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J. RrLA%f% ÉCOLOGIE TERRESTRE ET APPLIQUÉE Université de Clermont-Fd il Les Cezeaux - B.P. 45 NOTU LAE 63170 Aubière 7 (73) 26-41-10 ODONATOLOG ICAE semiannual bulletin of the international odonatological society, SOCIETAS INTERNATIONALIS ODONATOLOGICA (S.I.O.), Utrecht Notul. odonatol. Vol. 2 No. 1 pp. 1-16 June 1, 1983 Editorial address: c/ o Department of Animal Cytogenetics and Cytotaxonomy, University of Utrecht, Padualaan 8, Utrecht, The Netherlands (For thepersonaladdresses offhe Members o/ the Editorial Board see the last page). Contents: FRANCEZ, A.J. & J. BRUNHES, Odonates des tourbières d Auvergne (Massif Central français) et répartition en France des odonates d altitude; - Brief Notes and Records: AGUIAR, C. & S. AGUIAR, Brachythemis leucosticta (Burm.) and Trithemis annulata (P. de Beauv.) in Portugal (Anisoptera: Libellulidae); - DONATH, H., Verxnderungen in der Libellenfauna des Oberspreewaldes, Deutsche Demokratische Republik; - DUMONT, H.J., On the dragonflies, of the Ethiopian Plateau and Lake Tana; - FERRERAS ROMERO, M., Notas sobre la fauna odonatologica de la Laguna de Zoñar, Andalucia, España; - GLOYD, L.K., The type species of the genus Paragomphus Cowley, 1934 (Anisoptera: Gomphidae); - HILTON, D.F.J., Severed male abdomens in tandem with female Nehalennia gracilis Morse (Zygoptera Coenagrionidae); - KIAUTA, B. & M. KIAUTA, Further notes on Philippine odonate karyotypes; - RAM, R., V.D. SRIVASTAVA& M. PRASAD, AnoteonacollectionofOdonata from eastern Uttar Pradesh, India; - Book Review: JURZITZA, G., The wing vein homologies and phylogeny of the Odonata, by F.L. Carle - [A comment]. ODONATES DES TOURBIÈRES DAUVERGNE (MASSIF CENTRAL FRANÇAIS) ET RÉPARTITION EN FRANCE DES ODONATES D ALTITUDE A.J. FRANCEZ et J. BRUNHES Laboratoire d Ecologie terrestre et appliquée, Université de Clermont-Ferrand II, B.P. 45, F-63170 Aubière, France -4 Abstract - ODONATA OF SPHAGNUM BOGS IN AUVERGNE (MASSIF CENTRAL, FRANCE), AND DISTRIBU- TION OF THE MONTANE ODONATA IN FRANCE - 24 spp. are recorded from 8 sphagnum bogs, among which Levri,.~ i3iridi.v is new for the Auvergne region. The occurrence of larval stages in various bogs is described, the phenology of the habitats is analysed, and the biogeographic composition of the local Fauna is discussed and compared with that of other French sphagnum bogs. In addition, a review is provided of the current knowledge on French montane dragonllies. I. i Introduction Dans le cadre d une étude globale des biocénoses animales des tourbières d Auvergne, nous avons récolté de nombreux odonates aux stades hrvaires et imaginal. Ce travail conduit de 1979 i 1981 nous permet d apporter quelques compléments aux observations effectuées par EUSEBIO (1924, 1926) et par AGUESSE (1964) en ce qui concerne les odonates des biotopes tourbeux du Massif Central. Sites ftudifs et espèccs rfeoltfes Les huit sites retenus pour notre-&udc se trouvent tous au sud de Bcsse-en-Chandesse, A 0- R. S.T. O. M. Fdnds Documentaire Gota o

