LE BAPTEME DANS LE NOUVEAU TESTAMENT Introduction Le nom de «baptême» dérive du latin et grec «baptein /baptizein» qui signifie plonger laver. Le baptême est une ablution ou une immersion. Il utilise l eau et sa symbolique. On retrouve ce rite dans la plupart des religions. Dans la conscience religieuse universelle les eaux sont perçues à la fois comme faisant vivre et faisant mourir. Le symbolisme de l eau est ambivalent. L ancien testament utilise aussi le symbolisme de l eau. L eau purifie et sauve. Par exemple dans le déluge, l eau tue le pécheur et sauve Noé. Dans le passage de la Mer Rouge, l eau engloutit les égyptiens et délivre Israël. Dans la vie courante, le judaïsme multiplie les ablutions rituelles. Ces pratiques symbolisaient la purification des cœurs. Comment est-on arrivé au baptême pratiqué aujourd hui dans nos églises? Ce matin je vous invite à refaire ce chemin à travers quelques textes du nouveau testament 1) Le baptême de Jean : le prototype du baptême chrétien? A l époque du Christ, les rabbins baptisent les prosélytes, païens d origine qui s intègrent au peuple juif (On n est pas certain de ce rite lié sans doute à la circoncision) Les Esséniens ont également des rites de purification qui se renouvellent régulièrement. D autres personnes pratiquaient les bains rituels dans le Jourdain. Le baptême de Jean peut-il être comparé au baptême des prosélytes et à ces rites de purification? 1 ) C est un baptême unique qui se fait une seule fois. Il est donné dans le désert (Mc 1,4), sur les bords du Jourdain (un lieu qu on appelait «désert»). Ce n est donc pas un bain rituel. «Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés» 2 ) Il comporte l aveu des péchés et un effort de conversion définitive que le rite doit exprimer. Jean le Baptiste insiste sur l imminence de la parousie. Il faut se convertir immédiatement, le peuple d Israël s est perverti, il pratique la loi du bout des lèvres. Il s est détourné de Dieu et de son alliance. «Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain» Mt 3.5-6 «Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain» 3 ) Il se fait dans l eau qu on retrouve dans tous les rites de purification. 4 ) Il est donné par un autre, on ne se baptise pas tout seul à la différence d un rite de purification. C est Jean qui baptise. 5 ) On n est pas obligé de rester dans la communauté de celui qui baptise. Jean ne demande pas aux publicains et ni aux soldats d abandonner leurs fonctions (Lc 3, 10-14). On peut donc retenir 5 points du baptême de Jean qu on retrouve dans le baptême des chrétiens: le baptême ne se donne qu une fois, il se fait dans l eau, il demande une conversion, on reçoit le baptême, on continue ses activités BAPTEME DANS LE N.T. 1
2) Le baptême de Jésus : l embarras des évangélistes : quel sens lui donner? a) L historicité du baptême de Jésus par Jean le Baptiste. Habituellement on ne conteste pas l historicité du baptême de Jésus par le Baptiste. En fait ce n est pas si simple car le baptême nous est proposé dans une seule source indépendante : Marc. Il a été repris par Matthieu et Luc. Jean l évangéliste ne parle pas du baptême de Jésus par le Baptiste. Flavius Josèphe, l historien juif du 1 siècle ne nous dit rien de ce baptême. b) Est-ce que Jean a baptisé Jésus? Les réponses des évangélistes -Marc passe très vite sur l événement du baptême pour parler de la manifestation de l Esprit. On parle de théophanie Mc 1,9-10 : «En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Au moment où il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir, et l'esprit descendre sur lui comme une colombe». -Matthieu ne comprend pas pourquoi Jésus vient se faire baptiser. C est pourquoi, Il donne des explications à ce baptême. Mt 3, 13-19 : «Alors paraît Jésus venu de Galilée pour se faire baptiser par Jean Jean voulut s y opposer. C est moi disait-il, qui ai besoin d être baptisé par toi, et c est toi qui viens à moi!». Mais Jésus lui répliqua : «Laisse faire maintenant : c est ainsi qu il nous convient d accomplir toute justice». Après le baptême comme dans Marc, l Esprit descend sur Jésus sous la forme d une colombe avec une voix venue du ciel. -Luc prévient la difficulté en racontant l emprisonnement