RECIT DETAILLE XXXXXX

Documents pareils
L Ardèche en fauteuil roulant Visite en side-car. Par Kornelia et Michel, juin 2011

INFORMATIONS UTILES À DESTINATION DES ÉTUDIANTS VENANT À MALTE ET GOZO POUR APPRENDRE L ANGLAIS

Compréhension de lecture

PASS ARAN. Maison du Valier - Gite Eylie 9 h 25 mn Dénivelée +1642m m

L Hôtel de la Conférence

La petite poule qui voulait voir la mer

Une promenade en forêt par Inner Health Studio. Enregistré avec la permission de l entreprise.

Test - Quel type de voisin êtes-vous?

Les contes de la forêt derrière l école.

Questionnaire eevm. échange école ville montagne.

Voyage en Chine au mois de Novembre 2013

L EMPIRE ROMAIN. étude de cas : Lucius Aponius Cherea habitant de Narbo Martius au II siècle. Fabienne Rouffia - collège V.

TOSSA DE MAR ITINÉRAIRES ET PARCOURS

1. SE RENDRE A KOH CHANG

Week-end Neige et Vapeur Sur le Mont Lozère

Bancs publics. Problématiques traitées : FICHE

DU CÔTÉ DE CHEZ ANNE. Dossier de presse

Auxiliaire avoir au présent + participe passé

Le passé composé. J ai trouvé 100 F dans la rue. Il est parti à 5 h 00.

«Sur le chemin des nomades kirghizes «Aventure trekking 16 jours

V3 - LE PASSE COMPOSE

4. Les services et prestations internes

DOSSIER Pédagogique. Semaine 21. Compagnie tartine reverdy. C est très bien!

La petite poule qui voulait voir la mer

LQCM. Enquête sur la qualité d usage des logements. Expérimentation «Didier DAURAT» Le Polygone à Valence (Drôme)

Indications pédagogiques B2 / 32

Les jours de la semaine

V{tÄxà ` Ä éx. Tout juste achevé, ce chalet a été conçu avec goût et sens du détail.

Maison au bord de l eau 5 chambres Piscine Jacuzzi Dock A proximité immédiate du Normandy Shores Golf Club.

L eau c est la vie! À l origine était l eau... La planète bleue. Les propriétés de l eau. L homme et l eau. ... et l eau invita la vie.


SOMMAIRE. > Notre premier concurrent. > Notre second concurrent.

Plein Ciel Hôtel d altitude -1800m

S ickness Impact Profile (SIP)

TOUR DES LACS DU MERCANTOUR PARTIE NORD

Réceptions. Le Phare des Baleines. Océan Authentique. Séminaires. Vos événements au bord de l océan. Professionnel. Conférences. Réunions de travail

C ÉTAIT IL Y A TRÈS LONGTEMPS QUAND LE COCHON D INDE N AVAIT PAS ENCORE SES POILS.

La via ferrata del Lago

Prix de vente : Euros

Monténégro. spécialement étudié pour l'atscaf 21. du 19 au 26 avril 2014 séjour 8 jours / 7 nuits en formule «tout inclus»

Donnez la valeur d un temps, c est dire pourquoi on l emploie.

Rapport de fin de séjour à Bruxelles

Destination Mongolie Découverte des steppes d Asie centrale et des nomades

Canada. Bulletin d information. Réfugiés pris en charge par le gouvernement. Réinstallation des réfugiés au

Tous au marché! LES MS/GS DECOUVRENT LE MARCHE DE TARTAS

RAID MOTONEIGE DECOUVERTE

Dossier de Presse 5 juin L Oeuvre de Vauban à Besançon

LES MOSAIQUES DU CREDIT AGRICOLE

UNE EXPÉRIENCE INOUBLIABLE!

Perpignan : entre tradition et modernité

Des espaces prestigieux pour des instants magiques

MISSION PORT-AU-PRINCE III

aissez-vous choyer, en plein cœur de la nature.

SAINT-PETERSBOURG EN PETIT GROUPE MEILLEUR TARIF GARANTI 2015/2016

Montage d une pompe solaire à la ferme ZOB d Antsirabé Financement : Touraine-Madagascar. Réalisation : Francis et Maryse MENANTEAU Sept.

El condor SPECIAL Montélimar

AGORA 2014 Appel à idées Habiter les toits à Bordeaux Et pour compléter

Le Haut Ellé. Station de pompage de Barréguan près D790 "Le Grand Pont" sous le Faouët. Département 56

120, rue Roger Salengro - BP DRANCY Cedex Tél Fax

Au sujet de l'hôtel Palma

Lecture - Episode 1. Le héros s appelle Rahor. Les Préhistos vivent dans le futur. Rohar adore la nouvelle grotte.

