Texte Évaluation - Lecture Nom : Un chien, quelle folie! Lis l histoire intitulée Un chien, quelle folie! et découvre de quelle folie il est question. Réponds ensuite aux questions sur le texte.
1 Marie-Ève revenait lentement de l école. Elle traînait ici et là, l air maussade. Rentrer à la maison ne l enchantait pas beaucoup. Il lui faudrait s occuper de ses devoirs et de ses leçons sans tarder et, surtout, dévoiler à ses parents les pauvres résultats de son dernier examen en univers social. D avance, elle pouvait imaginer la scène. Elle entendait déjà les paroles sévères de son père et les soupirs de déception de sa mère. «Cœur qui soupire n a pas ce qu il désire, songea-t-elle. Maman sera déçue, je le sais bien.» 7 À vrai dire, exception faite des mathématiques, Marie-Ève n aimait que les cours en «ique» : l éducation physique, les arts plastiques et la musique. Mais elle adorait créer, imaginer des personnages; alors pour fuir la monotonie de sa vie, elle rêvait. «Si au moins j avais un ami, se disait-elle souvent. Un ami qui m accepterait telle que je suis, un ami qui me trouverait toujours formidable. Je pourrais me confier à lui, jouer avec lui» Dans la tête et dans le cœur de Marie-Ève, cet ami rêvé n avait qu un nom et, depuis des mois, elle suppliait sa mère : «Maman, quand aurons-nous un chien? 15 Quand? Tu veux savoir quand? Mais dans la semaine des quatre jeudis, voyons! Tu n as donc pas encore compris? Je te l ai pourtant dit cent fois : il n est absolument pas question de faire entrer un chien dans la maison. Un chien, quelle folie! Il nous suivrait sans relâche. Il nous lécherait les mains. Il laisserait ses poils partout. Il japperait après les passants. Il ferait ses besoins sur la pelouse Non et non, ma petite Marie-Ève, cesse de me harceler avec ton chien! Vas-tu comprendre enfin?» Chaque fois, c était toujours le même refus exaspéré. Pourquoi ses parents agissaient-ils ainsi? Marie-Ève ne comprenait pas, mais au fond d elle-même, elle continuait d espérer, sans se décourager. Ce soir-là, elle s apprêtait à aller se coucher quand la sonnerie du téléphone retentit. C était Sandra, une amie de sa mère. Elle venait d apprendre que M. Latour, un de ses Épreuve de lecture 5 e année 2
26 voisins cherchait un nouveau maître pour son chien. C est que ses deux jeunes enfants étaient sans cesse malades depuis quelque temps : quintes de toux, nez qui coule, yeux qui larmoient. Le diagnostic du médecin avait été formel : allergie aux poils d animaux. Il fallait absolument et rapidement débarrasser les malheureux bambins de la source de leurs maux. Connaissant l engouement de Marie-Ève pour les chiens, Sandra avait pensé à elle. Marie-Ève n en croyait pas ses oreilles! Un chien! On lui offrait un chien, un chien bien à elle! N osant pas refuser sur-le-champ, sa mère accepta d aller voir le chien dès le lendemain, mais s adressant à sa fille, elle ne put s empêcher de protester : «C est une vraie folie! Ce M. Latour peut bien se débarrasser de son chien s il le veut, mais il ne viendra pas nous en embarrasser pour autant! En tous les cas, nous verrons bien demain. La nuit porte conseil, comme tu dis souvent, mais dis-toi bien aussi, ma petite Marie-Ève, que c est moi qui prendrai la décision!» 38 Le lendemain matin, chacune perdue dans ses pensées, mère et fille se rendirent au domicile de M. Latour, à l heure convenue. Marie-Ève sautillait presque sans arrêt. Elle croyait flotter tant elle se sentait légère. Sa mère avançait d un pas saccadé, le front soucieux, se répétant intérieurement : «Quelle folie! Non mais, quelle folie! Dans quelle aventure me suis-je laissé entraîner?» 43 Jamais Marie-Ève n aurait pu imaginer un accueil plus chaleureux ni plus discret. Le chien, un magnifique labrador au poil noir et lustré, s avança lentement, non pas vers elle, mais vers sa mère. On aurait dit qu il avait compris que c était à l adulte qu il devait plaire, sachant par instinct que l enfant l aimerait tout de suite, sans condition. Saluant à sa manière, en frétillant de la queue, il alla vers les visiteuses, de son pas calme et majestueux, la tête légèrement inclinée sur le côté, signe de curiosité. Puis il se coucha sagement à leurs pieds. La mère de Marie-Ève en fut d abord étonnée, puis flattée. «Eh bien, pensa-t-elle, se peut-il qu il existe des bêtes de si agréable compagnie!» Épreuve de lecture 5 e année 3