de Jean par Hérode. Il ne dit pas que c est Jean qui baptise Jésus -Jean L évangéliste ne parle pas du baptême de Jésus. Jean le baptiste est au bord du Jourdain et Jésus vient à passer. Jean rend témoignage. Jn 1,35-37 : «Le lendemain, de nouveau, Jean se tenait là, et deux disciples ; et regardant Jésus qui passait, il dit : «Voici l Agneau de Dieu.» Et les deux disciples l entendirent parler et le suivirent». On notera que pour l église primitive le baptême de Jésus par Jean n a pas été vu comme important. Les exégètes pensent qu il devait y avoir une rivalité entre les disciples de Jean le Baptiste et les disciples de Jésus. On retrouve cette rivalité dans l évangile de Jean et même dans les actes. 3) Le baptême vu par Paul : symbole de la mort et résurrection du Christ Comme on le sait, les textes de St Paul sont les plus anciens du nouveau testament et sont le reflet de la réflexion des premières communautés chrétiennes sur le baptême. Saint Paul, au cours de ses expériences et de ses écrits, explore différentes facettes du mystère du baptême. a) Le baptême signe de l unité de la communauté autour du Christ Dans la première lettre aux Corinthiens, Paul constate les rivalités au sein de la communauté de Corinthe. Certains se réclament de Céphas, d autres d Apollos ou de Paul. La communauté est divisée. C est l occasion pour Paul de rappeler qu ils ont été baptisés au nom du Christ et que le Christ ne peut être divisé. «Christ est-il divisé? Paul a-t-il été crucifié pour vous ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés? (1 Co 1,13). Cette unité réalisée par le Christ dans le baptême reçu, se retrouve dans la lettre aux Ephésiens : (Ep. 4, 4-6) lorsque Paul parle d «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême». Le baptême est donc le lien de l unité du Corps ecclésial : les baptisés forment l Église 2 Baptême dans le N.T.
comme un Corps dont les membres sont nécessairement liés et unis les uns aux autres, avec pour tête le Christ. (1Co 12, 12-13). «De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu un seul corps, ainsi en estil du Christ. Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous avons été baptisés en un seul corps, juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres et tous nous avons été abreuvés d un seul Esprit.» b) Le baptême n est pas réservé à quelques uns C est l occasion aussi pour Paul de rappeler que Le baptême n est pas réservé à quelques uns mais qu il est accessible à tous : juifs, grecs, païens, esclaves, hommes libres (1 Co 12, 13) : «En effet que nous soyons juifs, ou grecs, esclaves ou libres, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps et nous avons bu à un seul Esprit» c) Le baptême: participation à la mort et à la résurrection du Christ pour une vie nouvelle Dans la lettre aux Romains, le mystère du baptême est développé sous d autres aspects. Paul assimile le baptême à un nouvel exode qui trouve son accomplissement ou son modèle dans le passage «mort - résurrection du Christ : «Nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême pour que, comme le Christ a été éveillé d entre les morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle» (Rm 6, 3-4). Le baptême est donc «un passage», comme le passage de la Mer rouge par les Hébreux. Par le baptême, le chrétien traverse la mort pour s ouvrir à une nouvelle vie. Le baptême lui permet de mourir au péché (lié à la loi), pour accéder à la vie dans la grâce. Le baptême est participation à la mort du Christ et anticipation de la vie en ressuscité. Cette affirmation est reprise dans la première lettre aux Corinthiens, lorsque Paul déclare que le baptême est une assimilation à la mort du Christ et, au nom de l itinéraire de mort résurrection que Jésus a vécu, un gage de résurrection future. «Nous avons été vivifiés avec le Christ», dira-t-il encore en Colossiens 2, 11-15. Dans la lettre à Tite, le baptême est comme un «bain de la nouvelle naissance» (Tite 3, 3-7), un bain dont on ressort en «revêtant l homme nouveau» (1 Co 1, 17). d) les chrétiens reçoivent le baptême au nom du Christ 1 Co 1,13-17 : Le Christ est-il divisé? Serait-ce Paul qui a été crucifié pour vous? Ou bien serait-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés? Je