PROJET DE PLAN D ACTION DES NATIONS UNIES



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Transcription:

1. Introduction PROJET DE PLAN D ACTION DES NATIONS UNIES RÉUNION INTER-AGENCES DES NATIONS UNIES SUR LA SÉCURITÉ DES JOURNALISTES ET LA QUESTION DE L IMPUNITÉ, 13 ET 14 SEPTEMBRE 2011, SIÈGE DE L UNESCO, PARIS 1.1 «Chaque journaliste tué ou neutralisé par la terreur est un observateur de moins de la condition humaine. Chaque attaque déforme la réalité en créant un climat de peur et d autocensure.» 1 1.2 Ces dernières années, l évolution inquiétante de l échelle et du nombre d attaques contre la sécurité physique des journalistes et des professionnels des médias, ainsi que des incidents affectant leur capacité à exercer leur liberté d expression menaces de poursuites, arrestations, refus de couverture journalistique et absence d enquête et de poursuites pour les crimes commis contre des journalistes ont été à maintes reprises portées à l attention de la communauté internationale par des organisations intergouvernementales, des associations professionnelles, des organisations non gouvernementales (ONG) et d autres parties prenantes. 1.3 Les statistiques rassemblées par l UNESCO ainsi que par d autres organisations comme le Comité de protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF), l Institut international pour la sécurité de la presse (INSI) et Échange international de la liberté d expression (IFEX) témoignent toutes du nombre très considérable de journalistes et de travailleurs de l information tués dans l exercice de leur profession. Durant la seule année 2010, l UNESCO a condamné la mort de 63 journalistes, tandis que beaucoup d autres étaient blessés plus ou moins gravement. 1.4 La protection des journalistes et des professionnels des médias contre des attaques ainsi que la lutte contre l impunité de ceux qui les perpètrent est essentielle pour préserver le droit fondamental à la liberté d expression, garanti par l Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l homme. La liberté d expression est d une importance vitale pour la participation citoyenne, le dialogue et la démocratie car elle autonomise les populations et elle est la condition d un développement durable. 1.5. Une société informée, active et engagée est impossible sans liberté d expression. Dans un contexte où la sécurité des journalistes est assurée, les citoyens peuvent accéder plus facilement à une information de qualité et prendre ainsi part aux processus démocratiques et de développement de leurs sociétés. Toutes sortes d objectifs deviennent alors réalisables : gouvernance démocratique et réduction de la pauvreté ; développement durable et conservation de l environnement ; égalité des sexes et autonomisation des femmes, justice et culture des droits de l homme, etc. De ce fait, même si le problème de l impunité ne se limite pas aux assassinats de journalistes et des professionnels des médias, la restriction de la liberté d expression et la création d un climat d intimidation, de violence et d autocensure ont de sérieuses répercussions sur la liberté de la presse et la société dans son ensemble. Les efforts pour mettre fin à l impunité des crimes commis contre les journalistes doivent s accompagner d une défense et protection des défenseurs des droits de l homme dans leur ensemble. 1 Barry James dans Liberté de la presse : sécurité des journalistes et impunité. Publications de l UNESCO : 2002.