Une exclusivité Opérateur mobile. Le voyage essentiel

Données générales à propos de l Estonie

FICHE TECHNIQUE avril Un excellent point de départ pour un séjour d affaires ou touristique

Autoroute jusqu à Toulon N. 98 Hyères, La Londe-Les-Maures N 559 Le Lavandou, Cavalaire-Sur-Mer.

Quelle journée! Pêle-mêle. Qu est-ce que c est? DOSSIER Écoutez les phrases. Écrivez les mots de la page Pêle-mêle que vous entendez.

Le livret des réponses

QuickTime et un décompresseur sont requis pour visionner cette image. ETUDE DE CLIENTELE TOURISTIQUE DU LIMOUSIN. 7 avril 2009

Sea, Sète & Sun Agence de Tourisme Réceptive

Marie Lébely. Le large dans les poubelles

NOTRE PERE JESUS ME PARLE DE SON PERE. idees-cate

Guide d accompagnement à l intention des intervenants

L ÉNERGIE C EST QUOI?

Groupes de compétences. C est possible! Même en solo!

TYPES D ANIMATION. 1. LE JOUEUR DE FLUTE Pour moins de 20 personnes Durée : soirée Lieu : désert

RAPPORT DE FIN DE SEJOUR

Projet de Classe de 5 G. Séjour du 12 au 14 février 2009

Visuel non contractuel OFFRES GROUPES & SÉMINAIRES

S ORIENTER DANS UNE GARE

PRESTATION 1 : MULTI-ACTIVITES INCENTIVE ET SEMINAIRES

Leçon 10. Je quitte la maison - par où commencer? Matériel : Niveaux : Buts : Vocabulaire : Temps requis :

************************************************************************ Français

DOSSIER DE PRESSE FAITES VOS JEUX! AV E C SAINT- H ONORÉ-LES-BAIN S. infos Exposition photographique jusqu au 1 er septembre 2010

le livret de Bébé nageur avec la complicité de bébé.

Exe Livret Animateur_Exe Livret Animateur 01/02/11 11:10 Page1

Bourgeois et ouvriers au 19ème siècle. 4ème Slovaquie

VOYAGE AU PAYS MAGIQUE DU PÈRE NOËL

«J aime la musique de la pluie qui goutte sur mon parapluie rouge.

un lieu d exception pour goûter l art de vivre en bretagne

Nom : Prénom : Date :

Loin de mes yeux. Chaque personne apprivoise la mort à sa façon, ce qui apporte à cette dernière

#46 DESIGN ARCHITECTURE UNE CULTURE //

Les problèmes. Répond aux questions des problèmes en utilisant le tableau.

Mademoiselle J affabule et les chasseurs de rêves Ou l aventure intergalactique d un train de banlieue à l heure de pointe

Subordonnée circonstancielle de cause, de conséquence et de but

Bali : 14 années de découvertes compilées dans un guide culture et voyage

DOSSIER Technique de l'exposant. 20 e. congrès français de rhumatologie Décembre 2007

Garth LARCEN, Directeur du Positive Vibe Cafe à Richmond (Etats Unis Virginie)

Transcription:

