Unité mixte de recherche Espaces et Sociétés. Organisme partenaires : Université du Québec à Montréal - InVS. [décembre 2009]

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Unité mixte de recherche Espaces et Sociétés Organisme partenaires : Université du Québec à Montréal - InVS Le Net Gay Baromètre 2009 Sondage sur les usages d Internet, les modes de vie, la sexualité et les comportements à risques des internautes fréquentant les sites de rencontres gays [décembre 2009] Auteur : Alain Léobon Chargé de recherche C.N.R.S. UMR ESO Espaces et Sociétés - PRES UNAM Professeur associé à l université du Québec à Montréal, Chaire de recherches en éducaton à la Santé CollaboraTons : UQÀM, Marie- Claude Drouin, Joanne OTs Partenaires : INVS*, Annie Velter * CONVENTION DE PARTENARIAT DE RECHERCHE N 05- N- MIT10-75 Contact chercheur : ALAIN LEOBON

Rencontres en ligne, Sexualité et Comportements à risque chez les internautes gays et bisexuels français : présentation des résultats du «Net Gay Baromètre 2009» Le sondage Le Net Gay Baromètre est une enquête portée en France et au Québec, tous les trois ans, par le Centre natonale de la recherche scientfique et l Université du Québec à Montréal en collaboraton avec l InsTtut de veille sanitaire. Elle vise à dresser un portait des internautes fréquentant les services gays de rencontres en ligne et à circonscrire la manière ces hommes vivent leur sexualité, la préventon du VIH et des IST lors de rencontres avec des partenaires occasionnels ou réguliers. Internet Internet est devenu, en quelques années, «le lieu» à fréquenter pour les hommes gays en quête de socialisaton et de rencontres. Anonyme, Accessible, Abordable et AlternaTf, il est le nouveau territoire privilégié pour faire des rencontres, en partculier sexuelles. Il est souvent qualifié d environnement «libre» et «faiblement régulé» favorisant à la fois les prises de risques et leurs réductons basées sur des processus de séroadaptaton. Objectifs Le sondage fût publicisé, par le biais de messages internes ou de mailings, auprès des utlisateurs de 9 sites de rencontre gays, 4 visant une clientèle généraliste et 5 s affichant comme «spécialisés». Un identfiant unique permet de connaitre le site à partr duquel l internaute s est connecté à la plate- forme du questonnaire. Ce courte résumé du sondage 2009 présente les usages sociosexuels d Internet et les comportements à risques associés pour l ensemble de l échantllon tout en présentant les problématques spécifiques rencontrées par certains groupes de répondants. Entre la fin décembre 2008 et mars 2009, 34 225 visites du baromètre ont été enregistrées, 27 198 hommes ont consent à partciper à l enquête, et 19 052 questonnaires furent complétés à plus de 95 % avec moins de 5 erreurs. Les répondants La distributon des âges semble relatvement influencée par les sites de recrutement, les plus jeunes provenant des sites de rencontre généralistes. Près de 20 % de l échantllon est composé de répondants déclarant avoir moins de 25 ans. Les niveaux d études et revenus sont assez élevés, les minorités visibles étant représentées à hauteur de 7,8 %. Si la plupart des répondants se définissent comme homosexuels, 17,7 % se présentent comme bisexuels et un Ters de l échantllon précise résider en île de France. Notons que plus de la moité des répondants déclarent une relaton stable ou de couple durant les 12 derniers mois et que près de 9% sont pacsés. Près de 12 % de l échantllon regroupe des hommes séropositfs alors que plus de 6 % ne sont certains d être séronégatfs. En lien avec la transmission d infectons transmissibles sexuellement environ 30 % des répondants déclarent avoir été infectés au moins une fois dans leur vie. Les usages de la toile Plus de la moité des répondants ont affirmé utliser Internet depuis 7 ans et y passer en moyenne 22 heures par semaine. Si la première motvaton est de socialiser, la recherche d aventure sexuelle motve plus de 3/4 des répondants. Globalement, les effets sont perçus positvement, même si plus de la moité déclarent être dépendants aux interactons en ligne et un peu plus du Ters à la pornographie ou au cybersexe. Les espaces privilégiés à des fins de rencontre Si Internet Tent la première place, les autres lieux de rencontres ou de socialisaton ne sont pas ignorés : les bars et espaces conviviaux sont les plus fréquentés suivis des lieux fortement chargés sexuellement (sauna, sex- club, lieu de drague). Notons que près de 40 % de l échantllon précise ne pas fréquenter le «milieu gay» et que les enquêtes en ligne permevent de rejoindre ce groupe. 2

