Dossier de presse 10 novembre 2010 Les [nouvelles] façons d avoir des enfants Du 16 novembre 2010 à avril 2011 à la Cité des sciences et de l industrie Le message d Amandine, premier bébé éprouvette français et marraine de l exposition «Une surprise bien satisfaisante que le prix Nobel de médecine 2010 remis à Robert Edwards! Enfin la reconnaissance d un travail qui, depuis plus de trente ans, a porté ses fruits. Issue du balbutiement d une de ces [nouvelles] façons d avoir des enfants, je témoigne de 28 ans de sciences, d humanité et du bien-fondé de ces recherches. J ai ici une pensée pour René Frydman, Jacques Testard et pour les nombreuses équipes investies dans ce domaine. Ainsi, nous assistons à l hommage d un labeur qui, dans ses débuts, controversé mais dirigé par des esprits dynamiques et convaincus, a su inscrire dans les mœurs ces [nouvelles] façons d avoir des enfants. La procréation poursuit son chemin, thème en perpétuel devenir pour le XXe siècle. Cette exposition retrace les premiers pas, parle des acquis mais aussi met en évidence les différents points soulevés actuellement par les équipes de recherche médicales et soignantes, les futurs parents, la société tout entière Elle amène le visiteur alerte à des réflexions personnelles, autant en sens pratique ou éthique que du point de vue scientifique ou sociologique.» A l heure de la révision de la loi de bioéthique en France, la Cité des sciences et de l industrie propose une expo-dossier qui passe au crible un certain nombre de sujets sensibles et complexes. Partout dans le monde, dans le domaine de l assistance médicale à la procréation (AMP), se pose les mêmes questionnements quant à : la levée de l anonymat du don de gamètes, la remise en cause de sa gratuité, l ouverture de l assistance médicale à la procréation aux femmes célibataires ou aux couples homosexuels, l extension des indications du diagnostic préimplantatoire (DPI), la légalisation de la gestation pour autrui Les quatre parties de l exposition : 1) Comment la médecine intervient dans la conception d un enfant : les enfants de l AMP conçus hors du corps 2) La médicalisation de la procréation autorise une rupture inédite dans la reproduction humaine, celle du temps : des embryons, spermatozoïdes et ovocytes hors du «temps naturel» 3) Diagnostic préimplantatoire, prénatal : un futur enfant en bonne santé, voire «sur mesure»? 4) Dons de gamètes ou d embryons, mères porteuses l émergence de nouvelles formes de filiation et de parenté Au travers de trois films, cette exposition nous entraîne en Haïti où des experts en natalité étudient des structures familiales inédites ; nous questionne sur la baisse de la fertilité masculine ; et enfin nous immerge dans un centre d assistance médicale à la procréation avec les équipes médicales et les patientes. Informations pratiques : Cité des Sciences et de l Industrie Espace Science actualités - Niveau 1 30, avenue Corentin-Cariou 75019 Paris. Métro : Porte de la Villette / Cité des sciences Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h, dimanche de 10h à 19h, fermé le lundi Contacts presse : Viviane Aubry 01 40 05 72 65 viviane.aubry@universcience.fr un lieu
Quelques extraits des textes de l exposition : - La première insémination artificielle, réalisée en Angleterre, remonte à la fin du XVIIIè siècle. - Le 25 juillet 1978 : naissance, toujours en Angleterre, de Louise Brown, premier bébé conçu au laboratoire. - Aujourd hui, environ 4 millions d enfants dans le monde sont nés grâce à une fécondation in vitro. - En France, chaque année on compte environ : 800 000 naissances, 20 000 enfants issus d une assistance médicale à la procréation, 1000 enfants issus d un don de gamètes, 3000 enfants adoptés. - Dans notre pays, un couple sur 7 est amené à consulter un médecin au moins une fois pour une infertilité supposée et un couple sur 10 suit des traitements pour y remédier. - L assistance médicale à la procréation (AMP) s adresse avant tout aux couples qui souffrent d un problème d infertilité, voire de stérilité. Mais dans certains pays, l AMP peut être mise en œuvre sans raison médicale, pour aider des femmes seules ou des couples homosexuels à devenir parents. - En 1994, la France devenait le premier pays au monde à se doter d une loi de bioéthique. Afin de prendre en compte les évolutions scientifiques et sociétales, cette loi a été révisée une première fois entre 2002 et 2004, et une deuxième fois, actuellement. - La technique d ICSI, qui consiste à injecter directement