- 2-1.6 Compte tenu de ce qui précède, un certain nombre de mesures ont été adoptées par les Nations Unies pour renforcer les cadres législatifs et les mécanismes d application destinés à assurer la sécurité des journalistes dans les zones en proie ou non à un conflit. Au niveau international, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté en 2006 la Résolution S/RES/1738, qui a établi, en ce qui concerne la sécurité des journalistes dans les conflits armés, une approche cohérente et orientée vers des mesures concrètes. Depuis lors, le Secrétaire général des Nations Unies présente chaque année à l Assemblée générale un rapport sur la mise en œuvre de cette Résolution. 1.7 De plus, en 1993, la Commission des droits de l homme des Nations Unies a créé le Bureau du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d expression et d opinion, qui est chargé de rassembler des informations sur les violations de la liberté d expression ; de rechercher, de recevoir et de répondre aux informations reçues de la part des gouvernements, des ONG et d autres parties sur ces questions ; et de formuler des recommandations sur les meilleurs moyens de promouvoir la liberté d expression. Les travaux du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires sont également pertinents à cet égard. 1.8 En tant qu institution spécialisée des Nations Unies chargée de «faciliter la libre circulation des idées, par le mot et par l image» 2, l Organisation des Nations Unies pour l éducation, la science et la culture (UNESCO) joue également un rôle important dans la protection de la liberté d expression par le biais de la promotion de la sécurité des journalistes et de la lutte contre l impunité. Souvent en collaboration avec d autres organisations, l UNESCO a pris un certain nombre de mesures décisives dans ce domaine. C est ainsi qu en 1998, elle a collaboré avec Reporters sans frontières (RSF) à la publication d un guide pratique à l intention des journalistes travaillant dans une zone de conflit, qui est régulièrement mis à jour et qui est disponible dans dix langues. En 2008, l UNESCO a été le coauteur d une Charte des Nations Unies sur la sécurité des journalistes travaillant dans des zones de guerre ou des zones dangereuses, qui prévoit que les médias, les autorités et les journalistes s engagent à rechercher systématiquement des moyens de réduire les risques. Elle a également apporté son concours à un certain nombre d organisations pour former les journalistes et les professionnels de médias à la sécurité et à la conscience du risque. 1.9 En plus de ces mesures pratiques, l UNESCO a entrepris un certain nombre d activités destinées à susciter une prise de conscience des questions concernant la sécurité des journalistes et l impunité. Parmi les activités vedettes de l UNESCO dans ce domaine figurent la Journée mondiale de la liberté de la presse, qui a lieu chaque année le 3 mai, et le Prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano/UNESCO, qui a pour but d honorer le travail d un individu ou d une organisation défendant ou promouvant la liberté d expression n importe où dans le monde, en particulier dans des conditions dangereuses. L importance de cette question a été mise à nouveau en lumière par la Déclaration de Medellin 3 de 1997, qui porte sur la sécurité à assurer aux journalistes et la lutte contre l impunité aussi bien dans les situations conflictuelles que non conflictuelles, et par la Déclaration de Belgrade de 2004, qui se concentre plus particulièrement sur le soutien aux médias dans les situations de conflits violents et dans les pays en transition. Conformément à la Résolution 29 adoptée à la 29 e session de la Conférence générale de l UNESCO, la Directrice générale a également, depuis 1997, condamné publiquement l assassinat de journalistes et de professionnels des médias, ainsi que les violations massives et répétées de la liberté d expression, et exhorté les autorités compétentes de s acquitter de leur obligation de prévenir, investiguer et punir les crimes de ce genre. Enfin, le Programme international pour le développement de la communication (PIDC) joue un rôle primordial dans la promotion de la sécurité des journalistes et la lutte contre l impunité. En plus de développer des projets sur le terrain qui s attaquent spécifiquement à ces questions, le PIDC a depuis 2008 encouragé les Etats membres à soumettre, sur la base du volontariat, des informations sur les crimes commis contre les journalistes, pour les consigner dans un rapport public soumis tous les deux ans par la Directrice générale au Conseil du PIDC. 2 3 Constitution de l UNESCO 1945, Article 1. La Déclaration de Medellin est accessible sur le site http://www.unesco.org/new/en/communicationand-information/flagship-project-activities/world-press-freedom-day/previous-celebrations/worldpress feedomday2009000/medellin-declaration/.

