Peugeot. LMP1 > Certes, Audi a réalisé en 2010 un superbe triplé. Cela dit et sans faire injure à ce magnifique succès, on peut considérer que c est Peugeot qui a perdu et pas Audi qui a gagné. En effet, le rythme des allemandes a toujours été très nettement inférieur aux lionnes, et sans ces casses moteurs à la cause identique (nouvelle pièce mal validée), Audi n aurait eu droit qu aux miettes. Il faut d ailleurs noter qu en 2010 Peugeot a remporté toutes les autres courses auxquelles l équipe s était engagée, et aussi les championnats ILMC et LMS. Une seule course perdue, celle qui ne fallait pas perdre > D un point de vue technique, après les évolutions successives et concomitantes chez Audi et Peugeot, 2011 est une remise à zéro, du fait du nouveau règlement technique ayant conduit les constructeurs de pointe à concevoir une toute nouvelle voiture : nouveau moteur, nouveau châssis, nouvelle aérodynamique Les deux belligérants sont donc tous deux repartis d une feuille (presque) blanche. > Changement radical chez Audi : fin des carrosseries ouvertes de la lignée des R8, R10, R15, et R15Plus : Carrosserie fermée pour la R18. > La remplaçante de la 908 HDi FAP s appelle 908! Si elle ressemble à se devancière, c est pourtant une toute nouvelle voiture. LMGTE-AM > En terme de philosophie, nous étions habitués cette distribution des rôles : à Audi la fiabilité et la facilité d exploitation pour des performances en retrait et des victoires acquises sur le fil grâce aux défaillances de l adversaire, et à Peugeot la priorité à la performance pure pour des rythmes de courses systématiquement plus élevés. Il semblerait que pour 2011, on puisse assister à un rééquilibrage : chez Peugeot on ne veut clairement plus rejouer la fable du lièvre et la tortue avec souvent le même mauvais rôle, et il se murmure qu au plus haut niveau du groupe VAG, on ait demandé à Audi Motorsport de gagner avec la manière, et non plus par défaut. La conception des nouvelle 908 et R18 TDI ont forcément été influencées par ces intentions inverses, et infiniment louables des deux côtés! Reste à voir de combien on a déplacé le curseur dans chacun des deux camps
>> Duel Audi Peugeot : LMP1 Retour sur les premières courses 2011. > 12H de Sebring. > Longtemps hors de tout championnat, les 24H sont cette année une manche de l ILMC (Intercontinental Le Mans Cup), récent championnat à vocation mondiale créé par l ACO, après les ELMS (European Le Mans Series,), ALMS (American le Mans Series), LMS (Le Mans Series), et Asian Le Mans Series. Le but est de créer un championnat mondial apte à attirer les grands constructeurs, avec les 24H comme épreuve phare. Ce 3 juin 2011, la FIA et l ACO annoncent d ailleurs la création du championnat du monde d endurance pour 2012, basé sur le socle de l actuel ILMC. > Audi et Peugeot ont donc répondu présent en s engageant sur tout l ILMC, dont deux épreuves ont déjà été courues : les 12H de Sebring (USA) et les 1000 km de Spa Francorchamps (Belgique). > A Sebring le 19 mars, Peugeot engageait déjà sa nouvelle 908, alors qu Audi préférait son ancienne R15 Plus de l année dernière. C est une Peugeot qui s est imposée mais la «vieille» 908 HDi FAP de l écurie Oreca! Des incidents de course (dont un accrochage Peugeot Audi ) ont retardé les quatre voitures officielles. Du point de vue de la rapidité, on a eu l impression d assister à une partie de poker menteur. En effet, l ACO se réserve le droit de réajuster en cours d année les performances des différentes catégories via des évolutions du règlement technique en cas de trop grandes différences de performances, par exemple entre les anciens et les nouveaux protos. Or, les nouvelles Peugeot ne se sont pas montrées très nettement plus rapides que les modèles anciennes génération (Audi R15 Plus et 908 d Oreca). Du coup, les observateurs soupçonnaient le Lion de cacher son jeu, manœuvre qu Audi à utilisée plusieurs fois dans le passé. Au final, une 908 officielles termine troisième devant les deux Audi, la HPD du team Highcroft (essence!) réussissant l exploit de terminer deuxième, en profitant des errements des diesels officiels. > Avec sa «vieille» 908 HDi FAP, le team Oreca a bien su profiter des errements des Audi et Peugeot d usine.
