7 L étang de Vendres mars 2011
1. INTRODUCTION 123 2. SUIVI HYDROLOGIQUE DU FIL MED 126 2.1. Température de l eau 126 2.2. Salinité 126 2.3. Oxygène dissous 128 3. DIAGNOSTIC DE L EUTROPHISATION 128 3.1. Diagnostic de l eau et du phytoplancton 128 3.2. Evolution pluriannuelle 129 4. CONCLUSION 130
123 1. Introduction L étang de Vendres fait partie des zones humides de l embouchure de l Aude et est inclus, à ce titre, dans le périmètre du SAGE de la Basse Vallée de l Aude. La définition d un plan de gestion de ces zones humides, initiée en 2003 par le Syndicat Mixte d aménagement et de développement de la Basse Vallée de l Aude (SMBVA), a permis de fixer les actions à mener sur cet étang afin d atteindre l objectif fixé par les acteurs locaux et repris par le SAGE qui est la restauration de la roselière, au sein de la mosaïque de milieux humides qui constitue l étang. Ces actions ont concerné d une part la gestion des échanges entre la lagune de Vendres et la mer au niveau de la vanne du Chichoulet et d autre part l établissement d un programme des travaux à réaliser afin d améliorer les apports d eau douce et la circulation des masses d eau dans la zone confinée du Grand Clair, située au nord de la lagune. Les deux stations d épuration du village de Vendres (bourg et bord de mer) sont désormais aux normes et fonctionnelles depuis 2009. Les points de rejets ont été optimisés afin de favoriser une meilleure circulation des eaux résiduaires dans les roselières et d en réduire l impact sur les plans d eau. Ce chapitre présente les résultats des suivis hydrologiques réalisés en 2010 dans le cadre du Forum Interrégional des Lagunes Méditerranéennes (FIL MED) par le SMBVA et du suivi de l état vis-à-vis de l eutrophisation dans le cadre du RSL.
124 Figure 7. 1 : Présentation de l étang de Vendres et de son bassin versant.
125 FIL MED Figure 7. 2 : Localisation des stations de prélèvements du RSL et des autres programmes de surveillance opérés sur l étang de Vendres. L étang de Vendres mars 2011
126 2. Suivi hydrologique du FIL MED Les suivis du FIL MED font suite aux suivis du RIGL et du Fogem, mis en place en 1999, par l association Patrimoine et Nature, qui suivait à l époque 11 stations. Depuis 2004, le SMBVA assure les suivis hydrologiques au niveau de 8 stations (Figure 7. 2). Chaque point a été choisi selon des critères : d apports d eau : le pont des Pâtres (jonction avec l étang de La Matte - point 19), le Canal de Californie (prise d eau sur la rivière Aude, située en amont du barrage anti-sel point 18), le temple de Vénus (exutoire de la Carriérrasse point 22), l Aude aval (point situé en aval du barrage anti-sel point 16), la vanne du Chichoulet (exutoire de l étang et jonction avec la mer point 15), de représentativité de l étang : le Grand Clair (représentatif de la gestion de l eau - point 21), le Clair Batiste (point 20) et le Capel (point 17). Les résultats des suivis des paramètres température, salinité et oxygène dissous sur la période septembre 2009 à septembre 2010 sont représentés sur la Figure 7. 3. 2.1. Température de l eau Au cours de l année hydrologique 2009-2010, la température de l eau a subi une grande amplitude de variation, avec un minimum autour de 3 C relevé en janvier et février et des maxima autour de 25 C en juillet-août. L évolution est assez homogène pour les 8 stations FIL MED et les profils de température semblables à ceux des années précédentes. On note cependant des extrêmes moins marqués qu en 2009 (1.4 à 29 C). 