J " c 'w' 2 Notul. odonatol., Vol. 2, No. 1, pp. 1-16, June 1, 1983 la limite des départements du Puy-de-Dôme (63) et du Cantal (15) àdes altitudes comprises entre 1050 et 1280 m (Fig. I). Caractéristiques des biotopes Les sites considérés sont constitués d'une mosaïque de faciès propres à chaque étape de formation de la tourbière. I1 convient donc de discemer les divers biotopes favorables au développement des donates et d'en dégager les principales caractéristiques; nous avons distingué: - la zone littorale des lacs (6,3 < ph < 8,5) od s'installent les plantes lacustres (Polygonum amphibium. Potaniogeton natans. etc.) puis les plantes pionnières (Equisericm jluviatile, Carex lasiocarpa. Menyanthes írifoliata, etc.); - le bas-marais eutrophe et mésotrophe (5,5 < ph < 6.5) od les sphaignes (Sphagnirm contoriiini, S. teres# S. ivarnsroifii) émergent de flaques (gouilles) plus ou moins grandes, cette. zone est inondée en hiver et ne s'assèche que très partiellement en ét& disséminés des "trous d'eau'' qui ne subsistent plus en été qu'à I'état de boue; - les fosses de tourbage (3,8 < ph < 6,5) résultant de l'exploitation du marais; elles sont de taille variable (0,50 à 1,50 m deprofondeur et 5 à 100 m2 environ de surface) selon le degré de recolonisation par les végétaux (Drepanocladetum.fliiitantis, Carex, etc.);' - les ruisseaux @H voisin de 7) traversant la tourbière avec une végétation plus ou moins abondante (Fonritialis sp.. renoncules, etc.). Parmi les sites étudiés, il convient de distinguer deux principaux sous-ensembles. Le premier rassemble les tourbières en fin d'évolution od le haut-marais à Calluna vulgaris domine et dans lequel de nombreuses fosses de tourbage ont été creusées (Graspets, Jassy et la Plaine Jacquot); le bas-marais y est en général faiblement représenté. Le deuxième groupe de sites comprend toujours un lac que borde une tourbière (Bourdouze, Chambedaze, Esclauze, La Godivelle et Montcineyre); on y trouve tous les stades évolutifs précédemment décrits; cependant à Montcineyre, le hautmarais à Calluna viilgaris est absent. Odonates recensés Le Tableau I dans lequel figurent les peuplements observés dans les différents sites neumantre qu'au total 25 espèces ont été récoltées parmi lesquelles 11 zygoptères et 14 anisoptères. AGUESSE (1964) n'avait capturé ni Aeshna jirncea ni Lesles viridis. Par contre, nous n'avons pas retrouvé Aeshna caerirlea signalée par cet auteur au' Bourdouze. Ce tableau montre que, dans les sites où les gites larvaires sont peu variés, la richesse du peupkment est faible. Seules 4 espèces y sont régulièrement observées: Lesrrssponsa, Aeshna,jiiticea,.5)~tnprrrirm danar et Lriicorrhitiia dithia. Fig. I. Carte de situation dcs tourbières prospectées: Nous y avons aussi récolté, mais de façon plus sporadique, Lestes dryas. - le bas-marais oligotrophe et le haut-marais Coi~na,qrion hastulatum. Aeshna cyanea. Coractif (3 < ph < 5.5) avec,.-.sphri,qniim rhilia'aenea~ Libellula' qiradrimaculata et Symnirr,qc~~riiic~rii~~. S. ra~~c~~irm. S. phhatrc.. S. perritni,/~~rn~ea~imi. angirst~fofbliii~i, etc., dans lesquels sont également Dans les milieux plus complexes od se,

k. 5 o. '

4 Notul. cdonatol., Vol. 2, No. 1, pp. 1-16, June 1, 1983 I * i peu d.obswations HA UT- M A R A IS Fig. 2. Gite préimaginaux des principales especes observées. dis, espèces à affinité montagnarde, A. cyanra, dans les lacs-tourbières étudiés, ne pond que dans les sphaignes ou dans les parois des fosses de tourbage. Dans les étangs de basse altitude, caractérisés par l'absence d'a. jirncra et par la faible représentation d'a. grandis. les pontes d'a. c:i"wa sont effectuées dans les végétaux qui bordent ces plans d'eau. Les espèces du genre Aeshna semblent donc se partager les différents gîtes potentiels en fonction de leur propre écologie mais aussi en fonction des rapports de compétition qu'elles entretiennent entre elles. Libellicla