>> Duel Audi Peugeot : LMP1 Retour sur les premières courses 2011. > Journée Test. > Avant Spa, se tenait le 24 avril la journée test des 24H du Mans. Une journée d essais libres, sans aucun enjeu de compétition, destinée à la préparation des 24H sur ce grand circuit si spécifique. Il était bien entendu que personne n allait partir à la chasse au chrono, mais il serait tout de même intéressant de les comparer, ne serait-ce que par rapport à la barre des 3 30 au tour que l ACO ne veut plus voir franchie, pour des raisons de sécurité. En rendant les voitures moins rapides, le nouveau règlement technique est censé rendre cette barrière infranchissable. Résultat : meilleur tour du jour en 3 27 687. C était donc sans compter sur les capacités des ingénieurs, et une technologie diesel encore en plein développement, qui n a pas encore donné tout son potentiel. > En fin de journée, les meilleurs chronos donnent les quatre premiers (les trois Audi et une Peugeot) en 2/10 ème. Le cinquième à 5/10 ème du premier. Pour comparaison, les cinq meilleurs temps de la grille 2010 tenaient en 2sec2/10 ème. Vous avez dit bizarre? On a bien l impression que les deux protagonistes plafonnent volontairement leurs performances. Leur idée semble être de surtout, ne pas effrayer les organisateurs ni le clan des «essence» pourtant relégué à déjà presque 9 secondes, et de ne pas dévoiler ses cartes à l adversaire. Cela n échappe pas à Henri Pescarolo qui estime au micro que «les Peugeot sont au ralenti». On ne la lui fait pas On peut le suivre, en estimant que la pole en juin sera en moins de 3 25 voire 3 24. > Au final, on ne peut tirer aucun vrai enseignement de cette journée, si ce n est qu au vu de leur constance, les rythmes affichés par les R18 et 908 sont maîtrisés, avec seulement un incident de part et d autre (sortie chez Audi, alerte moteur chez Peugeot), et que les essence sont encore plus loin que d habitude, avec la Pescarolo encore une fois la plus rapide d entre elles.
>> Duel Audi Peugeot : LMP1 Retour sur les premières courses 2011. > 1000 km de Spa. > Dernière course avant les 24H, les 1000 km de Spa ont eu lieu le 7 mai, et se sont soldés par un doublé des Peugeot officielles, manquant même le triplé de peu. La séance de qualification n avait pas pu nous renseigner sur le potentiel de performance respectif chez Audi et Peugeot car la séance à été stoppée au drapeau rouge avant que les 908 n aient pu tenter leur meilleur chrono. Du coup, les trois sochaliennes partaient du fond de la grille de départ, et ont entamé une fulgurante remontée vers les premières places, pour passer inéluctablement devant les Audi qui ne finiront que 3 ème, 4 ème, et 5 ème. > Donc, Peugeot aurait retrouvé cette supériorité de performance pure sur Audi? Pas si sûr. En effet, l examen du déroulé des 6H de course et de ses meilleurs temps montre que les Audi étaient quasiment aussi rapides. Leur défaite tient d une part sur des incidents de courses dus à de petites erreurs de leurs pilotes, mais plus inquiétant pour le clan allemand, à une consommation plus importante couplée avec une moins bonne exploitation des pneus, le tout donnant un tour de moins par relais par rapport aux Peugeot. Déjà à Sebring, le clan Audi s était étonné de la frugalité des nouvelles 908. > Peugeot n a donc pas gagné par la performance, mais par une parfaite maîtrise de l exploitation de sa voiture et de la stratégie de course. C est nouveau!