Consommation d alcool ou de drogues Au cours des 12 derniers mois, plus de la moité de l échantllon déclare avoir consommé au moins une drogue, les drogues les plus fréquemment consommées étant les poppers et le cannabis. Notons que le phénomène est plus marqué chez les hommes séropositfs et chez ceux qui ne sont plus certains d être séronégatfs, la cocaïne, le viagra et le GHB concernant ainsi près de 20 % de ce groupe. Notons que ces substances semblent être utlisées pour améliorer les performances sexuelles. Partenaires réguliers et rencontres occasionnelles La plupart des répondants ont rencontré au moins un partenaire occasionnel durant les 12 derniers mois. En moyenne, 17 partenaires sont déclarés pour la dernière année, les deux Ters ayant été rencontrés par le biais d Internet. Pour 56,6 % des répondants qui étaient en situaton de couple au moment de l enquête, le partenaire stable avait été rencontré par le biais d Internet. 33% des partcipants ont développé des relatons sexuelles avec plus de 11 partenaires durant les 12 derniers mois. Notons que 8% des répondants ont négocié des rencontres sexuelles en échange d argent, drogues, de biens ou de services. Pratiques sexuelles développées avec des partenaires occasionnels Sur le plan des pratques sexuelles développées avec des partenaires occasionnels, le sexe anal est rapporté par près de 80 % de l échantllon, le sexe en groupe pour près de la moité, alors que le «gang- bang», le barebacking, l urophilie et le fist- fucking concernent le quart de l échantllon. Notons que le contact avec le sperme est déclaré par une part importante des répondants (64.1 % pour l oral et 26.3 % pour l anal dans le sous- groupe se déclarant barebackers). Comportements sexuels à risque et influence du statut sérologique Sur le plan des comportements à risque avec des partenaires occasionnels, 38,7 % des répondants ont eu au moins une rela5on anale non protégée par le préserva5f avec un partenaire occasionnel (UAI comme Unprotected Anal Intercourse) au cours des 12 derniers mois, alors qu environ 20 % se sont engagés dans des prises de risque régulières (RUAI), 8,7 % déclarant des pratques «souvent ou toujours non protégées» (Frequent or SystemaTc Unprotected Anal Intercourse FSUAI). Si les répondants séronégatfs sont moins du Ters à déclarer des relatons anales non protégées, près des trois quarts des répondants séropositfs ont déclaré au moins une relaton anale non protégée alors que plus du Ters de ce même groupe déclare des relatons non protégées de manière fréquente ou systématque. Ceve tendance est suivie par ceux qui ne sont plus certains d être séronégatfs. Déclaration de relations sexuelles anales intentionnellement non protégées Notre enquête développe un volet sur les pratques barebacks et leur contexte. Le barebacking est défini ici comme la pratque de relatons anales inten5onnellement non protégées quelque soit le statut relatonnel ou sérologique du partenaire. Si près de 30 % de l échantllon déclarent avoir pratqué le barebacking au court des 12 derniers mois, le phénomène est plus marqué pour les répondants séropositfs qui sont plus de la moité (55.3 %) à le rapporter. Parmi ceux qui pratquent parfois/souvent ou toujours le barebacking, 63,3 % le dispensent avec leur partenaire de couple, pour 50 % avec un partenaire occasionnel que l on pense de même statut. Le souci de réducton des risques semble présent puisque seuls 13,4 % des répondants déclarent accepter des relatons avec des partenaires séro- différents. Cependant, pour les répondants séropositfs, le portrait diverge. Le barebacking semble être moins favorablement pratqué dans les relatons de couple (45.7 % pour les HIV+ versus 74,5 % pour les HIV- ) et se déplacer au profit des partenaires occasionnels, alors que près d un répondant sur trois déclarent le pratquer avec des partenaires au statut sérodifférent. La configuraton des pratques bareback et les stratégies de réducton des risques associées sont donc dépendantes du statut sérologique, les hommes séropositfs adoptant davantage de comportements sexuels à risque en partculier au regard de leurs partenaires séronégatfs. 3

