Les îlots bonifiés Quelques lignes pour vous parler des îlots bonifiés que nous avons mis en place dans mon établissement à la rentrée 2012. Avant toute chose je tiens à préciser que je ne suis (hélas!) pas à l'origine de cette méthode pédagogique mais que c'est après avoir lu le livre de Marie Rivoire (téléchargeable sur son site: http://www.marierivoire.fr/) que je me suis lancée dans l'aventure! Tout comme Marie Rivoire, je suis professeur d'anglais mais cette méthode est transférable à de nombreuses disciplines. Dans mon établissement l'ensemble des professeurs de langues a adhéré au projet (à l'exception de deux stagiaires IUFM et de la collègue d'allemand dont les effectifs sont insuffisants) mais aussi une collègue de mathématiques et une de technologie. A] Pour bien comprendre le dispositif. Pour éviter de caricaturer le "système des îlots bonifiés", le comprendre et envisager sereinement de le mettre en oeuvre, il est nécessaire de lire le livre de Marie Rivoire, "Travailler en îlots bonifiés pour la réussite de tous", Génération 5. Quelques exemples de points verts ou rouges que chaque collègue pourra attribuer de manière systématique ou occasionnelle : Attribution des points bonus (verts) : - Matériel sur la table en début d heure - Travail maison réalisé dans son intégralité par tous les élèves de la table - Bonne participation de la table - Bonne tenue des cahiers de la table - Activité demandée réalisée avec qualité et dans le temps donné - Points pour activité rendue par la table et corrigée par le professeur... Attribution des points malus (rouges) : - Chewing-gums - Retards - Bavardages et attitude dérangeant le bon déroulement du cours - Travail non fait - Oublis - Table laissée sale... B] Les freins à la mise en place des îlots bonifiés. Je souhaite à présent revenir sur quelques idées reçues concernant le travail en îlots: Qui dit travail en îlots dit travail de groupe : NON. Le travail de groupe peut effectivement se faire mais ce n'est pas la vocation première des îlots et comme je l'ai expliqué plus haut le travail commence toujours par une démarche individuelle donc il ne s'agit pas d'un travail de groupe classique avec 2 élèves sur 6 qui travaillent et un qui sert de rapporteur.
Les bavardages sont plus nombreux lorsque l'on travaille en îlots : OUI et NON. Il est vrai que la tentation est plus grande puisque chaque élève a 3 ou 4 camarades avec qui papoter mais les points rouges sont vraiment dissuasifs et même les plus bavards finissent par se taire de peur de voir leur note passer sous la moyenne. Le travail en îlots demande de la rigueur à l'enseignant : OUI mais pas plus de travail. Concrètement j'ai 6 classes donc 6 pochettes différentes avec à l'intérieur de chacune 12 feuilles (6 fiches îlots et 6 fiches de participation). Au bout de quelques semaines le décompte des barres de participation ne prend pas plus de 15 mn pour les 6 classes (et je n'ai pas mes 6 classes tous les jours). En terme de matériel j'ai toujours dans ma trousse un feutre vert et un feutre rouge et sur mon bureau une pile de papiers recyclés à la photocopieuse (papiers qui me sont utiles lors des challenges ou activités proposées par îlot). Il est matériellement difficile de mettre en place les îlots bonifiés : OUI. Il faut en effet disposer les tables en îlots et dans l'idéal qu'elles le restent... Dans mon établissement le fait que tous les collègues de langues aient adhéré au projet simplifie les choses mais cela reste malgré tout compliqué. En effet des collègues de maths ou d'histoire sont parfois amenés à enseigner dans les classes de langues. Nous avons donc affiché un plan de nos salles et les collègues qui bougent les tables s'engagent à les remettre en place... Ce n'est pas idéal mais nous n'avons pas suffisamment de salles pour faire mieux... D'autre part c'est un projet à défendre auprès de l'administration et si plusieurs collègues souhaitent mettre en place cette nouvelle pédagogie il me semble important d'en discuter dès le mois de juin, bien avant la constitution des emplois du temps et l'attribution des salles de classe. Les bons élèves sont tentés de se regrouper au sein des mêmes îlots : OUI et NON. C'était en effet le cas en début d'année : l'îlot des bons, celui des timides, celui des agités... Après l'obtention de la première note j'ai rappelé les grands principes du travail en îlot : favoriser les échanges et l'entraide, permettre l'implication de tous, aider les plus faibles, favoriser la mixité... J'avoue que les discussions ont parfois été longues car tout changement de place impacte forcément un autre îlot mais les élèves ont compris l'esprit de cette pédagogie et à présent les changements se font en 5 ou 10 mn, une fois par mois environ, ce qui ne représente pas une grande perte de temps... Pour travailler en îlots les élèves doivent faire preuve de tolérance, valeur souvent peu développée à l'adolescence... C] Mon bilan à ce jour. Pour rien au monde je ne ferais machine arrière! Je trouve cette méthode aussi stimulante pour les élèves que pour l'enseignant! Pour plusieurs raisons : Je trouve l'ambiance de classe beaucoup plus positive. Les élèves travaillent avec des camarades qu'ils apprécient et la visibilité au sein de la classe est bien meilleure. La circulation autour des îlots est également très facile. Avec le temps les îlots sont devenus de vrais espaces de travail hétérogènes ou les meilleurs «boostent» les plus faibles. L'attitude face au travail est réellement plus positive.