>> Derrière les «mazout», les «essence». > Seules les Audi et Peugeot sont équipés de moteurs diesel. L équivalence avec les moteurs à essence établie par le règlement technique soulève bien des débats, soupçonnée de trop favoriser le diesel, par un niveau de puissance potentiel supérieur à l essence. Face à ce qui devenait vite une évidence, l ACO a réajusté par petites touches successives d une année sur l autre son règlement technique pour tenter un rééquilibrage, en jouant sur le poids des voitures, les brides d admission d air des moteurs, la capacité des réservoirs, ou encore la bride de remplissage en carburant influant sur le temps nécessaire pour faire le plein. LMP1 > Modifications trop timides? Sous-estimation de la vitesse de développement de la technologie diesel par les ingénieurs Audi et Peugeot? Sans doute les deux, car toujours est-il que depuis 2006 avec l arrivée de la R10 TDI, aucun proto essence n a plus eu aucune chance de vaincre à la régulière, et pire, l écart de performance semble se creuser d année en année. > En 2010, la première essence (Oreca 01 AIM, la 908 HDi d Oreca ayant cassé!), quatrième, a terminé à 28 tours de l Audi vainqueur. 2011 s annonce du même tonneau, puisque la vaillante Pescarolo Judd, meilleure représentante «non mazout», était à presque 10 secondes au tour à la journée test, à 5 secondes à Spa en terminant à 5 tours au bout des 1000 km, quand les 24H se feront en 5400 km > Pescarolo, depuis toujours à la pointe des «essence». > Conscient que cela commence à se voir (!), pour la première fois l ACO s était réservé le droit de réajuster en cours d année son règlement pour un rééquilibrage des forces. C est ce qu elle à fait après Spa, en lâchant un peu de lest sur les paramètres vus plus haut pour les LMP1 essence. Malheureusement, il semble que la proportion des mesures soit très insuffisante, puisque les «essence» ont déjà fait leurs calculs, et ils estiment qu il ne vont gagner que trois ou quatre tours sur 24 heures. > Il reste donc aux concurrents «non diesel» (c est-à-dire tout le monde sauf Audi, Peugeot, et Oreca avec sa vénérable 908) à se battre pour le titre honorifique de la première place des «essence», et à nous spectateurs, de considérer cette catégorie comme une à part entière.
>> Derrière les «mazout», les «essence». > Dans cette catégorie officieuse, c est encore une fois l équipe d Henri Pescarolo qui fait figure de favori. De retour avec des moyens limités (une seule voiture) après une année de purgatoire, le Pescarolo Team a déjà remporté les deux premières courses du championnat LMS où il est engagé (6H du Castellet, et 1000 km de Spa qui comptait aussi pour l ILMC). Les Lola Toyota du Rebellion Racing ont aussi pour ambition de remporter la catégorie, comme l équipe OAK Racing qui aligne des Pescarolo suffisamant modifiées pour s appeler désormais OAK Pescarolo - Judd. La Lola Aston-Martin du team belge Kronos (avec Vanina Ickx au volant) sera à suivre, comme la Zytek du Quifel-ASM Team. LMP1 > Deux protos aux gènes communs : la Pescarolo - Judd du Pescarolo Team Autovision, et la OAK Pescarolo du OAK Racing. > Lola B10/60 -Toyota du Rebellion Racing. > Lola B09/60 - Aston Martin du Kronos Racing.
>> Une Hybride dans la course. LMP1 > L automobile entame une mutation technologique, inéluctable pour préparer l après pétrole. L ACO affiche clairement sa volonté de faire redevenir sa course un banc d essais pour les technologies des voitures de série, comme c était le cas dans le passé. Cela doit aussi pouvoir attirer les constructeurs désireux de démontrer leur savoir-faire en la matière. L édition 2011 verra s engager un prototype hybride. Basée sur un châssis Oreca 01, l équipe suisse Hope Racing à développé son système hybride : un volant d inertie en carbone récupère l énergie cinétique au freinage, pour la restituer à la prochaine ré-accélération. Donc pas d électricité ni de batterie dans le système. > Pour être admis, le règlement de l ACO imposait au proto l épreuve de remonter toute la ligne droite des stands à minimum 60 km/h à l aide du récupérateur d énergie, sans mettre en route le moteur essence. Le test a été passé avec succès. > L Oreca 01 Swiss HY Tech-Hybrid du Hope Racing et son système de récupération d énergie cinétique.