RECIT DETAILLE Pays Région Date Récit Ukraine Odessa 07/08/2013 Nous nous levons une fois encore à 6h00. La journée promet d être longue. Au moment du départ, le propriétaire de l hôtel nous offre gracieusement un aimant Turquie Istanbul représentant Odessa. Ce sera notre seul souvenir d Ukraine. A 8h00, le taxi nous conduit à l aéroport. Comme nous avons réservé à la dernière minute, nous craignons la surréservation et nous voulons nous enregistrer le plus tôt possible. En fait, lorsque l avion décolle à midi, il n est rempli qu aux deux tiers. En une heure, nous voyons disparaître les rives de l Ukraine, nous traversons la mer Noire et survolons un coin de Turquie. Une virée au dessus de la mer de Marmara et nous atterrissons à l aéroport Atatürk. Passage aux guichets de l immigration. Nous voyageons léger ; pas de bagage en soute. Sur les indications d Abdul, nous prenons le taxi pour nous rendre à la station des ferries la plus proche, celle de Bakirköy. Là, un bateau rapide nous conduit directement à Kadiköy, sur la rive asiatique. C est là que se situe notre hôtel et le port d Haydarpasa. En chemin, nous apercevons le quartier de la vieille ville avec les mosquées et le palais de Topkapi, l embouchure de la Corne d Or et le détroit du Bosphore. L hôtel étant situé à deux pas du débarcadère, nous nous installons rapidement dans notre chambre et partons en quête du quai de débarquement. Près de la gare ferroviaire, nous retrouvons Abdul remorquant un copain et des bagages. Ils ont hâte de récupérer leur voiture pour aller fêter l Aïd el Fitri en famille à plus de 1 000 km d ici. Malheureusement, plusieurs embûches nous attendent. Tout d abord, trouver le port. Il ne se trouve pas du tout à l endroit indiqué par les bureaux de la compagnie maritime. Nous errons dans des installations en ruine jusqu à ce qu un type de la sécurité nous conduise en voiture au milieu des montagnes de containers. Le «Sea Partner» n est pas encore arrivé. Nous l avons sans doute survolé en avion. Nous patientons à l ombre des camions qui attendent l embarquement. Vers 17h00, le bateau arrive enfin. Les voitures sont sorties du ferry. Mais nous devons attendre le bon vouloir du service des douanes. Si Abdul et son copain s en sortent facilement, nous rencontrons un problème majeur : nous n avons pas d assurance pour la voiture. Donc, pas question de la sortir du port. Il est 18h00. Tous les bureaux de Turquie ferment ce soir pour quatre jours à l occasion des fêtes. Heureusement, des anges gardiens veillent sur nous. Un employé des douanes tout d abord qui souscrit pour notre compte un contrat d assurance en ligne sur internet. Nazim ensuite qui nous sert d intermédiaire avec un douanier un peu trop scrupuleux qui veut savoir exactement tout ce que nous transportons dans le camping car. Nous avons bien une liste, en français, en anglais, en chinois et en russe, mais nous n avons pas pensé à la traduire en turc. Nazim nous tire d affaire en commençant à traduire la liste de nos outils et ustensiles de cuisine. Le type se lasse et jette l éponge. Nous avons cependant une mauvaise surprise. Comme nous avons souscrit un contrat d assurance pour seulement un mois, notre autorisation de circuler en Turquie n est que de un mois. Notre temps va être compté pour visiter le pays. Nous attendons encore un long moment devant le poste de sécurité, à la sortie du port sans trop comprendre ce qui se passe. Puis, finalement, on nous donne le signal du départ. Nous voici dans les rues d Istanbul. Nous quittons le port au coucher du soleil. Heureusement que l hôtel ne se trouve pas trop loin et que nous avons repéré les lieux. Nous garons le camping-car dans le parking de l hôtel et partons en quête d un endroit pour manger. Nous atterrirons finalement dans un bar et ferons un repas de douceurs : tiramisu, yaourt à boire et jus de citron. Après avoir acheté de l eau à l épicerie du coin, nous rentrons fourbus dans notre chambre. Il est plus que temps de prendre du repos.

Turquie Istanbul 08/08/2013 Nous sommes à peine reposés. Nous n avons pas évacué tout le stress d hier. Pourtant, hormis le type désagréable du port, nous ne rencontrons que des personnes souriantes et serviables. Nous commençons à apprendre les premiers mots de politesse : «Gün Aydin» (bonjour), «Techekurlar» (merci), «Nasilsim» (comment allez-vous). Je vous passe l écriture exacte pour ne retenir que la prononciation. Lestés d un copieux petit déjeuner, nous embarquons sur le traversier qui nous conduit à Eminönu, sur les rives de la Corne d Or. La foule est déjà dense. Comme à Paris au mois d août, les touristes ont investi la ville pendant que les stambouliotes sont partis profiter des joies de la campagne ou de la plage. Nous grimpons par les ruelles qui traversent le «baazar» aux épices. Des toiles colorées, tendues au dessus des rues, abritent un peu des ardeurs du soleil. Au sommet de la colline, nous avons la déception de constater que le grand baazar, un des plus vastes et des plus anciens au monde, est fermé jusqu à lundi. Nous n aurons pas l occasion de le visiter. Nous sommes déjà bien fatigués lorsque nous faisons une pause dans un restaurant à l écart de la foule. La cuisine est bonne, la propriétaire sympathique et souriante. Après avoir dégusté des «chiches» (brochettes) au poulet, nous reprenons nos déambulations en direction de la mosquée Sultan Ahmed, dite mosquée bleue. L endroit est noir de monde. Les touristes viennent ici des quatre coins de la planète. Nous rencontrons des péruviens, des chiliens, des canadiens, des étatsuniens, des chinois avec lesquels nous pouvons échanger quelques mots en espagnol ou en anglais. Tous sont surpris que nous connaissions si bien leur pays. Nous croisons aussi des coréens, des italiens, des français, etc. Il faut dire que deux gros paquebots ancrés à l entrée du Bosphore ont déchargé une importante cargaison de passager. Chaque bâtiment comporte au moins une dizaine d étage. Les visites se font à la queue leu-leu. Les femmes ont droit à une inspection détaillée pour s assurer de la décence de leur tenue : épaules, têtes ou jambes nues sont refoulées. Des tissus sont à disposition pour se couvrir le corps. Heureusement, depuis le début de notre voyage et pour visiter les villes, j ai coutume de m habiller d une façon qui contente à peu près tous les principes religieux, qu ils soient catholiques, bouddhistes ou musulmans. Je transporte avec moi un foulard qui m évite de me couvrir d un chiffon dont on ne sait trop sur quelle tête il a été posé. Je passe donc avec succès l inspection des matrones. Dernière obligation, enlever les chaussures avant d entrer. Tout est organisé. Des petits sacs en plastique sont à disposition pour transporter les souliers ; car on ne ressort pas par l endroit où on est entré. Toutes ces formalités accomplies, on peut enfin admirer l intérieur de la mosquée, couvert de mosaïques bleues. Ambiance Notre Dame de Paris. Difficile d imaginer que nous sommes dans un lieu de culte. On se photographie le voile sur la tête pour faire couleur local et on pouffe, histoire de se moquer un peu. Heureusement pour les croyants, le centre de la mosquée est réservé à la prière pour les hommes ainsi que de petits salons privés, dans des recoins pour les femmes, cachés derrière des paravents. Nous ressortons, passons devant l ancienne cathédrale Sainte Sophie pour aller visiter le palais de Topkapi. L attente aux guichets est interminable. Il faut présenter son passeport. L homme placé juste devant nous tient dans la main les passeports de son épouse et de ses enfants : une douzaine!!! Tout ce monde nous fait penser à la Cité Interdite à Pékin que nous avions visité le 1er mai, jour de la fête du Travail. Nous finissons par pénétrer dans l enceinte du palais. Le grand jardin est bordé de bâtiments abritant des salles d exposition. Partout, les photos sont interdites. J enrage! Une fois encore, nous ne rapporterons pas de souvenir de ce palais qui s effacera rapidement de nos mémoires. A la boutique du palais, nous achetons un livre en français relatant les aventures philosophiques de Nasredine Hodja, humoriste turc du XIIIe siècle. Le personnage est très populaire dans tout le monde turc et nous avions découvert sa statue pour la première fois à Boukhara, en Ouzbékistan. Nous finissons notre visite par le harem. De notre point de vue, c est la partie la plus intéressante du palais. Peut-être parce qu on peut y ressentir un peu la vie que menait autrefois les hôtes de cette prison dorée. Nous avions eu l occasion de visiter un harem à Khiva, toujours en Ouzbékistan. L endroit nous avait paru vraiment sordide. Celui du palais de Topkapi est plus vaste, plus clair. Les femmes et concubines disposaient de plus d espace pour vivre même si l endroit restait une prison.

