Le XX e siècle et notre époque XVIII e et XIX e s. Du IX e s. à la fin du XVII e s. De l Antiquité Au IX e s. Art, créations, cultures Arts, mythes et religions Art, espace, temps Arts, techniques, expressions Arts, états et pouvoir Arts, rupture, continuité Jacques TARDI C était la guerre des tranchées, Casterman (1993) Arts de l espace Arts du langage Arts du quotidien Arts du son Arts du spectacle vivant Arts du visuel
Brève biographie de l auteur : Né en 1946, Jacques Tardi a passé son enfance dans l Allemagne occupée, où son père est militaire de carrière. Étudiant à l École des beaux-arts de Lyon, puis aux Arts décoratifs de Paris, il fait ses débuts de dessinateur en 1969. En 1976, il publie le premier album des «Aventures extraordinaires d Adèle Blanc-Sec». À partir de 1981, il adapte des romans de Léo Malet et de Louis-Ferdinand Céline. Les atrocités de la guerre de 1914-1918, dont le récit a hanté sa jeunesse (son grand-père y a été gazé), sont l un de ses thèmes d inspiration majeurs : en 1993 paraît C était la guerre des tranchées, suivi, quelques années plus tard, de l adaptation du roman de Didier Daeninckx La der des ders. Plus récemment, Tardi s est intéressé à une autre période tout aussi sanglante de l histoire française : la Commune de Paris. En 2001, il publie le premier des quatre volumes du Cri du peuple, adapté du roman de Jean Vautrin. http://bd.casterman.com/docs/contents/266/c ETAIT LA GUERRE.pdf Contexte (historique, social, artistique ) : J. Tardi raconte la 1 ère Guerre Mondiale, 80 ans après les faits. Il aborde dans cette BD, de manière frontale, des sujets sensibles, sordides, atroces : la souffrance des poilus dans les tranchées, leur impuissance, le cas des soldats fusillés pour l exemple, la vie des femmes à l arrière... Sans ordre chronologique réel, Tardi raconte la guerre des tranchées, telle qu il imagine qu elle a pu être, à Verdun, par exemple (voir cours) : la vie quotidienne des soldats (la peur, la mort, la saleté...), les offensives inutiles et meurtrières, les nouvelles armes (dont les gaz), la vie des civils... Il dresse enfin un bilan du conflit et évoque les blessés mutilés et «gueules cassées». Analyse de l œuvre Cet album, consacré à la guerre des tranchées pendant la Première Guerre Mondiale, est une suite de récits sans autre relation entre eux que la guerre. Il n y a pas de personnage principal, mais une suite de situations courtes non chronologiques. «Rien qu un gigantesque et anonyme cri d agonie» (J. Tardi). Le lecteur est rapidement plongé dans l ambiance de guerre, grâce à un dessin réaliste, à l utilisation du noir et blanc qui installe une sensation d angoisse, d oppression, à des planches composées d images sans commentaire ni action, mais qui montrent les paysages dévastés. Chaque situation permet de mesurer l écart entre la propagande officielle, la guerre imaginée, forcément héroïque et la réalité, sordide. La mort est omniprésente. Analyse des planches p 108-109 : voir sur feuille Œuvres liées, références, etc... - Jacques Tardi, Putain de guerre!, Casterman, 2008 (tome 1), 2009 (tome 2). - Cicatrices de guerre(s), éditions de la Gouttière, 2009 (22 auteurs de BD ont travaillé sur la 1 ère Guerre mondiale, à travers de courts récits réalistes ou décalés, muets et dialogués). - Paroles de Verdun, Soleil Production, 2007 (Plusieurs dessinateurs se penchent sur le quotidien des soldats durant la bataille de Verdun) - Maël et Kris, Notre Mère la Guerre, Futuropolis, 4 tomes, 2009, 2010, 2011, 2012 («Janvier 1915, en Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l objet de l attention de l état-major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue des tranchées»).
Analyse de l œuvre Étude de l extrait (p 108-109) : en janvier 1918. 1) Description générale : a) 6 vignettes en 2 planches : le combat est présenté ds sa succession chronologique attente : vignettes 1-2 ; - irruption brutale de l ennemi : vignette 3 ; - affrontement proprement dit : vignettes 4-5 ; - paysage d après bataille : vignette 6. b) progression de l action : - avec gradation de la violence (inventaire des armes : gaz, grenades, baïonnettes, gourdins, pelles, explosifs) ; - sommet de la violence : vignette 4. c) commentaire du narrateur, come une «voix off» (sauf vignette 4) : - précise le point de vue (côté français) ; - registre familier («comme des cons...leurs groins...des boches) d un narrateur-personnage, soldat parmi les autres ; - oppose les 2 camps («nos canons...ils») ; - ton distancié, ironique du narrateur (vignette 5) qui met en avant l absurdité du combat (impréparation face à l attaque vignette 3 ; erreur de l artillerie vignette 4 ; confusion totale vignette 6 ; inutilité du combat «personne n y gagna un pouce de terrain»). d) place réduite du texte : - plutôt un commentaire (le texte ne remplace pas, come ds d autres BD, une image ou n évoque pas des événements narratifs appartenant à une autre séquence narrative) ; - le texte apporte des informations que ne donne pas l image seule (ex : l absence de permission vignette 1 ; les tirs mal réglés vignette 4), - complète l information fournie par l image en insistant (ex : l attente vignette 2) ; le texte met en relief le point de vue adopté, contribue à la visé argumentative du discours. - le combat rapporté est un résumé, un condensé de ts les combats ; valeur exemplaire de cette scène.
2) Vignette 4 a) occupe une place stratégique, forte, en haut à droite de la double planche ; comme un arrêt sur image, un instantané. b) correspond ds la chronologie du combat à un sommet, un point culminant. c) pas de commentaire du narrateur : l image suffit à exprimer la violence. d) tt l espace graphique est occupé : - pas de décor ms 9 soldats (10 si l on compte la silhouette tronquée en haut à gauche avec la gibecière) ; - mise en évidence des armes, corps en action, morts et vivants mêlés, pas de visages visibles (ou bien visages déformés, mutilés, éborgnés), pas de regards ; - impression de déshumanisation (masques à gaz donnant l impression d avoir affaire à des robots) ; - anonymat des combattants (seuls les casques permettent de les identifier, pas tj) ; - plan rapproché, contre-plongée ; - pas de lignes de force, pas de composition organisée de manière classique ; - le haut de la vignette donne l impression qu elle a été tronquée (différence avec les autres vignettes) ; - pas de profondeur, pas d échappatoire ; - jeu sur les noirs et blancs, sur les gris. e) inhumanité, barbarie.