>> Aston Martin : Chronique d un fiasco annoncé. LMP1 > Avec le châssis Lola B09/60 équipé d un moteur Aston issu de la série, le team Aston Martin Racing avait terminé en tête des «essence» en 2009 et jouait les premiers rôles en 2010. Cette année il aligne un tout nouveau châssis propulsé par un tout nouveau moteur, le tout de sa propre conception. > Sa première apparition en course aux 6H du Castellet fût catastrophique : péniblement qualifiée à 6 secondes de la pole, abandon dans la quatrième heure. Le test day au Mans était l occasion pour l équipe de vérifier la fiabilité et de préciser la mise au point de son proto. Las, les deux voitures n ont été capables de boucler que douze tours à elles deux, avec leur meilleur temps à plus de 23 secondes des meilleurs. Pour les 1000 km de Spa, l équipe préfère tout simplement déclarer forfait, «pour mieux préparer les 24H» > La magnifique et performante Lola Aston Martin B09/60 de 2009 2010 Remplacée par la catastrophique Aston Martin AMR-One > En cause? Surtout le moteur, très fragile, et de surcroît manquant de puissance. Un six cylindres en ligne turbocompressé, une architecture considérée comme une hérésie par la plupart des motoristes concurrents. Au dévoilement du projet en début d année, l objectif annoncé était pourtant de remporter les 24H
>> Pescarolo, le retour! LMP1 > Pendant les 24H 2010, le grand Henri était réduit à poste de commentateur pour Eurosport. Tout le monde en était bien triste, jusqu au bon Dr Ullrich d Audi qui sur le podium célébrant son triplé, avait des mots pour Pescarolo en souhaitant son retour au plus tôt comme concurrent. > Engagé depuis 2000 comme équipe avec des Courage puis comme constructeur, Henri avait été obligé de vendre Pescarolo Sport fin 2007, mais il en était resté le directeur sportif. Le dernier repreneur 2009 (Sora Composites) n a pas assumé la passion et la mission qui animaient Henri, en déclarant forfait en 2010 pour les 24H et en LMS, allant même jusqu à licencier Pescarolo. On a ensuite compris qu il avait été attiré par le marché que détenait Pescarolo Automobiles pour la construction de protos destinés à l école de pilotage endurance de l ACO. Pesca voyait un associé passionné, Sora ne voyait qu une poule aux œufs d or > Fin 2010, Pescarolo Sport SARL est mis en liquidation judiciaire, et une vente aux enchères est organisée pour liquider tous les actifs, des deux prototypes aux deux semi-remorques, en passant par l outillage et les coupes gagnées par l équipe. Organisée dans l atelier de l équipe dans le Technoparc du circuit, Henri avait hésité à aller assister à la fin du démantèlement de son équipe A la surprise générale, deux bienfaiteurs surenchérissent jusqu à 400 000, pour léguer le tout à Henri Pescarolo, qui n était pas au courant! Les deux acheteurs sont des passionnés de sport automobile : Jacques Nicolet (patron du OAK Racing) et Joël Rivière, patron de Prestige Racing, une société d événementiel et de négoce dans l automobile de prestige. > Octobre 2010 : vente aux enchères des actifs de Pescarolo Sport. > Heureuse issue : Jacques Nicolet et Joël Rivière «remettent les clés» à Pescarolo. > Henri n y croyait pas! Il se met immédiatement au travail pour reconstruire l équipe : d abord trouver du financement (les centres de contrôle technique Autovision deviennent sponsor), réembaucher le personnel qui avait été licencié, et préparer le programme 2011. Les moyens sont bien inférieurs à ce qu ils étaient, et 2011 se limitera au championnat LMS et aux 24H, avec une seule voiture. Le pari s annonçait risqué, mais le succès arrive dès la première course avec la victoire aux 6H du Castellet, puis aussi aux 1000 km de Spa (1 er LMS, 6 ème au scratch derrière 5 diesels), et les meilleurs temps essence à la journée test des 24H.
>> La victoire parmi > Nous avons vu qu avec leurs nouveaux protos, Audi et Peugeot visaient tous deux à acquérir les forces qui leur faisaient défaut, celles-là même qui étaient l atout de leur adversaire. A ce jeux, il semble que Peugeot ait le mieux réussi : après une mise au point difficile cet hiver avec notamment deux protos qui se sont envolés en essais privés, l équipe a montré à Spa qu elle maîtrisait très bien l exploitation de sa 908, qui s est par exemple montrée plus sobre en carburant et en pneus que sa concurrente, tout en gardant un niveau de performance pure au moins égal à celui de la R18. Chez Audi, la remise au niveau souhaitée en rapidité semble être acquise, sans toutefois pouvoir dépasser celle de la française, mais, situation inédite, avec une exploitation moins optimale réclamant des arrêts plus fréquents. > Quels sont les curseurs qui ont bougés, et de combien? Chez Peugeot une voiture beaucoup plus sage mais sans trop perdre de vélocité voire pas du tout, ou bien chez Audi la recherche de performance à tout prix quitte à sacrifier ses anciens fondamentaux de l endurance? La réponse tient sans doute dans un mix de tout ça! > En cas de défaillance des usines, le team Oreca sera là, comme à Sebring. LMP1 > Peugeot 908 HDi officielle > Peugeot 908 et Audi R18 TDI > En «essence», la Pescarolo de Pesca et les Lola Toyota du Rebellion Racing partent en favori, suivies des OAK Pescarolo. > Un pronostic? On peut pencher pour Peugeot, comme depuis 2008 avant la course A l arrivée
>> La victoire parmi LMP2 > Le LMP2 sera très disputé cette année encore. En 2010, la HPD (Honda Performance Development) du Strakka Racing avait remporté la catégorie, et elle fait encore figure de favori cette année, pourtant très challengée par les Oreca 03-Nissan des teams Oreca et Signatech. Quant au OAK Racing déjà présent avec deux LMP1, il vise sa première victoire avec une de ses deux OAK Pescarolo-Judd BMW LMP2. > Oreca 03-Nissan : objectif victoire. > OAK Pescarolo - Judd BMW du OAK Racing. > Outsider : Lola B11/80-HPD du Level 5 Motorsport. > Vainqueur 2010, le Strakka Racing vise encore la victoire.