hpressa est considérée par DUFOUR (1978) comme une espèce pionnière dont les populations régresseraient avec l'apparition de I.. 4imrlriniacirlafa. Sa rareté dans les zones humides étudiées pourrait ainsi être corrélée avec l'abondance de cette dernière. Phénologie des espèces observées Dans la Figure 3 nous avons rassemblé les informations recueillies en 1980 et en 1981; elles concement tous les sites quant aux dates d'apparition et de disparition des principales es+ces observées; les indiccs d'abondance ne renitent toutefois que I'évaluation des popu- lations des lacs tourbières de Chambedaze et de La Godivelle. Ce tableau permet d'autre part de montrer les fluctuations possibles des périodes de vol sur deux années successives. Le décalage moyen entre les premières éclosions en plaine et en altitude semble être, d'après nos observations dans le Puy-de-Dôme, de 2 à 3 semaines. Pour la zone étudiée (altitude > 1000 m) la période de vol des odonates commence au début du mois de juin et se termine à la fin du mois d'octobre. Enallagnra qw/h(qrrttnf se rencontre tout au long de la belle saison, son maximum d'abondance se situe aux mois de juillet et d'août. Cinq espèces présentent d'autre part une longue période de vol: Ca1oprc~c:i:u ~*ir:ya P.~~rrliosotna ri~wipl~iila, Uhellirla qimrlriniacicla!a, Aesliria gratic1i.v et Sjnipc/ricnr clatroe Les espèces les plus précoces et les plus éphémères sont I.ilwIhrla rlcprcssa. I.i~iicorr1iirtia drhia, CoivaKrion Iia,s~irlatriin'et C. pitella. II faut noter enfin la succession dans le temps d'espèces exploitant un même hiotope. Ce phénomène est observé pour Cbrclirlia a ~ ~ cet i ~ ~ t Sonia/oclikrci nii~~rillic~i. D'après DEG RANGE '

JUIL. Notul. odonatol., Vol. 2, No. 1, pp. 1-16, June 1, 1983 5 JUIN ~, AOUT, SEPT. OCT. - JUIN, JUIL, AOUT, SEPT.,OCT. I I I Fig. 3. Phénologie des espèces observées. & SEASSAU (1970). il en est de même pour Leucorrhinia dubia et Sympeirum danae dans les hautes tourbières du Dauphiné. Dans notre région ces 2 espèces n'occupent pas exactement les mêmes biotopes. Selon les termes de la phénologie, 8 espèces peuvent être qualifiées de "printanières tardives"; Enallagma cyaihi.prrum. Pvrrhosoma nymphula. Libellula quadrimaculaia. Ca1opiery.v virgo, L depressa. Leucowhinia dubia. Coenagrion hastulaium et C. puella. Les autres espèces doivent être considérées, pour la région étudiée, comme des esptces "estivales". Enfin quelques espèces ont été trop peu observées pour que leur période de vol puisse être précisée: Ischnura elegans (18-VIII-8 l), Lesies viridis ( 15-IX-80), Cordulegasier bottoni (18-VIII-81), Coenagrion lunularu" (13-VII-81), Sympeirum siriolarum (29-VII1-80) et Anax imperaior (2-VII-81). Cette dernière espèce a été signalée par AGUESSE en 1964 au,lac Bourdouze de la fin du mois de juin.à la fin du mois d'août. D'autre part. la Figure 4 nous montre que le peuplement est le plus riche pendant le mois d'août (14 espèces présentes soit presque les 2/3 de la faune recensée). Des fluctuations importantes entre 1980 et 1981 ont pu être observées au mois de juin; elles s'expliquent par des différences de conditions climatiques plus ou moins rigoureusesà cette époque de l'année. Ce graphique fait donc ressortir les variations possibles des époques d'apparition des libellules et souligne la brièveté de la période de vol des odonates dans ces zones d'altitude. HOMBRE D'ESPkCES 4,...- 01980 Fig. 4. Richesse mensuullc du pcuplcmunt en 1980 ct cn ISXI.