rends grâce de n'avoir baptisé aucun de vous, si ce n'est Crispus et Caïus, de sorte que nul ne peut dire que vous avez été baptisés en mon nom. Ah si! J ai baptisé encore la famille de Stéphanas. Pour le reste, je ne sache pas avoir baptisé quelqu'un d'autre. Car le Christ ne m'a pas envoyé baptiser, mais annoncer l'evangile, et cela sans la sagesse du langage, pour que ne soit pas réduite à néant la croix du Christ. Comme pour le baptême donné par Jean le Baptiste, Paul nous dit que le baptême est reçu des mains d un autre. Mais il ajoute qu il est fait au nom du Christ, qu il est signe de l unité de la communauté autour du Christ. Le baptême, est pour tous et non pas réservé à quelques uns. Il est participation à la mort et à la résurrection du Christ. 4) Le baptême dans les synoptiques : baptiser toutes les nations au nom du Christ Pour Matthieu et Luc, Jésus baptise dans l Esprit Saint et le feu, Pour Marc et Jean dans l Esprit Saint seulement BAPTEME DANS LE N.T. 3
a) Le baptême dans l Esprit saint : Mt 3,11-12 : Moi je vous baptise dans l eau en vue de la conversion ; mais celui qui vient après moi est plus fort que moi : Je ne suis pas digne de lui ôter ses sandales ; lui vous baptisera dans l Esprit Saint et le feu» b) L ordre de baptiser toutes les nations et le baptême est trinitaire Mt, 28,19 :«Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder, tout ce que je vous ai prescrit.» «Les nations» désignent non seulement les païens mais aussi les juifs à la différence du comportement de Jésus pendant sa vie terrestre. «Au nom» signifie que s établit une relation personnelle du baptisé avec le Père, le Fils et l Esprit. Cette désignation trinitaire rejoint celle que nous avons vue avec Paul. Les exégètes pensent que cette formule dérive probablement de la pratique de l Eglise primitive. c) Il faut croire et recevoir le baptême pour être sauvé Mc 16,15-17 : «Allez par le monde entier proclamer l Evangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné.» Dans les synoptiques, il faut croire et recevoir le baptême pour être sauvé. Le baptême est destiné à toutes les nations. Il est trinitaire et lié au baptême par l Esprit saint et le feu 5) Le baptême chez Jean l évangéliste : une renaissance a) Pour L évangéliste, Jésus baptise dans l Esprit Saint : Il semblerait d après le texte de Jn 1-33-34 que Jean le baptiste baptisait dans l eau mais que Jésus baptisait dans l Esprit Saint. Un autre de texte de Jean nous rapporte que Jésus baptisait aussi. Jn 1,31 : «Moi-même je ne le connaissais pas, mais c est en vue de sa manifestation à Israël que je suis venu baptiser dans l eau». Jn 1,33-34 «Jean rendit ce témoignage: J'ai vu l'esprit descendre du ciel comme une colombe et s'arrêter sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celuilà m'a dit: Celui sur qui tu verras l'esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint Esprit. Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu.» b) Le baptême est une renaissance et la condition pour entrer dans le royaume de Dieu Au cours de son entretien avec Jésus, Nicodème lui demande (Jn 3, 4-6): «Comment un homme pourrait-il naître s il est vieux?...jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis : nul s il ne naît d eau et d Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu» c) L évangéliste fait le lien entre le baptême et la mort de Jésus : Les commentateurs font un lien entre deux textes : La mission du Christ commencé par baptême de pénitence de Jean qui manifeste l humanité du Christ s achève avec sa mort manifesté par l eau et le sang qui s écoulent du côté du Christ. Les commentateurs voient dans ces passages le lien entre le baptême et l eucharistie : l eau du baptême et le sang de l eucharistie Jn 19,33-34 : «Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats aves sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l eau» d) Dans le 4 évangile, Jean le baptiste n est pas baptiste. Le baptême n est jamais associé au repentir pour la rémission des péchés mais un instrument de révélation christologique. Jn 1,31 : «Moi-même je ne le connaissais pas, mais c est en vue de sa manifestation à Israël que je suis venu 4 Baptême dans le N.T.