>> La victoire parmi LMGTE-PRO > Dans l ombre des protos, ce sera pourtant la catégorie la plus disputée cette année, où les grands constructeurs s affrontent par l intermédiaire d écuries semi privées ou plutôt semi officielles. Au menu 2011 : Ferrari, Porsche, Corvette, BMW, Aston Martin, et Lotus! > Si pour leur première année les Lotus Evora semblent bien tendres pour les 24H et l Aston trop isolée, on aura droit à une lutte de haut vol entre les quatre autres. En effet, la Ferrari 458 Italia GTC est toute nouvelle mais s est montrée diablement rapide, les Porsche 911 GT3 RSR semblent un peu moins véloce mais ont toujours fait preuve d une grande fiabilité, figurante en 2010 la BMW M3 GT a montré d énormes progrès sur les premières courses 2011 avec la firme munichoise impliquée à fond dans ce programme, et avec ses multiples victoires au Mans, le Corvette Racing n a plus a démontrer son niveau de compétitivité. Suivez de près le LMGTE- PRO : il va y avoir de la baston! > Les deux Lotus de Jetalliance : encore trop tendres. > Ferrari 458 Italia GTC : belle, nouvelle, rapide, avec les team AF Corse et Luxury Racing en pointe. > Porsche et Le Mans : une longue tradition de succès. Encore en 2011, avec IMSA Performance Matmut ou Felbermayr Proton? > BMW est là officiellement, pour gagner. > Corvette C6 ZR1 : avec le Corvette Racing, cette voiture est devenue synonyme de victoire au Mans en GT.
>> La victoire parmi LMGTE-AM > Ferrari F430 GTC : trop vieille pour le LMGTE-PRO, mais sûrement au top en LMGTE-AM. > La Corvette de Larbre Compétition. > Conformément au nouveau règlement 2011, les modèles des deux catégories GT sont donc maintenant assez proches. C est surtout le cas des Porsche 911 GT3 RSR et de la Corvette C6 ZR1. Pour Ferrari en revanche on ne trouve ici que la 430 GTC qui brillait l année dernière en LM-GT2. > L histoire devrait se jouer entre la Corvette de Larbre Compétition, une Ferrari d AF Corse, du JMB Racing ou Krohn Racing, ou une Porsche de Larbre Compétition, de Proton Competition ou du Flying Lizard Motorsports. La Ford GT-Doran du Robertson Racing semble bien «jeune», comme l année dernière celles du Matech Compétition. > Ford GT-Doran : sans doute trop juste. > Porsche 911 GT3 RSR : toujours une valeur sûre au mans.