Nous prenons le chemin du retour en traversant les jardins de Gülhané. Une photo devant la statue d Atatürk, le Père des Turcs. Le parc est envahi de familles venues ici pique niquer et se détendre. L allée principale débouche au confluent de la Corne d Or et du détroit du Bosphore. Nous sommes en fin d après midi et le marché de nuit s installe sur les quais. La foule se fait de plus en plus dense. On circule tant bien que mal au milieu des stands de brochettes d où s échappent les fumées des sardines grillées. Partout des tables basses et des petits tabourets. On s installe en famille pour déguster des sandwichs de poissons grillés. Ici on vend des jus d oranges pressées, là on propose des poules fraîches accompagnées de rondelles de citron. Au sol, les marchands forains ont étalé leurs bâches pour vendre chaussures, montres, coques de téléphones, jouets et une multitude de babioles. Nous remontons avec difficulté cette marée humaine pour rejoindre la station des ferries d Eminönu. Nous l atteignons complètement épuisés par ce coude à coude et cette animation incroyable. C est donc avec plaisir que nous embarquons sur le traversier qui nous ramène dans le quartier de Kadiköy, sur la rive asiatique. Ici aussi, le marché de nuit s est installé. Mais il est beaucoup moins important que sur les rives de la Corne d Or et nous rentrons sans encombre à l hôtel pour nous écrouler dans notre chambre. La réception de l hôtel nous avait précisé que la ville serait vide aujourd hui à cause des fêtes d Aïd el Fitri! Nous avons du mal à imaginer comment est la ville lorsqu elle est animée! Turquie Istanbul 09/08/2013 Objectif du jour : trouver une laverie pour le linge. Nous errons dans le quartier de Kadiköy, suite à une série de quiproquos. Difficile de se faire comprendre lorsqu on ne parle pas un mot de la langue d Ata Türk. L épicier du coin nous envoie à un magasin de vêtements qui nous suggère la boutique de lingerie voisine. L aimable commerçante nous dirige chez «Migro», la supérette du quartier. Elle pensait que nous voulions acheter de la lessive. Le personnel de chez «Migro», au grand complet, nous entoure, impuissant, jusqu à ce qu une vendeuse nous indique un centre commercial à trois kilomètres d ici. Nous jetons l éponge et décidons de revenir à l hôtel que nous n aurions jamais dû quitter. En effet, le réceptionniste connaît une laverie à deux pas de l Haydarpasa Pansiyon où nous logeons. Sacs de linge sale sous le bras, nous nous rendons à la blanchisserie. Il est midi. Tout devrait être lavé et séché pour 16h00. Nous sommes arrivés à temps. La boutique ferme ce soir pour les «bayran», les vacances et ne rouvrira que lundi. Nous mangeons avec plaisir dans un petit restaurant de quartier au bas d une «sokak», une ruelle qui grimpe tout droit jusqu au sommet de la colline de Kadiköy : moussaka, chorba (soupe) et djadjik, une soupe froide au yaourt qui nous rappelle fortement l okrochka russe. Nous rentrons à l hôtel la panse un peu trop pleine. Après avoir passé l après midi dans notre chambre, nous ressortons un court instant pour aller chercher notre linge et rentrons vite pour nous mettre à l abri de la chaleur.