baptiser dans l eau». Pour l évangéliste Jean qui cherche à marquer l originalité du message de Jésus par rapport aux disciples de Jean Le Baptiste, les baptêmes dans l eau et l Esprit saint sont liés. Le baptême est une nouvelle naissance et il y a un lien dans la mort du Christ, entre le baptême et l eucharistie 6) Le baptême dans le livre des Actes : Baptiser «au nom de Jésus-Christ» : Le livre des Actes des Apôtres parle à plusieurs reprises du baptême «au nom de Jésus- Christ». Quels thèmes peut-on retenir des actes des apôtres? 1 ) La nécessité de la conversion ( Ac. 2, 38-41) Le jour de Pentecôte, «Les hommes de Judée et ceux qui résident à Jérusalem sont bouleversés par le discours de Pierre et demandent à Pierre et aux apôtres : «Que ferons nous frères?». Pierre leur répondit : «Convertissez-vous» 2 Le baptême est reçu au nom de Jésus-Christ Il est intéressant de relire ces quelques verset des actes qui rapportent l arrivée de Paul à Ephèse. Paul constate que les disciples ont reçu l Esprit Saint quand ils ont embrassé la foi mais qu ils avaient seulement été baptisés du baptême de Jean : ( Ac. 19,1-6) «Tandis qu'apollos était à Corinthe, Paul, après avoir traversé le haut-pays, arriva à Ephèse. Il y trouva quelques disciples et leur dit: "Avez-vous reçu l'esprit Saint quand vous avez embrassé la foi?" Ils lui répondirent: "Mais nous n'avons même pas entendu dire qu'il y a un Esprit Saint." Et lui: "Quel baptême avez-vous donc reçu" -- "Le baptême de Jean", répondirent-ils. Paul dit alors: "Jean a baptisé d'un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c'est-à-dire en Jésus." A ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus; et quand Paul leur eut imposé les mains, l'esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser. 3 ) Pour le pardon de ses péchés A l exemple du baptême de Jean, le baptême proposé dans les Actes demande la conversion personnelle et pardonne tous nos péchés. (Ac 2,35) : Pierre leur répondit : «Convertissez-vous ; que chacun reçoive le baptême au nom de Jésus-Ch pour le pardon de ses péchés» 4 ) Le don du Saint-Esprit est lié au baptême (Ac 2, 38) Dans ce verset des actes le baptême est distingué du don de l Esprit. Le texte ne précise pas s il y a une imposition des mains. Dans Ac 8, 15-16, l Esprit Saint est donné après le baptême par imposition des mains. «Mais quand ils eurent cru à Philippe qui leur annonçait la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et du nom de Jésus Christ, ils se firent baptiser, hommes et femmes. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l'esprit Saint leur fût donné. Car il n'était encore tombé sur aucun d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l'esprit Saint». Quand Saul s est converti, l imposition des mains a lieu avant le baptême : Ac 9,17 : «Alors Ananie partit, entra dans la maison, imposa les mains à Saul et lui dit: "Saul, mon frère, celui qui m'envoie, c'est BAPTEME DANS LE N.T. 5
le Seigneur, ce Jésus qui t'est apparu sur le chemin par où tu venais; et c'est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l'esprit Saint. Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue sur-le-champ il fut baptisé; 5 ) Le baptême est pour tous les hommes : (Ac 10,44) «Pierre parlait encore quand l'esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre déclara: "Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu l'esprit Saint aussi bien que nous?" Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils le prièrent de rester quelques jours avec eux. "Or, à peine avais-je commencé à parler que l'esprit Saint tomba sur eux, tout comme sur nous au début. Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur: Jean, disait-il, a baptisé avec de l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans l'esprit Saint. 