Les prédicteurs de conduites sexuelles régulièrement non protégées avec des partenaires occasionnels. L'analyse multvariée fournit trois modèles de facteurs prédictfs des RUAI selon les trois sous- groupes de répondants que nous avons souhaité dégager : les répondants séronégatfs, les répondants séropositfs et les répondants âgés de 18 à 25ans. Au niveau du profil sociodémographique et général des répondants, «ne pas avoir fait d étude universitaire» se retrouve chez les séronégatfs et les 18-25 ans, alors que «vivre à Paris et en région parisienne» et «rencontrer 11 partenaires et plus par an» semblent les prédicteurs les plus puissants et indépendants pour les répondants séropositfs. Quant aux plus jeunes, un prédicteur leur est spécifique : «ne pas connaître son statut sérologique ou en être incertain». Au niveau des espaces fréquentés à des fins de rencontre, l analyse propose un seul prédicteur commun qui réfère à la fréquentaton des sites à intérêts partculiers (tels les sites Bear, BdSM ou Bareback). Au niveau des probléma5ques de santé, l analyse permet de dégager un seul indicateur prédictf aux trois groupes : la contracton d une IST durant les 12 derniers mois, alors que, pour les séronégatfs se rajoute comme prédicteur le fait d avoir passé un test du VIH et avoir eu rapports sexuels monnayés. Au niveau des pra5ques sexuelles développées avec des partenaires occasionnels, l analyse multvariée présente plus d éléments communs aux trois groupes et met en avant les deux indicateurs les plus puissants au regard des RUAI : la pratque bareback dans le couple et le contact oral avec le sperme avec les partenaires occasionnels, tout en soulignant un pavern organisé autour du plaisir anal (fist- fucking) et du multpartenariat (le sexe en groupe ou gang- bangs). Discussion Le Net Gay Baromètre 2009 a permis d aveindre un nombre très élevé de répondants aux profils sociodémographiques et sociosexuels variés. Nous avons pu ainsi rejoindre un nombre important d hommes gays et bisexuels ne fréquentant pas le milieu gay traditonnel. Divers indicateurs de santé sont abordés dans ceve enquête et les prédicteurs de comportement à risque montrent que le niveau d éducaton, le lieu de résidence, l utlisaton d Internet sur un nombre d heures élevé à des fins de rencontres, un nombre important de partenaires sexuels, la fréquentaton des lieux chargés sexuellement et des sites de rencontres spécialisés, les pratques sexuelles associées aux cultures de sexe dites «hard» ou «ésotériques» (souvent basées sur l analité ou les échanges de fluides) sont des indicateurs puissants alors qu une nouvelle variable semble avoir un poids déterminant : le développement dans le couple de pratques non protégées (bareback). Les résultats montrent la complexité des agencements favorisant les comportements à risque : recherche du plaisir anal, sexualité bareback dans le couple, usage intensif du réseau, partenaires multples, espaces fréquentés, etc. Ils soulignent la nécessité d organiser les modèles de préventon et de promoton de la santé vers des sujets plus psychosociaux tenant compte de la diversité des trajectoires des HSH, des configuratons sociospatales de leurs rencontres et de leurs intérêts en matère de santé sexuelle, psychosociale et relatonnelle (secton dont les résultats ne sont pas présentés ici). Les déterminants des prises de risque varient, assez logiquement, selon les sous- groupes étudiés et suggèrent d organiser les interventons de manière plus ciblée (mapping interventon) en s adressant aux internautes dont le profil prédit une plus grande expositon à des prises de risque sexuelles. Pour certains, un modèle d interventon s éloignant d un strict mainten du sexe sécuritaire peut se révéler légitme et viser alors la réducton des risques et des méfaits. Enfin, l analyse des résultats par site de recrutement (non exposée ici) montre des disparités qui nous confirment que le cyberspace, comme tout autre territoire, est fragmenté et approprié par des groupes d utlisateurs aux pratques et culture spécifiques imposant d adapter les actons de préventon ou de réducton des risques. Remerciements Remerciements à tous ceux qui ont partcipé à ce travail... tout d abord à Marie- Claude Drouin, sexologue et assistante de recherche, à Annie Velter (Démographe), aux chercheurs de l équipe SVR dont l équipe de Joanne OTs, à François, notre courageux développeur du programme d éditon de l enquête... et surtout aux 25.000 partcipants à ce programme et aux webmestres impliqués gracieusement dans ce travail et sans qui rien n aurait été possible. Contact : alain.leobon@mac.com. 4