6 Notul: odonatol., Vol. 2, No. 1, pp. 1-16, June 1, 1983 Faunistique Les odonates et les tourbières à sphaignes Plusieurs auteurs ont établi des relations entre les odonates et le milieu tourbeux. Selon SCHMIDT (1967), les libellules que nous avons récoltées se répartissent ainsi: - caractéristiques des tourbières: (a) "Hochmoorlibellen", Aeshna coerulea, Leucorrhinia dubia: (b) "Moorlibellen": Cornagrion hastulatum. Aeshna juncea, Sympetrum danar: (c) "Teichlibellen": Enallagma cyathigerum, Lestes sponsa, Cordulia aenea. Libellula quadrimaculata; - tolérantes: Coenagrion puella. C. htnulaiitni, P.yrrhosoma nymphitla. Aeshna cyanea. A.grandis, Si fmpetruni Javeolum: - étrangères à la tourbière: (a) espèces d'eau courante: C'a1optery.v virgo. Corrlirle~paster boltoni: (b) autres espèces: Eiykrotnma najas, Ischnura elegans. Lestes riiyas, L. viridis. Ana.v iniperator; Soniaiodtiora nreiallica. Libellida deprevsaet Sjnipetritm striolatum. II ressort clairement de l'examen de cette classification que, lorsque les gîtes larvaires sont variés comme à Chambedaze età La Godivelle, con observe dans chaque site une répartition équilibrée entre les espèces caractéristiques (6 et 8), les espèces tolérantes (6 et 6) et les espèces étrangères (6 et 7). Par contre, dans les tourbières o3 seul le haut-marais est bien représenté, les espèces caractéristiques dominent très largement le peuplement (5/7 aux Graspets, 6/8 à Jassy, 'et 5/9 à la Plaine Jacquot). viridis. Anas imperator; Cordule.yaster boltoni, Synipetrutn striolatum; - éléments de transition: (a) eurosibériens à expansion méditerranéenne: Erythromnia najas, Calopteryv virgo, Aeshna cyanea. Libellula depressa; (b) méditerranéens à expansion eurosibérienne: Cornagrion puella, Pwrhosonm n.yn7phrila. Ischnura elegans. La prédominance des espèces eurosibériennes (56%) dont l'aire de répartition atteint le cercle polaire arctique se révèle donc massive dans les massifs montagneux auvergnats. Ces espèces pénètrent profondément vers le sud à la faveur du Massif Central où elles trouvent en altitude des biotopes favorables à leur développement alors que les espèces méditerranéennes typiques pourtant géographiquement voisines n'y sont que faiblement représentées (16%). Discussion et conclusion Les odonates du Massif Central et tout particulièrement ceux des hautes régions n'ont suscité que bien peu d'études. II est par conséquent difficile d'évaluer avec quelque certitude I'évolution de leurs populations. Néanmoins ces travaux antérieurs permettent d'envisager quelques points de comparaison. AGUESSE (1964) signale, au-dessus de 1000 m d'altitude, la présence de 22 espèces dont 2 n'ont pas été retrouvées en 1979-81: Aeshna coerztlea et S~~rnpetrimi vitl,patrrtn. ' Par contre, dans le recensement decet auteur ne figurent pas à cette altitude Aeshna jitncea. Libelhtla deprexva~ Sj~mpetrum striolatum. Ischmrrn eie,pan.s, et Lestes viridis. Pour ces 3 demières espèces nous n'avons pas la preuve de leur reproduction dans Spectre chorologique les zones étudiées mais elles sont fréquentes à Nous nous sommes référés au travail de ST. plus basse altitude. ileshna jitncea, déjà signalée QUENTIN (1960) pour établir les différents en Auvergne au lac deguéry(eusebio,1924), groups faunistiques. Selon les propositions de nous est apparue commune à toutes les zones cet auteur, les odonates des zones humides humides d'altitude. Cela nous incite à rejoindre d'altitude en Auvergne, se