Turquie Istanbul 10/08/2013 Aujourd hui, nous avons prévu d aller visiter le parc de «Miniaturk», au nord-est de l estuaire de la Corne d Or. Nous nous rendons à l embarcadère des traversiers de Kadiköy. En chemin, nous tentons de décrypter les enseignes des magasins. Il ya le «Kuaför», le marchand d «aksesuar» pour «telefon», le magasin d «optik», le vendeur d «otantik sandvis», l arrêt d «otobus», la «stasiyon de taksi». Bref, nous commençons à savoir lire le turc. Le ferry nous conduit à la station d Eminönu, traversant le confluent de la Corne d Or et du détroit du Bosphore. De là, le bus n 47 nous emporte par monts et par vaux jusqu au parc de «Miniaturk». Il y a foule. Les cars de tourisme sont nombreux. Depuis les rives de l estuaire, nous voyons les maisons grimpant à l assaut des collines. Le parc n est pas très grand. Mais deux heures sont bien nécessaires pour faire le tour de toutes les maquettes de monuments et sites emblématiques de la Turquie. «Miniaturk» est divisé en trois zones : la Turquie dans son ensemble, les monuments turcs hors de Turquie et les édifices d Istanbul. Intéressant pour préparer notre périple dans le pays. Vers midi, nous reprenons le bus pour nous rendre sur la colline de la tour de Galata. Nous découvrons à Istanbul un système de paiement des bus tout à fait inédit pour nous. Il n existe pas de vente de ticket à l unité. Il faut obligatoirement se munir d une carte prépayée que n ont pas la plupart des touristes. Pour arrondir leurs fins de mois, marchands à la sauvette et gamins font bénéficier de leur propre carte moyennant une commission. Bref, un vendeur de jus d orange nous valide deux trajets sur le bus n 36 qui nous dépose presque au pied de la tour. Nous flânons dans le quartier dont l ambiance rappelle un peu celui de Montmartre à Paris. Les anciennes maisons sont assez bien conservées. Elles abritent boutiques et restaurant dont la plupart sont fermés aujourd hui. Nous trouvons néanmoins à nous restaurer avant de faire la queue pour entrer dans la tour. Construite au XIVe siècle, elle resta longtemps le monument le plus haut de la ville. Depuis le sommet, on a une vue impressionnante à 360 sur Istanbul. Elle est principalement occupée par un restaurant mais on peu grimper jusqu au balcon circulaire moyennant finances. Le regard porte aussi bien sur le détroit du Bosphore que sur la Corne d Or et le Palais de Topkapi. Nous ne regrettons pas les quelques liras dépensées. De retour sur le plancher des vaches, nous prenons le chemin du retour en empruntant les ruelles et les escaliers qui conduisent au pied de la colline, juste en face du grand pont de Galata. Une fois encore, nous arrivons au moment où s installe le marché de nuit. Le pont est envahi par les pêcheurs à la ligne qui louent leur canne pour quelques heures. La pêche ne paraît pas miraculeuse et l odeur de poisson vient des stands enfumés sur lesquels grillent les sardines. Nous retrouvons la même cohue que deux jours plus tôt avec les vendeurs de moules, d épis de maïs grillés, de jus de fruits, de biscuits et de bazars en tout genre. C est donc avec les mêmes difficultés que nous nous frayons un chemin au milieu de la foule pour rejoindre l embarcadère pour Kadiköy. Se souffle de vie qui anime les rues d Istanbul le soir venu est extraordinaire mais nous épuise complètement. Nous n avons plus vingt ans et se tumulte nous étourdi. C est donc à nouveau avec un grand plaisir que nous nous éloignons de la foule pour entrer à l hôtel. A notre retour, nous profitons d internet pour entrer en contact avec la France. Une bonne nouvelle nous attend. Un cabinet d assurance à enfin accepté d assurer notre véhicule pour notre retour en Europe. Nous disposons donc d une «carte verte» à compter du 15 septembre. Notre fils nous transmet l attestation par courriel et ainsi, après l avoir imprimée, nous allons pourvoir nous rendre au bureau des douanes pour faire prolonger notre autorisation de circuler en Turquie avec la voiture.

