Spiruline (complément alimentaire) La spiruline est un aliment non traditionnel tiré de différentes espèces de Cyanobactéries du genre Arthrospira, aux multiples vertus médicinales. Il existe près de 2 000 espèces de Cyanobactéries et seulement 36 espèces d'arthrospira sont comestibles. La principale espèce actuellement offerte sur le marché est Arthrospira platensis, cultivée principalement en Californie et à Hawaïau Yunnan en Chine, ainsi qu'en Afrique de l'ouest (Adzopé/Côte d'ivoire, Koudougou/Burkina Faso). Ainsi nommée en raison de sa forme spiralée, la spiruline correspond à de nombreuses espèces, dont les principales sont Arthrospira platensis (anciennement Spirulina platensis), Arthrospira maxima (anciennement Spirulina maxima), Arthrospira pacifica (anciennement Spirulina pacifica). Cette dernière est en réalité une appellation commerciale. Culture Les lacs saturés de matières organiques et de soude de la ceinture intertropicale sont le milieu naturel de la spiruline. Cette micro algue, de couleur bleue verte, est celle qui domine principalement dans cet environnement chimique extrêmement contraignant. Elle se multiplie à une très grande vitesse dès que la température dépasse les 30 degrés. Le flamant rose qui s'en nourrit, fournit par ses déjections un peu d'azote à la spiruline. Cependant cet azote organique ne peut être rendu assimilable par la spiruline que par l'intervention d'autres micro-organismes. En effet la spiruline étant un organisme autotrophe, elle ne se nourrit que de minéraux disponibles dans le milieu aqueux dans lequel elle vit. Chez les Incas la spiruline était extraite des lacs puis séchée à l air sec et pur de la cordillère des Andes en bénéficiant d un ensoleillement constant de 12 h à une température douce (40 C). Cet ensoleillement favorise la photosynthèse qui optimise la concentration et la préservation des vitamines et phytonutriments, qualités premières de la spiruline. Des essais de cultures autonomes sont mises sur pied en Afrique, Inde, Pérou, au Vietnam et en Chine (produit industriellement dans le nord de la province du Yunnan, vers Dali. La cyanobactérie se multiplie dans de grands bassins en béton dans lesquels sont dissous du bicarbonate de soude, du sel marin, du nitrate de potassium, de l'urée et du sulfate de magnésium. Un ensoleillement important est nécessaire pour lancer la reproduction accélérée du micro-organisme. La spiruline permet de produire une grande quantité d'éléments nutritifs
essentiels sur un espace très réduit. Dans une ferme, le rendement annuel est en effet de 9 tonnes de protéines à l'hectare, contre 1 tonne pour le blé ou le soja. Il existe plusieurs producteurs en France, principalement dans le sud du pays, dont certains n'utilisent plus les recettes anciennes, notamment l'urée pour élaborer une spiruline plus propre et moins parfumée. En plus des divers groupes de recherches répartis sur le territoire français, il existe aussi, depuis 2009 un groupe de recherche implanté dans le Var. Le Pr Cyrille Sironval avait eu l'honneur de nos colonnes en 1977, déjà pour une histoire d'algues. Mais celles qu'il cultivait alors dans son laboratoire du Sart-Tilman (où il était professeur de botanique à l'u.lg. Actuellement, il est émérite) avaient surtout un intérêt industriel : il s'agissait d'utiliser l'énergie solaire à la fois pour dépolluer des cours d'eau et pour produire une biomasse pouvant elle-même servir d'approvisionnement énergétique. Désormais qu'il a quitté sa chaire, il a décidé de rester jeune en continuant à cultiver les algues (via une petite société, Bioprex, qui utilise à cette fin les eaux chaudes de la centrale de Tihange) en mettant dans cette activité une fougue et un enthousiasme tout juvéniles. Mais à vrai dire, l'histoire belge de la spiruline ne commence pas avec lui. Il en attribue volontiers la paternité à un botaniste de l'ulb, Jean Léonard, qui, dans le milieu des années 60, accompagna une mission militaire dans le Sahara et en rapporta l'observation que des indigènes avaient pris l'habitude de mâchonner quelque chose de bleu-vert qu'ils récoltaient dans les mares peu profondes qu'on trouve à certains endroits du désert. Il en rapporta un petit échantillon qui fut analysé au laboratoire de la ville de Bruxelles par un ancien élève de l'université de Liège. Lequel identifia la spiruline et surtout en détermina les qualités tout à fait exceptionnelles : 60-70 % de protéines à haute valeur alimentaire (pour fixer les idées, la viande en contient de 40 à 50 %), 20 % de sucres, 7 % de graisse, dont la plupart des acides gras essentiels, dont notre organisme ne peut se passer dans la mesure où ils servent à fabriquer les hormones. Et toute une panoplie de vitamines, toutes les «B», de la pro-vitamine A, de la E et quantité de minéraux. Composition La spiruline contient des éléments essentiels pour la santé de l Homme. C'est un aliment non traditionnel. Elle contient en moyenne 60 % de protéines végétales (51 71 % selon le stade physiologique et la période de récolte) pour une digestibilité de 60 % chez l homme. La spiruline contient également des vitamines : A, E, D, B1, B2, B3, B6, B7, B8, K et bêta carotène.