- 3-1.10 Les instruments juridiques internationaux représentent un des principaux outils dont dispose la communauté internationale, y compris les Nations Unies, dans sa lutte pour la sécurité des journalistes et contre l impunité. Ces instruments sont reconnus internationalement et ils sont souvent contraignants juridiquement. Parmi les conventions, déclarations et résolutions pertinentes figurent la Déclaration universelle des droits de l homme, les Conventions de Genève, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Résolution 2005/81N de la Commission des droits de l homme des Nations Unies et la Résolution 1738 (2006) du Conseil de sécurité des Nations Unies ; les Déclarations non contraignantes de Belgrade et Medellin font partie intégrante du droit international humanitaire (DIH) et du droit relatif aux droits de l homme (DDH). 1.11 Dans le contexte des droits de l homme, un rôle essentiel est également joué par les systèmes régionaux institués dans le cadre d organisations régionales et sous-régionales telles que l Organisation des États américains (OEA) et l Union des nations sud-américaines ; l Union africaine (UA) et la Communauté économique des États d Afrique de l Ouest (CEDEAO) ; l Association des Nations de l Asie du Sud-Est (ASEAN) et l Association de l Asie du Sud pour la coopération régionale (SAARC), la Ligue des États arabes et le Conseil de l Europe (CE), l Union européenne et l Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Bien qu il existe de nombreux instruments juridiques internationaux portant sur les droits de l homme en général, peu d entre eux concernent spécifiquement la situation des journalistes et en particulier leur sécurité. 1.12 Certains des systèmes régionaux sont également renforcés par des organes de suivi qui vérifient dans quelle mesure les États s acquittent de leurs engagements, et attirent l attention sur d éventuelles violations. On peut citer notamment le Bureau des Rapporteurs spéciaux sur la liberté d expression au sein de la Commission interaméricaine des droits de l homme, les Rapporteurs spéciaux sur la liberté d expression et l accès à l information au sein de la Commission africaine des droits de l homme et des peuples, et un Représentant pour la liberté des médias à l OSCE. 1.13 Au niveau national, les Nations Unies s emploient également à adopter une approche englobant la sécurité des journalistes et la question de l impunité. Cela est pertinent pour les bilans communs de pays des Nations Unies, le Plan-cadre des Nations Unies pour l aide au développement (PNUAD) et l action des Équipes de pays des Nations Unies, ainsi que sur les Documents de stratégie sur la réduction de la pauvreté. 1.14 Toutefois, l augmentation de la fréquence des crimes commis contre des journalistes dans des situations conflictuelles ou non (y compris de meurtres, enlèvements, prises d otages, harcèlement, intimidation et arrestations et détentions illégales) ainsi que la menace croissante émanant d acteurs non étatiques comme les organisations terroristes et les cartels de la drogue, montrent combien de nouveaux efforts de la part des Nations Unies sont nécessaires pour lutter contre l impunité, prérequis de la liberté d expression et de la démocratie. Il faut en particulier que les divers organismes, fonds et programmes pertinents des Nations Unies adoptent une approche stratégique unique et harmonisée. 1.15 Compte tenu de ce qui précède, en mars 2010, le Conseil intergouvernemental du PIDC 4 a demandé à la Directrice générale de l UNESCO de consulter les États membres au sujet de l éventuelle organisation d une Réunion inter-agences des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l impunité à laquelle participeraient tous les organismes compétents des Nations Unies. Sur la base des réponses reçues à la suite de cette consultation, la Directrice générale de l UNESCO a décidé d organiser en septembre 2011 une Réunion inter-agences des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l impunité. Les conclusions tirées de cette réunion seront articulées dans un Plan d action qui aura pour but de formuler une approche détaillée, cohérente et orientée vers l action, commune à tout le système des Nations Unies, sur la sécurité des journalistes et la question de l impunité. 4 27 e Décision du Conseil intergouvernemental du PIDC sur la Sécurité des journalistes et l impunité. Disponible sur le site http://www.unesco.org/new/fileadmin/multimedia/hq/ci/ci/pdf/ipdc2010 _safety_decision_final.pdf.