Turquie Istanbul 11/08/2013 Journée dans le quartier de Kadiköy à Istanbul. Demain nous reprenons la route et devons mettre le camping-car en ordre de marche. Avec l aide du gardien du parking, nous faisons le plein d eau dans la cour de l hôtel. Puis, direction «Migro», la supérette repérée il y a duex jours. Nous nous familiarisons avec les nouvelles étiquettes. Le «moloko» (lait) russe, est devenu du «süt» turc. Nous ne manquerons pas de yaourt dans un pays où il se vend par seaux de 5 kg. Nous avons goûté ceux du petit épicier du coin et nous pensons que se sont sans doute les meilleurs yaourts de la planète : fermes, au goût rustique, couverts d une fine pellicule jaune. Un vrai délice. Modestement, nous en achetons deux barquettes de 1 kg. En revanche, nous avons retrouvé les prix européens. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle concernant les laitages. Nous achetons une sorte de feta, bien décidés à renouer avec les salades. Il est déjà midi lorsque nous rentrons déposer nos provisions dans le camping-car. Sitôt après, nous rendons une visite au restaurant de quartier dans lequel nous avons déjà mangé vendredi. Bien que nous soyons dimanche, plusieurs boutiques, fermées pendant les fêtes, sont maintenant ouvertes. Au restaurant nous saluons par les premiers mots turcs que nous avons pu mémoriser : «gün aydine» (bonjour), «Techek kurlar» (merci beaucoup), «alasmaladek» (au revoir), ce dernier, uniquement pour celui qui part. Celui qui reste salue celui qui part avec un «gülé gülé». De retour à l hôtel et grâce à un traducteur en ligne, nous préparons quelques phrases en turc pour tenter de nous expliquer avec le bureau des douanes. Demain, nous allons tenter de faire prolonger notre autorisation temporaire d importation du véhicule. Puis, nous préparons notre itinéraire pour visiter le pays. Par manque de temps, nous avons décidé de ne pas aller dans l est de la Turquie. En effet, un impératif familial nous impose de faire un séjour en France entre la fin septembre et la fin octobre : notre fille attend un heureux évènement. Nous avons prévu de nous rendre en Grèce à la mi septembre. Nous laisserons le véhicule dans un camping et prendrons l avion pour la France. Au mois d octobre, nous reviendrons en Grèce pour finir tranquillement notre périple en voiture jusqu à notre port d attache. Ainsi s achèvera notre boucle autour du monde. Ce retour au pays reste un grand point d interrogation. Nous ne savons pas comment nous allons pouvoir nous«réaclimater», quelle direction prendra notre vie future même si nous avons déjà quelques projets en tête. En ce qui me concerne, une véritable inquiétude commence à poindre entre plaisir de retrouver ceux que nous aimons, fierté d avoir réussi à surmonter tous les obstacles pour faire le tour du monde, tristesse de voir s achever notre merveilleux périple et difficulté à élaborer concrètement notre avenir.

Turquie Istanbul 12/08/2013 Lever 6h00. Avant de quitter Istanbul, nous retournons au port d Haydarpasa Limani, dans l espoir de faire prolonger l autorisation d importation du véhicule. Mais comme nous le craignions, l administration du port refuse de faire la modification et nous renvoie à un bureau des douanes situé à l autre bout de la ville, en direction d Ankara. Un bon ange (quelque peu intéressé), veille sur nous. Contre monnaie sonnante et trébuchante, un employé du port accepte de nous piloter jusqu à destination. Nous parcourons ainsi une dizaine de kilomètres avant d arriver dans une enceinte pleine de camions. Avec notre fiche de traduction, Georges se rend seul dans les bureaux. Ce n est pas un univers de femmes ; je l attends dans le camping-car. Pendant ce temps, mon homme court de guichet en guichet jusqu à ce qu un camionneur complaisant le dirige vers le bon service. Ce n est qu après l intervention d un «chef» qu il obtient finalement gain de cause et revient triomphant au camping-car : nous pouvons rester en Turquie jusqu au mois de décembre. Nous prenons la route en direction de l est, l esprit plus serein. Les rives nord de la mer de Marmara sont jalonnées de ports et totalement urbanisées. Voies rapides et autoroutes se chevauchent et s entrecroisent. Nous avons hâte de quitter cette zone de constructions ininterrompues. Nous roulons donc jusqu à Kartepé, au bord du lac de Sapanca. Nous nous installons pour le repas de midi sur le parking d un petit parc de loisirs proposant des circuits de ski nautique tractés par un câble sur le lac, un peu comme un tire-fesses dans les stations de sports d hiver. A 16h00, nous repartons pour emprunter une voie rapide sans grand intérêt. Pour ceux qui viennent de France, la Turquie paraît un monde lointain, la porte de l Asie. Pour nous, venant d extrême orient, nous retrouvons au contraire des décors familiers, très européanisés. En fin d après midi, nous bifurquons sur une petite route secondaire qui dessert des villages. Nous nous apprêtons à nous installer en bordure d un champ lorsqu un berger, coiffé façon Zanini, vient nous faire comprendre qu il est dangereux de stationner ainsi en rase campagne, à la merci des brigands. Il nous conseille vivement d aller nous garer un peu plus loin, au centre du village. S agissant de notre premier bivouac en Turquie, nous ne savons pas trop que penser. Finalement, nous décidons de suivre son conseil. C est ainsi que nous nous garons sur le parking d un petit parc de loisir communal près d un enclos où paissent des veaux à l embouche. Avec la fraîcheur du soir, le petit parc s anime. Dans la guinguette en bois, on vient boire une tasse de thé chauffé à l aide d un drôle de petit poêle portatif muni d un court tuyau de cheminée. Les mamans et les grands pères surveillent les enfants qui s amusent avec les toboggans et balançoires aux couleurs vives. Des gamins jouent aux foutbol sur la pelouse. Dans son enclos, un jeune taurillon lance des meuglements désespéré. Le berger communal rencontré plus tôt, ramène du bout de sa badine, chaque vache à son propriétaire. La nuit est déjà tombée depuis longtemps lorsque le silence se fait enfin.