2.2. Salinité L objectif principal de la gestion de l étang de Vendres est la réhabilitation et le maintien de la roselière. Le seuil de tolérance à la salinité du roseau est de 15. Sur l ensemble des stations suivies, la salinité varie de 0 à 24 pendant la période. On observe des niveaux de salinité très hétérogènes sur l ensemble de la zone humide, sauf au cours du premier semestre 2010, où les valeurs restent relativement stables et inférieures à 10 PSU pour les 8 stations. En début de période estivale, 5 points (21, 20, 17, 16 et 15) sont marqués par une hausse importante de la salinité. Cette hausse est le résultat d entrées d eau salée non maîtrisées depuis le Canal de Pistole (situé en aval du barrage anti-sel). En effet, combinées au phénomène d évaporation, ces entrées d eau influencent la totalité de l étang, conduisant à des dépassements du seuil de tolérance de la roselière. A noter que ces pics de salinité coïncident avec les dates d ouverture de la chasse aux gibiers d eau. Au niveau du point 15 (Chichoulet), des augmentations significatives de la salinité sont également observées suite aux manipulations de la passe à poissons. Ces augmentations de salinité ont cependant un impact négligeable sur le reste de l étang. Le Pont des Pâtres (point 19) reste très peu salé tout au long de l année hydrologique. Cependant, on observe une légère hausse en début d hiver, due à l augmentation des niveaux d eau de l étang. La salinité mesurée au niveau du Temple de Vénus (point 22) varie très peu. On note des valeurs qui ont tendance à se radoucir, principalement du fait des apports du bassin versant et de la station d épuration Vendres-bourg, dont le nouveau point de rejet est proche du point de mesure.
127 Figure 7. 3 : Evolution saisonnière (sept 2009 - sept 2010) de la température, de la salinité et de l'oxygène dissous au niveau des différentes stations suivies dans l'étang de Vendres dans le cadre du Forum Interrégional des Lagunes Méditerranéennes (FIL MED).
128 2.3. Oxygène dissous L évolution de l oxygène dissous est très hétérogène sur l ensemble de l étang, avec une diminution progressive jusqu à la fin de l été. Les concentrations mesurées ont varié de près de 0,3 à environ 17 mg/l, sachant qu à partir de 4 mg/l, les organismes subissent un stress biologique. En 2010, les niveaux d oxygène dissous ont été meilleurs que ceux observés en 2009 pour les stations situées dans le plan d eau. Au niveau du point 19 (Pont des Pâtres), les teneurs en oxygène sont critiques et peuvent s expliquer par le manque d échanges du canal avec le reste de la zone humide. Ce canal, qui relie l étang de Vendres à celui de La Matte, reste relativement confiné et subi un assec estival annuel. En période estivale, la manipulation régulière de la passe à poissons favorise l oxygénation au niveau du point Chichoulet. La remise en état de la martelière du Chichoulet peut ainsi permettre de limiter les mortalités de poissons. 3. Diagnostic de l eutrophisation 3.1. Diagnostic de l eau et du phytoplancton En 2010, la grille estivale de l eau de l étang de Vendres affiche un mauvais état vis-à-vis de l eutrophisation (Tableau 7. 1). Les paramètres déclassants sont la chlorophylle-a, l azote total et le phosphore total. Les teneurs en sels dissous sont restées faibles, ce qui témoigne de leur consommation en quasi-totalité par la production primaire. Les concentrations des formes totales de l'azote et du phosphore sont en revanche très élevées car elles intègrent le phytoplancton, mais aussi les formes détritiques issues des zones humides environnantes (roselières). Les niveaux d oxygène dissous restent convenables à la station VDR, cependant des mortalités de poissons ont été constatées lors des prélèvements du mois d août dans le canalet de mise à l eau. Comme depuis le début des suivis, le compartiment phytoplanctonique est qualifié d un mauvais état vis-à-vis de l eutrophisation (Tableau 7. 1). Les densités de cellules des deux classes de taille dépassent largement le seuil mauvais pendant les 3 mois d'été (de 25 pour le picophytoplancton à 170 fois pour le nanophytoplancton). Les niveaux de chlorophylle-a et les densités de phytoplancton atteints sont les plus élevés parmi ceux mesurés dans le cadre du RSL, l étang de Vendres se comportant comme un «réacteur à phytoplancton».