- 4-2. Justification 2.1 Ce Plan d action est nécessaire pour défendre le droit fondamental à la liberté d expression et par là même, faire en sorte que les citoyens soient bien informés et participent activement à la vie de la société. Les organismes, fonds et programmes des Nations Unies sont collectivement bien placés pour s attaquer à cette question. Ils disposent depuis longtemps de plates-formes par l intermédiaire desquelles ils peuvent faire connaître leurs préoccupations et proposer des solutions, ainsi que d un réseau très important d organisations partenaires et de bureaux sur le terrain. De plus, en tant qu organisations intergouvernementales, ils peuvent encourager les États membres à coopérer et à partager des bonnes pratiques, ainsi qu à appliquer une «diplomatie discrète» entre eux selon les nécessités. 3. Principes 3.1 Le Plan d action proposé s inspire des principes suivants : 3.2 Action conjointe dans l esprit d Unis dans l action. 3.3 Utilisation des points forts des différents organismes pour renforcer les synergies et éviter les doubles emplois. 3.4 Approche axée sur les résultats : fixation de priorité des mesures et des interventions afin d obtenir un maximum d impact. 3.5 Principe de l approche fondée sur les droits de l homme. 3.6 Incorporation de la question de la sécurité des journalistes et de l impunité dans une politique de plus grande envergure visant à réaliser des objectifs de développement approuvés au plan international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement. 3.7 Application des principes de la Déclaration de Paris de février 2005 sur l efficacité de l aide (prise en charge, alignement, harmonisation, résultats et redevabilité mutuelle). 3.8 Partenariat stratégique au-delà du système des Nations Unies, tirant parti des initiatives des diverses organisations internationales, régionales et locales consacrées à la sécurité des journalistes et des professionnels des médias. 3.9 Mécanismes solides (indicateurs) de suivi et d évaluation d impact reflétant les valeurs fondamentales des Nations Unies. 4. Objectif Créer un environnement libre et sûr pour les journalistes et les professionnels des médias dans les situations conflictuelles ou non, afin de renforcer à terme la paix, la démocratie et le développement dans le monde. 5. Mesures proposées Renforcement des mécanismes des Nations Unies 5.1 Identifier le rôle des agences, des fonds et des programmes des Nations Unies dans la lutte contre l impunité (dans le cadre d un combat plus large contre la corruption), en vue de créer des points focaux et de renforcer la contribution spécifique de chaque acteur pertinent du système onusien. 5.2 Dans l esprit d Unis dans l action, créer une approche inter-agences coordonnée de la question de la sécurité des journalistes et de l impunité, notamment en examinant régulièrement les progrès réalisés aux niveaux national et international.

- 5-5.3 Intégrer la question de la sécurité des journalistes et de l impunité dans les stratégies nationales des Nations Unies. Cela impliquerait l inclusion d un indicateur relatif à la sécurité des journalistes dans les bilans communs de pays, sur la base des indicateurs de développement des médias de l UNESCO, ce qui influerait directement sur l aide au développement des Nations Unies (PNUAD) et ses activités opérationnelles. Cela encouragerait également la participation des parties prenantes des médias au processus préparatoire qui précède les documents de stratégie sur la réduction de la pauvreté. 5.4 D une façon plus générale, promouvoir l inclusion des objectifs concernant la liberté d expression et le développement des médias, et en particulier la sécurité des journalistes et l impunité, dans le cadre plus large des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment l intégration de nouvelles variables dans l Indice de développement humain (IDH), l Examen universel périodique (EUP) et dans le cadre de la Table ronde des Nations Unies sur la communication pour le développement, pour rendre compte de l impact de la liberté de la presse et de la protection des journalistes sur le développement social et économique. 5.5 S employer à renforcer l impact du rôle de suivi du HCDH de l ONU, y compris le mandat et les ressources à la disposition du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection de la liberté d expression et d opinion, ainsi que des Rapporteurs spéciaux sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. 5.6 Évaluer l impact de la Résolution du Conseil de sécurité 1738 et envisager son éventuelle réforme pour promouvoir la sécurité des journalistes et mettre fin à l impunité dans les situations non définies comme un conflit traditionnel. Coopération avec les États membres 5.7 Aider les États membres à élaborer une législation garantissant la liberté d expression et d information, notamment, par exemple, l obligation pour les États d enquêter sur les crimes contre la liberté d expression avec diligence. 5.8 Aider les États membres à améliorer la mise en application des règles internationales, des principes ainsi que de la législation natonale en vigueur en ce qui concerne la protection des journalistes, des professionnels des medias et du personnel connexe dans les situations conflictuelles ou non, en développant davantage les normes internationales à appliquer juridiquement et dans la pratique sur la base du DIH et du DDH et en mettant en place des mécanismes nationaux et internationaux de suivi solides et efficaces. 5.9 Encourager les États membres à appliquer la Résolution 29 5 de la Conférence générale de l UNESCO intitulée «Condamnation de la violence contre les journalistes», qui exhorte les États membres à adopter le principe de l imprescriptibilité des crimes contre les personnes coupables de crimes contre la liberté d expression ; à parfaire et promouvoir la législation dans ce domaine et à veiller à ce que les cas de diffamation soient traités par des tribunaux d instance plutôt que d être considérées comme des infractions pénales sujettes à des peines par emprisonnement. 5.10 Encourager les États membres à appliquer les Décisions du PIDC relatives à la Sécurité des journalistes et à la question de l impunité, à présenter des informations sur les mesures prises pour empêcher l impunité pour les meurtres de journalistes, et à indiquer où en sont les enquêtes judiciaires. Partenariats avec d autres organisations et institutions 5.11 Renforcer les moyens par lesquels les agences spécialisées des Nations Unies pourraient collaborer efficacement avec les organisations non gouvernementales (ONG) spécialisées dans le suivi de la sécurité des journalistes et des travailleurs de l information. Cette collaboration pourrait inclure la communication des informations les plus récentes aux organisations partenaires et une présence sur le terrain. 5 Adoptée par la Conférence générale de l UNESCO le 12 novembre 1997.