Turquie Mer Noire 13/08/2013 Le petit parc communal est resté animé par les familles une grande partie de la soirée. Dommage que nous ne parlions pas un mot de turc pour échanger et communiquer. Ce matin, nous partons sous le regard de deux gamins à vélo. Le berger «Zanini» a déjà fait sa tournée, rassemblant toutes les vaches du village pour les conduire dans un pâturage. Ce soir, il fera l opération en sens inverse. La route D100 que nous suivons en direction de l est est une bonne voie rapide. Elle longe l autoroute payante dont nous ne comprenons pas l utilité. Les poids lourds sons assez rares sur la route nationale et nous préférons rouler paisiblement, traverser villes et villages, faire halte où bon nous semble. A Hendek, nous repérons une enseigne «Ekmek» (pain). Les boulangeries atrisanales sont nombreuses dans cette partie de la Turquie. Dans les ex pays de l URSS, nous ne trouvions que le pain industriel dans les épiceries. Plus nous avançons en direction de l orient, plus le paysage est montagneux, couvert de forêts de résineux. On se croirait presque chez soi. Nous franchissons le col de Bollu Dagi à 950 mètres d altitude. Bolu. Nous faisons le plein de «motorin» (diesel). Les prix du carburant sont extrêmement variables d une station à l autre. Vu la cherté du produit, mieux vaut être attentifs aux étiquettes. Quelques kilomètres plus loin, nous nous posons sur le pré communal du petit village de Yanicepinar, à la recherche d un peu d ombre. Comme par magie, les habitants affluent vers nous depuis les maisons. Désolés de ne pouvoir communiquer avec nous. Les femmes portent de très larges pantalons bouffants dont l entrejambe se situe quasi aux chevilles. Il nous semble que la mode à diffué ce genre de tenue en France sous le nom de sarouel. Elles portent se vêtement élastiqué à la taille sur un ample chemisier. Le fichu sur la tête est la règle. Nous parvenons juste à faire comprendre que nous sommes français. Après le repas et un instant de repos, nous repartons en direction de Safranbolu et de la «Karadeniz» (la mer Noire). La voie rapide nous conduit toujours à travers villes et villages. A l entrée de chaque agglomération, un panneau indique le nom, le «nüfüs» (la population, ou nombre d habitants) et l altitude. Nous passons deux cols à près de 1 400m d altitude. De l autre côté du massif montagneux, la terre est plus aride, couverte de chaumes blonds et piquée d arbres isolés. Ici, le mont Naldöken domine à 1 912m d altitude. Nous bifurquons au nord en direction de Krabük, toujours sur une voie rapide, large et bien entretenue. A Esikpasar, un panneau directionnel marron indique le site archéologique de Hadrianopolis. Nous décidons de tenter un bivouac près des ruines. La petite route nous conduit à travers une campagne vallonnée jusqu à Hadrianopolis. Un parking herbeux en contrebas. Nous nous installons près des fondations d une ancienne église. Puis, nous partons explorer les environs. Grâces aux quelques pierres dressées ça et là ainsi qu à notre imagination fertile, nous tentons de reconstituer la vie de cette petite cité perdue dans la campagne. Sans doute une bourgade avec ses maisons, ses ateliers et commerces, ses thermes, son église. Des cochons, des moutons, des chèvres et des ânes, circulant dans les ruelles pavées pour entrer à l étable le soir venu. Un berger qui rassemble les vaches et les emmène aux pâturages. Un village turc d aujourd hui, quelques dizaines de siècles en arrière, sans autre chemin d accès que celui tracé par les ânes. Mais sans doute, comme aujourd hui, avec les mêmes femmes et enfants cueillant les fruits de l églantier pour faire de la confiture de «gratte-cul». Nous apprécions cet endroit paisible, perdu au milieu des herbes folles. Seul le chant du muézine nous parvient pour nous rappeler que nous sommes dans la Turquie d aujourd hui avec ses minarets qui ont remplacé les églises byzantines ou les temples nestoriens. Et tant pis si notre imagination défie les vérités historiques.