classent de la façon l'opinion de DEGRANGE & SEASSAU (1970) suivante: selon laquelle le facteur thermique serait pré- - Cléments eurosibériens typiques: Lcsres pondérant pour la répartition de cette espèce. sponsa, L. ckim. l~nall~i~~nia ~:i~~iih~~~c~tiitrr. Coen~i~prion -lun~iiaiiinr doit Ptre consider6 Cornagrion liastiilatiini, C. /iinitlatitn~, Ai~shna comme rare dans le Massif Central même si son coiwrlea, A.. jiincw. A.,gPaodi.s. C'orclitlia ac~nea. aire de répartition semble s'étendre à l'ensemble Somatochlora metallica. Libellula qita~lrit~iac~~- du Cézallier et du Sancy. Cette espkcc n'a lata. Sjnipetruni danm. S.,fla~~i~oIitni, Leu- toujours pas été. à notre connaissance, signalée corrhinia tlithia: dans d'autres régions de France." - éléments méditerranéens typiques: I.c~.stc's nas inipcrator peut être préseat'au4essus de

1000 m (EUSEBIO, 1924; AGUESSE, 1964) mais semble atteindre là sa limite altitudinale de répartition dans la région considérée. Nous avons d'autre part, d'après SCHMIDT (1967), 9 espèces caractéristiques du milieu tourbeux (Hochmoor-, ivioor- et Teichlibellen). DEGRANGE & SEASSAU (1970) signalent ce même chiffre pour 2 hautes tourbières du Dauphiné (Luitel et Praver), mais Soniatoclilora mrtica n'est pas recensée en Auvergne alors qu'aesiitia coerulca. pourtant signalée des Alpes (AGUESSE, 1968). ne figure pas dans les relevés de ces auteurs. Au lac-tourbière de Lispach, dans les Vosges, BARRA (1963) mentionne 6 espèces caractéristiques; par rapport aux tourbières précédentes manquent A. coerulea. Sotmrtocliloro arctica. S~*t~ipi~triiin danac~ et Lcstev spotisa niais ces espèces ont déje été capturées dans cette région dans des biotopes analogues (AGUESSE, 1968). Aucune étude précise des tourbières des Pyrénées ne semble avoir été effectuée et, seules quelques données éparses ont pu être recueillies dans des travaux plus généraux (AGUESSE. 1958, 1968; HEYMER, 1967; L'HOSTE, 1969). Nous retrouvons ainsi Aevlitin,juric~~1. I~~worrliitiiu rllihiu. LilX~lllilCl ~~ll~l~~riliifl~lilat~i,.qnl/,crrloil danar. Coena*qrion hastulatuni. Enall~~qmu C:IYIthiSqeriini et Lestev sponsa. Mais ces résultats ne nous renseignent guère sur les valeurs faunistiques des tourbières de cette région. Nous savons I i/, &.- 1 PYRENEES Fig. 5. Localisation en France des cspkxs dc "llo~li,,ioor/iht.lk7," dc'schmidt (1967).,, 'c I d'autre part que dans certaines tourbières du Jura (région de Bonnevaux, Frames) des travaux bien que non publiés ont été effectués (Gillet, Real, communications personnellesl. Tableau 11 - Comparaison de la hune d'odonates d'altitude des principaux massifs montagneux de France Espèces + t + + + + + + + + + +7 + + + + + +? + + + + + t + + + + +? + + +I +') + + + + + +7 + + + + + + + +++?++ + + + + + + + +? +" +" + + + + + + + + + + + +M +? + + + + M: migrateurs: - f!: reproduction &ertilinc au-dessus de 1000 m

I v 8 Notul. odonatol., Vol. 2, No. 1, pp. 1-16, June I, 1983 i Somatochlora arctica,semble être une.des espèces les plus caractéristiques de la faune des tourbières jurassiennes. Aeshna coerulea,.ne semble pas avoir été observée. De plus, Leucorrhinia dubia et Coenagrion hastulatrtm paraissent nettement moins abondantes que dans le Massif Central. La Figure 5, SUP laquelle nous avons reporté la répartition des 4 "Hochmoorlibellen" de SCHMIDT (1967), montre que, seule, Leucorrhinia dubia col,onise les 5 principaux massifs montagneux français. Aeshna coerulea manque dans le