un spermatozoïde dans un ovocyte, est utilisée dès lors qu un problème de fertilité masculine est suspecté. Sa pratique ne cesse d augmenter : en 2006, l année du dernier bilan européen, 66,5% des FIV étaient réalisées avec une ICSI. - Les taux de succès de la fécondation in vitro (FIV et ICSI) s améliorent régulièrement, avec 25% de grossesses et 20% d accouchements par tentative en France en 2008. - Il y a plus de nourrissons prématurés et de faible poids après fécondation in vitro que dans la population générale. - Dans notre pays, l âge de la première grossesse est passé de 24 à 29 ans en une trentaine d années. - L embryon n a toujours pas de statut dans le droit français. A quel moment cet amas de cellules devient-il une personne humaine? - En France, près de 150.000 embryons sont conservés dans de l azote liquide, à -196 C. - Certains pays autorisent l insémination de sperme ou le transfert d embryon après le décès du conjoint. - Le diagnostic préimplantatoire (DPI) qui consiste à dépister certaines maladies graves et incurables chez des embryons fécondés in vitro afin de ne transférer dans l utérus de la future mère que les embryons indemnes de la maladie permet d éviter la naissance d enfants gravement malades sans avoir à passer par une interruption médicale de grossesse. - En 2008, 71 enfants sont nés en France via un DPI.
- Dans certains pays, il est possible d utiliser la technique du diagnostic préimplantatoire (DPI) pour choisir le sexe de son enfant sans raison médicale. - Les progrès de l imagerie obstétricale ont considérablement amélioré le diagnostic prénatal et par là même le pronostic de certaines pathologies. Ainsi, en France, on dépiste désormais près de 70 % des anomalies congénitales du bébé, contre 16 % au début des années 80. - En France, seuls les couples hétérosexuels dont les gamètes de l un ou l autre membre sont inutilisables pour raisons médicales peuvent bénéficier de dons. Les donneurs de gamètes (sperme, ovocytes) doivent obligatoirement avoir déjà procréé. Les dons sont gratuits. Ne sont pris en charge que les frais occasionnés par ces dons. - Le don de gamètes implique trois parties : le donneur, le receveur et l enfant. Or une fois arrivés à l âge adulte, une minorité d entre eux revendiquent le droit d accès à leur origine biologique. Ces revendications ont déjà conduit plusieurs pays à lever l anonymat (Royaume-Uni, Norvège, Pays-Bas, Suède ). En France, ce sujet est inscrit dans le projet de révision de la loi qui sera bientôt débattu. - De nombreux pays comme la Belgique, les Pays-Bas ou le Danemark autorisent les femmes seules ou les femmes lesbiennes à recevoir des dons de sperme. De ce fait, de plus en plus de personnes traversent les frontières afin d obtenir ce qui est interdit dans leur pays. - Faut-il prendre en compte l importance croissante de l homoparentalité dans notre société et accepter de traiter ces «formes sociologiques de stérilité»? Faut-il à l inverse s opposer à ces demandes d AMP dites de convenance? Les réponses à ces questions dépassent largement le champ de la médecine et de la bioéthique. Il s agit avant tout d un choix politique et social : ce qui est en jeu, c est le modèle familial accepté par la société. - Les couples désirant un enfant mais dont la femme ne peut mener à bien une grossesse peuvent se tourner vers un nouveau mode de procréation : la gestation pour autrui (GPA). En France, après avoir été pratiqué dans les années 80, le recours à une «mère porteuse» est interdit depuis 1994. La question de la poursuite de son interdiction fait actuellement débat. - Les techniques d assistance médicale à la procréation avec l intervention d une tierce personne introduisent un nouveau type de filiation qui ne relève ni de l adoption, ni de la procréation naturelle. - Confrontés à des problèmes d infertilité, certains couples choisissent de devenir parents grâce à l assistance médicale à la procréation (AMP), d autres d accueillir un enfant existant en l adoptant, ou pour certains, de ne pas avoir d enfants. - Dans le monde, on est passé de 17 000 enfants adoptés par an dans les années 80 à 40 000 aujourd hui. Sculptures, photographies et films : Contrepoints aux informations scientifiques, des regards d artistes (sculpteurs, photographes) sont présentés dans l exposition. Ils témoignent de points de vue, de regards individuels sur les bouleversements profonds de la parentalité et de la filiation qu occasionnent les progrès de l assistance médicale à la procréation.