Turquie Mer Noire 14/08/2013 Nuit paisible près des soubassements de l antique église. Aujourd hui, nous avons prévu de visiter le village Ottoman de Safranbolu, qui comme son nom l indique s est fait une spécialité dans la culture du safran. La bourgade est inscrite au Patrimoine Mondial de l Humanité depuis 1994. Depuis le XVIIe siècle, la petite cité prospère sur une route commerciale entre le cœur de la Turquie et la mer Noire. La majorité des habitants, riches commerçants, étaient des grecs ottomans qui ont fuit la région au cours de la seconde guerre mondiale. Safranbolu s est assoupie au cours du XXe siècle avec la naissance de la sidérurgie autour de Karabük, 10km plus loin. Aujourd hui, avec l explosion de la construction, les deux agglomérations forment un seul tissu urbain et, depuis les falaises de grès, les immeubles dominent le vieux Safranbolu, blotti au fond de la vallée. C est pourquoi nous nous perdons dans les nouveaux quartiers avant de retrouver le bon chemin en montrant des photos du site. Les maisons massives, crépies de blanc, cachent, pour les plus anciennes, des colombages de bois et de torchis. Les toitures à quatre pans, autrefois couvertes de tuiles romaines, sont peu à peu coiffées de tuiles plates. Sans doute pour ménager plus d espace dans les rues pavées, les rez-de-chaussée sont en retrait sous des encorbellements. Nous nous garons dans la partie habitée du village pour nous rendre à pied dans le cœur touristique, aménagé autour de la mosquée, du souk et du hammam. Avec ses maisons à colombage et ses tonnelles couvertes de vigne grimpante, Safranbolu prend des airs de village alsacien. Mais l endroit est une succession d hôtels, restaurants et boutiques à touristes qui nous lasse vite. Nous mangeons deux «gözlémé» (crêpes) à peine garnis dans un «gözléci». Puis, encore sur notre faim, nous savourons deux baklavas aux pistaches dans un café. Finalement, nous échappons à la foule par des ruelles ombragées qui nous ramène dans la zone habitée. C est le seul endroit où nous retrouvons un peu de parfum d authenticité. Nous reprenons la route D 755 en direction de Bartin. Je m endors alors que la route grimpe en direction du col d Ahmet Usta à 1 030m. Lorsque je m éveille, nous roulons dans un tunnel de verdure longeant la rivière Ova, presque à sec. Il est temps de chercher un bivouac. Nous tournons à droite sur une petite route qui se faufile dans un vallon et découvrons une vaste clairière herbeuse dans la forêt. Une famille turque à déjà investi les lieux pour pique-niquer. Grâce aux quelques mots d allemand que je maîtrise, nous pouvons faire plus ample connaissance. Toute la famille présente, 12 personnes, habite en Allemagne. Seuls le grand père et la grand-mère, ainsi que la fille aînée sont nés en Turquie. La tribu à établi une tradition et chaque année, tout le monde se retrouve ici, dans cette clairière pour tuer le mouton et le faire griller sur un grand feu de bois. Les grands parents vivent 6 mois en Allemagne et 6 mois en Turquie. Le chef de famille est fier de nous expliquer qu il a participé à la construction de la fontaine, juste au dessus de la clairière. Nous avons en effet constaté qu on trouve des fontaines publiques partout sur le bord des routes. Derrière les buissons, nous assistons au dépeçage du mouton. Puis, laissant la famille profiter des retrouvailles, nous partons faire une petite promenade dans le bois paisible. C est là que nous trouvons une autre fontaine, moussue, perdue sous les branchages. Mais aussi un autre emplacement, encore plus paisible pour bivouaquer. De retour à la clairière, nous nous voyons offrir de beaux morceaux de mouton grillé accompagnés d une miche de pain. Nous partageons ensemble le repas, accompagné de thé, assis au milieu de la famille. Puis, la nuit tombant, nos amis de rencontre s envolent sous d autres cieux. Gülé Gülé! Nous décidons de migrer de l autre côté de la rivière, dans une petite clairière idyllique, perdue au milieu de la forêt.