Jura et dans les Pyrénées alors que Somatochlora arctica et S. alpestris semblent inféodés aux massifs les plus orientaux. Avec 2 espèces, le Massif Central occupe donc une place intermédiaire. II apparaît donc clairement que les hautes tourbières des différents massifs montagneux français constituent des zones refuges pour des espèces qui, rassemblées en isolats caractéristiques, retrouvent dans ce type de milieu les conditions de vie du Nord de l'europe. Afin de compléter ce travail, il nous a paru intéressant d'établir une comparaison des faunes d'odonates des cinq principaux massifs montagneux français en ne considérant toutefois que les espèces recensées au-dessus de 1000 m d'altitude. Nous avons résumé les résultats obtenus dans le Tableau II. Cette synthèse ne constitue qu'un bilan provisoire de I'état actuel de nos connaissances sur les odonates d'altitude en France. L'examen de ce tableau montre qu'actuellement 40 espèces ont été capturées audessus de 1000 m mais que 33 seulement s'y reproduisent avec certitude. D'après ST. QUENTIN (1960), nous avons parmi cette faune 20 éléments eurosieriens, 1 I éléments méditerranéens et 9 éléments de transition. II apparaît donc nettement que les espèces eurosibériennes (50%,) dominent le peuplement. Les proportions obtenues pour chaque massif sont encore plus significatives: Vosges et Pyrénées. 70%; Massif Central et Jura, 55%; Alpes, 51%. Ces pourcentages mettent en évidence une pénétration plus forte des éléments m6,diterrankens dans les Alpes BRIEF NOTES AND RECORDS BRACHTHEMIS LEUCOSTICTA (BUR M.) (Alpes Maritimes) que dans les Pyrénées et soulignent les situations intermédiaires du Jura et du Massif Central. Ce tableau permet en outre de mieux r ndre compte de l'importance des tourbières PO r la conservation d'espèces reliques glaciaire, en montrant la présence accessoire des es èces tolérantes ou étrangères qui peut dépend e de l'opportunisme de l'espèce ou de la po.ition géographique du site étudié. 1 Ces zones humides d'altitude doivent donc être considérées avec la plus grande attention et être protégées efficacement afin d'éviter toute destruction irréversible et toute disparition d'une faune typique mais rare. Références - AGUESSE, P., 1958, Faune [err. Eau doure Pi~rén. orient. 4 1-54; - 1964, Bull. Soc. ou. F': 69: 223-232, - 1968, Les odonates de I'Euïopr Qccirkentale, dit Nord de I'A.fiiqite et des Iles Atlantiques. Masson, Paris; - BARRA, J., 19632, Bdl. SOC. ZOO/. fi. 88: 108-124; - 1963b, Bull. Ass. philoniatli. Als. Lon:, vol. sptc., pp. 293-300; - COUTIN, R & J. L. DOMMANGET. 1980, Cali. Liai.son O..I.E. 14 119-132~- DEGRANGE. C. &.D. SEASSAU, 1968, T1:av. Lab. Hydrobiol. wenoble 59/60: 65-82; - 1970, ibid. 61: 8-10% - 1974, ibid. 64/65: 289-308; - DUFOU ; C., i 1978, Étude,faitnistiquc (lev or1onnte.s de.'irisse ronianrle. Serv. forêts faune, Lausann ; - EUSEBIO, A., 1924, Bull. Soc. Hi.vi. not. Aittw:y~ 5: 20-22; - 1926, ibid. IO: 29-48; - HEYMER. A., 1967, A/itlls LCUI~OI. 3: 75-89;- L'HOSTE, R., 1969. ~~it0ri7ol0,~i.~i~~25: 72-80:- MATTHEY. W., 1971, Rrw~.sui.vsr Zoo/. 78: 367-536; - ROBERT, P.-A., 1958, I.~~.~/ihd/~l~~.~ (Otlonarcvj, Delachaux & Niestlé, Neuchitel- Paris; - SCHMIDT. Eb., 1967. Di. 't'ni. Zisrlu: (NF) 14: 371-386; - SCHMIDT. Er.. 1929. Timi,. hfitte/eur. 4 (Ib): 1-66; - ST. QUEN- TIN, D., 1960, BOI. JB SJ*.Y/. 87: 301-316; - VERNEAUX, J., 1972, Annls sci. Unit: Bc.\ati(atl(111) 8: 15-20. AND TRITHEMIS ANNULATA (Pl DE