6 Le baptême est un acte ecclésial Selon Ac 2, 41 et 42 : «Ceux donc qui reçurent de bon cœur sa parole, furent baptisés; et ce jour-là environ trois mille âmes furent ajoutées aux disciples. Or, ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et dans les prières; Dans le livre des Actes, le baptême nécessite une conversion pour le pardon des péchés. C est un acte ecclésial destiné à tous, qui se fait avec de l eau au nom de Jésus-Christ. Il est toujours lié à la réception du Saint Esprit En conclusion de cette lecture rapide des textes du nouveau testament Dans l Eglise des premiers chrétiens, le Baptême et la réception du Saint Esprit sont liés. Le baptême demande la conversion de celui qui le reçoit. Il permet le pardon des péchés. Le baptême est destiné à tous. Par le baptême, le baptisé rentre dans la communauté ecclésiale. L immersion dans l eau du futur baptisé symbolise la plongée dans la mort et la résurrection du Christ. Il est administré une seule fois, au nom de Jésus-Christ ou au nom du Père, du Fils et du saint Esprit par un disciple qui a déjà reçu le baptême. La réception de l Esprit Saint se fait pas imposition des mains. 7) Le baptême chez les Pères : L hésitation pour le baptême des petits enfants a) une tradition qui remonte au 3-4 siècle Tant que les communautés ont été minoritaires et sous la menace des persécutions, les adultes n accédaient au baptême qu après un long temps de catéchuménat (4 s.) Avec Constantin (313) le christianisme devient une religion de masse et le temps du catéchuménat s est réduit au carême. Mais les chrétiens qui retardaient leur baptême jusqu au lit de mort étaient très nombreux. Et ce retard s expliquait, parce que la discipline pénitentielle avait de quoi effrayer. Aussi les évêques pressaient «les éternels chrétiens non baptisés» de s inscrire pour recevoir le baptême à la prochaine fête de Pâques. 6 Baptême dans le N.T.
Pâques était le grand jour des baptêmes, même pour les petits enfants. La tradition d Hyppolyte (au début du 3 siècle) demande qu on baptise d abord les enfants 1 puis les adultes. Origène (185-253) considérait cette pratique comme très ancienne. On a retrouvé également des épitaphes sur des tombes du 3 siècle qui témoignent du baptême des petits enfants 2 b) Une pratique contestée : Mais cette pratique est contestée. Tertullien (Père de l église) écrit vers 200 après Jésus-Christ : «Toute candidature au baptême peut être trompeuse et par suite trompée. C est pourquoi selon la condition, la disposition et même l âge de chacun, il est préférable de différer le baptême et surtout le baptême des petits enfants». Grégoire de Nazianze (329-390) (Père de l église) sait qu on peut baptiser les petits enfants, mais il conseille qu on attende la troisième année pour qu il «puisse entendre quelque chose du sacrement et y répondre» Des familles très chrétiennes n hésitent pas à différer le baptême de leurs enfants et les évêques du 4 siècle qui exhortent souvent les éternels catéchumènes à se faire baptiser ne demandent jamais de faire baptiser leurs enfants. C est entre le 6 et 12 siècle avec Césaire d Arles (470-542) que la règle du baptême des petits enfants est généralisée et devient obligatoire. Les parents doivent faire baptiser leurs enfants dans un délai raisonnable sous peine d amende. 