Ainsi, Le bébé roi, cette sculpture lanterne monumentale est installée à l entrée de l exposition. Conçue par une artiste japonaise, Lika Kato, cette sculpture est réalisée avec du fil de fer et du papier japonais. Une oeuvre qui questionne avec sensibilité la place de plus en plus importante, prise de nos jours, par l enfant dans nos sociétés civilisées. A proximité, Les clones, une sérigraphie de l artiste Tina Mérandon donne à réfléchir. L image de ce bébé si parfait, mais en même temps si anonyme, dérange. Sur la longue cimaise qui borde l exposition, une série de photographies de femmes enceintes en grand format. Fruits de la collaboration du photographe François Poirier et de la maquilleuse, Carmen Arbuès Miro, ces photographies de femmes enceintes, uniquement vêtues de maquillage sont extraites de leur ouvrage «D un monde à l autre», dont l objectif est de rendre un hommage artistique et sensible à la maternité. Un peu plus loin, le travail d Alexandre Nicolas nous questionne. Les prédestinés, ces huit sculptures représentant des foetus de superhéros inclus dans du cristal de synthèse ne seraient-elle pas une matérialisation du fantasme contemporain de «l enfant parfait». Suspendue au plafond de l exposition, une oeuvre de Régis R Prince of plastic : cette sculpture monumentale réalisée en plastique de récupération, représente un ovule entouré de spermatozoïdes. Cet artiste en bagarre contre le gaspillage, s est spécialisé dans une réappropriation des déchets plastiques. Le résultat de cette mise en scène est une subtile dénonciation des maux de notre société de consommation, où tout, y compris les gamètes, à l instar des contenants qui les constituent, est à vendre. Extraits des points de vue de huit scientifiques sont diffusés dans l exposition : Pierre Jouannet Médecin, hôpital Cochin Saint-Vincent-de-Paul AP-HP (Paris), conseiller scientifique de l exposition «Il faut faire des recherches sur l embryon si l on veut améliorer l efficacité des techniques d assistance médicale à la procréation» Eric Fassin Sociologue à l Ecole normale supérieure (ENS) de Paris «La filiation c est un ordre politique, les lois de bioéthique sont en fait des lois de biopolitique» Marie Gaille Philosophe au Centre de recherche «Sens, éthique et société», CNRS / université Paris Descartes «Les parents ne sont pas en quête de l enfant parfait, mais de l enfant comme les autres, de l enfant normal»
Yves Le Bouc Médecin à l hôpital Trousseau, chercheur à l Inserm (U938) «Une fécondation dans un tube à essai, ce n est pas le même environnement que dans l utérus de la maman et c est là que l épigénétique intervient» Dominique Mehl Sociologue au CNRS et à l Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) «Le paysage familial s étant beaucoup diversifié, il faut repenser le dispositif de l assistance médicale à la procréation» Véronique Nahoum-Grappe Anthropologue à l Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) «Concernant le don de gamètes, je suis pour briser l anonymat dans certaines conditions mais contre la levée de la gratuité» Elise de la Rochebrochard Epidémiologiste, chercheur en santé publique à Ined et à l Inserm «20% des couples obtiennent une naissance naturelle après l échec des traitements de fécondation in vitro» Claude Sureau Gynécologue-accoucheur, ancien président de l Académie nationale de médecine «Les possibilités de procréation post-mortem devraient être évaluées au cas par cas»