>> Petit florilège de pilotes 2011. > Tom KRISTENSEN, Alan McNISH, Rinaldo CAPELLO Tom le danois est le pilote le plus titré au Mans, avec huit victoires. Après Jacky ICKX et ses six victoires, il est devenu le nouveau «Monsieur Le Mans». Chez Audi avec McNISH et «Dindo» CAPELLO, il forme un des équipages les plus complets au Mans : rapidité et sûreté, même (et surtout) quand les conditions se font difficiles, comme ce trio l a démontré en 2008 et 2009. Chez Audi Motorsport ils sont maintenant appelés «les Papys», mais ils n ont rien à envier à leurs jeunots de collègues > Franck MONTAGNY Il était destiné à la Formule 1, mais les pilotes français n y sont plus à la mode Les essais et les quelques Grand Prix qu il y a faits ont pourtant montré sa rapidité et ses capacités de metteur au point. Peugeot Sport trouve alors en lui l alter-ego de Stéphane Sarrazin : rapidité, fiabilité, sensibilité technique. Il était en tête des 24H en 2010 vers 8H du matin, lorsque le moteur de sa 908 l a lâché. > Romain DUMAS C est passé totalement inaperçu dans les medias, mais c est pourtant bien un pilote français qui a remporté les 24H 2010. Après avoir débuté en monoplace, il se tourne assez vite vers l endurance en courant pour Pescarolo, Porsche et Audi. En ayant déjà remporté le championnat ALMS, les 24H du Mans, les 12H de Sebring, et les 24H de Spa, il est en train de devenir un pilote de référence en endurance.
>> Petit florilège de pilotes 2011. > Emmanuel COLLARD «Manu» est une valeur connue et reconnue en endurance, en s y montrant toujours rapide et sûr à la fois. Sa longue expérience au Mans commence en 1996 avec Henri Pescarolo comme coéquipier, pour qui il pilote ensuite de 2005 à 2008, avec à la clé le titre pilote LMS en 2005 et 2006, et aux 24H une deuxième place en 2005 et une troisième en 2007. Il Remporte le LMP2 en 2009 sur une Porsche RS Spyder. 2011 marque son retour aux source, chez Pescarolo Team Autovision. > David HALLIDAY C est bien-sûr «le fils de», dont on pourrait dire qu il chante un peu moins bien, mais qu il pilote bien mieux! En effet, il a désormais une assez longue expérience, notamment en championnat FFSA GT. Ce sera sa quatrième participation aux 24H, cette année au sein du Team Oreca sur la LMP2, au côtés d Alexandre Prémat. Un très bon classement LMP2 est envisageable. > Nicolas PROST Un autre «fils de». Après avoir tenté sa chance dans plusieurs championnats en monoplace avec un succès mitigé, il semble maintenant s orienter vers l endurance, avec une deuxième année chez Rebellion en LMP1. Il y visera la première place des «essence».
>> Petit florilège de team-managers 2011. > Hugues De CHAUNAC Il est une figure clé du sport automobile français. Il fonde Oreca en 1972, alors une «simple» écurie de Formule 2 et Formule 3. Dès 1975, les victoires et les titres s accumulent, avec comme pilotes ceux qui deviendront des grands de la F1 : Laffite, Tambay, Pironi, Arnoux, Alesi, Prost, et bien d autres. En s installant à Signes près du circuit Paul Ricard, il diversifie ensuite l activité d Oreca : équipe de compétition, mais aussi constructeur, ingénierie de compétition, événementiel, et fabrication / commercialisation d accessoires et de pièces pour le sport automobile. Aujourd hui, son flambeau «Oreca, The Motorsport Company» n est pas usurpé. Insatiable, De Chaunac est aussi depuis 2011 promoteur du championnat FFSA GT, qu il promet de mieux développer. En endurance, on a tendance à oublier que c est son infrastructure qui a mené Mazda à la victoire au Mans en 1991, et qu il y a aussi remporté la catégorie GTS de 1998 à 2000 avec les Chrysler Viper GTS R. La toute récente victoire au général aux 12H de Sebring est un nouveau fait marquant de cette longue histoire. > Dr Wolfgang ULLRICH A la tête d Audi Motorsport, il est à l origine de ses succès en endurance mais aussi dans d autres disciplines. Ingénieur et grand organisateur, il montre toujours un grand fairplay, comme en 2009 lorsqu il va avec toute son équipe féliciter le camp Peugeot vainqueur juste après l arrivée. > Olivier QUESNEL D abord nommé à la tête de Citroën Racing en rallye en remplacement de Guy Fréquelin, PSA lui confie en plus en 2009 la responsabilité de Peugeot Sport avec une mission : ramener la victoire du Mans, après les flottements de management et l échec de 2008. Mission accomplie, ce meneur d homme montre encore son efficacité.
>> La liste des engagés 2011.
>> La liste des engagés 2011.
>> La semaine des 24H 2011.
>> Qui?
>> Qui?
>> Qui?
>> Qui?
>> Qui?
La légende s écrit sous vos yeux.