Comprimés de spiruline. La spiruline est aussi constituée de minéraux et d oligo-éléments: calcium, phosphore, magnésium, fer, zinc, cuivre, manganèse, chrome, sodium, potassium et sélénium. La spiruline n'est pas une plante. Elle est cependant très riche en chlorophylle et en phycocyanine qui sont des pigments. Ces derniers, par leurs propriétés, vont donner à la spiruline une couleur bleu-vert. Mais ils ont aussi d autres rôles : la chlorophylle favorise l absorption du fer dans le sang et la phytocyanine renforce le système immunitaire. Des enzymes sont contenus dans la spiruline dont le plus important est la superoxyde dismutase (SOD) qui contient du fer. Pour finir, cette micro-algue contient des acides gras essentiels : oméga 6, acide gamma-linolénique. L acide gamma-linolénique est contenu en grande quantité et permet une menstruation normale et régulière et permet aussi de réguler le taux de cholestérol à un niveau correct. Histoire Une illustration du Codex de Florence semble montrer comment les Aztèques récoltaient la spiruline hors des lacs par écrémage de la surface avec des cordes, suivi par un séchage des algues pour en faire des gâteaux, consommés ensuite comme condiments nutritionnels. La spiruline aurait été une source de nourriture pour les Aztèques et autres Méso-Américains jusqu'au xvi e siècle. Elle est découverte par les Européens lors de la conquête de l Amérique. Son exploitation à partir du lac Texcoco et la vente de gâteaux sont décrites par l'un des soldats de Cortés2. Les Aztèques l appelaient «Tecuitlatl», c est-à-dire «excrément du rocher». La spiruline a été trouvée en abondance au bord du lac par des chercheurs français dans les années 1960, mais il n'y a aucune référence à son utilisation comme source de nourriture de façon quotidienne après le xvi e siècle. Il est possible que la spiruline ait une origine encore plus ancienne au Tchad où elle serait connue dès le ix e siècle sous l Empire du Kanem. Elle est encore
dans l'utilisation quotidienne aujourd'hui, dans des gâteaux secs appelés «Dihé», qui sont utilisés pour faire des bouillons pour les repas, et elle également vendue dans les marchés. La spiruline est récoltée à partir de petits lacs et dans des étangs autour du lac Tchad3. Mode d'administration La spiruline est commercialisée sous plusieurs formes: méthodes industrielles : comprimés, poudre et gélules, méthodes artisanales françaises : paillettes et micro-aiguillettes. et parfois sous forme de pâtes artisanales. Précautions d'emploi Les études cliniques ou en cultures cellulaires4 sur les effets de la spiruline sont trop peu nombreuses pour prouver des effets positifs ou négatifs chez l'homme. Selon les National Institutes of Health (NIH), en juin 2011, il n' y avait pas assez de preuves scientifiques pour recommander une supplémentation en spiruline pour l'homme et les Instituts demandaient des recherches supplémentaires pour clarifier le rapport bénéfices/risques5. Les éventuels et rares effets indésirables qui ont été décrits sont des nausées et des réactions allergiques. «Par mesure de précaution, la spiruline est déconseillée chez les femmes enceintes ou qui allaitent. Elle l'est également chez les personnes sujettes à la goutte, aux calculs rénaux ou ayant un taux sanguin élevé d'acide urique. Enfin, il faut savoir que cette algue, cultivée dans des lacs naturels ou artificiels, accumule les métaux lourds comme le plomb ou le mercure» «Il est donc important de se renseigner sur son origine et sa qualité». Notes et références Notes Références 1. Joëlle Fleurence, J.L. Guéant, «Les algues : une nouvelle source de protéines», Biofutur, no 191, 1999, p. 32-36 2. Diaz Del Castillo, B.La découverte et la conquête du Mexique, 1517-1521. London: Routledge, 1928, p. 300. 3. Abdulqader, G., Barsanti, L., Tredici, M. M., «Harvest of Arthrospira platensis from Lake Kossorom (Chad) and its household usage among the Kanembu», in Journal of Applied Phychology. 12: 493-498. 2000. 4. (en) Jeremy Bechelli et al., «Cytotoxicity of Algae Extracts on Normal and Malignant Cells», Hindawi Publishing Corporation, vol. 2011, no ID 373519, 5 juin 2011 5. National Institutes of Health, «Blue-green algae [archive]», 6 juin 2011. Consulté le 11/01/2013 6. (en) M. Petrus et al., «First case report of anaphylaxis to spirulin: identification of
phycocyanin as responsible allergen», Allergy, Wiley, vol. 65, no 7, juillet 2010, p. 924-925 (ISSN 1398-9995) [lien DOI [archive] (page consultée le 9 février 2013)] 7. EurekaSanté (Vidal) [archive] du 22 août 2011 8. e-sante.fr [archive] du 22 mars 2010