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Comédie dramatique De Jean-Michel BAUDOIN Caractéristiques Pièce courte en un acte. Durée approximative: 20 minutes Distribution : Samira, jeune fille encore mineure, belle et plantureuse, aux longs cheveux frisés, de père algérien. Mauricette, sa grand-mère, octogénaire Aïcha, amie de Samira, tout juste majeure, de parents algériens, née en France. (La scène se passe dans le studio de Mauricette, au premier étage d un immeuble cossu, dans une station balnéaire du Morbihan, en hiver. Le temps est exécrable : vent, crachin, embruns.) Public : Adultes et adolescents Synopsis : Samira et son amie Aicha sont en fugue. Elles ont besoin d argent et sont venues à l appartement de la grand-mère de Samira, pour voir s il n y a pas quelque chose à extorquer. La grand-mère n a pas un caractère à se laisser faire. L affrontement est inévitable. L auteur peut être contacté par courriel à l adresse suivante : baudoin.jean-michel@wanadoo.fr Page 3 sur
(Au commencement, Mauricette erre dans la pièce de séjour. Elle a l air contrariée et cherche quelque chose sans succès. A plusieurs reprises, elle ouvre une boîte ouvragée, vide, et secoue la tête. Soudain, la porte de l appartement s ouvre, et Samira entre en coup de vent. Samira se dirige vers la salle de bains). Samira : Tiens, t es là, toi? Je reste pas. Je vais juste pisser. Mauricette : Tu n embrasses pas la vieille Mamie? Samira (s approche, et fait mine de lui faire une bise rapide) : Si tu veux. Mauricette (lui attrape le poignet avec une vivacité et une force insoupçonnée) : Maintenant, tu vas m expliquer. Samira (elle se débat. Mauricette ne lâche pas) : Aïeuh! Mais t es ouf! Mauricette : Où sont mes clefs? Où est mon foulard mauve? Où est ma trousse de maquillage? Tu mets du Bourjois, maintenant? Ce rouge! Tu as l air d une fille de joie. Avec quoi tu payes, Mademoiselle? Réponds, mijaurée! Samira (se débattant) : Mais lâche! Lâche l affaire! Lâche, vieille peau! Tes clefs, tu les as perdues, t es Alzheimer ma pauvre, tu perds tout, t es qu une vieille folle (mot arabe). Mauricette : Tu voudrais bien, que je perde la tête, hein? Mais détrompe toi, elle marche encore bien, la tête de Mauricette, tu n as pas de chance. Mes boucles? Je cherche mes boucles. (Elle serre plus fort. On entend craquer les articulations, de l une et de l autre). Tu sais d où elles viennent, mes boucles? Attends que je te dise. Samira (secoue la tête comme une folle) : J en ai rien à secouer, de tes boucles, laisse moi, j ai envie de pisser! Mauricette : Ma grand mère me les a données avant de mourir. Et elle les tenait de sa grand mère. Samira : T as qu à me les filer. Ce sera kif kif. Mauricette : Je ne suis pas encore morte! Samira : C est bientôt, n importe comment! Mauricette : Jamais. Jamais quelqu un ne m avait appelée vieille peau. Et il faut que ce soit ma petite fille, si mignonne. Tu vois, la photo sur le meuble? Le bébé dans la poussette, bien protégé de la pluie par le toit en plastique transparent, c est toi. Tu ris aux éclats des gouttes de pluie. Tu aimes leur musique de tambour sur ta petite maison. On se promène toutes les deux sur le front de mer. Derrière, on voit les vagues qui se creusent sous le vent d automne. Comment as tu pu changer à ce point? Samira (se dégage d un coup sec) : Je pisse et je me casse. Tu me prends la tête, avec tes vieilleries. Page 4 sur
Mauricette : Tu ne pourras pas les vendre. N importe quel antiquaire se méfiera, en te voyant arriver avec. Samira : Je capte rien à ce que tu baves. Vendre quoi? Ton tube de rouge? C est d un naze (mot arabe) Mauricette : Mes boucles. Avec les émeraudes. Cesse de me prendre pour une idiote. Je te dénoncerai et tu iras dans un établissement spécialisé. Et puis en prison, quand tu seras majeure. Samira : N importe nawak! Faudra qu y me trouvent, les schmitts, trop tard, je bouge, je vais à Paris. Le grand saut. Bye bye, ce trou paumé où y a que des tarés et des vioques. N empêche, elle dit que t es même pas cap de porter plainte, alors. Mauricette : Qui t a dit ça? Ton démon? Cette fille. Un démon, je te dis, de toute ma vie, je n ai jamais vu une telle dévergondée. Samira : La traite pas. T es pas dans ma téci, ça se voit. Aïcha, elle me drive, elle m évite de plonger, au contraire, c est la grande sœur (mot arabe) que j ai pas. On va bouger à deux. Allez, laisse moi passer. Mauricette : Où dormiras tu? Comment ferez vous pour manger? Avec quel argent? Je le sais, vous passez ici tous les jours, avec les clefs que tu m as volées. Vous vous faites de la purée mousseline, il y en a plein le mur de la cuisine, je ne suis pas idiote, vous en aurez vite assez de vivre à la sauvette, il faudra trouver une solution. Samira : C est pas tes oignons. On a gambergé. Tout est prévu. Aïcha, elle a un plan. Mauricette : Je te donnais à goûter, quand tu rentrais de l école, tu adorais le chocolat, je te préparais toujours un bol de chocolat chaud bien crémeux. Samira : C est bon, je vais pisser. Mauricette : Ta mère sait que tu es ici? Samira : Tu sais, toi, où elle est, ta fille? Ta fille, elle préfère son plaisir à sa fille. Ta fille, elle s envoie en l air quelque part, je sais pas avec qui, et moi, j ai que Aïcha à qui parler, et j ai que la rue où aller, parce qu à la maison, y a mon frère qui fait rien qu à me prendre la tête, et qui dit qu il va me tuer si y me retrouve, mais il a peur, lui aussi, parce que Aïcha, elle fait du karaté, c est pas des blagues, si il nous cherche, il va nous trouver, Momo, merde (mot arabe). Mauricette : Ta mère a bien le droit de penser à elle. Samira : Et moi? Qui pense à moi? Mauricette : Tu devrais aller au lycée, être raisonnable... Page 5 sur
Pour obtenir la fin du texte, l auteur peut être contacté par courriel à l adresse suivante : baudoin.jean-michel@wanadoo.fr Page sur