3 En cas d urgence un laïc peut baptiser mais St Augustin se demande s il ne commet pas un péché véniel alors que St Thomas dira plus tard que même un non baptisé peut baptiser. c) Le baptême des petits enfants généralisé La loi du baptême des petits enfants généralisée et obligatoire s est établie progressivement selon les pays. Le code de 1983 précise en son canon 867 1. «Les parents sont tenus par l obligation de faire baptiser leurs enfants dans les premières semaines; ils iront trouver leur curé au plus tôt après la naissance et même avant, afin de demander le sacrement» 8 La question du péché originel : doit être comprise comme le dit Paul a)il y a beaucoup de malentendu à propos du péché dit «originel». Un fruit défendu au Paradis. On a souvent oublié que dans la Bible il s agit de l arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Une femme qui se laisse tenter par un serpent et qui entraîne Adam dans sa gourmandise avec pour résultat, un péché transmis de génération à tous les hommes. Il faut remarquer que ce péché n est jamais mentionné dans les évangiles ni dans le Credo. Saint Augustin (354-430) fait une place majeure au péché originel pour justifier la pratique 1 «On baptisera en premier lieu les enfants. Tous ceux qui peuvent parler parleront pour eux-mêmes. Quant à ceux qui ne le peuvent pas leurs parents parleront pour eux ou quelqu un de leurs famille. On baptisera ensuite les hommes puis les femmes.»(sources chrétiennes n 11 bis p. 81) 2 «Appronianus mourut à un an, neuf mois dix huit jours. Il fut baptisé le jour même de sa mort à la demande sa grand-mère» «Flavie vécut trois ans et dix mois. Elle fut baptisée de façon normale le jour de Pâques et mourut cinq mois après son baptême». 3 «Les enfants doivent être baptisés dans les trente jours. Faute de quoi on paiera trente sous d amende. Et si l enfant est mort par la suite sans baptême, on verra tous ses biens confisqués»(assemblée anglosaxonne de Wessex vers l an 690) BAPTEME DANS LE N.T. 7
du baptême des tout-petits. Or, l étude du nouveau testament nous montre que la réflexion sur le baptême a été faite sans faire appel au concept de péché originel. Les évangiles et des écrits pauliniens, les Pères Apostoliques ont centré leur prédication sur le kérygme, c'est-àdire sur l annonce du message de salut apporté par le Christ. Mais alors, comment parler du péché originel? Adam, symbole de l homme, fut comme tous les hommes, pécheur. Si de toute éternité, Dieu a voulu donner sa Vie aux hommes, si de toute éternité, les hommes avaient comme vocation de recevoir cette vie et accomplir leur désir d absolu, le péché originel était la manière de dire qu aucun homme n a été capable de vivre la Vie de Dieu par ses propres forces. Par nature l homme est limité et il a un désir d absolu. Et au lieu que ce désir le porte vers Dieu, il se prend pour Dieu et fait ainsi son propre malheur. Il ne peut rencontrer Dieu sans être libéré de lui-même par Jésus-Christ. Généralement, les Pères interprètent le baptême et la nécessité de sa réception en insistant surtout sur la renaissance de l homme de l eau et de l Esprit. La naissance introduit l être humain dans un monde dont il devient solidaire. Il partage le sort réservé aux mortels : l expérience du mal et sa conséquence, la mort. Les pères jusqu à St Augustin enseignent la théorie de la solidarité dans le péché universel. En faisant recours au chapitre 6 de la lettre aux Romains, où, saint Paul oppose le Christ à Adam, ils soulignent l universalité du péché sans aucune référence à la transmission héréditaire du péché d Adam La première naissance de l être humain a lieu dans les eaux du sein maternel. La seconde naissance a lieu dans les eaux du baptême. Cette renaissance lui fait partager le sort réservé aux sauvés: la vie éternelle en Dieu, ou la divinisation. La triple immersion/émersion dans les eaux du baptême souligne les liens nouveaux qui unissent les hommes aux personnes de la Trinité : devenir fils d un même Père, revêtir le Christ, recevoir le don de l Esprit Saint qui fait de tous des frères. 8 Baptême dans le N.T.