Objets de recherches développés par l auteur - Equipe URM ESO - SVR UQÀM Chargé de recherches au Centre NaTonale de la Recherche ScienTfique, en France, dans un laboratoire de Sciences Humaines et Sociales (géographie sociale), Alain Léobon développe ses actvités de recherche dans le cadre d une conventon de recherche passée entre le C.N.R.S. et le groupe de recherche interdisciplinaire consttué à l Université du Québec à Montréal (UQAM) «Sexualité et genre, Vulnérabilité et Résilience», où il est professeur associé à la Chaire de recherche en éducaton à la Santé. L inscripton spatale du fait social gay et lesbien La mise en place d un système d informaton géographique nous a permis de mieux comprendre la réalité géographique du fait social gay et lesbien en France et au Québec, de ses dynamiques historiques (de la fin des années 70 à aujourd hui) et entrepreneuriales. Notre approche ne se contente pas de recenser les espaces commerciaux et leur inscripton territoriale visible dans les capitales (Le Marais, Le Village), mais incluent l ensemble des services proposés aux LGBT par les associatons, le tourisme, les politques gouvernementales ainsi que les lieux d interactons sexuelles. PublicaTon en référence : Léobon, A., (2007). «Champs de libertés et constructon de territoires homo et bisexuels en France et au Québec» dans Penser et faire la géographie sociale, sous la directon de Raymonde Séchet et Vincent Veschambre Presse universitaires de Rennes, 2007, p277-294 Rencontres en ligne chez les HSH : des usages de la toile à la recompositon du risque En perspectve avec une géographie des homosexualités, nous visons à circonscrire l inscripton dans le cyberespace des hommes gays et bisexuels (HARSAH, MSN, HSH). De l appropriaton aux usages du réseau, nous explorons ces nouveaux territoires de visibilité et de rencontre en ligne. En effet, si la médiatsaton de la sexualité par ordinateur n est pas nouvelle, Internet est devenu «le lieu à fréquenter» pour rencontrer des partenaires chez les hommes gays alors que la percepton du risque s y recompose en soulignant d importants clivages entre la culture de la sexualité et celle de la préventon. Les impacts d Internet sur la populaton homosexuelle, en partculier masculine, sont importants en matère de santé et amènent une nécessaire adaptaton des modèles d interventon et de promoton de la santé chez les hommes gay et bisexuels. PublicaTons en référence : Léobon, A., (2007). «De l espace géographique traditonnel au cyberespace : la constructon des territoires homo et bisexuels français Dans Julien,D. et Lévy, J.J. (sous la directon de) Homosexualités :VariaTons régionales. Québec, Presses de l université du Québec, 2007, p238-265 Léobon, A., Frigault, L- R., (2007). «La sexualité bareback : d'une culture de sexe à la réalité des prises de risque», dans Bozon M, Doré V, (dir) Sexualité, relatons et préventon chez les homosexuels masculins. Un nouveau rapport au risque. Paris : ANRS; 2007, p.97-103. Les enquêtes biannuelles Net Gay Baromètres français et québécois Parallèlement au Sondage «papier», le Baromètre Gay, réalisé en France par l InsTtut de Veille Sanitaire, notre équipe développe, depuis l années 2003 une enquête biannuelle «Le Net Gay Baromètre» réalisée en 2003 et 2006 avec le souten financier de l Agence NaTonale de la recherche sur le Sida. Elle a permis d interroger les internautes de sites considérés comme majeurs et représentatfs de la populaton homo et bisexuelle masculine et de ses sous- cultures sur des questons de prises de risque VIH/Sida accidentelles ou intentonnelles et de réunir plus de 15.000 répondants en 2006 et près de 25.000 en 2008/2009. PublicaTon en référence : Léobon, A., Frigault, L- R. (2008). Frequent and systematc unprotected anal intercourse (FSUAI) among men using the Internet to meet other men for sexual purposes in France: Results from the Gay Net Barometer 2006 Survey, AIDS Care Psychological and Socio medical Aspects of AIDS/HIV,Volume 20 Issue 4, pp. 478 484, Avril 2008 Les demandes en matère de santé d internautes français et québécois Une analyse de 3060 QuesTons- réponses Santé traitées par l associaton française Sida Info Service a permis de dégager les principales préoccupatons d internautes partcipant à 4 grands portails de rencontres gays français et québécois. Une double méthodologie est engagée dans ce travail, associant une première analyse qualitatve de leur contenu à une approche statstque des thématques recensées. PublicaTon en référence : Léobon, A. (2009). Le corps à l épreuve du risque : Expressions minoritaires sur l'internet gay, in Le corps à l épreuve des cultures numériques, dirigé par Casilli Antonio. Revue Esprit, N 353 Mars- Avril 2009 Esprit - ISSN 0014-0759 p. 197-207 5