51 M. Latour ordonna d une voix douce, mais ferme : «Tapis, Chien-Chien, tapis! Va! Ne dérange pas nos invitées!» Le chien obéit et alla se coucher sur sa carpette, le nez enfoui dans ses pattes croisées, les yeux fixés sur les nouvelles venues. «Comme il est docile, votre chien, monsieur Latour. Obéit-il toujours ainsi? Toujours. Il n avait que deux mois quand nous l avons eu et nous l avons bien dressé. C est une bête soumise, qui obéit au doigt, à la voix et à l œil. De plus, notre Chien-Chien est un excellent gardien et il sait se faire comprendre. Nous aimerions bien le garder, mais, vous le savez, la santé de nos enfants nous l interdit.» 60 Marie-Ève écoutait la conversation. Décidément, on allait de surprise en surprise : voilà qu un sourire s esquissait maintenant sur les lèvres de sa mère. «Comme ce chien est adorable! Se dit-elle en elle-même. Qu il est charmant!» Mais bien vite, craignant que ses folles pensées ne soient découvertes par M. Latour, elle demanda d un ton sec : «Que mange-t-il, votre Chien-Chien? Est-ce qu il perd son poil? Est-ce qu il a l habitude de japper? Est-ce qu il lui arrive de mordre? Est-ce qu il peut attraper des puces? Combien de fois faut-il consulter le vétérinaire?» Patiemment, M. Latour répondit aux questions, à toutes les questions. Entre-temps, Marie-Ève s était approchée du chien, sans dire un seul mot. Le chien s assit aussitôt et lui donna la patte. Ses yeux bruns un peu tristes la regardaient intensément et, rapidement, son museau frôlait ses mains à la recherche d une caresse. Marie-Ève était enchantée. Quel merveilleux compagnon ce chien serait pour elle! 72 Au fur et à mesure de la conversation, Marie-Ève eut l impression que sa mère devenait plus détendue, plus conciliante. Après une pause qui lui parut interminable, elle l entendit enfin déclarer : Épreuve de lecture 5 e année 4
75 «Je dois admettre que votre chien semble exceptionnel. C est sans doute l exception qui confirme la règle! Emmenons-le à la maison pour quelques jours. Nous verrons bien si nous saurons nous adapter.» C est ainsi que Chien-Chien fit son entrée dans la vie de Marie-Ève. Ce fut une révélation. Le magnifique labrador charma toute la maisonnée. Marie-Ève surprit même ses parents en train de lui parler, de le caresser, de lui faire faire des drôleries Il était si gentil, si doux, si docile! 82 Mais la plus comblée de tous fut nulle autre que Marie-Ève. Son ami, son Chien-Chien, était toujours à ses côtés. Il partageait ses jeux, l attendait patiemment quand elle faisait ses devoirs, écoutait longuement ses confidences. Enfin, elle avait un ami, un vrai! Les deux complices devinrent inséparables. Aimer et se sentir aimé est le remède de bien des maux, dit-on depuis longtemps. Marie-Ève apprit à mieux apprivoiser l école. Se sentant plus sûre d elle, elle adopta avec entrain une meilleure discipline de travail et réussit bientôt à obtenir des résultats scolaires remarquables. C était comme si, grâce à l affectation de son chien, elle s estimait davantage. Et bien vite, elle se fit de nouvelles amies qui, comme elle, voulurent partager leurs jeux avec ce chien si affectueux. Ainsi, tout est bien qui finit bien, car tout vient à point à qui sait attendre! 93 Ah oui, j allais oublier : Marie-Ève donna à Chien-Chien le nom de Folie. Son cher labrador porte fièrement son nouveau nom. Jamais, de mémoire, on n a vu une Folie plus douce, plus attachante. Épreuve de lecture 5 e année 5