La participation orale est beaucoup plus importante! Les élèves sont motivés et impliqués, ils ont à cœur d'être l'îlot qui aura le plus participé et cette «compétition» inter îlots est vraiment stimulante et dynamisante. Les élèves sont réellement acteurs de leur apprentissage. Et c'est d'autant plus vrai pour les élèves qui sont en grande ou très grande difficulté. Jusqu'alors ils faisaient preuve d'une très grande passivité et semblaient déconnectés de la classe. Ce n'est plus le cas. Je ne dis pas que tous sont devenus brillants, loin de là mais en tout cas il existe une vraie volonté de bien faire pour ne pas pénaliser leurs camarades et obtenir une bonne note. Il est désormais anecdotique qu'un élève n'ait pas fait le travail demandé car il sait que sinon il perdra un point sur sa note. Il est extrêmement valorisant pour un élève en difficulté d'obtenir un 18 ou même un 20 dans sa moyenne alors que lors des évaluations sommatives il ne dépasse jamais les 5 /20... Certains trouveront peut être démagogique le fait d'attribuer des bonnes notes simplement parce qu'un élève rempli ses devoirs de collégien mais pour ma part je trouve cela normal. Et que de temps gagné par rapport à l'époque ou je devais ramasser 5 ou 6 carnets par séance pour rappeler aux familles que leur enfant n'avait pas fait son travail ou avait oublié son matériel... Pour conclure je conseille à tous ceux qui souhaitent se lancer dans l'aventure de télécharger le livre de Marie Rivoire et d'en parler entre collègues. Le fait d'être plusieurs à tenter l'expérience est toujours enrichissant. Libre ensuite à chacun d'adapter un règlement propre au profil de ses classes, les exemples que je donne ne sont peut être pas transférables à tous les publics. Il en est de même pour les fiches mises en annexe qui sont de purs «produits maison» réalisés en concertation avec mes collègues! Nathalie Bousquet-Dreux, PLC d'anglais, collège de Fontenilles.
Annexe 1 : la fiche Ilot qui dure environ un trimestre. ème : desk 1 Points rouges ( individuels) Note Points verts
Un exemple de fiche complétée (après 3 à 4 semaines de travail) Dans cet exemple l'îlot 1 n'a pas été le premier à atteindre les 20 points verts, les comptes sont donc bloqués pour lui à 18. A cela viennent se déduire les points rouges attribués à Coline, Lucie et Paul (pour bavardages, oubli de matériel, chewing gum, travail non fait...) pour que chacun obtienne sa propre note. 6 ème 2 : desk 1 Points rouges ( individuels) - Pierre _ - _ Coline _ - Lucie _ - Paul _ Note 18 17 15 16 Points verts 18
Annexe 2 : fiche journalière de participation orale me : DESK PARTICIPATION ORALE DATE NOMS PARTICIPATION CROIX POINTS BONUS
Un exemple de fiche complétée Dans cet exemple l'îlot 1 a obtenu ses 5 croix au bout de 3 cours et obtient donc un point bonus vert que je reporte sur la fiche 1. Si l'îlot participe très peu il peut mettre 5 cours pour obtenir ce point vert ou au contraire 2 cours s'il est très actif à l'oral. Dès que les 5 croix sont obtenus je trace une marque rouge pour remettre les comptes à zéro. 6 ème 2 : DESK 1 PARTICIPATION ORALE DATE NOMS PARTICIPATION CROIX POINTS BONUS Pierre I I I I I Coline I I I I XX 12/03/13 Lucie I I 14 Paul I I I 13/03/2013 Pierre I I I Coline I I Lucie I 7 Paul I X 15/03/13 Pierre I I I I Coline I I I I Lucie I I 12 Paul I I XX