129 Tableau 7. 1 : Grille estivale de l'eau et du phytoplancton pour la station de Vendres pour l été 2010. VDR ETE 2010 juin juillet août O 2 sat Turbidité PO 4 3- NID NO 2 NO 3 NH 4 Chl a Chl a + Pheo N total P total Etat colonne d'eau été Picophytoplancton (< 3µm) Nanophytoplancton (> 3µm) Etat phytoplancton été 3.2. Evolution pluriannuelle Les diagnostics de l'eau et du phytoplancton effectués sur l étang de Vendres depuis 2000 sont reportés dans le Tableau 7. 2. Depuis le début du suivi RSL sur l étang de Vendres en 2000, les diagnostics font état d un milieu fortement eutrophisé, totalement dominé par la production phytoplanctonique consommant la totalité des éléments nutritifs apportés à la lagune. Cette biomasse est le fruit d une production régénérée tout au long de l été. Cette année encore, le phytoplancton est très abondant, les densités observées dépassant de très loin les seuils de mauvaise qualité.
130 Tableau 7. 2 : Evolution du diagnostic de l eau et du phytoplancton pour la station Vendres. Vendres 2000* 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2008 2009 2010 O 2 sat Turbidité PO 4 3- NID Légende : NO 2 Très bon NO 3 Bon NH 4 Moyen Chl a ** ** Médiocre Chl a + Pheo ** ** Mauvais N total P total Etat colonne d'eau été Picophytoplancton (< 3µm) Nanophytoplancton (> 3µm) Etat phytoplancton été * Les résultats de 2000 ne correspondent qu'à une seule grille et ne peuvent donc être considérés comme un diagnostic. ** Les diagnostics des paramètres Chl a et Chla + Pheo ont été modifiés pour les années 2008 et 2009 (erreurs dans les volume filtrés). Les tableaux des rapports RSL 2008 et 2009 sont incorrects (diagnostic moyen ou médiocre au lieu de mauvais). 4. Conclusion L objectif prioritaire sur l'étang de Vendres est le bon développement de la roselière par un contrôle de la salinité dans l étang. L optimisation des échanges mer-lagune et la gestion hydraulique ont permis de mieux maîtriser la salinité ces dernières années. Cependant, des niveaux de salinité élevés sont toujours constatés en fin d été. La qualité de l eau et du phytoplancton vis-à-vis de l eutrophisation demeure mauvaise dans l étang de Vendres. Cependant, les travaux menés sur les stations d épuration se rejetant dans la lagune, et donc la réduction des apports en azote et phosphore, devraient permettre de limiter la production primaire. Le diagnostic des macrophytes réalisé en 2010 dans le cadre du contrôle opérationnel de la Directive Cadre sur l Eau a permis de relever la présence de Potamogeton pectinatus dans le bassin nord de l étang, jusqu à présent exempt de végétation (diagnostics RSL de 2002 et 2005). Tout comme en 2005, Ruppia cirrhosa, espèce de référence et signe de bon état, est observée ponctuellement au centre de l étang. L apparition de macrophytes dans le bassin principal est plutôt un bon signe car elle indique le début d une compétition avec le phytoplancton pour les ressources nutritives. Cependant, le développement du potamot au nord s accompagne de la prolifération du cascail et les espèces de macrophytes dominantes sont caractéristiques d un mauvais état vis-à-vis de l eutrophisation. Les apports en provenance de l Aude demeurent et le passé eutrophisé de la lagune et les stocks endogènes de nutriments (sédiments) sont de nature à retarder et à ralentir la restauration vis-à-vis de l eutrophisation.