- 6-5.12 Encourager les professionnels des médias, les universitaires, les ONG et les organisations internationales à collaborer pour incorporer dans leurs stratégies des programmes de développement des médias, en particulier sur la sécurité des journalistes. 5.13 Identifier les causes à l origine de la culture de l impunité en adoptant une perspective multidisciplinaire. Sensibilisation 5.14 Sensibiliser les États membres à l importance de la liberté d expression au danger que l impunité pour les crimes commis contre les professionnels de l information représente pour la liberté et la démocratie. 5.15 Sensibiliser les journalistes, les propriétaires de médias et les décideurs aux conventions et instruments internationaux existants, ainsi qu aux divers guides pratiques disponibles sur la sécurité des journalistes. 5.16 Sensibiliser les organes d information, les rédacteurs et les directeurs de médias aux dangers qui menacent leur personnel, en particulier ceux auxquels sont exposés les journalistes locaux. 5.17 Sensibiliser tous les acteurs susmentionnés aux dangers croissants auxquels tous sont exposés, y compris les acteurs non publics dans ce domaine, et lutter contre la prise d otages, la violence sexuelle, les enlèvements et les autres menaces qui pèsent de plus en plus sur les professionnels de l information. 5.18 Encourager les écoles de journalisme et les départements de médias à développer des programmes qui incluent des éléments en rapport avec la sécurité des journalistes et la question de l impunité. 5.19 Disséminer les bonnes pratiques sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l impunité. Encourager les initiatives en faveur de la sécurité 5.20 Demander instamment à tous les acteurs concernés, notamment l industrie des médias, la prise de dispositions générales relatives à la sécurité des journalistes, notamment sous les formes suivantes : cours de formation à la sécurité, soins de santé et assurance-vie, égalité d accès à la protection sociale des salariés indépendants ou employés à temps complet. 5.21 Mettre en place un mécanisme de réaction immédiate accessible en cas d urgence pour les groupes et les organismes d information pour contacter et faire intervenir les ressources et les missions des Nations Unies disponibles, opérant dans les pays où les journalistes sont exposés à des risques. 5.22 Renforcer les dispositions relatives à la sécurité des journalistes dans les zones de conflit, par exemple en encourageant la création de ce qu il est convenu d appeler des «corridors médiatiques» en collaboration étroite avec le personnel des Nations Unies sur place. 6. Plan de travail Dates limites à confirmer. 7. Ressources Ressources humaines et incidences financières à confirmer. 8. Mécanismes de suivi 8.1. Création d un réseau de points focaux dans toutes les agences, fonds et programmes des Nations Unies afin de coordonner les actions et échanger des informations.

- 7-8.2. Organisation à intervalles réguliers de réunions des agences, fonds et programmes pertinents des Nations Unies. 8.3. Coordination des efforts de l ONU sur la sécurité des journalistes assurée principalement par l UNESCO, en coopération avec d autres agences des Nations Unies, en particulier avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l homme (HCDH) et le Secrétariat des Nations Unies à New York. 8.4. Présenter un Plan d action pour l ONU finalisé au Conseil du PIDC à sa prochaine session en mars 2012. 9. Structures organisationnelles À suivre.